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samedi, 23 décembre 2017

La recherche de l'absolu et son inversion contemporaine

Voici, ci-dessous, un amusement : d'abord, le texte que je me suis piquée d'écrire en imitant et en inversant l'incipit de la Recherche de l'absolu, de Balzac. Puis, à sa suite, le passage de Balzac que j'ai obligeamment plagié.

I L'absolu d'une recherche, Incipit

Il y a à Compiègne, dans la rue de Paris, un appartement dont l’espace, l’aménagement et les détails ont, au contraire des autres appartements de l’immeuble, perdu la caractéristique des vieux appartements bourgeois, si intelligemment adaptés aux évolutions des mœurs de cette classe sociale ; mais ne le décrivons pas sans expliquer pourquoi il est important de former le lecteur autant au contexte qu’à l’histoire, malgré le refus grandissant de lecteurs avides de sentiments et avares de pensée qui voudraient subir un coup de foudre littéraire sans en déguster les amers labeurs, le labyrinthe des échafaudages, la gestation intrinsèque.

Un roman devrait donc tenir tout seul avec des sentiments ? Les éléments d’une histoire d’êtres humains, éléments intérieurs ou sociétaux, dépendent du contexte social et politique, c’est pourquoi mieux qu’un poème d’amour, le stylo et le parchemin qui l’ont écrit permettent à l’historien de restituer l’époque. La sociologie est aux sentiments ce que la biologie est aux sensations. Un problème de foie détraque tout une personnalité, un déménagement pour cause économique dérègle toute une famille. Cause et conséquence se succèdent logiquement. Sans cause, pas d’effet, sans structure, pas de décoration.

Le voyeur professionnel s’amuse à recréer les temps passés. C’est pour ça qu’on aime se balader en songe dans une vieille architecture, quand le roman ne déforme pas les faits. On se recréée un monde mort. Et pour le lecteur, à quoi ressemble mieux un monde mort qu’au lendemain qui l’attend ? Parler des choses trépassées, c’est décrire ce qui va venir. En plus de ce miroir de l’avenir, les lieux passés parlent à chaque cœur, soit d’un ancien rêve depuis longtemps abandonné, soit d’un rêve vivace qui trépigne au fond de soi. Le présent te déçoit, tu scrutes l’avenir en quête d’une espérance et tu vis d’un rêve qui te nourrit. Et tu sais, c’est pour ça que la ville de Compiègne raconte aussi bien la tendresse nostalgique présente en chacun de nous. Non ?

Si. Le monde regorge de villes, et celle-ci ressemble à toutes les villes en encore plus ressemblante. On y ressent la société, l’exclusion, la famille, la richesse qui endort l’instinct et ce vide sans étrange ; surtout, dans ses rues coulent les rêves sensuels et les désirs de plaisirs interdits qu’on couve en se rendant à l’école, au bureau, et qu’on ne réalisera jamais. Même toi qui baise, qui lutte, qui adore, qui hait, tu te sens fasciné par ces rues propres où la bourgeoisie se meut sans crainte de paraître fade, sûre qu’elle est de sa perpétuelle capacité à dompter ses faiblesses. Les gens préfèrent souvent la crasse des quartiers pauvres et la majesté des quartiers richissimes. Les gens ne prennent pas la peine d’admirer ce qui point si discrètement dans la bourgeoisie cossue et discrète. Pour vous attirer, gens de peu de patience, dans les charmes cachés, je devrais les exagérer, comme Michel Ange déforme ses corps pour qu’ils soient vraiment vus, comme Tolstoï exacerbe ses personnages pour qu’ils soient vraiment compris. Seuls les cyniques, comme toi ou moi, détestent forcer le trait et savent distinguer à travers les sagesses et les fadeurs le feu de la vie qui roule comme une invisible vague de calme et de beauté au-dessus des pourritures.

Les habitants de Compiègne, sobres, polis, calculateurs et cultivés, accèdent à un bonheur plus grand que les rois qui règnent et que la pègre qui s’encanaille.

