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lundi, 13 mai 2013

Contes du Purgatoire

VillaBar

Toute la poussière du monde

Au Confessionnal du coeur

La dernière auberge

dimanche, 12 mai 2013

Mode réceptif

nadège steene,ivresse des possibles,révolution intérieure

 

Billet de Nadège S.

Je n'écoute plus seulement ce que les gens disent, j'écoute tout ce qu'ils ne disent pas. J'entends leur silence, je sonde leur regard, j'écoute sans contredire leur mensonge. J'essaie de pointer les étendues vides.

Je veux découvrir tous les aspects du monde, des gens, des relations, tout ce que je n'ai pas encore compris, tout ce qui m'a échappé, faute d'accès initiatique. À n'écouter que les mots, à croire aux idées, à ressasser les faits, les actes, on connaît une bonne part du réel mesurable. Mais il reste un monde obscur qui ne s'appréhende pas de même. Il reste un monde non-dit, un monde vécu de façon trop intérieure ou secrète pour éclater sur la scène. Il y a un monde obscur, impalpable, où se passent des phénomènes qui, sans que nous le sachions, nous touchent, nous blessent, nous sauvent, nous métamorphosent. Quelles sont les dimensions de cette réalité, cette réalité dont je n'ai pas les clefs et dans laquelle se vit une partie de ma vie ?

Je me tais de plus en plus, afin de créer un espace d'écoute dans lequel autrui peut se laisser aller à s'exprimer. Je limite tant que je peux mes réactions, je vainc mon envie de débattre ou de convaincre, pour enfin laisser cette place à l'expression de l'autre.

Peu à peu, j'entrevois des idées, des images, des opinions qui auparavant n'auraient pas frayé leur chemin jusqu'à moi. Ce n'est pas facile d'entendre tout. Où cela va-t-il me mener ?

J'ai peur de la transformation intérieure. J'ai peur de l'ivresse des possibles. Je suis prête.

Nadège Steene

 

Autres textes de Nadège St. sur AlmaSoror :

Amour fantôme de Nadège

Le diamant et la poussière du temps

5 règles de comportement relationnel

5 à 7 début mars

La musique de Nadège

Où est la folie ? (dédié à Esther)

samedi, 11 mai 2013

Mémoire de nos lectures

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Le premier et le dernier paragraphes de Bandini, de John Fante

Dédicace :

Ce livre est dédié à ma mère, Mary Fante, avec amour et dévotion ;
et à mon père, Nick Fante, avec amour et admiration.

«Il avançait en donnant des coups de pied dans la neige épaisse. Un homme dégoûté. Il s'appelait Svevo Bandini et habitait à trois blocs de là. Il avait froid, ses chaussures étaient trouées. Ce matin-là, il avait bouché les trous avec des bouts de carton déchirés dans une boite de macaroni. Les macaroni de la boite n'étaient pas payés. Il y avait pensé en plaçant les bouts de carton dans ses chaussures ».

«Jumbo bondit des fourrés. Il tenait un oiseau mort dans sa gueule, une charogne vieille de plusieurs jours.

- Saleté de chien ! tonna Bandini.

- C'est un bon chien, papa. Certainement un bon chien de chasse.

Bandini leva les yeux vers un pan de ciel bleu à l'est.

- Le printemps ne va pas tarder, dit-il.

- Et comment !

Alors qu'il parlait, un minuscule objet froid toucha le dos de sa main. Il le regarda fondre, car c'était un petit flocon de neige étoilé... »

Bandini, de John Fante

Dans la traduction de Brice Matthieussent


La quatrième de couv de l'édition 10/18 de 1985 :

Un sacré bonhomme sans doute que ce Fante-Bandini. Un sacré écrivain aussi. L'Arturo Bandini de Bandini est un gamin criblé de taches de son et couronné d'une tignasse en colère. Un râleur, désolé d'être fils d'une mère passivement amoureuse et bigote et d'un père maçon, violent, incertain et cavaleur. Amoureux d'une étoile filante et indifférente, sa petite camarade de classe à la santé fragile, haï par ses maîtres et pairs, Arturo passe son temps à détruire d'une main ce qu'il a construit de l'autre. Bon et méchant, généreux et voleur, il est à la fois la glace et le feu, la tendresse et la rancoeur.

