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samedi, 20 mars 2010

Djinns illustrés

 

Les Djinns

Dans l'église 2.jpg

Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Oncle Luc et jean de Soos.jpg

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.

 

WEB.Roll1_STGl'A-12.jpgLa voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

Roll1_B004671-R1-00-0.JPGLa rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.

Roll1_Eul, Mar-12.jpgDieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

Roll1.Fouillis vert33.jpgC'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Roll1.Chardon4.jpgIls sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.

Roll1.Christ10.jpgCris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!

Roll1_garipaudière27.jpgProphète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!

Roll1.Barque32.jpgIls sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!

Roll1_mainscroisées-26.jpgDe leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

gange aulit 1.jpgD'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

concarneau 4.jpgLes Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

page12_i_N&B Boris+Ondine.jpgCe bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.

victor hugo,djinns,saraOn doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.

Victor Hugo

Photos de Sara

 

jeudi, 18 mars 2010

Sara

Il fait beau et frais. Paris s'est éveillé depuis quelques heures. Les rideaux palpitent un peu et le vent des voitures s'entend comme un bruit de mer lointaine. Je me souviens de cette biographie que j'avais écrit sur Sara, il y a deux ans. Je crois que c'est le jour idéal pour la mettre à l'honneur sur le blog d'AlmaSoror.
sara rose.jpg


(Avertissement : Je me permets de relater ici (plus bas) la rencontre entre Sara et Chateaubriand, parce que j'ai eu le privilège, non pas d'y assister, mais d'en recevoir des poussières de bribes).

Sara écrit pour AlmaSoror.
Elle publie des livres pour enfants en papier déchiré, peint, écrit du théâtre et réalise des films d'animation.

Nous présentons ici les articles et photos qu'elle a publié sur AlmaSoror. Puis nous présentons un éventail de son œuvre.
Enfin, voici le lien vers son propre site : Univers de Sara



Quand Sara a fini de peindre, elle descend par la fenêtre, sous l'œil renversé de Mousse :

sara par la fenêtre+mousse.jpg

Et un jour, à Venise, Sara réfléchissait :

sara.jpg
Elle rêvait que Chateaubriand passait dans la rue, juste en bas. Ils se souriaient. Elle lui offrait la ballade de la mer salée, de Hugo Pratt.
"Ce sont des mémoires d'outre-océan, lui disait-elle.
- Je l'avais deviné à la gravité de votre visage, répondait-il.
Ils se souriaient et se séparaient. Mais ils ne s'oublieraient jamais.
Cela se passait à Venise en deux-mille quelque chose. Il faisait froid. Giorgione était le plus grand des peintres. Et le café, comme le café était bon ! Mais cela, c'est une autre histoire.

Quelques années plus tard, l'été finissait dans une ville qui ressemblait à Panamaribo.
- Sais-tu danser ? Demanda El Diablo à son interlocutrice rêveuse. 
- Non, répondit-elle. Sara (car c'était elle) se leva et posa un pourboire sur la table.
- Adieu, dit-elle en partant vers l'autre côté de la place.
El Diablo resta seul, en silence, dans la tiède chaleur de l'été. Il vit Sara disparaître derrière la petite église blanche de Santa-Catalina.

Sara longea les bords des maisons en regardant les ombres se balancer sur les feuilles des arbres. Cela lui rappelait l'époque où les jeunes hommes venaient danser sous les fenêtres du palais ressuscité des Doges.
SARA 1.jpg


Depuis, Sara a vécu une expérience mystique aux Sables d'Olonne. Un soir, au casino. Elle a rencontré dans les luxueuses toilettes une personne qu'elle avait cru peindre, trente ans auparavant. Aucun mot ne les départagea. Ce fut un duel silencieux.
Voici le film de cette rencontre mémorable :



Pour effacer cette scène étrange de sa mémoire déjà trop tangible, Sara accepta la proposition de Daniel Bireix-Steinman : ils organisèrent une exposition de ses toiles qui devait durer dix ans au Musée des Arts Antiquo-Futuristes de Jei Kan, au pied du mont Fujiyama. Depuis que le Japon est fermé au monde, l'exposition est invisible. Mais nous avons quelques photographies de ces trente toiles qui dorment au Japon depuis maintenant longtemps, trop longtemps.

mercredi, 17 mars 2010

Mort : l'accepter

Esther va mieux. Elle a un nouvel objectif : déchiffrer le linéaire A. Je lui souhaite bon courage. Ce serait effectivement un grand pas pour l'humanité.

