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samedi, 02 mars 2024

Censure Quirvana

(Et cette question, comme une mouche qui vole dans le silence du temps long : un éditeur salarié qui doit rendre des comptes à des directeurs, fait-il le même métier qu’Auguste Poulet-Malassis ? Un éditeur salarié, passant de maison en maison souvent, qui n’a mis aucun argent personnel dans la maison d’édition qui le paye, exerce-t-il le même métier que Gaston Gallimard ?)

Son nom de censure dans Paris littéraire

jeudi, 22 février 2024

Le 7 mars, chez Malo Quirvane : un texte d'Emmanuelle Favier.

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mercredi, 21 février 2024

Le poème centenaire

La définition du poème centenaire est la suivante : 

Un poème centenaire est un poème que l'on écrit en l'honneur d'une personne atteignant l'âge de cent ans. On lui en offre une impression ou une calligraphie et on lui récite lors de sa fête anniversaire. 

Le poème centenaire est composé de cent mots répartis en dix vers de dix mots. 

Il peut être biographique ou situationnel. 

Le poème centenaire biographique consacre chaque vers à une décennie. Le premier vers évoque la naissance ou les dix premières années, le second vers évoque l'adolescence, etc. 

Le poème centenaire situationnel quant à lui part de la situation du jour (le jour d'anniversaire des cent ans, qui correspond au premier vers) et brode, le long des autres vers, sur la vie de la personne ou bien les choses qu'on souhaite lui dire en ce jour. 

Il existe aussi une troisième forme de poème centenaire, le poème centenaire autobiographique, écrit par la personne centenaire elle-même dans les jours qui entourent son passage des cent ans. 

Bons poèmes centenaires ! 

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Arbre hivernal du bord de l'Eure, février 2024

dimanche, 11 février 2024

L'archiviste des vilenies

Ce petit chapitre du livre Danube, de Claudio Magris, a enchanté ma nuit de vendredi à samedi, aussi le partagé-je ici.

Traduit de l’italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau

Il parait toutefois – on le lit ici et là, que cette grande église d’Ulm n’est pas une cathédrale, même si son allure prête à confusion.

L’archiviste des vilenies

Sur la grand-place d’Ulm s’élève la cathédrale, dont le clocher est le plus haut du monde, et dont la construction – hétérogène – s’est étendue sur plusieurs siècles, puisqu’elle a commencé en 1377 et s’est terminée (si l’on ne tient pas compte de restaurations postérieures) en 1890. Cette cathédrale a quelque chose de déplacé, cette pointe de mauvaise grâce qui apparaît presque toujours dans les exploits, dans les records. Le nez de Madeleine, qui regarde en l’air, perplexe, ledit clocher, en cherchant à se convaincre du bien-fondé des choses, trace dans l’air une courbe intrépide et inquiète, à laquelle l’édifice sacré oppose toute son opacité de pierre.

Parmi les nombreux guides de la cathédrale se détache celui dû aux soins méticuleux de Ferdinand Thrän, qui décrit et raconte chaque détail, depuis les frises des colonnes jusqu’au produit de la vente d’une paire de pantalons offerte par un pieux fidèle, le meunier Wammes, pour les travaux de l’église (6 schillings et 2 centimes). En plus d’être l’auteur de ce guide, Thrän était un architecte gothicisant, et il avait failli provoquer la ruine de la cathédrale par suite de sa conviction obstinée concernant une « loi » des voûtes, qu’il était persuadé d’avoir découverte. Sur la couverture de son savant opuscule (La cathédrale d’Ulm, description fidèle, 1857), l’imprimeur, par une distraction qui semble être dans la droite ligne du destin de Ferdinand Thrän, a oublié de transcrire son nom, que le conservateur de la Bibliothèque Nationale de Vienne a rajouté çà la main, du moins sur l’exemplaire conservé à l’Albertine.

