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jeudi, 05 septembre 2013

17 septembre : rendez-vous à la SGDL pour une soirée radiophonique

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écoutez-vous parfois, en conduisant, en dormant, en sirotant un café, des fictions radiophoniques ? Moi, j'ai commencé à les écouter après la lecture de La tia Julia y el escribidor (La tante Julia et le scribouillard), de Vargas Llosa : nous étions dans un train nord-péruvien, elle dormait, je lui ai pris son livre et l'ai lu... Quelque temps plus tard, j'écoutais mes premières radionovelas

La fiction radiophonique existe, bien que cette existence soit discrète ; elle procure parfois du plaisir, de la stimulation intellectuelle et auditive, elle est une autre façon d'aborder l'imaginaire. Non, ce n'est pas du théâtre. Non, ce n'est pas du conte. Cela ne ressemble à rien d'autre qu'à la fiction radiophonique, et la Société des Gens de Lettres, au sein de laquelle sévit la tenancière du blog AlmaSoror, vous invite à écouter Débruitage, de Christophe Deleu et François Teste, puis à poser des questions aux deux auteurs ensuite, si le cœur vous en dit.

Pour être certains que vous aurez une chaise, il faut envoyer un mail à la fée communicatrice de la SGDL, en lui disant que vous assisterez à cette soirée. Son mail est au bas du document ci-dessus.

N'hésitez pas : osez, venez, écoutez et savourez !

 

Edith

Sans peur et sans remède

 

mercredi, 04 septembre 2013

4 septembre : billet anniversaire

AlmaSoror, souviens-toi de tes 4 septembre.

2009 : souvenir d'un temps de foi européenne, comme en témoigne cette farfelue "Formation de la société européenne". Le texte date de 2006, 2009 est une republication.

2010 : Si vous saviez à quel point noire, noire, noire est la nuit lorsqu'elle se dépsychise.

2011 : Vous lûtes Richesse et misère de nos comptes en banques et de nos coeurs.

4 septembre, hyperadaptation, la formation de la société européenne, europe et éducation, dépsychisation, nuit, nuit noire, compte en banque, richesse, misère, coeur

mardi, 03 septembre 2013

(sans titre)

 


Ne ressens rien qui ne soit important pour ton âme.

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lundi, 02 septembre 2013

La rentrée d'Anatole

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Ce texte que tant d'entre nous récitâmes sur une estrade vieillotte et poussiéreuse, sous les yeux d'une institutrice acariâtre qui méprisait les bandes dessinées... Dehors, la rue, les cafés, le square et les chiens qui passent avec les vieilles dames. Loin, trop loin de la mer.

Ce texte que tant d'entre nous ne récitâmes pas sous le tableau de métal et de plastic, face au jeune prof en jean, mal rasé, qui faisait des fautes de syntaxe. Dehors, les barres, le périphérique, les kebabs, l'espace vert et les pitbulls attachés ensanglantés avec les jeunes garçons. Loin, si loin de la mer.

En France, à quelques années de distance, à quelques kilomètres de distance, quand nous étions enfants.

Je vais vous dire ce que me rappellent tous les ans, le ciel agité de l’automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent ; je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c’est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues.
Ce que je vois alors dans ce jardin, c’est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s’en va au collège en sautillant comme un moineau.
Ma pensée seule le voit ; car ce petit bonhomme est une ombre ; c’est l’ombre du moi que j’étais il y a vingt-cinq ans ; Vraiment, il m’intéresse, ce petit : quand il existait, je ne me souciais guère de lui ; mais, maintenant qu’il n’est plus, je l’aime bien.

Il y a vingt-cinq ans, à pareille époque, il traversait, avant huit heures, ce beau jardin pour aller en classe. Il avait le cœur un peu serré : c’était la rentrée.
Pourtant, il trottait, ses livres sur son dos, et sa toupie dans sa poche. L’idée de revoir ses camarades lui remettait de la joie au cœur. Il avait tant de choses à dire et à entendre !

