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jeudi, 15 novembre 2018

Besoins sans cause

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Le salariat créée le besoin de vacances ; la vie de bureau crée le besoin de sport ; la raréfaction des chants en famille crée la nécessité des cours de musique ; l'absence de vie commune crée le recours à la vie de couple ; l'impossibilité de regarder le ciel étoilé détraque la sexualité. 

mercredi, 14 novembre 2018

Mon œil gauche tombe pour indiquer la fatigue

Imagine une mathématique qu'on pourrait entièrement dire avec des mots et des poèmes et prières, transcris précisément en langage formel. Un étang, des grenouilles, des libellules, des carpes, le croassement des corneilles dans la nuit. C'est le mois de septembre. Un garçon assis sur l'herbe haute attend qu'une idée lui vienne. Les idées sont des baumes sur ses souffrances mal-cicatricées. L'amour est le grand rêve et la grande déception des hommes. L'idée détourne du travail et du sommeil. L'idée cherche l'idéal qui la tue. 

Vivre, c'est abriter des peuples de bactéries ; il y a plus de molécules d'eau dans un verre à moitié vide que d'étoiles dans tout l'univers. La meilleure mère n'est pas celle qui a enfanté, c'est celle qui aide à vivre et multiplie la confiance. J'écris ce qu'une étrange sagesse me dicte, cette science n'est pas descendue sur la terre, elle est montée du corps des êtres. Même les pierres attendent, pensent. Qu'est-ce qu'une peau ? Peau de bête ou de pierre, l'être le plus léger peut nager dans la pierre comme le dauphin dans l'océan.

Le malade qui tousse se redresse ; ses rides récentes accentuent son angoisse. L'intuition de sa mort est un miroir réfléchissant. Plus personne n'est à ses côtés, les gens ont faim, les gens ont soif, les gens fuient le fils-amant de la misère. Et de vieilles chaussettes puantes, un mouchoir usé, un coussin abîmé, sont tout ce qui reste au paria abandonné. 

Ce qui reste est trésor. Or plus précieux que l'or, argent qu'on ne peut monnayer, viatique pour la route dernière.

mardi, 13 novembre 2018

Joies des intérieurs

Deux enfants nus dansent dans une cuisine, ce soir, en riant, au cœur d'un village du Vexin. 

Un autre soir, ces deux enfants bien habillés circulent éberlués au milieu des nombreux adultes, venus saluer leur grand-mère qui dessine des cerfs et des profils humanoïdes sur les livres qu'elle dédicace. 

C'est une semaine avec ses joies de bars (Le café latin, Le Corcoran) et de librairies (Les Originaux, rue Saint-André des Arts), de nourriture exquise (Le Pouzenc) et d'activités informatiques mi-amusantes, mi-crispantes. Cette semaine, ont coulé sous les poutres d'un studio les litanies de Sainte-Anne, récitées lentement, et le Sileant Zephyri de Vivaldi, par une voix de haute-contre. 

Le souffle de l'esprit s'immisce par les trous du destin. 

 

lundi, 12 novembre 2018

Tristesses de rue

C’est une semaine avec ses tristesses de rue : devant le jardin des Plantes, à l'orée de la rue Buffon, un homme accroupi, agrippé par deux petits garçons haletants qui l’enserrent de leurs bras, se collent à lui en émettant des sons de semi-sanglots retenus. À quelques mètres d’eux, une femme blonde, raide, debout, regarde. Les passants passent, cœur serré. La situation est limpide pour tous : un divorce, la haine, le déchirement. Puis les petits garçons dans un déchirement se lèvent et marchent vers la femme qui les attend, immobile, sans un mouvement vers eux. Le père se relève, regarde les enfants, fait un pas en avant, mais la femme ne le regarde pas. Elle part, suivie des garçonnets. Le père s’éloigne de son côté.
Ces gens se sont étreint… Ils se sont envoyés des textos amoureux. Ils ont joué le jeu amoureux et social devant les autres et même devant eux-mêmes. Ils ont eu deux enfants qui ont sans doute marché leurs premiers pas entre leurs quatre bras. Mais ils ne se parlent plus, au sens propre. Ils torturent leurs enfants d’une manière légale et banale.

