jeudi, 24 août 2023
Les vies flasques
Le salariat, c'est le désert des Tartares, l'effacement, l'imaginaire contraint, les heures corsetées, les temps morts, le temps volé, les vies flasques, la soumission profonde des citoyens dévitalisés.
C'est le cou endolori par le figement dressé vers l'écran. C'est le parfum horrifique qui demeure longtemps après que la collègue du couloir a fermé la porte derrière elle. C'est la sensation d'avoir de la chance de rater sa vie en étant payé chaque mois.
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jeudi, 17 août 2023
Sur la route
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vendredi, 04 août 2023
Je t'aime
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samedi, 29 juillet 2023
Dominus vobiscum
Rue d'Assas, dans le secret d'une alcôve, le destin du monde pivote. Quelques chuchotements inaudibles : la civilisation qui vient. Une peinture encore inachevée : l'histoire de l'Art. Des mots jetés sur un ordinateur, des idées sur un papier : la structure du monde de demain.
Ce sera le retour de Dieu (le Père, le Fils et l'Esprit Saint ; le chemin, la vérité et la vie).
Ce sera le retour de l'homme (qui compte, qui écrit, qui cuisine, qui coud, qui s'arme, qui combat, qui prie).
Ce sera la beauté visuelle des créations, la nature déployée sous nos yeux, le silence heureux des pensées droites.
Nous aurons des chevaux fidèles et des chiens de garde. Nos frères et soeurs, nos neveux et nièces, nos enfants travailleront la vigne.
Nous sommes un frère, une sœur, d'environ quarante ans, elle plus, lui moins. Nous n'avons aucun orgueil, aucune rage. Juste une intention et une puissance. Un jeu de cartes à abattre. Un rideau à fermer, trois portes à ouvrir.
La porte de la liberté. La porte de l'âme. La porte majestueuse de l'action.
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lundi, 17 juillet 2023
cette faculté qui fait qu’on peut réduire en acte tout ce qu’on se propose
Extrait de Sun Tsu, L'art de la Guerre, chapitre V, de la contenance :
Mais savoir garder un ordre merveilleux au milieu même du désordre, cela ne se peut sans avoir fait auparavant de profondes réflexions sur tous les événements qui peuvent arriver.
Faire naître la force du sein même de la faiblesse, cela n’appartient qu’à ceux qui ont une puissance absolue et une autorité sans bornes (par le mot de puissance il ne faut pas entendre ici domination, mais cette faculté qui fait qu’on peut réduire en acte tout ce qu’on se propose). Savoir faire sortir le courage et la valeur du milieu de la poltronnerie et de la pusillanimité, c’est être héros soi-même, c’est être plus que héros, c’est être au-dessus des plus intrépides.
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dimanche, 16 juillet 2023
Journal d'une Oblomova
Journal d'une Oblomova, dimanche 16 juillet 2023
C’est incroyable, ce long ennui à Champ-Goyon, seule, dans le grand bureau assez laid, au fond de couloirs vides, j’entends parfois, de loin, quelqu’un passer, sûrement, à chaque fois, un gendarme. Je sors dans le jardin, passant le plus discrètement possible par la salle de la Créance, ou, quand il semble y avoir quelqu’un sur la terrasse ou dans les salons, je passe par le sous-sol de l’office.
Et c’est incroyable à quel point, malgré une légère souffrance d’ennui, j’aime cet ennui, qui me rappelle l’enfance, mais alors je ne le supportais pas tandis qu’aujourd’hui, lorsque je le retrouve, il est nappé de nostalgie. Ces heures absurdes qui s’écoulent, ces synthèses vides qui tombent sans aucun intérêt, ce flux d’idioties qu’il m’appartient de discerner, mais dont rien n’émerge de beau ni de grand. Un long ennui du corps et de l’esprit.