Michèle Grazier, Télérama

vendredi, 10 mai 2013

Mur

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«Se plaindre est une honte et soupirer un crime».
Pierre Corneille
(In Horace)

 

Je ne vous avais pas demandé de me tirer du néant, je ne vous avais rien demandé puisque je n'étais pas. Mais vous pensiez sans doute avoir le droit de poursuivre vos errances et vos malheurs à travers d'autres que vous. Me voilà donc, en apparence assez réussie, dans le fond complètement ratée, sujet de droits et de devoirs qui me dépassent. Il suffit de jeter un regard sur l'horreur du monde pour me mettre à genoux et me répandre en actions de grâces pour toutes les chances qui pleuvent sur ma vie. Mais aujourd'hui je ne le ferai pas : je serai plus franche. Je dirai que le monde dans lequel, par ennui, par dépit ou par inconscience, vous m'avez invitée, ne me plait pas. Je ne m'y sens pas mieux que vous, et force est de constater que je m'y débrouille moins bien. Le Christ cloué à la croix des points cardinaux m'a peut-être sauvée, la vie n'en est pas moins une crucifixion dont je suis presque sûre, en dépit de certains efforts que j'ai pu faire, de tirer plus de damnation que de salut. La fête païenne m'attire, mais je n'ai pas assez de force dans les bras et dans mon coeur pour y tenir un rôle digne plus de quelques quarts d'heure. Bien vite il me faut rentrer me cacher pour panser les plaies béantes. Chaque jour apporte son cortège de mauvaises nouvelles, tortures d'enfants et d'animaux, destruction de la nature sauvage et des trésors de la culture. La course aux places est longue, ardue, il y a beaucoup de coureurs acharnés et peu de vrais gagnants. La vie simple et tranquille nécessite des capacités d'adaptation dont je n'ai pas encore fait preuve, en dépit de fréquentes tentatives. J'ai même trouvé trop dur de posséder et de conduire une voiture. L'amitié est belle, mais intermittente ; les amis sont tout aussi blessés que moi et qui sait quelle rencontre apportera une caresse ou un coup de poignard ? La famille est l'unique source du mal et la seule source de réconfort : paradoxe quelque peu lassant à vivre. Les chants des oiseaux, peut-être, bercent nos pleurs et sèchent nos chagrins de l'aurore. Mais bientôt, le bruit machinal des autoroutes les recouvre. Il faut donner sa vie, ne rien chercher pour soi, soit. J'essaie de temps en temps. J'essaie encore de temps en temps de partir sur cette belle route de rêve qu'on nous décrit dans les films, dans les chansons et dans les livres qui se vendent à des millions d'exemplaires : le mauvais conducteur se retrouve assez vite dans le fossé. Je vais sortir dans la rue tout à l'heure, et chaque présence étrangère, corps allongé à même le sol, infirme, travailleur fatigué ou lobotomisé, homme battu, femme trompée, coeur solitaire, chien volé, me criera à la figure toute l'abondance de joie, de paix et d'amour qui m'assaille. Ce qui achèvera de me miner le moral.

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mercredi, 08 mai 2013

Mélancolie

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Instance au milieu d'une journée, quand le vent chasse les rayons pâles du soleil. Une fenêtre dans un quartier où les déménagements se succèdent. Un immeuble à moitié vide, dans lequel Dylan, âgé de sept ans et demi, joue du piano sans que personne l'écoute. Sa composition étonne un peu le chat qui crâne sur le radiateur.

Aux étages identiques, des silhouettes restent immobiles. Chacun espère une autre vie, ou une autre lumière sur celle-ci ; mais le temps présent se fait pesant pour les déçus des grandes rêveries. Ainsi s'accumulent mille souvenirs, mille images sans couleurs vives, dans les mémoires mortelles des solitudes qui passent ici.

On se croise quelque fois, on se croit les uns les autres et des enfants naissent à la veille d'une rupture mitigée. C'est la vie des temps modernes qui berce nos âmes mortes-nées. Dans la pièce où le linge sèche, au piano désaccordé, l'enfant joue sans public sa chanson désenchantée.

 

Edith de CL

mardi, 07 mai 2013

à contre-réel

lundi, 06 mai 2013

Oracle

 

Il pleut des cordes dans la cour arrière, dans la cour « pot bouille » et sur le jardin. L'averse inonde le boulevard. Grande eau pour un lavage de printemps dont ne restera nulle trace de scorie.