Plus tard dans la journée, rue La Fayette, sous la porte du CIC (Crédit Industriel et Commercial), un corps humain enveloppé dans un sac de couchage. Le ciel est gris. La pluie tombe. L’homme dort, tandis que les passants marchent, tirent de l’argent, entrent dans des bistrots, s’engouffrent dans des immeubles ou dans la proche bouche de métro.

Et dimanche 11 novembre, pour finir en beauté, alors que j'arrive au croisement de l'avenue Daumesnil et de l'avenue Ledru-Rollin, un corps à terre au milieu de la chaussée. J'approche : trois personnes, sorties du bus 57, m'annoncent que l'homme vient de tomber du pont de la Coulée Verte. S'est-il jeté ? L'a-t-on poussé ? Il est face contre terre et du sang coule doucement autour de ses cheveux bruns. Au téléphone d'un passant, les Secours annoncent qu'ils arrivent bientôt. Je murmure un Notre-Père tout bas, une grande adolescente, les mains sur ses tresses africaines dit : Mon Dieu, mon Dieu. Personne ne cherche à le relever, à le toucher. Nous savons qu'il est mort.

vendredi, 26 octobre 2018

Peux-tu ?

Peux-tu couper avec la plainte romantique, rompre avec le regret mélancolique, cesser de toujours infuser le même mystère entre les lignes (ce mystère devient sirupeux).
Essaie de nouer avec l'étoffement du vocabulaire, la rudesse pure des phrases, les sujets inabordés.

Trop de nuits ont été passées à comparer les traductions d'un verset d'Esaïe. Pas assez d'air frais dans tes poumons, la montagne est si loin, la vraie montagne aux rivières restées vierges. 

Peux-tu faire lever un nouveau jour sur ta vie ? Un jour tout neuf, au bord du monde, étendue de lumière prête à subir tes pas de liberté. 

mercredi, 24 octobre 2018

Pluie d'étoiles

Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.

Alors voici,  après Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2017 ; après Fazil, le poème du printemps 2017 ; après Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; après Silentium, le poème de l'automne 2017, ; après Héroïne, le poème de l'hiver 2018 ; après Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; après Portrait d'été, le poème de l'été 2018, voici le poème automnal de cette année :

 

Pluie d'étoiles, poème de l'automne 2018

 

Étoile filante

tu m'échappes chaque fois que tes yeux secrets

se troublent

 

étoile du berger

tu me guides

de ta voix de lait blanche et de ton cœur si bon

 

étoile du Nord

tu m'absous

par ta peau de soleil polaire, par ton hâle sans cesse changeant

mardi, 23 octobre 2018

...cette égalité remarquable constitue les vers

N'êtes-vous pas sensible comme moi, à l'acharnement amusé avec lequel Benoît de Cornulier harcèle la syllabe, surtout lorsqu'elle est piégée dans un vers ?

Voici un extrait - le début - de sa thèse d'Etat, soutenue le 29 juin 1979 à Aix-en-Provence.

Mieux vaut avoir jeté un œil (qu'on peut reprendre ensuite, bien sûr, inutile de laisser les vers pourrir votre œil) sur les Djinns de Victor Hugo, beau poème que du reste certains mirent en musique, tels Gabriel Fauré, César Franck ou Louis Vierne. 

« N’êtes-vous pas sensible comme moi, si vous avez lu attentivement ce poème d'août 1828, aux ravages que lui a fait subir l'usure du temps ? Victor Hugo avait primitivement écrit une série de strophes en vers de longueur croissante, puis décroissante, croyant rendre par cette bizarre onomatopée l'approche et l'éloignement des Djinns. Mais à l'intérieur de chaque strophe, les vers devaient être de longueur égale : c'étaient des 2-syllabes, puis des 3-syllabes, des 4-syllabes, des 5-syllabes, des 6-syllabes, des 7-syllabes, des 8-syllabes ; pas de 9-syllabes ; puis des 10-syllabes (malheureusement divisés en hémistiches de 4 et 6 syllabes!), puis retour des 8-syllabes jusqu’aux 2-syllabes. Or dans la présente édition des « Djinns boiteux », certes l'onomatopée (enfin, la tentative d’onomatopée) a été perfectionnée : ce sont des strophes de vers de 2 à 9 syllabes (les 9-syllabes n’étant pas divisibles en hémistiches à la manière des 10- syllabes primitifs) ; mais, et c’est le défaut de cette édition, dans chaque strophe, l'un des quatre derniers vers, trop long ou trop court d’une syllabe, rompt l’égalité de nombre syllabique.

