Des lettres (mercredi, 17 janvier 2018)

Dans cette vieille sacoche de cuir, des cartes postales sans intérêt, un carnet qui date de 1990, c'est à dire d'il y a 27 ans, puis des monceaux de lettres en vrac. Des lettres, des lettres, des lettres. Celles d'une femme mariée à un brave homme et maman de deux petits enfants adoptés en Asie, qui mentionne à son amant ses envies d'être fouettée, dominée, battue, pénétrée par tous les orifices le plus violemment possible ; celles d'une petite fille qui envoie des nouvelles enjouées à son papa en quémandant des réponses. L'amant et le papa, sont la même personne. La femme, je crois l'avoir vue plusieurs fois, il y a vingt ans. La petite fille, c'est moi.

« Est-ce ainsi que les hommes vivent »...

Mais pourquoi est-ce que cela me fait pleurer aujourd'hui ? Je suis grande, pourtant, j'ai trente-neuf ans et demi. Je n'avais jamais reçu de réponse à ces lettres. Il faut dire qu'elles étaient bêtasses. Presque fausses dans leur joie feinte. Ça ne valait pas, en effet, l'autre prose contenue dans la sacoche. Cette autre prose qui suscitait des réponses, des réponses en vers et en prose, en coups de fouet et en invitations au restaurant.

Quand les vieux hommes meurent, bien souvent, ils ne sont plus que de vieux hommes, qui ont cessé depuis longtemps d'être des amants. Sont-ils toujours des pères ? Je ne sais pas vraiment. Ils furent, c'est sûr, des enfants qui grandissaient trop tristement.

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