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dimanche, 29 octobre 2023

Anne et l'éternité, poème de l'automne 2023

(Tu disais des poèmes aux quatre saisons. Tu n'es plus. Il faut bien que quelqu'un te succède à cette valse de mots.)

 

Tu tiens ma main dans l'éternité
Ton visage enfui sauve mon âme
et les jours, désormais, sont beaux comme le Jour.

Tu regardes ton enfant de tes yeux divins
Tu l'autorises à vivre plus libre que jamais
Mes nuits, dorénavant, sont secrètes comme la Nuit.

Dans ta fatigue, tu as transmis ta force
A ton départ, je t'ai dit mon amour
Le lendemain, tu scintillais, tout près de moi.

Ton déclin progressa comme un rêve
Ton adieu : un baiser, un sourire
Puis la mort t'a rendue à la Vie

Aujourd'hui est à nous pour toujours
Quand je ris, je t'entends qui résonne
Je suis vivante, tu donnes la Vie.

 

voici, Le vieux majordome, le poème de l'hiver 2016-17 ;
voici Fazil, le poème du printemps 2017 ; 
voici Dans la chambrée, le poème de l'été 2017 ; 
voici Silentium, le poème de l'automne 2017, ; 
voici Héroïne, le poème de l'hiver 2017-18 ; 
voici Tbilissi, le poème du printemps 2018 ; 
voici Portrait d'été, le poème de l'été 2018
voici Pluie d'étoiles, le poème de l'automne 2018 ;
voici Spectre, le poème de l'hiver 2018-19 ;
voici Les champs de persil, poème du printemps 2019 ;
voici Antigua, poème de l'été 2019,
Voici Humus, poème de l'automne 2019.
Voici Je descends l'escalier du temps, poème de l'hiver 2019-20
Voicقسنطينة, le poème du printemps 2020
Voici Plombières-les-bains et Port-Saint-Rêve des Morts, les poèmes de l'été et de l'automne 2020
Voici Sils, le poème de l'hiver 2020-21
Voici Stance, le poème du printemps 2021
Voici Rompre, le poème de l'été 2021
Voici Renouer, poème de l'automne 2021
Voici Aprnée vosgienne, poème de l'hiver 2021-22
Voici Odessa, poème du printemps 2022
Voici La verveine du soir, poème de l'été 2022
Voici La nuit transpercée, poème de l'automne 2022
Voici infty , poème de l'hiver 2022-23
Voici Aux filles du calvaire, poème du printemps 2023
Voici L'invasion du soleil, poème de l'été 2023

samedi, 28 octobre 2023

La joie novembrale

Voilà bientôt novembre, le mois des morts et des clafoutis. Le mois qui nous fait regretter les feux de cheminées des maisons de nos ancêtres, il faudrait vivre dans une maison, avec un jardin mouillé par la pluie et un poêle ; avec une cave pleine d’eaux-de-vie pour les clafoutis, les rages de dents et les soirées où l’on s’oublie lentement sur un vieux livre qu’on trompe avec une rêverie.

If, AtomHeart Mother, des Pink Floyd, dans cette grande pièce oubliée de Champ-Goyon. Dans la rue de Varenne qui la longe, les voitures, encore et toujours, avec leur moteur, puis le soleil qui fait suite à la pluie ; une fougère, sur la table, un livre inlu, un verre imbu.

Voilà déjà novembre, le mois des clafoutis et des messes en latin, fidèles aux vergers du Berry et de la Vendée, fidèles aux saints mystères. Dans le ventre de cette personne, une femme de 45 ans, monte la faim. Bientôt, elle se lèvera de ce fauteuil sans style qui la retient, longera le couloir, descendra l’escalier, traversera la cour des communs, puis l’autre cour, jusqu’à l’office où elle prendra une entrée, un plat, un dessert, qu’elle reviendra consommer dans sa solitude.

