dimanche, 22 novembre 2020
La nuit augmente
Le jour décroît. Je suis assise, étonnée. C'est le troisième jour qu'au moyen de mon téléphone j'enregistre ma voix dire une tirade d'Andromaque (de Racine) apprise il y a fort longtemps, dans mon adolescence. Lycéenne, j'étais. J'ai 42 ans et je me demande si c'est un projet qui va tenir. J'essaie d'y opter pour une voix mécanique.
La mémoire veille ; le jour décroit.
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jeudi, 12 novembre 2020
L'éveil atlante
La ville atlantique débouche sur l'océan atlantique.
L'océan atlantique chavire sur la ville ensablée.
Les nœuds d'acier sont fragiles, ceux de l'âme incassables.
Les combats spirituels et matériels se suivent, se ressemblent, se confondent.
Les femmes peintes, les hommes en révolte contre la soumission de leurs corps aux diktats féministes.
Mourir, pour renaître.
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dimanche, 01 novembre 2020
De Bahia à Paris tous les saints
La Toussaint ouvre novembre et novembre est triste, mais beau. Novembrale, l’âme confinée qui tente de s’évader par le chant grégorien. L’offertoire et la communion se sont succédés dans les paysages sonores de la dernière insomnie d’octobre. Et qui es-tu, toi qui les chantais, dissimulée par ta capuche de bure ? Mon oncle ? Un ancêtre inconnu ? Ou cet ange gardien qui hante les halos de ma vie ?
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samedi, 24 octobre 2020
L'incertitude, comme maltraitance morale
Je ne parviens plus à penser, parce que les annonces contradictoires, sanitaires et politiques, me maintiennent en état de tension, d'autant qu'elles revêtent un caractère temporaire et sont remplacées régulièrement par d'autres annonces. La population se retrouve en état d'insécurité, ne sachant pas comment s'organiser, tentant toujours de deviner ce qui sera permis ou interdit le surlendemain.
Jamais je n'ai vécu un tel moment : de longs mois au cours desquels on entend régulièrement les gens, dans la rue, dans les magasins, parler de la même chose que nous : les événements. On commente, sans pouvoir penser. On suppute, sans pouvoir prévoir. On attend demain, mais demain devient aujourd'hui où l'on attend demain, qui demeure incertain.
Et peu à peu le nombre de gens qui pensent qu'hier reviendra rétrécit comme peau de chagrin. De plus en plus, nous sentons qu'une page s'est tournée, que nous avons pénétré dans une terre de méandres et de sables mouvants. Je n'ai plus de boussole, je n'ai plus d'aimant.
Il faudrait pouvoir fuir dans de gros bouquins passionnants, mais ma défaillante volonté et mon grégaire instinct me ramènent toujours à faire « clic clic » sur des claviers plus ou moins larges afin de lire des nouvelles inutiles et alarmantes, comme un alcoolique se ressert un verre, comme un fumeur invétéré rallume une clope, malgré la décision prise d'arrêter une demi-heure auparavant.
« Seigneur, reste avec nous car le soir tombe » et que les lumières artificielles n'éclairent que nos doutes.
Sur le blog de David Madore, un article parlant
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vendredi, 23 octobre 2020
Malo Quirvane : submersion littéraire
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jeudi, 22 octobre 2020
diriger l’effort collectif au bon endroit
« Existe-t-il quelque part dans les lieux du pouvoir une chambre où quelqu’un se pose et se tait ? Est-il possible qu’un gouvernant se retire, ne serait-ce que quelques minutes, du trading émotionnel qui fait vivre les médias ? Qu’il se mette en écoute des signes des temps, des signaux faibles et forts, des lames de fond que cachent l’accumulation de certaines actions ? Qu’il prenne le temps d’élaborer une stratégie, de donner une direction, dans l’axe de ce qui permet de résister aux maux profonds ?
Discerner, ce n’est ni communiquer ni raisonner par idéologie, c’est descendre dans les profondeurs du silence pour y accueillir l’évidence. Ce n’est ni un travail de consensus, ni une idée fixe. C’est écouter et non convaincre, c’est comprendre où se situe l’effet majeur à produire pour embarquer le tout et non voltiger de point d’éclat en point d’éclat. Cela existe-t-il au sommet de l’État ? »
François Bert, IN Masque ou bandeau ?, sur le site du Cercle K2
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dimanche, 11 octobre 2020
Domenico des nuages
Le glacial mouvement des nuages accompagne le souffle chaud du songe. Le souffle chaud du songe accompagne le mouvement glacial des nuages. Et un fandango de Scarlatti, sous les mains d'une dame triste, et ces garçons qui regrettent d'être nés sans dons, et moi qui lève la tête pour oublier le souffle chaud du songe dans le glacial mouvement des nuages.