Cet oubli n’est qu’un des innombrables torts subis par Thrän, architecte et restaurateur de la cathédrale au siècle passé et hypocondriaque spécialiste des vexations, comme l’atteste son scrupuleux Fascicule des vilénies endurées, qu’il tint à jour pendant des années et qui repose, ignoré autant qu’inédit, dans une caisse entreposée dans un débarras de la cathédrale. Malchanceux opiniâtre et cible à toute épreuve de continuelles vexations, Thrän semble souligner, non sans délectation morose, que la vie n’est que dépit et contrariété, et que du coup il ne reste plus qu’à tenir un inventaire rigoureux des rebuffades. Si l’authentique acte d’écrire naît du désir de se rendre raison de la prolixe corvée de vivre, alors Thrän est un véritable écrivain. La littérature, c’est de la comptabilité, c’est le grand livre du débit et du crédit, l’inévitable bilan d’un déficit. Mais l’ordre du registre, la précision et la richesse du formulaire peuvent procurer un plaisir qui compense le caractère désagréable de ce qu’on y note. Quand Sartre dit qu’il faut voir de la médiocrité dans l’accomplissement de l’acte sexuel par rapport aux jeux qui le précèdent et le diffèrent, on se rend compte de la satisfaction avec laquelle il enregistre l’insatisfaction finale du plaisir.

Ce comptable en injures met de l’ordre parmi ces dernières, il les tient sous son contrôle, il devient le maître de ce monde infréquentable et des humiliations subies. Quand il parle de son diplôme d’architecte, soutenu en privé à Stockholm en 1835, Thrän mentionne à peine au passage la bonne note obtenue, mais il s’étend sur son réveil à une heure indue à l’aube, sur les désagréments du voyage et la grossièreté des douaniers, sur la très mauvaise qualité de la bière, qui le fit vomir, sur les dépenses engagées, à savoir 77 florins et 47 kreutzers. Devenu inspecteur des ponts et chaussées, il est obligé de rendre, en signe de soumission, des visites protocolaires à des personnages haut placés, conseillers financiers ou directeurs de circonscriptions, mais un de ses oncles s’obstine à l’accompagner, parce qu’il le sait trop bavard et trop niais pour ce genre de visites.

Quand il travaille à la restauration de la cathédrale, il entre en conflit avec ses supérieurs et avec les autorités de la ville, qui l’accusent d’engager des dépenses excessives, et il consigne minutieusement les altercations, les critiques, les polémiques dans les journaux avec ses adversaires, les tracasseries légales relatives à certaines clauses de ses engagements professionnels, les amendes, les pourvois en justice, les calomnies circulant sur son compte, le mépris et les vexations des notables, les procès au sujet de l’introduction de l’éclairage au gaz, les intrigues de ses rivaux, lesquels ne parviennent pas à empêcher que le roi de Wurtemberg lui décerne une médaille d’or pour ses mérites artistiques et scientifiques, mais retardent la publication officielle de cette distinction.

Thrän se sent comme une « bête aux abois », mais sa rancœur ne se limite pas aux ennemis qui le persécutent, car il se place bien au-dessus de petites raisons personnelles. Ce n’est pas un simple individu envieux et mal intentionné, mais la vie toute entière qui porte tort et fait injure, qui est un abus généralisé. Thrän enregistre avec impartialité les méchancetés mesquines des hommes et des choses, les sourdes menées de l’inspecteur des travaux Rupp-Reutlingen et la malignité d’un orage qui met à mal sa nef centrale et comble sa cathédrale de gravats, l’arrêt qui lui attribue un traitement sans pension et les fièvres nerveuses qui l’assaillent, ses onze chutes de cheval – imputées à la mauvaise qualité du roussin, le seul par ailleurs qu’il pouvait se permettre de posséder, vu ses moyens – et la mort de quatre de ses enfants, les accidents répétés qui le font tomber d’un échafaudage au risque de s’embrocher, ou se précipiter dans le Danube, avec la difficulté que comporte un repêchage à la gaffe. Les tragédies et les enquiquinements sont mis sur le même plan, puisque la vraie tragédie de la vie, c’est qu’elle n’est qu’un vaste enquiquinement.