J'ai fait lire ou entendre ce texte à plusieurs dizaines de personnes (à certaines, plusieurs fois), représentant des niveaux de culture très différents. Quelques-unes de ces personnes ont écrit sur la musique ou la poésie, d’autres ont elles-mêmes écrit des vers d’allure traditionnelle. Tout le monde a instinctivement repéré, comme évident, le vers inégal dans les strophes de vers de 2 syllabes. Personne n’a instinctivement, du premier coup et avec certitude, distingué le vers inégal dans les deux strophes de vers de 9 syllabes. Plusieurs personnes ont reconnu tous les vers inégaux jusqu’aux strophes de vers de 8 syllabes inclues, voire dans l’une ou l’autre des strophes de vers de 9 syllabes. Il se serait donc très bien pu que quelqu'un fasse un score parfait sur cet exercice de détection du vers « faux » (comme on dit) ; mais alors j’aurais fabriqué d’autres strophes de vers de 9 syllabes avec un vers faux, et on aurait vu. Je doute qu’il existe un seul français qui puisse reconnaître à coup sûr des vers faux dans toutes les strophes de vers 9-syllabiques imaginables ; au contraire, sans doute, les personnes les plus douées dans cet exercice idiot commencent à se sentir mal à l'aise, à hésiter, à perdre pied, dès qu'on leur a montré trois ou quatre 9-syllabes qui n’ont pas la même allure rythmique. Quant aux vers de 10 syllabes, c’est pire. Cette expérience naïve s’interprète grossièrement ainsi :

- Limite de la capacité métrique en français : En français, la reconnaissance instinctive et sûre de l’égalité en nombre syllabique de segments voisins rythmiquement quelconques est limitée, selon les gens, à 8 syllabes, ou moins.

Une expression familière aux lecteurs de poésie classique qui butent sur un "vers faux" est : « Mais ce n'est pas un vers, c’est de la prose ! » : un « vers faux » n’est pas vraiment un vers. Il suffit de changer d'une seule syllabe le nombre d’un vers d'une strophe des "Djinns" pour en faire de la prose, mais si on retire le vers faux de sa strophe originelle pour l'insérer dans une strophe de vers de même nombre que lui, il redevient vers. 

Un vers des Djinns n’est donc pas un vers en soi, et un vers faux des Djinns boiteux n’est pas de la prose en soi. Il n'existe dans les Djinns (de 2 à 8 syllabes) que des familles de suites de syllabes (suites successives) dont l’égalité mutuelle est remarquable ; cette égalité remarquable constitue les vers en tant que suites équivalentes ; on appelle mesure la propriété commune (avoir tant de syllabes) qui définit l’équivalence dans une famille de suites de syllabes, « vers ». Le choc - ou le charme - du vers faux naît quand l’équivalence à laquelle on s'était habitué, qu'on attendait comme régulière, échappe tout à coup dans une suite de syllabes qui devrait continuer l’équivalence, mais la rompt. »

 

La suite se lit agréablement par ici, sur ce pédéhaif.  On peut parcourir d'autres articles du même auteur en se baladant sur cette page.

mardi, 16 octobre 2018

Le remaniement de la voix

Estourbir le remord, le regret, tout ce qui maintient en état de mélancolie, à partir d'aujourd'hui. Renoncer aux voix trop chargées d'émotion, la voix pure a aussi ses charmes. La voix pure qui tranche le ciel comme un avion.