Voilà encore novembre, il est entre midi et une heure, dimanche. Nous savourons les dernières lueurs d’octobre avant que la froidure mouillée recouvre les joies de l’été. Joies, vraiment ? Oui. Grande joie d’avoir accompagné une femme hors du commun vers son nouveau destin, après quarante-cinq ans d’une amitié que rien ne pourra plus jamais détruire. A moi de devenir aussi forte que toi, et même encore plus, parce que j’ai été tissée de toi. Je serai Celle qui reprend le flambeau.

vendredi, 27 octobre 2023

La Presse à subventions

La presse est inutile si elle n'est pas autonome et indépendante. Donc la presse est inutile. Parce qu'elle est subventionnée en grande partie, d'entrée de jeu, par le ministère de la culture, mais aussi parce que l'État est son principal acheteur. Chaque couloir de chaque ministère, chaque agence, chaque département, chaque sous-préfecture, chaque machin administratif est abonné aux principaux quotidiens, hebdomadaires et divers magazines. Il en résulte que la presse est payée par l'État en amont, achetée pat l'État quand elle parait et dans le treizième couloir de la sous-préfecture, que l'auteur de ce billet connait bien, aucun journal n'est lu. Les gens préfèrent recevoir l'info sur leur fil telegram. Tous ces journaux, distribués, sont ensuite jetés sans avoir été consultés. Même aux comptoirs des bistrots, derniers endroits où les habitants des villes aimaient à lire les journaux, il n'y en a plus.
La presse est un organe fantôme mais les ministres ne veulent savoir qu'une seule chose : ce qui est dit dans la presse. On tourne en rond et en rond et en rond.
Et on tourne encore en rond.

 

vendredi, 29 septembre 2023

Je vous écris encore

Je vous écris de Champ-Goyon. Je vous écris pour vous dire que je prends goût à la substance du vide ; elle est si douce, elle se mêle au bruit des voitures qui circulent dans la grand rue des ministères. Et si je regarde la plante posée sur mon bureau, une fougère indistincte, je nous sens de plus en plus familières elle et moi. Cette fenêtre entr’ouverte nous permet de respirer, mais les barreaux qui la barrent nous protègent de l’extérieur. Si un feu se déclarait, saurais-je seulement comment quitter les lieux ? Il faudrait certainement que j’explore les étages ou que je saute de la fenêtre du couloir des huissiers. En effet, ma fenêtre comporte des barreaux, la porte du bâtiment ne s’ouvre que par la grâce numérique de mon badge personnel. Celui-ci affiche ma photo, sur laquelle je ne souris pas, mentionne mon nom, mon prénom et la direction à laquelle j’appartiens. Je m’habitue à ne servir à rien, à contempler le néant des instants, à subir quelquefois de gros moments de stress pendant lesquels mes mains doivent cliquer et copier-coller sur plusieurs claviers, les yeux rivés sur plusieurs écrans à la fois. Je respecte les règles de cette politesse qui a lieu ici, grâce au sourire perpétuel des gendarmes et à la méfiance de chacun. Bonjour, bonsoir, merci, pardon, bonjour, bonsoir. Les mois ont passé. Des années vont passer. Je m’enfonce dans le confort ouateux de ce piège qui m’assure la capacité de donner ma raison sociale lorsque je parle aux autres et de remplir mon réfrigérateur.

vendredi, 01 septembre 2023

La grosse préfecture

Champ-Goyon ressemble à la grande préfecture d'une grosse bourgade avec ses gens compassés, ses très gros coups de stress pour de très futiles détails et ses gros silences de province... Et ses haines de couloir. Et ses frontière implacables entre les castes. Et son inélégance à toutes les castes.

Champ-Goyon sur AlmaSoror : 

Journal d'une Oblomova

dimanche, 27 août 2023

En revenant d'un blog musical...

Où l'on entend une intéressante musique et lit des choses de cet acabit :

Je remercie en particulier toutes les personnes que j’ai pu fréquenter tant soit peu via les sites de rencontres, et qui m’ont toutes apporté quelque chose, d’une façon ou d’une autre. N’étant pas resté en contact avec certaines de ces personnes, je ne pourrai jamais leur témoigner ma gratitude directement. C’est le cas de l’autrice du merveilleux texto : « Tu ne vas pas faire chier s’il y a des lardons sur la pizza » à qui j’envoie toutes mes amitiés de loin !

