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jeudi, 23 décembre 2021

Politesses d'une post-modernité déjà caduque

Merci beaucoup pour ce référencement chère madame. L'informatique est une grande cosmogonie logique traversée par des absurdités aux conséquences plus ou moins ennuyeuses... 
J'adorerais retourner dans le monde d'avant pour me souvenir de ce qu'est un cerveau sans "notifications". 
 
En attendant, je vous envoie mes remerciements électroniques. 

mercredi, 22 décembre 2021

Apnée vosgienne

Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.

Voici Apnée vosgienne, poème de cet hiver 2021-22

 

Impulsion immobile : un paysage indéfini se noie dans la brume, taches floues.

L’apnéiste assis devant le lac nargue l'air - carpe humaine (charpente de muscles), oxygène, souffle épique.

Épicéas muets sous la ligne bleue des Vosges, cette éternelle promesse d'un silence qui colmate les trous du cœur.

Deux heures passent, et le vide se remplit de vide.

La brume dissipée libère les formes, l'homme déploie ses membres et s'en retourne, malgré un bref regret, vers le chalet (charpente de bois) des humains bavards.

 

voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2016-17 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ; 
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; 
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ; 
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2017-18 ; 
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; 
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2018-19 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2019-20
Voic
قسنطينة, le poème du printemps 2020
Voici Plombières-les-bains et Port-Saint-Rêve des Morts, les poèmes de l'été et de l'automne 2020
Voici Sils, le poème de l'hiver 2020-21
Voici Stance, le poème du printemps 2021
Voici Rompre, le poème de l'été 2021
Voici Renouer, poème de l'automne 2021

lundi, 20 décembre 2021

Kino, il y a deux attitudes ou même trois ou neuf ou vingt en cette vie

Attitudes possibles, dans le froid de l'hiver, assez pour cailler mais sans cette neige qui nous maintient énergiques et enthousiastes, non, et que faire de la révolte, nous scandalisés, cette colère qui gronde en notre cœur comme un moteur cassé, qui ne pourrait aboutir qu'à l'exclusion sociale et administrative si elle s'exprimait ? Et qu'est-ce qu'une vie dans notre société sans inclusion sociale et administrative ?

Alors si on ne veut quand même pas mourir, si on avait des rêves à suivre, si on aime des gens, si on veut croire à demain, comment exprimer ce trop-plein de vie que la société zombie veut éteindre à n'importe quel prix ?

écrire, disait-elle, ou pratiquer l'apnée dans le silence morbide de sa chambre de l'immeuble béton-plastic des années 1960, ou encore ? Attendre en cultivant des amitiés bizarres et vivantes cachées sous le boisseau de l'étouffement moral et sanitaire.

Ou ?

Ou encore marcher longtemps, sans laisser transparaître sur son visage la colère du résistant ni la honte du différent ni la joie du Chrétien ressuscité des morts.

Accepter de considérer que la période traversée ressemble à une zone barbelée déguisée en Disney Land. Admettre qu'il faudra parvenir à éprouver la joie, le bonheur, l'amour et l'espérance à travers les boues humaines et les tracas saupoudrés par l’État. Comprendre qu'il ne faudra jamais tout dire, qu'il faudra dompter son propre humour et maîtriser sa pensée afin que nos rires et nos paroles ne choquent pas les gardes-champêtres. (Ces garde-champêtres qui se croient les hérauts du bien-être et de la liberté et qui sont les kapos du camp).

Creuse en secret ta vie intérieure afin que ta vie extérieure ne soit pas pourchassée par les factions de l'Ordre bienfaisant, de la Santé officielle et de la Liberté encadrée.

(Et si la loi inique interdit au nom du Bien Commun les feux dans les vieilles cheminées, tu construiras le feu éternel dans la cheminée vivante de la tradition en perpétuelle transmission)

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dimanche, 12 décembre 2021

Bonne route...

