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mercredi, 05 juin 2013

Semailles d'un fou

Alexandre Grothendieck, récoltes et semailles

Un des plus grands mathématiciens du XX°siècle vit caché dans le Vaucluse. Il s'appelle Alexandre Grothendieck et voici un extrait de ses imposants bizarroïdes mémoire, qui circulent sur Internet. 


Jusqu’en l’année 1970 : j’avais vis-à-vis de mes élèves une disponibilité pratiquement illimitée. (note 22).

Quand le temps était mûr et chaque fois alors que cela pouvait être utile, je passais avec l’un ou l’autre des journées entières s’il le fallait, à travailler telles questions qui n’étaient pas au point, ou à revoir ensemble les états successifs de la rédaction de leur travail. Tel que j’ai vécu ces séances de travail, il ne me semble pas que j’y aie jamais joué le rôle de"directeur" prenant des décisions, mais que c’était chaque fois une recherche commune, où les discussions se faisaient d’égal à égal, jusqu’à satisfaction complète de l’un comme de l’autre.

L’élève apportait un investissement d’énergie considérable, sans commune mesure bien-sûr à celui que j’étais appelé à apporter moi-même, qui avais par contre une plus grande expérience, et parfois un flair plus exercé. La chose cependant qui me paraît la plus essentielle pour la qualité de toute recherche, qu’elle soit intellectuelle ou autre, n’est aucunement question d’expérience. C’est l’exigence vis-à-vis de soi-même. L’exigence dont je veux parler est d’essence délicate, elle n’est pas de l’ordre d’une conformité scrupuleuse avec des normes quelles qu’elles soient, de rigueur ou autres. Elle consiste en une attention extrême à quelque chose de délicat à l’intérieur de nous-mêmes, qui échappe à toute norme et à toute mesure. Cette chose délicate, c’est l’absence ou la présence d’une compréhension de la chose examinée. Plus exactement, l’attention dont je veux parler est une attention à la qualité de compréhension présente à chaque moment, depuis la cacophonie d’un empilement hétéroclite de notions et d’énoncés (hypothétiques ou connus), jusqu’à la satisfaction totale, l’harmonie achevée d’une compréhension parfaite. La profondeur d’une recherche, que son aboutissement soit une compréhension fragmentaire ou totale, est dans la qualité de cette attention. Une telle attention n’apparaît pas comme résultat d’un précepte qu’on suivrait, d’une intention délibérée de "faire gaffe", d’être attentif – elle naît spontanément, il me semble, de la passion de connaître, elle est un des signes qui distinguent la pulsion de connaissance de ses contrefaçons égotiques. Cette attention est aussi parfois appelée "rigueur". C’est une rigueur intérieure, indépendante des canons de rigueur qui peuvent prévaloir à un moment déterminé dans une discipline (disons) déterminée.

Et si j’ai pu, peut-être, malgré tout, transmettre à mes élèves quelque chose d’un plus grand prix qu’un langage et un savoir-faire, c’est sans doute cette exigence, cette attention, cette rigueur - sinon dans la relation à autrui et à soi-mêmes (alors qu’à ce niveau elle me faisait défaut autant qu’à quiconque), du moins dans le travail mathématique (note 23). C’est là, certes, une chose bien modeste, mais peut-être, malgré tout, mieux que rien.

Alexandre Grothendieck

Extrait de son autobiographie psychomathématique de presque 1000 pages Récoltes et Semailles

 

NOTES

NOTE 22

Même après 1970, quand mon intérêt pour les maths est devenu sporadique et marginal dans ma vie, je ne crois pas qu’il y ait eu d’occasion où je me sois récusé, quand un élève faisait appel à moi pour travailler avec lui. Je peux même dire qu’à part deux ou trois cas, l’intérêt de mes élèves d’après 1970 pour le travail qu’ils faisaient était loin en deçà de mon propre intérêt pour leur sujet, même en les périodes où je ne me préoccupais guère de maths que les jours où je mettais les pieds à la Fac. Aussi le genre de disponibilité que j’avais à mes élèves d’avant 1970, et l’extrême exigence dans le travail qui en était un signe principal, n’auraient-ils eu aucun sens vis-à-vis de la plupart de mes élèves ultérieurs, qui faisaient des maths sans conviction, comme par un continuel effort qu’ils auraient dû faire sur eux-mêmes...

 

NOTE 23

L’Enfant et le maître

Le terme "transmettre" ici ne correspond pas vraiment à la réalité des choses, qui me rappelle à une attitude plus modeste.