En attendant et avec son autorisation - je me fie à son "oui, tu publieras  ce que tu veux de moi et tu ne m'en feras pas part" du mémorable 8 juin 2007, après la messe pour la mémoire du petit Louis XVII et des enfants maltraités, en attendant donc, je recopie quelques phrases d'une lettre reçue à Paris quand j'étais à Biarritz, la semaine dernière.

Edith bizarre_NC.jpg
Edith par Esther, Sucy en Brie

"Mort : il faut l'accepter.

L'accepter sans regret.

Et pouvoir se dire :

qu'on a amélioré la vie des gens.

qu'on a vibré, chanté, créé de la beauté.

qu'on a cru en Christ.

Qu'on a eu confiance dans la vie et dans la mort".

 

Voilà. Esther, tu as amélioré ma vie. Merci.

mardi, 16 mars 2010

SATUMAA Tango finlandais

 

 

Lennä laulu sinne missä siintää satumaa

Sinne missä mua oma armain odottaa

Vole, ma chanson, là où brille le pays imaginaire

Là où mon chéri m’attend

 

 

Trouville sur le quai .jpg
Gare de Trouville, par Sara

 

 

Aujourd’hui, je me souviens du voyage en Finlande, pour retrouver Manuel. Il vivait dans un foyer étudiant à la périphérie d'Helsinki et il était le seul parmi les centaines d'étudiants du foyer à apprendre et parler le finnois au quotidien. Il adorait ce pays qu'il découvrait. Toutefois, certaines choses le gênaient, et parmi elles le fait que les Finlandais ne mettent pas de parfum. Manuel, jeune homme élégant qui avait hanté les hauts lieux du Paris nocturne, se mettait trois fois plus de parfum en Finlande qu'à Paris, pour conjurer le sort. Il n'en détonnait que plus.

Un jour, avec un autre ami, nous prîmes le bateau pour aller à Tallin, la très jolie capitale estonienne, qui ressemble à une ville de poupées. Dans le bateau, les Finlandais si sombres et silencieux le jour se mirent à danser. C'était une danse valsante, différente de toutes les valses que j'avais connues. Et Manuel m'expliqua que c'était le tango finlandais. Un tango volé par la Finlande à l'Argentine, un tango devenu nordique. Cette soirée à glisser sur la mer glacée en observant les Finlandais s'ajoute à tous mes autres souvenirs de bateau. J'en parlerai à d'autres moments - pour le moment, voici, proposées par Manuel, les paroles d'un tango finlandais :


"je vous propose de découvrir l’un des tangos finlandais les plus célèbres. Imaginez que l’on y danse sur un rythme lent et avec des pas simples. Les couples s’enlacent sans se regarder. Il faut se laisser envahir par la mélodie et les paroles et oublier qu’il fait froid et sombre l’hiver. Les relations humaines sont difficiles à cette période-là. Le sentiment d’être « prisonnier de la terre » et de porter un lourd fardeau est assez répandu chez nos amis finlandais. Comment peut-on être léger quand le climat est si hostile ? Comment peut-on être de bonne humeur quand il fait nuit toute la journée pendant presque deux mois ?

 

Je vous laisse donc découvrir cette chanson que j’ai traduite pour vous".

