dimanche, 30 décembre 2018
Te decet hymnus deus in Sion
François (frère Paul) de Cornulier, à droite
Mon oncle Fanfan, frère Paul chez les bénédictins, est mort hier, âgé de 80 ans, un an et deux jours après son jeune frère Paul (mon père). Ces dernières années, Fanfan était battu par son supérieur. Il l'avait avoué à ses frères (de sang), tout en disant : je pêche car je n'ai pas le droit de le dire, je vais devoir répéter que je vous l'ai dit et je serai puni, ou quelque chose dans ce genre (je n'étais pas présente lors de cette soirée).
Récemment, un des prêtres du monastère, à qui B..... demandait combien de religieux peuplaient actuellement le monastère, répondit « nous sommes dix pères », mais son frère n'ayant jamais été ordonné B comprit l'entourloupe et à nouveau demanda « combien en tout ? » « Nous sommes dix pères et deux frères ». Donc un frère non ordonné existe à peine, pas assez pour être mentionné. Quand je songe à ce père très haut qui se met au-dessus de ses frères non-pères, ça me ferait marrer que tout soit vrai rien que pour le voir rétrogradé parmi les impies tandis que ses frères tant méprisés batifoleraient tranquillement à la droite du Père.
Les moines furent méchants jusqu'au bout avec Fanfan, le reléguant à la chapelle du Vorbourg durant vingt-cinq ans, le reprenant à grand regret parmi eux lorsqu'il tomba vraiment malade, le soignant à contrecœur dans leur propre clinique avant qu'il aille (enfin!) mourir à l'hôpital de Sion. Ils comptent l'enterrer en catimini et pour cela un père René a dit mielleusement, plusieurs fois, à B : « Frère Paul souhaitait être enterrer dans la plus stricte intimité », ce qui signifie dans la bouche de ce saint homme : votre frère est une merde et il n'aura pas l'once d'une pompe. Fanfan n'était que diacre, il n'avait jamais été ordonné prêtre et en était fort méprisé là-bas. Il a passé toute une vie dans un monastère où il a même été battu, avec interdiction d'en parler à l'extérieur ! L'église catholique, qui a ses grandeurs, est une mère maquerelle, une pousse-au-crime et un égout moral.
Mais ce n'est pas une raison pour ne pas faire dire une messe en l'honneur d'un moine convers en route pour les délices célestes.
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E-Volumen
C'est une symphonie de codes, sans son. Face à la masse des contenus, qui sera prescripteur ? Dans cette économie de l'attention, l'intérmédiation use d'algorithmes. La donnée, par milliard, s'analyse, se monnaye, s'utilise. Grand vol organisé de la forêt de clics et de liens. Le distributeur s'aliène toute la chaîne, de la production première au paiement terminal. Cyborg, comment t'orienteras-tu dans la profusion de signes ? Ton choix n'est qu'un calcul prévisible. La ressource rare n'est pas l'or, c'est ton esprit, ta décision. À la granularité de la masse, font face des arbres supervisibles qui dissimulent la forêt noire. Qui capte les signaux faibles ?
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samedi, 29 décembre 2018
Le petit Lanstier
Quant à mon rêve de campagne, quel est-il ? La nature perdue – mais j'ai peur des errants, de la nuit. L'hôtel de la vieille ville – mais j'ai peur des voisins, des conflits humains. L'exploitation agricole – mais j'ai peur de me faire mal avec des outils, d'être infirme sur le plan technique. Loin du monde – mais j'ai peur des transports complexes, peur de conduire.
Une grande maison – mais le chauffage ? Des chiens – mais les voyages ? Et l'enfant ? Où est-il l'enfant ?
Il marche.
Lanstier, bonnet à pompon sur la tête et chaussures d'hiver aux pieds, se fraye un chemin jusqu'à la maison du vieux Vaast. Depuis la fenêtre de l'étage, une vieille femme le surveille. Cet enfant ne croit pas au Père Noël. Il cherche un secret derrière les rides de ceux qui l'entourent.
Il n'a jamais vu d'autre enfant.