Edith

 

II La recherche de l'absolu, Incipit

Il existe à Douai dans la rue de Paris une maison dont la physionomie, les dispositions intérieures et les détails ont, plus que ceux d’aucun autre logis, gardé le caractère des vieilles constructions flamandes, si naïvement appropriées aux mœurs patriarcales de ce bon pays ; mais avant de la décrire, peut-être faut-il établir dans l’intérêt des écrivains la nécessité de ces préparations didactiques contre lesquelles protestent certaines personnes ignorantes et voraces qui voudraient des émotions sans en subir les principes générateurs, la fleur sans la graine, l’enfant sans la gestation.

L’Art serait-il donc tenu d’être plus fort que ne l’est la Nature ? Les événements de la vie humaine, soit publique, soit privée, sont si intimement liés à l’architecture, que la plupart des observateurs peuvent reconstruire les nations ou les individus dans toute la vérité de leurs habitudes, d’après les restes de leurs monuments publics ou par l’examen de leurs reliques domestiques. L’archéologie est à la nature sociale ce que l’anatomie comparée est à la nature organisée. Une mosaïque révèle toute une société, comme un squelette d’ichthyosaure sous-entend toute une création. De part et d’autre, tout se déduit, tout s’enchaîne. La cause fait deviner un effet, comme chaque effet permet de remonter à une cause.

Le savant ressuscite ainsi jusqu’aux verrues des vieux âges. De là vient sans doute le prodigieux intérêt qu’inspire une description architecturale quand la fantaisie de l’écrivain n’en dénature point les éléments ; chacun ne peut-il pas la rattacher au passé par de sévères déductions ; et, pour l’homme, le passé ressemble singulièrement à l’avenir : lui raconter ce qui fut, n’est-ce pas presque toujours lui dire ce qui sera ? Enfin, il est rare que la peinture des lieux où la vie s’écoule ne rappelle à chacun ou ses vœux trahis ou ses espérances en fleur. La comparaison entre un présent qui trompe les vouloirs secrets et l’avenir qui peut les réaliser est une source inépuisable de mélancolie ou de satisfactions douces. Aussi est-il presque impossible de ne pas être pris d’une espèce d’attendrissement à la peinture de la vie flamande, quand les accessoires en sont bien rendus. Pourquoi ?

Peut-être est-ce, parmi les différentes existences, celle qui finit le mieux les incertitudes de l’homme. Elle ne va pas sans toutes les fêtes, sans tous les liens de la famille, sans une grasse aisance qui atteste la continuité du bien-être, sans un repos qui ressemble à de la béatitude ; mais elle exprime surtout le calme et la monotonie d’un bonheur naïvement sensuel où la jouissance étouffe le désir en le prévenant toujours. Quelque prix que l’homme passionné puisse attacher aux tumultes des sentiments, il ne voit jamais sans émotion les images de cette nature sociale où les battements du cœur sont si bien réglés que les gens superficiels l’accusent de froideur. La foule préfère généralement la force anormale qui déborde à la force égale qui persiste. La foule n’a ni le temps ni la patience de constater l’immense pouvoir caché sous une apparence uniforme. Aussi, pour frapper cette foule emportée par le courant de la vie, la passion de même que le grand artiste n’a-t-elle d’autre ressource que d’aller au-delà du but, comme ont fait Michel-Ange, Bianca Capello, Mlle de La Vallière, Beethoven et Paganini. Les grands calculateurs seuls pensent qu’il ne faut jamais dépasser le but, et n’ont de respect que pour la virtualité empreinte dans un parfait accomplissement qui met en toute œuvre ce calme profond dont le charme saisit les hommes supérieurs.

Or, la vie adoptée par ce peuple essentiellement économe remplit bien les conditions de félicité que rêvent les masses pour la vie citoyenne et bourgeoise.

Honoré de Balzac

jeudi, 21 décembre 2017

Une bibliothèque Cornulier : Des illusions... Désillusions !

(La bibliothèque dont on vous parle fut créée, trente ans durant, dans un appartement au fond d’une cour du 13 boulevard du Montparnasse, avant de devenir une bibliothèque éparpillée).

 

Titre : Des illusions... Désillusions !