Cette voix doit naître au cœur de l'aurore, avant la pointe du jour. Avant que la pie-grièche ne lance ses premiers petits cris. Voyons comment cette voix changera nos siestes en actions, nos abattements en réactions.

La voix nouvelle, celle du nocher qui sait le fleuve, toujours plus forte que le doute et plus claire que l'espoir, nous mènera jusqu'à la vie réelle, au seuil de laquelle le rêve tire sa révérence définitive.

jeudi, 11 octobre 2018

Duo pour ouvrir un exode

Il n'y a qu'Haendel pour vous aider à dire adieu aux maisons qu'il faut vendre, malgré la poussière intime des souvenirs qui nous ont constitué. Je ne le savais pas encore il y a cinq ou six ans, lorsqu'il fallait accomplir le deuil du lieu de vie. J'entrai dans l'ère des lieux de survie, où le cœur n'accroche pas aux particules de l'air. Who calls my parting soul from death ?

Cette question à double voix de ténor et de soprane transporte les fluides spirituels intangibles et permet aux organes vitaux de fonctionner à travers les dérélictions.

Ce duo habile comporte les trois strates de la majesté du passé accumulé, de la trahison frémissante du présent et de l'éveil ressuscité des horizons du lendemain. Si les antibiotiques écrasent sans soigner, si les plantes ne drainent plus, si les prières ne sont qu'appels sans réponse et que l'alcool tourne au vinaigre, le duo d'Haendel, comme un veilleur, marche avec son rythme baroque et sa lanterne de son dans les couloirs du désespoir pour guider l'être en exode.

 

Ici, ailleurs :

Quitter les lieux

dimanche, 07 octobre 2018

(Re)naître à la vie légale

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J'ai relu cette nuit ce très beau livre écrit par Laurent Gbagbo, en 1983, alors qu'il était exilé à Paris pour éviter de retourner encore en prison, après la grande purge des enseignants de 1982.

En voici un extrait :

 

« La démocratie suppose la reconnaissance du droit à la différence. En effet, par leurs origines sociales, par leurs éducations, par leurs formations, par les positions qu'ils occupent dans l'appareil de production, par leurs intérêts individuels et collectifs, etc, les citoyens jettent forcément des regards différents sur la société dans laquelle ils vivent et conçoivent ainsi des projets différents pour l'avenir de leur pays. Et ce sont la rencontre, le croisement, le choc, le jeu de ces différences qui font la grandeur, la puissance d'un pays, la richesse créatrice d'un peuple. Vouloir gommer artificiellement ces différences en mettant en œuvre des méthodes de coercition morales et physiques, c'est choisir la voie de la dictature. Face à la dictature, je dis non.

 

La démocratie, c'est aussi un acte d'humilité. C'est la prise en compte de la relativité des intelligences individuelles et des doctrines. C'est le respect accordé à ses concitoyens. Être démocrate, c'est reconnaître qu'on a ni le monopole de la vérité, ni le monopole de la sagesse, ni le monopole de l'amour de son pays. De ce point de vue, alors que le choix de la dictature est toujours un acte de facilité et une marque de manque de confiance en soi-même et dans le peuple, un acte de peur et de fuite en avant, la démocratie est au contraire un acte de grandeur, de confiance et de clarté. Le choix démocratique est la pleine conscience du fait que la politique que l'on mène peut être erronée, ou peut être jugée comme telle.

 

La démocratie, c'est aussi l'éducation politique du peuple. Bien sûr, cette éducation politique a toujours des limites et les quelques pays que nous avons visités nous ont instruit à cet égard. Mais on ne peut pas demander à quelqu'un de jeter un bulletin de vote dans une urne alors qu'il ne sait même pas ce à quoi il s'engage. L'éducation politique d'un peuple se fait par le développement public des idées contradictoires, par l'exposé de plusieurs voies possibles pour résoudre les problèmes nationaux. Ce sont les informations contradictoires, et par là même complémentaires, qui peuvent permettre à notre peuple de se former politiquement et de choisir une politique conforme à ses intérêts. La démocratie responsabilise alors que la dictature assujettit. De ce points de vue, le débat démocratique fait apparaître des hommes politiques alors que la dictature engendre des courtisans. Sans débat politique, un vote est un viol.

