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mercredi, 11 mars 2015

Nus pieds sur un rêve

Je sais que le désir est une bête insatiable aux tentacules innombrables. Aussi, en premier lieu, j'expurge de mon être l'insatisfaction qui hante et l'envie qui ronge.

Comme en revanche, on peut sans dommage, tisser son rêve comme une toile sur les parois indifférentes de la vie réelle, je songe à ce que pourrait être demain - le prochain aujourd'hui.

Il y aurait une maison pourvue d'un jardin assez grand pour la liberté des chiens, duquel on verrait les innombrables étoiles du tapis de la nuit.

Un fil tendu entre deux arbres pour nos tentatives de marcher sur les airs et de toucher le ciel.

Nos chansons pour saluer l'aube et accueillir le soir.

Une vie de baladins, un campement de fortune sans cesse recommencé, au même endroit. 

mardi, 10 mars 2015

Latitude : ad majorem mundi gloriam

Quai du RER à Magenta

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Paris, 10 mars vers 16h. Quai de RER E - PARIS/Magenta Phot. Sara

 

"Tout à l'heure, quai du RER à Magenta, des seaux pour recueillir l'eau qui tombe du plafond. Comme dans les vieux châteaux en ruine…"

Une correspondante d'AlmaSoror

Narcose !

Empires administratifs et politiques, vous êtes morts. Vos fantômes exercent encore leur pouvoir métallique sur nos corps mais nos esprits sont tendus vers l'ailleurs. Vos chaînes sentent sous leurs poids notre peau vibrer d'un autre bonheur, que vous ne connaissez pas. Vous serrez les vis, nous fumons le grand joint de la liberté. Même nos corps échappent à votre puissance nécrosée, quels que soient les outils avec lesquels vous tentez de nous détruire. 

Car nous sommes le peuple de l'amour, de la foi, de la liberté. 

Entendez-vous ces murmures incessants qui se mêlent aux chants des oiseaux, aux cadences des vagues ? C'est le son magnifique de notre prière, dont vous ne connaissez ni la grammaire spirituelle, ni le lexique divin. Tout ce qui vibre échappe à vos sondes performantes.

Narcose ! Narcose ! Narcose ! Ivresse des profondeurs, aucune machine technique, aucun ordre humain ne pourra jamais décrire tes délires !

Nous sommes ivres de vie et nous échappons à vos organisations. Le monde que vous dirigez est mort. Vous ignorez toute vie réelle, vous en sentez parfois une trace, vous tentez de l'attraper, c'est impossible. 

Notre Nouveau Monde est inaccessible à toute personne avide de domination. Il est fermé à tout être n'ayant pas exterminé en lui les miasmes d'hypocrisie. 

Empires, votre mort invisible n'empêche pas vos drapeaux de flotter. 

Notre peuple libre exerce sa puissance imaginaire à des milliards d'années-lumière de l'air vicié sur lequel vous croyez encore régner. 

Ah ! je ris de me voir si libre en ce miroir scintillant d'horizons !

lundi, 09 mars 2015

Latitude : Fissures

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La gouvernementalité

"Par ce mot de «gouvernementalité», je veux dire trois choses. Par gouvernementalité, j'entends l'ensemble constitué par les institutions, les procédures, analyses et réflexions, les calculs et les tactiques qui permettent d'exercer cette forme bien spécifique, bien que complexe, de pouvoir, qui a pour cible principale la population, pour forme majeure de savoir, l'économie politique, pour instrument technique essentielles les dispositifs de sécurité. Deuxièmement, par «gouvernementalité», j'entends la tendance, la ligne de force qui, dans tout l'Occident, n'a pas cessé de conduire, et depuis fort longtemps, vers la prééminence de ce type de pouvoir qu'on peut appeler le «gouvernement» sur tous les autres : souveraineté, discipline ; ce qui a amené, d'une part, le développement de toute une série d'appareils spécifiques de gouvernement et, d'autre part, le développement de toute une série de savoirs. Enfin, par gouvernementalité, je crois qu'il faudrait entendre le processus ou, plutôt, le résultat du processus par lequel l'État de justice du Moyen Âge, devenu aux XVe et XVIe siècles État administratif, s'est trouvé petit à petit «gouvernementalisé»".

Michel Foucault, dans le cours qu'il donna au Collège de France intitulé : Sécurité, Territoire et Population. Un plus large extrait est accessible par ici.

 

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dimanche, 08 mars 2015

Dimanche de poussière et de soleil

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Il y a quelque chose de muet dans le fait de créer une oeuvre novatrice, qui rend sourd le monde alentour. Sourd à cette naissance divine !

