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mardi, 15 octobre 2013

Abide with me

retrouvailles

Abide with me; fast falls the eventide;
The darkness deepens; Lord with me abide.
When other helpers fail and comforts flee,
Help of the helpless, O abide with me.

Swift to its close ebbs out life's little day;
Earth's joys grow dim; its glories pass away;
Change and decay in all around I see;
O Thou who changest not, abide with me.

Not a brief glance I beg, a passing word,
But as Thou dwell'st with Thy disciples, Lord,
Familiar, condescending, patient, free.
Come not to sojourn, but abide with me.

Come not in terrors, as the King of kings,
But kind and good, with healing in Thy wings;
Tears for all woes, a heart for every plea.
Come, Friend of sinners, thus abide with me.

Thou on my head in early youth didst smile,
And though rebellious and perverse meanwhile,
Thou hast not left me, oft as I left Thee.
On to the close, O Lord, abide with me.

I need Thy presence every passing hour.
What but Thy grace can foil the tempter's power?
Who, like Thyself, my guide and stay can be?
Through cloud and sunshine, Lord, abide with me.

I fear no foe, with Thee at hand to bless;
Ills have no weight, and tears no bitterness.
Where is death's sting? Where, grave, thy victory?
I triumph still, if Thou abide with me.

Hold Thou Thy cross before my closing eyes;
Shine through the gloom and point me to the skies.
Heaven's morning breaks, and earth's vain shadows flee;
In life, in death, O Lord, abide with me.

Henry Francis Lyte (1793 –1847)

12 ans plus tard

Je n'y ai pensé qu'une seule fois. C'était il y a treize ans, dans l'avion petit qui m'emportait vers Helsinki. Il pleuvait, la pluie aspergeait le hublot et floutait l'image que j'avais des nuages. Il n'y avait plus personne autour de moi. L'hôte de l'air allait et venait, vaquait au service des autres passagers. J'étais si sage, je ne ressemblais à rien d'autre qu'un être humain qui ressemble à tous, sans rien de spécial, de dérangeant ou de charmant. Je partais peut-être pour toujours, pourtant au fond je savais que je reviendrais bientôt prendre la place terne que je tenais depuis si longtemps et dont la grisaille monotone, la sonnerie monocorde, annihilait mes émotions. Mort-vivante, comme tant d'entre vous ; jeune fille qui sait qu'elle a déjà renoncé aux grandes inondations. J'avais un peu peur dans la boite volante, pas trop. Un soda sans saveur, sans doute un sandwich, et j'y ai pensé. C'était une idée nouvelle et si évidente, qui me tentait, qui me paraissait à portée de main. Un instant, j'ai eu la vie devant moi. Une autre vie.

J'y songe aujourd'hui, aujourd'hui bien qu'il ne pleuve pas. Dehors, l'automne annonce les frimas à venir. La semaine dernière, la vigne-vierge était encore un peu verte. Elle est bordeaux, orange, rouge maintenant. Je repense à ce trajet Paris-Helsinki, aux battements de mon cœur, à l'idée qui passa, à l'atterrissage finalement, à Katharina et Manuel qui attendaient. À l'oubli d'un appel, au retour au pays, aux autres voyages à moitié bâclés. Qu'elle était belle, cette vie qui m'attendait. Mais je cherchais quelqu'un quelque part, c'est cette quête inassumée qui guidait mes pas là où je savais qu'il n'y avait rien.

12 ans plus tard.JPG

 

15 octobre : billet anniversaire

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2012 ? La laideur du monde moderne.

2009 ? Lord Byron !

lundi, 14 octobre 2013

Occident

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Ma patrie se réveille au matin des amours,
Les jambes brisées par le cerveau ;
Nos luttes sans sommeil nous ont parés d'atours
Aigus comme des ciseaux

Par la vitre du train, les sapins s'émerveillent
De nos cohortes d'animaux ;
L'étranger s'est enfui à force de nos veilles
Et nous retrouvons nos hameaux.

Il a pourri nos villes et sali nos enceintes,
Les couvrant de ses oripeaux ;
Sur les routes du monde, il laisse, ceintes et enceintes,
Ses femmes voguer sans matelot.

A force de nous vaincre, lui-même il s'est vaincu -
Et nous voilà, pauvres héros,
Pleurant sur notre terre à nouveau nue
Nos psychomorts et nos blessés mentaux.

L'âme bardée d'armes blanches au fond des trêves,
La patrie s'est levée comme on sort d'un tombeau ;
Notre sommeil sans lutte avait fécondé trop de rêves
Tranchants comme des couteaux.

