vendredi, 24 novembre 2017
Le poids des ans
Il y a un an, Les silhouettes des fermes isolées.
Il y a deux ans, l'hôtel de Massa.
Il y a trois ans, la rencontre du car.
Il y a quatre ans, Etoffes de pierres
Il y a cinq ans, la fugitive.
Il y a six ans, Jean-Christophe.
Il y a sept ans, la solitude des champs de blogs.
Il y a huit ans, Occident.
Il y a neuf ans, Mélange de paternités.
Comme le temps passe ! Mais les billets de blog demeurent.
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mercredi, 22 novembre 2017
L'Observatoire observé
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mardi, 14 novembre 2017
Succomber à une tentation
Il doit être un peu avant vingt heures quand j'arrive à l'Hôtel Paternel. La solitude m'entoure, la fatigue m'étreint. Je constate la présence de bières dans le réfrégirateur. "Ne fais que constater", me dis-je, car j'ai prévu de ne pas boire ce soir.
Mais les bières attendent dans le réfrégirateur.
Je suis capable de manger des biscottes et du fromage, suivies par une tartelette aux quetsches, sans boire de bière, me dis-je en m'asseyant, le regard plongé dans les carrés oranges que forment les fenêtres allumées des immeubles du quartier.
Mais les bières attendent dans le réfrégirateur.
Je me lève, j'ouvre la porte du froid-placard et je constate que je ne suis pas capable ce soir de constater qu'il y a des bières et de dîner sans y toucher.
Une, une seule. Les bouteilles sont petites, ce sera une toute petite bière. Tout simplement une toute petite bière.
Je m'installe à table et je commence mon repas. Dès les premières gorgées, un intense soulagement, une détente. Et puis, avec l'accumulation des gorgées, la sensation d'un léger tournis, d'un demi-oubli.
Je ne pourrai pas travailler ce soir, murmuré-je et un sentiment de culpabilité m'envahit. Je porte à nouveau le verre à mes lèvres.
Je sens mon esprit s'obscurcir sous l'attaque paralysante de l'alcool et je me sens coupable. C'est trop tard. Il ne me reste plus qu'à finir mon verre.
Et les gorgées suivantes me convainquent que je n'ai pas forcément eu tort. La bière est excellente, n'est-ce pas inspirant de siroter des bulles en contemplant la ville qui s'endort doucement en ce milieu d'automne ? Novembre est le mois où l'on se doit de boire de la bière, c'est même une action salutaire, cette boisson fermentée apaise mes intestins autant que mon âme.
Est-elle belge ou allemande ? Je ne connais pas cette marque et ne sais si le nom que j'ai lu est flamand ou germanique. Je rapproche la bouteille de mes yeux brouillés par le lâcher-prise.
Et je lis : 0%. Bière sans alcool.
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samedi, 11 novembre 2017
Mon beau sapin
Mon beau sapin, emporte-moi dans ton silence, recouvre-moi du parfum muet de l'absence. Partons ensemble au pays où la neige efface les formes du monde. Fuyons cette vie vide, que les bruits banals et les atmosphères humaines grises perturbent. Je n'ai pas besoin d'un adagio sirupeux pour survivre, seulement ton écorce et tes feuilles vertes qui traversent l'hiver.
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vendredi, 10 novembre 2017
Plume pas mon auteur !
Merci à Tom Lévêque pour ce superbe logo et pour le fort article qu'on peut lire sur son blog !