 

La démocratie c'est la suppression de la peur au quotidien, la fin de la délation permanente, la fin de la toute-puissance des secrétaires généraux du P.D.C.I. qui écrivent à tort et à travers des rapports sur leurs concitoyens ; c'est la réhabilitation de la justice républicaine. La démocratie, c'est la fin des arrestations arbitraires. C'est la fin de l'auto-censure, la suppression des tabous en matière politique. C'est donc le plein épanouissement moral des individus et de la collectivité.

 

La démocratie c'est la naissance à une vie légale. J'ai déjà indiqué l'implication heureuse qu'une vie légale peut avoir sur l'existence des citoyens qui n'auront plus à craindre d'être incarcérés arbitrairement, au gré de l'humeur d'un homme. La Cote-d'Ivoire a une Constitution. Elle n'est pas très bonne. Mais elle a au moins l'avantage d'exister. Or cette Constitution qui a été écrite et adoptée par le P.D.C.I. N'est même pas respectée par lui. En son article 7 la Constitution de Côte-d'Ivoire reconnaît l'existence de « partis et groupements politiques » ; j'ai montré plus haut le sort qui a été réservé à tous ceux qui ont voulu créer des partis. En son article 6 la Constitution met hors la loi ceux qui font une « propagande particulariste de caractère raciale ou ethnique » ; j'ai montré comment lors de l'affaire Sanwi, de l'affaire Gnagbé et du « complot de février 1982 », Houphouët et le P.D.C.I. Ont mobilisé tous les médias du pays pour lancer l'anathème et jeter le discrédit sur telle ou telle ethnie. En son article 3, la Constitution proclame que la « souveraineté appartient au peuple » et précise qu' »aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice » ; or depuis l'Indépendance Houphouët s'attribue cette souveraineté du moment que, dans sa tête, le P.D.C.I. c'est le peuple et que lui, Houphouët est le « Père de la Nation ». Non, il faut que la Côte-d'Ivoire » naisse à la vie légale.

 

La Côte-d'Ivoire est un pays sous-développé. Il nous faut donc nous battre contre cette situation que nous ne considérons ni comme une malédiction, ni comme une fatalité. Or l'histoire nous enseigne qu'aucun peuple asservi ne peut faire face efficacement aux défis de l’humanité sans avoir au préalable brisé ses chaînes. Le sous-développement dans la servitude accentue le sous-développement. Nous savons bien que la démocratie n'est pas un remède miracle qui va résoudre par enchantement tous nos problèmes. Mais elle constitue un préalable indispensable. Nous avons une agriculture à repenser pour sortir des pièges que nous a légués l'ère coloniale ; nous avons une politique énergétique à mettre en place et à mener avec constance et raison de façon à créer les conditions d'une industrialisation véritable sur l'ensemble du territoire national ; nous avons à redéfinir le rôle de l'école et l'orientation de la médecine ; en sommes nous avons à combattre la faim, la maladie, l'ignorance, la rigueur du marché international et l'appétit vorace des impérialismes ; bref, nous avons un pays à bâtir. Et cette tâche n'est pas au-dessus de nos forces. L'exécution d'une œuvre aussi gigantesque que la construction nationale exige que chacun se sente concerné ; il faut pour cela que les Ivoiriens soient impliqués dans un débat politique national, qu'ils aient une prise quelconque sur les choix fondamentaux de leur pays ; qu'ils sachent qu'ils ne sont pas des robots à qui l'on demande de produire, rien que produire, sans savoir à quoi (ou à qui) cela sert de produire. Il faut responsabiliser nos concitoyens depuis les paysans jusqu'aux plus hauts responsables de l'administration en passant par les ouvriers et les cadres du secteur privé. Une telle mobilisation implique que les Ivoiriens fassent consciemment et librement le choix d'une politique. À ce niveau, la liberté n'est plus simplement un concept moral ni une donnée politique ; la liberté est le levier le plus puissant du développement économique ».

