Saint Bonaventure et la progression des oeuvres du Christ (vendredi, 27 mars 2015)

Extrait d'une catéchèse de Benoît XVI, aujourd'hui pape émérite, sur Saint Bonaventure. Cette conférence date de 2010 et l'on peut la lire en entier sur le site des frères mineurs capucins de Provence. 

 

"1. Saint Bonaventure repousse l’idée du rythme trinitaire de l’histoire. Dieu est un pour toute l’histoire et il ne se divise pas en trois divinités. En conséquence, l’histoire est une, même si elle est un chemin et - selon saint Bonaventure - un chemin de progrès.

2. Jésus Christ est la dernière parole de Dieu - en Lui Dieu a tout dit, se donnant et se disant lui-même. Plus que lui-même, Dieu ne peut pas dire, ni donner. L’Esprit Saint est l’Esprit du Père et du Fils. Le Seigneur dit de l’Esprit Saint : "...il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit" (Jn 14, 26) ; "il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître" (Jn 16, 15). Il n’y a donc pas un autre Évangile, il n’y a pas une autre Église à attendre. L’Ordre de saint François doit donc lui aussi s’insérer dans cette Église, dans sa foi, dans son organisation hiérarchique.

3. Cela ne signifie pas que l’Église soit immobile, fixée dans le passé et qu’il ne puisse pas y avoir de nouveauté dans celle-ci. "Opera Christi non deficiunt, sed proficiunt", les œuvres du Christ ne reculent pas, ne disparaissent pas, mais elles progressent", dit le saint dans la lettre De tribus quaestionibus. Ainsi, saint Bonaventure formule explicitement l’idée du progrès, et cela est une nouveauté par rapport aux Pères de l’Église et à une grande partie de ses contemporains. Pour saint Bonaventure, le Christ n’est plus, comme il l’avait été pour les Pères de l’Eglise, la fin, mais le centre de l’histoire ; avec le Christ, l’histoire ne finit pas, mais une nouvelle période commence. Une autre conséquence est la suivante : jusqu’à ce moment dominait l’idée que les Pères de l’Église avaient été le sommet absolu de la théologie ; toutes les générations suivantes ne pouvaient être que leurs disciples. Saint Bonaventure reconnaît lui aussi les Pères comme des maîtres pour toujours, mais le phénomène de saint François lui donne la certitude que la richesse de la parole du Christ est intarissable et que chez les nouvelles générations aussi peuvent apparaître de nouvelles lumières. Le caractère unique du Christ garantit également des nouveautés et un renouveau pour toutes les périodes de l’histoire".

Benoît XVI, extrait de la deuxième catéchèse sur Saint Bonaventure (10 mars 2010)

 

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