C’est ainsi qu’il traversait le Luxembourg dans l’air frais du matin. Tout ce qu’il voyait alors, je le vois aujourd’hui.
C’est le même ciel et la même terre ; les choses ont leur âme d’autrefois, leur âme qui m’égaye et m’attriste, et me trouble ; lui seul n’est plus.

C’est pourquoi, à mesure que je vieillis, je m’intéresse de plus en plus à la rentrée des classes.

Anatole France

 

dimanche, 01 septembre 2013

Ton rêve, lorsque tu penses à celles, à ceux qui dormaient dans ses bras avant toi

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Damien :

Toutes ces femmes, toutes ces femmes, toutes ces femmes flottent autour de toi quand tu marches sur la place qui s'étend vers le Sud de la ville. Et tous ces chiens, ces chiens, ces chiens qui dorment de l'autre côté de ton regard, as-tu prononcé leurs noms ? Tu vieillis, tu vieillis, tu vieillis, autour de tes yeux et sur le bord des lèvres il est écrit que tu vieillis. Tu dors, tu dors un peu et je m'endors au fond de mes propres yeux - où sont l'écaille et le hasard fiévreux ? Le hasard qui nous avait tendu les mains, les bras, plus loin que le coin des gens heureux.

 

Électre :

Ressembler aux hommes et aux femmes qui m'avaient donné du feu, à Pornichet. Ils ressemblaient à un rêve et ils souriaient comme des frères. Ils avaient l'habit des princes et ils m'invitaient à aller avec eux. Ils me laissaient libres. Ils me laissaient partir si j'étais différente, pas assez libre, pas assez prête, pas assez d'accord.

Je suis partie et je le regrette. Je ne pense pas à ceux qu'ils avaient étreint avant. Je pense à ceux et celles qui ont eu la chance d'être étreints après. Après que je n'aie pas osé rester.

 

Marc :

L'influence de l'imaginaire sur la voix, sur la peau, sur la vue, l'ouïe, l'odorat ; sur la détente et l'énergie ; sur le rire, les gestes, sur la qualité des silences et sur celle des caresses : l'influence de cet imaginaire est trop grande pour que je me laisse aller à imaginer les autres hommes de sa vie.

 

Édith :

Je me dis qu'elles étaient belles, chaudes, denses, ensoleillées ou peut-être, parfois, nocturnes dans leurs voix ombrées, au fond de leurs films noirs, avec leurs mains expertes, et je bois du rhum.

 

Alexandre :

Je veux tout savoir et j'insiste pour tout entendre, tout comprendre, tout refaire comme ils avaient fait.

 

Délia :

Ne rien savoir. Ne rien penser. Agir. Tout lui faire oublier.

 

Laure :

Ce n'est pas un rêve, c'est un cauchemar.

 

K :

J'y peux rien. Moi aussi j'ai eu mes amours fauves.

 

Manuel :

Je les compte et je me compare !

 

Antoine :

Rien à foutre.

 

Florence C :

Je suis la seule, l'unique, la première et la dernière.

 

 (Sur une idée de K.)

vendredi, 30 août 2013

Metal Girl

metal girl, valentine morning

AlmaSoror se résout à publier la lettre de Val Morning à L.T., presque dix ans après...

"Vous, vous jugez selon la chair ; moi je ne juge personne".

Nous ne jugeons rien. Qu'elles reposent en paix.

metal girl, valentine morning

Metal Girl (Val Morning)

To L.T


Metal girl,

Where are gone

The blue insistences

That

At childhood times

Tore

The vault of heaven

And flew over

The crystal Acropol

Where we were exiled ?

 

(Is childhood still your refuge

When Europe is blue ?)

 

Only us

Could see them,

For we had touched

Elsewhere's dreams

With our little satin-fingers.

Alas !

Bird-City

Ran away,

And I look for

The alchemy of chromosoms

That lets

The way to the other side of the world

Open.

 

Is Childhood still your refuge

When Europe is blue ?

 

Galaxies let us down ;

They pursue their spherical cycles,

With the lack of concern

Of the adolescents

Who will never wake up old.

I know that you know

That youth is inscribed in us

Like the past lives are

In the stones

Of faraway

Immaculate

Mountains.

