Maestro (jeudi, 26 mars 2015)

 

Vivre heureux sans personne ne le sache ? Avoir l'air très heureux et que personne ne se doute du délabrement intérieur ? Quoi qu'il en soit, dans la lourde grisaille qui nous entoure, dans la monotonie des jours de devoir et des nuits de récupération, tu rayonnes comme un astre. Planent sur ton quotidien la musique la plus raffinée - avec tant d'aisance -, et la nature la plus sauvage : dans les vagues d'eau et de neige, tu enfonces ton corps et ceux qui te regardent envie ce bonheur. La route te connaît, toi qui parcours le monde, accueilli par tes admirateurs et tes amis tout aussi doués et chaleureux que toi. La ville n'a pas de secrets pour toi – ni ses ruelles sombres des samedis soirs impérieux, ni ses brasseries cossues des places d'Armes où déjeunent quelquefois les ministres et les grands avocats. Tu connais, je le sais, la saveur des regards de velours, la joie de la liberté des jours sans chaînes. Les rencontres se suivent et les espaces de silence ne les rendent que plus chargées de sens. L'attente aussi, tu la connais, elle t'a rendu sage, trop sage pour que l'orgueil d'être ce que tu es ne t'emporte au-delà de la décence. Une belle paresse t'enveloppe quelquefois : cela dure trois ou quatre heures, seulement. Soudain tu te lèves et la création à nouveau s'empare de toi, chasseur devant qui les proies viennent succomber par amour. Les hommes libres et l'écriture t'attirent et te font peut-être un peu peur. Tu joues avec ces deux mystères qui tournent autour de toi.

 

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