jeudi, 24 décembre 2009
La chanson des morts
La chanson des morts, d'Ouraphle (pseudonyme de Jules Laforgue)
Une nuit que le vent pleurait dans les bruyères,
À l'heure où le loup maigre hurle au fond des forêts,
Où la chouette s'en va miaulant dans les gouttières,
Où le crapaud visqueux râle au fond des marais,
Disputant ma pelisse à la bise glaciale,
Par les sentiers perdus je m'en allais rêvant,
Fouetté par l'âpre neige et l'ardente rafale
Le saule échevelé se tordait en pleurant,
L'ombre sur le chemin finissait de s'étendre.
Un chien poussait au loin de plaintifs hurlements,
Derrière moi sans cesse il me semblait entendre
Un pas qui me suivait et des ricanements!...
Tandis que je suivais ces routes isolées,
La chevelure au vent et frissonnant d’effroi,
S'éparpillant au loin en lugubres volées
Minuit sonna bientôt au clocher du beffroi.
Je m'assis sur un tertre où jaunissait le lierre,
Devant moi s'étendait l'immense cimetière...
............................................................................
... Quand je vis tout à coup, légion vagabonde,
Se prendre par la main des squelettes glacés
On commence, et tandis que tournoyait leur ronde
Ils glapissent en chœur l'hymne des trépassés :
I
Tandis qu'à ton front passe
Un nuage orageux,
Lune, voile ta face
Et détourne tes yeux.
Nous allons en cadence
Et que chacun s'élance
Donnons à cette danse
Nos bonds les plus joyeux,
Ils hurlent en sifflant et l'ardente rafale
Emporte les éclats de leur voix sépulcrale.
II
Pauvre sagesse humaine
Dont le monde est si fier,
Tu te disais certaine
D'un ciel et d'un enfer.
Enfer et ciel, chimére!
On vit au cimetière
Sans Dieu ni Lucifer!
Ils hurlent en sifflant et l'ardente rafale
Emporte les éclats de leur voix sépulcrale,
III
Oui, c'est au cimetière
Qu'on vit après la mort;
Sur l’oreiller de pierre
Le trépassé s'endort.
Mais quand l’ombre s'étale
Il soulève sa dalle
Et de sa tombe il sort.
Ils hurlent en sifflant et l’ardente rafale
Emporte les éclats de leur voix sépulcrale.
IV
Nous narguons de la lune
Les regards pudibonds,
Nous dansons à La brune
Ainsi que Les démons,
Puis La danse passée,
Sur La pierre glacée,
Prés de notre fiancée,
Mieux que vous nous aimons.
Ils hurlent en sifflant et l’ardente rafale
Emporte les éclats de leur voix sépulcrale.
V
Puisqu'ils oublient si vite
Leurs plus proches parents,
Que leur regret habite
En eux si peu de temps,
Crachons-Ieur ce blasphème :
À Leur ciel anathème!
Anathème à Dieu même!
Anathème aux vivants!
Ils hurlent en sifflant et l’ardente rafale
Emporte les éclats de leur voix sépulcrale.
Et moi pétrifié de ces clameurs funèbres,
De mon gosier en feu sort un cri de terreur;
Et je Les vis soudain dans l’ombre et Les ténèbres
Qui fuyaient en tumulte harcelés par la peur,
Puis tout se tut bientôt. De nouveau le silence
Commençait à régner quand j'ouïs tout à coup
L'un d'entre eux fureter comme un spectre en démence
Et hurler en pleurant : « On m'a volé mon trou ! »
Ouraphle (Jules Laforgue)
février 1878
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mercredi, 23 décembre 2009
Commentaire de Mirimonde sur une Vanité
Commentaire d'Albert-Pomme de Mirimonde,
in Le langage secret de certains tableaux du Musée du Louvre
Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1984
Vieillard en méditation
Peintre : Ferdinand Bol
Hollande XVIIème siècle (1616-1680)
Ce tableau fournit un bon exemple de "vanité à personnage". Pour animer l'allégorie de la vie, les artistes ont choisi, tour à tour, un bébé insouciant de l'avenir, un jeune garçon ou une jolie femme méditant sur la condition humaine ou un vieillard désabusé jugeant les activités illusoires de son existence. Les rembranesques étaient restés fidèles à ce thème : ce tableau en fournit une interprétation caractéristique.
