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samedi, 08 mai 2010

"jours étranges"

 

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Mercredi 5 mai 2010

Journal de bord "jours étranges" du site d'Edith de CL


J'ai joué au coup des "dix livres". La question est floue : faut-il faire la liste des dix livres qui m'ont le plus marquée ? Ceux que j'ai préférés ? Ceux que je trouve les meilleurs ? Cela ferait déjà trois listes différentes. La liste idéale, composée en fait des livres que j'aimerais préférer, est facile à établir.

La liste des livres que je préfère est plus difficile. Et qu'est-ce qu'un livre ? Les bandes dessinées Les scorpions du désert, La Ballade de la mer salée et Suite Caraïbéenne, d'Hugo Pratt, font assurément partie des livres que je préfère.


Ma liste idéale - celle des livres que ma tête aime :

L'Iliade et l'Odyssée - Homère

L'œuvre d'Aristote

Le Nouveau Testament - Saint Luc, Saint Marc, Saint Matthieu, Saint Jean, Saint Paul

La saga du roi Arthur -

La Divine Comédie - Dante

Les Mémoires de Saint-Simon

Guerre et paix - Tolstoï

Les Mémoires d'outre-tombe - Chateaubriand

Les fleurs du mal - Baudelaire

Tao te King - Lao Tseu


Ma liste charnelle - celle des livres que mon cœur aime :

Imitation de Jésus Christ - auteur incertain

Andromaque - Racine

Les fleurs du mal - Baudelaire

Guerre et Paix - Tolstoï

Jude Allan - Paul d'Ivoi

Mort à Venise - Thomas Mann

Les sept pilliers de la sagesse - Lawrence d'Arabie

Citadelle - Saint-Exupéry

Grammaire et littérature de la langue aztèque, tome I, la grammaire - Michel Launay

La ballade de la mer salée - Hugo Pratt


Je composerai bientôt la liste des livres qui me paraissent les meilleurs - les mieux écrits, les mieux pensés, les mieux rêvés. La liste des livres que mon âme estime...

vendredi, 07 mai 2010

La gloire orange et rouge

La Gloire orange et rouge.jpg
 

Un jour, je serai célèbre comme personne n'a été célèbre depuis la nuit des temps.

Alors, la foule des rapaces fouinera pour écrire des biographies qui contribueront à l'histoire. Et que feront-ils, ces chercheurs et journaleux des siècles à venir ? Ils trafiqueront du code. Ils chercheront, avec l'appui des serveurs, moteurs de recherche, hébergeurs, gestionnaires de boites électroniques, à travers la grande toile électronique pour reconstituer tout ce que je n'aurai pas voulu rendre public.

Et cette quête aboutira à l'exhibition de mes plus noirs démons. Car, comme tant d'autres de mes semblables, j'ai suivi le flux et me suis inscrite sur des sites. J'ai usé d'ordinateurs dont les adresses IP ont laissé des empruntes d'autant plus indélébiles qu'elles sont intangibles. Les lettres d'amour et de haine que j'ai envoyé en cliquant à tout de doigts depuis les adresses électroniques que j'ai possédé, ne sont pas perdues. Elles nagent dans les interstices inextinguibles du web et elles seront retrouvées, une par une, et mises en exergue des livres d'histoires donnés aux enfants.

A partir d'aujourd'hui, je cacherai tout. Le moindre mail que j'envoie fera l'objet d'une censure par les gardes du coeur que je paye, trop cher, pour limiter la casse privée. Et mes courriers seront, comme les lettres de Madame de Sévigné, sous le prétexte de l'intime de véritables déploiements de mes pensées publiques.

Internet nous a tous eus. A nous de lui rendre la monnaie de sa pièce frelatée.

 

Esther Mar

jeudi, 06 mai 2010

Le dédain sur la bouche

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 Sara

 

Dédicace d'Alfred de Vigny à l'actrice Marie Dorval, avant leur rencontre,
écrite sur l'exemplaire qu'il lui offrît de son Othello.

 

Quel fut jadis Shakespeare ? - On ne répondra pas.

Ce livre est à mes yeux l'ombre d'un de ses pas.

Rien de plus. - Je le fis, en cherchant sur sa trace

Quel fantôme il suivait de ceux que l'homme embrasse,

Gloire - fortune - amour - pouvoir ou volupté !

 

 

Rien ne trahit son coeur, hormis une beauté

Qui toujours passe en pleurs parmi d'autres figures

Comme un pâle rayon dans les forêts obscures,

Triste, simple et terrible, ainsi que vous passez,

Le dédain sur la bouche et vos grands yeux baissés.