Je prends le pouvoir. D'où que je vienne, c'est moi qui décide qui je suis et où je vais. Vous n'avez plus aucune prise sur ma vie, je suis dorénavant maîtresse de mon destin et n'abdiquerai jamais.

Je n'ai plus besoin de sauf-conduits, de passe-droits, de protecteurs : ma volonté suffit. Je n'ai plus besoin de remèdes, d'aides, de soignants : je m'offre la santé.

Il faudra s'habituer à mes nouveaux atours : autorité, puissance, gloire. Il faudra s'habituer au nouveau timbre de ma voix : le timbre du sceptre qui se dresse sur le monde.

Mon royaume ? L'empire autarchique. Mon trésor ? La perpétuelle abondance. Mon pouvoir ? La création.

Entre mes mains palpite le monde que je suis venue vous offrir. Que je souffle sur ces graines frêles et le miracle surgira.

Édith

 

Biographie officielle (merci à katharina)

Inspiration :

Dédicace de Lawrence à S.A.

Plaidoyer de Cagliostro

 Sit tibi copia,
sit sapientia,
formaque detur ;
Inquinat omnia
sola superbia,
si comitetur.

dimanche, 05 mai 2013

Lignes de fuite

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à Hanno, fraternellement, en souvenir de l'invécu

I Frontière

Nous allons faire la fête. Prenez ces verres qui se tordent de n'être pas bus au bord des tables penchées sur l'herbe. Laissez là vos manteaux et vos cravates, nous n'en aurons plus besoin de l'autre côté de la rivière, sur la butte où les pas ne laissent pas de trace.

Pluie et rayons du soleil dansent dans l'après-midi du parc et les vins tournés dégoulinent sur les nappes de papier.

Jazz, jazz, tu n'es pas mort, tu coules commercialement des hauts-parleurs et tu emportes le petit groupe vers son errance. Déni des livrets A et des clés de voiture, oubli de tout ce qui nous distingue en ville.

Avançons sur les chemins à moitié balisés sans écraser les fleurs printanières écloses hier.

Vous retournerez sur vos pas peut-être, ce soir ou demain quand nous en aurons fini avec la fête émerveillée. Moi, je crois que je ne reviendrai pas. Je chercherai plus loin sur la rive une maison sous un ciel qui promet la vue des étoiles chaque soir de la vie.

Car désormais, chaque soir je veux voir, dans un ciel d'un noir pur, scintiller des étoiles.

  

II Vertige

Là-bas, caresses fondantes, délices au fond des baisers qui se fondent en ondulations nuageuses vers les sphères éreintées des étreintes trop puissantes. Ici, à genoux sur les prie-dieu, chapelets monocordes jusqu'au Salut par l'Esprit qui souffle où il veut.

Ne jugez pas, car toute voie qui peut être tracée n'est pas la voie. Si vous riez de ci ou de ça, vous êtes cuit.

 

III Infusion

Une vie qui serait un long dimanche après-midi ; le soleil coulerait en lampée de miel sur la partie sud des maisons. Les arbres frissonneraient au léger vent de l'Ouest. Et les vieilles chansons de la forêt, chantées là-bas par des dames vieilles, berceraient nos langueurs. Une guitare ? Peut-être. Mais surtout, la douceur vagabonde de l'oubli.

Edith

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Un dimanche à Avila

sainte thérèse d'avila

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Je pense, pour répondre à ta question d'hier, que si j'avais un fils je l'appellerais Judicaël ou Dieudonné, et une fille, Anne.
Je n'ai plus d'inquiétude sur la question d'avoir ou non un enfant... âgée de trente ans, je suis allée dans l'église Saint-Thomas d'Aquin, et j'ai "demandé" d'avoir un enfant à 32 ans. J'ai renouvelé solennellement cette demande intérieure auprès du cercueil de mon grand-père.
Le jour de mes 33 ans, alors que rien ne s'était passé, j'ai éprouvé un cuisant dépit. Je m'en suis voulue d'avoir été si crédule, si ridicule. Dans cette déréliction, soudain, m'est apparue comme gravée sur une pierre imaginaire la phrase de Sainte Thérèse d'Avila : 

« Il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qui ne le sont pas ». 