 

Il est neuf heures du soir, la journée a passé tranquillement. Maria-Laurencia Bordanova est venue dîner au studio de Saint-Elme, puis s'en est retournée à métro, à vélo dans son vingtième. Je regarde des passages de ce film merveilleux, Latcho Drom, sur l'épopée des gitans. Souvenir de ma jeunesse où j'étais ouverte au monde, aux autres, à toutes ces cultures différentes de la mienne qui me fascinaient et m'attiraient. Ce n'est pas l'âge qui m'a changée, mais l'état d'épuisement de mon pays.

Oui, c'était à l'époque où dans son salon tout rouge, ma mère soupirait en nous disant qu'elle aurait voulu être un très gros pianiste de jazz noir fumant des cigares en jouant toute la nuit dans une boite new-yorkaise. Et le dimanche après-midi, elle nous emmenait boire un coca-cola au Chien qui fume et de retour chez nous elle peignait ou rangeait en écoutant, sur le tourne-disque, la guitare de Manitas de Plata (Manitas et les siens).

Cette époque est bien morte et nos esprits ont été ensevelis par des problèmes nouveaux. Les problèmes qui nous harcelaient et nous faisaient souffrir en ces temps reculés se sont dissipés. Alors ? Il faut retrouver le chemin de la fête perpétuelle, le rêve d'une union internationale des vivants et l'ambiance qui allume les jours tièdes, comme une allumette craque dans la nuit.

Ou peut-être qu'il faudrait enfin commencer à danser.

latcho drom

lundi, 06 décembre 2021

L'incohérence cardiaque

Alors que nous remontions la grande rue de Vauvillers, là où le porche du château m'attire toujours – souvenirs des cors de chasse dans la cour, lors de festivités municipales auxquelles ma grand'tante m'emmenait, Jason et Romaric me disaient qu'ils ne souffraient pas le moins du monde de devoir montrer leur passe sanitaire avant de pénétrer dans les lieux publics, les bars, les restaurants, trains, musées, etc. Pour eux, c'est un détail. Un détail dont ils n'auraient pas cru l'existence possible au début de l'année 2020, mais un détail entièrement supporté et admis. Je n'ai rien dit. Des montagnes de civilisation spirituelle nous séparent eux et moi dans ces moments là.

Deux femmes pimpantes, chaudement vêtues, la trentaine, pénétrèrent dans la cour du château. Nous remontâmes en voiture. Une centaine de mètres plus loin, je posai délicatement la main droite sur le côté gauche de ma poitrine, tandis que, comme si c'était naturel, je levai le bras droit au-dessus de ma tête, afin de sauver mon cœur du tako-tsubo. Jason repris son discours sur la nécessité d'une immigration accrue en France, Romaric conduisait en commentant les paysages que nous traversions. J'attendais la neige en exécutant discrètement des exercices de cohérence cardiaque.

Extrait de l'Empire des tsars...

Voici l'ouverture du chapitre huit de L'Empire des tsars et des Russes, d'Anatole Leroy-Beaulieu. On peut le lire par ici dans son entièreté. 

 

La Sibérie a dans les deux hémisphères une sombre réputation : elle la doit moins à son rude climat qu’à la multitude d’exilés qu’elle a engloutis depuis des siècles, qu’aux légendes dont la pitié publique ou l’imagination des écrivains ont entouré les déportés. Avec ses blanches et silencieuses solitudes, avec ses steppes durcies par le froid, la Sibérie apparaît de loin comme une immense prison de neige, comme une sorte d’enfer de glace, pareil au dernier cercle de l' Inferno de Dante. Certes peu de contrées au monde ont reçu de la nature moins d’attraits pour l’étranger. Un tiers de ces immenses surfaces est compris dans le cercle polaire, et, plus au sud, le relief élevé du sol rend souvent le climat aussi rigoureux qu’au nord, en sorte que la moitié même de la Sibérie méridionale demeure impropre à l’agriculture ou à la vie civilisée. Les régions les plus chaudes, ouvertes tour à tour au vent glacial du pôle et au souffle desséché des déserts de l’Asie centrale, ont la température moyenne de la Finlande, mais avec un climat notablement plus continental, c’est-à-dire, avec de plus grands écarts entre les saisons extrêmes, de façon qu’aux hivers les plus rigoureux peuvent succéder des étés brûlants

samedi, 04 décembre 2021

Vies

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Je dois mener plusieurs vies mais qu'elles ne paraissent pas plusieurs, qu'il y ait une unité profonde, malgré les univers si variés et en apparence contradictoires. 

