jeudi, 12 janvier 2023
Pàrizsban jàrt az ösz...
Il était une fois un poète hongrois qui descendait le boulevard Saint-Michel au début du XXème siècle...
Párisba tegnap beszökött az Ősz.
Szent Mihàly ùtjan suhant nesztelen,
Kánikulában, halk lombok alatt
S találkozott velem.
Ballagtam éppen a Szajna felé
S égtek lelkemben kis rőzse-dalok:
Füstösek, furcsák, búsak, bíborak,
Arról, hogy meghalok.
Elért az Ősz és súgott valamit,
Szent Mihály útja beleremegett,
Züm, züm: röpködtek végig az uton
Tréfás falevelek.
Egy perc: a Nyár meg sem hőkölt belé
S Párisból az Ősz kacagva szaladt.
Itt járt s hogy itt járt, én tudom csupán
Nyögő lombok alatt.
Ady Endre (1877-1919)
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mardi, 03 janvier 2023
Testament en souvenir d'un père qui fut un neveu
Ces quelques lignes que nous venons de sceller par des moyens crypto-informatiques, sont dédiées au neveu des deux hommes qui, le 26 avril 1961 à Alma-Ata, au soleil, firent un choix opposé ; l'un sauva son âme et perdit sa vie ; l'autre vendit son âme et prolongea son corps. Mais ce neveu (qui avait 14 ans en 1961) est mort avant de lire ce livre, malgré la promesse de la rue Milton.
Ce testament est donc le mien et constitue une tentative de rédemption.
Elle est baignée par le souvenir du frère de la sœur qui, le 7 janvier 1966, composa la musique du poème La tempête, de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix ; le manuscrit de la partition avait été retrouvé dans sa chambrette, posé à côté d’un livre d’Édith Stein, mais perdu ensuite par le neveu au cours des incessants déménagements.
Ce testament constitue une tentative de réparation.
Ce testament évoque en creux quelques personnes mortes dans années 1970, dont nous connaissons les visages et les souffrances, mais dont nous n'avons jamais vu les sourires ni entendu les rires. C’est lui qui s’en souvenait, cet homme (le neveu) sans lequel ce chemin n’existerait pas. C'est donc un testament lacunaire, car personne ne connaît quelqu’un s’il ne l’a pas entendu rire, dans une chambre ordinaire, un dimanche matin.
La constellation des gémeaux a présidé à l'écriture de ces quelques lignes destinées aux égarés, aux hospitalisés, aux habitants des asiles où vivent les personnes inadaptées au fonctionnement de la société. À cet égard, sans suggérer des événements strictement vécus, il doit son secret à l’existence d’une fratrie d’origine nantaise, dont les meilleurs éléments sont morts avant l’âge de trente ans. Ceux qui restèrent le plus longtemps furent les plus lâches, les plus malsains ou les plus fourbes et c’est pour expier leur très grande faute que nous avons voulu transmettre cet héritage.
Sous les aigles de sang de ce secret, ne délivrent ni le restaurant italien de la rue Pierre Leroux, ni l’appartement lesbien du neuvième arrondissement, ni la prison excentrée où croupit l’homme le plus profondément libre que nous ayons connu. Au contraire, ce secret est entretenu par les banales notations du temps qui passe et ne passe pas, du temps qu’il fait et ne fait pas, de l’amour qui existe ou n’existe pas.
Aussi ce testament inéquitable est le résultat douloureux d’une absence de testament.
La femme qui l’a écrit ne cessera jamais d’être habitée par cet homme d’une très grande intelligence (le neveu) qui ne sut pas composer avec la société, qui aurait pu inspirer le monde et qui n’a réussi qu’à faire souffrir ceux qui le comprenaient. Car sa belle voix grave, ses yeux très clairs, sa droiture physique et le tranchant de ses pensées le rendaient si séduisants qu’on en devenait addict, toujours en manque. La rancune et le pardon : l’ambivalence de ceux qui le côtoyaient. Mais il a passé comme un inconnu, ce cœur impérial, ce destin brisé.
