mercredi, 21 août 2024
La nuit, la mort, la foi
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lundi, 19 août 2024
Noirs vertiges
19.08.2024
Estival.
Mes vertiges sont noirs et tes mains sont fraîches.
-
Lorsque je perds pieds, l'arythmie devient tempo.
Chanson douce,
-
chanson sombre
des zones d'ombres.
Chaque jour, écrivons un poème autodaté.
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Les progressistes quittent le rationalisme après 250 ans d'amour
"Une double maladie a atteint les sciences sociales et donc les universités il y a environ trente ans : le déconstructionnisme et ce qu’on pourrait appeler le « narrativisme ». La déconstruction d’un phénomène social est une excellente méthode pour en saisir les tenants et les aboutissants, mais quand elle devient un but (le déconstructionnisme) plutôt qu’un moyen de connaissance, alors elle ne fait que la démantibuler, l’éparpiller et engendrer la confusion. Cette pathologie de la connaissance procède d’une autre, celle de considérer qu’il n’y a pas de faits en tant que tels mais uniquement des discours sur les faits, des « narratifs ». Ce que vous voyez n’existe pas, ce qui existe c’est ce que l’on dit que c’est. Cela aboutit à dire qu’une femme n’existe pas, c’est un individu à utérus, ou qu’il peut exister des femmes à pénis, que l’islam est une race, bref des choses qui ne collent pas avec ce que l’on observe."
Florence Bergeaud-Backler dans Le Figaro du 9 mai.
C'est intéressant, dans notre aujourd'hui : la tradition des Lumières, qui consiste à mettre le fait et la raison au sommet de la hiérarchie, n'appartient plus au camp progressiste, qui s'en détourne au contraire pour favoriser le subjectivisme (par exemple avec les notions de "genre", de "racisé"). Un grand changement de paradigme, puisque les traditionnels conservateurs et réactionnaires se retrouvent héritiers et porteurs malgré eux de la raison objective, c'est-à-dire le rationalisme, abandonné par les progressistes.
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dimanche, 18 août 2024
Extrait du journal de Kevin Motz-Loviet
Dimanche 18 août 2013
(Elle est là. Derrière moi. Elle lit la préface du traducteur à la Montagne magique, de Thomas Mann. Moi, assis à mon ordinateur, je bois mon café, noir et brûlant. Yellow 6 diffuse ses volutes électro-guitaristiques noyées dans un synthétiseur et parfois surgissent les plaintes d'un violon. Tout plane, tout est calme. Il est 13h42. Hier soir, nous dînions ensemble d'une excellente ratatouille, de la fin d'une bouteille de Saint-Joseph, de fromages apportés par Lavia et d'un frappé de fruits, dans la petite cour «pot-bouille », éclairés à la chandelle. Comme c'était beau d'être ensemble ici. Et comme c'était nostalgique de se dire que ce lieu si chargé de sens, si parisien, si vieux, si romantique, nous l'aurons quitté pour toujours au premier janvier 2014. Ce moment que je vis à cet instant m'apporte une intense sensation de paix. La musique de Yellow 6 (Still water) la présence invisible et tangible, sur le lit derrière moi, de Lavia qui lit Thomas Mann, l'été pesant, chaud, mais aujourd'hui tendant un visage gris de nuages derrière la masse opaque desquelles on sent que le soleil voudrait poindre, le souvenir des saveurs d'un déjeuner partagé il y a peu, le café qui descend peu à peu dans la tasse à côté de moi, se combinent harmonieusement pour m'offrir un massage sensoriel qui me relaxe et me dynamise à la fois. La vie m'emplit d'un profond sentiment de plénitude. La vitalité diffuse circule dans mon sang. Il est dit que tout désir, sexuel ou autre, doit être frustré pour être entretenu. Mais certaines instances de vie parviennent à marier plénitude et frustration, désir incompressible et vagues incessantes de plaisir, satisfaction et appel du large, et ce sont les meilleurs moments du monde à mes yeux).
Autres extraits de son journal :
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dimanche, 04 août 2024
Il n'y aurait pas d'homme laid
« Si l'homme ne s'inventait pas des esthétismes de culture, il n'y aurait pas d'hommes laids ».
Félix de Récondo
Lire l'entrevue complète par ici...