Aavan meren tuolla puolen jossakin on maa

Missä onnen kaukorantaan laine liplattaa

Missä kukat kauneimmat luo aina loistettaan

Siellä huolet huomisen saa jäädä unholaan

 

 

Oi jospa kerran sinne satumaahan käydä vois

Niin sieltä koskaan lähtisi en linnun lailla pois

Vanki olen maan

Vain aatoksin mi kauas entää

Sinne käydä saan

 

 

Lennä laulu sinne missä siintää satumaa

Sinne missä mua oma armain odottaa

Lennä laulu sinne lailla linnun liitävän

Kerro että aatoksissain on vain yksin hän

 

 

Le pays imaginaire

 

Au large, il existe un pays

Où une vague caresse la lointaine rive du bonheur

Où les plus belles fleurs toujoursgardent leur éclat

Où les soucis du lendemain peuvent rester dans l’oubli

 

 

Oh si seulement un jour quelqu’un pouvait aller dans ce pays imaginaire

Alors je ne le quitterais jamais comme un oiseau

Mais sans ailes, je ne peux pas voler

Je suis prisonnier de la terre

C’est à l’aide de mes pensées voyageuses

Que je peux y accéder

 

 

Vole, ma chanson, là où brille le pays imaginaire

Là où mon chéri m’attend

Vole, ma chanson, comme un oiseau glissant

Dis-lui qu’il est le seul dans mes pensées

 

 

 

Traduction et présentation de Manuel Gerber

Bruxelles

manuelgerber@gmail.com

 

lundi, 15 mars 2010

Trois des cinq Russes

Lire le soir avant de dormir : j'ai une maman qui le fait inlassablement. Le soir, elle lit. Ensuite elle dort. Puis, à Insomniapolis, elle lit encore. La nuit, quand une petite lumière brille au fond de la maison, on sait qu'elle lit. Elle lit Thucydide et Jules César. Elle lit Zosime et Sidoine Apollinaire. Elle lit la traduction du Tao de Marc Haven et la traduction de la Bible de Lemaistre de Sacy. Elle lit Stendhal et elle lit

Et elle relit chaque année, les trois tomes des Mémoires d'Outre Tombe de Chateaubriand.

 

Alors j'essaie de lire aussi le soir, mais j'y arrive moins. Parce que le rêve est trop tentant. Le rêve - ou la rêverie - correspond mieux que ma lecture à mon état intérieur quand le soir a passé et que la nuit commence.

Pourtant, il y a quelques années, j'ai dévoré des livres, soir après soir.

Très bien écrite, Une histoire de la musique, de Rebatet, publiée aux éditions Bouquins-Laffont, fut une de mes lectures au long cours. Je l'ai lu, chapitre après chapitre, soir après soir, et cela m'a pris au moins un an.
Cette histoire présente tendrement le groupe des cinq Russes... Voici un court extrait sur Moussorgski, Balakirev et Borodine.

pont hus salon.jpg
Le salon du Pont-Hus

 

« A lire les biographies d’au moins trois d’entre eux, on plonge dans le monde de Dostoïevski. Balakirev, qui avait du sang tartare, « avec une tête de Kalmouk, et les yeux aigus, rusés de Lénine » d’après Stravinsky, exerçait son rôle de chef de groupe à la fois en apôtre et en despote. Il régentait non seulement les goûts mais la vie privée de ses disciples. Il aurait voulu qu’ils observassent le célibat et même la chasteté. Pour chacune de ses entreprises, il consultait une sorcière qui lisait son avenir dans un miroir. Athée durant sa jeunesse, mais croyant au diable, il tourna plus tard à une bigoterie burlesque. Il se signait chaque fois qu’il bâillait. Après des périodes de folle activité,  consacrées surtout à son enseignement, il tombait dans de noires dépressions où il laissait à vau-l’eau les projets qui l’avaient le plus enflammé. Son travail musical était non moins déséquilibré. Alors qu’il improvisait au piano avec une étincelante facilité, il mit près de vingt ans, après des ratures et des hésitations infinies, pour terminer son Islamey, quinze minutes de musique.

 

Moussorgski, noble de la meilleure maison, à dix-neuf ans galant lieutenant du régiment le plus chic de la Garde, le Preobajinski, serait un quarante ans un Marmeladov loqueteux, cruellement frappé sans doute par l’échec de ses œuvres, mais ayant consterné ses meilleurs amis par ses inconséquences et son ivrognerie, pour mourir d’alcoolisme et d’épilepsie sur le lit d’un hôpital où l’on tentait de le désintoxiquer. Selon le peintre Répine, l’auteur de son dernier et navrant portrait, il fut foudroyé par une bouteille entière de cognac que lui avait glissé un infirmier trop compatissant.

