mercredi, 20 novembre 2013
Le soldat inconnu
Jean Bouchenoire, notre frère égaré dans des zones mentales sans ozone, nous autorise à publier quelques extraits de son roman Baksoumat.
C'était il y a vingt ans, encore ; le jour d'une fête nationale du mois de novembre 1984 ou 1985 ; un grand soleil d'hiver éclairait la colline de Montmartre. La ville était somptueuse, les passants de bonne humeur.
Le petit groupe d'amis qui naviguaient entre l'angoisse et la nonchalance, entre la bande et la solitude, s'était retrouvé sur une place montmartroise, pour flâner sans rien accomplir, comme ils faisaient si souvent. Claire Bourdette, Charles Nattua, Karim Fangue, Tugdual Dieubarre et Douglas Jackstone s'étiraient comme des chats sur la place des Abbesses, attendant les amies qui n'arrivaient pas. C'était le 11 novembre, jour où le président de la République française, un bleuet à la boutonnière, dépose un bouquet de fleur sur la tombe disposée sous l’arc de triomphe où repose le Soldat Inconnu devant lequel un pupille de la nation française a déposé, un jour de novembre 1920, dans la chapelle ardente de la froide citadelle de Verdun, une gerbe d’œillets blancs et rouges.
Les jeunes femmes qu'on attendait arrivèrent au rendez-vous sur la place montmartroise, pavoisées de papiers collés à leurs vêtements, portant des pancartes vindicatives.
Elles annoncèrent qu’elles allaient, sous la bannière du féminisme, se recueillir sur la tombe de la femme du soldat inconnu.
- La femme du soldat inconnu ? S'étonnèrent leurs amis.
Estelle Valpré, Catherine Lemanesco, Muriel Labouje, Danièle Galiéreau et d'autres jeunes femmes dont Douglas avait depuis oublié les noms, démontrèrent à quel point la cérémonie du soldat inconnu était misogyne. La femme, qui avait porté seule la société, durant les deux guerres mondiales du XXème siècle, en 1914-18 et en 1939-45, quand les hommes étaient tous sur le front, ne méritait-elle pas un hommage ?
Douglas, Charles et Karim, placides, acquiesçaient. On remarqua trop tard la pâleur extrême qui s'était faite sur les joues de l'archange. Les babillages anodins des jeunes gens allaient reprendre, quand la foudre monta du tréfonds du corps de Tugdual.
Il hurla comme le tonnerre.
Debout face à ces femmes qu'il toisait de haine, il cracha sa révolte. Ainsi, elles osaient comparer le sort du soldat esclave, déchiqueté dans la boue des tranchées, et la femme restée dans son village ? Sans honte, elles commémoraient la femme du soldat inconnu comme si son statut avait droit à autant de commisération et d’amour que celui du Sacrifié.
- S'il faut commémorer une victime féminine inconnue, criait-t-il, érigez une statue à la femme enceinte de père inconnu. La domestique violée, la jeune cousine bousculée, la femme enceinte d’un homme qui a passé son chemin et la laissera seule élever un enfant dont il ne s'est pas soucié d'empêcher l'existence. Laissez sa misère au soldat inconnu, laissez-lui sa misère, laissez-lui sa gloire !
Les touristes japonais et américains que la place des Abbesses accueillait écoutaient, médusés, cet homme accabler des manifestantes bariolées de pancartes féministes.
- Agenouillez-vous, lâches, devant la mémoire de celle qu'on appela la fille-mère, dont l’enfant n’aura pas les mêmes chances que celui que son géniteur aura reconnu : combien d’enfants sans père ont ignoré que l’homme qui leur avait, dans un geste de mépris souverain, donné la vie, avait épousé une autre femme et remplissait ses devoirs paternels en méprisant beaucoup les femmes seules avec leurs bâtards ? Combien de chrétiens défilent pieusement à des manifestations contre l'avortement, en oubliant les coups qu'ils ont tirés chez des prostituées de treize ou quatorze ans, durant les deux années de service militaire en Afrique ? Chantez celle que les bourgeoises mariées ont moqué ou considéré avec condescendance, sans savoir que c'était leur père, leur mari, leur fils l'auteur du péché. Remémorez-vous le courage de la mère seule, l'ignominie du riche qui pistonne ses légitimes aux places de patrons et refuse les droits sociaux à ses bâtards ignorés, mais paix ! Paix ! Paix à celui qui s'est battu à votre place. Paix à celui qui tremblait de peur au milieu des obus, dans une fraternité de désespoir avec les autres mâles sacrifiés comme des bêtes, pendant que les mères, les femmes, les sœurs leur tricotaient tranquillement des chaussettes dans leurs chaumières. La femme du soldat inconnu a eu faim ? Pauvre petite ! Elle a remplacé l’homme à l’usine ? Comme c’est triste ! Et elle se plaint de ne pas avoir la même flamme allumée que celui qui rendait ses tripes dans la boue ? C’est donc cela, le féminisme, la revendication des larves à être admirées autant que les papillons ?