La composition est soigneusement ordonnée et met en valeur les divers éléments du sujet. Les objets, symboliquement les trois vies possibles, sont posés sur une table recouverte d'un riche tapis. La vita pratica est consacrée à la recherche de la fortune, des honneurs et du pouvoir. Ici, un casque militaire, au plumet impressionnant, et une écharpe soyeuse, insigne de commandement, rappelle le rôle joué par celui qui les porta jadis. La vita voluptuaria se passe à assouvir les désirs des sens et l'amour charnel. Les "enfants" de Vénus qui s'y livrent éprouvent une passion pour la musique en raison de son influence aphrodisiaque. Comme l'a montré M. Bergström, dans les tableaux moralisateurs, les instruments ne sont pas une allusion à l'art sonore, mais à la luxure. Ici, le choix est significatif. La flûte traversière, placée devant le livre, suggère, comme la flûte à bec, une métaphore phallique - qui subsiste encore dans le langage populaire. Ce sens grivois transparaît dans les nombreuses Leçons de flûte peintes par de petits Maîtres au XVIIème siècle. Quant au beau luth, couché sur sa face, au second plan, il était le complice des séducteurs pour charmer les belles ou apitoyer les cruelles qui affectaient l'indifférence ou simulaient le dédain. Bien en vue, ouvert sur un pupitre, un grand livre, que nul ne consulte plus, laisse apercevoir des feuillets froissés. La vita contemplativa consacrée à l'étude est, elle aussi transitoire, donc décevante.
Une chandelle éteinte indique que la vie touche à son terme. Au premier plan, un crâne édenté semble ricaner en guettant le vieillard assis devant lui. Frileusement vêtu d'une robe de chambre, les mains appuyées sur une canne devenue indispensable pour faciliter sa marche, le vieil homme tient sans le regarder un papier - peut-être quelque memento mori. Il se détourne pour ne plus voir les épaves de son passé : honneurs abolis, amours défuntes, savoir périmé. Tout ceci va retourner au néant et il en a conscience. Immobile, solitaire, entouré d'une pénombre qui s'épaissit, il regarde fixement le vide. Sans rien de théâtral, l'oeuvre retrace le drame qui marque la fin d'une vie mal vécue, lorsque l'homme, laissé à lui-même, n'a plus le secours des gestes quotidiens et qu'il aperçoit la futilité de ce qu'il a tenté. Impuissant, il survit à ses illusions : amère leçon. Au fond, l'artiste a placé une sphère, symbole du monde, pour attester l'universalité de cet enseignement destiné à mettre en garde les spectateurs.
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mardi, 22 décembre 2009
Convergence(s) !
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lundi, 21 décembre 2009
Inspirations prophylactiques
"Notre refuge est dans l'Espérance offerte. Elle est en nous, pour notre âme, comme une ancre sûre et ferme".
Saint Paul (?), in Épitre aux Hébreux
"Voici le Tao du Ciel : exceller à vaincre sans lutter, exceller à convaincre sans parler, faire venir spontanément sans appeler, réaliser parfaitement dans une apparente inertie".
Lao Tseu, in Tao te king
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dimanche, 20 décembre 2009
Violence
"Nous sommes tous au bord de la tombe et l'aventure nous tend les bras".
(photo vendéenne)
Il y a quelques années, à Bruxelles, en Belgique, j'ai passé quelques jours et une immense publicité recouvrait la façade d'un immeuble en réparation. C'était une publicité pour l'entreprise de ravalement, et elle montrait un visage extrêmement ridé, pétri de vieillesse. L'objet de la publicité était donc qu'on allait ravaler un immeuble trop vieux pour lui donner une nouvelle jeunesse.