 

Is childhood still your refuge

When Europe is blue ?

 

But we must bear this moving mask

Earthy life imposes,

And which will turn and crumble

In Dust,

In alluvium.

We were exclusively built

For the beauty of elusive things ;

We've been imposed

The glaring uglyness

Of garish reality.

 

Opium and smoke,

Alcohols and words

Are sweet shores...

 

But me,

I still wait for

The return

Of the big flying vessel.

 

Metal girl

I have become a motels girl

While you married

And settled.

Do you remember

The dangerous games and crazyness ?

My body grew up

And opium

Came

Instead of candies and stories.

But nothing has changed.

Nothing...

 

Is childhood still your refuge

When Europe is blue ?

 

Val Morning (R.I.P.)

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mercredi, 28 août 2013

Siobhan Hollow

Siobhan Hollow par Sara.jpg

Siobhan Hollow nous apporte des textes théoriques, poétiques et pratiques sur l'univers du vol libre et du deltaplane.
Elle les envoie par SMS au webstandard d'AlmaSoror, qui tente de conserver le style en créant une ponctuation et en finissant quelques phrases. Elle jure, pourtant, qu'elle écrit à terre, et non dans le ciel depuis son deltaplane. Même à terre, Siobhan plane.

 

Les articles que Siobhan Hollow a écrit pour AlmaSoror :

Le retour de Siobhan Hollow

Entrevue avec Siobhan Hollow, deltaplaniste

Sur Schütz

Vol de pluie

Nocturne estival I : sous le royaume des étoiles

Notes et bulles bleues

Figures célestes

Vol libre et planantes guitares fordjiennes

La nuit, la guerre

Deltaplane

Lancement de la rubrique "vol libre" : hymnes au deltaplane

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mardi, 27 août 2013

Alerte monomanie : une des photographes d'AlmaSoror atteinte de gruélité

grue, mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva

AlmaSoror, sans être un asile reconnu par l’ONU, accueille pas mal de fous, comme vous l'aurez remarqué. D'ailleurs, si vous lisez ceci, c'est que vous l'êtes un peu, ou tout au moins vaguement fêlé aux encoignures du ciboulot. Un expert, qui a analysé notre blog récemment, a diagnostiqué que la seule personne entièrement normale gravitant autour de ce blog, c'est votre servante. Hormis moi, tous, lecteurs, collaborateurs, visiteurs occasionnels, dépanneurs sympathiques, auraient une ou deux cybernévrose(s) sur le feu sacré. Quoi que j'en pense, ce n'est pas dans mon genre de contredire un expert.

L'une de nos auteurs - la photographe Mavra Nicolaïevna Novogrochneïev -, a développé récemment une pathologie qui ne laissera pas de soulever des débats entre les spécialistes les plus chevronnés de l'âme humaine. Notre tendre amie s'est prise de passion pour les grues (l'objet, pas l'oiseau), et ne peut en voir une sans sortir immédiatement son appareil-photo numérique, ou à défaut son téléphone. Lorsqu'elle n'aperçoit pas de grue au cours d'une promenade, une sorte de douleur lancinante s'installe au fond de son esprit. Alors elle prononce, en son for intérieur, le mot : "grue", plusieurs fois, comme un mantra. Peu à peu, le calme revient.

Le résultat de cet étrange mal ? Un blog, qui s'intitule joliment 1000 grues, et se sous-titule Belles grues des rues.

Si vous sentez au fond de vous-même que, vous aussi, vous êtes atteint par la gruélité, foncez à cette adresse, et rendez-vous y souvent. Jour après jour, grue après grue, vous irez de mieux en mieux.

La page de Mavra sur AlmaSoror

Le blog 1000 grues, belles grues des rues

(L'illustration sonore de ce billet, Still water, de Yellow 6 alias Jon Attwood, a été choisie pour appuyer l'impression monomaniaque).

grue, mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva

Légende : Mavra en compagnie de Sara, à l'époque où la gruélité n'était pas formellement diagnostiquée.