Murmures et grondements s'emparaient des badauds. Tugdual se tourna vers la foule et cria :
- Agenouillez-vous devant le soldat éventré, tailladé, mutilé, abandonné dans la boue !
Tugdual signait, ce jour là, sur la place des Abbesses, son arrêt de mort dans l'esprit de presque toutes ses amies. Seule Catherine - l’étrange, la sympathique Catherine Lemanesco - l’avait pris par l’épaule et lui avait murmuré des secrets. Une conversation chuchotée dont Tugdual n’avait jamais répété la teneur à Douglas. Que s'étaient-ils raconté de leurs vies respectives, jusqu'où avaient-ils marché après s'être éloignés du groupe et descendu une rue dégagée de la butte Montmartre, d'où on voyait Paris s’étendre sur la plaine ? Ils étaient descendus vers le ventre de la ville et en étaient revenus silencieux.
Estelle Valpré et Danièle Galiéreau n'avaient plus jamais adressé la parole au « monstre » ; Muriel, toute jeune, n'avait pas paru insensible aux arguments de l'archange. Elle était hésitante, ne sachant à qui donner raison.
Extrait de Baksoumat, de Jean Bouchenoire
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lundi, 18 novembre 2013
Saba
J'écoute une douce musique américaine, d'un de ces nombreux princes versatiles de la ville de New York. Dehors, la nuit est déjà tombée : l'automne s'enfonce vers l'hiver. Quelques fenêtres forment des rectangles oranges ou jaunes, à cause des lumières intérieures qui les éclairent. Le reste de la cour, de la façade, est plongé dans les ténèbres. Je suis à moitié allongée sur mon lit. J'ai une vision métaphysique que je tente de faire passer en respirant profondément. A l'autre bout de la maison, ma mère déchire du papier dans son bureau en face de la cuisine. Quand je lève la tête, je m'amuse, moi à discerner les gravures mignonnes et grossières de ma petite armoire bretonne. Je lis un livre intitulé L'art religieux du XII° siècle au XVIII° siècle, publié en 1945 par l'historien de l'art Émile Mâle. En voici un fragment, qui raconte un peu la belle et mystérieuse reine de Saba.
"Au portail de l'église Saint-Bénigne de Dijon, qui ne nous est connu que par un dessin de Dom Plancher, on retrouvait le Christ apocalyptique et les grandes statues ; près des rois bibliques on voyait une reine.
Cette mystérieuse reine va, cette fois, nous livrer son secret. En étudiant le dessin de cette figure, on remarque un détail, qui semblerait incroyable, si des témoignages anciens ne le confirmaient : la reine du portail de Saint-Bénigne avait un pied d'oie. L'artiste de Dijon avait donc représenté cette fameuse reine Pédauque, qui n'était autre que la reine de Saba.
L'imagination juive et l'imagination arabe travaillèrent longtemps sur la reine de Saba. L'Orient lui créa une légende romanesque, où les djinns ont leur rôle. Sur l'ordre de Salomon, ils apportent à Jérusalem le trône d'or de la reine, qui le reconnaît avec surprise dans le palais du roi. Salomon la reçoit dans une salle au pavé de cristal : la belle reine, se croyant au bord de l'eau, relève sa robe et laisse voir ses pieds hideux. La légende orientale parle de pieds d'âne, la légende occidentale, de pieds d'oie. Dès le XII° siècle, un texte qui s'est conservé dans un manuscrit allemand nous représente la reine de Saba avec un pied d'oie. On ne trouve pas de texte aussi ancien en France, mais la statue de Dijon prouve qu'au XII° siècle la tradition y était parfaitement connue. Il se pourrait que cette reine au pied d'oie eût été représentée pour la première fois par les ateliers toulousains, car on voyait encore, du temps de Rabelais, une image de la reine Pédauque à Toulouse ; on y montrait son palais et ses bains, et on associa longtemps sa légende à celle de la jeune princesse Austris, baptisée par Saint Sernin.
La reine au pied d'oie du portail de Dijon était donc, on n'en saurait douter, la reine de Saba. Et il devient non moins certain que la statue de roi, qui lui faisait face, représentait Salomon ; c'est David, sans doute, qui l'accompagnait. Pourquoi la reine de Saba avait-elle été figurée dans la compagnie des héros de l'Ancienne Loi et des apôtres de la Loi Nouvelle ? C'est que, suivant la doctrine du moyen âge, elle symbolisait le monde païen venant au Christ, elle préfigurait ces Mages qui, comme elle, cherchaient le vrai Dieu. Or, le Voyage et l'Adoration des Mages étaient précisément représentés au linteau de Saint-Bénigne."