Et ces tours dans le jardin, en m’y sentant à moitié autorisée, n’osant m’arrêter trop longtemps près d’un bel arbre. J’y téléphone, pour partager à ma famille, hier Anne, tout à l’heure Laurence, ces pas dans ce grand jardin secret, presque toujours désert. Aujourd’hui, j’ai fait le tour du petit pavillon, mon cœur battait qu’un gendarme surgisse pour me dire quelque chose, mais non, tout est vide, tout est calme et tout est silencieux. Des pies s’ébattent librement, la semaine dernière des corneilles piétinaient l’herbe, à la recherche, peut-être d’asticots.
Et quelquefois je ne suis plus seule, d’autres êtres se meuvent : des robots qui tondent l’herbe, de petits robots noirs qui circulent tout seuls au milieu de l’herbe verte. Alors je me prends à imaginer un monde futur, un grand jardin luxuriant et très bien aménagé, peuplé d’animaux et de robots qui se promèneraient en jardinant, dans le plus grand des mutismes.
J’aime cet ennui car il est celui de tous les possibles. Je ne suis pas cadrée par trop de travail ou par des relations oppressantes, j’existe à peine aux yeux des autres ici, je suis incognito, mais j’ai ma carte délivrée par le commandement circulaire, qui me permet de passer d’espace en espace au sein de Champ-Goyon. J’aime cet ennui car il me rapporte de l’argent. J’ai fait des choses intelligentes, avec ferveur, au cours de mon existence, mais ce fut très gratuit. Aujourd’hui, j’attends que le temps passe et suis payée pour cela.
Et puis de cet ennui, forcément, naissent les désirs de lecture, d’écriture. Je sens que cet ennui féconde ma terre.
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dimanche, 09 juillet 2023
C'est l'été des guirlandes de bave entre les langues
C'est l'été des guirlandes de bave entre les langues, des demoiselles d'honneur aux petits cœurs roses, des herpès mystérieux, des bulles de champagne rosé, des mains qui s'enlacent, des bartholinites prolongées, des yeux dans les yeux et de l'adolescence à cinquante ans.
C'est la désespérance.
On a tout raté. On n'a plus qu'à s'embrasser. Si possible en public sur un quai de gare, sur un canapé, à une terrasse de café, si possible sur des groupes WhatsApp surpeuplés. A quoi ça sert de s'embrasser si personne ne le voit ?
Se peloter langoureusement, en ronronnant, devant tout le monde, comme un démonstration d'impuissance politique, comme des mains plongées dans le vide existentiel.
La vie amoureuse, qui peut être une belle aventure, tourne souvent à la régression, c'est le lieu où l'éternel enfant cherche son éternel biberon.
Un enfant qui mange avec les mains et tâche son menton, c'est chou. Un adulte qui mange avec les mains et tâche son menton, c'est répugnant. Il en va de même avec les câlins câlinous. Les joues qu'on frotte, les regards pseudo-émerveillés. Chez les chiots qui veulent une croquette, chez les enfants qui tâtent et têtent leur mère, quel miracle de vie ! Chez deux adultes, assis dans un métro bondé ou dans un jardin en compagnie, quelle débâcle de la vie !
Ces gens se caressent et s'embrassent comme si c'était l'amour fou, la porte de l'éternité, mais il y a une chance sur deux pour qu'au jour de leur enterrement, l'autre ne soit pas là et soit oublié depuis longtemps. C'est forcément agaçant, comme de voir quelqu'un conduire bourré : on sait que c'est mal barré.
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dimanche, 02 juillet 2023
Quel titre préfères-tu ?
Son nom de Venise dans Calcutta désert ou bien Pluie et vent sur Télumée Miracle ?
(Marguerite Duras, Simone Schwarz-Bach)
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dimanche, 25 juin 2023
L'invasion du soleil, poème de l'été 2023
(Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.)
L'invasion du soleil
Implacable ennemi,
je t'aime
sous les croix de Babylone.
Le silence et la solitude,
frère intérieur, sœur de mes jours
en fuite.
Après-midis sans forme, chapelet de dimanches
que rien n'ébruite
ni ne dérange.