Mémoires de Jean Hérold-Paquis, 15 août 1944-15 août 1945

Auteur : Jean Hérold-Paquis

 

Editeur : Bourgoin

Genre : Mémoires de (fin de) guerre d'un journaliste collaborationniste

Eléments de signalement : publié après l'exécution de son auteur à la libération

Date de parution : 1948

Date de cette édition 1948

Pays de l'auteur : France

Nombre de pages : 185

 

Censure : Certains passages sont censurés (et remplacés par les petits pointillés)

Dédicace :

à Maître Noël Felici

Mon défenseur légal

Je dédie ces pages qui seront - si Dieu le veut - le dernier témoignage politique d'une mauvaise tête de Lorrain.

Elles diront l'hommage de ma reconnaissance, si proche de l'amitié.

Arrivée dans la bibliothèque : le soir du mardi 6 novembre 2012, offert par Fabien et Côme Martin-Karl.

 

Première phrase : 

Ce n'est pas à toi, mon ami inconnu, et qui le demeure, que s'adressent ces premières lignes.

Première phrase de la page 30 : 

Je ne veux pas chanter la gloire du P.P.F. auquel j'ai appartenu.

Première page de la page 100 :

Je pense en ce moment, à cette minute précise, à tous ceux qui ont des enfants et ont été un jour, une fois, hier, aujourd'hui, séparés d'eux.

Dernière phrase : 

Et cet éditorial avait pour titre : VIVE LA FRANCE, MONSIEUR.

Fresnes, 1er septembre 1945

COMMENTAIRE

Orphelin, Lorrain, de santé fragile, Jean Hérold Paquis devient journaliste ; pendant la guerre il est journaliste collaborationniste à la célèbre Radio-Paris, qui à la fin de la guerre devient Radio-Patrie en Allemagne.

Il a été exécuté en 1945, un mois après avoir été condamné à mort. Né en 1912, il est mort à 33 ans.

 

Ces Mémoires tracent le portrait rapproché d'hommes tels que Lucien Rebatet, Ralph Soupault, Pierre-Antoine Cousteau...

La plus longue phrase du livre :

(Pour en comprendre les subtilités il faut savoir que JHP terminait ses chroniques radiophiniques collaborationnistes par : "L'angleterre, comme Carthage, sera détruite !").

"Vivre à trois dans une cellule, jour et nuit, attendre les heures qui jalonnent une journée, le café du matin, la soupe du déjeuner, et l'autre soupe du dîner, espérer une lettre, la lire vingt fois, guetter la visite de l'avocat, désirer celle de l'aumônier, souhaiter d'avoir mal aux dents, pour aller chez le dentiste ; se réjouir du dimanche à cause de la messe ; se satisfaire d'un quart d'heure de promenade dans une cour grillagée, se dire bonjour à travers les barreaux, regarder couler les nuages, écouter la pluie, se jeter du haut de la littérature dans les remous du roman policier, s'appliquer aux deux pages du devoir familial hebdomadaire, tendre l'oreille aux nouvelles qui sautent les fenêtres, faire cinq minutes de gymnastique suédoise, prendre son bain quotidien dans une cuvette posée sur le "siège", partager les colis et l'amitié, se rationner en cigarettes, échanger d'étranges livres, rêver, évoquer des souvenirs, éviter la politique, faire des projets (mais oui !), expliquer sa propre attitude, goûter au plaisir d'un mot heureux, être rasé deux fois par semaine, s'endormir avec la ronde des gardiens, se réveiller avec l'appel des chariots qui roulent sur les ponts du navire immobile, compter les jours, guetter la goutte de soleil, suivre la journée au cadran solaire, s'abîmer les yeux au paysage immuable par delà les chemins de veille, parler de tout avec des gens dont on ne sait rien, savoir se taire pour être seul, et savoir rire pour rester vivant, balayer le plancher, secouer les couvertures, hurler chaque mardi ou chaque jeudi, selon l'ordre alphabétique, au parloir qui est une cage, se coucher tôt, se lever tard, ou le contraire, ne pas envier le "débrouillard", ne pas railler le pitoyable, être fraternel avec les humbles, mépriser les méprisables, ceux qui se dérobent, ceux qui oublient, ceux qui ont peur, ceux qui se torchent des couleurs de leur parti, serrer la main des inconnus, aider ceux qui n'ont rien, ni personne, chasser les moustiques ou tuer les araignées, déchiffrer des graffiti qui sont vieux de vingt ans, de trente ans, deviner un homme au travers d'une formule gravée sur la table, ou dans la pierre des murs, aller de la porte à la fenêtre et revenir de la fenêtre à la porte, faire son lit d'une paillasse et son oreiller d'un pantalon, retrouver, dans le silence de la nuit qui prend fin, le roulement proche du métro, voir les lumières rouges et blanches et vertes des avions qui passent dans l'ombre, attrapter un écho de musique lointaine, de radio ou de phono, prier à haute voix dans une chapelle pareille à un amphithéâtre pour exposition canine, écouter un sermon, apprendre l'Evangile, se soumettre à la discipline voulue par un gardien, porter scapulaire et médaille au lieu de montre et chevalière, garder un bon moral, ce qui est la suprême recommandation des camarades et des familles, recevoir de la bibliothèque un livre où l'on parle de l'influence des saisons sur la religion des eskimos (sic) et du potlatch des Kwatkiutls (resic), découvrir, sous la signature de René de Chateaubriand (Essai sur les Révolutions et les Peuples antiques) un parallèle politique entre l'Angleterre... et Carthage, mâcher du chewing-gum, déclamer des vers... et finir cette phrase, voilà qui vous donnera peut-être, chers confrères qui n'avez été dedans que peu de temps, une idée générale sur la vie à Fresnes."

