samedi, 11 octobre 2014
L'Orient
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mercredi, 08 octobre 2014
Le sacrifice
Peu à peu la France redevient Gaule. Dans les bois que l'on croyait morts, cernés par les routes et dépeuplés de cerfs, il n'est plus rare de rencontrer une hutte celtique. Les vieilles incantations des anciens druides reviennent ; en dépit des apparences encore en place, les sorcières du moyen-âge ont vaincu la République administrative et légiste.
Ce matin, j'ai surmonté ma peur et j'ai marché jusqu'à l'endroit d'où s'élevait une fumée. Au milieu des dernières flammes, une barbare gauloise incantait des prières aux dieux secrets de ce bois. Elle prophétisait le retour des puissances forestières, la grande multiplication des cerfs, des chevreuils, des grenouilles et des corneilles. Je me cachais, mais j'entendis distinctement sa voix qui me parla soudainement en français et me dit : "ce soir, écoute auprès de la mare le sermon du crapaud".
Mes yeux piquants de fumée ne me permirent plus d'observer la suite. Lorsque je pus voir à nouveau les environs, le feu s'éteignait, la sorcière avait disparu. Je restais seule, et me demandais, en regardant les bûches mourir, qu'est ce qui donnait à ce feu cette odeur âcre et quelque peu effrayante.
Me voilà revenue dans la maison. La mare est toute proche. J'ai peur, ce soir, du crapaud.
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dimanche, 05 octobre 2014
La roseraie d'Aztlan
Mathieu Simonet était le maître de cérémonie de la Nuit Blanche à la Pitié Salpétrière, dans l'espace ténébreux qui séparait le samedi 4 du dimanche 5 octobre.
Il avait demandé à plusieurs personnes d'écrire un texte sur une couleur, qui serait lu au cours de la nuit dans le Parc de la Hauteur de l'hôpital. M'avait proposé le rose.
Je lui avais envoyé La roseraie d'Aztlan :
Sous un ciel du soir parsemé de déchirures roses, Klaus Nomi et Nina Hagen marchent en se donnant la main. Il chante la chanson froide de Purcell et elle chante la nature en larmes. La route soudain s'efface ; surgit une allée de roses trémières.
Roses sont les roses et les pastèques, rose le ciel qui s’affaisse sur la vallée ; roses pâles les lèvres des deux amis.
On dirait un concert de guitares dans le lointain... La rumeur s'approche. Non, ce ne sont pas des guitares que l'on entend, mais les voix des Aztèques qui incantent en langue nahuatl :
Amoxcalco pehua cuica, yeyecohua Yehuaya, quimoyahua xochitl, on ahuia cuicatl.
Ils retournent à Aztlan, la terre rose où leurs pères étaient heureux.
Nos deux héros se saisissent de masques et se glissent dans la procession. Elle oublie l'égalité de Berlin-Est, il oublie la liberté de Berlin-Ouest, ils dansent avec le peuple nahua dans l'amour mystique du serpent. Les rouges tambours du désir et les flûtes blanches des morts rythment la fête dans la roseraie en impulsion.
Édith de Cornulier-Lucinière
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Le moine-soldat (6)
Derrière le lisse de la vie apparente des gens, quelles tempêtes se déchaînent ?
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samedi, 04 octobre 2014
Nouvelles de Sara
Le vendredi 3 octobre au soir, Sara nous envoyait quelques nouvelles agrémentées d'une photographie :
«La nuit tombe. J'ai mangé une tomate, de la purée et des noix. Une longue promenade dans les bois ensoleillés… Un chat faisait le guet près de l'étang».
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dimanche, 28 septembre 2014
Trois images d'un lieu pour elle imaginaire
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Le moine-soldat (5)
à la tombée des nuages, j'assiste à l'implosion du jour.
au seuil de l'atonalité, j'ai peur de ma propre voix.