Cet acte de lecture que vous venez d'accomplir est la preuve de votre appétence pour la frontière. Il convient de vous remercier pour votre langueur, pour votre vice qui a su épouser le nôtre.
Nous sommes des fantômes, et pourtant nous avons soif de cette eau qui ne donne plus jamais soif, nous avons faim de ce pain qui console. C'est pourquoi nous invoquons la protection du suave saint François de Sales, afin qu'il porte ce testament vers la disparition ou vers la germination, car lui seul sait ce qui vaut et ce qui n'est rien.
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vendredi, 23 décembre 2022
ChatGPT ne se pense pas comme une Révolution.
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lundi, 19 décembre 2022
Aux demi-étages
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lundi, 21 novembre 2022
Aux saules de la contrée, Avertissement de l’autrice
Si j’avais su que les rêves sont réels et le monde illusion, j’aurais inversé ma vision de la liberté et celle de la prison. Mais les menteurs amers disent décriant les images qu’elles sont illusoires, et nous entraînent dans leur « réel » qui n’existe que dans leurs sombres couloirs.
Édith Morning
Les nuits d’insomnie ressemblent à des routes abandonnées perdues dans une nature aride.
Je les parcours, ces routes, avec une nostalgie qui s’accroît à mesure que les jours qui les séparent voient mes cheveux grisonner, ma peau se creuser, mes jambes s’ankyloser. Ces nuits presque blanches sont le trésor de ma vie ; elles contiennent le meilleur du passé et de l’avenir. Elles m’offrent un voyage lancinant, profond.
Je me souviens d’elles.
Lara, Helen.
Je me souviens de la jeune femme et de la fillette. Plus tard - le temps avait passé sans pitié - je me souviens de la femme vieillissante et de l’adolescente. A travers le flux des années elles demeuraient semblables à elles mêmes. Loin d’amoindrir leur mystère, le temps le dessinait plus précisément sur leur peau, le long des traits de leur visage, qui soulignaient dangereusement le flou du regard et le flottement des sourires.
Lara était insomniaque, comme moi, et vivait une double vie. Nos insomnies nous rapprochaient. Elle demeurait dans la surdité de ses angoisses ; j’écoutais les cantates de Maître Dietrich Buxtehude, Membra Jesu Nostri : la musique raccommodait la nuit. Si nos rêves, l’a rappelé Gérard de Nerval, sont notre deuxième vie, les insomnies sont notre vraie vie, celle qui nous voit tels que nous sommes, entre corps et âme, entre amour et haine, corps d’angoisse tendu par la quête de fusion.
Elle, elle avait eu une nuit spéciale au cours de sa vie, où le réel du jour avait transpercé de sa lance de fer glacé le linge tiède de l’insomnie. Éclats de sang ! Alors, avait commencé leur relation, et les épousailles de la nuit et du jour n’avaient plus cessé. Dans la réconciliation entre le rêve éveillé et le réel morne, elle s’était créée enfin une vie. C’est cette vie que nous voulions boire, pour en être arrosés, nourris, pour connaître, nous aussi, dans nos chairs, le vent de l’action, l’exaltation du rêve, la magie d’être vraiment vivants.
Il ne lui restait que des fragments de cette nuit, qu’elle rassemblait en un conte chaque soir réinventé. L’histoire se terminait à l’aube du jour nouveau, celui qui les avait unies pour toujours. Elle disait : « Opale, la mer s’étendait devant nous en cette matinée d’hiver. Je quittai tout ce qui avait été. Une nouvelle vie commençait ». J’aurais voulu vivre une aventure, moi aussi. Nous tous, nous rêvions d’être des héros. Mais elles étaient nos héroïnes, et nous n’avions qu’à les admirer.
Douce amère, la nuit du poème fut maintes fois chantée. Pourtant, la version que j’ai réalisée éclaire certains points précédemment restés obscurs.
