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samedi, 17 juillet 2010

L'album poétique

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AlmaSoror a créé un album qui contient les poésies d'Edith de CL et quelques unes de Kathrina F-B et Edith Morning.

Ces poésies sont illustrées par des photographies, qui, parfois, disent autre chose que les mots. Peu importe. Les rêves ne se télescopent jamais. Avant d'aller lire l'album en cliquant ICI (ensuite, il faudra cliquer sur les photos pour que s'affichent les poésies), vous pouvez méditer ces paroles d'Armel Guerne, poète du XXème siècle :

"Depuis le petit cœur impatient de mon enfance jusqu'à ce vieux cœur meurtri, pantelant, essoufflé, mais toujours plus avide de lumière, je n'ai pas eu d'autre ambition que celle d'être accueilli et reçu comme un poète, de pouvoir me compter un jour au nombre saint de ces divins voyous de l'amour. Je n'ai jamais voulu rien d'autre, et je crois bien n'avoir perdu pas un unique instant d'entre tous ceux qu'il m'a été donné de vivre, en détournant les yeux de ce seul objectif jamais atteint, sans doute, mais visé toujours mieux et avec une passion de jour en jour plus sûre d'elle."

Armel Guerne


L'album poétique

vendredi, 16 juillet 2010

Journal de bord

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Jardin des Plantes de Nantes, par Sara

(un billet d'Edith)

Cela fait longtemps que je n'ai pas tenu ce journal de bord : c'est parce que j'y parle de ce que je lis et je ne sais pas ce que je lisais. J'ai voulu lire enfin le livre qu'Anne, ma mère Anne, me conseille depuis ma plus tendre enfance : Grandeur et servitude militaire, d'Alfred de Vigny. Avant de m'y plonger, j'avais lu la biographie de ce romantique auteur par monsieur Maurice Allem, avec un certain intérêt. Datant un peu, elle a donc l'avantage d'être bien écrite.
Grandeur et servitude
est une suite de longues anecdotes et la première m'a tellement déprimée que j'ai refermé le livre. Je n'ai pas assez de bon moral pour me permettre de telles aventures psychologiques. Anne, ma mère Anne, me tanne :
"mais allons-donc ! Tu n'as lu que la première histoire, la plus triste ! Continue, tu ne peux pas rater l'histoire de la petite poule".

Le journal de bord se lit ici.

jeudi, 15 juillet 2010

autobiographie (tentative sérieuse)

 

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Giordano Bruno

 

 

(un billet d'Edith)

Katharina F-B a écrit un jour mon hagiographie psychédélique et jamais je ne la remercierai assez.
Cependant, dans les mondes professionnel et social, on me demande parfois une biographie ancrée dans un réel plus abordable que celle de Katharina. J’ai donc composé mon autobiographie. Pour les années passées, cela vous donnera une idée. Toutefois, pour une autre interprétation du passé et une vision d’ensemble des années futures, je vous renvoie à la synthèse de KFB.

(NB du 14 juillet MMX : mon premier lecteur m'annonce que cette autobio accentue l'inclarté au lieu de la dissoudre. Tant pis).

Naissance et premières années

Je naquis à sept heures et quelques du soir. La clinique était calme, bercée du bruissement sempiternel des palmes. Diplômés, distants, méprisants, les médecins firent un bon travail médical mais ma sœur et mon frère naîtront dans une clinique tenue par de douces bonnes sœurs tant le métallique professionalisme de Saint-Vincent de Paul avait traumatisé mes parents. Mon père cauchemardait qu’il devait sauver ma mère de médecins-chirurgiens qui l’opéraient diaboliquement au fond des couloirs aseptisés des bâtiments publics. Pour la sauver, il fallait affronter un ours. Tout ça pour un bébé humain, alors qu’il aurait voulu un bébé renard.

Deux ans plus tard, naissance de "l'ange". Premières peurs mystiques de la séparation.

Et quelques souvenirs visuels et vocaux : les volets de Montparnasse, le perron du Pont-Hus, la voix "câlin Edith", protection de ma mère et premières pierres de la forteresse intérieure.