Je marchais, sonnée, choquée par un tel message. Je regardais autour de moi les autres êtres humains marcher dans la ville. Nous étions tous de petits êtres minuscules dominés par une immense image qui nous surplombait et qui était d'une grande violence pour les vieux.
J'étais jeune et je le suis toujours - pas une ride. À l'époque je n'avais pas réussi à parler sur cette image et l'atroce publicité sur le ravalement qui l'accompagnait, qui en anéantissait la beauté ; ce qui m'assommait le plus était que nous la voyions tous, tous les jours, à cet endroit fréquenté de la ville, et que, quoi que nous en pensions, il n'y avait rien à faire, rien d'autre que d'écrire une petite lettre de protestation à une grande entreprise de ravalement.
Nous étions tous dominés par une violence faite à ces beaux visages de nos aînés, qui ressemblent à des couchers du soleil. Il ne faut pas ravaler, ni nos larmes, ni nos maisons, ni surtout nos visages. Nos visages sont le témoignage fragile de notre existence présente. Ils passeront vite, et aucun ravalement ne les maintiendra en vie.
Le ravalement de la peau, c'est la mort de l'âme. La teinture des cheveux, c'est la corruption des crinières.
La publicité, c'est le péché contre l'esprit.
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samedi, 19 décembre 2009
Pourquoi nous ne faisons plus d’alcool de Salamandre
Dans quelques jours, la foule des gens qui vivent sous un toit et mangent à leur faim fêteront la déesse Consommation, en blasphémant la grande naissance du Christ et le Splendide solstice d'hiver. AlmaSoror s'incline devant les milliards d'animaux sacrifiés à l'autel de cette déesse cupide.
Nous songeons avec force à ces masses d'oies traitées avec un mépris d'une précision, d'un investissement peu communs. Tout est fait pour que le rendement soit au plus beau fixe. Or, chaque amélioration de ce rendement se fait au prix d'une torture encore plus grande, quand bien même on pensait avoir déjà battu le record de la souffrance.
Car, ils souffrent.
Vous dites "les animaux ne sentent rien". Mais vous, lorsqu'on vous enfonce des tubes dans la bouche jusqu'à l'estomac, vous ne sentez rien ? Lorsqu'on vous pique les chairs, lorsque on vous parque dans un espace trop petit pour que vous puissiez bouger, lorsqu'on vous laisse baigner dans vos excréments, vous ne sentez rien ?
Vous dites "moi, je suis un être humain". Vous êtes donc un mammifère et vous savez parfaitement comme ils sentent, eux, les autres animaux. Ils sentent la souffrance avec leur corps, comme vous.
Vous dites "Il ne sentent pas de douleur morale". Éviter une souffrance physique épouvantable à un être vous parait donc de la dernière inutilité. Mais la souffrance morale, dont vous les privez, pouvez-vous nous dire où nous devons la voir en vous, en vous qui ne semblez faire aucun cas de l'existence de millions d'êtres ?
Les esclaves, les indiens, les bébés sont passés par les colonnes infernales des hommes conscients qui ne leur reconnaissaient pas de conscience. Alors, que les animaux aient ou non une conscience, qu'ils aient ou non une âme, je vous répéterai la phrase d'Alice Walker :
“The animals of the world exist for their own reasons. They were not made for humans any more than black people were made for white, or women created for men.”
(les animaux du monde existent pour leur propre fin. Ils n'ont pas été créés à l'usage des humains, pas plus que les noirs n'ont été créés à l'usage des blancs ou les femmes à l'usage des hommes).
Cette femme rejoint la grande cohorte de ceux qui ne se sont pas assis sur leur condition humaine comme sur une condition sociale supérieure et dominante : dans cette cohorte fraternelle resplendissent les visages de Pythagore, de Confucius, de Montaigne, de Rousseau, de Léonard de Vinci, de Tolstoï, de Gandhi, de tant d'autres.