27 août : billet anniversaire

AlmaSoror, le 27 août de l'année dernière, tu répondais à une question de Sara.

Sara

samedi, 24 août 2013

Prières pour la ville atlante

éditions du soleil,2025,sahara,traduction,traductologie,carvos loup,hanno buddenbrook,magie,fructôse,moissonPhot. Carvos Loup


Par Hanno Buddenbrook
Traduction d'Edith de Cornulier-Lucinière

 

Préface de la traductrice

A l'heure où je traduisais ces poèmes suspendus entre ville et rêve, Hanno Buddenbrook était encore vivant.
J'enseignais alors le hawaiien et l'allemand à l'université des Pierres Emmurées de Saint Jean en Ville. Je devais participer à des colloques et à des fêtes intellectuelles organisés par le comité spirituel de la ville, qui tenait à sa réputation mondiale de Paradis intellectuel. A mes heures libres, je traduisais les poèmes de Hanno Buddenbrook. Depuis le balcon où je cherchais la correspondance des mots, j'entendais le flot monotone de la rivière, le bruissement sempiternel des feuilles au dessus d'elle, recouvert parfois par la musique du théâtre musical des Colonnes San Marco. Le rythme de ma vie d'alors effaçait les arcanes familiales qui avaient tant obscurci ma jeunesse. Tous mes amis étaient orphelins. N'ayant rien à dire d'eux mêmes, il savaient écouter le bruit des nuages et l'amour des oiseaux. N'ayant rien à sauver ils sauvaient l'art et le monde et nous échangions des idées sans penser à la mode et à l'argent. Hanno Buddenbrook se mourait à des lieues de là, sans que je puisse le rejoindre, le passage entre nos deux villes étant interdit. Je lui consacrai mon temps libre et le savais heureux de savoir son œuvre entre des mains emplies de vénération. Nous buvions des coquetels si bons et chaleureux que j'avais l'impression de flotter au dessus de la vie et supportais ainsi la triste fadeur de mes confrères universitaires et de mes étudiants. C'était ma vie d'alors, à cette époque étrange où personne n'aurait su dire qui dirigeait le pays et quelles en étaient les bornes. Comme il faisait bon ignorer la marche du monde ! Je n'avais que l'alcool noyé de fruits, la poésie et les longues marches à l'autre bout de Saint Jean en Ville, dont l'avenue bordée d'arcades rappelait le temps de l'Amérique du Sud coloniale. C'est dans cet esprit que j'ai traduit ces prières pour la ville atlante, prières païennes, certes, mais d'un paganisme post-chrétien. Je ne veux retoucher ces traductions ; un autre que moi, peut-être, dans l'incertitude d'un présent à venir, cherchera à mieux rendre dans notre langue, cette langue Buddenbrookienne qui demeure, depuis sa mort, l'unique présence de son auteur parmi nous. Une présence surannée, certes, mais vivante, et qui ressuscite, au détour d'une phrase, un monde que nous détestions autant que nous le regrettons aujourd'hui.

Édith de Cornulier-Lucinière, demi-Fructôse de l'an 2044, après la moisson

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Prières pour la ville atlante

Par Hanno Buddenbrook

I Apache

 

Apache ! Tu danses au-dessus des villes. Comme Christ, tu marches sur les eaux vives et tu meurs loin des eaux dormantes. Des chiens sont tes amis, des amis te servent la soupe du soir. Personne ne t'aime assez pour cesser de te craindre. Chacun t'admire trop pour souhaiter ta mort. Tu domines sans pouvoir, ta puissance lumineuse ne touche jamais aux vies des autres. Tu es Mystique.

 

II Poussière

 

L'électrorayon du soleil orange et rouge t'attrape et t'emprisonne. La ville a froid dans cet après-midi de fin du monde. Aucun poète n'a le droit de vivre aux yeux des cités paresseuses, qui construisent, édifient, érigent, pour fuir le temps du rêve. Nos sciences fracassées par les somnifères n'éclosent plus à Insomniapolis. Nos églises sont vides de Dieu. Les rues pressées voient passer les errants, les clochards, les bêtes abandonnées, les enfants livrés à leurs jeux de bagarre. Il n'y a plus que quelques solitudes pour aller chercher la réponse au bord du fleuve. Le fleuve, qui charrie vos idées et vos déchets, n'a pas oublié les poissons de l'autre monde, les êtres des autres villes, celles que l'océan a recouvert il y a des milliers d'années.