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mercredi, 20 décembre 2017

Bananes confites au vin blanc liquoreux

Faites fondre du beurre dans la poêle, ajoutez-y les bananes coupées en rondelles. Lorsqu'elles commencent à confire, recouvrez-les de vin blanc liquoreux. N'hésitez pas à saupoudrer d'un tout petit peu - juste une pincée - de cannelle, voire de jeter négligemment des copeaux de gingembre râpé. Attendez et retirez du feu juste avant que les bananes caramélisent. C'était délicieux ce soir. 

L'asile d'Apsyaï

L'actualité historique et sociétale nous pousse à remettre au jour (d'aujourd'hui) le petit reportage que nous avions pu faire à l'asile d'Apsyaï, en 2014. 

Voici le lien : Asilum, asilum !

 

Nous fûmes poisson, nous sommes verseau et nous sommes l’Écrivain du Renouveau.

(En raison de l'extrême puissance du symbolisme des images, le logo-blason d'Apsyaï est interdit de propagation).

lundi, 18 décembre 2017

Thureau-Dangin rehausse le régime parlementaire

En 1884, Paul Thureau-Dangin s'exprimait ainsi en ouverture de son ouvrage historique sur la monarchie de juillet :

« Mais aujourd’hui, je le sais, le « parlementarisme » - c’est le nom dont on se sert quand on veut en médire – n’est guère en faveur. Tout ce que lui avait fait gagner, dans l’opinion, la vue des désastres où nous avait conduits le régime sans contrôle du second empire, il semble que l’anarchie à la fois impuissante et destructrice de notre république le lui ait fait perdre. Pour que ce revirement fût pleinement justifié, il faudrait d’abord établir que le gouvernement actuel est vraiment parlementaire. Cette Chambre à la fois servile et usurpatrice ; ce Sénat qui approuve ce qu’il blâme au fond, applaudit ce qu’il méprise ; ces majorités aussi instables qu’oppressives ; ces subdivisions et ces compétitions de coteries sans consistance et sans doctrine, non sans appétits ; cette violation cynique des droits de la minorité ; cette impuissance du droit, de la raison, de l’éloquence, devant la brutalité muette des votes ; ces ministres, endurcis à toutes les mortifications des scrutins hostiles, qui font par décret ce pour quoi on leur refuse des lois, et lancent le pays dans de périlleuses aventures, sans l’aveu et à l’insu de ses représentants ; ce chef du pouvoir exécutif qui s’annule dans une indolence inerte et indifférente aux plus grands intérêts du pays ; cette domination électorale d’une petite bande de politiciens sans considération, sans moralité et sans valeur, étrange oligarchie qui n’a rien de l’aristocratie et qui aboutit partout au règne d’une médiocrité chaque jour plus abaissée, - tout cela, est-ce donc ce qu’on a connu, aimé, désiré, regretté, sous le nom de gouvernement parlementaire ? Qu’on médise du « parlementarisme » autant qu’on le voudra – il a eu ses malheurs et ses torts, il peut avoir ses périls -, mais qu’on ne mette pas à sa charge la honte et la misère d’un régime qui n’a rien de commun avec lui. »