Et je suis au mitan de ma vie
comme un insecte
perdu dans la lumière.
voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2016-17 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ;
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ;
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ;
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2017-18 ;
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ;
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018,
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2018-19 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2019-20
Voici قسنطينة, le poème du printemps 2020
Voici Plombières-les-bains et Port-Saint-Rêve des Morts, les poèmes de l'été et de l'automne 2020
Voici Sils, le poème de l'hiver 2020-21
Voici Stance, le poème du printemps 2021
Voici Rompre, le poème de l'été 2021
Voici Renouer, poème de l'automne 2021
Voici Aprnée vosgienne, poème de l'hiver 2021-22
Voici Odessa, poème du printemps 2022
Voici La verveine du soir, poème de l'été 2022
Voici La nuit transpercée, poème de l'automne 2022
Voici , poème de l'hiver 2022-23
Voici Aux filles du calvaire, poème du printemps 2023
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dimanche, 11 juin 2023
Depuis mon adolescence
Depuis mon adolescence, j'assiste à deux choses concomitantes : d'une part, le bombardement, par mon pays (aux ordres d'un plus grand), de toutes les États qui tentent de mener une politique autonome, sans obéir aux intérêts privés d'une bande de banquiers ; d'autre part, l'afflux de migrants dans mon pays, via le rassemblement familial et la clandestinité.
Depuis mon adolescence, j'observe avec stupeur ces deux mouvements : au nom des droits de l'homme, mon pays bombarde sans pitié les autres pays. Au nom des droits de l'homme, mon pays "accueille" sur son territoire des millions de gens qui n'ont aucune envie de renoncer à leur culture pour la nôtre.
En France comme en Syrie, en "démocratie" comme en "autocratie", la politique commune est confisquée, afin de détruire les cultures locales, d'abolir les loyautés traditionnelles, d'abattre la résistance économique et politique.
Pour l'habitant de Paris comme pour celui de Damas, aucune marge de manœuvre. L'individu n'est rien. L'individu ne peut rien. L'individu assiste impuissant à la propagation du chaos.
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vendredi, 09 juin 2023
La pénétration, une question de rues parisiennes
J'ai croisé à Paris un panneau d'affichage. Une affiche, posée là par la République française, estampillée « Santé publique France », indiquait : « La pénétration me fait mal. Que faire ? » A notre époque donc, les enfants de 8 ans qui savent lire et se promènent dans les rues de leur ville se trouvent face à des questionnements qui ressemblent à des agressions sexuelles commises par institution ayant ascendant : l’État français.
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lundi, 22 mai 2023
Tous les hommes sont menteurs - Alfred de Musset
... tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. ...
Alfred de Musset, IN On ne badine pas avec l'amour
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mercredi, 03 mai 2023
La voie poitevine
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mardi, 18 avril 2023
Bach, immortel antidote
Poème autodaté du 18.04.2023 :
Bach
aux notes dilatées dans l'oeuvre de Nystedt.
-
Immortal Bach, emportez-moi
plus loin,
-
plus loin que mes chagrins.
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lundi, 17 avril 2023
un vieux chien désoeuvré
Un dimanche qui s'étire comme un vieux chien désœuvré. Les cris des enfants, les chants des oiseaux. Le ciel alternativement gai ou triste. Les jeux qui traînent, le papier alu des œufs de pâques en mauvais chocolat. Les ombres sur les murs, les poubelles des voisins, le grondement d'une moto de temps en temps. Des odeurs qui se succèdent, les fleurs blanches des arbres. Le téléphone qu'on triture presque dix fois par quart d'heure. Des tentatives d'écrire sur un cahier, de déchiffrer au piano. Les plantes se taisent. Les croquettes oubliées dans la gamelle du chien. L'enfant qui s'exerce à siffler. Les piles usés des drones et des jeux vidéos. Le linge dans les machines. La terre séchée sur les chaussures. Le silence de l'intelligence. La présence absurde du néant. Un dimanche banal, ponctué par la cloche qui sonne les heures et les demi-heures. Le malheur n'est pas là (ouf). Alors pourquoi se plaindre ? On s'ennuie : tout va bien.
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