jeudi, 02 décembre 2021

L'infâmie et la lumière

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« J'aime l'infamie » écrit Guibert, mais moi j'aime la lumière qui répare, magnifie, ressuscite.

mardi, 30 novembre 2021

Second crachat de Drakulie Pandor, banale citoyenne d'Echthrapolis #Répulsion

(lire le Premier crachat de Drakulie Pandor)

Je ne dors pas : angoisses démesurées, argent, santé. J'ai beau décider chaque jour de devenir sereine, la harcèlement par l'angoisse s'amplifie. Certains m'aident, c'est un poids lourd d'être un poids mort. Je cherche une solution qui se dérobe sans cesse. Je commets souvent de petits actes inconséquents qui pourraient plomber encore plus mon existence. Honte, impuissance, peur me tuent à petit feu. Mon corps se déglingue. Épuisée physiquement, je n'ai plus accès à ma lumière. L'enfer financier sera accompagné d'un écroulement de la santé. C'est objectif, inéluctable, terrible. Et pour contribuer au pire, je pose des actes manqués et des gestes destructeurs avant même de me rendre compte de leur surgissement. La réalité me rattrape, elle ne sera bientôt plus qu'à quelques mètres de mon corps terrorisé, je serai bientôt au pied du mur. Je ne me contrôle plus, j'avais déjà connu ce sentiment, c'est donc comme si une ancienne maladie terrible se réveillait après trois ans de rémission. La maladie des problèmes d'argent. Mais cette fois je suis plus vieille et la source de l'énergie semble s'être dissoute avec les années. Aucune prière, aucune résolution, aucune action n'enraye le moulin du désespoir, c'est un bug atroce, une impasse noire. Je veux bouger : paralysie. Je veux crier : c'est le baiser de la mort. Je me rétracte, j'enfouis ma tête sous les oreillers et j'espère ne plus rien ressentir pendant quelques secondes. La vie est un enfer intérieur intégral, j'avais des rêves, je n'y crois plus, si j'y croyais de toute façon je n'ai plus l'énergie. Épuisement. Cœur qui s'essouffle, main gauche qui se referme automatiquement la nuit, repliée sur le poignet, comme les gens en état végétatif ou qui subissent des problèmes neurologiques, lexique affaibli par la panique. C'est l'océan de l'horreur psychique qui monte, tsunami inéluctable, je perds pied, je renonce, je suis incapable. Je n'ai plus qu'une supplication envers la vie : qu'on me donne de l'argent, qu'on répare ma personne, qu'on m'indique une solution parce que moi je n'en trouverai pas. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer. Mais soudain je sais ce qui me ferait du bien, tout d'un coup, c'est certain. Apprendre, là, maintenant, que quelqu'un que je jalouse s'est pris un cocotier sur la tête. Peut-être qu'alors la fatigue disparaîtrait, la peur de l'avenir s'atténuerait. Il n'y a aucune modestie, aucune générosité dans cette souffrance, n'est-ce pas ? Au contraire. C'est la grande souffrance, dont l'autre face est la grande consommation de ceux qui ont la santé et l'argent. La grandeur d'âme n'atteint ni le grand souffrant, ni le grand consommateur, qui tous deux sont le perdant et le gagnant d'un même jeu, d'une même idée, d'une même compétition à mort déguisée en mode d'emploi civilisé.