 

Paul Thureau-Dangin, IN Histoire de la monarchie de juillet – tome I - 1884

 

Titre : Histoire de la Monarchie de Juillet

Auteur : Paul Thureau-Dangin

Editeur : E. Plon, Nourrit

Genre : Histoire

Eléments de signalement : En sept tomes

Date de parution : De 1884 à 1892

Date de cette édition : 1884

Pays de l'auteur : France

Nombre de pages : environ 450 pages par livre

Format : 15,5x24,5

Arrivée dans la bibliothèque : 31 août 2012 (acheté aux Sables d'Olonne)

Première phrase : "Pour qui place un peu haut son idéal politique, la France, depuis quatre-vingts ans, n'offre pas d'époque plus intéressante à étudier que celle où elle a été en possession de la monarchie constitutionnelle." Préface du tome 1

Première phrase de la page 30 : "Ceux qui venaient de condamner la vieille monarchie pour atteinte au pacte constitutionnel, ne semblaient-ils pas engagés d'honneur et de logique à le respecter ?" Tome 1

Dernière phrase : "Peut-on dire que l'événement ait démenti cette prédiction ?"

 

vendredi, 15 décembre 2017

Le plus beau garçon (roman noir et rose de Morning)

À la fois romance et thriller, Le plus beau garçon nous entraîne d’une sage ville de province jusqu’aux plages paradisiaques du Portugal…
C’est l’histoire d’une rencontre fabuleuse, l’amour enfin, le vrai ! Mais le rêve contient sa part de cauchemar, d’autant plus sombre qu’on ne veut pas la regarder Car quand l’amour distille enfin ses rayons chaleureux dans un cœur qui a trop souffert de la solitude, comment accepter de regarder en face le doute qui naît au détour d’une conversation ?
Quand des bras puissants vous enserrent tendrement et diffusent leur impact de protection le long de votre colonne vertébrale, comment imaginer qu’ils pourraient un jour serrer plus fort, trop fort ? Quand un regard limpide, rieur, profond, vous enveloppe et vous caresse, comment ne pas fermer les yeux sur la lueur de folie qui n’a fait que passer un instant ?
Hélène enseigne les mathématiques avec un mélange de douceur et de fermeté à des collégiens qui l’aiment beaucoup. Elle sort, le soir, avec une amie aussi pimpante et femme fatale qu’elle est timide et sage. Elle rencontre régulièrement sa famille, un père autocrate et des frères taciturnes qui ne s’écoutent pas plus qu’ils ne se parlent. Sa vie est réglée comme du papier à musique, mais cette musique, c’est le sentiment de solitude.
Jusqu’à l’arrivée de Thomas. Un homme trop beau pour être vrai ? Ou un enfant trop fragile pour être un homme ?
Une vieille chanson française, Le plus beau garçon du village, ouvre cette histoire aux apparences banales. Mais la banalité n’existe pas et une entêtante chanson d’antan peut faire basculer une existence sans histoire vers une histoire sans solution.
Ce roman explore les facettes cachées de nos vies bien trop rangées.

lundi, 11 décembre 2017

Seul dans le grand monde

Tu riais et nous riions tous avec toi dans ces moments là, les verres au bout des mains, sous les lustres des grands salons, tu brillais et ta voix éclairait nos soirées. Tu arrivais toujours en retard, beaucoup de regards se réchauffaient en se tournant vers toi. Tu blaguais et nous repartions détendus de t’avoir entendus. Lorsque j’ai appris ta mort, je n’ai pas compris comment un tel épisode avait été rendu possible, non pas cette mort, mais la découverte de ton corps six jours plus tard.

- C’est courant, m’affirma mon ami policier.

Il a fallu six jours pour que l’on s’angoisse de ta disparition, pour que quelqu’un se rende compte que tu ne répondais pas au téléphone, que tu n’allais plus au bar sans nom, que tu ne publiais plus tes humeurs sur ton blog.

- C’est courant.