Extrait de L'art religieux du XII° siècle au XVIII° siècle, d’Émile Mâle.
D'Emile Mâle, sur AlmaSoror, on avait aussi les étoffes de pierre...
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18 novembre : billet anniversaire
Au 18 novembre 2012, dans AlmaSoror :
L'orgueil, extrait du manuel de spiritualité de l'abbé Saudreau
Et : Ces bêtes qu'on abat, des chevaux qui attendent...
Au 18 novembre 2011 :
Vigny aux temps électros
Au 18 novembre 2010 :
Une mère présente Hommes sans mère, d'Hubert Mingarelli
Au 18 novembre 2009 :
L'archivage de Karamazov avec les Songes, de Paul de Cornulier
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vendredi, 15 novembre 2013
Une bibliothèque Cornulier : Le pays où l'on n'arrive jamais
(La bibliothèque dont on vous parle fut créée, trente ans durant, dans un appartement au fond d’une cour du 13 boulevard du Montparnasse, avant de devenir une bibliothèque éparpillée).
Titre : Le pays où l'on n'arrive jamais
Auteur : André Dhôtel
Illustrations : Michel Gourlier
Éditions Mame
Date 1959
Provenance : acheté à Villes-sur-Auzon, en août 2011, au Cagibi, sur la place, par Édith. Le libraire jouait aux boules sur la place. Nous nous perdions et nous retrouvions dans sa librairie fascinante, petite et si encombrée. Pour payer, nous l'appelâmes : il laissa ses boules, vint encaisser nos chèques, s'en repartit jouer.
Première phrase : "Il y a dans le même pays plusieurs mondes véritablement".
Première phrase de la page 30 : "Il n'apercevait pas le chemin de la scierie, mais les prairies vallonnées qui descendaient vers une lisière lointaine".
Dernière phrase : "Mais quelles que soient les aventures nouvelles qui nous attendent en compagnie d'un cheval pie traversé par la foudre, JAMAIS NOUS NE QUITTERONS LE GRAND PAYS".
Cri silencieux du cœur : Un livre qui m'avait fait rêver à la sortie de l'enfance. Je devais avoir dix ans. Je n'ose plus le relire, comme ces livres qu'on a trop aimés.
Une bibliothèque Cornulier : les titres
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jeudi, 14 novembre 2013
Extrait II du journal de Baude Fastoul de Kevin de M-L
16 novembre 2012
Je découvre l'histoire de Lizzie van Zyl, qui me fait comprendre à quel point Anglais et Américains ont créé les horreurs dont ils accusent les autres en permanence. Faut-il plonger dans le vertige face à l'horreur des souffrances qu'on inflige aux enfants, aux animaux, aux êtres ? Ou bien fermer les écoutilles et vivre la meilleure vie possible sans se laisser abattre par l'enfer qui nous frôle ? Christ, qu'en dis-tu ? Comment interpréter tes actes ?
La morale est-elle possible ? Ou bien le monde n'est-il qu'une suite de souffrances répétées ? Faut-il « se battre » pour une amélioration du monde ? Ou bien simplement prier et purifier son propre cœur ?
Enfants qui êtes nés pour subir les sévices d'êtres pour lesquels vous n'étiez qu'amour et générosité, bêtes qui ne comprenez pas qu'on vous transforme en chairs souffrantes et affolées, êtres de toutes sortes, abattus dans leur vol, puis mourant lentement au sol, dans l'incompréhension et le mépris... Quel est votre message ? Existez-vous ? Ne sommes-nous, les uns les autres, que les images de notre propre cauchemar ? Quel pouvoir avons-nous sur notre propre vie, sur la vie de celui qui est à côté de nous ? Est-il réellement possible de sauver quelqu'un ? Et si cette question existe, alors est-il réellement possible d'assassiner quelqu'un ? Cet éternel pourquoi devant la misère la plus poignante, a-t-il un sens ?
Quel est ce bouge que nous appelons « réalité » ? Et cette phrase qu'une étrange Édith Morning écrivit un jour : "Si j’avais su que les rêves sont réels et le monde illusion, j’aurais inversé ma vision de la liberté et celle de la prison. Mais les menteurs amers disent décriant les images qu’elles sont illusoires, et nous entraînent dans leur " réel " qui n’existe que dans leurs sombres couloirs".
Vérité, as-tu une consistance quelconque, quelque part ?