La littérature de la Mitteleuropa offre aussi des exemples, plus prestigieux, de ce type d’automutilation, qui permet de triompher de l’injustice et de la stupidité de l’existence grâce à la rigueur imperturbable avec laquelle on tient le registre de ses malheurs. Thrän est le petit frère de Grillparzer et de Kafka, un de ces arpenteurs de ses propres échecs – sur le cadastre desquels la vie étale toute sa mesquinerie, toute sa méchanceté ; qui les subit et en prend note peut brandir devant elle ce dossier de ses insolences, et par là même la dominer, en la regardant de haut en bas comme le proviseur quand il remet son bulletin au dernier de la classe.

Thrän est fier d’établir la liste des vexations subies de la part des autorités publiques et des personnes privées, de ses supérieurs ou de ses voisins, parce que dans le mépris qu’on lui a manifesté il lit la preuve de sa propre dignité, et dans l’inaptitude qui lui vaut d’être roulé dans la boue, cette inadaptation à la vie qui est le signe d’une véritable droiture de caractère. Dans l’article qu’il écrivit à l’occasion du centenaire de sa naissance, le professeur Dieferlen évoque Thrän, avec ses longs cheveux et sa barbe hirsute, affairé à la restauration de la cathédrale en ruine envahie par les mauvaises herbes, infestée de hiboux et de chauves-souris faisant leurs nids dans les ornements gothiques, avec le gel et le vent pénétrant par les vitraux crevés et les cris des passereaux qui couvraient les sermons faits en chair. Il est probable que Thrän aimait cet abandon et ce délabrement ; ce n’est pas sans complaisance qu’il note, par exemple, que la statue du moineau – emblème d’Ulm – est partie en petits morceaux, incapable de résister « à la caducité de toutes choses », et qu’il ajoute que le nouveau moineau d’argile, rangé à la cave dans l’attente que les autorités se mettent d’accord pour décider s’il faut ou non l’installer à la place de l’ancien, pendant ce temps-là se fendille, s’abîme imperceptiblement, mais par bonheur plus lentement que ne dépérissent et ne tombent en décrépitude les conseillers qui discutent à son sujet.

L’archiviste des vilénies prend acte, non sans satisfaction, de la corruption de l’existence, qui effacera tout de ce monde, même lui, mais aussi et surtout lesdites vilenies. L’universalité de la mort corrige celle de la stupidité et de la méchanceté. Mais chaque livre écrit contre la vie, a dit Thomas Mann, constitue une tentation de la vivre ; derrière la dénégation opiniâtre opposée par Thrän à la malignité des choses, il y a aussi un amour pudique pour la réalité, pour ces cours d’eau et ces rues qu’il mesurait avec une précision tenace. Peut-être l’ami sincère de la vie n’est-il pas le prétendant qui la courtise à grand renfort de fadaises sentimentales, mais bien le pauvre amoureux éconduit qui se sent rejeté par elle, écrivait Thrän, comme un vieux meuble au rebut.

EXTRAIT de Danube, de Claudio Magris,

Traduit de l’italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau

vendredi, 02 février 2024

Stances de l'instant

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On ne l'attrape jamais, il nous traverse, c'est un cliché mais c'est si vrai. C'est l'instant présent. Le voilà déjà enfui. Tu le regardes s'éloigner, alors tu ne vois pas ceux qui le suivent, tu les laisses glisser sur toi sans les sentir.

J'aimerais vraiment connaître l'éternel présent.

lundi, 29 janvier 2024

Le sens du temps

Un lit
près de la fenêtre ;
-
mer 
de toits,
-
ciels poussifs,
le café fume encore.

Autodatés dans un sens et autodatés dans l'autre sens.

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vendredi, 26 janvier 2024

Intelligences naturelles, intelligences artificielles

On ne mesure pas la catastrophe civilisationnelle qu'a représenté l'écriture pour les peuples à tradition orale. Les conteurs et les généalogistes, crème de la crème, se retrouvèrent sans rôle social ; toutes les structures de la société s'écroulèrent en moins de 20 ans.

