vendredi, 13 mars 2015
Latitude : les livres d'hier
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Mue
Au Pérou, en Bolivie, si j'avais été détendue, des choses auraient pu merveilleusement se passer. Mais j'étais tellement mal à l'aise, stressée, cérébrale ! La peur (d'agir), le mal-être (face aux autres), la culpabilité (vis-à-vis de mes incompétences et inconséquences) obstruaient le passage vital entre mon être et le monde, entre mon désir et mon entrée réelle dans le paysage désiré.
Ma vie aurait pu être changée par mon attitude, mais j'étais trop fermée à la vie pour la laisser me modeler et m'emporter dans sa danse.
Désormais, je ne devrais plus laisser mon mal intérieur gâcher les belles années qui font ma vie, les expériences que je tente et les relations que je noue. Je ne devrais pas laisser le doute mental miner les heures qui passent, les jours de soleil comme les jours de pluie.
Combien d'années sans joie, combien de voyages quelque peu gâchés ? Combien de tentatives avortées ? Je ne veux pas attendre l'approche certaine de la mort pour changer. Je dépose mon fardeau et siffle sur la route en cet instant d'éternité.
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jeudi, 12 mars 2015
Vivre nos métarêves
Contenter suffisamment les gens ou les pousser à la révolte ? Si une société, ou des parents, imposent un modèle de réussite, invitent les gens à s'y conformer, les jugent en fonction de leurs résultats, mais que dans les faits, ils ne leur donnent pas les moyens de parvenir à ces résultats malgré leurs efforts, la situation devient tendue.
En tant que parent, ami, groupe, patron, si l'on veut que dure son pouvoir et plus largement sa puissance, il faut que la grande majorité des personnes sous notre houlette soit capable de s'insérer dans le système d'une manière satisfaisante tant sur le plan des moyens que des résultats. Sinon, c'est la pagaille, puis la révolte, sire, et bientôt la révolution.
Mais quand on est l'individu qui subit une incapacité d'accomplir à la fois ce qu'il voudrait et qui est attendu de lui ?
L'homme qui voulait s'adapter et réussir dans ce monde se voit contrecarré malgré ses efforts, et considéré comme inférieur de ce fait. Dès lors, il n'a plus que des choix sombres ou éthérés : fuir dans le rêve en fournissant le minimum syndical du quotidien ; brûler sa vie dans la révolte individuelle ; fomenter une révolte collective avec des camarades pour renverser le système qui les a trompés ; ou se réfugier dans la morale, une morale au sein de laquelle il a un beau rôle, noble bien que non reconnu par la société (une morale teintée d'aigreur).
Face à une société dans laquelle d'autres semblent se déployer à merveille alors que soi-même, on rame, que faire ?
Se sacrifier est dommage... Même si ce peut être romantique, esthétique et fulgurant, l'individu qui grille sa vie par désespoir souffre tant que ce n'est pas vraiment une « solution ».
Fomenter une révolte collective demande à ce qu'on trouve un groupe adapté dans lequel on a une place qui nous convient. Dès lors, on peut gagner ou perdre, au moins la punition et la récompense seront collectives, et même s'il y a opprobre de la part de la majorité, le rebelle reste un homme intégré au sein de la rébellion.
Fuir dans le rêve en assurant le minimum syndical de l'adaptation ressemblerait à un suicide doux (alors que la brûlure de sa vie en serait un violent)...
Se réfugier dans une morale sclérosante, mais rassurante, qui permette d'excuser ses échecs et de les justifier, est une solution qui fait mener à l'individu une vie de seconde zone, de moindre importance, puisqu'il renonce à ses rêves sociétaux mais aussi à ses rêves intérieurs ; en quelque sorte il renonce à sa puissance personnelle.
Si l'on ne choisit pas la voix rebelle collective, que l'on ne veut pas détruire sa vie que ce soit lentement ou en la grillant en un temps record, que peut-on faire ?