 

Borodine, fils naturel d’un prince géorgien, homme charmant, paisible, cultivé, spirituel, ancien médecin et professeur de chimie, sacrifia sa carrière scientifique et sa musique à un altruisme d’une douce extravagance. Son appartement était sans cesse rempli de parents pauvres, de vagues camarades dans la dèche, qui campaient dans tous les coins, y tombaient malades, y devenaient même fous. Le plus souvent, il était impossible de jouer du piano, parce qu’un hôte ronflait à côté et que Borodine ne voulait pas le réveiller. Il passait ses nuits au chevet de sa femme asthmatique. »

 

dimanche, 14 mars 2010

malgré l'hiver des sentiments

"Alma soror est un blues d'aventures jusqu'aux villes où on survit malgré l'hiver des sentiments".

 

M & Edith, été 2009[1].jpg

 

 

 

C'est Tieri qui a écrit cela sous un billet d'AlmaSoror, il y a quelques jours.

Et cela me rappelle la phrase que Dominique de Roux écrivit à Jean-Edern Hallier :

"je suis chargé de te protéger, toi l'homme des marches forcées vers les villes à prendre".

Ce sont des phrases qui donnent envie d'écrire un livre. Ecrire un livre ! Mais les livres existent-ils toujours ?

 

 

 

 

edith gare de Bercy.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rappel : Le début du voyage

 

Je classe et j'archive, je range et je taxinome tout ce qui concerne AlmaSoror. Je fais ça assise, face à l'ordinateur, sans bouger, le dos voûté et les heures harassantes passent sans que je voie le bout de cette longue cyberépreuve. Voici en tout cas le premier texte que Manuel Gerber nous avait proposé, pour annoncer sa série de petits cours sur les langues, qu'il donnait dans le journal d'AlmaSoror alors que celui-ci n'était pas encore un blog, mais un journal en ligne mensuel. Il les écrivait le matin à sa table près de sa fenêtre bruxelloise, le samedi, après avoir donné des cours toute la semaine aux fonctionnaires de l'Union européenne.

 

Louvre VsSamothrace.jpg
Louvre par Sara

 

 

Le début du voyage

Cher lecteur, chère lectrice,

 

L’homme doit communiquer pour vivre, pour exprimer des besoins essentiels, transmettre ses pensées et comprendre celles des autres. Nous appelons langue le système qui permet qu'une communication écrite et orale soit efficace entre plusieurs personnes.

 

Une langue est donc un ensemble de signes organisés selon une logique  commune à tous ses locuteurs, cette logique s’appelle « la grammaire ». C'est elle qui rend compréhensible un message car ses règles organisent les mots entre eux. Le signe ou « le signifiant » constitue la manière dont la personne désigne une réalité « le signifié ». Nous appellerons réalité tout ce qu'une personne désire nommer. Apprendre une langue étrangère, c’est par conséquent apprendre une nouvelle grammaire, d’autres signes et parfois aussi d’autres réalités.

 

Prenons l'exemple de« lit ». "Lit" est une réalité qui existe presque partout, il est en général plat et utilisé pour dormir. Il sera le signifié. Pour en parler, nous utiliserons des signifiants tels que « lit» en français, « bed » en anglais, « letto » en  italien, « sänky » en finnois…

 

Les langues sont des univers dans lesquels tout un monde grammatical vit et cohabite. Dans la grammaire française, huit sortes de mots se suivent, se remplacent, se déplacent et s’effacent. Ce sont les noms, les verbes, les adjectifs, les pronoms, les articles, les adverbes, les prépositions et les conjonctions

 

L’objectif de cette rubrique sera de vous montrer la beauté des langues en en comprenant leur fonctionnement. Vous ne saurez certes pas les parler, car les apprendre prend du temps mais vous connaîtrez certains aspects qui leur sont inhérents. Si vous ne trouvez pas ces langues belles, vous les considérerez, nous l’espérons, ludiques.