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La messe du voisin acnéique
Je t’ai rencontré dans l’escalier, jeune homme, ton visage est devenu cramoisi lorsque je t’ai demandé où tu en étais de tes remix de Vivaldi. J’ai réussi à t’apprivoiser, au bout des cinq minutes qu’a duré notre conversation, tu tremblais moins, tu souriais presque. Tu as dix-sept ans. Tu as peur. Tu as mal. Ton acné défigure ta face. Tes épaules tombent, tes jambes sont trop grandes. Les romans du XIXème siècle que tu as avalés, enfant, dans le grenier de tes grands-parents, t’ont promis un monde qui n’existe plus. Tu voulais protéger les femmes et les enfants, les femmes t’agressent et te demandent de les laisser co-dominer la société sans exercer ta masculinité. Tu as peur que l’une d’elle, un jour, te vole ton enfant, qu’elle l’emporte au loin dès lors que tu l’auras conçu. Même ta peur est indicible. Tu n’as pas le niveau scolaire d’accomplir les études qui mènent aux métiers qui te plairaient, ceux dont tu rêves n’existent plus. Plus de chevaliers, plus d’explorateurs. Je t’ai demandé où tu en étais de tes remix de Vivaldi et t’ai rassuré : j’aime entendre de loin les courbes et les déliés des paysages sonores que tu composes sur ta technoplatine. Je t’ai parlé de la Messe de l’homme armé, tu ouvrais de grands yeux étonnés. Je t’ai dit qu’elle avait été composée par Guillaume Dufay au XVème siècle, qu’elle était belle et qu’à ma connaissance personne encore ne l’avait remixée. Tu m’as fait répété : Dufay ? C’est D.U.F.A.Y ? Messe de l’homme… l’homme armé ?
Oui, c’est la messe de l’homme armé.
Maintenant j’entends deux choses, à onze heures cinquante trois du matin dans cette rue de novembre : le tambour de ma machine à laver, son haï, et depuis la fenêtre entrouverte de ta chambre du quatrième étage, la messe de l’homme armé. Avec des éléments rythmiques que tu cherches dans ton placard virtuel de sons et que tu incorpores à la messe médiévale.
Tu m’as écoutée, jeune homme perdu, j’ai réussi à te toucher.
La messe de l’homme armée, la seule qui pourra sauver les jeunes hommes français du XXIème siècle, ceux dont on castre l’âme avec la crème chantilly de l’égalité, de la scolarité et de la tolérance. Ni votre couleur de peau – trop pâle – ni votre sexe – trop dur – ni l’histoire de votre patrie – trop méchante n’ont de place dans le monde parfait qui se crée tous les jours sous nos yeux. Il ne vous reste que la messe, enfants qui n’avez pas connu le baptême, il ne vous reste que la messe de l’homme armé.
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jeudi, 09 novembre 2017
DJ Tricératops, quatrième étage, une semaine sur deux
Avais-je déjà écrit une entrée aussi sotte que la précédente ? Oui, sans doute. Peu importe. Certains matins oscillent entre le besoin de s’exprimer et la nullité de ce que l’on a à dire. On écoute de la musique, désemparée de toujours la consommer sans jamais la créer. Il faudrait pouvoir cocréer la musique en l’écoutant, cela doit être possible. On marche, interloquée d’attraper du regard un reflet bizarre dans une vitrine et de constater que c’est celui de notre silhouette. La ville de novembre, malgré les feux automnaux qui la parent de magie, sait ressembler à toute les tristesses du monde. Les lectures nous dépriment, l’écriture se garde bien de venir sous nos doigts. Il reste la tentative de se tenir droit, de parler d’une voix claire aux personnes que l’on rencontre, de renoncer à se comparer aux êtres chaleureux, vibrants et actifs qui passent près de nous sans comprendre que nous ne sommes que des ombres en instance entre la vitalité et la morbidité.
Le jeune voisin sur sa console remixe une saison de Vivaldi, je ne vois que sa jeunesse, promesse d’avenir, mais lui se concentre peut-être sur ses boutons d’acné, sur sa honte de sortir dans la rue. Il s’appelle Maxence, il est âgé de dix-sept ans. Il vit une semaine sur deux dans cet immeuble, l’autre semaine il s’en va dans la banlieue de son père où il a une autre chambre, un autre horaire pour les repas, d’autres habitudes, sa vie est un rythme binaire, sur sa vie grise comme le ciel d’aujourd’hui il remixe Vivaldi.