D'une part, définir ses métabuts, c'est à dire se demander ce qu'apportent les résultats qu'on aimerait (et ne parvient pas à) obtenir, en extraire l'essence au delà de la forme et trouver d'autres moyens d'y parvenir.
Ce n'est pas la richesse qu'on cherche réellement, car si on vivait dans un monde où un compte en banque n'a aucune valeur, mais posséder un maximum de vers de terre et avoir de gros piercings ouvrent toutes les portes, on serait prêt à échanger tous nos millions pour obtenir des vers et se percer la peau. Que cherche-t-on alors à travers la richesse ?
Il faut creuser de même pour tous les buts.
Dans notre société, qu'est-ce que les gens cherchent à tout prix à atteindre ?
De l'argent, une maison, passer des vacances ailleurs que dans cette maison, un entourage, dont des enfants, et une reconnaissance sociale, c'est à dire que les inconnus comme nos proches nous voient et se disent : ah ! Celui-là a assurément de la valeur !
Mais si notre argent nous fait passer toute notre vie en prison, ou que notre maison reste vide car ceux avec qui on voulait la partager n'y viennent pas, ou que nous passons des vacances sur une île de rêve en crevant de mal quelque part dans notre corps ou notre âme toute la journée, ou que notre entourage nous hait, ou que nos enfants nous font regretter de les avoir mis au monde dans notre for intérieur, ou que face à tous ces inconnus ou ces proches qui nous croient au sommet, nous n'avons qu'une seule peur, c'est qu'ils se rendent compte que ce n'est pas le cas, alors dans ce cas, ni l'argent, ni les vacances, ni l'entourage, ni les enfants, ni la reconnaissance d'autrui de ne nous est du moindre secours, et on serait prêt à échanger de vie avec quelqu'un qui n'a pas cet argent, ni ces vacances, ni ces enfants, ni cet entourage, ni cette reconnaissance.
Ce n'est donc pas l'argent que l'on cherche dans l'argent, ni la maison que l'on cherche dans la maison, ni les vacances que l'on cherche dans les vacances, ni la p/maternité que l'on cherche dans les enfants, ni la reconnaissance que l'on cherche chez autrui.
Dans l'argent on cherche à ne plus éprouver le manque la frustration, mais au contraire à ressentir la complétude, l'abondance, la satisfaction.
Dans la maison, on fuit la peur de la rue, du froid, de l'insécurité, des agresseurs violents, et on cherche une sentiment de sécurité, un confort de vivre, un repos du corps et du cœur.
Dans les vacances, on cherche à sortir de l'horreur du quotidien, à sentir son corps vivre, mais aussi à montrer aux autres que l'on n'est pas attaché à son étable et que s'ouvre à nos pas alertes le vaste monde accueillant.
Nous souhaitons un entourage pour pouvoir être aidé dans les choses nécessaires pour lesquelles nous sommes nuls, pour avoir quelqu'un à qui parler, avec qui partager les bonnes nouvelles et le poids des fardeaux de la vie.
Nos enfants sont là pour nous montrer que notre vie ne passe pas pour rien, que si nous vieillissons, eux au moins sont jeunes et nous donnent un peu de leur jeunesse, que lorsque nous achetons un meuble ou une maison, cela ne sera pas jeté aux ordures ou vendu par des inconnus après notre décès, mais que cette trace de notre vie, de nos choix, restera parmi ceux que nous avons mis au monde et qui y seront toujours.
La reconnaissance d'autrui, elle est là pour nous rassurer : nous ne sommes pas le paria sur lequel on crache en passant, ni l'infime avorton dont personne ne pense rien, dont personne ne dit rien, et dont l'existence n'a aucun impact. Dans cette reconnaissance extérieure nous cherchons donc la preuve de l'importance de notre existence.
Nous cherchons donc, pour la plupart d'entre nous, à ressentir au tréfonds de notre être un sentiment de complétude, d'abondance et de satisfaction. Nous désirons nous sentir en sécurité, et pouvoir reposer en paix notre corps et notre cœur. Nous voulons évoluer en liberté dans l'espace comme dans la pensée, et partager nos joies et nos peines en confiance avec nos semblables. Nous voudrions que nos actes quotidiens ne soient pas vains ; que la graine que l'on sème ait un avenir en dehors de notre infime passage terrestre. Nous désirons sentir que notre vie ici et maintenant est importante, autant que celle d'une étoile ou d'un chêne magnifique.
