Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 04 janvier 2016

Bon an mal an, le bel an nous attend

20160104_153537.jpg

L'enfant de l'hôpital Necker ou le militant sous surveillance, l'amant délaissé ou le frère plongé dans le silence, l'ami de la beauté qui pleure au milieu des lotissements, l'animal attaché qu'on ne regarde pas, le rêveur qui n'ouvre pas la lettre de la banque, l'ami qu'on ne rappelle pas ;

Au fond du miroir, les yeux qui se teintent de gris, dans l’hémicycle les droits qui se bradent à grands cris, sur la terre toutes ces vies qui naissent et se forment doucement ;

je t'aime, je vous aime, et je corrigerai les écarts de mon cœur en observant mieux les étoiles et les sourires.

MMXVI

lundi, 28 décembre 2015

Trêve de lectures

hélène hoppenot, dominique hoppenot, marguerite hoppenot, le violon intérieur, henri hoppenot, benoît rittaud, la peur exponentielle, centre de formation agricole de beaune, saint-hubert, patron de chasse, légende de saint-hubert, jésus christ, juge, prétoire, honneur, marguerite yourcenar, archives du Nord, souvenirs pieux, l'identité de la france, fernand braudel, massif central, france, civilisations

Puisque c'est la trêve des confiseurs, je partage mes dernières lectures : le premier tome de L'identité de la France, de Fernand Braudel, paru dans les années 1980. J'en retiens cette idée que le massif central est le point d'équilibre d'une France complètement diverse, et participe ainsi à son unité, d'autant qu'il en est sorti une très grande immigration vers les quatre coins de l'Hexagone. J'en retiens encore qu'à divers degré (organisation de la famille, modes de culture, langues) la France contient sur son territoire plusieurs civilisations, qui se sont unies par le joug de l’État, dans la douleur, et irriguent encore nos joies et nos rancœurs internes.

J'ai terminé les Souvenirs pieux de Marguerite Yourcenar, et malgré mon admiration pour la hauteur de vue et le maniement de notre langue de cette femme, je lui trouve un ton faux dans ce triptyque qu'elle a consacré à sa famille (Archives du Nord ; Souvenirs pieux ; je n'ai pas encore lu Quoi ? L'éternité). Ici, cette hauteur que j'admire ailleurs est forcée, et sa manière de nous démontrer à chaque page qu'elle méprise le mode de vie des grandes familles wallonne et flamande ressemble à un aveu de fierté mal dissimulé. Elle redevient la grande Yourcenar quand elle nous donne une belle phrase sur Saint-Hubert, originaire de la région de Liège : « Nous sommes au pays de Saint Hubert, mais le tueur qui se convertit pour avoir vu s'avancer vers lui le cerf en larmes, portant entre ses bois Jésus crucifié, est devenu, par un renversement dont nul ne sent l'ironie, le patron des chasseurs et de leurs équipages, un peu comme le crucifix prit place au prétoire du côté des juges ».

J'ai dévoré le deuxième tome du Journal de Hélène Hoppenot, la femme du diplomate Henri Hoppenot. Le journal de cette épouse de diplomate nous emporte à Pékin, dans le quartier des légations si prestigieux, sorte de paradis terrestre des ambassadeurs à une époque bien révolue. Nous rentrons en France avec elle, et nous voyons avec horreur et impuissance monter la seconde guerre mondiale (1939-45), en pleine incurie des élites européennes. Les résonances à nos temps d'aujourd'hui éclatent à chaque page malheureusement. Sara entendant ce nom se souvint d'un mouvement de femmes catholiques de la bourgeoisie de « madame Hoppenot ». Cela ne peut être Hélène Hoppenot, athée et peu cléricophile, mais en me renseignant je constate qu'il s'agit de sa belle-soeur Marguerite, mentionnée dans le Journal, et que cette Marguerite est la mère de Dominique Hoppenot, l'auteur du Violon intérieur, bel ouvrage consacré à la défense d'un apprentissage du violon délivré de sadisme, où l'exigence n'est plus synonyme de contrainte.

Je lis lentement, très lentement, La peur exponentielle de Benoît Rittaud, un livre intéressant sur l'entremêlement de la mathématique et de la société, qui me met face aux limites de mon esprit. J'ai du mal à comprendre ce qu'il dit, je sens bien que les phrases glissent sur ma caboche, et que ce n'est pas de son fait, mais du mien. Je me rappelle mon désespoir lors des cours de comptabilité du Centre de Formation Agricole de Beaune. Pourtant adulte, je retenais mes larmes dans la salle de classe en me rendant compte que malgré les efforts de l'enseignante et les miens, je ne parvenais pas à réussir les exercices. Épouvante que vivent bien des « mauvais élèves » et qui peut mener à des souffrances psychiques graves. Quand un grand nombre de matières scolaires sont concernées, et que l'individu ne trouve pas de parade (le sport, un clan amical, une passion vivifiante...), le désespoir est forcément au rendez-vous.

