mardi, 24 juillet 2012
Je crois vous reconnaître, homme bizarre qui m'évitez
Marchand, étiez-vous au bar des désespérés le soir où Nayon s'est noyé ? Y buviez-vous cette bière oblongue, vers neuf heures du soir, le 23 ventôse de l'an 2087 ? Si oui, avez-vous noté la lueur falote qui dansait au fond des yeux de la barmaid noire, quand son amie l'a caressée aux cheveux ? Et croyez-vous qu'on puisse un jour réécrire l'histoire, cette histoire du pirate blessé qui chantait le rorate caeli grégorien en levant le regard vers le ciel ? Et savez-vous ce que sont devenus ces âmes éparses qui nous lorgnaient en vidant des verres de Côtes du Mont Ventoux ? Marchand, était-ce vous qui chantonniez l'angélus de Jean-Christian Michel en dépassant d'un pas rapide les trois hommes en noir, comme pour une procession funèbre ? Marchand, je crois vous reconnaître. Je crois me souvenir de votre nom : Marchand. Et de votre sourire : triste. Et de votre profession : maçon en préretraite. Et je crois que c'était vous, et que vous le savez, et que vous ne le direz pas.
Publié dans L'oiseau, Super flumina babylonis | Lien permanent | Commentaires (3) | | Facebook | Imprimer |
Commentaires
On aimerait en savoir beaucoup plus sur ce marchand mystérieux ....
Écrit par : Emma | jeudi, 26 juillet 2012
Oui. Comme Emma, j'aimerais savoir qui il est ce maçon marchant et marchand. J'aimerai voir son visage.
Écrit par : SARA | jeudi, 26 juillet 2012
Hélas. Tout s'est dissipé.
Écrit par : Edith | jeudi, 26 juillet 2012
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