Kevin de Motz-Loviet
En savoir plus sur la Confrérie de Baude Fastoul
AlmaSoror avait déjà publié un premier extrait du journal de Kevin.
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mercredi, 13 novembre 2013
Contes pour l'âge de raison
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mardi, 12 novembre 2013
12 novembre : billet anniversaire
12/09/12 : entre dans le journal de Léonard de Vinci
12/09/10 : Poétique d'Armel Guerne
12/09/09 : L'intégrale pour présenter quelques fonctions usuelles
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lundi, 11 novembre 2013
La paix du jour
Phot Edith
Un jour férié, indécis, au cours duquel alternent des rayons de soleil jaunes et des halos de blancheur. L'asphalte parisien accueille mes chaussures usées de l'arpenter, un air de piano britannique trotte en mon esprit. Je n'en reviens pas d'être vivante aujourd'hui, pour un temps si court, dans lequel pourtant s'immisce quelquefois l'ennui. Construire ma vie, une grande difficulté à mes yeux incertains. Tant qu'on est là, pourquoi ne pas essayer ? Entre deux souffles, entre deux morts, entre deux eaux, suivre le fil des saisons en tâchant de respirer à leur rythme.
phot Lau
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dimanche, 10 novembre 2013
Paysage
Patrick Biau revient avec un nouveau sonnet sur AlmaSoror en ce mois de novembre. Nous avions déjà, de lui, publié Soleil noir foncé.
Le cadre est vertical. En haut, sur un bon quart,
occupant tout le large, un ciel d'un bleu marine
emprunte à l'océan ; un soleil de citrine
manœuvre dans ses flots comme un brûlant drakkar
guidé par une escorte : un corbeau est de quart.
En dessous, l'arbre est rare, et un ruisseau burine
à l'eau-forte, en crawlant de sa fureur taurine,
un mitan entre prés et moissons en jacquard.
Plus bas encor, posés sur leurs clous d'or sans tête,
des rollmops dorés font d'un fakir un esthète,
c'est pour l'heure, à gros traits, ce que crie la rumeur
à travers l'écheveau d'une haie maladroite.
Manque une ultime touche : en marge, en noir, à droite
de la composition, paraphe
Le Rimeur.
Patrick Biau est l'auteur d'un livre et d'un site sur le chansonnier Jules Jouy
... ainsi que d'un recueil de poèmes
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samedi, 09 novembre 2013
Édith de CL
Vous trouverez ici quelques éléments sur la tenancière d'AlmaSoror, parmi lesquelles une biographie d'elle, écrite par Katharina Flunch-Barrows à l'époque où elles pouvaient se parler sans se déchirer ; un certain nombre de pièces à conviction concernant le procès qui l'oppose, depuis de nombreuses années maintenant, à la productrice artistique, diva, écrivain et personnalité bipolaire Venexiana Atlantica ; des adresses pour la contacter ; enfin, des liens vers des cours et conférences qu'elle donna ici ou là.
Il va de soi que les informations contenues ici sont reproductibles, à condition toutefois de citer la source almasororale.
Merci de votre visite.
Contact
Sur le Web...
électro-adresse : almasoror.plateforme AT gmail.com
En Esprit...
code télépathique : 4 respirations - 1 inspiration longue - visualisation d'un nuage cumulus - une expiration double -visualisation d'un setter anglais courant dans une forêt de Vendée - 4 respirations - la croix celtique et l'hermine stylisée - 1 inspiration libre - visualisation du ciel vu du ciel - une expiration libre - visualisation de l'image qui vous apparait. Prononcer : Édith
Dans le ciel...
On peut me joindre à mon adresse satellitaire :
KLF-77Z. 2B « Édith »
Canal 49ème Parallèle
New York II
Ciel Ouest
Fuseau Horaire 660
Sur la terre...
Ou bien, si vous préférez me contacter sur la Terre, je possède une boite à l'hôpital post-psychiatrique Apsyaï où je séjourne régulièrement :
Édith de CL
Pavillon sans quartier
Hôpital d'Apsyaï
Atoll Te ria ria nao loa
Polynésie française autonome
Biographie
On peut lire une biographie rédigée par son amie Katharina Flunch-Barrows en cliquant sur ce lien :
Edith, biographie, titres et distinctions, par K F-B
Son intense et harassante biographie amoureuse se lit par là...
Procès en cours
Le procès qui m'oppose à Vénéxiana Atlantica depuis de nombreuses années me harasse plus que je ne voudrais l'exprimer. Ses lâchetés, ses mesquineries à répétition ont éprouvé l'idée que je me faisais de la confiance et de l'amitié. Ces deux mots sont-ils des écrans de fumée dissimulant un néant noir comme la mort, blanc comme le vide ?