 

 

dimanche, 27 décembre 2015

Le prieur du désert

« Quiconque aspire à la prière véritable et se met en colère ou garde de la rancune fait preuve de démence. II est semblable à un homme qui voudrait avoir la vue perçante et qui s'arracherait les yeux ».

...

« Avec les séculiers les démons luttent en utilisant surtout les choses extérieures. Mais avec les moines, c'est le plus souvent en utilisant les pensées, car il n'y a pas beaucoup de choses extérieures dans la solitude.

Il est plus facile de pécher en pensée qu'en action. Aussi le combat intérieur est plus difficile que celui qui se fait par les choses extérieures. Car l'intelligence est quelque chose qu'il est difficile de retenir sur la pente des imaginations interdites ».

Evagre le Pontique

(345-379)

samedi, 26 décembre 2015

La diète

Je m'en vais dans la musique qui m'emporte ce soir, je m'en vais dans l'Armagnac et dans une autre histoire. Tycho ton hurlement quand nous avions vu les loups derrière le bosquet d'arbres à l'orée de Rämen, c'est tout ce qui me reste de ta voix. Tu dors aujourd'hui sous la neige, sous une croix rigoriste. Autour de moi plus personne qui t'ait connu. Silence et solitude, solitude et absence, le bruit du frigo, du vent dans la cour, pas d'oiseaux, dans le four un gâteau, et la nuit qui descend, et Schubert et Low Rear. L'ours et le loup reviennent dans nos contrées, disent les médias, mais je vis trop loin des forêts pour être dévorée. Ainsi s'effacent année après année les années passées. Demain, mon premier cheveu blanc. Après-demain, l'attente d'une porte, d'un passage. Manger, pourquoi ? Le corps a ses besoins dont la raison se lasse. Boire, parce que cela réchauffe, à chaque gorgée, la trachée. La musique est mon linceul, enveloppée en elle je respire encore. Tycho, à quoi aurait ressemblé notre enfant ? (Son visage imaginaire me hante.)

20151226_195634.jpg

(Décembre en 2014

Décembre en 2013

Décembre en 2012

Décembre en 2011

Décembre en 2010

Décembre en 2009

Décembre en 2008)

lundi, 14 décembre 2015

Adieu skieurs revoilà les siffleurs d'Aas


langage siffle Aas par sibilinguae

vendredi, 11 décembre 2015

L'ombre fantôme

Une ombre s'envole à l'apparition des phares d'une voiture, puis d'une deuxième voiture, tandis que sa silhouette mère demeure plantée dans le mur.

mardi, 01 décembre 2015

L'individu immobile rattrapé par les temps qui courent

C'est un fait que ce soir là, aux Sables d'Olonne, tu dînais d'une mousse de mogettes à la menthe, accompagnée d'un verre de muscadet, rompant avec ta tradition plus hivernale de la soupe aux mogettes, oignons et raisins secs servie avec un Armagnac. C'est un fait que tu te rendis compte soudainement que depuis deux jours tu ne recevais plus de textos de personne. Soudain tu te demandas pourquoi ce silence. C'est un fait que tu voulus te connecter aux sites internet habituels, mais qu'ils fonctionnaient mal, ou qu'une partie de leur contenu avait disparu. Ainsi commença ta solitude, d'abord lente et floue, puis totale et palpable. Dehors, dans la rue, et cela t'apparut subitement, les voitures ne passaient plus sans cesse devant tes fenêtres. Les rares passants entraient et sortaient furtivement des magasins. C'était comme si, tout d'un coup l'homme réel que tu étais se trouvait projeté dans un monde de fantasmes et d'absences. Ou bien, comme si l'homme irréel que tu avais toujours été rencontrait brutalement la réalité.

dimanche, 29 novembre 2015

Le dimanche, l'hiver et la mort

Il faudra bien vivre un dernier hiver. Souffrir du froid une dernière fois. Chercher la chaleur des bougies en haut des escaliers dégradés. Regarder les silhouettes difformes des humains et des voitures longer le ravin où poussent des orties.