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Kevin Motz-Lovietz, encore un extrait de son journal de Baude Fastoul
Jeudi 9 octobre 2014
Soleil, pluie, vent, soleil encore, sur la Rancevaudière. Je n'arrive pas à travailler en ce moment ; jachère de créativité, peut-être ? Transformation intérieure ? Ce séjour dans cette Rancevaudière bien-aimée berce mon cœur d'une langueur nostalgique et j'y jouis de l'automne avec fascination. Ramassage de châtaignes, de noix, de figues, de pommes, de framboises, odeurs des feuilles mortes rougies et mouillées, contemplation des moutons qui mâchonnent de bonnes petites feuilles d'arbres encore vertes glanées par terre, beauté des canards qui filent sur l'eau, interrogations muettes de mon cœur face à l'aspect bizarroïde de mon destin...
21h23. La nuit est tombée. Nous avons sorti la poubelle sur la place de l'église, car c'est jeudi, le soir dévolu à cela par la commune de Saint-Christophore du Lignage. Passage de longs nuages dans le ciel obscur. Calme profond de la Rancevaudière. Astrid lit auprès du feu. Elle plonge avec passion dans le Traité de stratégie d'Hervé Coutau-Bégarie, ce qui fait suite à une autre lecture qui l'a passionnée : le traité de géopolitique d'Aymeric Chauprade.
Les souffrances liées au milieu social, à la honte et à l'arrogance sociale, alourdissent les âmes et laminent les vies depuis la nuit des temps, et concernent tout le monde, depuis le clochard qui dort dans le froid à même le trottoir, jusqu'au ministre bardé de décorations honorifiques. Il faut y renoncer, car ces souffrances, ces combats, ces hontes et ces arrogances ne présentent aucun intérêt. Y renoncer, donc, définitivement. Mais ne pas renoncer à l'élégance, morale et corporelle ; ne pas renoncer à la quête spirituelle, à l'approfondissement des connaissances, à la bienveillance, à la clairvoyance et à la sagesse. Ne pas renoncer à l'équilibre et à la santé, ne pas renoncer au détachement, à l'apprentissage de la mort. Persévérer dans la purification de son caractère, persévérer à penser sur le monde, persévérer dans l'amour et dans la liberté. Avancer avec opiniâtreté vers toujours plus d'autonomie, vers la création d'une œuvre, vers la joie de vivre et l'art de vivre. Ne jamais cesser de faire place au rire et à la contemplation, à la recherche de l'art, à l'amélioration du monde et à la multiplication de la beauté.
Le journal de K ML sur AlmaSoror :
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vendredi, 09 octobre 2020
Billet en cours d'écriture
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mercredi, 07 octobre 2020
Santa-Venexiana
Derrière l'église de Port-Saint-Rêve des morts, dans la maison de la vieille femme, l'adolescent humait ses rêves en avalant des séries audiovisuelles.
Santa-Venexiana avait été partiellement détruite par les prêtres neufs qui souhaitaient que le surréalisme remplace la religion catholique ; mais il restait une âme à cette église, et il restait une chance au jeune homme.
Je marchais, je marchais toute la journée. Les mois passaient, et même les années. Je marchais, les yeux dans le vide, emportée par une rêverie détachée du réel, comme un bloc de glace qui erre sur un océan lointain, détaché de l'iceberg-père.
Sur nos poussièreuses terres almasororiennes :
Sur un élément de la lettre d'Hélène
Sommaire de La dernière messe
Hommage à Miles, par Joan Yufitran
Vous reveniez le soir en longeant les remparts
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mardi, 06 octobre 2020
Europa Europa, sol invictus, lux aeterna
Qu'est-ce que l'Europe ?
L'Europe est ce jardin que des troupes débraillées ont saccagé, parce que les gardiens ont eu honte d'eux-mêmes. L'Europe est ce jardin au mitan duquel ce million d'enfants masqués s'éveillera demain, million de visages uniques, de destins singuliers, d'âmes boréales.
À quoi ressemble l'Europe ?
Invaincue, l'Europe connaît chaque jour plus de mille couchers de soleils et ses lunes ont les figures de l'éternité.
Qui est l'Europe ?
L'Europe est cette église que des hérauts du Vide ont incendiée, parce que leur envie de posséder dominait leur soif de Dieu. Mais l'Autel incassable du Sacrifice sera toujours visible, comme l'étoile du matin, par les mendiants de lumière et par les combattants de la grandeur.
Où se trouve l'Europe ?
L'Europe est cette montagne au milieu des montagnes, ces vallées qui montent au sommet, l'Europe est cette cime qui reste immaculée même lorsqu'on l'a gravie.
Comment agit l'Europe ?
L'Europe est cette forme sonore et visuelle, mouvante, émouvante, croyante, relaps, crucifiée, pure et nature... L'Europe est ce bouillon de cultures.
Comment trouver l'Europe ?
L'Europe est cet océan traversé par les rayons de plus de mille phares, car la navigation, délicate, mène aux sept ports de la sagesse.
