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lundi, 18 janvier 2010

Un mot sur l'enfance

 

 

près de l'étang.jpg
Là-bas, avant...

 

 

"Ce qui n'était pas consacré à l'étude était donné à ces jeux du commencement de la vie, pareils en tous lieux. Le petit Anglais, le petit Allemand, le petit Italien, le petit Espagnol, le petit Iroquois, le petit Bédouin roulent le cerceau et lancent la balle. Frères d'une grande famille, les enfants ne perdent leurs traits de ressemblance qu'en perdant leur innocence, la même partout. Alors les passions modifiées par les climats, les gouvernements et les moeurs font les nations diverses ; le genre humain cesse de s'entendre et de parler le même langage : c'est la société qui est la véritable tour de Babel".

 

 

Chateaubriand

dimanche, 17 janvier 2010

notes et bulles bleues

 

 

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Extrait du mail de Siobhan d’hier matin (reproduit avec son autorisation) :

(Siobhan H est notre deltaplaniste et tient la rubrique aérienne "vol libre)

“Je t’aime”

C’est l’expression qui est revenue ce matin échouer sur les bords de ma conscience le long de ce long vol sans but autre que celui de n’être pas sur terre. Le vent rebelle me donnait l'impression de piétiner dans le ciel. Ma cage m'oppressait et je voulais la lâcher. "Je t'aime". Ce mot me retenait.

Mais à qui parlais-je ? C’est la question qui me hante, maintenant que je suis redescendue et que je marche dans cette ville trop nordique pour être jamais joyeuse.

J’ai appelé Mickaël et Michel, mes deux archanges d’Amiens. Ils étaient justement ensemble au fond d’une brasserie, attablés devant une spécialité picarde et des bières belges.

Ils ont ri, blagué, toujours aussi bêtes, toujours aussi bons.
Mickaël m’a dit : tu parlais de Katharina.

J’ai raccroché rapidement. Je me suis demandée si c’était vrai le plus objectivement possible. En clair, où que je scrute ma conscience, je hais Katharina. Je la respecte, je l’admire, je la trouve belle - mais je la hais.

(...)

Et quand j’y repense je pleure presque, je hante la ville si triste (comme toutes les villes du Nord) où je ne sais même pas pourquoi j’habite, et je t’en veux de nous avoir rassemblées un jour au 13 boulevard du Montparnasse, pour une soirée qu’il fallait faire semblant de trouver sympathique et qui était à vomir. D’ailleurs, j’avais vomi dans la rue en rentrant chez moi”.

 

Siobhan

 

 

Je rappelle que la relation entre Siobh et Katharina a déjà ébranlé AlmaSoror... ICI.

Un ami lecteur avait alors posté ce commentaire éclairant : "Lontemps après le temps des déchirures, restent les morsures de l'incendie intégral. Comme une biographie à rebours et marquée dans la chair". Merci, toi qui signas Habitant d'Insomniapolis et qui fit partie de notre éphémère Club d'alors...

 

samedi, 16 janvier 2010

Bergson phare

vendredi, 15 janvier 2010

L’hymne de Saint Jean

 

 

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Phot Sara

 

 

 

Vers l’an 800, Gerbert élabore la gamme ut, ré, mi, fa, sol, la, si, en empruntant les premières syllabes, qui correspondaient aux notes de cette gamme, à l’hymne de Saint Jean :

 

Ut queant laxis

Resonare fibris

Mira gestorum

Famuli Tuorum

Solve poliuti

Labii reatum

Sancte Johannes

 

C’est la lointaine origine de la chanson du film La mélodie du bonheur, de Robert Wise, qu’on regardait, tous les enfants, sur la télévision des voisins. 

 

DN Steene

 

jeudi, 14 janvier 2010

Voyage au pays des noyés

 

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podcast

 

mercredi, 13 janvier 2010

Voeux de Sara

La principale photographe d'AlmaSoror présente ses voeux en vidéo.