Le poète Lamartine exprimait sa fraternité transsanimale ainsi : «On n'a pas deux cœurs, l'un pour l'homme, l'autre pour l'animal… On a du cœur ou on n'en a pas».
Dans les abattoirs, les zoos et les fermes industrielles où l'épuisement diminue de moitié la vie d'une vache, dans les prisons, les maisons d'arrêt et les DDASS, dorment les éveils qui nous attendent, et qui nous donneront tant de honte. Mais chaque être maltraité et assassiné est une histoire brisée, une souffrance qu'aucun repentir, qu'aucune décision ne pourra jamais rédimer.
AlmaSoror a renoncé depuis trois mois à la confection d'alcool de salamandre, sa spécialité. Nous savons que nous avons provoqué des regrets. Mais il était important pour nous de nous engouffrer, enfin, sur la route fraternelle, celle qui laisse autrui, fût-il à quatre pattes et poils longs, vivre en paix dans ses forêts, dans ses montagnes, dans ses arrière-cours.
Que les salamandres ne nous craignent plus. Qu'elles nous pardonnent notre arrogance. L'expérience nous aura enseigné que nos plus belles cultures ne manquent pas de victimes.
Signé : AlmaSoror, presque tous ses auteurs, tous ses personnages
(Photo d'Alice Walker par Andy Freeberg)
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vendredi, 18 décembre 2009
Résurrection... Nous sommes heureux
Un coffre, des vieux livres, un ours et une poupée demeurent dans la chambre abandonnée.
Soudain, un bruit s'élève, cela vient du coffre. C'est elle. Elle va ressusciter.
Au son d'alléluia du sieur Buxtehude, chanté a capella, et des bruitages des chanteuses Ximena Xouxou et Hanna Varkki,
L'alleluia de Buxtehude dans la magistrale version du Cantus Cöln s'écoute ici. La version du film est bien plus âpre et sombre, mais l'âme de la résurrection s'y retrouve autant.
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jeudi, 17 décembre 2009
Dictionnaire de la délivrance psychique 5
CNC : sigle du Centre National du Cinéma.
Organe étatique en charge du contrôle administratif, économique, politique et intellectuel de tout ce qui concerne le cinéma en France : production, diffusion, professions du cinéma. Le CNC habilite ou déshabilite les gens de métier et les entreprises, autorise la création d'oeuvres, leur diffusion, et encourage un certain type de productions en donnant de l'argent à des projets chaque année.
Art étatique s'il en est, le cinéma français et ses professions sont encadrés à tous les stade de la chaîne d'un film par le CNC, en vue d'une idéologie qu'il sera intéressant d'étudier dans quelques décennies, au moyen notamment des statistiques et de l'étude des thèmes des oeuvres subventionnées et de celles qui ne le sont pas.
Sous la direction de Conan Kernoël
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mercredi, 16 décembre 2009
La Guerre Civile
Par Henry de Montherlant
"Je n'ai voulu que rêver un peu sur un immense retournement de fortune,
et en sortir quelques circonstances dorées par la mélancolie de l'Histoire".
Le début de la pièce de théâtre "La Guerre Civile" commence par le chant d'un choeur : le choeur qui joue la guerre civile.
"Je suis la Guerre Civile. Et j'en ai marre de voir ces andouilles se regarder en vis-à-vis sur deux lignes, comme s'il s'agissait de leurs sottes guerres nationales. Je ne suis pas la guerre des fourrées et des champs. Je suis la guerre du forum farouche, la guerre des prisons et des rues, celle du voisin contre le voisin, celle du rival contre le rival, celle de l'ami contre l'ami. Je suis la Guerre Civile, je suis la bonne guerre, celle où l'on sait pourquoi l'on tue et qui l'on tue : le loup dévore l'agneau, mais il ne le hait pas ; tandis que le loup hait le loup. Je régénère et je retrempe un peuple ; il y a des peuples qui ont disparu dans une guerre nationale ; il n'y en a pas qui ait disparu dans une guerre civile. Je réveille les plus démunis des hommes de leur vie hébétée et moutonnière ; leur pensée endormie se réveille sur un point, ensuite se réveille sur tous les autres, comme un feu qui avance. Je suis le feu qui avance et qui brûle, et qui éclaire en brûlant. Je suis la Guerre Civile. Je suis la bonne guerre".