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mardi, 07 novembre 2017
Pirouette, cacahuète
Il était un petit homme, qui sait s'il était né à Saint-Christophe du Ligneron ou à Valparaiso ? Il était un petit homme qui avait une drôle de maison construite par un architecte formé à l'Agence d'architecture des Ciseaux-Orties. La maison est en carton (Pirouette, cacahuète) et elle fait un carton. Les escaliers sont en papier ; si vous voulez y monter vous vous casserez le bout du nez et vous serez emmené en hélicoptère à l'hôpital Cochin. Le facteur y est monté, il s'est cassé le bout du nez. On lui a raccommodé avec du joli fil doré, un jeune et joli interne s'en est occupé avec conscience professionnelle et jovialité. Mon histoire est terminée (Pirouette, cacahuète), vous pouvez faire la roue, manger des noix de cajou ou tout simplement rester quelque temps parmi nous dans le silence, ce silence qui suit les histoires les plus navrantes comme les plus enivrantes. Messieurs, mesdames, applaudissez et prenez soin de vos santés tout le long de cet hiver qui vient vers nous sur la pointe des pieds.
(Tu peux aller écouter ceci, car la lumière sonore y est limpide)
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samedi, 04 novembre 2017
Le mariage et la moraline
Le mariage assurait la mémoire claire des lignées et la pérennité des patrimoines jusque vers les années 1970. Depuis, les lignées se complexifient, et se complexifiant, se délitent, tandis que les patrimoines sont réduits en morceaux avant même la mort de leurs possesseurs.
Le thème de la filiation cristallise les douleurs éternelles des uns et des autres, mais personne ne se rend compte que depuis la suppression, fort heureuse, des enfants illégitimes, le mariage a perdu les trois quarts de son utilité traditionnelle. Vis-à-vis des enfants le mariage n'est plus garantie de rien, seule la reconnaissance parentale vaut.
Le thème du patrimoine choque les amoureux alors que le mariage a toujours été d’abord une organisation de la transmission du patrimoine, même très modeste. On a beau ne pas en parler, dans la plupart des cas, le divorce appauvrit les enfants du premier lit puisque le bien commun acheté par les parents est vendu et que les biens suivants, seront plus récents et partagés avec les nouveaux conjoints, dans des configurations parfois complexes qui mettent les enfants d'une famille recomposée dans des situations financières très différentes.
Durant toute la période de débats politiques autour du « mariage gay », le débat sur la famille comme institution de la filiation et du patrimoine n’a pas eu lieu.
D’un côté les tenants d’un catholicisme pétri de moraline provinciale criaient à un écroulement de la civilisation avec des arguments d’enfants de douze ans maniant des concepts trop grands pour eux (« rupture anthropologique, écologie humaine, blessure de l'âme »). D’un autre côté, les tenants de « l’égalité des droits » qui exigent que l’État reconnaissent administrativement un état amoureux, et pour qui avorter d’un enfant malade ou avoir un enfant quand on le souhaite sont des droits inaliénables. Avec, dégoulinant sur ce débat sans intelligence ni universalité, des cascades de suggestion sucrées sur « l’amour », « le couple », « l’engagement », « le droit des femmes à posséder leur propre corps », « l’orientation sexuelle », notions utopiques qui ne reflètent ni la rigidité et l’hypocrisie des catholiques, ni l’instabilité structurelle des libéraux. Quant au sujet de la procréation médicalement assistée et de la gestation pour autrui, qui donc est capable d’en parler en restant raisonnable, c’est à dire sans être pris à la gorge par l’émotion du droit à l’enfant ou par l’émotion du droit de l’enfant à avoir un père et une mère ? Si peu de gens… Et ceux là n’ont pas la moindre chance de s’exprimer dans un champ de bataille miné par les écrasantes laves d’émotion charriées par les uns et les autres.