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vendredi, 28 décembre 2018
Le masque
« … déchiré par cette illusion de liberté que donnent les êtres qui nous quittent... » Jean-René Huguenin
Je quitte tous ceux qui m'approchent pour qu'ils continuent à me désirer et qu'ils me prêtent un bonheur et un mystère que je ne possède pas plus qu'eux.
Je pars sans me retourner parce que je veux qu'on me regarde partir.
Si j'étais quelqu'un, je resterais parmi vous, mais n'ayant qu'un miasme étrange à la place de l'âme, je vous montre un masque afin que vous pensiez que je vaux quelque chose.
Mon masque vous sourit, mon masque vous méprise.
Mon masque me remplace. Mascarade !
Sur AlmaSoror :
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lundi, 24 décembre 2018
La clarté de la crèche dans la nuit du péché
« Dans la nuit du péché, c’est l’étoile de Bethléem qui luit ; c’est l’ombre de la Croix qui tombe sur la clarté de la crèche. La lumière s’éteint dans l’obscurité du Vendredi Saint, mais remonte plus éclatante, soleil de grâce, au matin de la Résurrection…
C’est à travers les souffrances et la Croix que le Fils de l’Homme fut élevé à la gloire de la Résurrection ; traverser la souffrance et la mort avec le Fils de l’Homme, pour atteindre la gloire de la Résurrection, c’est le chemin ouvert à chacun de nous, à l’humanité entière »
Sainte Thérèse-Bénédicte de La Croix (née Edith Stein en 1891 à Breslau, morte en 1942 à Auschwitz), carmélite, martyre et patronne de l'Europe
IN Le Mystère de Noël, Conférence donnée en 1931
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samedi, 22 décembre 2018
Trouble
« Que rien ne te trouble », écrivit la grande dame voilée dont le grand-père était un converso. Elle avait raison, mais c'est difficile, elle avait raison, et un jour viendra, où le cœur, calme et puissant comme l'océan pacifique après la tempête, accueillera les remous du monde en scintillant sous le soleil.
Les grandes familles d'hier font les cœurs brisés d'aujourd'hui. Les gueules cassées de l'usine seront les grandes familles de demain. L'esprit de Noël se divise par deux : celui d'une crèche où manque le nécessaire, d'un homme qui a accepté l'enfant d'un autre, d'une femme qui a subi l'humiliation de l'engrossée. Celui des dindes au marron, du foie gras, des mètres carrés de cadeaux, des guirlandes et des enfants enguirlandés derrière une porte au milieu de la fête.
Il y aurait bien un troisième esprit, celui de la Tradition, porté par des moines et des moniales qui après un repas frugal chantent au milieu de la nuit sous les étoiles l'adeste fideles.
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vendredi, 21 décembre 2018
Harcèlement depuis plusieurs semaines
1 rue du Molinel 59290 WASQUEHAL
RCS LILLE METROPOLE 348 967 332
CODE NAF 8291Z
Références
EDF
N Dossier 1107588250
Ref mail M13MED
MISE EN DEMEURE
Madame, Monsieur,
Vous n'avez pas tenu compte de mes différentes relances.
JE VOUS METS EN DEMEURE de régler l'intégralité de votre dette sous 8 jours, soit la somme de : 51,76 euros.
Sans réaction de votre part, je déciderai des suites à donner.
Vous en souhaitant bonne réception et restant à votre disposition,
Cordialement.
Le responsable de votre dossier
Claude DOREL
03 59 31 51 40
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mercredi, 19 décembre 2018
En cet instant-là
« J'ai vu descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, toute prête, comme une fiancée parée pour son époux » (Ap 21, 2). Comme le Christ lui-même est descendu du ciel sur la terre, son épouse, la sainte Église, a aussi son origine dans le ciel ; elle est née de la grâce de Dieu, elle est descendue avec le Fils de Dieu lui-même et lui est indissolublement unie. Elle est construite de pierres vivantes (1P 2,5) ; et sa pierre de fondation (Ep 2,20) a été posée quand le Verbe de Dieu a assumé la nature humaine dans le sein de la Vierge. En cet instant-là s'est noué entre l'âme de l'enfant divin et l'âme de sa mère virginale le lien de l'union la plus intime, que nous appelons nuptiale.