 

(Premier crachat de Drakulie Pandor)

dimanche, 28 novembre 2021

L'arbre de l'abbaye de Fontenay

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Routes bourguignonnes, villages. La chanson de Solveig de Grieg, puis le concerto de Hautbois de Marcello, éminemment joli, tandis que nous roulons sur les routes détrempées par la pluie. Pas d'humains, tous enfermés dans des maisons, quelques voitures rares, magasins fermés, la campagne française abandonnée. Nous traversons Étais et je voudrais que ce moment dure éternellement. Me dissoudre au creux des notes du hautbois dans cette campagne triste, avec un sourire.

 

jeudi, 25 novembre 2021

Opération de délestage

Si je décide et parviens à chasser le fiel de ma vie, si désormais je connais la bonne humeur, l'énergie morale et physique, le bien-être et la joie de vivre du matin au soir, que vont devenir ces élans de négativité que j'ai toujours si bien connus ? Rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme, n'est-ce pas ? Ou alors un grand volet de malheur, de pessimisme et de négativité peut disparaître, s'effacer, se dissoudre dans l'inexistence ? Après tout, pourquoi pas ? Oui, mais tout ce temps libre, toute cette énergie qui va surgir, délivrée, qu'en ferai-je ? Lorsque j'avais arrêté de fumer, en l'an 2004, j'avais gagné deux heures par jour, ces moments passés à fumer mais aussi à penser à fumer, à préparer ma fumerie, à préparer le café ou à accomplir la promenade qui accompagnerait la cigarette. Deux heures de vide dans un jour, la rencontre avec ce rien, ce temps, ces respirations, fut un défi. On ne sort pas d'une cage heureux sans en être préparé. Alors, si d'un coup ce malheur qui m'habite le matin au réveil, à certaines heures du jour, puis le soir avant le coucher, puis la nuit dans mes angoisses, si tout ce malheur s'en va comme un traître, qui vais-je devenir ? Une femme qui sourit dès l'éveil, joyeuse de se lever, trouvant agréables l'action et l'inaction, l'administration de sa vie quotidienne et la marche vers ses rêves, adorant équitablement la banalité des jours et les bonnes surprises occasionnelles ?

Et mes proches, qui souffrent de mon pessimisme et de mon aspect destructeur, qui s'en plaignent, qui le trouvent hardcore à supporter, comment s'accoutumeront-ils à ce bonheur de chaque instant qui les inondera ? Ne chercheront-ils pas à me replonger dans mon bain de plaintes qu'ils détestent, afin de ne pas perdre celle qu'ils connaissaient, de ne pas être troublés dans leur chair par un si grand changement de paradigme ?

lundi, 15 novembre 2021

Puissance

« Si nous le voulons, nous pourrons donc, sans dire un seul mot, en menant simplement une vie parfaite, révéler à tous la puissance qui habite en nous. »

Saint Jean Chrysostome

(Fragment cueilli ici)

dimanche, 14 novembre 2021

Le crachat de Drakulie Pandor, banale citoyenne d'Echthrapolis #Répulsion

Dimanche, j'oublie les cloches des églises pour me concentrer sur la laideur sonore des camions de poubelles verts qui traversent les allées de béton sale de notre ville en phase de tiers-mondisation. Arythmie du cœur, haleine fétide, fluides sortant par les orifices, épaule coincée, peau flasque, cheveux incoiffables, mon corps est de plus en plus difficile à civiliser. Pourtant, sortir dans la rue va être nécessaire, se tenir le moins voûté possible, entrer dans des magasins mal tenus par des gens que je déteste, saluer un voisin,

et croiser ces couples élégants, ces belles familles correctement vêtues qui semblent se diriger quelque part, ces personnes tendues vers un but noble, dans une vie calmement structurée.

Ce fiel est un mélange de rage et de dépit, de colère et d'amertume, de haine et de tristesse qui découle de la comparaison entre les espoirs que j'avais dans la jeunesse et les déceptions que je connais dans mon âge mûr. Heureusement, d'opaques rideaux me séparent des personnes que je fréquentais alors, mais si par hasard je tombe sur quelqu'un d'avant et dont la vie s'est déroulée sous de meilleurs auspices ou du moins avec de meilleurs résultats, le sentiment que j'éprouve s'apparente à une déflagration interne qui fait du paysage pauvret de mon for intérieur un Nagasaki intégral

et recevoir ces sourires, ces voix dynamiques, ces nouvelles positives en pleine face creuse mon rictus aigri, empâte ma voix, annihile le filet d'énergie qui restait pour survivre au fil du jour.

