mercredi, 08 avril 2015
Pourquoi écrire ?
« Pourquoi écrire ? Eh bien, parce qu’il faut que l’arbre donne ses fruits, que le soleil luise, que la colombe s’accouple à la colombe, que l’eau se donne à la mer, et que la terre donne ses richesses aux racines de l’arbre.
....
Et j'écris alors non pas comme un Blanc, ni comme quelqu'un asservi à une doctrine, mais comme un individu. Et mon message est valable, puisque je puise de mon propre fonds. Je ne prends rien de personne. Et mon originalité est une nourriture, parce qu'elle suscite en d'autres le désir d'être original, distinct, authentique, personnel sans être individualiste-pur.
....
Pourquoi écrire ? Mais afin de se donner. Et le don enrichit. Cette "richesse" grandit la personnalité. Et l’on monte. Où ? En soi-même. J’ai nommé la délivrance. Il n’y a pas d’autre forme de libération. »
Malcolm de Chazal, Pourquoi écrire ? IN Le Mauricien, 14 octobre 1961
Nous étions déjà devenus fous avec Malcolm de Chazal :
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mardi, 07 avril 2015
La loi sur le renseignement expliquée aux parents, par JB Favre
Tout ce que vous voulez savoir sur le projet de loi sur le renseignement sans oser le demander ? Jean Baptiste Favre vous l'explique avec élégance et clarté dans un article intitulé :
La loi renseignement expliquée à mes parents
Au long de ce texte, Jean Baptiste Favre ne perd jamais les deux points de vue de la loi : la considération juridique et philosophique, et l'aspect technique, à quoi il ajoute un point de vue intéressant sur la question (inter)nationale du renseignement.
En voici le sommaire :
La loi renseignement expliquée à mes parents
Il était une fois la démocratie
Du renseignement dans une démocratie
Le dérapage
La Loi Renseignement
Légaliser l'illégal
Élargir le champ d'action des services
L'auto-contrôle de l'exécutif
Possibilités de recours
Les techniques de renseignement
Sonorisation du domicile et géo-localisation
Identification et interception des téléphones mobiles
Interception de communications Internet
Rétention des données
De l'efficacité de la loi
Pour finir
"Mes parents adorent Internet. Ils trouvent ça génial.
Mais ils ne le comprennent pas. Du tout…
Non parce qu’ils ne veulent pas le comprendre, juste parce que… ça les dépasse, de très loin.
Du coup, pour leur expliquer la Loi Renseignement et notamment son volet Internet, je suis bien embêté. Y a des trucs techniques dedans, très techniques. Pourtant, les enjeux sont tout sauf techniques.
Et tant mieux au final.
Tant mieux parce que cela rend le texte abordable au plus grand nombre, ou presque. Reste qu’il faut l’expliquer, encore et toujours.
Inlassablement.
Pour que les gens comprennent et réfléchissent… ou pas".
La suite se lit et se relit par ici...
On peut suivre l'auteur sur twitter : JB Favre
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Présence
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lundi, 06 avril 2015
La tolérance est répression
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dimanche, 05 avril 2015
Au contre-fil des mois
Aujourd'hui, offrons-nous un petit voyage dans le temps almasororien, en extrayant de la nasse d'articles un billet de chaque mois de son existence.
2015
Mars : Blue note, Ô lumière de la vieillesse
Février : Le fils de Dieu, l'horloge et l'église
Janvier : Clair-obscur à Alma-Ata
2014
Décembre : La sonate du remords
Novembre : La rencontre du car
Octobre : La roseraie d'Aztlan
Septembre : La vie répétitive
Août : Lu dans les toilettes d'un bar à la station Robespierre à Montreuil
Juillet : Le dernier iftar
Juin : Le ménage moderne
Mai : Dolores, terrae incognitae
Avril : Charte du Mandé, discours de Seattle, pièce de la mort d'Athahualpa
Mars : Liberté d'expression et bienséance sociale
Février : Pink n'est pas punk
Janvier :18 juillet 1573 : Véronèse comparaît devant la Sainte Inquisition
2013
Décembre : Du victimat
Novembre : Sans Domicile Fixe
Octobre : Une enfance littéraire française I et une enfance littéraire française II
Septembre : Profession : auteur
Août : Militants radicaux des deux extrémités
Juillet : Qui a peur des hamacs ?
