jeudi, 11 février 2010
Depuis l'aube... Chanson pour Christ
Depuis l'aube où sur la terre
Nous t'avons revu debout
Tout renaît dans la lumière
Ô Jésus, reste avec nous !
Si parfois sur notre route
Nous menace le dégoût
Dans la nuit de notre doute
Ô Jésus, marche avec nous !
Tu cherchais les misérables,
Ton amour allait partout
Viens t'asseoir à notre table
Ô Jésus, veille avec nous !
Si ta croix nous semble dure,
Si nos mains craignent les clous,
Que ta gloire nous rassure
Ô Jésus, souffre avec nous !
Au delà de ton Calvaire,
Tu nous donnes rendez-vous.
Dans la joie, près de ton Père,
Ô Jésus, accueille-nous.
(Rimaud-Geoffroy)
Photos de Sara pour VillaBar
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mercredi, 10 février 2010
Labrador dans la Ville océan III
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mardi, 09 février 2010
Les deux hypocrisies
Les deux plus grands tentateurs de l’humanité depuis l’aube de l’histoire, le sexe et l’argent, se partagent la gauche et la droite.
Chaque pôle son hypocrisie et son diable. La gauche hait l’argent et s’en met plein les fouilles en douce. La droite hait le sexe et se déprave entre deux portes.
La condamnation vociférante qui cache un certain trouble est leur fatigant point commun.
Axel Randers
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lundi, 08 février 2010
Un père
Souvenirs d'enfance de Chateaubriand : la présence du père.
Les soirées d'automne et d'hiver étaient d'une autre nature. Le souper fini et les quatre convives revenus de la table à la cheminée, ma mère se jetait, en soupirant, sur un vieux lit de jour de siamoise flambée ; on mettait devant elle un guéridon avec une bougie. Je m'asseyais auprès du feu avec Lucile ; les domestiques enlevaient le couvert et se retiraient. Mon père commençait alors une promenade, qui ne cessait qu'à l'heure de son coucher. Il était vêtu d'une robe de ratine blanche, ou plutôt d'une espèce de manteau que je n'ai vu qu'à lui. Sa tête, demi-chauve, était couverte d'un grand bonnet blanc qui se tenait tout droit. Lorsqu'en se promenant, il s'éloignait du foyer, la vaste salle était si peu éclairée par une seule bougie qu'on ne le voyait plus ; on l'entendait seulement encore marcher dans les ténèbres : puis il revenait lentement vers la lumière et élergeait peu à peu de l'obscurité, comme un spectre, avec sa robe blanche, son bonnet blanc, sa figure longue et pâle. Lucile et moi, nous échangions quelques mots à voix basse, quand il était à l'autre bout de la salle : nous nous taisions quand il se rapprochait de nous. Il nous disait, en passant : « De quoi parliez-vous ? » Saisis de terreur, nous ne répondions rien ; il continuait sa marche. Le reste de la soirée, l'oreille n'était plus frappée que du bruit mesuré de ses pas, des soupirs de ma mère et des murmures du vent.
Dix heures sonnaient à l'horloge du château : mon père s'arrêtait ; le même ressort, qui avait soulevé le marteau de l'horloge, semblait avoir suspendu ses pas. Il tirait sa montre, la montait, prenait un grand flambeau d'argent surmonté d'une grande bougie, entrait un moment dans la petite tour de l'ouest, puis revenait, son flambeau à la main, et s'avançait vers sa chambre à coucher, dépendante de la petite tour de l'est. Lucile et moi, nous nous tenions sur son passage ; nous l'embrassions, en lui souhaitant une bonne nuit. Il penchait vers nous sa joue sèche et creuse sans nous répondre, continuait sa route et se retirait au fond de la tour, dont nous entendions les portes sse refermer sur lui.
Le talisman était brisé ; ma mère, ma soeur et moi, transformés en statues par la présence de mon père, nous recouvrions les fonctions de la vie. Le premier effet de notre désanchantement se manifestait par un débordement de paroles : si le silence nous avait opprimés, il nous le payait cher.