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samedi, 27 septembre 2014
Bouffonnerie
Un tout petit peu d'honnêteté me permet de reconnaître que lorsque je ne me sens pas bien, je me vante. Il suffit que je me sente, en société, légèrement mal à l'aise (vis-à-vis de mon niveau d'étude, de ma situation familiale, financière ou professionnelle) pour qu'immédiatement je tente de compenser par la conversation, tentant de prouver à tout un chacun que ma vie est entièrement réussie.
Regardez comme j'ai une belle famille, des activités passionnantes, des amis très sympathiques avec lesquels je partage des moments enthousiasmants et chaleureux, une famille unie, qui me soutient et m'aime, des enfants en pleine forme mentale et physique ! Voyez aussi comme j'alterne avec grâce la concentration dans mon travail passionnant, un ordinateur portable dernier cri sur une table design, et la détente tranquille, un petit verre de vin rouge à la main, sur une terrasse orientée plein Sud. Notez comme mon amoureux est amoureux de moi, et comme il est à la fois élégant, relaxé et efficace. Prenez conscience de mes nombreux voyages, de ma capacité à me débrouiller avec charme dans plusieurs langues. N'oubliez pas que je suis quelqu'un d'engagé : je ne supporte pas la misère du monde, et plutôt que de me tourner les pouces en geignant, je m'engage avec cœur et raison aux côtés de ceux qui sont plus faibles que moi. Appréciez mon aménagement intérieur, dont voici, au passage, quelques photographies. Et surtout, remarquez que je ne me vante jamais. Tout ce dont je viens de parler, vous le constatez en m'observant, bien sûr, mais vous n'avez jamais eu la moindre occasion de m'entendre m'en rengorger, car ma finesse est à la hauteur de ma puissance sociale. N'ignorez plus que cette vie pleine de panache que je mène avec aisance, je ne la dois qu'à moi-même : j'ai souffert, plus que vous sûrement, je viens d'un milieu humble et, contrairement à ces héritiers que je côtoie tous les jours et qui ne connaissent pas la vie, moi, c'est grâce à ma grandeur morale et à ma persistance admirable que j'ai monté les marches du bonheur apparent.
Un simple coup d’œil aux profils des gens sur les réseaux sociaux, un rapide coup d'ouïe aux conversations des brasseries chics et gays du Marais ou des sorties de messes non moins chics mais plus traditionnelles des églises, un tour d'horizon des bavardages des parents aux sorties des écoles, des discussions des retraités sur les plages de Biarritz ou des Sables d'Olonne, ou encore des babillages des cours de récréation de l'école primaire jusqu'au lycée, et l'on se convainc de l'universalité de la vantardise, vantardise grossière ou raffinée, m'as-tu-vu ou l'air de rien, qui vise à prouver à nos semblables que nous sommes dignes de leur respect.
Exister, souffrir et aimer ne suffisent donc pas à justifier amplement notre présence ici-bas ? Compétition, concurrence, comparaison, comme nous serions désœuvrés si nous ne succombions pas sans cesse à vos pièges, au fond desquels nous nous dégradons en croyant nous hisser plus haut !
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Votre témoignage
La dictature dont vous nous avez parlé se résume en cinq phrases qui décrivent précisément l'oppression qui y a cours :
1
L'interdépendance prive les personnes et les familles d'autonomie : aucune autonomie technique, alimentaire, énergétique, n'est possible.
2
L'administration mesure et régit presque tous les domaines de la vie humaine, depuis la naissance jusqu'à la mort, en passant par la santé, la possession d'animaux domestiques, tout ce qui concerne la vie scolaire, la vie professionnelle, la gestion des lieux de vie et des outils de locomotion.
3
Il n'existe aucun lieu sauvage où vivre quelques jours à sa guise en toute liberté.
4
La plupart des besoins vitaux ne sont accessibles qu'en échange d'argent ou bien en se constituant assisté, ce qui implique un abandon total de soi entre les mains de l’État.