Juin : Le temps, l'ennui, la mort
Mai : Un dimanche à Avila
Avril : Lorenzo
Mars : Ta demeure
Février : Ouverture de l'Histoire de l'Afrique Noire, de Ki-Zerbo
Janvier : Ces bêtes qu'on abat : une coche assoiffée
2012
Décembre : Position délictuelle
Novembre : Peine de coeur
Octobre : Les poussins refusés
Septembre : L'abbé Suger, maître de l'an 3000
Août : Florent Schmitt, l'éclat de votre musique nous fascine
Juillet : Le journal télévisé d'AlmaSoror
Juin : Pleines de grâce
Mai : John-Antoine Nau et Jean de La Ville de Mirmont : écritures dont la révélation viendra
Avril : La matière du rêve
Mars : Musiques de notre monde
Février : Le dernier rêve
Janvier : L'enfance, la civilisation et le monde sauvage
2011
Décembre : Épuration
Novembre : La solitude des champs de blogs II
Octobre : Beauté des affiches politiques
Septembre : Automnal andantino
Août : Un train ; deux mondes
Juillet : La bêtise et le mépris
Mai : Vieilles fringues, vieux clodos
Avril : La traque
Mars : Le désillusionné
Février : L'analyse comptable des rêves
Janvier : Dictionnaire de la délivrance psychique : "autoproclamé"
2010
Décembre : Le ministère de la justice et des libertés
Novembre : À quai, de Sara
Octobre : Dictionnaire de la délivrance psychique : "dérapage"
Septembre : Le catalogue éditorial d'Allia
Août : Soliloques de l'errance
Juillet : L'excommunication des insectes
Juin : La croix du Sud
Mai : Fin d'un amour, rue de Bourgogne à Paris
Avril : Hétérosapiens. Amour, sexe, filiation et liberté
Mars : Lettre d'amour de gauche
Février : Un problème variationnel
Janvier : Jules Vallès, un saisissant portrait par René Lalou
2009
Décembre : Commentaire de Mirimonde sur une vanité
Novembre : L'eau de vie de pomme (et les archives d'AlmaSoror)
Octobre : Rock antispéciste
Septembre : La formation de la société européenne
Août : La ville de perdition
Juillet : Liberté, égalité : au-delà du pride et du phobe
Juin : Le salariat : une aliénation en contradiction avec l'humanisme
Mai : La langue peut-elle être officielle ?
Avril : Libérer l'anima
Mars : SOS virtuel
Février : Sur Lucrèce
Janvier : Une marche humaine
2008
Décembre : 1007-2007 : la fortune d'un mot
Novembre : Mélange de paternités
Octobre : AlmaSoror s'embloguise
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samedi, 04 avril 2015
L'incessant son motorisé
Ce son effrayant des voitures, le connaîtrai-je toute ma vie ? Avec l'apparition d'Internet, des téléphones portables, j'ai connu déjà des révolutions. Vivrai-je un jour dans un monde où toutes ces routes qui défigurent le paysage seront devenues de belles promenades plantées, le long desquelles passe parfois un tramway silencieux ? Nous regretterons alors ces nuits à glisser sur le bitume dans la lumière des phares, nous oublierons à quel point le monde était déchiqueté, à quel point les enfants n'étaient pas libres de leurs mouvements, à quel point « ne pas se faire écraser », trouver « un passage pour piétons » faisaient partie de notre vie quotidienne, et gâchaient la possibilité des balades. J'attends avec impatience ce monde sans voiture. Il y aura beaucoup plus d'arbres, beaucoup plus de vie sur les « routes », qui ne seront plus des couloirs de béton, mais des chemins de fortune.
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vendredi, 03 avril 2015
R.I.P. au fond du couloir
Latitude : la trace photographiée des jours qui passent, dans une vie que j'aurais voulu autre et que je veux même, à mi-chemin entre le songe et la chair, le concret et le virtuel, le temps présent et la fuite.
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Dialogue des marcheuses
Es-tu le rayon qui jaillit du trône du juge éternel
Et fait irruption dans la nuit de l'âme,
Qui jamais ne se connut elle-même ?
Sainte Edith Stein
- Les gens sont blessés à mort.
- C'est vrai.
- Ils sont blessés à mort par la vie, par leur enfance. Par la sortie de l'enfance.
- C'est vrai.
- Ne te pose pas de questions. Il y a de la marge avant de sombrer. Navigue à vue, en sachant que le soir viendra vite, et qu'avant la nuit, tout sera terminé.
- C'est vrai ?
- La vie passe comme une ombre. Aujourd'hui, ta fougue. Demain, tes rides. Souris aux plaisirs du jour et repose ton coeur dans les ténèbres. La liberté est au coeur de l'instant.
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mercredi, 01 avril 2015
La salutation au soleil
Voix intimes hantant les mémoires des êtres à la tombée du soir ; poussière dansant dans les obliques rayons de lumière ; dernière fête des couleurs avant l'avancée de la nuit. Tu ne milites plus dans une association de rebelles pour abolir le capitalisme : tu l'abolis dans ton cœur pour éteindre tout désir consumériste. Tu cultives la joie de l'instant et le contentement de toutes choses, puisque l'insatisfaction est le moteur de l'achat, tandis que la tranquille paix du cœur t'en détourne.