Les trois enfants

Nous fûmes trois et nous grandîmes sur le boulevard du Montparnasse. Rollers, manifs, chats perchés, lectures des livres des grands oncles et grandes tantes sauvés des eaux, pendant que la maman travaillait dans le monde des grands, un monde capitaliste, administratif, méchant, sans éthique et sans esthétique.

L.. (le monstre)

C’est l’entreprise où, jour après jour, soir après soir (très tard le soir), au milieu des sourires, ma mère souffrit du salariat.

 

1989

L’adieu à l’Erdre.

Je ne peux pas me plaindre. Des clochards qu’on voit dans la rue, certains se souviennent peut-être d’une maison, d’un jardin.
Il y avait depuis quelques siècles une demeure, là bas, et des terres au-dessus desquelles volaient des corbeaux. D’autres êtres le hantent désormais. Qui ne connait l’amertume des larmes ? Toute famille est un drame inéluctable et l’Erdre est la plus belle rivière du monde.

 

La B..

On m’y ouvrit un compte à 11 ans. J’ai appris dans la douleur à ne pas laisser passer plus de 15 jours à découvert. Je suis toujours à la B… Pourquoi changer ? Toutes les banques, qu’elles le veuillent ou non, sont des banques. Et j’ai même appris à deviner, derrière le regard bleu de certains Conseillers de clientèle, la mémoire de l’enfance partie, mêlée aux rêves de la nuit qui revient.

Ma carte bleue, Iphigénie, est toujours là. Son parrain est Lucrèce, en raison de la défense paternelle qu’il a prise envers Iphigénie, dans de belles pages de son œuvre de rerum natura. O mon Iphigénie, dors tranquille, loin de Calchas le découpeur d’entrailles. Vois, il est de plus en plus rare que la machine Big Brother te refuse des biffetons, aux guichets aguicheurs, laids et automatiques qui « ornent » les rues.

Le lycée Buffon

Balancements entre socialisation et conflits. 11ans-17 ans : on est au bord du vide, entre l’amour et la répulsion. Ceux qui m’ont soutenue, comprise, accompagnée, et surtout pardonnée, ont su me faire aimer un (petit) peu la République, son drapeau, ses « valeurs » et ses lycées. Sans le lycée Buffon j’aurais été bakouniniste.
Et puis, beaucoup des camarades sont toujours là, plus ou moins loin de moi. Comme des vagues qui viennent de loin, leurs voix mûries charrient un peu parfois des éclats et des expressions de l’adolescence.
Faiblesse, débilité et apprentissage du remord.

Gange

L’égérie, l’amie, la sœur, la mère, la fille, la chienne, l’autre, la semblable, l’amour, la joie, la peur, la consolation.

La frontière qui sépare ceux qui considèrent les animaux comme des personnes à part entière et ceux qui les considèrent comme des objets ou au mieux des sous-sujets, est-elle infranchissable ? Il me semble avoir toujours été du côté animal et chaque rencontre animale m’a toujours fait aller plus loin sur cette voie. Au point qu’il est inutile de discuter : se taire dans les salons et œuvrer en parallèle pour la reconnaissance et la protection de nos frères, les autres animaux.

 

Pontault Combault, la rue Daguerre et la rue Boissonade

S’il est impossible de raconter ce long épisode d’un an et demi, je veux du moins le mentionner. Comprenne qui participa.

 

Les Langues O et les années Hawaii Off Shore

C’est en feuilletant un livre sur le surf que j’ai lu un poème en langue hawaiienne. Je ne pouvais le comprendre, mais les lettres qui s’étalaient semblaient former des sonorités si belles. Quand je revins quelques jours plus tard avec de l’argent pour acheter le livre, il avait disparu. De multiples quêtes ne me le rendirent pas. Mais j’appris le hawaiien. Seule.

Entre-temps je m’étais inscrite aux Langues Ô et y apprenais le quechua et le tahitien, et puis un peu d’amharique.