Cette rigueur n’est pas une chose qu’on puisse transmettre, mais tout au plus réveiller ou encourager, alors qu’elle est ignorée ou découragée depuis le plus jeune âge, par l’entourage familial aussi bien que par l’école et l’université. Aussi loin que je puisse me rappeler, cette rigueur a été présente dans mes quêtes, celles de nature intellectuelle tout au moins, et je ne pense pas qu’elle m’ait été transmise par mes parents, et encore moins par des maîtres, à l’école ou parmi mes aînés mathématiciens. Elle me semble faire partie des attributs de l’innocence, et par là, des choses qui sont dévolues à chacun à la naissance. Cette innocence très tôt "en voit des vertes et des pas mûres", qui font qu’elle est obligée de plonger plus ou moins profond, et que souvent il n’en apparaît plus guère trace dans le restant de la vie. Chez moi, pour des raisons que je n’ai pas songé encore à sonder, une certaine innocence a survécu au niveau relativement anodin de la curiosité intellectuelle, alors que partout ailleurs elle a plongé profond, ni vu, ni connu! comme chez tout le monde. Peut-être le secret, ou plutôt le mystère, de "l’enseignement" au plein sens du terme, est de retrouver le contact avec cette innocence en apparence disparue. Mais il n’est pas question de retrouver ce contact en l’élève, s’il n’est déjà d’abord présent ou retrouvé dans la personne de l’enseignant lui-même. Et ce qui est"transmis" alors par l’enseignant à l’élève n’est nullement cette rigueur ou cette innocence (innées en l’un et l’autre), mais un respect, une revalorisation tacite pour cette chose communément rejetée.

Alexandre Grothendieck sur AlmaSoror

Sur Alexandre Grothendieck

 

 

 

mardi, 04 juin 2013

Le Temps, l'Ennui, la Mort

Alfred de Vigny, Blaise Pascal, Jean-jacques Rousseau

3 extraits sur le Passage du Temps, une photo de Sara, une musique de Biosphere

 

Ainsi s'écoule toute la vie ; on cherche le repos en combattant quelques obstacles et si on les a surmontés le repos devient insupportable par l'ennui qu'il engendre. Il en faut sortir et mendier le tumulte ; car ou l'on pense aux misères qu'on a ou à celles qui nous menacent. Et quand on se verrait même à l'abri de toutes parts, l'ennui de son autorité privée ne laisserait pas de sortir du fond du coeur où il a ses racines naturelles, et de remplir l'esprit de son venin.

Ainsi l'homme est si malheureux qu'il s'ennuierait même sans cause d'ennui par l'état propre de sa complexion. Et il est si vain qu'étant plein de mille choses essentielles d'ennui, la moindre chose comme un billard et une balle qu'il pousse suffisent pour le divertir.

Blaise Pascal - Pensées (Divertissement, IX, 168)

 

Plus je vais, plus je m'aperçois que la seule chose essentielle pour les hommes, c'est de tuer le temps. Dans cette vie dont nous chantons la brièveté sur tous les tons, notre plus grand ennemi, c'est le temps, dont nous avons toujours trop. A peine avons-nous un bonheur, ou l'amour, ou la gloire, ou la science, ou l'émotion d'un spectacle, ou celle d'une lecture, qu'il nous faut passer à un autre. Car que faire ? C'est là le grand mot.

Alfred de Vigny - Journal d'un poète

 

L'étude d'un vieillard, s'il lui en reste encore à faire, est uniquement d'apprendre à mourir, et c'est précisément cela qu'on fait le moins à mon âge ; on y pense à tout, hormis à cela. Tous les vieillards tiennent plus à la vie que les enfants, et en sortent de plus mauvaise grâce que les jeunes gens. C'est que, tous leurs travaux ayant été pour cette même vie, ils voient à sa fin qu'ils ont perdu leurs peines. Tous leurs soins, tous leurs biens, tous les fruits de leurs laborieuses veilles, ils quittent tout quand ils s'en vont. Ils n'ont songé à rien acquérir durant leur vie qu'ils pussent emporter à leur mort.

Jean Jacques Rousseau - Rêveries du promeneur solitaire (Troisième Promenade)

 

Lire sur AlmaSoror,

A propos d'ennui et de la quête lascive d'un bonheur inaccessible :

Le désillusionné (sur Abderramane III)

 

à propos de Vigny :

Deux portraits de Vigny

Vigny aux temps électros

Loges d'antan

Le dédain sur la bouche

Les poètes maudits

Le temps de Vigny : Chatterton

lundi, 03 juin 2013

Lammermoor

Bourges, Marais, Sara, Lucie, Lammermoor, Walter Scott, Hélène Lammermoor, château hanté, revenants, gothique, Ecosse

Hélène,

Tu cherches Lucie à Lammermoor et ne la trouves pas. Lucie est morte il y a si longtemps. Il ne doit rien rester de ses restes précieux, au fond de la tombe que tant de neiges ont recouvertes, durant tant d'hivers.