Quelle bonne idée d'opéra ! Allez donc voir par là...

vendredi, 25 août 2023

khurbn

Tal Hever-Chybowski : J’aimerais ajouter quelque chose. Vous avez utilisé très souvent pendant la conversation le mot Shoah, que vous venez de prononcer. Puisqu’on parle d’un film qui fait honneur à la langue yiddish, c’est une belle occasion d’utiliser le nom yiddish de khurbn, le nom qui a été utilisé par les millions de personnes qui en ont été victimes.

Autour de Shttl, une intéressante entrevue à lire sur K

jeudi, 24 août 2023

Les vies flasques

Le salariat, c'est le désert des Tartares, l'effacement, l'imaginaire contraint, les heures corsetées, les temps morts, le temps volé, les vies flasques, la soumission profonde des citoyens dévitalisés. 

C'est le cou endolori par le figement dressé vers l'écran. C'est le parfum horrifique qui demeure longtemps après que la collègue du couloir a fermé la porte derrière elle. C'est la sensation d'avoir de la chance de rater sa vie en étant payé chaque mois.

(en 2009 aussi...)

jeudi, 17 août 2023

Sur la route

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vendredi, 04 août 2023

Je t'aime

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Maman, la nuit du 3 au 4 août 2023, aucune de nous n'a fermé l’œil de la nuit. C'était la souffrance, et c'était l'amour. J'étais là à chaque instant. 

Tu es la plus belle lumière du monde.

samedi, 29 juillet 2023

Dominus vobiscum

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Rue d'Assas, dans le secret d'une alcôve, le destin du monde pivote. Quelques chuchotements inaudibles : la civilisation qui vient. Une peinture encore inachevée : l'histoire de l'Art. Des mots jetés sur un ordinateur, des idées sur un papier : la structure du monde de demain. 

Ce sera le retour de Dieu (le Père, le Fils et l'Esprit Saint ; le chemin, la vérité et la vie). 

Ce sera le retour de l'homme (qui compte, qui écrit, qui cuisine, qui coud, qui s'arme, qui combat, qui prie). 

Ce sera la beauté visuelle des créations, la nature déployée sous nos yeux, le silence heureux des pensées droites.

Nous aurons des chevaux fidèles et des chiens de garde. Nos frères et soeurs, nos neveux et nièces, nos enfants travailleront la vigne. 

Nous sommes un frère, une sœur, d'environ quarante ans, elle plus, lui moins. Nous n'avons aucun orgueil, aucune rage. Juste une intention et une puissance. Un jeu de cartes à abattre. Un rideau à fermer, trois portes à ouvrir. 

La porte de la liberté. La porte de l'âme. La porte majestueuse de l'action. 

lundi, 17 juillet 2023

cette faculté qui fait qu’on peut réduire en acte tout ce qu’on se propose

Extrait de Sun Tsu, L'art de la Guerre, chapitre V, de la contenance :

Mais savoir garder un ordre merveilleux au milieu même du désordre, cela ne se peut sans avoir fait auparavant de profondes réflexions sur tous les événements qui peuvent arriver.

Faire naître la force du sein même de la faiblesse, cela n’appartient qu’à ceux qui ont une puissance absolue et une autorité sans bornes (par le mot de puissance il ne faut pas entendre ici domination, mais cette faculté qui fait qu’on peut réduire en acte tout ce qu’on se propose). Savoir faire sortir le courage et la valeur du milieu de la poltronnerie et de la pusillanimité, c’est être héros soi-même, c’est être plus que héros, c’est être au-dessus des plus intrépides. 

 

Lire l'Art de la Guerre de Sun Tzu par ici

dimanche, 16 juillet 2023

Journal d'une Oblomova

Journal d'une Oblomova, dimanche 16 juillet 2023

C’est incroyable, ce long ennui à Champ-Goyon, seule, dans le grand bureau assez laid, au fond de couloirs vides, j’entends parfois, de loin, quelqu’un passer, sûrement, à chaque fois, un gendarme. Je sors dans le jardin, passant le plus discrètement possible par la salle de la Créance, ou, quand il semble y avoir quelqu’un sur la terrasse ou dans les salons, je passe par le sous-sol de l’office.