Une longue histoire avec les langues, qui n’est jamais morte bien que les sables du présent recouvrent parfois les travaux d’antan. Quelque chose a ressuscité à la Maison de la Radio, en 2004, puis à Izmir, quand je fus invitée au Centre Culturel Français en 2009. A suivre…

Le voyage au Pérou

Une compréhension intérieure, indicible, ancrée depuis au fond de mon être.
La découverte d’un monde nouveau : la montagne, aussi fascinante que la mer et différemment mystérieuse. La respiration d’une autre esthétique, d’une autre atmosphère, où l’on sent qu’on pourrait se poser et rester pour toujours.
Enfin, un regret blanc comme les murs du couvent de Santa Catalina : Arequipa.
Faudrait mentionner aussi La Paz, la haute ville dans les montagnes, La Paz d’où on s’embarqua pour un retour tortueux. Qu’y avait-il dans la mallette que je serais contre moi, en entrant dans l’avion ? Nous sommes trois – peut-être cinq, en fait - à le savoir.

Le CEEA et la voie scénaristique

Inespéré : j’ai réussi un concours dans ma vie. C’était celui du CEEA. Le début d’un métier qui ressemble rarement à un rêve d’écrivain. Même s’ils partagent l’appel des bars.
C’est à la Coupole que ma coscénariste et moi allions trouver les idées des épisodes de la série du Nidouille, « cosy corner ».

Les rencontres avec Alexis T eurent lieu au bar Edith Piaf, sur la place du même nom, non loin de la prod Wendigo. Entre les écrivains et les scénaristes, maintenant que les cigarettes sont presque hors la loi, il reste le point commun des bars.

Autrement

Brigitte V et Anne R acceptèrent le projet d’un livre sur les langues et ainsi commença pour moi l’aventure Autrement, sous leur agréable égide. Quelques livres et beaucoup de conversations.

Les années VillaBar

Un frère embarqué dans une aventure, une amie au deuxième étage, un prof de piano, Jean-Pierre Bret, aux même initiales que son double John Peshran-Boor, l’amour de la littérature et de la photographie, un entourage chaleureux et enthousiasmé : ainsi naquit VillaBar, qui fit du bruit et dont il reste de belles œuvres et une nouvelle manière d’aborder la photolittérature. En laissant la photo exhaler ses sens, avant tout. Seulement ensuite, la littérature s’avance, majestueuse et imprévisible, renouvelée.

L’aventure AlmaSoror

Une sœur insistante devant l’ordinateur familial et un faible accord de ma part : voilà comment est né(e) AlmaSoror.

Un journal mensuel, intemporel, en ligne, draina de nombreux et étonnants lecteurs pendant deux ans. AlmaSoror se fit ensuite blog.
« Caminante, no hay camino, se hace el camino al andar ».

AlmaSoror a lié des alliances, toujours libres.

Aujourd’hui, toujours bavard en ligne, AlmaSoror a produit un film (Résurrection) et en produit un second (la Feuille). Des courts métrages qui fabriquent peu à peu une marque visuelle. Nous souhaitons aller loin, lentement, dans l’étroit sentier bordé de paille que nous avons commencer à tracer.
« Caminante, no hay camino sino estrellas en el mar ».

Naissance d’Hugues, mon fils imaginaire

Son père, Alexis Jaulerri, le reconnut expressément dans une lettre posthume. C’est bien pour Hugues. Mon fils dessine, m’écrit des lettres, de temps en temps il me gronde. Les autres mères sont débordées ; moi, transbordée.

 

Retour à l’étang de la Grostière

Les barques avaient changé. J’avais d’aussi grandes jambes que les grands de mon enfance et les choses interdites et mystérieuses s’ouvraient à moi avec tellement d’évidence que je compris que l’enfance est un miracle. Il y avait le saule pleureur et les allées, la chambre aux volets que j’arrivais à fermer sans difficulté. Retrouver chaque meuble, chaque pan de mur, se remémorer tant d’étés. Soudain, subir l’urgence de la vision quand, sans prévenir, le son des cloches de l’église fait remonter tant d’émotions. Au fond de l’étang dorment encore, sous des mètres cubes de vase, les épées des Brigands. Les mondes morts et les mondes vivants se côtoient : il est parfois difficile de choisir son camp.