Que voudrais-tu lui dire ? N'y a-t-il pas d'autres femmes, d'autres soeurs à aimer dans les froids soirs de novembre, quand le vent claque contre les volets des campagnes de l'Ecosse ? Tu marches en quête d'un fantôme qui n'a plus rien à te dire. Ses oreilles n'existent plus pour écouter tes plaintes et tes rêves. Seule l'écorce des arbres pluriséculaires t'entendent. Ils sont les témoins d'une époque dans laquelle tu ne te promèneras jamais.

Les grilles des châteaux délaissés sont mangées par la rouille, tu y accroches tes mains fébriles. Le feuillage des charmilles est mort depuis longtemps. Partout où tu portes tes pas, le mystère et l'absence t'attendent.

Lucie t'aurait comprise ; Lucie t'aurait aimée ; Lucie t'aurait emportée au pays des coeurs qui ne peuvent se désunir.

Lucie t'aurait peut-être sauvée. Mais la camionnette aux gyrophares roule à travers les routes serpentines du pays des revenants, et si tu ne te jettes pas dans le fleuve qui passe en bas de la vallée, les hommes en blanc t'arracheront à ton dernier voyage.

 

Lire aussi, sur AlmaSoror :

Black Agnès

Leise flehen meine Lieder 
Durch die Nacht zu dir...

dimanche, 02 juin 2013

Blue Buoy

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Attablés au café du Blue Buoy, boulevard de Vaugirard, en l'an 2000 : toi, un kawa ; moi, une kilkenny. Et peut-être un air de bach remixé par un DJ vietnamien dont je savais le nom. Un homme qui passe comme tous les jeudi soir, les serveurs chorégraphiant le service de l'happy hour, les cigarettes qui enfument le bar. Lumières bleues, lumières jaunes nous encerclent et les vapeurs de l'alcool, les volutes de fumée, les velléités des esprits défaillants nous enfoncent dans la descente clinaménique de la voie inconsciente. Peut-être est-ce pour cela que cette scène, si banale, m'est restée jusqu'à m'apparaître aujourd'hui comme surréelle.
Or, c'est cette scène exactement reconstituée, à un détail près, que j'ai eu la stupeur de reconnaître dans ton film, au fond de ce cinéma miteux où je m'étais décidée à aller le voir, dix mois après sa sortie. Mais toi, tu te souvenais de nos dialogues - que j'avais oubliés -, et je les ai reconnus, assaillie par cette peur caractéristique qu'on éprouve au cours d'un cauchemar, à moitié conscient de l'irréel de la situation, et pourtant y croyant manifestement. Tu t'es donc fié à la magie de cette scène sans contenu spécial, pour créer un autre monde, dans une autre dimension.
Proust expliqua ce phénomène : «Voyez-vous, je crois que ce n'est guère qu'aux souvenirs involontaires que l'artiste devrait demander la matière première de son oeuvre. D'abord, précisément parce qu'ils sont involontaires, qu'ils se forment d'eux-mêmes, attirés par la ressemblance d'une minute identique, ils sont seuls une griffe d'authenticité. Puis ils nous rapportent les choses dans un exact dosage de mémoire et d'oubli. Et enfin, comme ils nous font goûter la même sensation dans une circonstance tout autre, ils la libèrent de toute contingence, ils nous en donnent l'essence extra-temporelle, celle qui est justement le contenu du beau style, cette vérité générale et nécessaire que la beauté du style seule traduit».
Tu vis donc à Berlin, cela ne puis m'étonner de toi. Neukölln te va comme un gant.
Tu ne pourrais sûrement pas deviner à quel point j'ai changé.

La Dolce Vita

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Tout commence dans un rayon de soleil. Une tache rouge glisse sur le macadam scintillant, s'approche, se pose juste à côté de Venexiana.

La portière s'ouvre, Venexiana pénètre dans la berline. La tache s'éloigne, seul le soleil reste au milieu du grand silence.

Les routes de France s'offrent aux roues de la berline qui file vers une ville du centre, cernée par un fleuve et une rivière. Peu d'autos fendent l'air de si bon matin, et les heures passent comme deux ou trois étoiles filantes.

L'arrivée au bout du monde a lieu calmement. Place Saint-Quelqu'un, on dépose la voiture et rejoint des amis, tout un monde marche jusqu'aux bords de la Loire où fromages, meursault, champagne et gâteaux seront dégustés dans la quiétude de cet après-midi qui n'a jamais de fin.

Mais la fin se décide ; à quelques kilomètres, le château attend ses hôtes. Il les accueille dignement, pour un apéritif dans la rosée du soir des prairies alentour, avant de s'enfermer dans la grande salle où cheminées et chandeliers illuminent de leurs flammes les visages en vacances. Certains se sont connus il y a longtemps, ils se reconnaissent et se sourient mondainement, sans dévoiler les souvenirs.

Pourquoi parler du refuge de la nuit, de la fraîcheur du lendemain ? C'est inutile, bien que la tâche rouge retournera déposer Venexiana à son point de départ.