J’ai connu Lara bien plus tard. J’ai connu l’enfant alors qu’elle cessait d’être une enfant. Elles n’avaient plus rien d’une alcoolique déchue ni d’une orpheline. Elles vivaient comme tout le monde. C’est nous qui entretenions le mystère, parce que quelque chose en elles nous fascinait.
Des chansons, des romans, des films ont déjà raconté leur histoire. A maintes reprises on a chanté leur vie et leurs personnalités du point de vue de l’enfant. D’autres artistes ont voulu regarder l’histoire d’après la vie de Lara. Je suivrai cette seconde solution.
Je ne peux raconter, relater tous les témoignages, les chansons, les films, les pièces de théâtre, les œuvres graphiques, les œuvres musicales et les livres qui se sont inspirés de cette histoire. Je n’en citerai que quelques uns, choisis non pour leur célébrité, ni même pour leur beauté, mais pour la subtilité avec laquelle ils ont pu rendre la fascination qui nous tenait. Quel point de vue chaque œuvre, chaque version a adopté ? L’un de ces romans, un roman bref et raffiné, m’a semblé être le meilleur bien qu’il n’ait connu aucun succès et que son titre, le temps d’aimer, le temps de vivre, ne nous apprenne rien de son contenu. L’auteur, anonyme, semble nous avoir tous connus. Il mentionne quelques faits auxquels j’ai pris part. Comme je suis hors d’état de l’identifier ! J’ai scruté dans mes souvenirs – en vain. Mais il y avait tant de monde autour d’elles… Il émane de sa prose un trouble qui constitue sans doute la cause de son impossible diffusion à large échelle. L’on sent le narrateur pris par un amour qu’il ne maîtrise pas, et dont il ne sait s’il concerne la femme mûre ou l’adolescente. Il relate, comme un leitmotiv, quelques passages de la nuit opale, celui des tombes, celui de l’allaitement. Mais le temps de la nouvelle s’étend sur quelques mois, au cours desquels le narrateur a fréquenté l’appartement de ses héroïnes évanescentes. Les rêveries du narrateur lorsqu’il rentre chez lui après les longues et douces soirées, qu’il est difficile de ne pas reconnaître quand on les connues, occupent la moitié de la nouvelle. Le texte est indéniablement plus fantasmagorique que documentaire.
L’opuscule du Crépuscule demeure l’œuvre la plus poignante. Composée par Gontran Gogue la nuit qui précéda sa mort violente, elle recèle toute la fureur désespérée que le compositeur torturé avait éprouvée lors des années qui suivirent sa rupture d’avec Lara. Qui sait, qui peut savoir comment une nuit, une seule, et un matin, ont pu marqué un homme à ce degré ? Leur histoire dura moins de vingt quatre heures, leur rupture le dévora huit ans et demi. Son ultime composition ne nous enseigne rien ; un seul chant l’orne, le reste est entièrement musical, ce qui ne nous prive en rien des émotions du grand Gogue. Citerai-je le maigre livret ? Une chanson trop longue aux quelques vers – les derniers du troisième couplets- émouvants : au commencement, il y eut ton souffle et puis le mien/ suivit le silence des bouches et la parole des mains/la ville immobile frissonne par la fenêtre/ses toits inertes n’ont plus la foi/quelques éphémérides au loin/l’hiver est une saison qui ne finit jamais, malgré les rires de l’été/ Je m’incline devant ton désir/au fond de tes yeux embrumés, je t’ai aimé.
Outre la nouvelle le temps d’aimer, le temps de vivre et la symphonie l’opuscule du Crépuscule, je ne citerai, qui vaille la peine, que le célèbre film d’Amos Mariecque, l’œuvre des ans. La mère et la fille y sont présentées comme deux folles qui parviennent à cacher leur névrose jusqu’à l’apparition des premières rides de Lara. Dès lors tout s’effrite, leur relation, la perfection de leur image ; enfin la passion qu’elles inspirent, si elle ne faiblit pas, mène leurs voisins et amis en déshérence. Le film se clôt sur les deux femmes à la dérive ; leur amour s’est métamorphosé en haine. Nous qui avons connu une partie de la vérité, nous ne pouvons souscrire à cette version. Le film n’en demeure pas moins un chef d’œuvre.