(C'est cette phrase qui a inspiré le titre du roman de Truman Capote Answered Prayers).


Je suis donc retournée à Saint Thomas d'Aquin pour exprimer ma gratitude et ma confiance que ma prière était exaucée au mieux quoi qu'il arrive. Depuis, j'ai un poids en moins, une confiance absolue que le mieux m'arrive, m'est arrivé, m'arrivera sur le plan de la maternité.
Il faudrait que je parvienne à atteindre une telle sérénité sur d'autres sujets, tel la vie financière... Mais on ne décide peut-être pas consciemment des prières profondes que l'on lance, des réponses non moins profondes qui nous arrivent.

Du rêve ou du réel, va dire lequel féconde l'autre... Sans leurs noces mystiques rien n'a de valeur en ce monde.

samedi, 04 mai 2013

La route

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La nuit

La nuit, l'enfance s'efface complètement. Les diables sortent par la porte de derrière ; les fées se drapent de tulle rouge et les rangées de serviteurs proposent des verres de champagnes à nos mains tremblantes.

Tu t'appelles je ne sais pas encore comment. Tes lèvres frissonnent de peur, de tendresse ou de froid, peut-être, bien qu'il fasse chaud au creux du bar du Temps. Demain j'ai 35 ans mon amour, accompagne-moi sur cette pente raide où tant d'amis ont dégringolé pour ne plus jamais remonter à la surface verte des jeunesses.

L'aube

L'aube, l'oubli des veilles nous guette. Ton bras suspendu sur le vide s'arrête. Le long des jambes, sur la surface des ventres, se balance l'espoir frêle qu'un jour, dans mille jours, nos mains presseront la même cafetière avant le chant du coq.

Aube nouvelle dans notre vie où se chante la liturgie des ouragans. Vatican III, danse avec moi !

 

L'après-midi

Route des vacances, j'ai fait toutes tes stations d'essence, tellement plus tard, bien après l'époque des petits Lu. J'y ai retrouvé pourtant les sensations d'une épopée de mon enfance, ressurgie ainsi au croisement des quatre voies contradictoires. Mais est-ce vraiment le temps de songer à ces nécropoles perdues, est-ce vraiment le lieu d'évoquer ce chemin en sens inverse ?

Le soir

Quand tout l'amour, tout l'argent, toute la gloire nous entourent, qu'est-ce qui nous pousse à partir en haillons par un soir de décembre et descendre l'escalier de la ville qui mène au banc des clochards ?

L'appel du vide, l'appel de Dieu, l'appel du Diable.

 

Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva, Edith de Cornulier Lucinière, Robert Desnos, j'ai tant rêvé de toi, Frédéric Hunter

photos Mavra NN - vidéos chouravées poliment sur le web.

(La nuit d'Henri Tachan
Le Grand Meaulnes, de Jean-Gabriel Albicocco
Robert Desnos par Frédéric Hunter)

jeudi, 02 mai 2013

Rage

rage

 

à Sébastien Ithiopia...

 C'est le ressac infini de mes rages que vous entendez dans le soir tombant. Les bruits de la cuisine et ceux de la terrasse ne peuvent étouffer les vagues noires de l'amertume. L'alcool qui coule en rivières dans vos verres, le train là-bas qui revient et nous rapporte les deux de province, la musique qu'Elle vient de mettre sur la chaîne hifi performante et l'horloge qui chahute qu'il est 21h15 ne nous trompent pas. Plus rien ne dissimule le flot sombre, cracheur de rage.

(Quelqu'un s'enfuit pour écrire sur l'ordinateur du garage).

 C'est le retour infini de mes saccages que je maudis en veillant les fourneaux. Les paroles des voisins et les rires des enfants n'atteignent plus mon être au centre glacé comme un fjord. Vos bons mots, vos maux mal cachés, les noix et les chips qui circulent à travers les mains lavées pour le soir, la chanson qui invoque la mémoire des noyés ne nous apaisent pas. Vous savez que je suis partie trop loin pour être sage.

(Cet imbécile qui vient souvent tente d'embrasser la mystérieuse près du buffet).