 

vendredi, 31 mai 2013

Fragments d'un discours suicidaire

In memoriam Erika

Elle s'endort chaque soir dans un espoir réchauffé au vin, au développement personnel et flouté par la fatigue.

Elle s'éveille tous les matins avec l'idée plus nette, plus calme que la veille, du suicide.

Elle sonde son incapacité à travailler, à gagner sa vie, à vivre d'une manière autonome et l'âge fatidique qui approche a des airs de guillotine.

L'irrésolution de son art, l'échec de la transmission sont deux griffes qui pincent son coeur de façon toujours plus aigüe.

Le souci de santé qui la hante, heure après heure, jour et nuit, l'entraîne dans des affres de peur, de malêtre et de honte qui rongent sa vitalité comme la rouille érode le métal.

La bancalité des rapports sensuels, les amitiés disloquées ou insatisfaisantes, la dépendance infantile vis-à-vis de ses proches baignent une vie qui ressemble de moins en moins au rêve de l'enfant.

L'horizon semble barré par le rétrécissement de l'espoir personnel, professionnel et social.

Extérieurement, elle fait la fête. Intérieurement, elle implose sous la pression de la défaite.

Le mensonge enrobe tout ce qu'elle touche. Elle ne se ment pas (trop) à elle même, elle ment aux autres, et quand elle ne ment pas, elle sombre. Là où il y a mensonge, il y a possibilité de faire semblant de vivre. Là où il y a vérité, monte le désespoir.

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("Déjà je ne puis plus offrir
Une seule parcelle des trésors de mon âme.
Qui en voudrait ?

Jurij Galanskov, IN Le manifeste humain" Trad par Jil Silberstein)

jeudi, 30 mai 2013

Conseils amoureux

conseils amoureux

à Julien,
qui buvait sa bière rue de Picpus tandis que je déambulais dans la rue de l'Université, en ce soir du 30 mai 2013.

 

Avertissement

Il va de soi que je ne conseille à personne de suivre mes conseils.

Mais on m'a expressément demandé de les mettre par écrit. Les voici.

 

Refus

Refuser quoi qu'il arrive, la maltraitance, l'intrusion, le mensonge, l'impolitesse.

Assurer et exiger le minimum syndical : hygiène, autonomie personnelle, courtoisie quotidienne.

 

Dispositions

Ne rien attendre de l'autre. Autrement dit, combler ses manques soi-même :

si tu cherches de l'affection, ne l'attends pas d'un seul être mais reçois la de chacun, et surtout, génères-en, distribue ta propre affection aux gens qui t'entourent ;

si tu cherches une compagnie, multiplie tes activités sociales de façon autonome ;

si tu cherches plus d'argent, gagnes-en plus ou guéris cette obsession ;

si tu cherches plus de confiance en toi, fais une thérapie pour l'obtenir ;

si tu cherches des contacts physiques, une vie corporelle plus riche, il existe les massages ayurvédas, le catamaran, la natation, la méditation... ;

si tu cherches un projet personnel, réveille ceux que tu as enfouis depuis longtemps en toi.

Etc.

Cela ne veut pas dire que tu ne dois rien attendre d'une relation amoureuse, mais plutôt que tu n'as pas à plaquer des attentes universelles et préfabriquées sur une personne dont ces attentes ne dépendent pas (puisqu'avant même de l'avoir rencontrée tu as besoin de tout cela, c'est que ces besoins n'ont rien à voir avec cette personne particulière).

 

Renoncer à plaire à tout prix. Ça rend fou. Ça ne marche même pas.

Savoir qu'une rencontre, même bouleversante, ne te décharge pas de ta responsabilité sur ton propre destin. Aucune personne ne dépend d'une autre personne précise pour survivre ou pour connaître le bonheur. Tant qu'il y a des êtres sur cette terre, il y a des rencontres merveilleuses possibles.

Garder ses temps de solitude, ses temps familiaux, ses temps amicaux comme ils ont toujours été. Comment pourras-tu exiger la fidélité de quelqu'un si, pour lui, tu as trahi tes amis, tes proches qui t'accompagnaient depuis si longtemps, les reléguant aux arrières-gardes à cause d'une nouvelle rencontre ?

 

Cap

Connaître le cap de sa vie et s'y tenir, quitte à aménager les moyens de l'atteindre pour s'adapter à quelqu'un. Mais sans cap personnel, comment rester soi à travers les tracas et les enthousiasmes ?

 

Horizons

Une fois qu'on n'a pas voué sa propre personne, son propre destin à l'anéantissement volontaire dans le sentiment océanique amoureux, pourquoi ne pas ouvrir toutes les portes de la liberté et de la tendresse pour se laisser transformer et découvrir de nouveaux mondes ?