 

 


(Cité par Maurice Allem dans sa biographie d'Alfred de Vigny, publiée au sein de la collection "la vie anecdotique et pittoresque des grands écrivains", aux éditions Louis-Michaud)

mercredi, 05 mai 2010

Vendée, 1794 - Rwanda, 1994

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Photo Sara

 

 

Quand l’étendard sanglant se lève…


Des frères qui tuent leurs congénères à la machette, violent les femmes, embrochent les bébés et les poulets ensemble, avec des baïonnettes, des haches et des mains furieuses : c’est le point commun entre le populicide vendéen et le génocide rwandais. Les guerres civiles sont les plus monstrueuses, et malheur, malheur aux vaincus !

 

 

Mais d’où vient qu’un être humain qu’on a aimé au berceau, qu’on a élevé dans une communauté et qu’on énerve soudain par des discours, se change en assassin dès que les lois le lui permettent ?

 

On dit que l’homme est libre… Ainsi Rousseau disait : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers ». Et quand il n’y est pas, il se débonde jusqu’à ce qu’on l’y remette.

 

Croire au libre arbitre, c’est considérer comme coupables tous ceux qui, dans les mouvements de foule, assassinent sans se rendre compte de ce qu’ils font. Or, ces coupables forment l’immense foule humaine.

 

On dit que l’homme est libre… Ainsi Saint-Exupéry disait : « On croit que l’homme est libre. On ne voit pas la corde qui le rattache au puits, qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la terre ».

 

Et lorsqu’on coupe ce fragile cordon, au nom de l’Idée, d’un homme idéal, la férocité des hommes transforme la terre en carnage.

 

La liberté est trop belle, trop grande pour la petitesse des hommes. Si vous l’imposez, ils deviendront fous et tomberont dans l’horreur jusqu’à ce que de nouveaux carcans les oppresse et les rassure.

La liberté s’installe dans le cœur des hommes qui les appelle, elle leur offre d’être au dessus de leurs semblables et leur fait payer le lourd tribut de la solitude, cette solitude née de l’animosité des hommes esclaves, ceux qui attachent les bêtes et dressent les enfants parce qu’ils respirent au rythme de la peur.

 

La liberté est une ascèse. La liberté est une délivrance. La liberté est une crucifixion.

 

Esther Mar

mardi, 04 mai 2010

Karamazov-archivage IV

AlmaSoror entame l'archivage de Karamazov, numéro spécimen d'un journal qui a failli exister, dans la décennie 1970. 
Mais plutôt que d'être un début, Karamazov fut en fait une fin : la clôture d'une ère de rencontres au fond d'une cour du boulevard du Montparnasse, à Paris. Rencontres où se fermaient les bienpensances du dehors pour allumer les libertés des cerveaux.

 

Par des matins brisés,

par Anne de La Roche Saint-André

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Photo issue de la série "Marseille...", de Sara

 

 

Par des matins brisés

Comme un enfant perdu

Sur les Champs Élysées

Le visage tendu

 

Je me suis réveillée

Et ce n'était qu'un rêve

Le jour ensoleillé

Le soleil qui se lève

 

Car au fond de mon âme

Le mal d'être, l'angoisse,

La solitude infâme

Sont des réalités

Que je hais plus que tout

Étant l'éternité.

 

lundi, 03 mai 2010

Fin d'un amour, rue de Bourgogne à Paris

Tu lisais trop Vigny et je n'existais plus quand le livre ouvert tu habitais Chatterton. Je te demandais l'heure qu'il était, te proposais de sortir faire une promenade sur le boulevard des Invalides. Tu répondais quelques vers de La mort du loup. Aujourd'hui, notre fils me reproche mon divorce. Il a sans doute raison. J'aurais dû rester et trouver un auteur, un auteur à moi, qui m'aurait fait oublier ton absente présence. Mais, cette égalité dans l'indifférence, l'aurais-tu supportée ?

 

Hélène Lammermoor

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photo volée

dimanche, 02 mai 2010

La démesure des interstices

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Plus personne ne m'aimait. Je n'avais pas vraiment trahi, tout venait d'une immense incompréhension au départ, d'un désaccord originel, tu. Entre les gens et moi un gouffre et je hantais des espaces fermés les uns aux autres. Quand ceux du Nord me virent accoquiné à ceux du Sud et que ceux du Sud comprirent que j'avais connu ceux du Nord, ceux du Sud et ceux du Nord ne me parlèrent plus.