Quand le fond et la forme entrain de surgir n'ont jamais encore été vus, ils ne peuvent être immédiatement reconnus. 

Indépendance d'esprit et calme intégral, ou bien, solitude et souffrance déchirantes, sont à disposition inégale du génie en période d'incubation. 

samedi, 07 mars 2015

Minuit

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Ce serait si simple de s'endormir pour la dernière fois. Mais tant que le coeur bat, les yeux s'ouvrent, tant que les yeux s'ouvrent, l'angoisse suinte, tant que l'angoisse suinte, la quête continue, tant que la quête continue, l'espérance demeure, tant que l'espérance demeure, le coeur bat. 

Midi

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Midi : l'heure de la révolution silencieuse. L'heure du partage, l'heure de la transfiguration. L'heure de la mue. Dans quelques minutes, je ne serai définitivement plus celle qui écrit à cet instant. Se dire adieu à soi-même au bord de la transformation intérieure, et oser croire qu'on va saluer un être autre, un autre soi, dans moins d'un quart d'heure. 

La renaissance est un mystère. 

vendredi, 06 mars 2015

Orgie d'hypocondrie

Poursuivre :

La première minute

La seconde minute

La troisième minute

La quatrième minute

La cinquième minute

jeudi, 05 mars 2015

Nous demandons aux anges gardiens de se manifester

 

Marginal, je ne te demande pas qui tu es ni comment tu en es arrivé là, parce que je te ressemble et que j'y ai échappé belle. Entré par la porte de la mouvance festive, te voilà assis sur les marches du centre de première ligne. Tu ne viens pas précisément pour le traitement de substitution aux opiacées, mais pour garder le contact avec certains usagers et bénévoles qui te connaissent ici. Les expressions « petit trafic », « revendeur », « partiellement inséré » ne te concernent pas. Tu n'es rattaché par rien au monde inséré. Or, il y a cinq ans, rien ne te prédisposait à ce décrochage, à cette errance qu'on peut imaginer sans retour. Peu de sanglots authentiques pourraient dire la misère d'une telle épreuve. Ils ne sauraient la transcrire sans témoigner aussi de toute sa richesse. Ce que tu sais, ce que tu vois, ce que tu vis en toi, forme une information humaine et (péri-)urbaine à laquelle peu de gens ont accès. Tu as grandi dans le Vexin, entre deux incertitudes affectives. Tu arpentes Paris sans savoir où aller. Où sont les anges gardiens ?

 

mardi, 03 mars 2015

fascisme, non sans beauté...

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Fascisme, non sans beauté, de l'architecture des grands ensembles. Le spectre esthétique propose toutes les options de la laideur, mais parfois, l'on y décèle quelque chose qui apaise le regard, des lignes, des blocs, un mode de vie qui nous sauverait de toute angoisse. A moins que cela ne soit qu'une illusion, l'illusion de quelqu'un qui passe en rêvant. Quelqu'un qui ne sait plus quoi faire de ses journées : solitude et chômage peuplent les heures. Tant qu'il y aura des parpaings empilés, se posera comme un dépôt, au fond des âmes vides, la question fondamentale de l'existence de l'individu.

dimanche, 01 mars 2015

Le choléra de 1832 à Paris

Nous reproduisons ci-dessous un fragment d'un chapitre du livre de Louis Chevalier, historien natif de l'Aiguillon-sur-Mer, Classes laborieuses et classes dangereuses, publié en 1958, dans cette belle collection dirigée par Philippe Ariès, Civilisation d'hiver et d'aujourd'hui, qui vit fleurir les œuvres de Michel Foucault, de Victor-Lucien Tapié, de Louis Chevalier et de Philippe Ariès lui-même.

On y découvre à quel point Paris a changé : les quartiers alors pauvres, vus comme infréquentables, sont aujourd'hui huppés et proprets. Mais ce que l'on ne trouve point modifié, c'est la frontière invisible et pourtant implacable que créée l'argent. Ni la Révolution, ni la République, avec leurs grands discours et leurs crimes "justifiés", n'ont aboli cette frontière. Parfois, elles l'ont même rendue encore plus efficace en niant son existence.