Murée dans une ouate de silence, privé de mes repères depuis le début de cette lutte, mon cœur est déboussolé. Je n'ai plus de cap. Je n'ai plus de Cap de bonne espérance.
J'ai assez ouï de bêtises sur cette histoire navrante ; je ne sais que trop bien que celle qui fut mon amie ne cesse de harceler mon image et ma personne dans l'esprit de tous ceux qui la croisent. C'est pourquoi je relate ici les étapes de notre procès et je mets en disponibilité tous les documents utiles à ceux qui voudront se faire une opinion personnelle. Je les remercie par avance pour leur démarche, pour leur tentative d'exister libre, de ne pas rester "sous influence".
Édith, 24 janvier 2012
Nouvelles
Traductions
Prières pour la ville atlante, de Hanno Buddenbrook
Le châtiment, de Hanno Buddenbrook (avec Hélène Lammermoor)
Cours & Conférences
Je rends disponible ici les divers cours que j'ai conçu et donné dans diverses écoles et universités.
Une histoire du cinéma euro-américain des années 2030
Cycle de cours donné à la FaTransLiDaDat
Vidéo disponible : entretien avec Stella Mar
Profession : Auteur
Un article sur le statut social de l'auteur (daté de septembre 2013)
Une enfance littéraire française
Cycle de conférences donné au Cours de Civilisation française de la Sorbonne, 2011-2012
Séance : L'enfance, la civilisation et le monde sauvage
Un café littéraire à Smyrne
Conférence donnée à Izmir lors d'un café littéraire au Centre Culturel Français (2009)
La traduction de l'humanisme
Cours réalisé en tant qu'assistante du père Roberto Inti Q'uspha Nuñez à l'Université secrète d'Arequipa
Disponible en français sur l'Encyclopédie de l'Agora :
Quechua : l'humanisme au miroir d'une langue andine
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vendredi, 08 novembre 2013
SDF (Sans Domicile Fixe)
Photographie prise vers sept heures du soir, en octobre 2013, sur le boulevard Edgar Quinet.
Un passant me regarde appuyer sur mon téléphone et me dit :
- Les Français tombent comme des mouches.
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jeudi, 07 novembre 2013
La Noire Idole
PARIS
LIBRAIRIE LÉON VANIER, ÉDITEUR
A. MESSEIN, Succr
19, QUAI SAINT-MICHEL, 19
―
MCMVII
Les personnes étrangères aux études médicales : hommes de lettres ou du monde, romanciers, chroniqueurs, simples gobe-mouches qui parlent, écrivent, discourent sur le propos de la morphine et de la morphinomanie, ignorent, la plupart du temps, le premier mot de leur sujet. Ils préconisent avec un aplomb qui déconcerte, des lieux communs aussi vagues qu’erronés. Bon nombre de docteurs ne sont guère plus instruits que le public sur les arcanes du voluptueux et sinistre poison. Les plus avisés décernent leur clientèle au spécialiste ; d’autres, moins éclairés ou moins délicats,proposent des traitements infructueux et chimériques. Optimistes à l’excès, d’aucuns, regardent la morphinomanie comme une « mauvaise habitude », comparable à celle des cartes ou du tabac. Ils prétendent la guérir par des procédés aimables ou de spécieuses diversions : promenades, théâtre, injections d’eau claire et tout ce qui s’en suit. D’autres enfin, cyniques faiseurs de dupes, exploitent, sous couleur de la traiter, cette « maladie expérimentale » qui, à moins d’une cure efficace et rationnelle, permise aux thérapeutes seuls outillés pour cet objet, n’a d’autre aboutissant que le désespoir, la vésanie ou la mort.
Opium de l’Occident, la morphine est à peu près au suc de pavot, ingéré en pastilles ou fumé dans des pipes, ce que les brûlants alcools de grains ou de fruits : gin, hasselt, kirsch, genièvre ou schiedam, sont à la bière, au vin non frelatés. L’ivresse immédiate, foudroyante, ne permet pas à l’adepte un moment de répit. De prime abord, la possession est complète, comme chez ces démonopathes dont les juges ecclésiastiques ou civils : Boguet, Remigius, Lancre, del Rio ont, à leur insu, étudié la névrose. Une force inconnue et despotique s’empare de la victime, agit à sa place, dédouble en quelque manière sa personnalité. Au Moi raisonnant et social, un autre Moi se substitue en qui toute idée, en qui tout sentiment est aboli par l’appétit égoïste de la piqûre béatifiante.
