jeudi, 29 octobre 2009
Chez elles (et les archives d’AlmaSoror)
j’y passe des après-midi face à un ordinateur qui vieillit et travaille tout seul à graver des DVD pendant que je lis le livre de la bibliothèque de leur salon, The Story of Film, de Mark Cousins, et que je n’écoute pas Cult, d’Apocalyptica parce que le disque a fini de tourner depuis longtemps et que je n’ai pas le courage d’aller le remettre. Mais surtout je vois par la fenêtre, et cela, c’est si rare dans ma vie. Voir de haut un boulevard sur lequel des voitures et des gens passent, sans cesse, sans arrêt.
D’habitude, du fond d’une cour, je dois réinventer l’extérieur qui me fait cruellement défaut et j’imagine des paysages. Là, j’ai un paysage urbain sous les yeux, dès que je les lève du livre.
Rassasiée par cette journée je rentre chez moi (la cour à traverser !) et je me souviens de quand AlmaSoror, ancien journal mensuel, est devenu blog. Il y eut les premiers posts. Les anciens contributeurs ont voulu continuer, d’autres sont arrivés. Il y eu tous les anciens articles de l’ancien AlmaSoror à republier sur ce blog. Les mélanges de littératures de Sara, les mathématiques de Laurent Moonens, les espagnoleries d’Antonio Zamora, tous les fragments et les hommages que nous avions rédigés, et tant d’autres articles encore. Il fallait des photographies pour illustrer ce blog, que nous avions voulu plus visuel que l’ancien AlmaSoror, et Sara nous a laissé péché dans son stock.
Mais parmi les fleurs, il faut savoir que l’amour est le plus triste ICI avec Carson McCullers. Que l’échec est d’autant plus poignant que le libre-arbitre nous interpelle (malheureux !). Que l’animal nous supplie beaucoup. Que les hommes idéalisent les femmes ( à cause sexe irrévélé des anges). que la Révolution compte ou ne compte pas ses morts chéris et ses morts haïs. Que la féodalité noire et blanche tente d’exprimer ses visions. Que la ville nous perd ; que le rêve nous sauve ; que la folie nous hante ; que le désir nous torture ; que les pères nous impressionnent ; que les questions des amis font divaguer un bon coup ; que les lettres écrites au stylo existent presque encore.
Merci à elles dont j'ai hanté l'appartement. L'une "fait médecine" et l'autre fait l'Europe. Leur lieu sent leur présence. J'ai tenté de ne pas laisser de traces.
Publié dans Super flumina babylonis, Ὄνειροι | Lien permanent | Commentaires (2) | | Facebook | Imprimer |
Commentaires
Jérôme Sans : Why are you obsessed with women in your photographic work?
Nobuyoshi Araki : I think that all the attractions in life are implied in women. There are many essential elements: beauty, disgust, obscenity, purity ... much more than one finds in nature. In woman, there is sky and sea. In woman, there is the flower and the bud ...
Araki, Editions Taschen
Écrit par : Araki oseded with women | vendredi, 30 octobre 2009
J’ajouterai quelque chose chère E : nous n’avons été ni de droite, ni de gauche, ni bons, ni méchants, ni censeurs, ni hypermultidirectionnels. Nous avons été ce que nous avons pu et beaucoup d’AlmaSoror doit à ses lecteurs. Quand l’inspiration n’est pas là, on imagine les visages et les pièces où vivent ceux qui viennent sur cette place virtuelle et on a reenvie d’écrire. Je n’aime pas les virgules, tu les aimes, rien ici n’est à la virgule près. Nous nous sommes faits engueulés et même cela ne nous a pas déplu. Car au bout du décompte, c’est la mesure de l’impossible qui nous a tancés, qui nous a maintenus tendus, qui nous a poussés à naviguer sur cet océan des blogs sans foi ni lois codifiées.
David Nathanaël Steene
Écrit par : DN Steene | vendredi, 30 octobre 2009
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