Insidieusement je vis que les portes se fermaient à mon nez sans violence, que les invitations aux dîners et aux fêtes étaient mortes, que mon appartement des toits de Paris où tant de gens avaient bu et mangé restait vide. J'aurais dû, peut-être, prévenir que j'étais un errant, de ceux qui passent partout et ne s'asseoient nulle part. J'aurais dû, peut-être, demander l'autorisation d'être double. Quelque chose de tacite, qui a lieu entre les gens, n'avait pas été respecté et reconnu par mon attitude et je le paye aujourd'hui. Le prix ? Incalculable : la solitude.
Et pourtant je n'ai pas menti. Je n'ai pas trahi. Par naissance ou par caractère, j'étais double, de là bas et d'ici, du Nord et du Sud, de la révolte et de l'autorité, de la ville et des plaines vides, de la haine et de l'amour. Plus personne ne m'aime. Je souris à vos visages dans les albums photos, sur Internet, en buvant du vin blanc comme toujours.

José Vengeance Dos Guerreros

 


 


jeudi, 29 avril 2010

Hétérosapiens ? Amour, sexe, filiation et liberté

J’ai eu une discussion très vive hier avec plusieurs excellents amis qui sont venus me voir à l’hôpital. Nous parlâmes de ce nouveau mot étrange : homoparentalité.

 

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Amour, Sexe, Filiation & Liberté

 

J’ai eu une discussion très vive hier avec plusieurs excellents amis qui sont venus me voir à l’hôpital. Nous parlâmes de ce nouveau mot étrange : homoparentalité.

Mes amis Sauveur et Tatiana défendent quant à eux les « droits des gays », bien qu’ils ne sont pas concernés par cette « communauté ».

Mon amie Esther est intersexuée (je ne sais pas à quel point) ; elle a cependant un point de vue très traditionaliste, catholique et conservateur – je rappelle qu’intersexué est le mot moderne pour hermaphrodite.

Mon amie Hélène est lesbienne mais déteste toute forme de communautarisme et souhaite une société libérale, sociale, universaliste.

Ils ont poursuivi la dispute jusque tard dans la nuit à l’hôtel Saint-Sylvestre où ils étaient descendus. N’ayant pu participer, j’ai poursuivi ma réflexion seul et je voudrais partager mes interrogations ici.

 

Un mot de fortune sans grande fortune

 

Selon l’Association des Parents et Futurs Parents Gays et Lesbiens, l’homoparentalité englobe tous les types de situations dans lesquelles un des parents se dit homosexuel. C’est donc un mot qui ne concerne pas le type de filiation, mais la vie amoureuse des parents.

Si deux parents homosexuels ont eu un enfant ensemble, c’est de l’homoparentalité, bien que la filiation soit hétérosexuelle. Ce type d’homoparentalité est loin d’être nouveau : ce n’est que depuis quelques siècles qu’on tente de marier la vie amoureuse et le mariage. Ce qui est nouveau en revanche, c’est d’imaginer une filiation sans hétérosexualité.

 

Deux choses m’étonnent. La première, c’est de considérer la parentalité du point de vue de la sexualité et de la vie amoureuse des parents.

La seconde, c’est de penser que le fait d’être un parent qui mène une vie privée homosexuelle tranche plus avec la tradition que, par exemple, les familles recomposées, ou encore la famille nucléaire.

 

L’hétéroparentalité n’a rien à voir avec l’homosexualité

 

L’homoparentalité, selon ses promoteurs, c’est le fait d’être homosexuel et parent, quel que soit le type de filiation. Selon cette définition, la vie amoureuse des parents prime pour définir la parentalité plutôt que sur le type de filiation.  Or, en quoi la vie amoureuse des parents doit concerner la filiation ?

Et pourquoi ne s’en occuper que dans le cas de l’homoparentalité ? Si un parent couche avec deux partenaires à la fois, il est donc triosexuel. Doit on parler de trioparentalité ?

D’ailleurs, on parle depuis longtemps de monoparentalité : s’agit-il de la solitude du parent ou son asexualité ?

Que fait la sexualité dans la parentalité, quand elle ne fait plus les enfants ?

Je trouverais plus cohérent de parler d’homoparentalité quand la filiation est homoparentale (on escamote un parent biologique pour le remplacer par un parent du même sexe que le premier parent), et d’hétéroparentalité quand les parents sont un homme et une femme, même si ces deux parents vivent chacun en couple homosexuel. En effet, l’enfant a un père, une mère, l’arbre généalogique se fait de la même façon que pour ses ancêtres, dans la continuité. Qu’importent que les parents soient amoureux ou coparents ?

