dimanche, 05 octobre 2014
La roseraie d'Aztlan
Mathieu Simonet était le maître de cérémonie de la Nuit Blanche à la Pitié Salpétrière, dans l'espace ténébreux qui séparait le samedi 4 du dimanche 5 octobre.
Il avait demandé à plusieurs personnes d'écrire un texte sur une couleur, qui serait lu au cours de la nuit dans le Parc de la Hauteur de l'hôpital. M'avait proposé le rose.
Je lui avais envoyé La roseraie d'Aztlan :
Sous un ciel du soir parsemé de déchirures roses, Klaus Nomi et Nina Hagen marchent en se donnant la main. Il chante la chanson froide de Purcell et elle chante la nature en larmes. La route soudain s'efface ; surgit une allée de roses trémières.
Roses sont les roses et les pastèques, rose le ciel qui s’affaisse sur la vallée ; roses pâles les lèvres des deux amis.
On dirait un concert de guitares dans le lointain... La rumeur s'approche. Non, ce ne sont pas des guitares que l'on entend, mais les voix des Aztèques qui incantent en langue nahuatl :
Amoxcalco pehua cuica, yeyecohua Yehuaya, quimoyahua xochitl, on ahuia cuicatl.
Ils retournent à Aztlan, la terre rose où leurs pères étaient heureux.
Nos deux héros se saisissent de masques et se glissent dans la procession. Elle oublie l'égalité de Berlin-Est, il oublie la liberté de Berlin-Ouest, ils dansent avec le peuple nahua dans l'amour mystique du serpent. Les rouges tambours du désir et les flûtes blanches des morts rythment la fête dans la roseraie en impulsion.
Édith de Cornulier-Lucinière
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