Et bien souvent, au lendemain de nos batailles, qu'on les gagne ou qu'on les perde, on se retrouve assis sur les marches de l'incrédulité, encore instable, encore étonné que tous ces efforts et toutes ces pensées n'aient mené qu'à un renouvellement de la peur et de la frustration.
Il suffirait peut-être de descendre souffle par souffle au lieu où dort la paix.
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mercredi, 11 mars 2015
Nus pieds sur un rêve
Je sais que le désir est une bête insatiable aux tentacules innombrables. Aussi, en premier lieu, j'expurge de mon être l'insatisfaction qui hante et l'envie qui ronge.
Comme en revanche, on peut sans dommage, tisser son rêve comme une toile sur les parois indifférentes de la vie réelle, je songe à ce que pourrait être demain - le prochain aujourd'hui.
Il y aurait une maison pourvue d'un jardin assez grand pour la liberté des chiens, duquel on verrait les innombrables étoiles du tapis de la nuit.
Un fil tendu entre deux arbres pour nos tentatives de marcher sur les airs et de toucher le ciel.
Nos chansons pour saluer l'aube et accueillir le soir.
Une vie de baladins, un campement de fortune sans cesse recommencé, au même endroit.
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mardi, 10 mars 2015
Latitude : ad majorem mundi gloriam
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Quai du RER à Magenta
Paris, 10 mars vers 16h. Quai de RER E - PARIS/Magenta Phot. Sara
"Tout à l'heure, quai du RER à Magenta, des seaux pour recueillir l'eau qui tombe du plafond. Comme dans les vieux châteaux en ruine…"
Une correspondante d'AlmaSoror
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Narcose !
Empires administratifs et politiques, vous êtes morts. Vos fantômes exercent encore leur pouvoir métallique sur nos corps mais nos esprits sont tendus vers l'ailleurs. Vos chaînes sentent sous leurs poids notre peau vibrer d'un autre bonheur, que vous ne connaissez pas. Vous serrez les vis, nous fumons le grand joint de la liberté. Même nos corps échappent à votre puissance nécrosée, quels que soient les outils avec lesquels vous tentez de nous détruire.
Car nous sommes le peuple de l'amour, de la foi, de la liberté.
Entendez-vous ces murmures incessants qui se mêlent aux chants des oiseaux, aux cadences des vagues ? C'est le son magnifique de notre prière, dont vous ne connaissez ni la grammaire spirituelle, ni le lexique divin. Tout ce qui vibre échappe à vos sondes performantes.
Narcose ! Narcose ! Narcose ! Ivresse des profondeurs, aucune machine technique, aucun ordre humain ne pourra jamais décrire tes délires !
Nous sommes ivres de vie et nous échappons à vos organisations. Le monde que vous dirigez est mort. Vous ignorez toute vie réelle, vous en sentez parfois une trace, vous tentez de l'attraper, c'est impossible.
Notre Nouveau Monde est inaccessible à toute personne avide de domination. Il est fermé à tout être n'ayant pas exterminé en lui les miasmes d'hypocrisie.
Empires, votre mort invisible n'empêche pas vos drapeaux de flotter.
Notre peuple libre exerce sa puissance imaginaire à des milliards d'années-lumière de l'air vicié sur lequel vous croyez encore régner.
Ah ! je ris de me voir si libre en ce miroir scintillant d'horizons !