François-René de Chateaubriand in Les mémoires d'outre-tombe
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dimanche, 07 février 2010
Les carrières de sable
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samedi, 06 février 2010
Entrevue avec Lola Rasmussen-Luche, présidente de la CEAMD
La montagne de l'Ange bleu, où les amoureux de Marlène Dietrich se réunissent chaque année, au solstice d'été. Phot. Sara
AlmaSoror a obtenu une entrevue avec Lola Rasmussen-Luche, présidente de la Confraternité Européenne des Amoureux de Marlene Dietrich.
Edith de CL : Lola, merci d’avoir accepté cette entrevue . Depuis un an, vous présidez la Confraternité européenne des Amoureux de Marlène Dietrich. Vous êtes la première femme à assumer cette responsabilité. Pouvez-vous nous parler de cela ?
Lola Rasmussen-Luche : Pendant longtemps, on n’a pas reconnu à une femme la possibilité d’être folle amoureuse de Marlene Dietrich. C’était une erreur affligeante et je souhaite rappeler les nombreuses femmes qui ont été éperdument amoureuse de Marlène, sans que jamais cet état de fait dans leur cœur soit officiellement reconnu. Mais depuis un an, la Confraternité a prononcé des excuses pour cette erreur et de plus en plus de femmes rejoignent nos rangs. Je vous rappelle que notre emblème est le blason représentant le baiser que Marlène échangea avec Edith Piaf.
Edith de CL : Comment vous êtes-vous rendue compte que vous étiez amoureuse de Marlène Dietrich ?
Lola Rasmussen-Luche : Contrairement à beaucoup d’autres amoureux de Marlène, je n’ai pas eu à proprement parler un coup de foudre. Je l’ai vu dans plusieurs films lors de mon adolescence, sans éprouver de grand amour. Simplement, je l’aimais bien. La révélation est venue peu à peu. On peut dire que mon sentiment s’est exhalé au fil des années, si bien que j’ai bien été, à un moment, obligée de reconnaître ma situation amoureuse.
Edith de CL : Votre Confédération, européenne dans ses statuts et son intitulé, est ouverte aux non européens.
Lola Rasmussen-Luche : L’amour n’a pas de frontière dans le temps. La preuve en est que Marlène est morte depuis longtemps et continue à avoir des histoires d’amour avec nous. L’amour n’a pas non plus de frontière dans l’espace. Nous ne pouvons priver un Chinois ou un Inca de vivre publiquement son histoire d’amour avec Marlène, qui elle-même était philanthrope et n’aurait jamais fait de ségrégations nationalistes ou civilisationnelles. Je vous rappelle une phrase d’Arletty, actrice du XXème siècle : « mon cœur est français, mon cul est international ». Je crois que Marlène aurait pu dire – je sais qu’elle ne l’a pas dit, je ne veux pas lui faire dire ce qu’elle n’a pas dit, je dis juste que je crois qu’elle aurait pu le dire – « mes jambes sont allemandes, mon cœur est international ». Ces deux phrases sont belles et reflètent des personnalités distinctes, mais ressemblantes. Je ferme cette parenthèse délicate.
Edith de CL : Fermons-la, en effet. Comment se passe une histoire d’amour avec Marlène Dietrich ?
Lola Rasmussen-Luche : C’est une question à laquelle personne ne pourra jamais répondre. Parce que toute histoire d’amour est unique. La rencontre, les premières caresses, les mots qui s’échangent… Comment pourrait-on généraliser tout cela ?
Je ne vous raconterais pas mon histoire particulière, parce qu’elle ne concerne que moi. Ma vie intime n’intéresse personne, n’est-ce pas ?
Edith de CL : À propos de la relation physique qui vous unit à Marlène Dietrich, comment vivez vous cette inexistence physique ?
Lola Rasmussen-Luche : Je suis gênée par le mot inexistence. Marlène a existé. Elle a eu un corps. Le fait que ce corps soit mort est différent du fait qu’il n’aurait pas existé. Nous avons des images de son corps, des intuitions personnelles sur ce qu’auraient pu être ses gestes envers nous. Mais cet aspect délicat et compliqué des choses n’est pas simple. En effet, il faut inventer, composer avec cette situation d’amour entre un être vivant et un être mort. Rien n’est simple, mais la foi en l’amour arrange tout. Ne jamais perdre espoir, c’est notre leitmotiv.