5
De nombreuses professions, intellectuelles ou manuelles, sont interdites à ceux qui n'ont pas un diplôme d’État.
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lundi, 22 septembre 2014
Mystère
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dimanche, 21 septembre 2014
L'equinoxe d'automne, l'existence d'un cahier
Garder le silence au creux d'une famille, c'est cultiver un cimetière. Combien de tombes arrosez-vous de vos silences ? Combien possédez-vous de terres cachées aux regards, où poussent des arbres que l'on respire sans les voir jamais ?
"Celui qui ne peut retenir sa langue est comme une ville ouverte et sans muraille". On l'attaque, on l'enfonce de toutes parts.
Mais celui qui retient toutes ses paroles ressemble à l'enterré vivant. Plus personne ne sait que son cœur bat.
Dans les vieilles maisons dorment des cahiers oubliés. Une fois la maison vendue, les vieilleries dissipées aux quatre vents, que reste-t-il des silences ?
Paradoxe d'un être humain qui fait face à son destin :
Tout ce que l'on nous a dévoilé nous a déniaisé, c'était des pans entiers d'enfance qu'on nous arrachait. Mais ce que l'on a omis de nous dire, on nous l'a volé.
Le silence nous désarme. Vérité, notre seule arme.
La vérité chasse l’innocence. Innocence, notre seul trésor.
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Le moine-soldat (4)
Mon bonheur n'est pas issu de mes réussites, mais de l'intensité de ma présence au monde.
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?
Quelle image dort au fond du lit ?
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samedi, 20 septembre 2014
Nocturne estival II : Dans les vagues de la nuit
{Ce texte fait suite à Nocturne estival I : Sous le royaume des étoiles, que Siobhan publiait ici le 31 janvier 2010}.
La matinée
Aucune mélancolie. J'en ai trop éprouvé, trop jeune, croyant à cet âge tendre que j'avais des regrets. Erreur de jeunesse. La jeunesse, cette illusion éphémère, a passé sur mon visage. Les gens m'appellent madame. Je plisse les yeux au bord de cet océan illimité, dont les vagues me prennent et m'emportent. Je m'enfonce dans l'eau sans souci. Je fais confiance à l'instant présent d'être éternel. Il n'y a pas de bande son lors de ce moment, et pourtant c'est comme si une danse m'habite. On chante, on se laisse flotter, l'air n'est plus conditionné.Le jour est si clair qu'on voit la poussière perturber les lignes du ciel. Je n'ai plus besoin de méditation zazen pour planer au-dessus des miasmes du quotidien, pour m'élever vers le vide plein de joie.
La nuit
Et puis la nuit tombe. C'est soudain. Un éclairage noir glisse sur les sensations éprouvées. Les feuilles se balancent subrepticement dans les arbres. Une fillette nommée Nadja s'amuse avec des chiens. C'est un monde sans adultes ni adultère, c'est un monde sans parents ni gronderies impatientées. L'ordre dort ; éveillée à la liberté, je cours nue vers l'onde atlantique.
Les vaguelettes m'accueillent, fraîches, et je pousse des cris. Loin, les lumières de la ville s'éteignent. Mon corps flotte à la surface du reflet de lune. Je ris : je vous oublie. Soucis, qui étiez-vous ? Morts, disparus, effacés, laissez chanter mon rire à travers le courant qui m'entraîne légèrement.
Nudité, liberté, océan. La grande nuit nous attend.
S.H.