Cachée du monde entier, la Jérusalem céleste était descendue sur la terre. De cette première union nuptiale devaient naître toutes les pierres qui s'ajouteraient à la puissante construction, toutes les âmes que la grâce éveillerait à la vie. La mère épouse devait ainsi devenir la mère de tous les rachetés.
Sainte Thérèse-Bénédicte de La Croix (née Edith Stein en 1891 à Breslau, morte en 1942 à Auschwitz), carmélite, martyre et patronne de l'Europe
IN Méditation des noces de l'Agneau, 1939
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mercredi, 12 décembre 2018
Ces féroces soldats
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samedi, 08 décembre 2018
Triumvir
Alors que la foule demande la démission du président de la République, j’entendais discourir des cols blancs sur la fin de la Vème République et l’aménagement d’une VIème, et je me disais, en mon for intérieur fatigué, qu’il serait plus judicieux d’en terminer avec la « République » et de créer un triumvirat français, co-dirigé par le président du Sénat, le président de l’Assemblée nationale et le chef des Armées.
Pour l'heure, j'ai fini mon café et je veille sur celle qui s'est endormie sur le canapé.
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vendredi, 07 décembre 2018
Au fil des mois et des années
(Décembre 2017)
Bilitis, quand tu reviens, c'est que l'ethanol permet à nouveau d'entrevoir la beauté d'un amour. Même au pays de solitude, même au bord du grand silence des mots, quelques gorgées prolongées te rappellent à mon existence. Je revois l'étrangeté d'un corps qu'entoure une serviette de bain, j'entends comme l'étouffé d'un vêtement qu'on pose et qui glisse de la chaise. Combien en avions-nous connu, de ces matins banals que je laissais passer comme des bateaux dans un lointain inexprimable.
(Novembre 2016)
Novembre, tu es revenu enterrer l’été. Tu es arrivé comme on t’attendait, tu t’es comporté à ton habitude, avec ta froideur implacable et ta pluie pénétrante. Je t’ai laissé me traverser sans réfléchir aux conséquences de mon inaction. Je t’ai laissé agir sur ma vie, sur tout ce qui m’environne. Puisqu’on me demande aujourd’hui ce qui me frappa en ce mois, je dirai que c’est avant tout la grande absence des morts.
(Octobre 2015)
La honte financière ressemble à la honte sociale, à la honte sexuelle : elle est très répandue, et pourtant, on serait prêt à tout pour en cacher la réalité nue.
Il s'agit d'une sorte d'indignité, d'infamie éprouvée à l'idée que l'autre sache
(Septembre 2014)
Une fois la maison vendue, les vieilleries dissipées aux quatre vents, que reste-t-il des silences ?
(Août 2013)
J'enseignais alors le hawaiien et l'allemand à l'université des Pierres Emmurées de Saint Jean en Ville. Je devais participer à des colloques et à des fêtes intellectuelles organisés par le comité spirituel de la ville, qui tenait à sa réputation mondiale de Paradis intellectuel. A mes heures libres, je traduisais les poèmes de Hanno Buddenbrook.
(Juillet 2012)
Les Sables d'Olonne, quelques minutes avant la fin du monde
(Juin 2011)
En 1946, un an après sa sortie, le livre fit l’objet d’un retentissant procès qui se termina devant la cour suprême de la ville de Victoria. Robert Close, qui avait raconté l’histoire d’une femme-proie embarquée seule au milieu de marins déchaînés, sur une mer déchaînée, sur un bateau passif, fut condamné à trois mois de prison et une amende.
(Mai 2010)
Ils chercheront, avec l'appui des serveurs, moteurs de recherche, hébergeurs, gestionnaires de boites électroniques, à travers la grande toile électronique pour reconstituer tout ce que je n'aurai pas voulu rendre public.