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samedi, 03 août 2024
Du public et du particulier, du public et du privé
Un extrait de Figures publiques, l'invention de la célébrité, d'Antoine Lilti, publié chez Fayard :
L'essor de ses "vies privées" comme genre éditorial correspond à une évolution des notions mêmes de "public" et de "privé".
AU XVIIème siècle, le public désignait l'ensemble du corps politique et, par extension, étaient considérées comme "publiques" les actions de celui ou de ceux qui représentaient officiellement ce corps politique, c'est-à-dire le roi et les magistrats qui agissaient en son nom. Le roi seul avait autorité pour "publier", pour rendre public. Dans cette perspective, ce qui s'opposait au public n'était pas le privé, mais le "particulier", ce qui concernait chacun en tant qu'individu et non en tant que membre du corps politique.
Au cours de la seconde moitié du XVIIème siècle, et surtout au XVIIIème siècle, une double évolution modifie profondément
la signification du terme.
Le public se met à désigner l'ensemble des spectateurs d'une pièce de théâtre, les lecteurs d'un ouvrage édité, ceux qui ont entendu des nouvelles qui circulent très largement. Les historiens de la culture, suivant en cela les intuitions de Jürgen Habermas, ont beaucoup insisté sur le fait que cette évolution dotait le public d'une compétence à juger, d'une légitimité à évaluer les mérites d'une tragédie, la vraisemblance d'une nouvelle, la culpabilité d'un suspect, le bien-fondé d'une décision politique. C'est la naissance du public littéraire, puis de l'opinion publique, selon un processus que Habermas a appelé la politisation de la sphère publique littéraire.
Une autre évolution découle de cette nouvelle conception du public : la distinction, au sein de toute action humaine, entre une dimension publique et une dimension privée. Le public ne s'oppose plus au particulier, mais au privé, c'est-à-dire à ce qui est d'ordre domestique, familial, intime. La frontière passe désormais entre ce qui est connu de tous et ce qui est caché, le long d'une ligne qui est celle du secret.
Antoine Lilti, IN Figures publiques, l'invention de la célébrité, pages 116-117, Fayard
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jeudi, 25 juillet 2024
... la molle intumescence
« Mais ce qu’il faut admirer en Bretagne, c’est la lune se levant sur la terre et se couchant sur la mer.
Établie par Dieu gouvernante de l’abîme, la lune a ses nuages, ses vapeurs, ses rayons, ses ombres portées comme le soleil ; mais comme lui elle ne se retire pas solitaire : un cortège d’étoiles l’accompagne. À mesure que sur mon rivage natal elle descend au bout du ciel, elle accroît son silence qu’elle communique à la mer ; bientôt elle tombe à l’horizon, l’intersecte, ne montre plus que la moitié de son front qui s’assoupit, s’incline et disparaît dans la molle intumescence des vagues. Les astres voisins de leur reine, avant de plonger à sa suite, semblent s’arrêter, suspendus à la cime des flots. La lune n’est pas plutôt couchée, qu’un souffle venant du large brise l’image des constellations, comme on éteint les flambeaux après une solennité. »
Chateaubriand, IN Les mémoires d'outre-tombe
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mercredi, 24 juillet 2024
Trou noir
Anesthésiée presque tout le temps depuis un an, c'est comme ça que je peux vivre. Soudain une chanson, une pensée, le gouffre s'ouvre, mais je referme sa porte.
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jeudi, 18 juillet 2024
divorce
« Car la distance engendrée par la logique bureaucratique, observe Bauman, ne fait pas que lever les inhibitions. Elle abolit « la signification morale de l'acte et par conséquent prévient tout conflit entre les critères personnels de moralité et l'immoralité des conséquences sociales de cet acte ». L'abolition de ce conflit, le divorce qui se produit alors entre désir de rationalité et valeurs éthiques, le premier pouvant se déployer sans jamais être perturbé par l'interférence des secondes – ce divorce, montre Bauman, est constitutif de notre modernité, même si cette dernière, par d'autres de ses aspects positifs et émancipateurs, ne s'y réduit pas ».
IN Esprits d'Europe, d'Alexandra Laignel-Lavastine (Folio p. 327-328)
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mercredi, 03 juillet 2024
La vie mentale
À l’école, l’ennui des enfants conduit au manque de concentration. Mais chez les adultes, n’est-ce pas souvent le manque de concentration qui engendre l’ennui ? L’habitude des journées remplies et la stimulation incessantes des notifications nous décentre et nous déconcentre ; ce faisant, nous devons désormais faire l’effort d’accepter de nous ennuyer pour pouvoir pour lire véritablement. Entrer en concentration, le temps d'une nouvelle, accepter le hiératisme d'une stimulation qui ne surgit pas vers nous mais que nous devons faire lever, silencieuse et immobile.