Il est difficile de discuter en société lorsque on professe une opinion qui ne relève pas d’un clan moral précis, représenté par des porte-paroles médiatisés. La première suspicion des uns et des autres, c’est la méchanceté. C’est très très très méchant de désirer élever un enfant sans père ou sans mère, vous diront les uns, c’est très très très méchant de s’intéresser au droit à l’existence d’un trisomique âgé de huit mois dans le ventre de sa mère, vous diront les autres. Que vous parliez avec un militant de "l'égalité des droits" ou avec un militant "provie" et "profamille", soyez sûr que vous ferez face à la même mine déformée par la douleur que votre cruauté malsaine lui fait subir ; soyez sûr que le moindre désaccord sera perçu, à ses yeux, comme une idée profondément nuisible, voire criminelle.
C’est très très très méchant de votre part de ne pas être d’accord avec votre interlocuteur : cela fait de vous un pervers, cela fait de vous un agent du malheur, cela fait de vous un pourvoyeur de désespoir.
J’aurais voulu naître longtemps avant ou longtemps après ces transformations sociétales.
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vendredi, 03 novembre 2017
Angst
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mercredi, 01 novembre 2017
Intrusion dans le bureau de grand-père P (1980)
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Support et contenu
Dans mon rêve, une femme ailée portant un veston en skaï s'approchait de moi et prononçait : "J'adore les photos ratées des années 1980". Puis elle éclatait en pleurs et se mettait à rire en s'éloignant parmi les nuages. Il est vrai que les argentiques photos ratées de ces années mortes reviennent quelquefois nous éclater à la gueule, en début d'après-midi, quand il fait froid dehors et que le désœuvrement s'est installé comme un climat à l'intérieur de soi. Maintenant je fais clic clic avec mon téléphone et des milliers d'images s'accumulent, comme celle-ci, prise d'un train qui me ramenait de l'Atlantique vers Paris. Rue des Orteaux, rue Nationale, rue Milton, rue Saint-Nicolas, boulevard de Port-Royal, et Montparnasse et même Montreuil, toutes ces photos cliquées ne possèdent pas ce charme déchirant des échecs argentiques. Que deviendront-elles ? Quel sera leur propre secret ?
(Ailleurs sur la Toile, pourquoi pas Graphisme et Sida par D Lestrade ? et ici, sur nos zones poussiéreuses, voici les affiches de deux bouts de la politique, et une antienne pour s'endormir ou pour pleurer.)
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mardi, 31 octobre 2017
deux liens
La suite répétitive pour hautbois d'octobre s'est achevée tandis que Latitude continue son traçage visuel des jours.
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lundi, 30 octobre 2017
SBF 250
Sois sage, Ô mon indice et donne-nous des détails.
Balance-toi encore, ton mouvement fait rêver les enfants détraqués par la chiffraille.
Fais gaffe, SBF 250, car des tas d'yeux plissés te surveillent à tout heure du jour.
2 fois que tu me joues le joli tour de faire le tour de ton propre atour.
5 ans déjà que j'ai connu ton nom bizarre pour la première fois.
0 Toi qui rémunères les gliales du cerveau liquide, reste stable et je danserai sur le rebord de la fenêtre du cinquantième étage !
K M-L
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dimanche, 29 octobre 2017
Steppe de glucose
Rue du départ : "A part d'un père, je ne manque de rien, PMA sans père, douleur sans fin"
Vous qui n'avez jamais connu les pères qui se tirent et les mères qui battent, militants de la Famille bénie par Sainte Nitouche et Saint Glinglin (absents du calendrier romain), adultes qui avez avorté la pensée que vous auriez pu mettre au monde, par les petits poèmes que vous collez au trottoirs vous révélez peut-être, au passant, le pays réel de votre cerveau. Steppe de glucose ! Où fleurissent des vers de mirliton destinés à piquer les cœurs des enfants qui sortent de l'école.
Sur AlmaSoror :
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