Le site de Sara

mardi, 12 janvier 2010

Un nombre irrationnel : le nombre e

 

Bernard, du Chien qui fume.jpg
Chien qui fume, boulevard Montparnasse, par Sara



Au mois d'octobre 2007, telle était la contribution mathématique de Laurent Moonens :

(Le pédéhaif s'ouvre en cliquant sur le lien :)

 

Un autre exemple de nombre irrationnel : le nombre é



Et pour en savoir plus sur Laurent, c'est ICI

 

lundi, 11 janvier 2010

Fragment de Moréas et commentaire d'Esther Mar

 

Fragment de Moréas (commenté par Esther Mar)

 

Luxembourg bancs.jpgLuxembourg par Sara

 

 

Quand je viendrai m’asseoir dans le vent, dans la nuit,
Au bout du rocher solitaire,
Que je n’entendrai plus, en t’écoutant, le bruit
Que fait mon cœur sur cette terre,
Ne te contente pas, Océan, de jeter
Sur mon visage un peu d’écume :
D’un coup de lame alors il te faut m’emporter
Pour dormir dans ton amertume.


(Moréas, el Greco de la poésie française)


Commentaire d’Esther Mar



Ton visage accusait trop d’ans. L’océan s’étendait sous la nappe nocturne. Tu voulais dormir dans son amertume : tu savais que ce grand flot mouvant nous emporte dans son lit indéfinissable et que le sommeil éternel a le goûts des lendemains de fêtes ratées. Tu t’en es allé comme tu avais dit et je lis tes vers au bord de la Marne. Je songe aussi à partir. D’un coup de lame alors il faudra m’emporter, au-delà de la solitude.

 

samedi, 09 janvier 2010

Voeux, Aveux

vendredi, 08 janvier 2010

La marche des villageois

 

 

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Et la musique s'élève et nous entoure tous. Vous marchez autour de moi. Le  village ressemble aux autres jours, sans la pluie, sans le morne du quotidien. Le cortège nous rend somptueux. Notre marche de groupe, solennelle, fait de chacun de nous un morceau de héros.

Ma personnalité imparfaite s'efface et la batterie des coeurs ensemble implose mes rêves. Il n'y a plus de moi, de toi, il n'y a plus que nous qui marchons sur la route des fleurs et de l'espoir. Notre espoir nous appelle, notre confiance nous porte, notre peur est finie pour toujours.

Les tambours et les cors chantonnent des valses berçantes et dynamisantes. Bercés, nos coeurs coulent d'amour. Dynamisés, nos jambes courent au tempo des lendemains qui chantent. Les enfants marchent avec nous : plus de femmes, plus d'hommes, plus d'âges : toutes les barrières sont mortes et la vie et sa liberté immense ont pris toute la place. Aux carrefours des chemins la musique reprend de plus belle et c'est toujours la plus grande route qui appelle. Nous marchons sans penser, le village est loin derrière nous maintenant et nous ne pensons qu'aux nuages qui nous précèdent.

Nous partons à la guerre.

 

 

José Vengeance Dos Guerreros, le lundi 4 janvier MMX, Paris le soir glacial.

jeudi, 07 janvier 2010

Bonne année

 

 

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Une nouvelle année commence, symbole chronologique dans la nuit désordonnée du temps qui passe.
À nous, à tous, bonne année.
Que les chagrins d'amour s'apaisent et que les solitudes se trouvent. Que les rencontres se fassent douces, griffes rentrées, yeux grand ouverts. Que l'obligation haineuse, hargneuse de "gagner sa vie" ne bouffe pas toute la moelle de la liberté. Que la danse se manifeste en nos corps, au jour le jour, dès l'aurore au lever et jusqu'aux dernières heures du soir, quand les masques tombent et qu'on retrouve un peu de ruines de paix dans l'avant sommeil. Que l'espoir de trouver quelqu'un, quelque chose, une émotion à faire vibrer, nous tienne et soit réalisé, enfin. Que nous passions cette année, sentinelles sans uniforme, enfants sans soutien, dans la paix du coeur. Que nos générosités trouvent l'espace qui leur manque pour se déployer. Que nos armes tombent. Que nos frontières s'écartent - mais que notre fierté et notre honneur restent là, fermement plantées - ces deux drapeaux qui tiendront jusqu'au bout de nos destins, et même au-delà, souvenirs de nos combats, de nos luttes, de nos efforts pour marcher debout dans la grande catastrophe de la vie. La beauté est à l'origine du monde ; l'héroïque joie de vivre  la recrée à chaque tentative d'aimer.