L'Intelligence artificielle sera moins douloureuse pour nous que l'écriture le fut pour ces cultures, parce qu'elle n'est pas exogène ;  elle naît de notre propre civilisation. Ce n'est pas un bolide venu de l'extérieur qui va renverser nos fondations psychiques, mais un développement de techniques nées de nos techniques, de calculs nés de notre mathématique. 

Nous sommes en train de vivre, dans le secteur tertiaire, ce qu'a vécu le secteur primaire avec les révolutions industrielles. Avec les gains formidables et les catastrophes sociales qui accompagnent les changements matériels trop rapides. 
 
Sur AlmaSoror : 
 
 
 

vendredi, 29 décembre 2023

Paul et Anne

Mon dieu cette pile de livres, ces fauteuils défoncés, ces tapis, cette malle, ce plateau et ces tasses de café oubliées. Ces disques vinyles, mon amour, mes amours, mes parents. C’est dans la perdition lointaine d’une ville de province pourtant proche, mais toutes les provinces endormies sont si loin des capitales vives. Ce sont vos livres feuilletés, vos taches de cafés. Et moi je suis vos cellules, je suis votre sourire et votre voix narquoise. Et moi je suis vous, orpheline, seule sur terre parmi les autres. Et cette musique de Bilitis, et ces images de Corto Maltese, ces couvertures de polar, ces Balzac, ces exotismes chiliens et palestiniens. Qui êtes-vous, qui m’avez faite, et où êtes-vous partis ? Avatar solitaire de votre histoire d’amour poignardée par la société et par la névrose. Paul et Anne, amour par effraction, vous m’avez mise au monde et m’avez remportée en me laissant sur place. Ce sourire que j’offre aux autres, il est pour vous. Partout où j’irai vous marcherez devant moi, vous ouvrirez mes pas, mes rires, ma bouche et mon corps. Mais ce que je veux vous dire maintenant, écoutez-le, je vous le chuchote. Je ne l’écrirai pas. Voilà, vous avez tout entendu, vous seuls. Je continue de vivre ce jour, cette marche, cet hiver. Rien n’a été vain et nous donnons la main au Fils de l’homme jusqu’à la fin des temps. L’eau bout dans la bouilloire, je me fais un café, je regarde l’église par la fenêtre, mes pensées se bousculent puis mes pensées s’effacent, me voilà !

vendredi, 22 décembre 2023

Joyeux Noël, poème de l'hiver 2023-24

(Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.)

 

C’est un cantique de Salomone Rossi

Qui réchauffe les jours courts des longs mois d’hiver,

l’office du pauvre à l’heure de la soupe,

la lanterne du vieux au coucher du givre.

 

L’enfance croit encore aux guirlandes,

Entendez les enfants chanter.

Les églises mortes ressusciteront,

La pierre et le vitrail refleuriront.

 

C’est le magnificat ton parisien

Qui longe le mur le long des rues,

Qui traverse le fer forgé

Des grilles du château invisible.

 

Les mères croient encore au miracle,

Ecoutez ma mère prier.

Les mères mortes ressusciteront,

Le rire et les victuailles refleuriront.

 

C’est le keter de Salomone Rossi,

Dans la vieille Europe désenchantée,

Les voix des travailleurs du jour

Tombant de fatigue, épuisés.

 

Voici venir le bon Noël

La fête des ouailles et du vin chaud.

Les vignes mortes et nues, attendent ;

Et au printemps refleuriront.

 

voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2016-17 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ; 
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; 
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ; 
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2017-18 ; 
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; 
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2018-19 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2019-20
Voicقسنطينة, le poème du printemps 2020
Voici Plombières-les-bains et Port-Saint-Rêve des Morts, les poèmes de l'été et de l'automne 2020
Voici Sils, le poème de l'hiver 2020-21
Voici Stance, le poème du printemps 2021
Voici Rompre, le poème de l'été 2021
Voici Renouer, poème de l'automne 2021
Voici Aprnée vosgienne, poème de l'hiver 2021-22
Voici Odessa, poème du printemps 2022
Voici La verveine du soir, poème de l'été 2022
Voici La nuit transpercée, poème de l'automne 2022
Voici infty , poème de l'hiver 2022-23
Voici Aux filles du calvaire, poème du printemps 2023
Voici L'invasion du soleil, poème de l'été 2023
Voici Anne et l'éternité, poème de l'automne 2023

dimanche, 19 novembre 2023

L'autorité

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Comment rayonner et imposer son autorité en famille et au travail ?
Travailler déja en amont ce triptyque physique/mental/comportemental permettra d'en imposer naturellement :
 
