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mercredi, 23 octobre 2013

Un monde invincible

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De ta démarche de pouliche élégante, tu avances sur le chemin qui a croisé le mien. De quelle couleur sont tes yeux ? Je ne le sais toujours pas : mouvant, comme tout ce qui émane de toi, ton regard me trouble à force d'imiter l'eau trouble, calme et brouillé, brouillé d'émotions ou de mystères.

Tu connais désormais la ville que j'ai habitée seule ; tu connais la maison où j'ai grandi ; tu connais la puissance de mes rêves et le rideau noir qui cache une partie de ma mémoire.

Et je te regarde quand tu détournes la tête, je vois alors ton profil scruter un horizon là-bas ; je m'interroge : qui es-tu ?

Question idiote. Je prie, donc tu es.

 

De ta voix, lointaine comme celle d'une inconnue, tu dis des choses fines et pertinentes, et quand ta voix se fait plus faible, la puissance de tes mots se renforce. De quelle couleur est ta voix ? Elle a le timbre des espérances fragiles, des promesses qui ne tiennent qu'à un fil, des trêves qui viennent du fond des vignes de l'enfance.

Je connais désormais la fulgurance de ton style, la forme de l'appartement où tu vis depuis quelques années, le visage de celle qui dort dans la chambre à côté.

Et tu me regardes, quand je détourne la tête pour dissimuler la pensée qui me traverse par effraction ; tu m'interroges : que veux-tu ?

Question superflue. Tu es, donc je veux.

 

De tes mains qui trahissent une expérience multiple, tu poses des pions qui avancent, qui reculent, qui hésitent. Tes mains s'arrêtent quelques instants : à quoi pensent-elles ? Au trajet qu'elles parcourent, parfois, le long des parois de ma cathédrale ; à la vie qui s'écoule, au temps qui passe, à la douceur qui se précise.

Tu connais désormais la chair qui me trahit. Tu connais le manoir d'où je m'enfuis. Tu connais la puissance des plaisirs, et la faiblesse du regard quand les doigts avides meurent dans le désespoir.

Et je te regarde quand tu dors sur l'asphalte des routes et des déroutes. J'entends alors le souffle qui ne dévoile qu'à peine l'abandon de ton corps ; je m'interroge : que murmures-tu ?

Question chuchotée. Tu dors, donc tu réponds au fond d'un rêve.

 

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