 

Les textes que nous vous proposerons seront écrits dans une langue dont nous étudierons la logique. Nous changerons fréquemment de langue et de thème. Les textes seront parfois poétiques, parfois très techniques, parfois aussi tout simplement banals. Ils seront courts et toujours accompagnés d’un lexique et d’un mémento grammatical. En espérant que vous aimerez cette rubrique, nous vous donnons rendez-vous le mois prochain pour cette nouvelle aventure linguistique!

 

Manuel Gerber, Bruxelles

On peut trouver les minicours de langue de Manuel Gerber en explorant la catégorie "Langues", qui se trouve dans la colonne de gauche de ce blog.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

samedi, 13 mars 2010

Une certaine vision d'AlmaSoror

Sara, AlmaSoror, Edith de Cornulier-Lucinière

« Pleine de gratitude pour le jour qui se lève, j'avance à la poursuite de mon destin. Le désir d'aimer monte à mes lèvres, le désir de combattre oriente mes instincts. La mort avec sa faux ne me fait pas peur, elle est ma servante sur mon chemin. Elle m'enseigne à t'aimer avec mon âme, à sourire quand mon corps ne vaut plus rien. Les dieux bienveillants m'ont distribué des dons, je les sème au vent pour les récoltes de demain. Les dieux ennemis m'ont comblée de tares ; j'en ai fait les armes d'un apparat où le mystère point. Toutes les aubes, je renais des cendres de la nuit, l'ardeur m'entraîne à travers les heures ; tous les soirs j'invente une nouvelle liturgie, avec Nyx et Érèbe je danse et meurs».

L'Âme-Soeur nourricière

 

 

Libre expression, vastes champs

almasoror.plateforme@gmail.com

Apparu en l'an 2006, au mois de septembre, AlmaSoror est un journal culturel intemporel.
Il ne connait pas l'actualité, parce que le temps lui est inconnu.

bannière mini.JPG

"AlmaSoror, je te hais".
Hélène Lammermoor

AlmaSoror

"On pourrait dire d'Alma Soror que c'est le plus beau journal du monde, au sens où l'entendait Michel Butel quand il sortait L'autre journal, puis Encore pendant la première guerre du golfe, deux aventures journalistiques qui façonnèrent, au fil des années 80 et 90, une idée assez fulgurante de la beauté et de l'attente. Alma Soror est de la même veine : un journal tellement beau qu'on ose à peine y croire, mois après mois. On écarquille les yeux en lisant le sommaire, on se dit qu'elle est folle et puis on lit, on se passionne et on se dit qu'elle a raison d'être folle. Mais la beauté d'AlmaSoror a cet éclat supplémentaire d'être à peu près clandestine".
Tieri Briet
Lire l'article entier de Tieri Briet ici : AlmaSoror, l'âme soeur

AlmaSoror, Edith de Cornulier-Lucinière, Sara, blason

"Ces textes sont comme des mains calmes qui me massent les sens".
Le kikliothécaire

bannièrealmasoror.JPG

"Le journal d'AlmaSoror fut une promesse, il fut longtemps une promesse, il nous a laissé croire qu'un autre monde était possible puisqu'un autre journal existait. Et puis, comme toutes les belles initiatives, celle-ci a vite été récupérée. Edith de CL s'est laissée entraînée par la blogosphère ou par je ne sais quel amas de groupies et s'est mesquinisée, sans s'en rendre compte, sans le vouloir. Elle nous aura au moins permis de croire, un temps, à la possibilité d'une fente".
Katharina Flunch-Barrows

AlmaSoror

"Ceux qui font AlmaSoror alternent entre des périodes d'exultation et des périodes de léthargie. Ce qui fait que je ne peux m'empêcher d'aller voir régulièrement sur "http://almasoror.hautetfort.com/", s'il y a des nouvelles ambiances qui montent. On s'y baigne et on oublie un peu tout ce qui tourne autour. C'est bien. C'est tout."
Guéric Belanc

AlmaSoror

"Si le journal d'AlmaSoror est français, il peut publier des articles dans n'importe quelle langue.
Quelquefois, les sciences pures et la pensée philosophique et littéraire s'y côtoient pour pouvoir à nouveau s'épouser, comme aux temps anciens.
Du roman blog émergent des personnages ; des personnages émergent des rencontres : des rencontres émergent des histoires. C'est la nouvelle littérature et elle ressemble à toutes les littératures du monde : épique, tragique, fantastique".
Edith de CL

AlmaSoror

"L'agence AlmaSoror a peur du noir mais elle entre pourtant dans les ténèbres car la lumière qui en émane illumine".
Axel Randers

AlmaSoror

"L'âme soeur et la soeur nourricière

AlmaSoror est née en 2006, grâce à une soeur humaine dont le prénom contient le mot "anges", en hommage à une soeur canine dont le prénom contient le mot "ange".