(Avril 2009)
Le corps a-t-il des limites externes ? Dans ce cas le père n’a aucun droit sur l’embryon, qui n’appartient pas à son propre corps, bien que d’une certaine façon il en soit un « prolongement ».
Le corps a-t-il des limites internes ? Dans ce cas, la mère n’a aucun droit sur le bébé qu’elle porte, et, même si elle ne le désire pas, doit cohabiter avec lui comme nous le faisons entre humains, malgré nos aversions.
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vendredi, 23 novembre 2018
"Les lignes que forment la bouteille et la pipe"
Sara s'amuse à photographier d'après Joseph Sudek :
Joseph Sudek, sans titre, années 20, prise au foyer des Anciens Combattants
Extrait de l'auto-interview de Sara (éditions du Sonneur) :
"On m'a récemment montré une photographie de Joseph Sudek. Un homme avec un chapeau, sous une voûte, observe une bouteille en fumant sa pipe. Les lignes que forment la bouteille et la pipe, et que l'on peut prolonger en pensée, les courbes de la voûte et du chapeau, la lumière oblique qui descend vers cet homme, comme si un ange l'observait, offrent tant d'interprétations !"
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jeudi, 22 novembre 2018
La bande d'une ville désertée
(L'église ND de Bon-Port aux Sables d'Olonne)
Rage ! Cris ! Huée dans les frimas ! Qui êtes-vous, jeunes garçons qui courez dans la ville triste ? Celle où habitent ceux qui n'ont pas de quoi payer les loyers des bords de mer et des centre-villes guillerets.
Vous avez lu quelques passages choisis de Nietzsche et vous écoutez FTP. Vous roulez en moto le long des lotissements, jusque dans les bois où vous chantez des chants bannis par vos pères et par vos mères, par vos maîtres et par vos concitoyens. Vous n'attendez pas le Grand Soir, vous attendez le Grand Retour. Lorsque je suis arrivée dans cette province, je n'étais pas sûre que vous existiez. On entendait parler de vous avec haine, dans les journaux, dans les dîners. La première chose que je vis de vous, ce fut vos sourires sympathiques, presque candides , malheureux mais pleins de vie. Je sais ce que vous votez tous les mois de mai. Je connais certains de vos prénoms maintenant. Et j'aimerais savoir que vous serez de vieux hommes un jour, apaisés, entourés d'amis et de jeunes gens moins désespérés que vous à leur âge.
"Je mourus sans qu’une arme quitte son fourreau".
FTP
"L'Europe ne se fera qu'au bord du tombeau".
Nietzsche
Sur AlmaSoror :
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samedi, 17 novembre 2018
Aucun intérêt
La femme est aussi ignoble et insensible que l'homme, mais par en bas. L'un est pervers par domination, l'autre par fourberie, les deux tout aussi responsables et coupables, et chacun peut se libérer de cet atavisme et devenir un être libre, qui ne domine ni ne se soumet. Se soumettre est aussi inacceptable que dominer. Il n'y a pas de domination sans soumission ni de soumission sans domination.
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vendredi, 16 novembre 2018
Aux portes du parc de loisirs
C’est parce que dans notre société, le bon sens mène en prison, que les soumis involontaires (qui savent qu’ils ont, à chaque instant, tout à perdre et rien à gagner), ne peuvent que s’exprimer par défaut : par des marches blanches, par des recroquevillements, par des minutes de silence.
Citoyens sans armes (ni même l’arme démocratique qui a été évidée comme un poisson), nous pouvons encore pleurer ou rire, mais pour le reste, nous sommes eunuques. Ceux qui gagnent bien leur vie supportent cela aisément, car le parc des loisirs est grand comme le monde, le soleil et la bonne nourriture s’achètent. Pour les autres, il n’y a plus rien d’autre que la niaiserie ou le désespoir, parfois les deux ensemble.
Comme le disait le frère sur la colline, il y a quelques semaines, dans la Bourgogne froide, nous pouvons transformer notre impuissance en humour lucide, mais nous avons perdu l'espoir que notre voix porte en ce monde.
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