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lundi, 09 mars 2015
Latitude : Fissures
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La gouvernementalité
"Par ce mot de «gouvernementalité», je veux dire trois choses. Par gouvernementalité, j'entends l'ensemble constitué par les institutions, les procédures, analyses et réflexions, les calculs et les tactiques qui permettent d'exercer cette forme bien spécifique, bien que complexe, de pouvoir, qui a pour cible principale la population, pour forme majeure de savoir, l'économie politique, pour instrument technique essentielles les dispositifs de sécurité. Deuxièmement, par «gouvernementalité», j'entends la tendance, la ligne de force qui, dans tout l'Occident, n'a pas cessé de conduire, et depuis fort longtemps, vers la prééminence de ce type de pouvoir qu'on peut appeler le «gouvernement» sur tous les autres : souveraineté, discipline ; ce qui a amené, d'une part, le développement de toute une série d'appareils spécifiques de gouvernement et, d'autre part, le développement de toute une série de savoirs. Enfin, par gouvernementalité, je crois qu'il faudrait entendre le processus ou, plutôt, le résultat du processus par lequel l'État de justice du Moyen Âge, devenu aux XVe et XVIe siècles État administratif, s'est trouvé petit à petit «gouvernementalisé»".
Michel Foucault, dans le cours qu'il donna au Collège de France intitulé : Sécurité, Territoire et Population. Un plus large extrait est accessible par ici.
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La domination intellectuelle en douceur
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dimanche, 08 mars 2015
Dimanche de poussière et de soleil
Il y a quelque chose de muet dans le fait de créer une oeuvre novatrice, qui rend sourd le monde alentour. Sourd à cette naissance divine !
Quand le fond et la forme entrain de surgir n'ont jamais encore été vus, ils ne peuvent être immédiatement reconnus.
Indépendance d'esprit et calme intégral, ou bien, solitude et souffrance déchirantes, sont à disposition inégale du génie en période d'incubation.
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samedi, 07 mars 2015
Minuit
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Midi
Midi : l'heure de la révolution silencieuse. L'heure du partage, l'heure de la transfiguration. L'heure de la mue. Dans quelques minutes, je ne serai définitivement plus celle qui écrit à cet instant. Se dire adieu à soi-même au bord de la transformation intérieure, et oser croire qu'on va saluer un être autre, un autre soi, dans moins d'un quart d'heure.
La renaissance est un mystère.
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vendredi, 06 mars 2015
Orgie d'hypocondrie
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jeudi, 05 mars 2015
Nous demandons aux anges gardiens de se manifester
Marginal, je ne te demande pas qui tu es ni comment tu en es arrivé là, parce que je te ressemble et que j'y ai échappé belle. Entré par la porte de la mouvance festive, te voilà assis sur les marches du centre de première ligne. Tu ne viens pas précisément pour le traitement de substitution aux opiacées, mais pour garder le contact avec certains usagers et bénévoles qui te connaissent ici. Les expressions « petit trafic », « revendeur », « partiellement inséré » ne te concernent pas. Tu n'es rattaché par rien au monde inséré. Or, il y a cinq ans, rien ne te prédisposait à ce décrochage, à cette errance qu'on peut imaginer sans retour. Peu de sanglots authentiques pourraient dire la misère d'une telle épreuve. Ils ne sauraient la transcrire sans témoigner aussi de toute sa richesse. Ce que tu sais, ce que tu vois, ce que tu vis en toi, forme une information humaine et (péri-)urbaine à laquelle peu de gens ont accès. Tu as grandi dans le Vexin, entre deux incertitudes affectives. Tu arpentes Paris sans savoir où aller. Où sont les anges gardiens ?
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mardi, 03 mars 2015
fascisme, non sans beauté...
Fascisme, non sans beauté, de l'architecture des grands ensembles. Le spectre esthétique propose toutes les options de la laideur, mais parfois, l'on y décèle quelque chose qui apaise le regard, des lignes, des blocs, un mode de vie qui nous sauverait de toute angoisse. A moins que cela ne soit qu'une illusion, l'illusion de quelqu'un qui passe en rêvant. Quelqu'un qui ne sait plus quoi faire de ses journées : solitude et chômage peuplent les heures. Tant qu'il y aura des parpaings empilés, se posera comme un dépôt, au fond des âmes vides, la question fondamentale de l'existence de l'individu.
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