 

 

La famille recomposée et l’homofiliation : deux vraies ruptures.

 

Ce qu’on appelle la « famille recomposée » hétérosexuelle (le fait d’avoir des enfants avec plusieurs partenaires non simultanément) et l’escamotage paternel ou maternel (recours à une banque de sperme ou une mère porteuse) ont en commun de détruire la famille traditionnelle occidentale (un père, une mère et autant que possible des enfants tous de la mère fratrie, un arbre généalogique-type), tandis que l’homosexualité d’un ou des deux parents n’a aucune incidence sur la famille traditionnelle.

La famille recomposée brise beaucoup plus la filiation traditionnelle (fratrie unie, de même origine sociale, au même héritage) que le couple parental formel sans aucune vie amoureuse, où l’enfant est le centre, l’héritier (matériellement et moralement).

 

Consommation parentale et structure familiale

Si l’on définit la parentalité en fonction de la vie amoureuse parentale, on se base d’un point de vue du parent consommateur. Si l’on définit la parentalité du point de vue de la filiation, on se place du point de vue de la structure familiale, tournée vers l’enfant.

La structure familiale peut laisser libres les choix individuels. L’erreur n’est pas de privilégier une sexualité sur une autre, mais de mettre la vie amoureuse au centre du débat – au lieu de la structure familiale qui entoure l’enfant. Si l’on pouvait revenir à un mode de vie où le couple ne serait pas la structure fondamentale de la société, tant sur le plan économique que psychologique et social, l’homosexualité et tous les autres types de sexualité seraient possibles sans qu’ils interfèrent avec la construction d’une famille. En quoi un homosexuel peut se permettre d’escamoter une mère pour son enfant ? En quoi deux personnes sont obligées d’être amoureuses pour fonder une fratrie ?

 

Le couple tentaculaire

 

Ce n’est pas la vie amoureuse qui établissait traditionnellement la filiation, mais la reproduction hétérosexuelle monogame (deux humains de deux sexes différents avaient des enfants ensemble et si possible seulement ensemble).

On a heureusement détruit le modèle unique couple hétérosexuel. Mais pourquoi garder l’idée de couple ? Il semble que le couple s’est incrusté dans tous les cerveaux pour devenir la norme, qu’il soit hétérophile ou homophile. Le couple serait indispensable à une vie adulte heureuse, à l’éducation des enfants, au bon fonctionnement des entreprises. N’est-ce pas aberrant ? Qu’est-ce qu’un couple ? En quoi l’agglutinement financier, amoureux, sexuel et matériel de deux personnes en un foyer serait le fondement de notre société ?

 

Entériner tout ce qui se vit ?

 

L’Etat officialise. Que doit-il entériner ? La Vérité révélée ou la structure extérieure de la vie des gens ?

La deuxième solution, pour hypocrite et arbitraire qu’elle soit, est moins totalitaire…

Je reconnais que l’Etat commet une violence quand il refuse d’entériner une situation vécue (refus d’héritage entre homosexuels, par exemple). Mais selon moi il commet une violence aussi grosse quand il entérine toutes les situations vécues puisqu’il est alors omniprésent dans les moindres détails de la vie des gens.

Les mentions Féminin/Masculin, Célibataire/vie maritale/divorcé qu’on nous demande de cocher sur les papiers administratifs publics et privés sont des mentions totalitaires. La plupart du temps, elle ne servent à rien d’autre qu’à cerner le profil de l’individu pour mieux le surveiller.

 

Souffrance et quête d’acceptation sociale

Les couples homosexuels demandent une reconnaissance sociale, voire une approbation.

Mais si tout le monde la demandait ? Les célibataires ? Les traditionalistes catholiques, souvent tout autant malmenés que les homosexuels ? 
Les SadoMasochistes ? Les monosexuels ? Les colocataires élevant ensemble un enfant d'un copain mort ? Les végétariens ? Les mangeurs de viande crue ?

Ne vaudrait-il pas mieux lutter ensemble pour la libéralisation psychologique, affective et sexuelle plutôt que pour un entérinement par l’Etat de toutes les situations vécues ? Ne vaut-il pas mieux diminuer le contrôle social plutôt que de le resserrer ?

Quant au rejet dont certaines communautés sont victimes, il faut le condamner en tant que rejet d’êtres humains libres, non en tant que rejet d’un groupe qui pourrait être représenté en tant que tel dans des instances politiques. Car alors l’individu seul perd de sa valeur et doit se fondre dans un groupe donné pour la retrouver.