 

Laurent Gbagbo, IN Côte-d'Ivoire, Pour une alternative démocratique

 

(Zones africaines d'AlmaSoror :

Ouverture de l'Histoire de l'Afrique noire

Un voyage féodal

Où vont les âmes ?

Le trafic à la muette

Un billet sur Mongo Béti ?

Le pouvoir de la kora

Charte du Mandé et autre faux historiques

Lettre d'un Suisse à une Allemande

L'homme des villes, sortie du livre

France-Maroc-Mali, XVIIème siècle

Fragment d'un printemps arabe

La philosophie de la révolution, extrait

Abd-el-Kader : préface de la lettre aux Français

...de commencements en commencements...

Nos papas les états-uniens

Instant banal à Ouaga)

samedi, 06 octobre 2018

Les coulures

Tu apercevras les coulures de lumière dans les feuillages verts des arbres froids. Quand le Maître des forêts sommeille, que l'hiver avance, à la hache, entre les essences végétales qu'il dépouille, tu renais. Enfant des villes, éclot dans le béton vertical, tu nais réellement lorsque ton pied foule la terre mouillée, puante de vers, et s'enfonce.

Fermes abandonnées construites par des mains solides, éparses, attendez la neige et les hommes perdus qui vont réapprendre à souffrir sans gémir, au cours des mois de déshérence. Buissons givrés, terre meuble, cortèges de nuages aux aurores frileuses, vitres fêlées par lesquelles le regard s 'écoule en biais. Porte lourde, de chêne, dont la serrure est naïve et le loquet loquace...

La modernité engloutie ne nous a laissé que des traces. Orphelins, nous redécouvrons notre race à travers celle de nos chiens. Saint Hubert, qui sais tuer ou épargner, guide nos corps débiles de tes gestes sûrs, afin que nous redevenions dignes des sous-bois entremêlés.

mercredi, 03 octobre 2018

for Heav'n hides nothing from thy view

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(Mes photos sont souvent ratées, toujours prises avec mon téléphone portable. Je ne les retouche pas, je les laisse parler de ce que je crois vivre.

 

C'est ici que, dans un dévergondage de compétition sociale, je me vante visuellement de mes expériences. Regardez comme ma vie est belle, oh oui, whisky le soir devant un coucher de soleil urbain en écoutant la guitare de Ry Cooder se promener dans les étendues du Texas. Ou simplement une vague, ne t'inquiète pas si tu t'ennuies dans le métro la boule au ventre en allant au boulot, je viens de la surfer, cette vague bleue de la baie dont je tairai le nom. Sur ces autoportraits je suis une dissidente politique, une écrivain libre, une voyageuse à la parole errante, j'ai des livres, des amitiés, des rendez-vous, et tellement de temps libre - à la mode et irrécupérable. La preuve par images, rien de mieux.
Mais si tu crois un jour que tu m'aimes, reviens de temps en temps poser ton regard sur le vide entre les photos. Tu entendras ma voix, la vraie, sombre, bien plus sombre que celle qui résonne quand j'éclate de rire).

mardi, 02 octobre 2018

Mûre, sur les chemins d'hier

Sur les chemins d'hier, je souriais aux jours à venir. Le blanc n'était pas la couleur de mes cheveux, mais celle de l'écume des vagues. Des vagues qui venaient se briser sur le sable de ma plage quotidienne, à l'époque où la mer accueillait encore mon corps. Je bois toujours des cocktails savants, mais ils ont le goût des choses que l'on paye. Est-ce qu'une autre jeunesse viendra réveiller mon existence et l'éclabousser d'une énergie pétillante ? Le travail et la sagesse m'apportent un peu de paix, mais où cueillir la joie ?

mercredi, 26 septembre 2018

Rêverie d'automne

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lundi, 17 septembre 2018

La meute

Perdue dans la meute, si heureuse de hurler avec les autres et si seule au milieu des autres, amoureuse du croissant de lune blanc, excitée par le noir nocturne, dans l'odeur mouillée de la terre et des arbres centenaires, tu ne penses pas, tu vis, tu sens, tu aimes.