Siobhan Hollow sur AlmaSoror :
Elle est l'auteur de Deltaplane
Elle est l'auteur de Vol libre et planantes guitares fordjiennes
Elle est l'auteur de Figures célestes
Elle est l'auteur de Notes et bulles bleues
Elle est l'auteur de Nocturne estival I : Sous le royaume des étoiles
Elle est l'auteur de Vol de pluie
Elle est co-auteur de Merci, lecteurs
Elle est citée dans Un nouveau message de Siobhan
Elle est mentionnée et citée dans Le retour de Siobhan Hollow
Elle est mentionnée dans Sur Schütz
Elle est mentionnée dans La nuit, la guerre
Elle est mentionnée dans Lancement de la rubrique Vol Libre
Elle est mentionnée dans la Carte du Tendre
Elle est interrogée dans Entrevue avec Siobhan H, deltaplaniste
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mardi, 16 septembre 2014
Entrevue avec l'insurgé William-Marie Forêt
Propos recueillis par Max Farmsen,
à la prison du Fort Bastiani, Section de haute surveillance
Max Farmsen : William-Marie, il a été difficile d’obtenir l’autorisation de venir vous visiter dans la prison de Fort Bastiani. Vous êtes le chantre de la désadministration. Qu’est-ce que cela signifie ?
Prisonnier William-Marie Forêt : Je vais te dire une chose. Mettre un nom dans un fichier, c’est comme enfoncer un poignard dans le cœur de l’âme humaine.
Max Farmsen : Cette vision de l’administration ne vous aveugle-t-elle pas sur les bienfaits de la Sécurité sociale, de la répartition des richesses, qui nécessitent un minimum d’organisation ?
Prisonnier WMF : Je te demande qui décide quelles sont les richesses, avant de les répartir ? Si le fait de vivre sous un ciel bleu est une richesse, l’Etat va-t-il répartir le ciel bleu ?
Max Farmsen : Vous vous présentez comme l’ennemi des fonctionnaires et des administrés. Vous êtes donc l’ennemi de tout le genre humain ?
Prisonnier WMF : Quand tu dis ça, j’ai l’impression que ton cerveau a été remplacé par un fichier informatique et que ton cœur est un déchet recyclé. Le genre humain n’existe pas. Il y a des êtres, qui souffrent, qui aiment, qui luttent ou qui se soumettent.
Max Farmsen : N’avez-vous pas l’impression de cracher sur un système démocratique qui assure l’égalité et l’équité entre les citoyens ?
Prisonnier WMF : Lorsque tu me parles ainsi de l’administration je me demande si tu as déjà eu vent de cette inconcevable répartition des êtres humains en dirigeants, cadres, employés, ouvriers, et les liens de hiérarchie et de subordination qui les unissent. Comment oses-tu vanter un système – l’administration – qui fait ouvertement de telles différences entre les individus humains – et comment oses-tu prétendre qu’un système hiérarchique garantit l’égalité entre les hommes ?
Max Farmsen : Mais n’avez-vous jamais songé que l’organisation administrative de la vie humaine, pour pesante qu’elle soit, est la condition d’un ordre social, d’une entente entre les hommes, d’une légitimité de chacun, qui nous évite le règne désordonné de la violence ?
Prisonnier WMF : Tu sembles justifier toutes les violences de l’administration en disant qu’elles sont la condition de la paix. Je n’accepterai jamais l’idée que la violence mène à la paix.
Max Farmsen : N’êtes vous pas angéliste ?
Prisonnier WMF : Non. Je ne nie pas la violence humaine ; je nie que la violence administrative soit la solution à la violence humaine. C’est tout.
Max Farmsen : On a dit de vous que votre ascendance anglaise, qui vous fait voir le monde comme un système de poids et de contrepoids, et votre ascendance française, qui vous conduit à considérer le monde comme un horloger règle minutieusement une horloge, se sont mélangées et que ces deux conceptions contradictoires vous ont mené au désespoir et à la haine de l’administration. Que pensez-vous de cette analyse ?
Prisonnier WMF : Je pense que tu devrais réaliser des recettes de cuisine ou malaxer de la terre glaise. Cela te ferait du bien et t’éviterait bien des égarements intellectuels.
Propos recueillis par Max Farmsen, à la prison du Fort Bastiani, Section de haute surveillance
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