Peu d’auteurs ont ignoré la vérité que nous pressentions tous sans vouloir nous y arrêter, le mensonge dont elles habillaient, non les faits, mais leurs sentiments et leur personnalité. Tous savaient que ces muses avaient agité devant nous les rideaux du rêve universel de passion et de fusion, de voyage et d’aventure, et de même qu’un vagabond de la boue se cache derrière l’image d’un vagabond des étoiles pour rester à la table d’une pauvre fille aux yeux plein de poudre, de même elles se drapaient de rêve pour n’être pas des parias de notre petite ville de province blanche et sage. Mais nous voulions croire à leur illusion : nous n’avions d’autre beauté dans notre vie. Nous leur donnions notre admiration, notre fraternité, nos sourires, nos amitiés, et elles nous saupoudraient de mépris. C’était le jeu, je m’en rends compte aujourd’hui. Moi non plus, je ne passerai pas sous silence cet aspect des choses. Mais je ne m’y étendrai pas, puisque je m’arrêterai sur Lara et l’enfant sauvées, contemplant au bord d’une plage l’avenir vide et beau qui les attend. Avant nous : avant que nous n’entrions en scène et entamions notre adoration, charmés, fascinés. Nous, c’est à dire les voisins, le quartier, la ville entière. Notre vie était vide, l’avait toujours été, et elles la remplissaient de leur mystère. Leur façon bien à elles d’être et de parler, d’être originaires d’ailleurs, et, souvent, d’avoir l’air de nous aimer.
Nous avons, pour beaucoup d’entre nous, réalisé bien plus tard que ces deux êtres nous ressemblaient sans doute beaucoup plus que ce que nous avions imaginé, et, au fond, parce que nous aimons ces fascinations qui nous font rêver, elles nous ressemblaient beaucoup plus que ce que nous avions espéré.
Mais elles vivaient d’être un rêve, une légende, et nous nous repaissions de leur étrangeté.
Je sais que je ne suis pas la dernière à tapoter sur le clavier pour narrer cette histoire. J’en sens le besoin. J’aimerais passer à autre chose, les oublier, les reléguer au second plan de ma mémoire, et je n’y parviens pas. Je souhaite que cet accouchement m’y aide et accomplisse cette séparation d’avec leur souvenir.
H. L., Saint-Jean en Ville, avril 2005
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dimanche, 20 novembre 2022
Pro Natalena
Leurs dialogues croisés ressemblaient à ce qui se serait passé si l’écrivain terrienne Marguerite Duras était entré dans le film du cinéaste chinois Wung Chung-Kwai pour y désordonner les répliques à sa façon.
Il lui disait, je t'aime, Natalène. Elle lui répondait, moi aussi, Saul. Il lui disait, mais un jour, tu viendras ? Promets-le moi.
Un jour, je viendrai.
Et tu me parleras ?
Je te dirai : je t'aime.
Tu me le diras ?
Mon amour. Je te dirai je t'aime, prends moi dans tes bras.
Tu me laisseras t'étreindre ?
Oui, Saul.
Il ouvrait la bouche en se rapprochant d'elle. Il murmurait quelque chose ; sa voix était incroyablement grave et douce.
-Je t'aime, Natalène.
- Je t'aime aussi, Ananas Noyé, lui répondait-elle.
Elle l'avait appelé Ananas Noyé parce que c'était ce qu'il était inscrit sur les boites de sirop : ananas noyé dans du sirop. Ananas noyé ressortait en belles lettres de couleurs. Si elle avait pu avoir un chien, elle l'aurait appelé aussi comme cela.