Comment les peuples indo-européens, à qui leur activité permet de conquérir le monde et d’exproprier « les races incompétentes », se laissent-ils envoûter par ce morne sortilège, destructeur de la force et de la volonté, au moment précis où l’universelle concurrence impose à l’homme de vouloir et d’entreprendre sans une minute d’hésitation ni de repos ? Les actions les plus actives semblent renchérir sur ce goût. À Londres, le samedi au soir, les apothicaires débitent de l’extrait thébaïque et despilules d’opium brut, tout comme les bars versent du gin ou du whisky.
On entre dans la morphine par deux chemins inégalement semés de fleurs. Les uns, dans le but légitime d’accoiter leurs souffrances, ont recours aux vertus du terrible stupéfiant ; d’autres y cherchent impudemment une sensation de plaisir, un bien-être que le docteur Ball a qualifié, le premier, d’euphorie. Mais, quelle que soit la porte ouverte sur cet enfer, par la thérapeutique ou l’appétit des sensations nouvelles, pareille est la damnation. « La Noire Idole », comme Quincey appelait sa carafe de laudanum, ne lâche pas sans d’incroyables efforts les dévots qu’elle a conquis.
Quel est donc ce philtre magique, cet élixir de mort qui vend si cher ses prétendus bienfaits ? Sans remonter à Dioscoride, au médecin Andromachus, calmant les crisesépileptiques de Néron à grand renfort de thériaque, à Galien qui soignait les maladies nerveuses de Julia Mæsa, de Julia Domna et de leurs courtisans, les propriétés soporatives de l’opium furent connues et largement utilisées par les morticoles d’autrefois.
Contrairement à la doctrine du Malade imaginaire, l’opium ne fait pas dormir, ou, du moins, ne fait dormir qu’à très longue échéance. Il provoque tout d’abord une chaude ébriété ; il confère au patient l’oubli momentané des plus cruelles douleurs. C’est un « remède désangoissant », ainsi que l’appelle à bon droit le docteur Dubuisson.
Dans les premières années du XIXe siècle, le chimiste Sertüner isola, parmi d’autres alcalis organiques, un alcaloïde à la fois sédatif et convulsivant, que l’opium de Smyrne, de l’Inde ou d’Égypte renferme dans la proportion moyenne de 10 %.
L’empoisonneur Castaing utilisa, peu après (1823), la découverte du chimiste. Il « réalisa » son ami Ballet comme Lapommerais devait « réaliser », quarante et un ans plus tard, Mme de Paw, sa maîtresse, au moyen de la digitaline récemment acquise à la pharmacopée par Homolle et Quévenne. Hippolyte Ballet et Mme de Paw avaient commis l’erreur de souscrire une assurance sur la vie à leurs vénéneux compagnons. Castaing, après avoir attiré sa victime à Saint-Cloud (qui paraissait alors une villégiature suffisamment rustique), lui donna le boucon à l’auberge de la Tête noire. C’était, dans du vin chaud, une solution fortement chargée d’acétate de morphine. Ballet trouva le vin si amer qu’il n’en but qu’une gorgée, attribuant ce mauvais goût au zeste du citron. La nuit fut mauvaise. Castaing, le jour suivant, administra une potion au malade qui rendit superflue toute médication ultérieure. Le pauvre garçon en mourut après quelques instants.
À vrai dire, ce n’est pas la morphine elle-même, peu soluble dans l’eau, qu’utilisent médecins et toxicomanes, mais bien un sel de morphine, le chlorhydrate, qui merveilleusement se prête à cet emploi. Dissous, filtré, bouilli, décanté, mis à l’abri des poussières dans un flacon élégant de cristal, voici le philtre irrésistible qui permet au premier butor venu de cambrioler aisément la forteresse du Bonheur ! Ajoutez l’instrument bien en main auquel un orthopédiste lyonnais servit de parrain, vers 1860 et que, pendant la guerre de 1870, importèrent en France les praticiens de l’armée allemande : l’outillage sera complet. Le postulant des paradis artificiels peut consommer d’emblée ses fiançailles avec la Mort.
Une piqûre légère, point méchante, cuisante à peine pour les maladroits. Et soudain le charme opère. Une onde vous enveloppe, « un océan de délices », comme d’un sang plus vif et rajeuni. C’est « la lune de miel », ainsi que veut bien (après nous) dire le professeur Brouardel (Opium, Morphine et Cocaïne, J.-B. Baillière, éditeur). Dans cette période élévatoire, dans la crise initiale que provoque l’usage du terrible excitant, les idées affluent, les œuvres s’ébauchent, la parole surabonde, l’ivresse emporte l’hésitation et la timidité. La mémoire se colore et s’amplifie. Une eurythmie clairvoyante harmonise la pensée. Les chagrins sont en fuite et les sens abolis. Dans la plénitude heureuse de sa force et de sa joie, l’homme se sent devenir dieu.