Mortalité cholérique et mortalité normale

Catastrophe exceptionnelle, sans doute, que ce choléra de 1832 qui succédait à une longue période, pendant laquelle on pouvait croire que de tels fléaux s'étaient à jamais évanouis. "Les grandes mortalités sont devenues rares", écrivait un peu vite le statisticien de la ville, présentant, en 1823, le deuxième tome des Recherches statistiques concernant Paris. Comment ne pas voir plutôt en cette mortalité exceptionnelle une forme exaspérée de la mortalité normale, une solennelle et monstrueuse expérience, plus lisible et plus incontestable, de cette quotidienne mortalité ? Pour l'une et l'autre, les causes véritables sont les mêmes. Non ce microbe, monté de proche en proche des bouches du Gange, mais cette vieille misère accumulée, cet ancien fond de sous-alimentation, de fatigue et d'usure : terrain de choix, et à tous moments, pour la plus forte mortalité des plus misérables ; favorable aussi, mais accessoirement et secondairement, à une épidémie dont il faut bien reconnaître qu'elle est restée sans prise sur les régions de France, même urbaines, où la misère et, en même temps qu'elle, la mortalité normale étaient le plus faible.

La ressemblance va plus loin : jusque dans une même inégalité des pertes qu'elles infligent l'une et l'autre aux groupes sociaux. La seule différence est que, le chiffre des décès cholériques étant plus élevé, la répartition par classe, en 1832, est plus nette et qu'il est possible d'aller jusqu'à ces catégories infimes qui, dans les statistiques de mortalité normale, n'apparaissent pas : non plus seulement aux bourgeois et au peuple, mais parmi eux, aux groupes professionnels, avec leurs niveaux de vie et leurs genres de vie, leur condition matérielle et morale, leurs travaux, leurs gains, leurs plaisirs, leurs passions ; non plus seulement aux arrondissements et aux quartiers, décrits en fonction de leur population prédominante, bourgeoise ou ouvrière, mais aux rues et aux logements, observés avec leurs caractères variés d'ensoleillement, de ventilation, d'humidité, de propreté. Toute une répartition sociale se lit en cette répartition de la mortalité : rentiers, petits patrons, travailleurs en atelier ou en chambre, travailleurs en plein air, travailleurs du fleuve, et même ces catégories inférieures ou considérées comme telles, journaliers, porteurs d'eau, chiffonniers enfin, chargés des déchets de la ville et du dégoût de tous. Tout un paysage urbain aussi, dans un grand détail de rues et d'impasses, dans une minutieuse classification qui n'est qu'une reproduction de la nomenclature des décès.

L'épidémie est une première et incontestable expérience de l'inégalité sociale, pour le statisticien de la ville qui fait, de l'inégalité devant la mort, une découverte dont nous décrirons les phases : mais elle l'est aussi, et immédiatement, pour les habitants de la ville, et d’abord pour les plus infimes et les plus férocement frappés par le mal. C'est à juste titre que Jules Janin évoque, en pleine épidémie, cette "peste d'une populace qui se meurt seule et la première, donnant par sa mort un démenti formidable et sanglant aux doctrines d'égalité dont on l'a amusée depuis un demi-siècle". Démenti, par l'apparition du fléau dans les quartiers les plus pauvres : sont tout d'abord atteints, le 13 février 1832, un portier de la rue des Lombards, puis une petite fille de la rue du Haut-Moulin, dans le quartier de la Cité, puis une marchande ambulante de la rue des jardins-Saint-Paul, puis un marchand d'oeufs de la rue de la Mortellerie. Démenti, par les cynique commentaires de la presse bourgeoise : "Le choléra-morbus est dans nos murs, écrit le Journal des Débats, le 28 mars. Hier, un homme est mort dans la rue Mazarine. Aujourd'hui, neuf personnes ont été portées à l'Hôtel-Dieu, dont quatre déjà sont mortes. Tous les hommes atteints de ce mal épidémique, mais qu'on ne croit pas contagieux, appartiennent à la classe du peuple. Ce sont des cordonniers, des ouvriers qui travaillent à la fabrication des couvertures de laine. Ils habitent les rues sales et étroites de la Cité et du quartier Notre-Dame".

Louis Chevalier, IN Classes laborieuses et Classes dangereuses

 

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Caste, classe : le théâtre de la distinction sociale

Où étaient les enfants ?

L'échec social et la mort

La mort et les matérialistes

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Au matin parisien du 4 juillet 2014

Visages hâves des parisiens des bas-fonds...

Pensées d'une fenêtre

Extase

Balzac et un verre de Marsannay

Souviens-toi de l'été dernier

La marée orange

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La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s’entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d’alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d’indulgence
À la croire toute nue.

Les guêpes fleurissent vert
L’aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.

Paul Eluard, L’amour la poésie, 1929

samedi, 28 février 2015

Souvenir d'un rêve

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