Passages de Baude Fastoul (extraits des 29 et 30 mai)

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Je tiens à nouveau le journal de Baude Fastoul, arrêté de nombreuses semaines suite à quelques déceptions et difficultés de vivre, puis, au contraire, à de trop grandes exaltations. Je reprends le clavier fastoulien et c'est étonnant d'avoir laissé tant de temps blanc, sans phrases, sans mémoire. J'avais pris l'habitude de laisser trace de chaque jour, et j'ai l'impression que ces lambeaux de vie non écrite sont perdus pour toujours, contrairement aux jours enfastoulés.

Le principe du journal de Baude Fastoul est que les Fastouliens s'engagent à rendre disponible leur journal après leur mort, afin que celui-ci soit publié, en même temps que tous les autres journaux, au lendemain de la mort du dernier d'entre nous. Cette solution permet à chacun d'entre nous d'écrire en toute franchise des choses qu'il accepte de laisser à la postérité, mais non à ses compagnons d'époque. Toutefois, rien n'interdit au Fastoulien de rendre public un passage de son journal ou celui-ci dans son entier. Il n'a juste pas le droit de céder les droits du journal à quiconque pourrait nous empêcher de le publier au lendemain de la mort du dernier de la confrérie.

L'ayant tenu secret (et pour cause : de nombreux passages concernent des gens que je connais et dont je dis ce que je pense, ou encore des épisodes de ma vie que j'accepte de confier à ceux qui ne me connaîtront pas, mais aucunement à mes contemporains), j'ai éprouvé d'abord une liberté, une excitation qui accompagnaient ce secret. Peu à peu, une certaine lassitude s'installe, due à l'aspect intangible, voire clandestine, que donne l'intimité du secret. Je m'essaie donc à la publicité de certains passages. AlmaSoror reçoit environ 500 visites par jour, et je suis incapable de savoir qui vient, et à quelle fin. Je suis heureuse de savoir que des yeux parcourent nos billets – mais ne peux rien supputer ni supposer sur vous, mes amis. Peut-être parmi vous, certains Fastouliens viennent un peu, souvent, lisent quelques billets, ou tous. Quoi qu'il arrive je n'écrirai rien ici de fastoulien qui livre des informations sur certaines parts de mon intimité, rien non plus qui trahisse autrui.

J'ai beau apprécier de lire, quasi-quotidiennement, l'étrange journal Le jour ni l'heure, du (mal-)pensant Renaud Camus, je n'ai pas ce cran – ni cette impudeur ? - de minutieusement rendre public ce qu'il est d'usage de cacher.

Mercredi 29 mai, jour de la Saint Aymard (prénom d'un de mes oncles éloignés, rencontré à peine trois fois...)

Je ne relate que le soir : j'ai passé la soirée au Godjo, en compagnie Emmanuel, qui découvrait la cuisine éthiopienne avec plaisir. Ils n'avaient pas de tedj, nous avons donc bu du Côtes de Provence. Emmanuel a eu un peu de mal à se laisser inviter, quelques semaines après son anniversaire de quarante ans . Nous avons marché ensemble en sortant du restaurant, jusqu'au Luxembourg. C'est toujours un plaisir de contempler le visage énergique et profond de cet ami si fraternel.

Le soir, couchée tard (après minuit), pour continuer ma lecture d'Un monde invisible, de Laurence Bordenave, suivi de quelques phrases de La brièveté de la vie. J'hésite à laisser tomber Sénèque pour Lucrèce, afin que les thèmes de mes deux lectures s'épousent.

Jeudi 30 mai, jour de la Saint Ferdinand. Levée tôt, puis recouchée avec un café. Activités diverses, jusqu'à ce déjeuner de la rue des Orteaux, court, mais je l'ai rallongé en rentrant à pied. Place de la Nation, deux anciens camarades des Langues Ô me hèlent, nous nous attablons quelque temps et échangeons des nouvelles que chacun essaie de rendre le plus vague possible. Je rentre ensuite par le boulevard Diderot, le boulevard de l'Hôpital, le boulevard de Port-Royal, jusqu'à Duroc. Chacune de ces voies se charge de me renvoyer les souvenirs qui lui sont liés.

Et j'écoute l'Agnus Dei de la messe pour double coeur de Frank Martin, plusieurs fois, et enfin toute la messe. La fameuse messe de Frank Martin, encore si peu connue. Serait-ce, avec le requiem de Duruflé et les litanies de la vierge noire, la musique du XX°siècle que je préfère ?

Nox (deux berceuses)

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Ô nuit !

Ô nuit ! Qu'il est profond ton silence
Quand les étoiles d'or scintillent dans les cieux
J'aime ton manteau radieux
Ton calme est infini
Ta splendeur est immense

Ô nuit ! toi qui fait naître les songes
Calme le malheureux qui souffre en son réduit
Sois compatissante pour lui
Prolonge son sommeil, prend pitié de sa peine
Dissipe la douleur, nuit limpide et sereine.