Henry de Montherlant
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mardi, 15 décembre 2009
la réponse en mariage
Vous désirez ma main ? soit je vous l'abandonne,
mais prenez-vous d'amour pour l'esprit qui l'anime,
montrez d'avance un coeur douillet et magnanime
et pardonnez au temps, qui jamais ne pardonne.
Mon corps, dont la beauté vous a été promise,
n'est-il pas tout entier promis à la poussière ?
ma secrète vertu, par vos vertus conquise,
n'est elle pas déjà par nature, éphémère ?
Cherchons dès aujourd'hui notre seul vrai visage,
Voyons ce qui s'efface et ce qui vient du coeur,
L'oeil qui nous embellit nous blesse d'avantage,
Plus tard il est aussi précis qu'il fut rêveur.
Vous désirez ma main ? soit, je vous l'abandonne,
mais prenez-vous d'amour pour l'esprit qui l'anime,
montrez d'avance un coeur douillet et magnanime
et pardonnez au temps, qui jamais ne pardonne.
Giani Esposito
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lundi, 14 décembre 2009
Dictionnaire de la délivrance psychique 6
Couple : institution mouvante constituant l'unité de base de l'ordre sexuel, moral et économique.
Entité de deux personnes menant une vie commune. Se mettre en couple : s'agréger à quelqu'un pour former une entité acceptable socialement et invitable aux dîners des toutes petites, petites, moyennes et grandes bourgeoisies.
Selon l'idéologie du milieu ambiant au couple, celui-ci peut être formé comme suit :
- de deux personnes de sexes différents et être indissoluble ;
- ou bien de deux personnes de sexes différents et être modifié à tout moment lors de la lassitude d'un partenaire, qui se détache alors de ce couple pour en former aussitôt un autre ;
- ou bien être formé de deux personnes de même sexe.
Afin de n'être pas considéré comme un pervers potentiel, un homme qui n'est pas en couple, à partir de trente ans, doit afficher une vie sexuelle avouable - c'est à dire être un homme à femmes ou bien un homosexuel à partenaires variables, selon l'idéologie du milieu ambiant.
Afin de n'être pas considérée comme quelqu'un de profondément déficiente, non épanouie, ayant raté sa vie, une femme qui n'est pas en couple, à partir de trente ans, doit afficher une vie sexuelle de "femme libérée", multipliant les partenaires amoureux (et pas seulement sexuels, ce qui la plongerait dans la case des "putes").
Cas des enfants :
Le couple parental s'étant dissout, la vie des enfants est tributaire des nouvelles mises en couples parentales. Il est considéré que leur bien être ne saurait gêner les vies amoureuses des parents. Il est de bon ton de ne pas évoquer les mésententes, sentiments de rejet, d'abandon et d'intrusion éventuellement ressentis par les enfants vis à vis de leurs "beaux-parents". Par ailleurs, penser que la vie amoureuse des parents serait compliqué pour un enfant constitue en soit une forme de "fascisme" néfaste pour la société. Un parent ne se remettant pas en couple dans les cinq ans est considéré comme faisant peser son mal-être sur les enfants, nuisant ainsi à leur développement harmonieux.
Sous la direction de Conan Kernoël
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dimanche, 13 décembre 2009
Dictionnaire de la délivrance psychique 4
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samedi, 12 décembre 2009
Nombres naturels et ordinaux
AlmaSoror, depuis quelques mois, remet au jour certains articles du temps où il (elle) était un journal mensuel. Et voici, ci-dessous, le document pédéhait d'une des contributions mathématiques du docteur Laurent Moonens, celle du numéro de Juillet 2007. Faut cliquer pour que ça charge - et pouvoir lire.
