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vendredi, 08 février 2013

Où vont les âmes des esclaves ?

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«N'an laara, an saara»
Si nous nous couchons, nous sommes morts

«Au-dessous du vernis du christianisme qui se limitait souvent à la hâtive formalité du baptême, il s'agissait surtout des dieux animistes de la Côte du Bénin. C'est la tante du roi Ghézo qui, déportée par Adandozan, aurait introduit le culte des vodouns de la famille princière du Dahomey à Saint-Louis de Maranhon au Brésil. Le Vodou africain, avec ses rites de possession et d'extase, fut conservé à Haïti comme un viatique sur les chemins de la souffrance. Néanmoins les dieux les plus invoqués ici n'étaient plus les symboles de la fécondité ou de la prospérité agricole ni la délicieuse Yemandja, qui personnifiait l'écume enjouée, turbulente et étincelante des flots. C'étaient les dieux de la lutte, de la violence, de la rupture et du refus. Shango, dieu du tonnerre, Ogoun, dieu de la forge, Echou, l'inévitable intermédiaire des dieux mais aussi le principe dynamique du changement et le désir inassouvi. Le culte des défunts, si caractéristique de la religion des Africains, pour qui les morts ne vivent pas, mais existent plus forts qu'ici-bas, prit dans ce contexte une signification touchante jusqu'au sublime : les morts, libérés maintenant de la férule du maître-tyran, étaient censés refaire en sens inverse l'infernale traversée de l'Océan. Voguant sans entraves vers le continent bien-aimé, ils allaient rejoindre l'assemblée vénérée des ancêtres, là-bas, par-delà la "grande eau", "là-bas au pays de Guinée". De cette nostalgie pathétique témoigne la cantilène suivante :

"Dieu d'Angole, Dieu d'Angole, tu enseigneras trois mois de prière, trois Pater, trois Ave Maria qui permettront à l'Africain de s'en retourner en Guinée"».

Joseph Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique noire, chapitre sur la traite des noirs du XV au XIX°siècle.

C'est la quatrième fois qu'AlmaSoror rend hommage à Joseph Ki-Zerbo.

Vous pouvez lire :

Le trafic à la muette

Et Un voyage comparatif à travers l'Europe et l'Afrique féodales...

Jean Bouchenoire avait en outre cité Joseph Ki-Zerbo dans sa contribution intitulée "Un billet sur Mongo Beti ?"

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Commentaires

Je recommande la lecture de ce livre si bien écrit, le premier qui relate, sans rancœur ni malhonnêteté, toute l'histoire de l'Afrique et des Africains. Un grand historien !

Écrit par : Katharina | vendredi, 08 février 2013

1954, dans la revue africaine catholique tam tam, "On demande des nationalistes". Beau texte.

Écrit par : Tequila | samedi, 09 février 2013

Voici un aspect très séduisant des religions : la capacité à s'envoler dans le rêve, l'irréel. Un religieux pragmatique devient un tyran.

Écrit par : sara | samedi, 09 février 2013

C'est vrai que quelqu'un qui transforme une foi, par essence spéculative, en plan quinquennal à intégrer coute que coûte à la réalité, devient un grand destructeur.

Écrit par : Tequila | samedi, 09 février 2013

"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" et foi sans liberté n'est que mort spirituelle.

Écrit par : Edith | samedi, 09 février 2013

Vous pens(i)ez à quelqu'un en particulier, Tequila ?
Martin Heidegger ?

Écrit par : gilles | dimanche, 10 février 2013

Non, à n'importe quel croyant qui veut que le monde extérieur obéisse aux lois de sa foi.

Écrit par : Tequila | dimanche, 10 février 2013

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