Entre deux sentiments (mardi, 11 novembre 2014)

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Nostalgique tristesse des jours de pluie ; langueur envahissante des jours fériés. Il ne m'a pas suffi pour apaiser l'ennui vague, de marcher sur l'herbe humide à quelques pas de la maison. Évidemment, quand la lecture ne se laisse pas prendre, quand l'ordinateur fatigue les yeux, quand l'autre ou les autres vaquent à leurs occupations diverses, une sorte de vide émerge, prend forme, grossit comme un nuage. Voluptueux, sans joie ni douleur, le rien s'installe au creux du temps qui passe. Un air de piano très bas coule des baffles et ne berce aucune pensée précise. Dans l'autre maison, un gâteau au chocolat sur la table attend qu'on le finisse ; un bébé rit et pleure alternativement ; un fils remue sans conviction les bûches dans la cheminée ; une femme soupire sans bruit. Son mari lui paraît à la fois un ami sur lequel on peut compter et un étranger qui la dérange. Sa fille ressemble étrangement à celle qu'elle était il y a trente ans, berçant l'enfant contre son cœur et ne se doutant pas qu'aucun échelon monté n'éteint la monotonie de vivre. Comme les gens du bourg doivent s'ennuyer aujourd'hui, autant que nous, se dit-elle. Qui peut savoir ce qui se fomente dans les maisons des autres ? Le cortège de cumulus nimbus défile comme les officiels dans les cimetières, en ce 11 novembre qui ne nous dit plus grand chose de poignant sur l'histoire. Un blouson de cuir suspendu à la porte rappelle les temps de vache maigre où l'on se l'était acheté – une folie. Le grand fils n'appelle plus désormais qu'une fois par mois. Et pourtant dans cette lassitude triste et douce, il y a comme un pincement de joie et de douleur, imperceptible, au fond de notre ennui.

 

(Sur AlmaSoror : Mélancolie)

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