Chambres, salons (jeudi, 24 mars 2016)

Je n'aime pas les chambres. Je préfère les salons. Les chambres ont des placards tristes et des chaussures qui traînent, l'intimité y est blanche comme un long dimanche du mois de l'ennui. Les grands lits ressemblent à des pas de portes bien tenus, à des moquettes propres, à des pelouses tondues, tandis qu'au fond des salons, les canapés des alcôves disent la chaleur infusée des secrets. Il y a des tapis rouges dans les salons, des livres en pagaille et les places sont tournantes, jamais réservées. Mais dans les chambres, tout dort sauf l'âme triste au milieu de la nuit. Les livrent mentent sur la table à côté du lit ; chacun sait où est sa place sur l'oreiller.

C'est seulement les jours de fête, quand on dit aux invités d'aller poser leurs manteaux en vrac sur le lit de la chambre au bout du couloir, qu'enfin, dans l'obscurité, la chambre connaît le bonheur fabuleux des fouillis d'amis.

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