Par la vitre du train qui fend la France,
Le coq chanta trois fois comme un godelureau :
Le voilà qui remonte sur les clochers en déshérence,
Pour l'Angélus du Renouveau.

 

Jean Bouchenoire jeudi matin 21 juin 2012

 

De Jean Bouchenoire, sur l'Âme-Soeur :

Vieilles fringues, vieux clodos

A bord de mon écran

Contre-légions signalétiques

Vanité des arts, vides esthétiques, vacuité des audiences

France chérie

Autarchie : au-delà de l'ordre et du désordre

Les marches de Bretagne

Tabous sans totems

Voyages électroniques

Le style immense et plein de pensée de Benoist-Méchin

Un billet sur Mongo Béti ?

 

La poésie sur l'Âme-Soeur :

L'album poétique

samedi, 12 octobre 2013

L’intersigne du berceau, vieille histoire bretonne

anatole le braz, légende bretonne, mort, islande, grande pêche

Cette "histoire vraie" a été recueillie vers la fin du XIX°siècle par Anatole Le Braz, à Paimpol, auprès d'un cantonnier nommé Goanvic.

Anatole Le Braz l'a publiée avec d'autres histoires dans son ouvrage intitulé La légende de la mort en Basse-Bretagne (1893).

(Un banc-tossel est un banc adossé au lit : le premier chasseur est le navire qui va chercher les premiers résultats de la pêche des marins qui passent plusieurs mois dans le Nord.
Les marins du Premier Chasseur rapportent une partie de la pêche, ainsi que des nouvelles fraîches pour la famille qui attend son marin.

 

Marie Gouriou demeurait au village de Min-Guenn (la Pierre-Blanche), près de Paimpol. Son homme était à Islande, où il faisait la pêche.

Ce soir-là, Marie Gouriou s’était couchée, après avoir placé sur le banc-tossel tout contre son lit, le berceau où dormait son petit enfant.

Elle était assoupie depuis quelque temps, lorsque dans son sommeil elle crut entendre l’enfant pleurer. Elle ouvrit les yeux, regarda.

Jésus-ma-Doué ! (Jésus mon Dieu !), la chambre était pleine de lumière, et un homme, penché sur le berceau, berçait doucement le petit, en lui chantant à mi-voix un refrain de matelot. L’homme avait rabattu sur son visage le capuchon de son ciré, en sorte qu’on ne pouvait distinguer ses traits.

— Qui êtes-vous ? s’écria Marie Gouriou, épouvantée.

L’homme leva la tête. La femme Gouriou reconnut son mari.

— Comment ! tu es déjà de retour ?...

Il n’y avait guère plus d’un mois qu’il était parti.

Elle remarqua que ses habits ruisselaient, et cela sentait très fort l’eau de mer.

— Prends donc garde, dit-elle, tu vas mouiller l’enfant... Attends, je vais allumer du feu.

Elle avait déjà les deux jambes hors de son lit et s’apprêtait à passer son jupon. Mais la lumière étrange qui emplissait la maison s’évanouit aussitôt. Marie chercha à tâtons les allumettes, en frotta une, et constata que son mari n’était plus là

Elle ne devait plus le revoir. Le premier chasseur qui revint d’Islande lui apprit que le navire où s’était embarqué son homme s’était perdu corps et biens, la nuit même où Gouriou lui était apparu penché sur le berceau de son fils.

 

J'allais plus loin, et je me disais...

«J'allais plus loin, et je me disais qu'il fallait aussi du temps pour la simple charité. Il y a de ces personnes pressées de faire du bien et qui taylorisent même les sourires. On ne peut pas venir tout de suite au bout de ce qu'on voudrait dire, et bien souvent, dans les conversations, je crois qu'il faut un peu imiter ces paysans qui parlent des semailles, du mauvais temps, de la foire, de la politique, puis qui longuement se taisent, puis qui reprennent un cours d'entretien indifférent jusqu'au moment où ils glissent le mot décisif et qui doit germer en silence.

Cela est plus vrai encore quand on se trouve en présence de ceux qui souffrent et qui ont des âmes délicates».

Apostolus,

IN Le fruit des heures perdues

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jeudi, 10 octobre 2013

Quand Le Monde... Décryptage des conflits yougoslaves

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Soirée belle, simple et puissante au Centre culturel serbe, dans la rue Saint-Martin, face à Beaubourg, autour de Fabrice Garniron, pianiste et auteur limpide et courageux de cet ouvrage :

Quand Le Monde... Décryptage des conflits yougoslaves

On peut lire un article sur ce livre par ici...