Cette béatitude n’a rien de turbulent. La joie un peu vulgaire et communicative que déchaîne, après boire, l’usage des liqueurs fermentées ne ressemble en aucune façon au recueillement voluptueux suggéré par la morphine. Elle exalte au plus haut point l’opinion favorable que le sujet a de lui-même. Exempt des servitudes physiques, réduit à l’état de pur esprit, il contemple avec une dédaigneuse indulgence les espècesqui l’environnent. Il plane au-dessus des réalités quotidiennes. Il n’éprouve nul besoin de communiquer avec le troupeau congrégé à ses pieds. L’orgueil est le moins bavard de tous nos sentiments.
Une erreur fort commune est de croire que la morphine suscite des rêves, procure des visions, ajoute, en un mot, aux richesses intellectuelles de ses familiers. Son pouvoir est à la fois plus grandiose et moins extraordinaire. Elle porte en soi une énergie révélatrice qui montre à l’homme des coins insoupçonnés de mémoire et d’imagination, éclaire à ses propres yeux les dessous, les recoins obscurs de sa personnalité, avive, comme les caractères d’un palimpseste, tels souvenirs, telles images, tels émois presque effacés. Elle « interprète » à l’initié les moindres conjonctures, lui développe ses propres imaginations en des épiloguessavoureux. C’est le flambeau de Psyché qui s’allume au plus profond de l’être et fait palpiter à sa lumière le chatoiement des trésors ensevelis.
Bientôt, cependant, les brumes irisées, les flottantes gazes, les vapeurs de kief épaississent leur rideau. Le brouillard qui prêtait à l’existence le charme des contours indéterminés devient un mur impénétrable, un cachot d’où le prisonnier ne s’évadera qu’au prix d’exécrables douleurs.
En peu de temps, le malade perd mémoire, volonté, sommeil, tous les appétits. Il vit, incapable d’action, dans une somnolence énervée, il rêvasse à des actes qu’il n’accomplira point. Lorsque sous l’impulsion d’une dose insolite, il rentre un instant dans la vie ambiante, c’est pour intégrer des gestes baroques ou délictueux. Si déchu qu’il soit, le buveur de vin ou d’absinthe est susceptible encore d’une activité passagère, tandis que le morphinomane, prisonnier d’un besoin vital, indispensable au même titre que le besoin de respirer, demeure à jamais exclu del’action humaine. Pour tout dire, l’alcoolique est un impulsif, le morphinomane, un inhibé.
La suite se lit sur Wikisource...
On peut en outre lire un amusant article sur l'étrange Laurent Tailhade par ici.
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lundi, 04 novembre 2013
Des thèmes, quelques œuvres
J'évoquerai, par ce frais matin de novembre, quelques thèmes littéraires ou cinématographiques : la diplomatie ; la ville, le crime et la folie ; et enfin la dissolution. J'invoquerai deux ou trois œuvres qui peignent, dessinent, filment ou chantent ces thèmes. Je donnerai à lire un fragment du docteur Étienne de Greef.
Sébastien Saint-Kevin
La diplomatie est le premier thème que je souhaite évoquer. Le film coloré India Song et la bande dessinée noire et blanche Corps diplomatique font de la diplomatie, française pour le premier, internationale pour le second, un décor de choix.
Le film et sa musique nous emportent au cœur de l'homme qui traverse la mort pour tirer sur des lépreux et crier son amour à une femme.
Cette femme, Anne-Marie Stretter, est un miroir vide dans le reflet duquel de grands hommes minces se noient avec langueur, jour après jour, sous la chaleur de Calcutta.
Mais à Genève, quelques décennies plus tard, Corps Diplomatique met en scène Léocadie Lulla, diplomate à la CNUCED. La neige, le lac Léman, une amie mannequin, un ami professeur d'histoire-géographie et, bien sûr, les méchants en costards, cravatés, riches et manipulateurs.
La ville, le crime et la folie hantent nos cœurs ravagés par la modernité du monde. Née dans les années 60, la vie bétonnée entrave la libre expérience de nos neurones, bloque la circulation sanguine, et, plus grave, installe le désespoir, ou du moins la désespérance, au creux de nos estomacs.
Oh mon désœuvrement ! Je t'ai noyé dans les pages des Âmes criminelles, que le médecin Étienne de Greef écrivit de sa belge plume acérée. Vous verrez au bas de ce billet ce qu'il dit de l'honnête homme, ce « je » fragile.
Mais ce n'est plus dans la Belgique gauloise, c'est dans la rouge Afrique du Sud qu'Alan Paton situe son roman de la ville corruptrice. Pleure Ô pays bien-aimé se passe à Johannesburg, la ville maudite où les bons pères de famille, noirs et blancs, contemplent ensemble le triste fruit de leurs haines.