Ô Nuit ! Viens apporter à la terre
Le calme enchantement de ton mystère.
L'ombre qui t'escorte est si douce,
Si doux est le concert de tes voix
chantant l'espérance,
Si grand est ton pouvoir transformant tout
en rêve heureux.

Ô Nuit ! Ô laisse encore à la terre
Le calme enchantement de ton mystère.
L'ombre qui t'escorte est si douce,
Est-il une beauté aussi belle que le rêve ?
Est-il de vérité plus douce que l'espérance ?

 

Mon bel ange va dormir

Mon bel ange va dormir
Dans son nid l'oiseau va se blottir
Et la rose et le souci
Là-bas dormiront aussi
La lune qui brille aux cieux
Voit si tu fermes les yeux
La brise chante au dehors
Dors, mon petit prince, dors
Ah! dors! dors!


Mon ange a-t-il un désir
Tout pour lui n'est que joie et plaisir
De jouets il peut changer
Il a moutons et bergers
Il a chevaux et soldats
S'il dort et ne pleure pas
Il aura d'autres trésors
Dors, mon petit prince, dors
Ah! dors! dors!


Mon petit prince au réveil
Recevra les présents du soleil
Qui seront de beaux habits
Brodés d'or et de rubis
La lune d'un fil d'argent
Avec un reflet changeant
En aura cousu les bords
Dors, mon petit prince, dors
Ah! dors! dors!

Sur AlmaSoror on peut lire aussi Lux & Nox

mercredi, 29 mai 2013

Aujourd'hui vers 14h40 au fond de l'Oise

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Un enfant apprenait une nouvelle qui le marquera pour la vie. Que la paix et la confiance soient avec lui.

mardi, 28 mai 2013

Nadine Gordimer et Jean Cocteau à l'Hôtel de Massa

SGDL, Société des Gens de Lettres, Cristina Campodonico, Jean Cocteau, Variations Cocteau, Michel Deguy, David Gullentops, Serge Linarès, Gloria Paris, Michel Vuillermoz, comédie française, comité Cocteau, Thomas l'imposteur, Nadine Gordimer, Une saison de nobel, André Brink, Jacques Martial, Edouard Glissant, Gabeba Baderoon, Daimler Chrysler, Georges Lory,

Un bel hôtel du quatorzième arrondissement, deux écrivains du XX°siècle,
deux soirées au cours d'un printemps qui se prend pour un automne.

 

Le jeudi 30 mai et le jeudi 6 juin, on pourra assister, à la Société des Gens de Lettres, rue du Faubourg Saint-Jacques, à Une saison de Nobel et aux Variations Cocteau. (Mais pour ceux qui ne connaissent pas la Société des Gens de Lettres - SGDL -, ne faut-il pas commencer par écouter Cristina Campodonico nous en parler ? C'est possible au bas de ce billet...)


Jeudi 30 mai à 20h00 à l'Hôtel de Massa

Nadine Gordimer ,  Prix Nobel de littérature 2011, Afrique du Sud

Nadine Gordimer, SGDL, Société des gens de lettres

«... pour la magnifique oeuvre épique d’un très grand intérêt pour l’humanité »

La présentation  sera assurée par Georges LORY
Grand reporter à Jeune Afrique, puis diplomate, conseiller culturel en Afrique du Sud de 1990 à 1994, il participe à la transition démocratique du pays. Entre 1998 et 2008, il est directeur des Affaires internationales de Radio France Internationale et depuis 2009 délégué général des Alliances françaises en Afrique australe. Il a publié trois recueils de poèmes (dont un en afrikaans), traduit des poètes afrikaners dont Breyten Breytenbach et Antjie Krog, des romans et nouvelles de Nadine Gordimer, des textes de John Coetzee et d’André Brink, ainsi que l’écrivain néerlandais Adriaan van Dis. Il est l’auteur de quatre ouvrages dont un sur l’Afrique du Sud.

Une lecture en anglais sud-africain sera donnée par la poétesse sud-africaine Gabeba BADEROON...
Elle est l’auteur de recueils de poésie The Dream in the Next Body (2005), The Museum of Ordinary life (2005), et A Hundred Silences (2006). Son oeuvre est largement traduite et apparaît dans des anthologies : Bending the Bow, African Love Poetry (2009), So Much Thing To say (2010) et Letter to South Africa (2011). Elle a été acclamée dans plusieurs festivals littéraires internationaux, et plus récemment, au Festival de Poésie de Princeton. Gabeba Baderoon reçu le prix de Daimler Chrysler de Poésie Sud-africaine en 2005.