Physique :
- posture corporelle
- habillement élégant
- respecter sa santé
- bonus : une vie sportive équilibrée
 
Mental :
- être au clair avec ses besoins, ses projets, ses goûts (style de vie, atmosphères) et ses limites ('dégoûts, refus)
- savoir soigner ses bobos affectifs et psychologiques à temps
- être sur un chemin d'évolution personnelle et spirituelle
- avoir des personnes en soutien, des relations personnelles profondes avec plusieurs personnes
 
Comportemental :
- être fiable dans sa parole (faire ce qu'on dit, dire ce qu'on fait)
- langage tenu (syntaxe + vocabulaire)
- ton de voix calme
- gestes et mimiques maîtrisés
 
Si tout cela est acquis, l'autorité sera augmentée naturellement, avec trois points de veille :
- contrôler ses nerfs (perdre ses nerfs = perdre son aura et donc autorité profonde)
- Mettre des limites (refuser calmement mais radicalement d'être manipulé/agressé/harcelé./mal-respecté)
- accorder le respect à autrui (parler respectueusement aux autres, même en cas de conflit et même aux enfants)
 
 
(Qu'en penses-tu ? demandé-je à une mère de famille en lui faisant lire ce vademecum de l'autorité.
Je pense que sur le principe c'est très bien mais pas si simple, répond-elle avec bon sens.)

lundi, 06 novembre 2023

La purification

Le choc de la perte du XXX et nos propres préjugés sur nos besoins n'ont pas facilité notre vie. Sans le regretter, je me dis : essayons de ne pas reproduire cette erreur, cette absorption par le traumatisme qui atténue la lucidité.

Elisabeth elle-même me disait, si j'avais pu arrêter de souffrir inutilement et de me plaindre, si je m'étais laissé éprouver de la gratitude, mais j'ai mis tant de temps à comprendre cela.

On met une vie entière à apprendre à vivre.

Peut-être que toute cette souffrance est une longue purification. Élisabeth a aussi toujours vécu selon ce principe : je souffre, donc j'évolue. Un principe actif, mais dont les effets secondaires sont lourds.

Arnaud et moi avons tendance à remettre en question ce qui s'est passé, sans attendrissement ou complaisance sur nous-mêmes ! L'un et l'autre pensons que nous nous sommes comportés comme des idiots et que si nous avions vingt ans aujourd'hui, nous ne ferions presque rien de ce que nous avons fait et agirions d'une manière différente, voire opposée. C'est bien de se remettre en question ; de prendre ses responsabilités ; de ne pas mettre sur le compte des autres ce que l'on ne doit reprocher qu'à soi-même. Mais il faut reconnaître trois choses. D'une part, chacun fait ce qu'il peut, là où il est, avec ses outils. D'autre part, sur un plan spirituel dont nous ne maîtrisons pas la cartographie, ce qui a eu lieu devait peut-être avoir lieu,  l'acceptation est la première des sagesses. Enfin, la remise en question est bonne tant qu'elle permet d'évoluer et d'améliorer son pilotage, mais devient malsaine lorsqu'elle mène au désespoir, au regret sec.

samedi, 04 novembre 2023

Dictatures non totalitaires et démocraties totalitaires

L’expression « civilisation judéo-chrétienne » est une inutile tautologie, car ce qui est chrétien par définition est d’origine juive.