Maison de production  indépendante, label de musique indépendant et blog, AlmaSoror s'attache à se détacher du temps administratif, du temps politique, de l'Empire psychologique et social pour entrer dans la Nuit sociétale. Là, émerge une zone imaginaire, où se tissent nos oeuvres.

Une des particularités d'AlmaSoror est d'être imparfait(e) : tout ce qu'AlmaSoror fait est imparfait. Alors, plutôt que de lutter contre les échecs et les ratages, activité qui nous paraissait équivalente à celle de dresser un barrage contre le pacifique, nous nous sommes dit(s) : chevauchons cette imperfection, puisque elle s'ébroue sans cesse entre nos mains et notre esprit. Chevauchons-là sans bride ni selle et voyons où elle nous mène.

Je crois qu'elle nous mènera au pays de crin blanc. Mais ce n'est qu'une supposition. Pour l'instant, nous chevauchons, la peau tendue, les yeux brûlés, les cheveux au vent glacé de l'hiver qui approche".

Présentation d'AlmaSoror, rédigée à Insomniapolis un jour de décembre 2010, par le collectif 127-B "Étoile de mer"

Sara, AlmaSoror, Edith de Cornulier-Lucinière, VillaBar, John Peshran-Boor, Jean-Pierre Bret

 

AlmaSoror

Agence de création culturelle

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(photo : William Fontaine, par Sara, pour VillaBar)

Vous êtes sur les terres virtuelles d'AlmaSoror. 

N'ayez pas peur de lire des choses écrites ici : les fantômes qui les ont écrits sont partis vivre ailleurs des existences qui ne nous enfument plus. Frères et soeurs maudits, ils demeurent nos bien-aimés. 

 Pour des raisons antispécistes nous ne faisons plus d'alcool de salamandre.

Merci d'être venus.

 (Créée en septembre de l'an 2006, l'agence AlmaSoror a peur du noir mais elle entre pourtant dans les ténèbres
car la lumière qui en émane illumine).

Le travail et la fin des rêves

 

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"L'homme devenu le vivant qui travaille ne peut plus qu'errer à travers les déserts de la terre ravagée"

Heidegger

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Image Science and Analysis Laboratory, NASA-Johnson Space Center

 

vendredi, 12 mars 2010

L'intégrale de Riemann-Stieltjes

 

 

Luco bassin.jpg
Le bassin du Luxembourg, par Sara

 

 

C'était l'instant mathématique estival 2008. AlmaSoror le réactualise en postant aujourd'hui le document pédéhaif de l'article. 

Laurent Moonens poursuit sa fascinante exploration des fonctions à variation bornée. Chevauchons l'intégrale de R-S avec cœur au lieu de nous endormir sous le soleil d'août.
Et, vous les lecteurs qui vivez en hiver sous des latitudes lointaines, réchauffez-vous avec… l'intégrale des sieurs Riemann et Stjeltjes

 

 

à propos de Laurent Moonens

jeudi, 11 mars 2010

Le diamant et la poussière du temps

Nadège, ce chant que tu viens de m'envoyer, je le mettrai bientôt dans l'album de poésie d'AlmaSoror. Il a sa place parmi les nostalgies

 

edith & olivier.jpg

Et de notre vie de toutes ces années de soleil et de vent, de bières sur la terrasse

Il me reste le diamant que tu avais volé et la poussière du temps

Le chandail d’un ami trépassé et la mémoire des gens

Et de notre amour de toutes ces années de jeunesse sans argent

Il me reste des images de ta bonté, des échos de ta voix

Ta voix qui disait dans la nuit, ne t’endors pas, attends.