Il faudra écrire une dernière phrase. Anodine ou profonde, anodine et profonde peut-être, tant l'essence de la vie épouse la banalité des moments de chaque jour.

Il faudra boire un dernier verre de vin, sans le savoir, peut-être, en croyant encore au lendemain.

La vie est courte, les après-midi sont longues : paradoxe du sentiment humain.

Certains se préparent à la mort. Comme c'est sage. Apprendre à se retirer, à dire Adieu sans se presser ni traînasser, à mettre en ordre son cœur et sa maisonnée pour partir un beau jour sur un chemin d'éternité. Ou, si l'on croit que la mort est la fin de l'être, comme une lampe qui s'éteint définitivement, apprendre à scintiller une dernière fois et à entrer dans le noir sans s'inquiéter.

 

Le dimanche ressemble quelquefois à la mort, dans son absence de vie, dans son silence, dans sa lenteur qui fait croire à la suspension du temps. Le dimanche a ses petits gâteaux de vide, ses thés de rien, ses guirlandes d'ennui, surtout quand il est posé au milieu de l'hiver. J'ai envie parfois de me noyer passionnément au fond de la fascinante déréliction d'un dimanche d'hiver dans une petite ville de province au climat semi-sévère, entre deux arbres morts et des maisons fermées.

 

 

Sur AlmaSoror :

Entre deux sentiments

Encore un adieu

La rencontre du car

vendredi, 27 novembre 2015

Les miettes succulentes du drapeau riant de la France

Quel est le drapeau réel de la France, celui qui survécut, survit et survivra à tous les régimes politiques ? Celui qui fait vibrer les voix de la Gaule et de la Navarre depuis des siècles et des siècles sans discontinuer ?

Pardi !

C'est une belle nappe tâchée de graisse et de vin rouge, ventrediou !

S'il faut agiter du tissu par la fenêtre, que ce soit pour faire pleuvoir des jolies miettes sur les badauds !

Qu'on se le dise !

jeudi, 26 novembre 2015

Harfang

mélancosoir.jpg

Le soir fait tomber la mélancolie sur la petite ville de province. J'ai besoin de retrouver ce tendre rock inuit que nous écoutions en boucle au temps où je conduisais ta voiture. J'avais froid presque tous les soirs. Nous cuisions des pâtes. Nos rêves étaient encore intègres, et malgré la méfiance de ta grand-mère, nous ne nous droguions pas à d'autres substances qu'au rock inuit et aux bières brunes. Il y avait bien la littérature mais je ne sais même plus ce que nous lisions. Des polars au kilo, et tout Victor Hugo dans le désordre des chapitres. Il serait ridicule de dire que nous nous aimions, car aucun de nous ne se connaissait soi-même. Il y avait dans nos mains accrochées la solidarité des épaves qui voguent ensemble sur le flot de l'errance. Et je regrette ces époques encore bleues où l'ignorance ressemblait à l'innocence. Je cherche ton nom sur Internet, je vois que tu vis toujours dans la ville du Nord-Est, je vois que tu es resté fidèle aux chansons venues de terres étranges. Je vois que tu ressembles encore à celui que j'appelais "Harfang".

Sérénade en reggae

20151126_133319.jpg

C'était ce fou qui jouait la sérénade de Schubert en reggae au bord de sa fenêtre au premier étage au-dessus du bar de l'amitié là-bas dans la ville océane où les vagues attiraient les glisseurs du monde entier vagabonds sans chaussures et sans peur de la mort mais moi c'est une étoile qui m'éclaire de nuit comme de jour et loin de ce village sur lequel elle n'avait jamais brillé je me souviens de ma vie d'alors à sa lumière d'aujourd'hui c'est fou c'est vrai ce qu'on change et ce qu'on subit ce qu'on découvre et ce qu'on oublie c'est fou le vent d'hier et le soleil de demain la nuit qui se prolonge le lait les olives et le pain c'est fou l'amour flou comme un paysage à travers la buée d'un train qui file vers l'Ouest c'est doux le souvenir de l'été mais voici que l'automne a bien avancé tellement qu'il est déjà trop entamé pour le saluer les feuilles rousses ont chuté voilà l'hiver qui vient son visage blanc ses sortilèges ses chants d'antan et ses cendres les lendemains de fête en attendant laissez-moi vous écrire un poème oiseaux de passage vous le porterez aux amis du monde entier avec mes mots de chagrin de désir et de paix.

mardi, 24 novembre 2015

Teče, voda, Teče (n'épouse pas ce soldat...)