Collectif 127-B « étoile de mer » (Insomniapolis)

Nous savions bien que nous ne parlions pas en l’air, et, de fait, le collectif est né. Les œuvres se créent peu à peu et l’argent rentre petit à petit. Il faudra sans doute revoir la charte, se réunir encore, boire du vin lacrima christi, réparer des erreurs.

Le collectif promeut l’art figuratif. Pour revivifier notre art, nous approfondissons la connaissance des trois sources allogènes : Rome, Athènes, Jérusalem, et du terreau celtique inextricable.

Musique : Challwa Taki. Sortilèges. Wolfcrag

Nous créâmes Challwa Taki (nous étions 3), qui se transforma en Sortilèges (nous passâmes de 3 à 8, puis nous finîmes à 2), qui est devenu Wolfcrag (nous sommes 9). Wolfcrag est une « formation musicale » dont l’aventure commence à peine. Le style musical que nous créons ensemble, la beith musique, nous torture à force d’être imparfait.

Mes compères dans cette aventure : Le dit Luke Ghost, Philibert, Marc, Jules, V, Emma, Aurore B, Alex.

Albums

Nous, les loups, le premier album. Les images d'Alain Gauthier sont comme une construction de symboles qui approfondissent le texte.

Deux autres sont en train de prendre forme sous deux autres mains que les miennes. Les illustrateurs interprètent les textes en les emmenant loin dans leur monde. Etrange expérience que d’être illustrée.

Compagnons de route

(il s’agit évidemment de la « route » professionnelle, ou assimilée).

Laure Tesson

Tieri Briet

Ondine Frager

Esther Mar

Anne-Pierre Lallande

Sara

Katharina F-B

Mon frère Sam

 

Influences

Ma petite sœur, qui m’a convertie à l’Europe

César I, le prof de quechua. En dépit d’une fin assez ratée.

Remo Mugnaioni, son art de vivre et sa culture raffinée

L’abbé B Lorber pour le chant grégorien

Clarisse Herrenschmidt et ses trois écritures

Brigitte B et ses cours de chant.

 

Egéries

Gange

Charles Baudelaire

Virginia Woolf

Hanno Buddenbrook

Comte Mölln

James Douglas Morrison

Le Christ

Sainte Catherine de Sienne

Baude Fastoul

Morgana Bantam Dos Santos

Nolimé Tangéré

Esther Mar, rencontrée au fond d’un bar après une manif très queer dont les sloglans m’avaient fait trop peur, Esther Mar la plus belle du monde, Esther Mar, la seule personne humaine, vivante actuellement et rencontrée « en vrai » parmi mes égéries. Esther Mar, auteur de La peur, la liberté et la morale, publié dans une revue de papier dissidente en 1983. J’avais cinq ans. Je possède un exemplaire jauni de cette revue, résultat d’une longue quête. Esther Mar, qui est en train de terminer son œuvre-fleuve Chants de poussière, et qui me fait l’honneur de m’en lire des passages de sa voix rauque et nostagique, au milieu des cendres du salon brûlé et des vieux meubles encore debout, dans son salon de sa maison au bord de la Marne.

mercredi, 14 juillet 2010

"je cherche en vain le mot exit"

 

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photo d'Olonnois par Sara

 

(Un billet de 1631)

 

"Je cherche en vain la porte exacte.
Je cherche en vain le mot exit".
Serge Gainsbourg

Lors de notre charmant dîner dans les jardins du Palais Royal, V. P me disait qu'il avait souvent entendu son père répéter que dans les dictatures de droite, on peut quitter le pays, tandis que les dictatures de gauche ne laissent personne partir. Les dictatures de droite ne retiennent pas les gens ; les dictatures de gauche empêchent toute fuite.