...Suivie d'une lecture en français par Jacques MARTIAL.
Homme de théâtre et de scène autant qu’acteur de cinéma et de télévision, est l’interprète d’un répertoire riche. Militant du Vivre ensemble il est un artiste engagé depuis toujours à la promotion l’égalité des chances dans notre pays et un lecteur d’auteurs tels qu’Aimé Césaire, Edouard Glissant ou encore André Brink. L’Afrique du Sud, où il a eu l’occasion de se produire au théâtre, est pour lui un modèle à travers la capacité de son peuple mais aussi de ses artistes à refuser de se soumettre à l’autorité d’un système injuste mais aussi d’oeuvrer pour une réconciliation pacifique entre ses communautés autrefois séparées. Il est président de l’Etablissement public du parc et de la grande halle de la Villette.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Renseignements et réservations : 01 53 10 12 00 - communication@sgdl.org

 

Jeudi 6 juin à 19h30 à l'hôtel de Massa

 Jean Cocteau

Jean Cocteau, Société des gens de lettres, SGDL

« Je suis anticonformiste au point de l’être contre le conformisme qui consisterait à être anti-Académie » disait Jean Cocteau en 1955, lorsqu’il a accepté de siéger à l’Académie française où il venait d’être élu. Un paradoxe qu’on lui a reproché, mais qui ne posait pas le moindre problème à l’homme de lettres.

Jean Cocteau l’homme de théâtre, celui qui se revendiquait avant tout poète mais qui a néanmoins écrit de nombreux romans, qui fut aussi peintre, chorégraphe, scénariste, cinéaste…

Jean Cocteau le créateur d’avant-garde et surtout l’écrivain prolixe, auteur d’une œuvre poétique et romanesque d’une grande amplitude allant du La Lampe d’Aladin (1909) à La partie d’Echec (1961) en passant par Thomas l’imposteur (1923) ou les fameux Enfants terribles (1929). Jean Cocteau, le magnifique poète.

C’est l’aspect protéiforme de la création littéraire de Cocteau que la SGDL souhaite mettre en lumière, au cours d’une soirée émaillée de témoignages, lectures, d’extraits sonores ou audiovisuels, pour une évocation de l’écrivain à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition.

 

Une soirée en présence de Pierre Bergé, président du Comité Cocteau, avec les invités :

Michel Deguy, poète

David Gullentops, éditeur des oeuvres poétiques dans la Pléiade et directeur des Cahiers Cocteau

Serges Linarès, éditeur des Oeuvres romansques dans la Pléiade

Gloria Paris, metteur en scène de "La Machine infernale" et "Les Enfants terribles"

Et Michel Vuillermoz, de la Comédie française, qui lira des extraits de la poésie de Cocteau et "La Difficulté d'être"

Une rencontre présentée et animée par Jacques De Decker, et organisée avec le soutien de la DRAC d'Ile de France - Ministère de la Culture et de la Communication

 

à propos de la SGDL (Société des Gens de Lettres)


Entretien avec Cristina Campodonico... par LesNouveauxTalents

Vol de nuit

charme

Qui es-tu ? Nos regards se sont croisés, puis ton visage s'est figé, blêmi. Alors j'ai poursuivi ma route, l'oeil troublé.

De l'autre côté de toi, deux femmes croyaient m'ensorceler. Mais c'est toi qui m'interpellait.

(Je portais une robe Lacoste mais c'était interdit de le remarquer).

lundi, 27 mai 2013

Le fils de Madeleine

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 Tu démbules peut-être dans les rues de ton quartier au hasard, hagard, les yeux dans le vide intersidéral de ton existence éteinte depuis si longtemps. Tu ne penses à rien. Tu as rompu le contrat qui consistait à ressasser, chaque soir quelques minutes, les derniers instants à Paul Brousse. Tu te liquéfies lorsque tu entends les sirènes des samus, tu trembles quand dans les vitres des bars se reflètent les gyrophares. Quelques moments d'une enfance incomprise te bercent, et tu penses à cette femme que tu aimes. Elle est là-bas, à l'autre bout du monde, de l'autre côté du périphérique, rieuse ce soir, sûrement, au milieu de ceux qu'elle fréquente. Elle possède une voiture vert foncé qu'elle gare au bout de la rue, sa cuisine n'est jamais impeccablement lavée. Elle t'a éconduit comme une grande repousse un petit garçon qui exagère, ne sachant pas qu'elle hantait tous tes rêves depuis huit années. Tu lui as déplu, en insistant avec des mots déposés ici et là, et elle t'a frigorifié en troquant son sourire de condescendance pour une moue énervée. Mais tu lui as pardonné et désormais c'est à elle que tu penses, chaque soir quelques minutes, lors de la promenade des jours sans pluie. 
C'est drôle, quelque fois tu te demandes ce que l'adolescent que tu étais dirait s'il te voyait, si mal habillé. Tu n'es pas comme les hommes des entreprises, ceux qui passent par l'ascenseur et qu'on voit attablés aux bistrots à l'heure du déjeuner. Tu te demandes aussi s'il croyait vraiment en regardant les grandes personnes qu'il aurait lui aussi, à son tour, une femme à tenir par la main, une voiture à conduire sur la route, des enfants à emmener à l'école.