Edith de CL : Que pensez-vous des avancées que votre confédération a obtenues récemment ?
Lola Rasmussen-Luche : Je me réjouis de la reconnaissance de notre vie commune avec Marlène ait pu aboutir à un mariage de type CK-22. J’encourage tous ceux qui veulent épouser Marlène à suivre cette solution. Mais je ne peux que déplorer la frilosité des pouvoirs, et notamment ce refus qu’on nous oppose constamment de reconnaître à Marlène la maternité de nos enfants. Quand donc la société sortira de cette ornière poussive, intolérante ?
Edith de CL : Vous arrive-t-il de tromper Marlène Dietrich ?
Lola Rasmussen-Luche : Tromper Marlène ?! Je ne le pourrai jamais. Mais j’ai connu des infidélités. L’absence est triste, hélas, et j’ai vu tous les films.
Propos recueillis par Edith de Cornulier Lucinière, le 37 ventôse 2031, à Sucy en Brie.
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vendredi, 05 février 2010
René Lalou : les témoignages sur la Guerre II
J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946,L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages.
En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".
Le chapitre « les témoignages sur la guerre » est émouvant, guirlande des traumatisés de 14-18 (cette guerre votée par des députés qui ne la firent point, mais continuèrent leur tranquille vie tandis que la jeunesse masculine française était envoyée à la boucherie).
Des soldats revenants, beaucoup écrirent, sans espoir.
La guerre de 14-18 a brisé beaucoup d’œuvres de jeunes écrivains qui commençaient, comme Alain-Fournier et son Grand Meaulnes ; elle a ensuite donné des raisons d’écrire à ceux qui n’en auraient pas eu l’idée sans elle.
Pour voir les premier épisode de ce chapitre, sur le Feu d'Henri Barbusse, cliquez ICI.
II Vie des martyrs, de Georges Duhamel
«…la seule chose certaine à cet instant du siècle » : la souffrance humaine.
C’est l’absence d’esprit partisan que l’on aima d’abord chez Georges Duhamel dont la Vie des martyrs confondit tout ceux, « membres de l’Institut, actrices de café-concert, politiciens et vedettes de la prostitution » qui « ont travaillé à donner de la guerre une image littéraire congrue et définitive ».
Il leur opposait « la seule chose certaine à cet instant du siècle » : la souffrance humaine ; il montrait la mort, « intimement mêlée aux choses de la vie ». Il était à la fois le médecin (« sous leurs pansements, il y a des plaies que vous ne pouvez pas imaginer ») et le poète pour qui rien n’est sans importance : « ne perdons rien de leurs humbles propos, décrivons leurs moindres gestes ».
Sans déclamation il peignait les tragédies et les délicatesses de l’hôpital ; sans généraliser, il montrait toutes les nuances de l’émotion jusqu’au « frêle pont » tendu entre lui et un blessé allemand par un motif de l’Eroïca. Avec une puissante sobriété il réclamait seulement que la mémoire de tant de douleurs ne mourût pas ; il appelait de ses vœux « l’union des cœurs purs pour la rédemption du monde malheureux ».
Civilisation faisait plus que continuer Vie des martyrs : il le complétait. Le comique, dansUn Enterrement et l’admirable Cuirassier Cuvelier, y paraissait plus macabre ; la révolte, dans les Maquignons et Discipline, plus âpre. Duhamel y posait plus catégoriquement le problème de la civilisation : « Si elle n’est pas dans le cœur de l’homme, eh bien ! elle n’est nulle part ».
Dix ans après l’armistice, il publia les Sept Dernières Plaies, recueil formé d’éléments très divers qui vont de la brève méditation au long récit dramatique : de toutes ces pages montait la même émotion, le même rappel de la fraternité humaine devant la souffrance.
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jeudi, 04 février 2010
ROUAHOU !