Ou l'acheter par là :

J'ai eu la chance de voir peu à peu évoluer ce projet de livre. De quel travail colossal et minutieux est-il le résultat ! C'était un plaisir d'entendre l'auteur le résumer (en une heure et demie !) en concentrant son propos sur les cinq points principaux que son travail met en valeur. 

Les bombardements que 17 pays firent subir à la Serbie, sans attendre l'aval de l'ONU, n'ont pas choqué grand-monde. D'ailleurs, auriez-vous eu l'air quelque peu en désaccord avec cette "intervention" forcément "humanitaire", vos proches, vos collègues, vous auraient aussitôt traité de fasciste, s'ils sont gentils, ou de nazis, s'ils ne le sont pas.

(Car la propagande est l'art de faire croire aux peuples que les bombes sont aromatisées aux droits de l'homme et que les ennemis politiques, diaboliques, n'ont pas le droit à la vie, et encore moins à l'expression d'un point de vue).

L'étonnant parcours que propose ce livre, c'est une vision du traitement du conflit yougoslave, de sa naissance à nos jours, dans le journal Le Monde, par l'analyse systématique de tous les articles que le quotidien de référence a commis sur le sujet.

 

(Comme il est difficile de penser. Nous vivons librement dans un monde libre, mais pourquoi donc cette douleur dans nos cerveaux tristes ? AlmaSoror répondit à cette question : Les douces ; elle s'interrogea sur la traversée d'un trouble)

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mercredi, 09 octobre 2013

La voilà soeur de la Pologne et de l'Irlande

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«Alors que toutes les provinces sont devenues des départements, la Vendée est le seul département qui soit devenu une province. D'un coup de reins vigoureux, elle a bousculé le cadastre officiel, brisant les limites trop étroites qu'on lui avait imposées. Elle est venue border la Loire, s'est emparée du coin des Deux-Sèvres qui lui plaisait, s'est offert en apanage une partie de l'Anjou, et tout cela au pas de charge, en quelques journées et pour toujours. Pour le monde entier, la voilà sœur de la Pologne et de l'Irlande».

Jean Yole

 

à lire aussi sur AlmaSoror :

Vendée, 1794 - Rwanda, 1994

Exterminer avec compassion et pitié

L'ange et l'archange

mardi, 08 octobre 2013

8 octobre : billet anniversaire

jean richepin, les oiseaux de passage, pluie, piano, fillette

(photo du trou des Halles par Sara. vers 1972/13/14)

 

L'an dernier, le même jour, nous nous souvenions d'un 17 août et d'un autre jour encore.

L'an d'avant, Jean Richepin était à l'honneur avec ses oiseaux de passage.

L'an d'encore avant, il pleuvait, fillette.

dimanche, 06 octobre 2013

Isti mirant stella

isti mirant stella

(Quelque chose de la tapisserie de Bayeux, une photo prise à travers une vitre, le Québec perdu de Georges Dor, et toute la nostalgie du monde pour fêter l'arrivée de l'automne et les changements qu'on sent se lever).

vendredi, 04 octobre 2013

Salve, regina

cathédrale de Moulins, prières

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mardi, 01 octobre 2013

L’Olonnois

L'olonnois, Sables d'Olonne, polar enfantin, Barbier, ragondin, police, gendarmerie, capitainerie, baroudeur, vengeance, goût de cendre, Sables d'Olonne, piraterie, tank, sous-marins, DDASS, prison, palais de justice, école maternelle, humiliation, carrière, apothéosePhoto de Lau

Le capitaine Barbier se rappela le jour d’anniversaire de ses quatre ans : en trois coups de poing, Joe Ragondin, qui n’avait alors que trois ans et demi, l’avait étalé sur les pavés de la cour de récréation. Il avait saigné et la maîtresse avait grondé Joe. Mais cela ne l’avait pas consolé. Il était rentré chez lui avec une grande tristesse au fond du cœur.