Il l'appela Natalène car c'était le nom du magnifique robot féminin qui était représenté sur toutes les notices d'utilisation des instruments ménagers. Natalène était aussi la voix électronique des ordinateurs.
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vendredi, 11 novembre 2022
Décitoyenneté lente et viole d'amour
Jeudi 12 novembre 2020 sur le journal de Kevin M-L
Quel changement de société depuis le mois de mars ! Nous avons basculé dans un autre monde, aucune personne ne pouvait l'imaginer. C'est une population stupéfaite, étonnée, se cognant la tête contre les murs de l'arbitraire gouvernemental, de l'étrangissime gestion de cette « pandémie ». Comme des petits enfants ou des petits moutons, nous attendons que « les chefs » (le président de la République, le premier ministre, le ministre de la santé) parlent dans les médias grand public. « Les chefs » nous expliquent ce qu'ils ont décidé : nous ne pourrons pas sortir dans la rue, tels types de magasins seront fermés, etc. « Les chefs » mettent en avant des « chiffres » sur la pandémie, chiffres qui font bondir certains statisticiens ou épidémiologistes qui ne les trouvent pas fiables. Si nous n'obéissons pas aux « chefs », nous sommes très très méchants et irresponsables et mettons autrui en danger. Voilà notre nouvelle vie, étonnante pour des citoyens qui avaient l'habitude de se considérer comme des hommes libres...
Comme j'ai lu que Mozart aimait à écouter de la viole d'amour, ce soir, j'écoute un enregistrement de viole d'amour. Mais évidemment, il l'écoutait directement sortir d'un instrument, et non pas une compression de son s'évaporant de l'ordinateur.
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mercredi, 09 novembre 2022
L'automne atlantique
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lundi, 07 novembre 2022
Confits spirituels
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samedi, 05 novembre 2022
Seringue
Jour de cafard. Pourtant, tout va tellement mieux qu'avant ! Je m'occupe chaque semaine, voire plusieurs fois dans la semaine, de mon fils Sacha ; ma sœur est gentille avec moi. Maman se sent beaucoup mieux dans la vie. Mon atelier de poterie est né, il existe, il tourne un peu. Alors, pourquoi cette rage froide ? Je trouve difficile en ce moment de vivre avec Almos. Sa voix est trop aigue (je dois faire répéter plusieurs fois des choses pourtant sans intérêt). Il réussit peu de choses, se prend beaucoup de portes fermées dans la figure, ne me passionne pas quand il parle, ne dort pas une nuit sur deux à cause de l'angoisse. Je rêve d'un ailleurs. Je n'aime pas cet environnement afffreusement moderne, je n'aime pas cette ville nouvelle déjà vieillie, pourtant objectivement sympathique.
L'automne est toujours beau tant qu'il reste des arbres à contempler. Par la fenêtre, un pauvre arbre aux belles feuilles jaunes. Quelque fois j'aimerais m'injecter dans la veine de mon bras le contenu d'une seringue pleine de joie artificielle.
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jeudi, 03 novembre 2022
confiance et brisure
"Papa n’avait aucune confiance en lui et ratait beaucoup alors qu’il savait qu’il valait beaucoup… La pire des situations, c’est l’intelligence rendue incapable par la brisure psychologique.
Paul a appelé maman en pleurant ce soir, parce qu'il avait donné une (petite!) fessée sur la couche de Ladislas, qui avait refusé plusieurs fois d'obéir. Il en était malade, maman lui a dit qu'Ana Maria, lui et moi en avions eu notre dose. Il est vrai que dans notre société parfaite, la fessée est interdite. Comme si donner une tapette sur une couche était de la maltraitance. C'est ridicule et cela n'empêchera jamais les sadiques ou les intempérants de battre comme plâtre leurs pauvres petits marmots... Ce type de lois « bien-pensantes » ne règle aucun problème et ne pose problème qu'aux gens qui ne posent pas de problèmes, mais la partie conne de la population se sent une âme pleine de bonne conscience.