Je suis attachée, non pas à la démocratie, mais aux libertés publiques et individuelles. Une démocratie qui ne garantit pas de liberté publique ni individuelle ne m’intéresse pas en tant que personne ni en tant qu’individu appartenant à un peuple. Alors qu’un autre régime qui garantirait des libertés fondamentales me permettrait de vivre en tant que personne et permettrait au peuple auquel j’appartiens d’exister.

La dictature est pénible, car elle contraint, mais ce qui tue l’esprit, c’est le totalitarisme. Et sans l’esprit, de quoi nous sert le corps ?

lundi, 30 octobre 2023

L'Hymne acathiste à la Mère de Dieu

dimanche, 29 octobre 2023

Anne et l'éternité, poème de l'automne 2023

(Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.)

 

Tu tiens ma main dans l'éternité
Ton visage enfui sauve mon âme
et les jours, désormais, sont beaux comme le Jour.

Tu regardes ton enfant de tes yeux divins
Tu l'autorises à vivre plus libre que jamais
Mes nuits, dorénavant, sont secrètes comme la Nuit.

Dans ta fatigue, tu as transmis ta force
A ton départ, je t'ai dit mon amour
Le lendemain, tu scintillais, tout près de moi.

Ton déclin progressa comme un rêve
Ton adieu : un baiser, un sourire
Puis la mort t'a rendue à la Vie

Aujourd'hui est à nous pour toujours
Quand je ris, je t'entends qui résonne
Je suis vivante, tu donnes la Vie.

 

voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2016-17 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ; 
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; 
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ; 
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2017-18 ; 
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; 
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2018-19 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2019-20
Voicقسنطينة, le poème du printemps 2020
Voici Plombières-les-bains et Port-Saint-Rêve des Morts, les poèmes de l'été et de l'automne 2020
Voici Sils, le poème de l'hiver 2020-21
Voici Stance, le poème du printemps 2021
Voici Rompre, le poème de l'été 2021
Voici Renouer, poème de l'automne 2021
Voici Aprnée vosgienne, poème de l'hiver 2021-22
Voici Odessa, poème du printemps 2022
Voici La verveine du soir, poème de l'été 2022
Voici La nuit transpercée, poème de l'automne 2022
Voici infty , poème de l'hiver 2022-23
Voici Aux filles du calvaire, poème du printemps 2023
Voici L'invasion du soleil, poème de l'été 2023

samedi, 28 octobre 2023

La joie novembrale

Voilà bientôt novembre, le mois des morts et des clafoutis. Le mois qui nous fait regretter les feux de cheminées des maisons de nos ancêtres, il faudrait vivre dans une maison, avec un jardin mouillé par la pluie et un poêle ; avec une cave pleine d’eaux-de-vie pour les clafoutis, les rages de dents et les soirées où l’on s’oublie lentement sur un vieux livre qu’on trompe avec une rêverie.

If, AtomHeart Mother, des Pink Floyd, dans cette grande pièce oubliée de Champ-Goyon. Dans la rue de Varenne qui la longe, les voitures, encore et toujours, avec leur moteur, puis le soleil qui fait suite à la pluie ; une fougère, sur la table, un livre inlu, un verre imbu.

Voilà déjà novembre, le mois des clafoutis et des messes en latin, fidèles aux vergers du Berry et de la Vendée, fidèles aux saints mystères. Dans le ventre de cette personne, une femme de 45 ans, monte la faim. Bientôt, elle se lèvera de ce fauteuil sans style qui la retient, longera le couloir, descendra l’escalier, traversera la cour des communs, puis l’autre cour, jusqu’à l’office où elle prendra une entrée, un plat, un dessert, qu’elle reviendra consommer dans sa solitude.

Voilà encore novembre, il est entre midi et une heure, dimanche. Nous savourons les dernières lueurs d’octobre avant que la froidure mouillée recouvre les joies de l’été. Joies, vraiment ? Oui. Grande joie d’avoir accompagné une femme hors du commun vers son nouveau destin, après quarante-cinq ans d’une amitié que rien ne pourra plus jamais détruire. A moi de devenir aussi forte que toi, et même encore plus, parce que j’ai été tissée de toi. Je serai Celle qui reprend le flambeau.