La dictature qui n'avait pas de nom (lundi, 20 avril 2015)

Il semblerait que la "dictature douce" qui agit par pressions diffuses ait fait son temps. Nous entrons dans l'ère de la dictature dure, où l'oppression se précise et s'alourdit. La traversée d'une époque trouble s'achève ; l'époque n'est plus trouble comme une eau brouillée, comme un ciel mélangé, mais déglinguée telle une machine devenue folle, que personne n'arrête et qui poursuit son œuvre dérangée, arbitraire, d'une manière imperturbable.

Pour survivre dans les ténèbres et sous les coups, il faut chercher chaque jour un signe de renouveau, une lumière qui appelle, la beauté d'un acte ou d'une scène : la petite espérance glanée du jour fera tenir à  travers la désespérance générale des jours sans fin.

Il n'est pas question de s'enfuir. Nous sommes insérés dans des fichiers et comme l'affirme Ernst Von Salomon, "tout homme dans un fichier est déjà un homme mort". Macrocaméras surveillent nos faits et gestes ; microcaméras, drones et boites noires veillent sans bruit sur nos émotions et pensées, croyant discerner de mauvaises intentions derrière les aspérités de nos respirations.

La Justice relâche les criminels : qui, en effet, mieux encore que l'armée des policiers, peut faire régner dans les villes et les campagnes l'Ordre sans structure de la peur paralysante ? La Justice relâche les criminels : il faut faire place, dans les prisons, pour tous ceux qui rêvent, aspirent ou pensent en dehors de l'Aliénation médiatique.

Il n'est pas sûr que s'engager soit plus dangereux que de rester à l'écart de tout. Où l'on se met à découvert, on trouve aussi des camarades solidaires.

Les voix que nous aimions se sont tues. Au milieu des bourdonnements de moteur, des voix trafiquées achèvent sans pitié le sens des mots.

Dans l'espace qui t'est imparti, dans le carré de lumière ou sur le bord du lit, près des fleurs sauvages ou sur l'asphalte brûlante du parking, n'oublie pas d'offrir un sourire à ton enfant et de déployer librement ta respiration.

 

Invitations almasororiennes :

Les dictatures douces

La traversée d'une époque trouble

Chroniques d'une solitude

Mon frère, je contemple ton visage

La loi sur le renseignement expliquée aux parents

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