Chère lectrice, cher lecteur,
L’homme parle, cause, dialogue, discute, prend la parole, jase, murmure, nasille, bafouille, prononce des mots, baragouine, rabâche, soliloque, dit, baratine, périphrase, radote, s’exprime, pérore… La liste des verbes est encore très longue. Mais, me permettez-vous de vous poser une question ? Et les autres animaux ? Que font-ils ? Une baleine discute-t-elle ? Un dindon prend-il la parole ? Une mouette soliloque-t-elle ? Une souris s’exprime-t-elle ?
En cet après-midi gris et bleu, je vous propose de prendre le dictionnaire et de tenter de répondre aux questions suivantes. Pour faciliter l’exercice et le rendre aussi un peu plus ludique, vous trouverez ci-dessous la liste des verbes. Pour répondre, il vous suffira juste de les mettre à côté du bon animal.
A vous !
Causer - glottorer - piauler - striduler - chanter - rire - glouglouter - lamenter ou vagir - râler - caracouler - trompeter - réclamer - chicoter - bêler
- Quel cri fait l’aigle ?
- Quel cri fait la baleine ?
- Quel cri fait le dindon ?
- Quel cri fait la souris ?
- Quel cri fait la mouette ?
- Quel cri fait le goéland ?
- Quel cri fait le phoque ?
- Quel cri fait le faon ?
- Quel cri fait la sauterelle ?
- Quel cri fait la tourterelle ?
- Quel cri fait le faucon ?
- Quel cri fait la cigogne ?
- Quel cri fait la buse ?
- Quel cri fait le crocodile ?
- Quel cri fait le perroquet ?
- l’aigle trompette
- La baleine chante
- Le dindon glougloute
- La souris chicote
- La mouette rit
- Le goéland pleure
- Le phoque bêle
- Le faon râle
- La sauterelle stridule
- La tourterelle caracoule
- Le faucon réclame
- La cigogne glottore
- La buse piaule
- Le crocodile lamente
- Le perroquet cause
Imaginez-vous de dire maintenant :
- La femme et la mouette rient
- L’enfant et le goéland pleurent
- L’homme et le faon râlent
- Le bébé et le faucon réclament
- La buse et moi piaulons
- Pierre et le crocodile lamentent
- Léa et le perroquet causent
Bien amicalement !
Manuel Gerber, Bruxelles
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mercredi, 03 février 2010
Labrador dans la Ville océan II
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mardi, 02 février 2010
L'escalier du Diable de Cantor
Salve Amici,
Ceux d'entre vous qui en ont le courage, la valeur et la folie peuvent tenter d'emprunter l'escalier du Diable. Notre accompagnateur, Laurent Moonens, nous y emmène par le document pédéhaif que voici :
Vade retro Cantor et ton escalier diabolique
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lundi, 01 février 2010
Le train rouge
Le train rouge a filé sur les brumes du ciel
et l'enfant qui savait a sucé le bonbon
j'oublie tout des années de silence cruel
je maudis la raison.
les voix coulent ce soir et les coeurs téléphonent
dans l'immense brouillard du restaurant d’hôtel
il a plu sur la ville et les motards frissonnent
en attendant le temps des duels
et nos mains ont voulu recommencer l'amour
mais les yeux trahissaient les rancoeurs du passé
et l’enfant qui savait l’indigence du jour
souriait à la nuit à quelques pas du pré
La nuit n’a jamais sauvé personne
au bout de sa route nous sommes tous demi-loups
Dans le creux de tes bras mon coeur frissonne
et mon âme est partie avec les douze coups
Mon coeur tatonne, mes doigts cherchent l’aurore
Mais l’esprit souffle où il peut.
Et dans le grand désert poussiéreux de mon corps
il n’y a plus de feu.
Édith de CL
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dimanche, 31 janvier 2010
Nocturne estival I : sous le royaume des étoiles
Siobhan H continue de nous envoyer ses instantanés de deltaplane. Je les reçois dans un style textoïsé : fautes d'orthographe, grammaire abrégée. Je fais des liens entre les mots pour qu'on comprenne et elle refuse brutalement de relire pour dire si mes retouches lui conviennent. Alors tant pis pour elle et à bientôt !