 C'est le reflux infini du remord qui me ronge quand je me tourne vers vous. Mon sourire rouge artificiel ne piège plus vos croyances erronées. Nul ne brise la convenance morte. Seul, cet homme tendre à la joyeuse tristesse ment à tire larigot, et personne ne songe à le contredire. Il est des appartements où le mensonge a tous ses droits. Il est des terrasses que seule la joie criarde maquille encore. Il est des amas de naufragés déguisés en assemblée conviviale. Il est des ruines de rêve, ce soir, qui baignent la pièce et le jardin de leur odeur cendrée.

(- C'est Arnaud, là-bas ?

- Il arrose les fleurs avant la nuit complète.)

 Mon Dieu, ma Rage, pourquoi inondez-vous ainsi ma vie ? Vos vagues bientôt nous recouvriront tous. J'irai m’enfuir aux antipodes de la fête, recroquevillée sur la chaise de la salle de bains, face à la lune éclatante qui fait du naturisme de l'autre côté de la fenêtre.

(Nous n'avons pas encore repeint les persiennes du mur condamné).

 Quand reviendras-tu, mon mage ? Ta main de chaleur, ton épaule de douceur, ta voix de basse qui me prenait, me portait, m'emportait, vers le lit de mes souvenirs. Sans toi mes fêtes sont si vides, mes amis si flous, mes membres si froids, sans toi rien ne tient vraiment debout.

(Qui vient de changer la musique ?)

 Mais te voici, rhum. Te voilà, punch. Exilé de Marie-Galante, tu irrigues mes veines mieux que mon sang. Tu institues en moi le règne du Sourire Parfait. Tu m'habites, tu m'habilles et mes joues rosissent, le rouge à lèvres tombe, obsolète ; je me tourne vers autrui, je tends les mains, je lève les bras, je chante avec eux. L'océan se calme, les dernières vagues meurent dans tes gouttes ambrées. La rage évanouie, je peux commencer à danser.

 Edith

cuisine, rage

Zestes de jeunesse (Qui sont les charmeurs de serpents ?)

Gange, Edith de Cornulier, Edith Lucinière

Quelquefois je reste assise, j'imagine le ciel, j'essaie de faire éclater ces verrous qui maintiennent nos pensées dans des cadres sans envergure.
En pensée, je brise toutes les vitres pour que l'air entre et balaye les préjugés qui restent en dépot et encrassent mon être. Comme sont précieux les gens qui par leur regard ou une phrase nous apportent une délivrance.

Je ne comprends pas pourquoi c'est impossible de se noyer dans l'azur, de se dissoudre dans un ciel bleu et pur.

Ne ressemblons-nous pas parfois à des serpents envoûtés qui se tordent dans un panier en rêvant de fuir ! fuir ! fuir !

Qu'est-ce qui nous retient ? Le corps ? Des liens ? Qu'est-ce qui nous retient ?

Tout au bout des insomnies, qui sait si on finit par trouver la méthode du souffle psychédélique...

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mercredi, 01 mai 2013

Te revoilà, Tieri !

Tieri Briet, Edith de Cornulier Lucinière

Mon cher Tieri,

Ta zone m'ozone.

C'est un vrai soulagement de retrouver ta prose fracassante, j'avais passé tant de temps à hanter Où sont les enfants ? et Histoires d'une passion. Ta webdisparition me désolait. Heureusement qu'il y a eu votre visite et ce dîner au coin d'un feu après Effraction, alors qu'Orso barbotait encore dans le ventre de Noémie. Heureusement qu'il y a eu cette nuit de feu où je me sentais si proche d'Arles en arpentant Insomniapolis. Heureusement qu'il y a eu quelques lettres et ma visite à l'ourson.

Dosta le silence !

Si petite zone, si vaste déchirure qui tire vers la délivrance. Frasques, poèmes, murs et cris gravés. Fresque d'une dissidence multiforme. Flip photolittéraire. Incendie orange, cendres martiennes, braises de l'enfer, ça recommence ?  Ah ah ah ! Sombre frère en littérature !  Joie d'une retrouvaille, en attendant un passage parisien de votre petite caravane.