Pourtant, je n’aurais pas cru que cela arriverait à un être apprécié de nombreuses personnes, souvent vu en pleine compagnie, riant, parlant, répondant à brûle-pourpoint, débouchant les bouteilles, donnant des rendez-vous, invitant à déguster tes « tartes de ma grand-mère ».

Ta grand-mère est partie depuis bien longtemps. Tes parents, tu ne les voyais vraiment pas souvent. Ton frère ne répondait pas à tes mails.

Tes deux sœurs te téléphonaient pour ton anniversaire et le jour de l’an.

Tes nombreux amis te voyaient chacun trois ou quatre fois par mois.

Tes confrères et consœurs te rencontraient régulièrement, sous les lustres des grands salons.

C'est toi qui animait l'annuel dîner des voisins de ton immeuble.

Ton agonie a duré vraisemblablement deux jours. 

Il y avait deux cents personnes à ton enterrement. 

vendredi, 08 décembre 2017

Clemens rector

Mélodies grégoriennes de Guy de Lioncourt, vous couliez dans la pièce chauffée par un radiateur alors que la pluie tapotait la fenêtre. C’était par un jour de décembre froid et triste. Bertrand et Frédéric, jouaient silencieusement aux échecs à une table. Je les contemplais et ils m'ignoraient. La Normandie me paraissait une terre morose et familière. J’hésitais encore entre l’enseignement du saxophone ou celui de l’histoire et de la géographie. Cette question me causait des inquiétudes qui ne me font même pas sourire aujourd’hui, moi qui n’ai rien enseigné à personne. C’est une troisième voie qui m’a engloutie. Mon cousin chéri était seul, à l’Ouest de la France, dans un hôpital psychiatrique (mais était-il vraiment seul?) et tout ce à quoi j’avais cru, sur les plans politique et intellectuel, s’émiettait.

Tout cela était banal. Comme d’habitude, j’avais froid (car je suis maigre) et comme d’habitude, je regrettais atrocement les saillies et les bêtises que j’avais lancées la veille au soir, de ma voix mondaine, au cours de la soirée festive. Je ne peux parler sans l’aide d’un peu d’alcool mais après un seul verre je suis sous son emprise et cette emprise guide mes mots vers la vulgarité. Comme d’habitude, je décidais que jamais plus cela ne m’arriverait. Seize ans plus tard, je suis assise loin de la Normandie, près d’une autre fenêtre. Cette fois, il n’y a pas de cheminée au bois brûlant qui craquèle. Bertrand vit à Boston, je ne l’ai pas vu depuis six ans ; Frédéric est mort d’un accident de voiture quelques jours avant la date de son ordination sacerdotale. Melchior, mon cousin chéri, a changé d’hôpital psychiatrique. Et j’ai honte de ce que j’ai dit hier soir, dans ce lieu élégant où les soiries mêlaient leurs couleurs caressées par les lustres, sous l’emprise de deux verres d’alcool, deux verres bus pour pouvoir simplement parler et qui ont vulgarisé ma personnalité.

Tout cela est banal, aussi banal qu’il y a seize ans. J’ai trente-neuf ans, j’en avais vingt-trois. J’écoute encore les mélodies de Lioncourt et je lis toujours Tolstoï et Saint-François de Sales. Je me demande ce qui s’est passé réellement durant ces années. Un rêve de brume, une longue traversée du marécage des hésitations et des tentatives. J’ai toujours désiré pouvoir un jour enlever mon masque étrange et incertain.

vendredi, 01 décembre 2017

« On ne sert pas à quelque chose. On sert quelqu'un ».

lundi, 27 novembre 2017

Larmes noires

Larmes noires, tes larmes noires coulent le long de tes joues,

La voix éraillée des femmes d'hier chante encore l'hymne des arrières-cuisines dans ton salon de misère,

et tu penses à ceux là qu'on oublie quand ils meurent, et qui tenaient vivants des êtres et des mondes.

Et tu penses à ceux là qu'on oublie quand ils meurent et qui faisaient vibrer les climats et les lieux.

 

Larmes noires, tes larmes noires coulent le long de tes joues.

Ta mère était une femme trop vieille pour que tu la connaisses, trop jeune pour mourir avant tes sept ans.