(Édith & AlmaSoror)
Je vous dis que c’était si beau que j’aurais voulu ne jamais redescendre. Mais la terre humide, comme si le soir aussi avait sa rosée, m’accueillit plus doucement que d’habitude, comme si elle avait compris que j’avais besoin d’amour et de tendresse encore plus que d’habitude.
Les lumières du club de deltaplane où j’atterrissais m’éblouirent. Après la ténèbre total du vol, entrecoupée d’étoiles, par cette nuit sans lune, ce fut un choc de retrouver les réverbères et le goudron. Alors tout me parut irréel. Seule la nuit noire, le ciel et le vol libre étaient vrais : la terre et sa vie grouillante, pour l’instant endormie, était devenue féérique et je me demandais si, le lendemain, tout redeviendrait comme avant.
Tout redevint comme avant : mais je suis désormais une chouette. J’attends la nuit pour voler, et je hulule en faisant des cercles dans l’air.
Siobhan
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vendredi, 29 janvier 2010
Angoisse
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jeudi, 28 janvier 2010
Actéon : un opéra de chasse
Actéon (1684)
Opéra de chasse par Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)
Cet opéra de Marc-Antoine Charpentier, opéra de chasse, baroque en diable, est "mal vu", il faut trouver qu'il n'est pas de bon goût... Pourtant, quelles belles scènes amusantes ! Quelle musique entraînante ! Inspiré des métamorphoses d'Ovide, je l'ai découvert sur le site de Sara, une de nos auteurs et photographes. Sara a illustré les métamorphoses d'Ovide et elle présente sur son site l'oeuvre d'Ovide, l'opéra de Charpentier et son album en papier déchiré à elle. C'est ICI
Les images qui suivent et accompagnent le livret de l'opéra sont extraites du livre de Sara.
Scène Première
Dans la vallée de Gargaphie
Bruit de chasse
CHŒUR DES CHASSEURS
Allons, marchons, courons, hastons nos pas.
Quelle ardeur du soleil qui brusle nos campagnes;
Que le pénible accès des plus hautes montagnes
Dans un dessein si beau ne nous retarde pas.
ACTÉON
Déesse par qui je respire,
Aimable Reyne des forêts,
L'ours que nous poursuivons désole ton empire
Et c'est pour immoler à tes divins attraits
Que la chasse icy nous attire.
Conduis nos pas, guide nos traits,
Déesse par qui je respire,
Aimable Reyne des forêts.
DEUX CHASSEURS
Vos vœux sont exaucés et par le doux murmure
Qui vient de sortir de ce bois le ciel vous en assure,
Suivons ce bon augure.
Allons, marchons, courons . . .
Scène Deuxième
DIANE
Nymphes, retirons nous dans ce charmant boccage.
Le cristal de ses pures eaux,
Le doux chants des petits oyseaux,
Le frais et l'ombrage sous ce verd feuillage
Nous ferons oublier nos pénibles travaux.
Ce ruisseau loin du bruit du monde
Nous offre son onde,
Délassons nous dans ce flots argentés,
Nul mortel n'oserait entreprendre
De nous y surprendre,
Ne craignons point d'y mirer nos beautés.
CHŒUR DES NIMPHES
Charmante fontaine,
Que votre sort est doux,
Notre aymable reyne
Se confie à vous.
D'un tel avantage
L'Idaspe et le Tage
Doivent estre jaloux.
DAPHNÉ ET HYALE
Loin de ces lieux tout cœur profane;
Amants, fuyex ce beau séjour,
Vos soupirs et le nom de l'amour
Troubleraient le bain de Diane.
Nos cœurs en paix dans ces retraites
Goustent de vrais contentements.
Gardez vous, importuns amants,
D'en troubler les douceurs parfaites.
ARTHÉBUZE
Ah! Qu'on évite de langueurs
Lorsqu'on ne ressent point les flammes
Que l'amour, ce tyran des cœurs,
Allume dans les faibles ames.
Ah! Qu'on évite de langueurs
Quand on mesprise ses ardeurs.
CHŒUR DES NIMPHES
Ah! Qu'on évite de langueurs
Quand on mesprise ses ardeurs.
ARTHÉBUZE
Les biens qu'il nous promet
N'en ont que l'apparence,
Ne laissons point flatter
Par ses appas trompeurs
Notre trop crédule espérance.