 

mardi, 13 juillet 2010

Enseignements

 

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Photo de Sara

 

"Nathanaël, je t’enseignerai à ne pas confondre la puissance et la violence".

Esther Mar in Chants de poussière

 

Nathanaël, je t’enseignerai la ferveur.

André Gide in Les nourritures terrestres

 

 

lundi, 12 juillet 2010

Les marches de Bretagne

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(Un billet de Jean Bouchenoire)



J’ai créé aujourd’hui la recette Les marches de Bretagne. Elle a plu à la personne qui l’a goûtée.
C’est en quelque sorte un escalier de lamelles de légumes agrémentées de mascarpone et de féta.
Les ingrédients, pour deux ou trois personnes, sont les suivants :
Une ou deux courgettes
Une aubergine
Une tomate cœur de bœuf jaune (si vous n’en trouvez pas, utilisez une rouge !)
Des champignons très bons, choisissez vos champignons préférés.
Un peu de mascarpone.
De la féta.

Commencez par découper les courgette(s) et aubergine en longues et fines lamelles. Dans deux poêles différentes, faites revenir les lamelles dans l’huile. Il fait les faire frire doucement. Dans une troisième poêle ou une casserole, faites revenir les champignons coupés en tout petits morceaux, soit dans du beurre, soit dans de l’huile.
Dans un plat carré ou rectangulaire avec un peu de profondeur (3/4 centimètres), étalez les courgettes frites. Recouvrez les de mascarpone. Etalez ensuite les tranches d’aubergines frites.
Recouvrez ces tranches de féta très fine ou bien écrasée.
Ensuite, coupez la grosse tomate jaune cœur de bœuf en rondelles et déposez les au-dessus. Remettez un peu de féta par-dessus, puis enfin, les champignons revenus.

C’est fini. Ces marches de Bretagne se mangent entre chaud et tiède. Une bonne baguette tradition peut les accompagner.


dimanche, 11 juillet 2010

Les bras maritimes

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(un billet d'Edith)

Je suis hermétique à toute la poésie contemporaine excepté deux ou trois poèmes, dont celui que j'ai découvert sur une affiche, une affiche achetée par ma mère graphiste qui aimait le graphisme des affiches des éditions Mouvement Fix de Nancy.

Elle s'est procurée (avec difficultés) quelques unes de ces affiches, elles les a achetées par correspondance. L'une d'elle contenait un poème signé Luis Mizon et quelques mues de cigales. Les phrases de ce poème ont rejoint les quelques films, photographies, peintures, sculptures, poésies, musiques qui forment la source de mes hallucinations oniriques fréquentes.

 

Je le reproduis ci-dessous puisque les éditions de poster-poésie ont mis le poème en ligne il y a déjà longtemps (deux ans ?).

 

Là où il n’y a rien
quelque chose brille
le rêve de la lumière enfermée
réveille la pierre

à coup de dents
du plus profond de sa racine enfouie
la terre fabrique des yeux

 

La maison de la vie
libère son cheval de couleurs
lourde et sucrée la mort arrive
et offre des pommes confites
aux enfants morts d’insolation
à la sortie de l’école

 

A la fête du désordre
arrivent les anges déchaussés
les bougies se transforment en fleurs

à l’orgie du silence
arrivent les invités
ivres d’avoir bu trop de mots

 

Les atomes rentrent dans le rang
j’obéis en silence
et j’attends la sonnerie
pour sortir en criant

un cheval impatient
m’ emportera loin d’ici
nous chasserons le tigre
dans la vague indigo

 

Je pardonne
à la lumière
d’être si blanche
j’abandonne au passant
mon vieux pouvoir d’exhausser les désirs
je jette la haine au caniveau
je suis presque heureux
autrefois
j’aurais dit le contraire

 

Vieilli dans l’art de faire des vers
qui consiste à oublier tout chemin
j’écoute le chant de ma mère :
l’étoile
et de mon père :
le granit barbu de la côte
ils s’endorment tous les deux
bercés dans mes bras maritimes

 

Laisse - moi partir maintenant
au fond de mon exil
vers la terre chevauché par mon ombre
au milieu d’un fleuve
pareil à la chevelure d’un géant terrassé

notre murmure est torche
moulin et phare
là où il n’y a rien
quelque chose brille

 

Signé Luis Mizon et quelques mues de cigales, daté de 2007, ce poème est lisible aussi sur le blog nancéen des éditions Mouvement Fix.