Je succombe d'angoisses multiples chaque dimanche à l'idée, le lendemain matin, de me rendre au travail et de voir les visages de Mathieu S et Patrice L. Cela me permet de comprendre ce que vivent des millions de salariés dans le « monde du travail », transformé en usine de la torture mentale et psychique à dose douce, mais constante. "
Kevin M-L, extrait de son journal
Sur AlmaSoror en novembre : L'ombre d'une foi
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jeudi, 27 octobre 2022
Fumer la fenêtre
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samedi, 15 octobre 2022
Epousailles
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lundi, 10 octobre 2022
La musique des sphères
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dimanche, 09 octobre 2022
Kundera, pro Europa, 1983
Milan Kundera écrivit l'article, Un Occident kidnappé, en 1983, dans une revue nommée Le Débat. L'intelligence y coule à chaque phrase et nous, Français, pouvons apprendre à penser un peu comme ceux qui grandissent tournés vers Rome, mais sous l'ombre tutélaire russe.
Et pourtant un jour viendra peut-être où l'Europe sera consolée, réunie, unifiée, de l'Atlantique jusqu'à l'Oural.
Mais dans notre volonté romantique d'une Europe entière, rappelons-nous tout de même, à toutes fins utiles, ce que la Russie inspire à l'écrivain polonais Brandys :
"Le destin russe ne fait pas partie de notre conscience ; il nous est étranger ; nous n'en sommes pas responsables. Il pèse sur nous, mais il n'est pas notre héritage. Tel était aussi mon rapport à la littérature russe. Elle m'a effrayé. Jusqu' à aujourd'hui je suis horrifié par certaines nouvelles de Gogol et par tout ce qu'écrit Saltykov-Chtchedrine. Je préfèrerais ne pas connaître leur monde, ne pas savoir qu'il existe".
On le trouve entièrement par ici.
Voici un paragraphe extrait de ce beau chant d'amour pour l'Europe :
Selon Palacky, l'Europe centrale aurait dû être le foyer des nations égales qui, avec un respect mutuel, à l'abri d'un État commun et fort, cultiveraient leurs originalités diverses. Bien qu'il ne se soit jamais pleinement réalisé, ce rêve, partagé par tous les grands esprits centre-européens, n'en est pas moins resté puissant et influent. L'Europe centrale voulait être l'image condensée de l'Europe et de sa richesse variée, une petite Europe archieuropéenne, modèle miniaturisé de l'Europe des nations conçue sur la règle : le maximum de diversité sur le minimum d'espace. Comment pouvait-elle ne pas être horrifiée par la Russie qui, en face d'elle, se fondait sur la règle opposée : le minimum de diversité sur l'espace maximal ? En effet, rien ne pouvait être plus étranger à l'Europe centrale et à sa passion de diversité que la Russie, uniforme, uniformisante, centralisatrice, qui transformait avec une détermination redoutable toutes les nations de son empire (Ukrainiens, Biélorusses, Arméniens, Lettons, Lituaniens, etc.) en un seul peuple russe (ou, comme on préfère dire aujourd'hui, à l'Èpoque de la mystification généralisée du vocabulaire, en un seul peuple soviétique).
Mais il faut lire ce texte aussi parce qu'il mentionne de manière explicite le grand remplacement de la culture par les médias... Et donc la noyade de l'Europe de l'Ouest, la perte de sa propre culture, de son identité mouvante et puissante, de sa raison d'être, de briller comme un soleil et de vivre. Il nous faut aujourd'hui prendre conscience de ceci : la vraie résistance, la vraie désobéissance, la vraie audace, c'est de vivre, de créer, de consommer à l'écart du champ des médias. Ils ne pourront jamais rien nous apporter. Rien ne sert de les prendre d'assaut, de se hisser vers eux, de se disputer leurs faveurs : il faut se détourner d'eux au contraire, ne pas en vouloir, construire ailleurs, hors de leur vomis qui dénature tout ce sur quoi il se répand.
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