Bonne année.

mercredi, 06 janvier 2010

...comme il est facile de juger, et difficile de vivre...

 

"On frémit..... quand on sait comme il est facile de juger, et difficile de vivre,
et comme c’est rapide, un jugement, et comme c’est long, une vie". 

Montherlant

 

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photo Sara pour VillaBar

 

 

À propos de la pièce La guerre civile

"Les serpents littéraires, biographiques et anecdotiques qui suivent les hommes sortant un peu de l’ordinaire n’ont pas effacé les traces de Pompée. Après deux mille ans, il vit encore, plein de bruits et d’actes, et comme soutenu par les jugements malveillants qu’on porte sur lui. On frémit (c’est une façon de parler, car personne ne frémit) en voyant exécuté en quatre lignes, dans les dictionnaires, l’effort de toute une vie, quand on sait comme il est facile de juger, et difficile de vivre, et comme c’est rapide, un jugement, et comme c’est long, une vie. Les historiens qui, les pieds dans des pantoufles, entre leur radiateur et leur frigidaire, et n’ayant d’autre adversaire à vaincre que la feuille de papier blanc sur laquelle ils écrivent n’impore quoi en toute impunité, les historiens ont beau jeu à traiter avec désinvolture les personnes qui ont remué ce que remua Pompée pendant trente-cinq ans, dans le chaos sanglant qu’était alors l’empire romain (étant réservé le problème de la vanité de l’action, sur lequel j’ai dit mon sentiment bien des fois). Pour moi, mon objet ici n’a pas été de juger cet homme : on ne juge que sur dossier, et les arrangeurs ne font pas un dossier. Je n’ai voulu que rêver un peu sur un immense retournement de fortune, et en sortir quelques circonstances dorées par la mélancolie de l’Histoire".

 

Henry de Montherlant, 1958

 

mardi, 05 janvier 2010

L'amour, la prière, les larmes

 

 

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Phot Sara

 

 

« Je vois les chevaliers traverser les mers vers la Terre Sainte croyant la prendre par les armes, et s’exténuant sans arriver à leurs fins. Alors je pense qu’il faudrait faire cette conquête comme tu la fis, Seigneur, avec tes apôtres : par l’amour, la prière et les larmes ».

 

Raymond Lull

(Vers 1311)

 

lundi, 04 janvier 2010

Le courage et l'amour

 

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« Il m’ont tout ôté, hors mon cœur, qui me restera toujours pour vous aimer ».



Marie-Antoinette

 

dimanche, 03 janvier 2010

Jules Vallès : saisissant portrait par René Lalou

"Son état normal est l'insurrection".

J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946, L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages sur certains auteurs. 
En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".
Un beau et intéressant portrait de Jules Vallès, l'auteur d'une symphonie révoltée en trois tomes, et le représentant de cette classe d'"hommes souterrains" décrits par tant d'auteurs du XIXème siècle. Trop cultivés pour leur milieu d'origine, pas assez bourgeois pour rejoindre les classes aisées qui dominent la société, ils errent et leur intelligence est leur plus grande gloire et leur plus grand fardeau.

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photo d'un ami de B par Sara

 

On courrait à un échec certain en appliquant à JULES VALLÈS les mesures ordinaires de la critique littéraire : et pourtant nul roman social n'a dépassé la poignante intensité de la trilogie de Jacques Vingtras. Trop autobiographique pour être rangé parmi les romanciers descriptifs, trop partial pour prendre rang entre les historiens, Vallès ressuscite son époque avec une puissance fougueuse qui ne se laisse point réduire à la verve du pamphlétaire. Là où il essaie d'être objectif, qu'il peigne les réfractaires, les irréguliers de Paris, les victimes du livre ou "l'horreur et la désolation" de la rue à Londres avec l'inhumaine hospitalité du workhouse, l'intérêt languit. Mais qui lit la symphonie révoltée que forment l'Enfant, le Bachelier et l'Insurgé ressent, devant cette confession, la même impression de liberté que devant une création de l'imagination : qu'importe que le romancier ait pris pour matière sa propre vie s'il a réussi volontairement ou non, sa transmutation en oeuvre d'art ?