Les gens, dans un ascétisme dénué de religion, apprennent des techniques de méditation et insèrent dans leurs jours des temps dédiés (vingt minutes le matin...) Mais c'est encore une productivité que cette méditation bouddhiste vidée de son bouddhisme. Que ne s’affalent-ils pas dans un fauteuil, loin du téléphone, avec un bon bouquin.
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samedi, 29 juin 2024
Cage
Il était 16h35 à Bratislava un lundi de mai et tu écoutais Shine de Madrugada.
Et tu écoutais de Shine de Madrugada et je te regardais.
Je te regardais, cheveux décoiffés près de la fenêtre aux persiennes.
Près de la fenêtre entrouverte, le premier baiser, le dernier baiser.
Et j'écoute Shine de Madrugada, à 16h37 un jour de juin.
Un jour de juin dans Saumur triste comme un lapin en cage.
Cages de nos vies, jusqu'à la mort qui arrache notre volonté à nos derniers désirs.
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vendredi, 21 juin 2024
Anne en été (poème estival 2024)
(Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.)
Anne en été
Je te parle au milieu du jour,
Dans la brume blanche,
Assise auprès de la fenêtre,
Tous les mardis, chaque dimanche.
Les concertos de violoncelle
De Jean Sébastien Bach
Réchauffent la pluie, atténuent la lumière.
Ta voix calme plane, ta voix rebelle m’assaille.
Tu m’as laissée hanter
L’étrange domaine de solitude.
J’y coule des jours sans fin
Tandis que s’ouvre l’été.
Au loin les contrefeux
Allument les ciels fumeux.
La forme de ton sourire
Sculpte le fond de ma nuit.
voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2016-17 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ;
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ;
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ;
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2017-18 ;
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ;
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018,
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2018-19 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2019-20
Voici قسنطينة, le poème du printemps 2020
Voici Plombières-les-bains et Port-Saint-Rêve des Morts, les poèmes de l'été et de l'automne 2020
Voici Sils, le poème de l'hiver 2020-21
Voici Stance, le poème du printemps 2021
Voici Rompre, le poème de l'été 2021
Voici Renouer, poème de l'automne 2021
Voici Aprnée vosgienne, poème de l'hiver 2021-22
Voici Odessa, poème du printemps 2022
Voici La verveine du soir, poème de l'été 2022
Voici La nuit transpercée, poème de l'automne 2022
Voici , poème de l'hiver 2022-23
Voici Aux filles du calvaire, poème du printemps 2023
Voici L'invasion du soleil, poème de l'été 2023
Voici Anne et l'éternité, poème de l'automne 2023
Voici Joyeux Noël, poème de l'hiver 2023-24
Voici Amour pour un enfant lointain, poème du printemps 2024
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jeudi, 30 mai 2024
Claudio Magris à l'Auberge du Cheval blanc
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vendredi, 24 mai 2024
Pourquoi réduire la rationalité à l'efficacité ?
Alexandra Laignel-Lavastine à propos du tchèque Jan Patocka :
"On pourrait résumer l'essentiel de sa pensée à cet égard en affirmant que la raison européenne va s'enfermer dans une insurmontable contradiction à partir du moment où deux tendances, d'ailleurs complémentaires, vont être privilégiées : d'un côté, l'assimilation de plus en plus étroite de la rationalité à l'efficacité, la première obéissant désormais aux critères de la seconde. Et, de l'autre, l'assimilation de la rationalité à l'impersonnalité, aux procédures abstraites de la science dont la mise en œuvre se verra fort logiquement confiée à la pseudo-neutralité des machines bureaucratiques".
IN Esprits d'Europe (Folio essais)
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lundi, 13 mai 2024
Rue Beccaria
Quelqu'un disait, jeudi soir dernier, à table :
Le journaliste est mon ennemi puisqu'il m'empêche d'exister en m'ignorant, me détruit en me critiquant et me piège en me louant. Je ne veux ni l'invisibilité, ni l'opprobre, ni la flatterie. Il suffit tout simplement que ce que je fasse n'ait pas besoin de discours pour exister.
Depuis, j'y réfléchis sans savoir qu'en penser.
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