Ta voix qui disais dans la nuit, ne t’endors pas maintenant.

 

Maintenant je m’endors facilement, trop vite,

Je ne vais plus jamais à Insomniapolis

J’aurais peur de ses carrefours de ses lumières artificielles

Je reste accrochée au sommeil

 

Tant de vies se succèdent en une seule vie

Tant de lieux tant d’êtres tant d’atmosphères

Seule l’enfance reste au port là bas, immuable

Et les vagues ne nous y ramènent jamais.

Tant de vies se succèdent en une seule vie

Quand l’âge avance et qu’on demeure

Au milieu des adieux, des pleurs, des peurs

 

Maintenant je me ride facilement, trop vite

Je ne danse plus jamais à Facilopolis

J’aurais honte de ma peau de mes fringues de mes gestes antiques

Je reste sur les bancs du dehors

 

Et de notre vie de toutes ces années de soleil et de vent, de bières sur la terrasse

Il me reste le diamant que tu avais volé et la poussière du temps

Quelques chansons qui passent en boucle et une paire de gants

Les mots que je disais quand tu disais n’importe quoi

La sensation d’avoir vécu quelque chose de grand

Avec un frère trouvé et perdu n’importe comment

Un ami qui disais dans la nuit, ne t’endors pas, attends.

 

Maintenant je m’endors facilement, trop vite,

Je ne vais plus jamais à Insomniapolis

J’aurais peur de ses carrefours de ses lumières artificielles

Je reste accrochée au sommeil

 

Nadège Steene

mercredi, 10 mars 2010

Nos ennemis

Ne t'inquiète pas petite Shka. Ils sont tous fous. Prends ton éventail, ton cheval et ton châle, prends ton carnet, la plume pour écrire, viens avec nous. Le chemin des rochers mène aux confins du pays, là où la terre plantée de maisons attend l'infini, entre les montagnes et la mer atlantique. Et tu verras qu'ils s'effacent, les bourgeois du XVIème et les racailles de banlieue, qui se ressemblent si fort avec leur grossièreté, leur mépris des coutumes qui nous sont chères, leur violence et leur insupportable mensonge sur leurs quêtes profondes.

Ne t'inquiète pas, petite Shka. Toutes les bien-pensances ont une fin, même celles qui s'ignorent.

125lford ph34 Sam+Edith.jpg

mardi, 09 mars 2010

Eternelle servitude volontaire

Etienne de La Boétie raconte comment celui qui ne connait la liberté ne peut même pas imaginer qu'elle existe... Ô mon Dieu, que fais-je de mon cerveau ? Que fais-je de mon temps disponible ?
Je marche le soir dans toutes les rues de France, je lève les yeux vers les fenêtres et je sais que c'est pareil presque partout dans le monde : les hommes dans leurs foyers ont les yeux rivés sur leur petit écran. Ils apprennent des mythes et des idées, le bien et le mal, le fort et le faible, le normal et l'anormal. Ils gobent, gobent, gobent. Vraiment, les hommes ne cherchent qu'une chose : l'esclavage confortable.

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"Je prends plaisir à rappeler ici une anecdote concernant l’un des favoris de Xerxès, grand roi de Perse, et deux Spartiates. Lorsque Xerxès faisait ses préparatifs de guerre pour conquérir la Grèce entière, il envoya ses ambassadeurs dans plusieurs villes de ce pays pour demander de l’eau et de la terre — c’était la manière qu’avaient les Perses de sommer les villes de se rendre. Il se garda bien d’en envoyer à Sparte ni à Athènes parce que les Spartiates et les Athéniens, auxquels son père Darius en avait envoyés auparavant, les avaient jetés, les uns dans les fossés, les autres dans les puits en leur disant : « Allez-y, prenez là de l’eau et de la terre, et portez-les à votre prince. » Ces gens ne pouvaient souffrir que, même par la moindre parole, on attentât à leur liberté. Les Spartiates reconnurent qu’en agissant de la sorte, ils avaient offensé les dieux, et surtout Talthybie, le dieu des héraults. Ils résolurent donc, pour les apaiser d’envoyer à Xerxès deux de leurs concitoyens afin que, disposant d’eux à son gré, il pût se venger sur eux du meurtre des ambassadeurs de son père.