Qui est ce chien, qui passe, au fond de la rue ?
Je coexiste avec toi, je m'assois au bord de la route et je ne sais pas s'il fait frais ou chaud, je me demande quels sont mes meilleurs souvenirs. Une chienne et sa complicité tendre sur une prairie en pente devant un étang du bocage, ou sur les marches d'un perron dans une capitale. Des jours entiers à méditer les cours de Nicolas Opritescu pour le CNED et à écouter de la musique en regardant par la fenêtre les toits de la rue Daguerre et des rues avoisinantes. Des cigarettes allumées dans des cafés en écrivant et lisant des poèmes, dans tous les quartiers de Paris, et un weekend au milieu des collines du Var, entre un chai, une piscine et le chemin de la rivière.
MONEYWOMAN, tu me ressembles. Presque une sœur. Une alter-ego.
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Jour sans substance
Albertine Sarrazin a encore ses lecteurs qui lisent L'Astragale ou La cavale en écoutant du son binaural à côté d'une fenêtre par laquelle on voit passer des voitures. Ce n'est pas une certitude, non, juste une intuition.
Il ne faut pas avoir peur de se rendre où nos intuitions nous portent. Ou bien il faut en avoir peur et suivre quand même le chemin entrevu.
Ou bien simplement faire une promenade en oubliant tout ce qui peut nuire gravement à la santé artistique.
Ce peut être Albertine, ou une autre, qui nous sauve de l'ivresse blanche par un jour sans substance comme celui-ci.
Other voices, other rooms :
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mardi, 31 mars 2015
Quand surgit l'éclat
"Le siècle où une institution apparaît au grand jour, brillante, puissante, maîtresse, n'est presque jamais celui où elle s'est formée et où elle a pris sa force. Les causes auxquelles elle doit sa naissance, les circonstances où elle a puisé sa vigueur et sa sève, appartiennent souvent à un siècle fort intérieure". Ainsi parle l'historien du XIX°siècle, Numa Fustel de Coulanges, dans son ouvrage consacré à la Gaule romaine.
Il en va de même pour les familles, les pays, et toute sorte d'entité dont l'éclat surgit soudain et inonde les contemporains. Hier, alors qu'elle était en gestation, personne ne se doutait de son existence. Demain, cette entité ne sera plus qu'un souvenir.
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dimanche, 29 mars 2015
In memoriam CARGO BLOG
Je regrette profondément le blog de cet homme. Ses photographies et images lui donnaient une beauté visuelle époustouflante et miraculeuse. Les textes touchaient beaucoup de gens et semblaient capable d'effectuer la grande traversée du temps. Une pensée haute, puissante, revigorante rafraîchissait mes esprits encroûtés par les miasmes mentaux quotidiens, et le rythme du blog (par le rythme, je parle à la fois de la cadence des publications, du tempo stylistique de l'écriture et de l'ergonomie qui nous aidait à naviguer entre les billets), me nourrissait agréablement, semaine après semaine. Il dégageait de ces textes, des ces images, de ces pensées, de ces rêves, une élégance universelle, intemporelle, ainsi qu'une liberté intégrale qui fascinait le visiteur occasionnel. Un pétillement de vie, d'intelligence, d'interrogations profondes, tout en finesse et en délicatesse, lui conférait un charme insaisissable, une séduction piquante, tandis que sa consistance culturelle, artistique, scientifique et politique nous donnait l'impression qu'il est encore possible de comprendre le monde dans son entièreté et sa vastitude. L'humour qui perçait n'atténuait pas les émotions pures que contenait le propos. J'y allais cueillir de nouvelles manière de voir, de penser, de créer, admirative de cette honnêteté intellectuelle équanime qui planait dans l'espace des phrases. Plutôt que de me contenter de suivre chronologiquement la publication des billets, je parcourais souvent le blog en sens inverse, ou au hasard de ses archives, découvrant ça et là des audaces qui forçaient mon admiration, ou bien une retenue, une sensibilité, une intensité qui allumaient mes imaginations. C'était un blog simple d'accès ; on ne s'y sentait pas étranger, de quelque milieu culturel que l'on était issu, c'était tout simplement chaleureux de se détendre et de s'instruire dans son ambiance chaleureuse, accueillante – et même enivrante.