Pour en savoir plus sur le docteur Moonens... Osez cliquer ICI
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vendredi, 11 décembre 2009
A quoi ressemblent tes amoureux ?
Tu crois qu'on va mourir
Mes amoureux ressemblent à des frères d'ailleurs. Ils ont des longues jambes, des longs bras, des voix graves et des visages qu'on ne distingue pas très bien. Seuls leurs yeux brillent. Ils ne mangent pas, ils ne dorment pas, ils marchent sous la pluie. Ils ne lisent plus rien car ils ont appris tous les livres par coeur, comme dans Fahrenheit. Ils m'entourent, marchent autour de moi, armée d'amants qui me protègent du monde réel et des coups bas. Ils n'ont pas de maisons, mais des vaisseaux spatiaux. Ils surfent dans le ciel. Ils aiment mes écritures et mes danses. Ils ressemblent à des Peter Pan d'un autre monde, d'un autre temps, un temps qui vient lentement, lentement, ils ont un temps d'avance.
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jeudi, 10 décembre 2009
figures célestes
Nous créâmes la rubrique deltaplane puisque après Laurent Moonens et ses mathématiques pétillantes et réflexives, après Sara et ses mélanges de littératures, après Axel Randers et ses maladives saines révoltes, après tant d’autres qu’on retrouve dans ce dédale flou de pages virtuelles, Siobhan H accepta de nous rejoindre et de cracher des mots sur la seule activité qui remplit son coeur de joie : le vol libre en deltaplane.
Je veux vous dire aujourd’hui qu’il n’y a aucune différence entre le vol en deltaplane et la chorégraphie. Nous sommes les créateurs de danses fabuleuses, nous sommes les créateurs de peintures mouvantes du corps dans l’espace. Nos solos chorégraphiques s’imaginent en marchant sur les routes et se réalisent dans le ciel, aux bras de notre deltaplane avec lequel nous faisons corps.
La danse en solo est libératrice d’une énergie intangible. On ne sait qu’elle existe avant de l’avoir expérimentée ; on l’oublie presque après. La danse est une énergie qui n’existe qu’à partir du moment où on l’actionne, en esquissant un premier pas. On peut continuer les pas, les gestes, même artificiellement, jusqu’à ce qu’une possession ait lieu dans le corps, ou plutôt une passassion de pouvoir : la tête renonce et cède ses droits aux inspirations du corps.
Je ne danse jamais sur terre : je ne danse qu’en deltaplane, loin des regards. J’improvise des chorégraphies auxquelles je donne des titres. Certaines n’ont lieu qu’une fois et tombent dans l’oubli. Comme les chansons qu’inventent les enfants et qu’ils oublient dès qu’ils cessent de chanter. Un air et des mots nés pour un moment, et morts quand ce moment s’en est allé. D’autres chorégraphies se construirent dans la longueur. Il me faut plusieurs vols pour comprendre ce que je veux dire en mouvements et dessiner ainsi un solo structuré, que j’accomplis jusqu’à ce qu’il soit parfait. J’atteins une telle précision que je regrette que personne n’assiste à ces ébats célestes, j’imagine un moyen de transcrire ces vols chorégraphiques - ou danses volées, danses célestes, comment les appeler ? - afin que des deltaplanistes puissent les reprendre et les accomplir à leur tour, chacun selon un style personnel.
L’écriture céleste est à ses débuts. Peut-être arriverons nous à un art, à des ballets diurnes ou nocturnes, où des gradins surélevés et meublés de longues vues accueilleraient un public vaste et respectueux, comme à l’opéra, amoureux des figures tracées dans le ciel par ses héros volants.
Il me semble que le deltaplane n’est pas encore né : il est entrain d’être conçu, et se révèlera au monde comme un art divin, un jour du XXI ou du XXIIème siècle.
Siobhan Hollow
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