Aujourd’hui, le capitaine Barbier avait cinquante-quatre ans. Il regardait la mer scintiller sous un ciel bleu étincelant. Il ne lui restait plus qu’une seule année pour attraper le vieux filou. Après, il serait mis dans les bureaux. A cinquante cinq ans, l’administration estime que vous êtes trop vieux pour faire le zouave avec un flingue et des bottes. Le capitaine Barbier, il est vrai, se sentait fatigué. Mais il ne voulait pas partir à la retraite sans avoir capturé le hors la loi, que les polices du monde entier surnommaient « l’Olonnois ». Le baroudeur qu’aucune police du monde n’avait pu attraper, lui, il l’aurait. Il le fallait. Ce serait sa vengeance. Cinquante ans plus tard, les trois coups de poing qui le faisaient toujours souffrir lui seraient enfin payés.

La mer des Sables d’Olonne était d’huile. Calme et sage, elle roucoulait doucement sous le scintillement bleu qui la traversait. Seules quelques vaguelettes crachouillaient sur le sable. Le Capitaine Barbier s’avança sur la jetée. Ses gars étaient postés un peu partout autour de lui.

La lutte avait été rude. Mais aujourd’hui, il n’y avait plus aucune chance pour que l’ennemi de toutes les polices du monde échappe au piège. Jugez plutôt : quatre sous marins planqués de chaque côté de la rade.

- Capitaine, vous croyez qu’on va vraiment l’avoir, ce Ragondin ?

- Aussi vrai que je m’appelle Barbier et que je suis capitaine de la gendarmerie maritime des Sables d’Olonne, on l’aura.

- Vous êtes un as, capitaine. Vous n’aimez pas les pirates, vous.

- Tu ne crois pas si bien dire.

Si Joe Ragondin avait trois ans et demi quand il avait dégommé le capitaine Barbier dans la cour de l’école, aujourd’hui, il avait donc cinquante-trois ans et demi. Après avoir terrifié les gendarmeries maritimes de toute l’Europe, il allait finir sa carrière au port où il avait grandi. Le capitaine Barbier tourna le regard vers le Nord ; le Palais de Justice faisait face à la mer. Il se demandait dans quelle prison les juges enverraient son pire ennemi. Il y avait des prisons partout en France, et Barbier au fond s’en fichait. Ce qui lui importait, c’était d’être enfin vengé de la plus grande humiliation de sa vie. « La vengeance est un plat qui se mange froid », se répétait-il. Quelle patience il avait fallu pour en arriver là !

Son second s’approcha de lui.

- Où en est-on ? demanda Barbier.

- Capitaine, le voilier de Ragondin est en vue. Les quatre sous marins sont prêts à ouvrir le feu.

Soudain, le voilier du bandit s'offrit à tous les regards. Il s'approchait à bonne vitesse, ses jolies voiles vertes dansaient dans le vent. Aussitôt, surgirent du fond de l'océan quatre énormes cheminées d'acier : c'étaient les sous-marins qui remontaient lentement à la surface, les armes braqués vers le petit bateau du grand braqueur des mers.

Il n'y eut pas de combat. Face aux tanks marins, Joe Ragondin avait hissé le drapeau blanc pour annoncer qu'il se rendait.

- Je ne vais quand même pas vous suicider, les gars, dit-il à ses deux acolytes, deux jeunes garçons de la DDASS que le hors-la-loi avait pris sous son aile. Vous direz que je vous ai menacé de mort et je ne vous contredirai pas. Ainsi, vous ne ferez pas trop de prison et vous aurez une seconde chance.

Les deux gars n'eurent pas le temps de le remercier. Une centaine de gendarmes prenait le voilier d'abordage. Ils faillirent couler tant ils étaient nombreux sur ce léger bateau.

Lorsque Joe Ragondin mit le pied sur la terre, il était entouré d'une volée de gendarmes qui l'avaient menotté aux poignets et aux chevilles et qui devaient maintenant le soutenir pour le faire avancer.

Le capitaine Barbier souriait de bonheur et de fierté. Sa poitrine se gonflait d'orgueil. Il avait atteint l'apothéose de sa carrière de justicier. Il s'avança lentement vers son ennemi.

- Tu as fini de rire, Ragondin ! S'écria-t-il afin que les journalistes puissent l'entendre.

Mais Joe Ragondin, qui l'avait regardé s'approcher, lui répondit à voix basse :

- Crapule ! Tu m’as eu… Allez… Tu es content, hein… Tu n’as jamais oublié la honte de tes quatre ans, pas vrai ?

Barbier baissa les yeux. Soudain, il eut honte de cette histoire. Vrai, il avait couru derrière le plus grand pirate du monde pour une baston d’enfance ?

Ragondin cracha, puis il sourit.

- Tu veux savoir pourquoi je t’ai asséné ces coups, ce jour là ? C’était, il y a, attends… Je calcule les années qui nous séparent.