Lorsqu'il a disparu, je me suis sentie abandonnée. J'avais l'impression d'apprendre la mort possible d'un être dont j'ignorais tout, et l'engloutissement de son œuvre dans le trou noir de l'oubli. Etait-je la seule veuve de CARGO ? Je ne me souviens même plus de l'hébergeur du blog, je me souviens juste de mon incompréhension, de ma peine, et de mon envie de créer à mon tour un blog, une succursale de la maison mère disparue, et par avance, je m'excuse auprès de ceux qui ont connu CARGO d'oser relier l'indigne AlmaSoror à la mémoire de sa magnificence.
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samedi, 28 mars 2015
Port de brume : nous ne sommes pas des oiseaux migrateurs
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vendredi, 27 mars 2015
Saint Bonaventure et la progression des oeuvres du Christ
Extrait d'une catéchèse de Benoît XVI, aujourd'hui pape émérite, sur Saint Bonaventure. Cette conférence date de 2010 et l'on peut la lire en entier sur le site des frères mineurs capucins de Provence.
"1. Saint Bonaventure repousse l’idée du rythme trinitaire de l’histoire. Dieu est un pour toute l’histoire et il ne se divise pas en trois divinités. En conséquence, l’histoire est une, même si elle est un chemin et - selon saint Bonaventure - un chemin de progrès.
2. Jésus Christ est la dernière parole de Dieu - en Lui Dieu a tout dit, se donnant et se disant lui-même. Plus que lui-même, Dieu ne peut pas dire, ni donner. L’Esprit Saint est l’Esprit du Père et du Fils. Le Seigneur dit de l’Esprit Saint : "...il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit" (Jn 14, 26) ; "il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître" (Jn 16, 15). Il n’y a donc pas un autre Évangile, il n’y a pas une autre Église à attendre. L’Ordre de saint François doit donc lui aussi s’insérer dans cette Église, dans sa foi, dans son organisation hiérarchique.
3. Cela ne signifie pas que l’Église soit immobile, fixée dans le passé et qu’il ne puisse pas y avoir de nouveauté dans celle-ci. "Opera Christi non deficiunt, sed proficiunt", les œuvres du Christ ne reculent pas, ne disparaissent pas, mais elles progressent", dit le saint dans la lettre De tribus quaestionibus. Ainsi, saint Bonaventure formule explicitement l’idée du progrès, et cela est une nouveauté par rapport aux Pères de l’Église et à une grande partie de ses contemporains. Pour saint Bonaventure, le Christ n’est plus, comme il l’avait été pour les Pères de l’Eglise, la fin, mais le centre de l’histoire ; avec le Christ, l’histoire ne finit pas, mais une nouvelle période commence. Une autre conséquence est la suivante : jusqu’à ce moment dominait l’idée que les Pères de l’Église avaient été le sommet absolu de la théologie ; toutes les générations suivantes ne pouvaient être que leurs disciples. Saint Bonaventure reconnaît lui aussi les Pères comme des maîtres pour toujours, mais le phénomène de saint François lui donne la certitude que la richesse de la parole du Christ est intarissable et que chez les nouvelles générations aussi peuvent apparaître de nouvelles lumières. Le caractère unique du Christ garantit également des nouveautés et un renouveau pour toutes les périodes de l’histoire".
Benoît XVI, extrait de la deuxième catéchèse sur Saint Bonaventure (10 mars 2010)
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jeudi, 26 mars 2015
Maestro
Vivre heureux sans personne ne le sache ? Avoir l'air très heureux et que personne ne se doute du délabrement intérieur ? Quoi qu'il en soit, dans la lourde grisaille qui nous entoure, dans la monotonie des jours de devoir et des nuits de récupération, tu rayonnes comme un astre. Planent sur ton quotidien la musique la plus raffinée - avec tant d'aisance -, et la nature la plus sauvage : dans les vagues d'eau et de neige, tu enfonces ton corps et ceux qui te regardent envie ce bonheur. La route te connaît, toi qui parcours le monde, accueilli par tes admirateurs et tes amis tout aussi doués et chaleureux que toi. La ville n'a pas de secrets pour toi – ni ses ruelles sombres des samedis soirs impérieux, ni ses brasseries cossues des places d'Armes où déjeunent quelquefois les ministres et les grands avocats. Tu connais, je le sais, la saveur des regards de velours, la joie de la liberté des jours sans chaînes. Les rencontres se suivent et les espaces de silence ne les rendent que plus chargées de sens. L'attente aussi, tu la connais, elle t'a rendu sage, trop sage pour que l'orgueil d'être ce que tu es ne t'emporte au-delà de la décence. Une belle paresse t'enveloppe quelquefois : cela dure trois ou quatre heures, seulement. Soudain tu te lèves et la création à nouveau s'empare de toi, chasseur devant qui les proies viennent succomber par amour. Les hommes libres et l'écriture t'attirent et te font peut-être un peu peur. Tu joues avec ces deux mystères qui tournent autour de toi.
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