 

III Ferraille

 

Fer et sang, feu, métal, acier, plastic aussi, qui demeurent vaillants sans rouiller au-dessus des ponts. Carcasses de voitures et de machines dont on ne sait plus l'utilité, squelettes d'immeubles et béton fondu des routes, les rats vous ont élu pour cathédrales de leurs messes sans Nom. Ils vivent de vos émanations et se repaissent en vos formes avachies. Vos lumières les bercent, vos ombres les rafraîchissent et le son que leurs pattes émettent en vous parcourant sont la musique de leurs hymnes. Où sont les êtres humains ? Partis : ils construisent ailleurs la future ville des rats.

 

IV Désert

 

Où les arbres ne poussent plus, cela s'appelle le désert, disaient les livres de géographie. Et les enfants sages marchaient dans les grands magasins peuplés de grandes personnes, persuadés qu'ils parcouraient le Sahara.

 

V Magie

 

La musique renaît. Pierres se rencontrant dans l'espace, souffle des animaux préhistoriques, amoureux au fond des lits, enfances courant dans les rues, notes de trompettes et de métalophones tombant comme la pluie sur les vitres et les dalles : la magie éclot dans la musique. C'est le début du monde. Le monde est mort. Les enfants sont venus.

 

Hanno Buddenbrook,

Editions du Soleil, 2025

 

(D'Hanno Buddenbrook et sur AlmaSoror, vous pourrez lire aussi Le Châtiment...)

jeudi, 22 août 2013

Bioenfance

AlmaSoror vous invite, si vous en éprouvez le désir et si vous y êtes prêt, à pénétrer dans un texte intitulé bioenfance, écrit le jeudi 22 aout avant 10h29 du matin à Paris, dans une chambre au fond d'une cour du boulevard du Montparnasse.

christophe conte, victorine school, darkel, bio, bioenfanceDonzac, par L.B.

Surtout ne pas succomber aux premières saveurs, froides, à leurs effluves légèrement analgésants, comme rescapés d'un crash mental, mais qui escorte le plus aérien des massages : le doigté pulpé. Vous êtes arrivé à bord de la Mésange, vaisseau de verre en forme d'oiseau blessé dessiné par un enfant malade, qui trace des parachutes depuis dix ans sur de grandes feuilles blanches qui râlent quand on les brûle. Exterminons d'emblée les scories qui hérisseraient les cheveux de tout lecteur estampillé normal : traces noires, fumées grises se désintègrent, sous l'intense activité d'un aérosol futuriste. Vous pouvez vous installer confortablement dans les volutes sonores naissantes. Pourtant, ce voyage ne vous transportera dans nulle contrée réelle, et encore moins au bout d'un songe désincarné à des fins commerciales. Il ne s'agit que d'un caprice hémiplégique, qui ouvrira l'album de l'innocence que vous aviez délaissé depuis longtemps. La première fois que votre corps se souviendra d'un temps où le temps construisait vos forces au lieu de les manger. Le phénix et le sphinx accompagnés de leur mère, petits jumeaux terribles accrochés aux bas résille d'une femme fatale, marchent parmi les paysages nus et vierges vers la maison symbolique où la mémoire dissimulée lance des rappels indistincts à intervalles réguliers. Du repas fantôme sur la table – face à la télévision qui envoie ses ondes périmées – et de tous ces arbres sans racines – bouleaux sans feuilles, érables débranchés – émane la fragilité dont vous aurez besoin pour respirer. Si vous bavez un peu, votre salive ira irriguer les troncs de l'être végétal du centre. Bouleversées, soudainement bizarres, vos mains intuitivement trieront les équations propres et les noms ésotériques. Cendres = (vers la gauche + cymbales) – Orages x [(principe + principes) – bolchevisme émotionnel]. Vous suivez le flux des calculs simples, imparables, et beaux. La préméditation discrète de votre cœur qui veut battre autrement descend dans la vallée profonde, à moitié engloutie. La réalité du jour dévide les poussières du studio où l'âme bien rangée végète : « Tu diras comment les câbles ont enroulé leur étreinte plastique autour des joies naïves, où l'ancienne utopie filtrait ses effets convulsifs », précise le guide, conscient des légendes aux ondes closes et de leur instant latent, étanche et imperméable. Émotionnelle d'abord, votre âme comme un serpent descend l'ascenseur du monde, s’habitue lentement au contraste, s'approche des éclairages et températures du cortex. Sur ces plages, où le reflet irréel des pensées aquarélise le sable, le cercle trompeur du soleil assombrit la lune amniotique qui dissimule l'androphage visage de la candeur. L'enfant qui peint préside à l'écriture du ciel, et dans votre somnolence au cours de ce voyage sans teint, le bourdonnement de vos oreilles lancine le chant répétitif des rails. Solitaire visité par la couleur amie, vos doutes additionnels baignent un art déroutant du souvenir. Le précieux Kevin, saint d'Irlande échoué sur les rives d'une France mythique, mixe l'étape finale de la nébuleuse cyborg-symphonie. Ce safari sensoriel vous met en orbite d'un rêve fameux pour un destin satellitaire sans lendemain.