 

 

Je conseille d’acheter le poster-poésie. Si les éditions le vendent encore…

samedi, 10 juillet 2010

Soir bleu d'Hopper

Soir Bleu Edward Hopper.jpg

Ivo Kranzfelder, dans son livre Hopper, parle du tableau d'Edward Hopper intitulé Soir bleu.

Editions Taschen, traduction française d'Annie Berthold.

Hopper prétend qu'il lui fallut dix ans pour arriver à surmonter l'influence européenne, et par "européenne", il faut entendre bien sûr "française". La meilleure preuve en est le tableau Soir bleu daté de 1914. Ce tableau occupe une place plutôt à part dans l'oeuvre de Hopper, du fait déjà que la scène est peuplée et dominée par des figures humaines. L'espace dans lequel elles se trouvent n'est que vaguement esquissé. Il s'agit sans doute de la terrasse d'un café close par une balustrade. L'arrière plan est indéfini, une ligne ondulée le partage entre une surface bleu clair et une surface bleu foncé. La balustrade de pierre accentue la division de l'espace en un extérieur et un intérieur. A gauche, un tiers du tableau est séparé du reste par une bande verticale de couleur, probablement un poteau servant de support à un toit imaginaire où sont suspendues des lanternes.

Cette mise en scène correspond parfaitement aux personnages. Sur la gauche, un proxénète est assis en solitaire à une table ; un dessin préparatoire du personnage (Un maquereau, étude préliminaire à Soir bleu) permet de l'identifier comme tel. A la table voisine se trouve un homme vu de profil et dont les yeux disparaissent sous un large béret basque ; il porte la barbe, une cigarette au coin des lèvres et une ombre très marquée sous la pommette. La cigarette est un point commun entre lui et le clown qui est assis ostensiblement au centre de l'espace à droite, le regard fixe. Entre ces deux personnages se trouve un militaire, certainement un officier en tenue de sortie, assis lui aussi à la table, le dos tourné vers le spectateur. Vu la position de la tête, il semble regarder une femme très maquillée, de toute évidence une prostituée, qui se tient debout de l'autre côté de la balustrade. Enfin, plus à droite, à la table voisine, un couple de grands bourgeois en habit, les cheveux et la barbe très soignés, observe la scène. Presque tous les personnages empiètent les uns sur les autres, ce couple, lui, se situe clairement à l'écart.

Trois figures, au caractère typologique marqué et sans individualité, sont liées par de fortes affinités : le maquereau, le barbu au béret basque et le clown. Tous trois ont une cigarette tombante au coin des lèvres mais elle ne dégage pas de fumée. La cigarette doit être vue plutôt comme un attribut, un signe d'appartenance à une couche sociale bien déterminée, qui est, en l'occurrence, cette fameuse bohème parisienne, ce demi-monde où se côtoient le génie artistique et les criminels. Lloyd Goodrich rapporte que Hopper s'est toujours tenu à l'écart de ce milieu. Au café se rencontrent aussi les membres de la bonne société, représentés par les trois autres personnages ; ils viennent ici comme la bohème mais se tiennent à l'écart d'elle.

Edouard Manet appartenait à ces deux mondes : membre de la haute société, il savait "se comporter avec l'élite aisée et cultivée mais évoluait tout aussi facilement au milieu des asociaux de la grande ville, qui lui servaient aussi souvent de modèles". C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre le personnage assis à moitié dans l'espace réservé au proxénète. Deux figures présentent de grandes affinités, si ce n'est déjà par le maquillage : la prostituée, sûre d'elle, qui reste en dehors et domine de toute sa hauteur les autres personnages, et le clown. Difficile de savoir dans quelle direction elle regarde vraiment, elle a probablement repéré un client potentiel, le militaire.