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lundi, 05 octobre 2020
Fidélité au néant
La déprime qui me prend toujours après les avoir vus… Cette fidélité au néant, en quelque sorte, cette acceptation que la vie passe sans que grand-chose ne s’accomplisse… Et surtout, cette éternelle litanie de leur mode de vie qui ne change pas malgré d’évidentes et étonnantes névroses. Ces garçons ont été élevés comme des bourgeois, leurs camarades de classe et leurs cousins sont devenus des cadres supérieurs, pères de famille, bien installés, et eux, restent sur le carreau, mais pas par choix puisqu’ils ne sont pas révoltés, ils n’ont rien contre la beauté des appartements, rien contre la notabilité, mais c’est comme s’ils s’étaient punis, comme s’ils se condamnaient eux-mêmes, à se mépriser, à être privés de ce pourquoi ils étaient faits, et surtout, à passer aux yeux des autres pour des ratés.
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dimanche, 04 octobre 2020
Baptême
Ce matin, la jeunesse est revenue! En même temps que le vent glacé de cette journée d'automne, elle est entrée par la fenêtre et s'est agrippée à moi. Qui es-tu ? Qui es-tu ? Hurlais-je, me débattant.
Je suis la jeunesse et je reviens t'habiter. T'habiter pour le restant de tes jours. Oublie tes appréhensions, tes préhensions et tes compréhensions, fais place ! Fais place ! Laisse ma folie te gagner.
C'est la vie qui commence. Jusqu'ici tu tremblais.
C'est l'amour qui commence. Jusqu'ici tu attendais.
C'est la joie, comme un feu, qui embrase ton corps et qui te portera jusqu'aux noces de ton âme et de la mort.
Tel le baptisé sortant du Jourdain, je ressens ce très étrange sentiment de paix. Deux garçons assis dans une vieille voiture roulent sur la route entre les rangs d'épis qui frissonnent. L'un d'eux sera mon père, mon époux et mon fils. L'autre sera l'ange de l'annonciation et du combat.
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mercredi, 23 septembre 2020
42 automnes
Ce temps qui passe, imperceptible, ce temps passé, indescriptible. Ce temps à venir, compté, incertain. Et les ans qui s’accumulent sur le journal de Baude Fastoul, la naissance du hallux valgus, de quelques cheveux blancs, la ride du lion qui fronce mon front.
Des rêves comme des ballons qu’on a pas encore lâchés dans le ciel, depuis l’enfance et la jeunesse.
Ces rêves demeurent, inaccessibles, toujours aussi forts, cette poésie de l’attente, elle, se transforme en attente de la poésie.
Ces chants russes lointains, mystiques, ces chants romains, trop proches, ces chapelets à Saint-Nicolas du Chardonnet, hiératiques et désuets.
Cette légère impression d’avoir commis exactement l’inverse de ce que j’aurais dû.
La quête de sens, l’immense soif d’avoir vécu pour quelque chose. La soif de vivre et les heures à ne pas vivre, des milliers de milliers d’heures.
Sainte Thérèse d’Avila (la vie n’est qu’une nuit à passer dans une mauvaise auberge), Sainte Thérèse de Lisieux (ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère), Sainte Thérèse Bénédicte de La Croix (viens, allons pour notre peuple), trois carmélites pour un songe anachronique de grillage et de voile, une hésitation.
La litanie à la voix grave de frère Emmanuel de la Sainte Cigarette, et la soror furiosa, sorora normalis, sœur civile à la voix dure, à l’esprit étroit, soror eterna.
« Que le Seigneur soit avec vous !
Et avec votre esprit ».
Que l’esprit saint nous guide à travers les scories des idées, les méandres souffreteux de nos psychés.
La musique, limpide et divine, pour danser ou attendre, parce que l’attente est le propre de la femme perdue.
La croyance secrète en un salut terrestre, cet homme qui s’approche, cet argent qui vient, cette joie neuve, à laquelle on avait droit.
Ces amitiés mi-figue, mi-raisin, ces dîners entre chien et loup.
Toute la poussière d’une vie banale.
J’ai envie que tout recommence aujourd’hui.
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dimanche, 30 août 2020
Une langue qui sauve, un arbre qui calme
Nous sommes sortis le 11 mai du confinement, mais nous ne sommes pas sortis de l'étrange. Nos cerveaux confus s'affolent face à la toute puissance des politiques et à notre propre impuissance. Nous n'avons plus grand chose qui tienne debout dans notre psychisme même si notre pays ressemble encore à un pays riche.
Et c'est pourquoi je m'envole dans le seul espace où la vie semble possible. Et c'est pourquoi je rêve. Je rêve des Vosges (pourquoi ? Pourquoi pas ?) Les Vosges lorraines. Plombières les bains. Le cœur fidèle et la plainte touchante des vaincus. Les épicéas. J'ai soif ! Soif ! Soif d'épicéas.
Les chants inuits s'échappent de mon ordinateur, je ferme les yeux et je vois des épicéas.
L'inuktitut est une langue qui sauve, l'épicéa, un arbre qui calme.
Ce bal masqué sanitaire et politique ressemble au manège de la folie. Demain reviendra-t-il ?
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