Nous entrons dans le journal d'Emile Ollivier... (mercredi, 27 avril 2022)

5 novembre 1847

Ce soir, la lune éclaire le paysage que j'aime d'une manière plus charmante que de coutume ; la lueur tremblante des étoiles perce doucement les nuages blancs semblables à de légers flocons de fumée ; la nature recueillie dans le silence semble s'endormir avec les hommes et les animaux fatigués. A peine entend-on de temps en temps les aboiements des chiens dans une métairie, alternant avec les coups prolongés de la cloche qui rappelle par ses sons mélancoliques que le temps marche et nous emporte, alors que tout semble sans mouvement. 

O bel astre ! Pourquoi n'apportes-tu que la tristesse et la mélancolie ? Pourquoi tes rayons ne font-ils naître que la rosée sur les fleurs endormies, dans nos yeux que les pleurs ? Serais-tu la messagère choisie par Dieu pour emporter nos pensées vers la patrie céleste ? 

Emile Ollivier, Journal

 

Je crois que j'avais découvert l'existence d'Emile Ollivier dans le journal de Cosima Wagner, que je lisais en 2012. Depuis je m'étais renseignée sur lui, je l'avais retrouvé dans un article obscur sur la politique du XIXème siècle, et enfin j'ai trouvé son journal cette semaine. 

Je suis à la fois déçue et charmée, ce journal entre mes mains, après tant d'attente. Je sais que bientôt la vie politique compliquée de cette monarchie de juillet, de la République et du Second Empire va défiler devant mes yeux, décrite par Ollivier, qui y tint un grand rôle. Fils d'un étrange Démosthène Ollivier, mari de Blandine Liszt, la soeur de Cosima la matriarche de Bayreuth et de Daniel, le jeune homme emporté... et fille de Marie d'Agout et de Frantz Liszt, parents inconstants, trop occupés d'eux-mêmes pour s'intéresser à leurs enfants (Cosima en gardera toute sa vie une dent contre le féminisme, dont sa mère était une égérie). 

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