Je t'ai connu un peu à l'époque où nous étions tous mélangés, dans ce quartier en construction. Tu sais, bien que nous soyons différents, il me semble avoir touché ton coeur, le jour où tu as effleuré ma main. Tu déambules certainement comme avant, dans les rues de ton quartier, hagard, entrouvrant ta bouche par où passe toute la surprise naïve des choses qui nous dépassent. Tu penses à des choses sans importance. Tu as rompu le contrat qui consistait à ressasser, chaque soir quelques minutes, les derniers moments à Paul Brousse. C'était trop difficile, de toujours penser que tu as perdu celle qui te maintenait digne. Quelques moments d'une journée incomprise te peinent, et tu penses à cette femme qui te fascine. Elle est là-bas, à l'autre bout du réel, de l'autre côté des administrations, songeuse, ce soir, sûrement, au milieu de ceux qu'elle régente.


ECL

vendredi, 24 mai 2013

Hommage à Miles, par sa soeur Joan

Miles Yufitran, Joan Yufitran, trompette, sommet de l'Etat, idéaux trahisPhot Sara

Extrait d'une lettre de Joan Yufitran publiée dans la gazette de Saint-Jean en Ville, le mois précédant la mort du grand trompettiste.
 
Je sais que vous n'aimez pas ce monde des combats interdits, auquel je succombe si facilement. Moi, je le préfère à votre douceur hypocrite. Vous êtes perché au sommet de l'Etat. Vous êtes donc tout aussi vendu que moi. Mais moi, j'en suis consciente.
Et puis j'ai une douleur bien plus grande que celle d'avoir trahi mes frêles idéaux de jeunesse.
J'ai perdu un frère. Oh, bien sûr, il est toujours vivant, et il erre, de ville en ville, de port en port, traînant sa trompette, ses yeux de poète insomniaque et ses souffrances vides. Mon frère était mon seul amour, depuis toujours et à jamais.
Miles, tu me hais. Pour combien de temps encore ?
 
Joan Yufitran
 
 
Suit ce témoignage, datant de l'an 2007, d'Alicia-Pilar « la matadora » Desdemone-Cajas sur Miles Yufitran, compagnon de route d'AlmaSoror, frère blessé, amant perdu, ami enfui :

J’erre à Santa Marina sans savoir à quels saints me vouer
Je me rappelle des deux filles avec qui j’ai travaillé pendant plus de quinze ans dans un bar de Saint-Jean en Ville, en Louisiane française : Anita F.C. Trosh et Oriane Siette.

Nous savions rire ! Nous savions pleurer ! Deux dons qui ne sont réservées qu’à des âmes d’élite. Le Rire et les Pleurs sont un Art que peu de gens pratiquent avec hauteur.

Quel ennui en ce bas monde si mal peuplé. Riches et pauvres se rejoignent dans cette médiocrité qui les atteint tous. Nous ne sommes que quelques uns à nous élever au-dessus de cette bassesse, par la grâce de Dieu. Il y en a quelques uns par ici, Dieu soit loué. J’ai rencontré une jeune femme amusante, qu’on appelle Yeux Noirs. Elle semble s’élever au dessus des pensées et des actions habituelles.
Il y a un jeune homme qui passe me voir pour pleurer et parler de musique. Quelle élégance, quelle soledad, quelle dolor étoilée dans ses yeux béants ! Quelle divine musique quand il prend sa trompette ! Un vrai poète, mi irlandais mi berbère, qui s'appelle Miles Yufitran.
 
 
Et enfin, un des derniers textes de Miles, écrit, sans doute, quelques jours avant sa mort :
 
Ma trompette fait la gueule. Alors je la laisse tomber et je bois. C’est dur d’être un musicien. On est des poètes du sable, à la moindre vague notre œuvre est détruite, effacée à jamais. On balance du vent dans les oreilles des gens et ils nous remercient en ne comprenant pas le fond de notre âme. On zone, on boit, on crève jusqu’à l’aube, et on se réveille avec une mélodie qui pince le cœur. Alors on attrape la trompette, on souffle nos douleurs dedans et ya un voisin qui crie : «Ta gueule ! »
Mais on continue quand même.
La rue est belle, les poubelles aussi sont belles, tout peut être beau quand on a les yeux remplis de ciel. Ma musique, mon amour, tu m’entraînes loin des hommes, alors parfois je te hais. Puis je me souviens que si tu m’entraînes si loin des hommes, c’est pour m’emmener plus près des étoiles.
 
Miles Yufitran

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Photo KPM

Pour en savoir plus sur Miles Yufitran, voir par ici...

 

Le jour et la nuit

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(Si loin de jour, cyprès la nuit)