Vous désirez le bien des autres et le soleil sociétal parce que vos organismes fonctionnent correctement et que votre vie ressemble aux images d'une vie bonne, mais moi, constipée et pleine d'acouphènes, j'attends, assise sur le banc de l'échec, que se déversent sur la ville les meurtriers et les fous-furieux pour éventrer tout ce qui éprouve quelque fois de la joie et tout ce qui contient de la beauté

et j'attends ainsi le Mal et l'Horreur et la défaite collective qui fera de chaque individu mon égal !

 

 

samedi, 13 novembre 2021

Le deuxième café

... ou encore l’opérade géométrique formée par l’homologie des espaces de modules de courbes stables code les invariants de Gromov–Witten qui agissent sur la cohomologie quantique d’une variété symplectique.

Propriétés algébriques et homotopiques des opérades.

Une très intéressante thèse de topologie algébrique, celle d'Olivia Bellier, que je conseille de lire le matin, au lit, avec le deuxième café, durant une dizaine de minutes. C'est comme un massage des parties profondes du cerveau.

dimanche, 07 novembre 2021

La musique modulaire du bonheur

Oublie la superstition, cette croyance diabolique que tu seras puni de ce bonheur par un coup de poignard dans le cœur. Non, il n'est pas nécessaire de subir un petit ou un gros malheur par ci par là pour justifier le bonheur. Le bonheur n'est pas puni. Il est ce climat harmonieux, ce soleil délicieux, ce fleuve enthousiasmant dans lequel tu peux te baigner le plus clair de ton temps. Toi. Oui, toi qui lis cela. Un bonheur sans tache, qui perdure, persiste, demeure, s'accroît, est une aventure possible. Le bonheur parfait existe-t-il ? Mystère. Le bonheur profond, lui, oui. Ce bonheur que l'on sent pétiller dès l'éveil et qui rend léger le corps, douces les odeurs, agréable la routine, charmants les imprévus.

Il faudrait savoir se servir de notre synthétiseur intérieur. Programmer des petites bulles de joie qui s'introduiraient dans la mélodie aléatoire des jours. Il faudrait.

La vie peut être belle pendant quatre-vingt dix ans d'affilée. Les lieux, esthétiques ; les sentiments, enivrés ; les émotions, quiètes ; les sensations, agréables et stimulantes. Oui. Une montagne à gravir, une rivière à descendre. Moi, ce que j'aime par dessus tout, c'est la monotonie de la beauté (mais peut-être que toi, tu n'aimes pas). Comme une route cerclée d'épicéas dans un climat hivernal, tout autour, la neige, un frère qui conduit bien et le chauffage dans la voiture. La perfection se poursuit durant des heures et tout va bien. 

À chacun son rêve d'harmonie. Moi je ne m'apaise jamais aussi bien qu'au creux d'une musique ambient nordique ou un chant grégorien de Solesmes. 

Le très grand danger d'un bonheur au long cours, c'est l'ennui. L'homme (ou la femme, sa sombre égale) est-il capable de supporter une vie dans laquelle le lever est agréable, le compte en banque rebondi, les amis chaleureux, la famille en bonne santé et de bonne humeur, les lectures intéressantes, les musiques stimulantes, les paysages variés, les maisons élégantes, la vie professionnelle enthousiasmante, les loisirs revigorants et sereins ?

 

(P.S. : ce qui est bien avec la programmation informatique ou le synthétiseur modulaire, c'est qu'on peut programmer le chaos et l'entendre surgir par faisceaux de beauté).

 

 

SUR NOS TERRES 

L'air nécessaire pour commencer à vivre