Edith de CL qui t'embrasse

 

Tieri sur AlmaSoror :

La naissance des ours

Réponse à une question

Beauté des affiches des deux bouts de la politique

La carte du tendre

Les commentaires de TB sur AS, avec Luke Ghost au piano

Mascara

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«Ils ont découvert l'enfant en suivant les traces de l'ogre».
Raoul Vaneigem

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Paul, est-ce toi qui m'a appris à porter un masque ? J'ai mille masques, qui ne sont qu'un seul masque. Ce masque avec lequel je dis des choses drôles dans des dîners en ville, ce masque avec lequel je courais dans les manifs noires et rouges à la Bastille, ce masque que je portais pour oser pénétrer dans le local des Apaches.
C'est avec ce masque que j'entrerai dans la grande salle pour siéger majestueuse parmi mes pairs ; c'est avec ce masque que j'abattrai les barrières entre deux corps transis de se mêler.

Paul, je t'ai démasqué.

Anne, est-ce toi qui m'as appris à donner mes trésors aux enfants étrangers, à cacher mes butins sous la terre du côté de l'étang, à pleurer sur la plage des Sables un premier mai, à sauter par la fenêtre en croyant qu'un filet va surgir pour me sauver ?

Anne, je t'ai surpassée.

Mascara, masacarade. Vous étiez si étranges, tout le monde le dit. L'ange blond et la brune triste perdus dans ce monde pour lequel vous n'aviez pas été dressés. Frères et soeurs morts en bandoulière contre vos coeurs, rage de passer à l'épée le décor de vos enfances détraquées.

Satan et Chiquita, que reste-t-il de votre cavale ?

Une saltimbanque, une européenne, un mousquetaire : trois adultes qui se souviennent à peine. Des photos déchirées dans un jour de colère. Des vinyles et des bouquins.

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mardi, 30 avril 2013

Sables d'Eau lonesome cowboy

Sables d'Olonne

 

Je te parlerai donc des Sables d'Olonne, une ville banale, dont la lumière est étrange, blanche, poussiéreuse, enivrante, où les serments intérieurs se prononcent au banc secret de Cayola.

Sables d'Olonne

 C'est la ville de la joie et de la douleur pour une fratrie que je connais et qui célébra, en l'église de Notre-Dame de Bon Port, la messe de requiem d'un frère de quatorze ans emporté par une leucémie, celle d'une sœur de dix-neuf ans trouvée pendue à un arbre.

 C'est la ville où j'ai couru sur le remblai qui semblait immense à quatre, cinq, six ans. Vingt ans plus tard, quand j'y suis retournée, tout m'a paru si petit. J'ai compris alors à quel point les regards d'enfants sont généreux.

Sables d'Olonne

 C'est la ville où j'ai décidé de m'exiler, quand partout où je me tournais le paradoxe me faisait face, tirant sa langue cruelle.

J'y suis partie en quête de moi-même, et je ne m'y suis pas trouvée. Je dois être (si j'existe vraiment) bien cachée. J'y ai rencontré en revanche le silence et la solitude, et je les ai apprivoisés. Désormais, ils ne me font plus peur. Ils peuvent venir s'asseoir à côté de moi, m'entourer de leurs bras, étendre leurs ailes sur mon périmètre et même pénétrer comme le vent à l'intérieur de mon corps, de mon cœur, de mon âme : ils ne me dérangent plus.

Sables d'Olonne

 Comme toute la côte vendéenne, qui était si belle antan, la ville des Sables d'Olonne achève de troquer ses murets de pierre contre des parapets de béton, ses dunes et ses landes contre des immeubles qui rivalisent de laideur, ses jolis casinos qui ressemblaient à des chalets contre des CENTRE DE CONGRES sans accent grave, dans la lumière nocturne desquels, parfois, depuis la piscine d'en face, on croit apercevoir un congre exilé qui nage, désolé, à travers les colonnes plastifiées de son palais triste.

Mais la piscine fume esthétiquement sa chaleur artificielle, figée au pied d'un bar entre la plage et la promenade, appréciant les nageurs courageux qui la parcourent et les buveurs langoureux qui la contemplent. Elle a de la chance, car aucun toit ne la sépare de la lune.

Sables d'Olonne

 Les jours d'été, tous ces bateaux blancs et ces jolis noms de rue ont émerveillé des générations de « congés payés », comme les Sablais les appelaient.

Mais les soirs d'hiver, la ville s'éteint tôt. Le vent souffle. Les bateaux n'osent plus rentrer par le chenal traitre. Au fond du studio, allongée sur son lit dans le noir, une rêveuse en apnée envoie des textos mystérieux en écoutant les hurlements des mouettes.

Sables d'Olonne