Deux Spartiates, l’un nommé Sperthiès et l’autre Bulis, s’offrirent comme victimes volontaires. Ils partirent. Arrivés au palais d’un Perse nommé Hydarnes, lieutenant du roi pour toutes les villes d’Asie qui étaient sur les côtes de la mer, celui-ci les accueillit fort honorablement, leur fit grande chère et, de fil en aiguille, leur demanda pourquoi ils rejetaient si fort l’amitié du roi. « Spartiates, dit-il, voyez par mon exemple comment le Roi sait honorer ceux qui le méritent. Croyez que si vous étiez à son service et qu’il vous eût connus, vous seriez tous les deux gouverneurs de quelque ville grecque. » Les Lacédémoniens répondirent : « En ceci, Hydarnes, tu ne pourrais nous donner un bon conseil ; car si tu as essayé le bonheur que tu nous promets, tu ignores entièrement celui dont NOUS jouissons. Tu as éprouvé la faveur du roi, mais tu ne sais pas quel goût délicieux a la liberté. Or si tu en avais seulement goûté, tu nous conseillerais de la défendre, non seulement avec la lance et le bouclier, mais avec les dents et avec les ongles ». Seuls les Spartiates disaient vrai, mais chacun parlait ici selon l’éducation qu’il avait reçue. Car il était aussi impossible au Persan de regretter la liberté dont il n’avait jamais joui qu’aux Lacédémoniens, qui l’avaient savourée, d’endurer l’esclavage".

Etienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire

lundi, 08 mars 2010

Sens et mystique du cinéma des années 2030, Part I

J'avais trop bu peut-être, d'eau de vie de pomme. Et Stella Mar hantait les lieux. Nous réalisâmes ensemble, à minuit, une interview autour de ma vie d'universitaire de la FaTransLiDaDat sur le sens et la mystique du cinéma euro-américain de la décennie 2030. C'était le 20 janvier 2053. J'y raconte 30 ans de réflexion amoureuse sur le cinéma.

Voici la première partie de ce "livre-entrevue". Je remercie chaleureusement InfoCulture Productions de m'autoriser à reproduire ce film presque cinquante ans avant sa sortie officielle.


dimanche, 07 mars 2010

VillaBar, si les visages s'effacent

Le projet photo VillaBar a eu lieu toute l'année "scolaire" 2007-2008.

Voici deux des affiches réalisées par Sara. Notre affichiste avait reçu des critiques méchantes d'une jeune femme très prétentieuse. J'avais demandé à cette femme de nous faire une affiche qui lui semblait meilleure. Le résultat fut laid. C'était un résultat beauf et visuellement nul. Tout au long de VillaBar, certaines critiques ne manquèrent pas de nous ébranler mais elles venaient de gens qui ne faisaient rien, ou qui faisaient des choses que nous n'aimions pas. Aujourd'hui, face au ciel de Biarritz, grande toile de lumière bleue et blanche tendue sur les toits, je songe à toutes les angoisses que je n'aurais pas eues si j'avais eu plus confiance en moi. Et la jeunesse me parait être une histoire bousillée par le manque de confiance et d'acuité, par la honte et la peur de déplaire.

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10 fois, nous nous sommes rassemblés dans un bar, le Piston Pélican, dans le vingtième arrondissement de Paris, une fois par mois, et nous y avons fait des photographies. D'après ces photos, un auteur a écrit un texte et nous avons obtenu 10 romans photos parisiens.


Puis, à Berlin, nous avons réalisé un romanphoto au bar Ä

Une dispute a ensuite opposé deux femmes féministes, qui trouvaient le texte allemand mysogine, et les tenantes de la liberté d'expression qui soutenaient qu'un auteur a le droit d'être machiste - si tant est qu'il l'est. C'est moi qui décide en dernière instance et je laisserai toujours libres les auteurs d'écrire ce qu'ils veulent. Du moins, je le crois. Mais on peut se tromper, surtout sur soi-même.


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