Soir bleu évoque aussi la place de l'artiste dans la société - un thème rare chez Hopper - et plus précisément, il faut le supposer, celle de l'artiste qu'il est. Son tout dernier tableau Deux comédiens (1956) sera encore une variation sur ce thème. Hopper identifie assurément le clown avec l'artiste. La comparaison entre l'artiste et le bouffon et le saltimbanque, voire le magicien, est un thème traditionnel que l'on retrouve aussi dans les biographies d'artistes. Gail Levin raconte l'anecdote selon laquelle Hopper aurait mis des punaises peintes sur l'oreiller de son condisciple Walter Tittle. C'est un thème très prisé depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours en passant par la Renaissance : Pline ne raconte-t-il pas que Xeuxis a peint des raisins que les moineaux auraient cherché à picorer ? Giorgio Vasari que l'élève a dessiné un insecte sur le tableau du maître et que celui-ci aurait essayé de le chasser ? assiette à l'insecte.JPGOutre ce thème traditionnel, Hopper a intégré dans Soir bleu quelques références personnelles. Ainsi la prostitution est à rapprocher de son activité commerciale d'illustrateur, de même que le personnage de l'artiste accepté, reconnu, qui se rengorge comme il se doit, suggère l'insuccès de Hopper à l'époque (n'avait-il pas vendu jusque là en tout et pour tout un tableau au "Armory Show"?) On peut voir aussi dans l'expression de stupeur du personnage à droite, posant un regard peu amène sur les autres personnes du tableau, le fait de ne pas être encore reconnu et apprécié.

Hopper présente Soir bleu en 1915 à une exposition du groupe "MacDowell Club". C'est sa première oeuvre dont parlent les critiques. Leur compte rendu est une critique en règle de ce tableau présenté comme un ambitieux produit de l'imagination dénué d'intensité expressive. Il est décrit comme un portrait de buveurs d'absinthe parisiens pas particulièrement réussi. En revanche, l'autre toile de Hopper présentée à cette exposition, Coin de rues new-yorkais (1913), est bien reçu par la critique. Hopper n'exposera plus jamais Soir bleu. Gail Levin prétend que cette toile fut inspirée d'un vers d'Arthur Rimbaud, et en cite pour preuve le début : "Par les soirs bleus d'été..." La concordance fortuite (sic, note d'AlmaSoror) des mots "soir bleu" ne signifie pas forcément qu'il s'agit ici d'une connexion sciemment établie par l'artiste.

Cependant, ces considérations nous amènent à nous poser une question non négligeable : quels étaient les goûts et les connaissances de Hopper en littérature, en art, etc. ? Selon Levin, Hopper était doté d'un niveau intellectuel élevé. Il avait lu les classiques français et russes traduits, parmi lesquels Molière, Victor Hugo, Marcel Proust, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine et Charles Baudelaire. On raconte toujours que Hopper appréciait au plus haut point le poème de Goethe "Wanderers Nachtlied" ("über allen Gipfeln ist Ruh..."), qu'il pouvait réciter en allemand. Il prétendait d'ailleurs que le poème de Goethe avait une force visuelle extraordinaire. Hopper aimait le nouveau roman réaliste américain, celui de Theodor Dreiser par exemple, ou le théâtre moderne d'Eugene O'Neill, de Maxwell Anderson, d'Elmer Rice ou de Thornton Wilder, de la même génération que Hopper, et plus tard celui de Tennessee Williams".