Loin des rages de l'Afrique, loin de l'Europe détraquée, parmi les cocotiers et les arbres à pain qui bruissent au-dessus des lagons, dans les campagnes peuplées de moutons, dans les fermes où l'on dévore les romans d'amour importés du monde civilisé, dans les villes à l'architecture qui ne ressemble à nulle autre, Un ange à ma table, filmé par Jane Campion, évoque la rousseur des femmes, la blancheur des lobotomies, la noirceur des institutions. Sous l'impalpable lumière de la Nouvelle-Zélande, l'écriture est le chemin, la nudité et la vie.
C'est lui qui a, non le dernier mot, mais le cercle le plus parfait : Lain Sinclair a écrit London Orbital, le tracé d'une promenade périphérique, autour de Londres, ville du peuple de l'abîme et des financiers de la City. Supermarchés, hangars, rails, stations service, terrains vagues et zones squattées forment le décor informe et protéiforme d'une errance dans les paysages post-naturels. Quelques oiseaux attendent leur heure, postés sur des fils électriques.
Si la diplomatie est l'hypocrisie qui plane au-dessus de la ville hantée par le crime et la folie, il ne nous reste plus que la dissolution, dans l'amour, dans le vide ou dans la mort. La dissolution, comme ultime aspiration à la vie retrouvée.
Jean de La Ville de Mirmonts a conté la dissolution de l'employé dans sa vie quotidienne le long des pages du roman Les dimanches de Jean Dezert.
Monique Martin (alias Gabrielle Vincent) raconte au fusain la rencontre ultime, éternelle, qui met un point final à l'abandon dans Un jour, un chien.
Et l'homme du groupe de rock britannique Radiohead s'inspire d'un bouquin anarchiste américain pour flotter dans le vide sidéral : How to disappear compeletely and never be found ?
Paris, le 4 novembre 2013
Sébastien Saint-Kevin
Extrait des Âmes criminelles, d’Étienne de Greef :
"L'idée selon laquelle l'honnête homme est celui, qui, pouvant choisir de devenir criminel, choisit de rester honnête et selon laquelle le criminel est celui qui, devant la même alternative, choisit de devenir criminel est une de ces idées simplistes que l'expérience dément tous les jours. Nous ne sommes réellement libres que dans une zone restreinte qui varie d'un peuple à l'autre, d'une génération à l'autre, d'une région à l'autre. L'homme moralement parfait est une abstraction ; un honnête homme est un sujet qui se trouve constamment en équilibre instable ; il est toujours en train de perdre son honnêteté, il est toujours en train de la retrouver. L'existence de ces oscillations est normale ; l'homme perçoit son balancement vers l'acte répréhensible et s'il se juge sincèrement et objectivement il imagine en lui des propensions criminelles bien plus grandes qu'elles ne le sont réellement. Le juré s'imagine facilement à la place de l'accusé et le comprend assez pour éprouver le besoin de s'absoudre en l'acquittant ; ce n'est que dans le cas où il possède assez de sens moral pour s'être rendu compte de sa propre honnêteté qu'il peut conserver assez d'objectivité. Il y a aussi le juré qui se défend contre des tentations si puissantes qu'elles réclament de sa part une sorte d'acharnement dans la résistance ; aux prises avec Asmodée, le juré se défend dans un état de transe aveugle sous le signe du tremblement anxieux et condamne atrocement la faute à laquelle il ne peut accorder la moindre [11] marque de faveur sans s'exposer à un vertige mortel. Les fautes les plus réprouvées correspondent aux tendances les plus puissantes et les plus précairement refoulées. À l'exaltation avec laquelle un homme s'insurge contre un péché, vous mesurez l'étendue de ses difficultés ; il est le seul à ne pas savoir ce que tout le monde lit en lui. Même le cinéma américain connaît ce vieux thème ; c'est dire qu'il est éternel.
À vrai dire l'étude réelle du crime ne suscite guère de travaux. Beaucoup de gens s'en occupent, mais avec les idées du profane ; et si les livres relatant les causes célèbres sont les ouvrages de criminologie les plus vendus, c'est beaucoup moins par ce qu'ils apportent de nouveau au lecteur que par la fascination qu'exerce sur lui, cette image de son propre inconscient, qu'il reconnaît dans les autres, sans se reconnaître lui-même".
Étienne de Greef, les âmes criminelles - 1949
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4 novembre : billet anniversaire
AlmaSoror, où en étiez-vous le 4 novembre de l'année dernière ?
En crise de larmes.
Le 4 novembre de l'année d'avant ?
En pause.
En 2010 ?
Que dalle.
En 2009 ?
En vol libre.
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dimanche, 03 novembre 2013
Champ d'honneur
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