Et c’est incroyable à quel point, malgré une légère souffrance d’ennui, j’aime cet ennui, qui me rappelle l’enfance, mais alors je ne le supportais pas tandis qu’aujourd’hui, lorsque je le retrouve, il est nappé de nostalgie. Ces heures absurdes qui s’écoulent, ces synthèses vides qui tombent sans aucun intérêt, ce flux d’idioties qu’il m’appartient de discerner, mais dont rien n’émerge de beau ni de grand. Un long ennui du corps et de l’esprit.

Et ces tours dans le jardin, en m’y sentant à moitié autorisée, n’osant m’arrêter trop longtemps près d’un bel arbre. J’y téléphone, pour partager à ma famille, hier Anne, tout à l’heure Laurence, ces pas dans ce grand jardin secret, presque toujours désert. Aujourd’hui, j’ai fait le tour du petit pavillon, mon cœur battait qu’un gendarme surgisse pour me dire quelque chose, mais non, tout est vide, tout est calme et tout est silencieux. Des pies s’ébattent librement, la semaine dernière des corneilles piétinaient l’herbe, à la recherche, peut-être d’asticots.

Et quelquefois je ne suis plus seule, d’autres êtres se meuvent : des robots qui tondent l’herbe, de petits robots noirs qui circulent tout seuls au milieu de l’herbe verte. Alors je me prends à imaginer un monde futur, un grand jardin luxuriant et très bien aménagé, peuplé d’animaux et de robots qui se promèneraient en jardinant, dans le plus grand des mutismes.

J’aime cet ennui car il est celui de tous les possibles. Je ne suis pas cadrée par trop de travail ou par des relations oppressantes, j’existe à peine aux yeux des autres ici, je suis incognito, mais j’ai ma carte délivrée par le commandement circulaire, qui me permet de passer d’espace en espace au sein de Champ-Goyon. J’aime cet ennui car il me rapporte de l’argent. J’ai fait des choses intelligentes, avec ferveur, au cours de mon existence, mais ce fut très gratuit. Aujourd’hui, j’attends que le temps passe et suis payée pour cela.

Et puis de cet ennui, forcément, naissent les désirs de lecture, d’écriture. Je sens que cet ennui féconde ma terre.

 

dimanche, 09 juillet 2023

C'est l'été des guirlandes de bave entre les langues

C'est l'été des guirlandes de bave entre les langues, des demoiselles d'honneur aux petits cœurs roses, des herpès mystérieux, des bulles de champagne rosé, des mains qui s'enlacent, des bartholinites prolongées, des yeux dans les yeux et de l'adolescence à cinquante ans. 

C'est la désespérance. 

On a tout raté. On n'a plus qu'à s'embrasser. Si possible en public sur un quai de gare, sur un canapé, à une terrasse de café, si possible sur des groupes WhatsApp surpeuplés. A quoi ça sert de s'embrasser si personne ne le voit ?

Se peloter langoureusement, en ronronnant, devant tout le monde, comme un démonstration d'impuissance politique, comme des mains plongées dans le vide existentiel. 

La vie amoureuse, qui peut être une belle aventure, tourne souvent à la régression, c'est le lieu où l'éternel enfant cherche son éternel biberon. 

Un enfant qui mange avec les mains et tâche son menton, c'est chou. Un adulte qui mange avec les mains et tâche son menton, c'est répugnant. Il en va de même avec les câlins câlinous. Les joues qu'on frotte, les regards pseudo-émerveillés. Chez les chiots qui veulent une croquette, chez les enfants qui tâtent et têtent leur mère, quel miracle de vie ! Chez deux adultes, assis dans un métro bondé ou dans un jardin en compagnie, quelle débâcle de la vie ! 

Ces gens se caressent et s'embrassent comme si c'était l'amour fou, la porte de l'éternité, mais il y a une chance sur deux pour qu'au jour de leur enterrement, l'autre ne soit pas là et soit oublié depuis longtemps. C'est forcément agaçant, comme de voir quelqu'un conduire bourré : on sait que c'est mal barré. 

dimanche, 02 juillet 2023

Quel titre préfères-tu ?

 

Son nom de Venise dans Calcutta désert ou bien Pluie et vent sur Télumée Miracle ?

(Marguerite Duras, Simone Schwarz-Bach)