 

Édith, d'après Bio

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 Orteaux, par Laurence Bordenave

mercredi, 21 août 2013

José Vengeance Dos Guerreros

 David et le Lieutenant Sehaler.jpg

 José Vengeance Dos Guerreros est un demi-pseudonyme. Derrière ce nom se cache un homme ; dedans cet homme se brise un cœur ; dedans ce cœur git une mémoire. C'est de cette mémoire que jaillissent les textes qu'AlmaSoror est heureuse de recevoir en présents.

 

Voici les contributions de José à AlmaSoror :

 

La démesure des interstices

Blogalisation du monde

La marche des villageois

Leurs visages, leurs nuques

L'amour en trois volets

Requiem pour la liberté

mardi, 20 août 2013

20 août, billet anniversaire

Es-tu né dans un port, Jean de La Ville de Mirmonts ?

Musique, tu es la mer intérieure, l'âme profonde.

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lundi, 19 août 2013

MODUS OPERANDI

Alexander Perls, Storm, aube, cuisine, cinémaEdith by Marin D

Storm, d'Alexander Perls

 Marin, mon cœur...

Entre quatre heures trente du matin et jusqu'à ce que la ville se lève, tu vis.

Musique : tu réécoutes celle sur laquelle tu avais fait la bêtise de ta vie à quinze ans, puis tu composes, debout immobile devant ta console, sans casque.

Écriture : tu splashes des trucs sur la page openoffice de ton ordinateur.

Cinéma : ta caméra filme l'aube naissante par la fenêtre et ce soir tu regarderas ce vide, ce bleu et peut-être, un instant, un oiseau ou une silhouette humaine qui traverse le champ.

Amour : tu envoies à tes web-correspondant(e)s des déclarations et des mots de rupture, des photographies ratées qui prennent sens à tes yeux, qui devront leur parler d'un homme qu'ils et elles n'ont jamais vu.

Cuisine : tu bois et tu manges, tant que tu peux, car quand le jour sera là tu n'auras plus assez de temps ni de dynamisme.

Argent : tu vérifies ce qu'il y a sur ton compte et tu suis tes ventes sur le site où tu diffuses tes vieilles affaires et tes vieux objets.

Entre quatre heures trente du matin et jusqu'à ce que la ville se lève, tu vis. Après, tu dors.

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On peut lire l'étrange entrevue du site belge la Médiathèque avec Noël Akchoté, qui a inspiré à Marin Dupontd ce mode de vie. C'est après l'avoir lue que Marin a modifié l'heure de son lever. Il savait qu'il ne pouvait vivre que deux heures par jour, aux heures où les autres dorment.