La vie sera toujours un combat individuel contre la dictature collective. Si la violence est contrôlable dans une certaine mesure, elle est inéluctable. Vouloir éliminer le problème de la violence sociale, c’est vouloir l’étatiser. On sait ce que ça donne… Les hôpitaux psychiatriques et les prisons deviennent obèses.

 

Axel Randers, 2006

lundi, 26 avril 2010

Solstices

320T poussé 2.jpgphot "Ondine Frager" par Sara
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"Que nul à la fête de saint Jean ne célèbre les solstices par des danses et des chants diaboliques".


Saint Eloi

VIIème siècle

jeudi, 22 avril 2010

La nuit photolittéraire

 

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Photo : "Frayeur", de la série La nuit, la guerre, d'Édith de CL

J'ai peur du noir et d'Insomniapolis. Je relis Chant de poussière, d'Esther Mar, j'en pleure de reconnaître, dans ses mots, mes voyages nocturnes. Nous sommes ceux que le soleil ne prend pas. Nous sommes ceux que la nuit n'attend jamais. Nous sommes ceux qui attendent sans espoir, un chemin qui mènerait quelque part. J'ai à nouveau envie de photolittérature, mais je me retiens d'en prendre. Le Carême est fini, la cure photolittéraire continue, parce que la rêverie a des dangers qu'aucun remède n'aplanit.

 

J'ai peur du noir et à Insomniapolis la lumière des bougies brûle jusqu'à l'aube. Alors les cernes tombent sur le visage qui se détend au point du jour.

 

Septième Chapitre

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Marseille, escalier St-Charles, par Sara

En ce moment, je lis Chant de Poussière, d'Esther Mar. Texte long, tortueux comme les marais où nous vécûmes il y a plus de vingt ans. Etais-je trop petite pour comprendre les maux qui te gardaient éveillée jusqu'à l'aube et qui t'empêcher de paraître dans le vestibule avant que sonne la cloche du déjeuner ? Quoi qu'il en soit, aujourd'hui que tu n'es plus de ce monde, je lis tes oeuvres et découvre combien on peut vivre aux côtés d'une personne sans la deviner.

Tu craignais les enfants, tu passais sans nous voir, tu ne me parlais pas. Je croyais que je t'étais indifférente, mais tu m'a rendue légataire de tes écrits, par ton testament. Je n'avais même pas l'âge de voter. Aujourd'hui les éditeurs me harcèlent. Je ne changerai rien. Qu'importe, que ta gloire attendent quelques dizaines d'années ? Tu ne mérites pas que tes mots soient hachés, effacés, changés, pour plaire à la foule consommatrice.

Les héritages sont souvent volés par les rapaces, qui accaparent les objets puisqu'ils n'ont su gagner les coeurs. Mais le miracle de la transmission a eu lieu entre nous, et la liasse autographe dort paisiblement, dans le tiroir gauche de mon bureau Napoléon III.

 

Paris, le mercredi vingt avril deux mille dix,

 

Edith de CL

 

mercredi, 21 avril 2010

Extrait d'Esther

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Il y a des gens qui se plaignent, montrent leurs plaies, quémandent et empochent. Il y en a d’autres qui se sacrifient, offrent, se tiennent hauts et droit et ne demandent rien pour leur peine. J’éprouve pitié et mépris pour les premiers ; compassion et respect pour les seconds.

Esther Mar, in Chant de Poussière

mardi, 20 avril 2010

Les mains d'Elsa

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Ce que dit ainsi le profond langage, ce parler muet de sens animaux
 
Photo Sara
 
 
 
Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé

 

Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes mains à moi

 

Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli

 

Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet des sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots

 

Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu

 

Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.


Louis Aragon

 

lundi, 19 avril 2010

Ni oppresseurs, ni opprimés

Ainsi parlait Mustapha Kemal au banquet turco-soviétique :

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Boris Bérard par Sara

« Il n’y a, dans le monde, ni oppresseurs, ni opprimés. Il y a ceux qui tolèrent qu’on les opprime et ceux qui ne le tolèrent pas. Les Turcs sont de ces derniers. Ils sont assez grands pour s’occuper de leurs propres affaires. Que les autres suivent leur exemple. Le monde ne s’en portera que mieux ».

 

vendredi, 16 avril 2010

post psychiatrique

Ce qu'Axel disait avant que la police des âmes lui aient desséché sa langue avec du sel de Guérande déminéralisé...
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"Le monde de 2030 est un monde post psychiatrique, ce qui en fait tout son intérêt artistique et humain : il n'y a plus de psychiatrie, nous sommes tous jetés dans le monde sans mesure du mental".

Axel Randers