- Cinquante ans, prononça Gilles Barbier dans un murmure.

Ragondin siffla d’étonnement.

- Cinquante, déjà. On se fait moins jeunes, dis.

Barbier osait à peine le regarder.

- Tiens, je te le dis. Je t’avais donné ces coups de poing parce que je t’aimais bien. C’est comme ça que je faisais pour me faire remarquer. Parce que je ne savais pas faire autrement. On m’avait appris ça, chez moi. Allez, excuse-moi, vieux. Excuse ces coups.

Barbier avait la tête baissée, toujours. Tout d’un coup, il était écrasé par les années qui avaient passé, par l’amitié qui n’était jamais venue, par la fragilité du grand filou menotté.

- Pardon, je te traite comme un vieil ami. Mais tu es le capitaine Barbier. Pardonnez-moi, Capitaine. Je vous ai tutoyé.

Les gars le tirèrent et le firent monter dans le fourgon. Barbier entendit les sirènes.

- Vous venez, Capitaine ? Lui dit un des gars, lui montrant du doigt la deuxième voiture, prête à partir.

- Un instant, murmura Barbier.

Il voulut regarder la mer un instant. Elle était belle, comme elle avait toujours été et comme elle serait toujours. Et lui, il se sentait le cœur lourd. Cinquante ans pour se rendre compte que la vengeance a un goût de cendre.

- Capitaine ! appelaient ses gars.

Alors le capitaine Barbier inspira un grand coup d’air, se détourna de la mer palpitante et suivit ses gars.

 

 Edith de CL

 

Premier octobre : billet anniversaire

Jacques Benoist-Méchin

AlmaSoror, qu'as-tu fait le premier octobre 2012 ?

J'ai loué la fabuleuse plume de Jacques Benoist-Méchin.

2011 ?

Je dormais.

2010 ?

Écoutez la musique de Nadège...

2009 ?

Lisez le journal de Mavra...

lundi, 30 septembre 2013

La morale du petit Poucet

 

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« On ne s'afflige point d'avoir beaucoup d'enfants,
Quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands,
Et d'un extérieur qui brille ;
Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille ;
Quelquefois cependant c'est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille. »

 

louis XVII, petit poucet, handicap

dimanche, 29 septembre 2013

L'âge de raison

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Voici le poème amoureux, fraternel et protecteur que reçut, le 30 janvier de l'année 1897, une petite fille appelée Anne.

L'auteur de la missive était son oncle, un homme jeune, militaire, qui était parti "dans les pays chauds".

Les étés, dans les châteaux des bords de l'Erdre et de la Loire, l'oncle et la toute petite nièce s'amusaient à jouer qu'ils étaient mariés. La psychanalyse naissait ailleurs en Europe, mais elle mettrait longtemps à franchir les grands salons poussiéreux, aussi l'entourage l'Anne et son oncle, flopée de parents, de cousins, d'oncles et de tantes, de paysans, de domestiques, de voisins, d'artisans, de prêtres et de religieuses, n'y voyaient pas malice.

L'oncle envoyait, le savait-il ? sa dernière lettre à sa toute petite "femme". C'était pour la féliciter de son septième anniversaire. La caresse du soleil, peut-être celle des femmes de mauvaise vie dont il n'avait jamais parlé à Anne, les moustiques et mouches de ces pays si doux et si traitres, en plus d'une éventuelle blessure mal soignée... Il mourut peu après, à l'âge où ses camarades rentraient s'établir en France, leur jeunesse apaisée par les tropiques.

Anne, devenue grande, n'oublia jamais son premier mari.

 

Sept ans : l'âge de raison


On a sept ans qu'une fois dans sa vie,

Le difficile est d'en bien profiter.

Si à cet âge on vit en étourdie,

Un peu plus tard on peut le regretter.

N'imite pas, Ô petita chérie

De ton mari les écarts malheureux ;

La route hélas ! qu'il a toujours suivie

Lui fit passer des jours bien orageux :

C'est le chemin qui mène à la folie...

Il s'embarqua pour les pays Hovas

Espérant y rencontrer la sagesse ;

Aux pays chauds il ne la trouva pas...

Mais du soleil il reçut la caresse,

Et le cerveau plus troublé que jamais,

Avec toi seule il vivra désormais :

Les temps sont courts, il faut qu'on nous marie :

On a sept ans qu'une fois dans sa vie.

 

Oncle Georges

30 janvier 1897