 

D'un art moins révolutionnaire, peut-être, que Vallès n'aurait entendu nous le faire croire : "J'ai fait mon style de pièces et de morceaux, écrit-il, que l'on dirait ramassés à coups de crochets, dans des endroits malpropres et navrants." En littérature aussi il tenait à sa réputation d'insurgé, et affirmait qu'on lui pardonnerait plus facilement d'avoir été membre de la Commune que d'avoir renvoyé Homère aux Quinze-Vingts. On pourrait sourire de ses prétentions et s'amuser à relever les passages où il se jette dans l'argot pour échapper à ses souvenirs classiques si l'on ne comprenait que lui-même n'est pas dupe, qu'il cherche moins ici à se glorifier d'une originalité qu'à panser une des plus cruelles blessures de son orgueil. Car toute son oeuvre est dominée par deux haines. Il déteste la société, "la gueuse", qui "affame les instruits et les courageux quand ils ne veulent pas être ses laquais", qui foule aux pieds les droits de l'homme. Mais il maudit plus encore la fausse éducation qui ne respecte pas les droits de l'enfant, qui l'empêcha de devenir un honnête ouvrier pour le transformer en un bachelier impropre à tout et qui crève de faim. Son oeuvre est l'explosion de ses colères, une vengeance ; tout, même ses procédés d'écrivain, l'enrage, qui le détourne de son but essentiel : "Ils ont imaginé une bohème de lâches, je vais leur en montrer une de désespérés et de menaçants".

Dans les limites où il s'enfermait farouchement il a réussi : son tableau vit prodigieusement. Non qu'il décrive jamais : même lorsqu'il relate des journées historiques, le 2 Décembre ou la Commune, il peint moins par une confession hallucinée de sentiments exaltés. Son état normal est l'insurrection. De là, ses grands cris sauvages, tel ce commentaire du "les gueux sont des gens heureux" de l'inoffensif Béranger : "il ne faut pas dire cela aux gueux ! s'ils le croient, il ne se révolteront pas, ils prendront le bâton, la besace et non le fusil". De là, cette fiévreuse âpreté qui stigmatise les déchéanes de Vingtras dans sa lutte contre la misère. De là encore, certains paroxysmes d'inhumanité et "la belle cruauté" de son duel avec Legrand. De là enfin, l'allure épique du récit lorsque, par la conférence, par l'article, par le livre, par l'action directe, il charge de toute la puissance de sa haine, contre la société ennemie.

Mais cette colère même lui prête une étrange lucidité. Il triomphe dans la satire concrète : ses portraits, depuis les professeurs de collège jusqu'aux maîtres de la presse et aux chefs révolutionnaires, sont dessinés à l'emporte-pièce, avec un pittoresque relief ; un instinct lui montre aussitôt le détail ridicule sur lequel sa verve s'exercera. Ses souvenirs d'enfance, avec les inoubliables figures de la mère paysanne et du père que le professorat obscur a abêti, sont d'un Poil de Carotte moins stylisé, et infiniment plus complexe. Il a le don d'un humour sec qui procède par étalage de fleurs de rhétorique suivis de soudains rappels aux réalité de la vie, par coq-à-l'âne volontaire. Cette ironie, mécanique et grimaçante, qui n'est jamais une détente, il la retourne contre lui-même. Elle lui tient lieu d'esprit critique ; après avoir évoqué l'enthousiasme révolutionnaire, la foi en ce qu'un Georges Sorel nommerait "le mythe de 93", il s'interroge d'un brusque soubresaut : "Il m'arrive souvent de me demander aussi si je n'ai pas quitté une cuistrerie pour une autre, et si après les classiques de l'Université, il n'y a pas les classiques de la Révolution - avec des proviseurs rouges et un bachot jacobin !"

L'intime désespoir qui emplit les douze cents pages de Jacques Vingtras a sa source dans cette souffrance : malgré tout son amour et toute sa haine, Vallès n'appartient pas au peuple et son oeuvre, trop large ou trop étroite, ne deviendra jamais véritablement populaire ; il est passé par la pension Legnagna, a été une bête à concours, tout comme l'Étienne Mayran de Taine. Vallès est un révolté, un réfractaire, non point un ouvrier. Si cruellement qu'il ait blessé ses contemporains, il n'a pu assouvir sur eux sa rancune ; et ce sont ses orgueilleuses misères qu'il apportait à "la grande fédération des douleurs". 

René Lalou