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lundi, 25 décembre 2017

Ta musique, ma disparue

Bilitis, tu me reviens... à l'heure où pourtant tout est fermé, comme mort, un 25 décembre comme les autres, où à l'intérieur des foyers on mange ou on digère, tandis que des ombres pressées osent traverser les rues désertes. Ta voix presque noyée apparaît à l'horizon du paysage sonore, elle chante à nouveau ces mélodies sans paroles que tu déployais dans nos après-midi d'été. Mais je suis entourée d'hiver. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas connu de femmes, et les hommes, eux aussi, s'enfouissent à leur tour dans le passé. Je connais encore les livres, je bois encore des verres de vins pour oublier le jour quand la nuit m'appartient.

Bilitis, quand tu reviens, c'est que l'ethanol permet à nouveau d'entrevoir la beauté d'un amour. Même au pays de solitude, même au bord du grand silence des mots, quelques gorgées prolongées te rappellent à mon existence. Je revois l'étrangeté d'un corps qu'entoure une serviette de bain, j'entends comme l'étouffé d'un vêtement qu'on pose et qui glisse de la chaise. Combien en avions-nous connu, de ces matins banals que je laissais passer comme des bateaux dans un lointain inexprimable.

Bilitis, si tu reviens, tu me trouveras changée. J'ai vieilli, cela fait si longtemps que nos angélus ont cessé de sonner. Au lieu de cheveux châtains, les voilà voilés de blanc. Au lieu d'une peau de pêche, un teint jauni, des cernes sous les yeux. Seul mon coeur est resté de feu. Dans le souvenir de ta flamme, dans l'évocation de tes lames, dans le repentir de mes larmes, dans le désespoir de ma chair, mon coeur demeure incandescent.

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