Ah! Qu'on évite de langueurs
Quand on mesprise ses ardeurs.
CHŒUR DES NIMPHES
Ah! Qu'on évite de langueurs
Quand on mesprise ses ardeurs.
ARTHÉBUZE
Pour nous attirer dans ses chaines
Il couvre ses pièges de fleurs,
Nimphes, armez vous de rigueurs
Et vous rendrez ces ruzes vaines.
Ah! Qu'on évite de langueurs
Lorsqu'on ne ressent point les flammes
Que l'amour, ce tyran de nos cœurs,
Allume dans les faibles ames.
Ah! Qu'on évite de langueurs
Quand on mesprise ses ardeurs.
CHŒUR DES NIMPHES
Ah! Qu'on évite de langueurs
Quand on mesprise ses ardeurs.
Scène Troisième
ACTÉON
Amis, les ombres raccourcies
Marquant sur nos plaines fleuries
Que le soleil a fait la moitié de son tour,
Le travail m'a rendu le repos nécessaire;
Laissez moi seul resver dans ce lieu solitaire
Et ne me renvoyez que sur la fin du jour.
Agréable vallon, paisible solitude,
Qu'avec plaisir sur vos cyprès
Un amant respirant le frais
Vous feroit le récit de son inquiétude;
Mais ne craignez de moy ny plaintes ny regrets.
Je ne connois l'amour que par la renommée
Et tout ce qu'elle en dit me le rend odieux.
Ah! S'il vient m'attaquer, ce Dieu pernicieux,
Il verra ses projets se tourner en fumée.
Liberté, mon cœur, liberté.
Du plaisir de la chasse,
Quoy que l'amour fasse,
Sois toujours seulement tenté.
Liberté, mon cœur, liberté.
Mais quel objet frappe ma vue?
C'est Diane et ses sœurs, il n'en faut point douter.
Approchons nous sans bruit, cette route inconnue
M'offrira quelqu'endroit propre à les écouter.
DIANE
Nimphes, dans ce buisson quel bruit viensje d'entendre?
ACTÉON
Ciel! Je suis découvert.
CHŒUR DES NIMPHES
Oh! Perfide mortel,
Oze tu bien former le dessein criminel
De venir icy nous surprendre.
ACTÉON
Que feray-je, grands Dieux?
Quel conseil dois-je prendre?
Fuyons, fuyons!
DIANE
Tu prends à fuyr un inutile soin,
Téméraire chasseur, et pour punir ton crime
Mon bras divin poussé du courroux qui m'anime
Aussi bien que de préz te frappera de loin.
ACTÉON
Déesse des chasseurs, escoutez ma deffence.
DIANE
Parle, voyons quelle couleur,
Quelle ombre d'innocence
Tu puis donner à ta fureur.
ACTÉON
Le seul hazard et mon malheur
Font toute mon offense.
DIANE
Trop indiscret chasseur,
Quelle est ton insolence!
Crois tu de ton forfait déguiser la noirceur
Aux yeux de ma divine essence?
Que cette eau que ma main fait rejaillir sur toy
Apprenne à tes pareils à s'attaquer à moy!
CHŒUR DES NIMPHES
Vainte toy maintenant, profane,
D'avoir surpris Diane
Et sœurs dans le bain,
Va pour te satisfaire,
Si tu le peux faire,
Le conter au peuple Thébain.
Scène Quatrième
ACTÉON
Mon cœur autre fois intrépide,
Quelle peur te saisit?
Que vois-je en ce miroir liquide?
Mon visage se ride,
Un poil affreux me sert d'habit,
Je n'ay presque plus rien de me forme première,
Ma parole n'est plus qu'une confuse voix.
Ah! Dans l'estat ou je me voys,
Dieux qui m'avez formé du noble sang des Royx,
Pour espargner ma honte
Ostez moy la lumière.
Scène Cinquième
Actéon en cerf
CHŒUR DES CHASSEURS
Jamais trouppe de chasseurs
Dans le cours d'une journée
Fut-elle plus fortunée,
Jamais trouppe de chasseurs
Reçut elle un jour du ciel plus de faveurs.
