jeudi, 20 mai 2021
Rue d'Assas
Comme on ne remontera jamais le fil du temps, jouons aux cartes, disais-tu. C'était rue d'Assas, les soirs printaniers, après le dîner. Il y avait la promenade aux jardins Gaston Monnerville et Marco Polo, la pause assise sur la fontaine des Quatre-Parties-du-Monde de Carpeaux, le retour par la rue Michelet. Les crapettes succédaient aux crapettes, c'était le seul jeu de cartes accepté entre ces murs. Les verres d'eaux-de-vie de baies de houx succédaient aux verres d'eaux-de-vie de baies de houx, c'était la seule eau de vie bue à cette table de bridge à battants.
C'était l'enclos du temps, le temps suspendu, j'ose même quelquefois penser que c'était tout simplement l'enclos du temps suspendu. On ne s'y sentait pas enfermé à cause des senteurs des vieux livres, des bougies, du bois ciré et des plantes qui passaient les feuilles par les deux fenêtres entrouvertes. On ne s'y sentait pas immobile grâce au pétillement de l'esprit et au charme immanent de la sérénité.
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