C'est un chant qui s'écoute par un soir de pluie, quand la nuit tombe trop tôt par la fenêtre. Un chant slovaque qu'écoutait un jeune Français. Il le sifflotait dans les rues de Nantes, il le chantait en prononçant maladroitement les paroles slaves au cours des promenades solitaires entre les arbres des forêts de la Loire-Atlantique. Les corbeaux qui volaient en cercle sur les marais boueux ajoutaient leurs cris à sa voix juvénile, fraîchement muée.

Quelques années après, le jeune homme meurt à la guerre, torturé par des ennemis de son âge, après avoir parachuté sur Dien Bien Phu.

Mais le chant slovaque du soldat français parti mourir en Indochine résonne encore. Une classe d'enfants l'apprend en chœur à Bratislava. Un professeur de violon l'écoute en disque dans un appartement de Prague. Un vieil homme le fredonne à Rio de Janeiro. Je passais l'autre jour à Paris dans la calme rue Milton, et j'entendais au loin quelqu'un qui sifflait. C'était encore Teče, voda, Teče. Les cœurs de ceux qui restent sont des tombes vibrantes.

lundi, 16 novembre 2015

L'énergie du désespoir

Je m'éveille le matin dans la ouateuse lumière blanche de novembre et je décide de ne pas m'étendre sur les événements que j'ai à-demi vécus, que d'autres n'ont pas vécus du tout, que d'autres encore ont tellement vécu qu'ils en sont morts.

Le temps passe sans que je parvienne à l'attraper, à en tirer un peu de sel, un peu de miel.

Je bois un café à 13h58 à côté d'un cactus nommé Challwa et d'un érable bonzaï nommé Tolstoï, la fougère aussi se tient tranquille, dans sa verdure chatoyante, comme un rappel de la lointaine campagne. Par la baie vitrée, les tours alternativement se couvrent d'un duvet d'ombre ou d'éclats de lumière.

Le soleil n'est pas absent de ce jour où se mêlent, dans un cœur physiquement jeune et moralement instable, les douleurs collectives et le naufrage individuel.

Je décide de ne pas commenter cette folie qui consiste à bombarder d'autres villes, dans d'autres pays, au nom des droits de l'homme et de la paix, et à déplorer les meurtres et la peur sur notre ville au nom des droits de l'homme et de la paix. Les poids et les mesures sont à la démesure arbitraire de nos subjectivités moulées par les médias.

J'ai envie de pleurer avec la foule en souriant béatement, j'ai envie de me retirer dans mon austère stratégie de liberté individuelle.

Que pleures-tu, toi qui nous serre les mains avec émotion ? Ton compte bancaire saigné par ton incurie et la conjoncture économique, ou ces traces de sang sous les bouquets de fleurs ?

Les deux, mon colonel de l'armée désarmée. La confusion des peines soulage celui qui se taisait. Un désespoir a ses lueurs s'il contient ne serait-ce qu'une parcelle d'énergie de vivre.

 

Sur AlmaSoror :

Chroniques d'une solitude

Ave imperator ! morituri te salutant

Clair-obscur à Alma-Ata

Les dictatures douces

La ville de perdition

jeudi, 12 novembre 2015

Le gouffre des images

Dans une ville du Sud de l'Europe, les huissiers frappent à sa porte. Il n'ouvre pas. Il prend encore ses médicaments qui lui permettent de survivre. Dessine-t-il ? Prostré durant de longues semaines, il émerge soudainement de la boue de souffrance pour dessiner de fantastiques scènes urbaines et routières sur les feuilles qui lui restent.

Son statut social, médical et administratif est recensé sur quelques pages et nous votons pour savoir si nous devons lui accorder une aide financière, qui l'aidera à tenir quelques semaines de plus.

La réunion prend fin. Je rentre chez moi et je regarde ce qui tourne autour de son nom sur Internet, je sors dans les rues en quête de librairies de bandes dessinées, et mes mains caressent les pages des derniers exemplaires que des libraires exigeants conservent fièrement dans un coin réservé de leur boutique. Le libraire vend les nouveautés des étals pour subsister, mais il conserve ces quelques titres obscurs pour vibrer encore au pouvoir des images.

L'artiste maudit n'est pas mort. Il habite le coin de la rue et il te regarde manger un sandwich en rêvant au goût mélangé du concombre, de l'emmental et du pain.

BD.jpg

mercredi, 11 novembre 2015

Un truc à savoir

(Une méthode infaillible pour deviner ce que sera son avenir : écouter, les yeux fermés, le chœur des pèlerins de Tannhäuser).