Actéon, quittez la resverie,
Venez admirer la furie
De vos chiens acharner sur ce cerf aux abois.
Quoy! N'entendez vous pas nos voix?
Que vous perdez, grand prince, à resver dans un bois,
Croyez qu'à nos plaisirs vous porterez envie,
Et dans tous le cours de la vie
Un spectacle si doux ne s'offre pas deux foix.
Scène Sixième
JUNON
Chasseurs, n'appelez plus qui ne peut vous entendre.
Actéon, ce héros a Thèbes adoré,
Sous la peau de ce cerf a vos yeux déchiré et par ses chiens dévorés
Chez les morts vient de descendre.
Ainsi puissent périr les mortels odieux
Dont l'insolence extrême
Blessera désormais les Dieux,
La puissance suprême.
CHŒUR DES CHASSEURS
Hélas, déesse, hélas!
De quoy fut coupable
Ce héros aymable
Pour mériter l'horreur de si cruel trépas?
JUNON
Son infortune est mon ouvrage
Et Diane en vangeant l'outrage
Qu'il fit à ses appas
N'a que presté sa main à ma jalouse rage.
Ouy Jupiter, perfide espous,
Que ta charmante Europe au ciel prenne ma place
Sans craindre mes transports jaloux.
Mais si jusqu'à son cœur n'arrivent pas mes coups,
Actéon fut son sang et je jure à sa race
Une implacable haine, un éternel courroux.
Elle s'envole.
CHŒUR DES CHASSEURS
Hélas, est-il possible
Qu'au printemps de ses ans ce héros invincible
Ayt vu trancher le cours de ses beaux jours.
Quel cœur, à ce malheur, ne seroit pas sensible.
Faisons monter nos cris jusqu'au plus haut des airs,
Que les rochers en retentissent,
Que les flots écumans des mers,
Que les aquilons en mugissent,
Qu'ils pénètrent jusqu'aux enfers.
Actéon n'est donc plus,
Et sur les rives sombres
Le modelle des souverains,
Le soleil naissant des Thébains
Est confondu parmy les ombres.
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mercredi, 27 janvier 2010
En la vida
Iba a darle un desganado sorbo al tinto con gaseosa cuando la vi. Apareció a la derecha de la Juani, al otro lado de la cristalera sucia. Fue como un resplandor de tela blanca muy fina. Vaporosa. Tan ceñida en las caderas y tan libre bajo las rodillas que parecía una cascada. Embobado, seguí con la mirada a aquellas gasas temblorosas. Casi podía olerlas. Hasta que en el camino me encontré el cabezón de la Juani, a medio metro, con esa geta de mala leche que cada vez pone más. “¡Qué!”, me soltó con asco. Me di cuenta de que tenía el vaso a medio coger y la boca abierta. “¿Qué de qué?”, dije un poco brusco, y bebí, ignorándola como se merece. Pero, de reojo, busqué la falda blanca, que ahora se contoneaba a la izquierda de la Juani, alejándose. Cruzando la calle. Qué espectáculo, Señor. Se paró en la acera de enfrente y se giró para que la viera bien. En la vida podría esta ponerse algo así, pensé. En la vida.
Un deportivo rojo la ocultó y se detuvo justo delante. Entonces sí que empecé a sentirme raro de verdad. Cada uno de sus neumáticos, relucientes, era como cuatro de los de mi furgoneta. ¿Adónde iba a ir yo con ese trasto sucio y ruidoso, a punto de cumplir ya nueve años? En cambio aquel ejemplar rojo intenso, tan brillante, parecía recién salido de la fábrica. Con un bicho así ya podría yo, ya. Me imaginé el rugido de sus doscientos cincuenta caballos bajo mi asiento, el suave tacto del cuero del volante, hasta su olor. Una falda blanca entrando a mi derecha. “¡Y ahora qué!”, la geta otra vez. “¡Déjame en paz!”, la despaché mirándola de medio lado. Cuando quise volver a mirar, el deportivo había desaparecido. Con la falda. En la vida podría comprarme algo así, pensé. En la vida.
Antonio Zamora
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