Et tu penses à celles qui chantèrent tes louanges et tes drames quand tu n'avais pas encore vingt ans.

Et tu penses aux grand-mères et aux tantes qui cuisinaient sans faiblir par temps de guerre ou par temps de paix, temps de vaches maigres toujours.

 

Larmes noires, tes larmes noires coulent le long de tes joues,

un air de guitare hispanique fait glisser la mélancolie sur les murs d'une maison délabrée.

Assise sur un fauteuil en osier, tu feins d'ignorer les taches de vieillesse des tentures colorées.

Assises près d'une cheminée éteinte, tu feins d'ignorer les insectes qui encerclent la bûche de bois qu'on a laissé pourrir depuis des mois et des siècles.

 

Larmes noires, tes larmes noires coulent le long de tes joues.

Larmes noires, tu souris au passé à travers les douleurs du présent.

vendredi, 24 novembre 2017

Le poids des ans

Il y a un an, Les silhouettes des fermes isolées.

Il y a deux ans, l'hôtel de Massa.

Il y a trois ans, la rencontre du car.

Il y a quatre ans, Etoffes de pierres

Il y a cinq ans, la fugitive.

Il y a six ans, Jean-Christophe.

Il y a sept ans, la solitude des champs de blogs.

Il y a huit ans, Occident.

Il y a neuf ans, Mélange de paternités.

Comme le temps passe ! Mais les billets de blog demeurent.

mercredi, 22 novembre 2017

L'Observatoire observé

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mardi, 14 novembre 2017

Succomber à une tentation

Il doit être un peu avant vingt heures quand j'arrive à l'Hôtel Paternel. La solitude m'entoure, la fatigue m'étreint. Je constate la présence de bières dans le réfrégirateur. "Ne fais que constater", me dis-je, car j'ai prévu de ne pas boire ce soir.

Mais les bières attendent dans le réfrégirateur.

Je suis capable de manger des biscottes et du fromage, suivies par une tartelette aux quetsches, sans boire de bière, me dis-je en m'asseyant, le regard plongé dans les carrés oranges que forment les fenêtres allumées des immeubles du quartier.

Mais les bières attendent dans le réfrégirateur.

Je me lève, j'ouvre la porte du froid-placard et je constate que je ne suis pas capable ce soir de constater qu'il y a des bières et de dîner sans y toucher.

Une, une seule. Les bouteilles sont petites, ce sera une toute petite bière. Tout simplement une toute petite bière.

Je m'installe à table et je commence mon repas. Dès les premières gorgées, un intense soulagement, une détente. Et puis, avec l'accumulation des gorgées, la sensation d'un léger tournis, d'un demi-oubli.

Je ne pourrai pas travailler ce soir, murmuré-je et un sentiment de culpabilité m'envahit. Je porte à nouveau le verre à mes lèvres.

Je sens mon esprit s'obscurcir sous l'attaque paralysante de l'alcool et je me sens coupable. C'est trop tard. Il ne me reste plus qu'à finir mon verre.

Et les gorgées suivantes me convainquent que je n'ai pas forcément eu tort. La bière est excellente, n'est-ce pas inspirant de siroter des bulles en contemplant la ville qui s'endort doucement en ce milieu d'automne ? Novembre est le mois où l'on se doit de boire de la bière, c'est même une action salutaire, cette boisson fermentée apaise mes intestins autant que mon âme.

Est-elle belge ou allemande ? Je ne connais pas cette marque et ne sais si le nom que j'ai lu est flamand ou germanique. Je rapproche la bouteille de mes yeux brouillés par le lâcher-prise.

Et je lis : 0%. Bière sans alcool.

samedi, 11 novembre 2017

Mon beau sapin

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Mon beau sapin, emporte-moi dans ton silence, recouvre-moi du parfum muet de l'absence. Partons ensemble au pays où la neige efface les formes du monde. Fuyons cette vie vide, que les bruits banals et les atmosphères humaines grises perturbent. Je n'ai pas besoin d'un adagio sirupeux pour  survivre, seulement ton écorce et tes feuilles vertes qui traversent l'hiver.

vendredi, 10 novembre 2017

Plume pas mon auteur !

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Merci à Tom Lévêque pour ce superbe logo et pour le fort article qu'on peut lire sur son blog !