 

vendredi, 09 juillet 2010

Les affiches qui me faisaient rêver à 15 ans

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Cria Cuervos, de Carlos Saura (1975)
Bagdad Café, de Percy Adlon (1987)
Un ange à ma table, de Jane Campion (1990)
My Own Private Idaho, de Gus Van Sant (1991)
Arizona Dream, d'Emir Kusturika (1992)
Rouge, de Krzysztof Kieslowski (1994)
Dans la cour des grands (1995)

Peu importe le film, c'était l'affiche qui ouvrait toutes les portes du rêve.
Avant de tirer un trait momentané sur le cinéma, un trait qui ressemble à un requiem.
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Mais les rêves ne sont jamais vraiment morts. Ils sont simplement dans le coma. Quelquefois ils ressuscitent :

Cria Cuervos, de Carlos Saura. 1975.

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et le disque de la (belle chanson) porqué te vas :

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My own private Idaho, de Gus Van Sant, 1991

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An Angel at my Table, de Jane Campion, 1990

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Bagdad Café, de Percy Adlon, 1987
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Rouge, de Krzysztof Kieślowski, 1994
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Dans la cour des grands, de Florence Strauss, 1995
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Arizona dream, d'Emir Kusturica, 1992
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Et il y en avait quelques autres...
Edith

jeudi, 08 juillet 2010

Les stations-service

 

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Voulez-vous lire un extrait du Paysan de Paris, de Louis Aragon ?

Ce livre surréaliste exalte évidemment le progrès, et particulièrement le progrès du béton sur la forêt, le progrès du citadin sur l'homme de la terre, ce qui peut faire froid dans le dos, certes, aux frères des animaux, des arbres et de l'enfance va-nu-pieds. N'en admirons pas moins le style, la pensée, la poésie.
Admirons aussi la mystique presque médiévale du bâtisseur inconnu...
Enfin, admirons la naïveté d'un communiste pratiquant, c'est à dire adepte d'une religion sans dieu qui fit des millions de morts, face aux terribles moeurs des lointains peuples "primitifs".

Les stations service, donc. Voilà comme il les décrit - en 1926 :

"Ce sont de grands dieux rouges, de grands dieux jaunes, de grands dieux verts, fichés sur le bord des pistes spéculatives que l'esprit emprunte d'un sentiment à l'autre, d'une idée à sa conséquence dans sa course à l'accomplissement. Une étrange statuaire préside à la naissance de ces simulacres. Presque jamais les hommes ne s'étaient complus à un aspect aussi barbare de la destinée et de la force. Les sculpteurs sans nom qui ont élevé ces fantômes métalliques ignoraient se plier à une tradition aussi vivre que celle qui traçait les églises en croix. Ces idoles ont entre elles une parenté qui les rend redoutables. Bariolés de mots anglais et de mots de création nouvelle, avec un seul bras long et souple, une tête lumineuse sans visage, le pied unique et le ventre à la roue chiffrée, les distributeurs d'essence ont parfois l'allure des divinités de l'Egypte ou de celles des peuplades anthropophages qui n'adorent que la guerre. Ô Texaco motor oil, Eco, Shell, grandes inscriptions du potentiel humain ! bientôt nous nous signerons devant vos fontaines, et les plus jeunes d'entre nous périront d'avoir considéré leurs nymphes dans le naphte".

 

Louis Aragon, le Paysan de Paris, 1926

mercredi, 07 juillet 2010

Des inconvénients qui naissent de leur inconsistance

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peinture de Victor Hugo

J'ai en mains un joli livre vert des éditions Cartouche, qui publient un texte oublié depuis sa première édition de 1940.

Les chroniques de la fin d'un monde, de Pierre Mac Orlan, naviguent entre platitudes belles et passages marquants de poésie.

Voilà quelques mots du chapitre intitulé "Romantisme des mers imaginaires".

 

"D'autres navires fantômes tracassent la solitude des vieux retraités de la marine. Ceux qui aiment à vivre dans le commerce de ces braves gens connaissent également ce tourment. Il faut bien signaler ici ces merveilleux bateaux-fantômes en bouteilles que l'on trouve parfois et à des prix sérieux dans l'arrière-boutique des antiquaires.

Ces bateaux-fantômes en bouteilles proviennent sans doute des grands fonds océaniques, des abysses étranges où les noyés ont des loisirs. Ils sont gréés comme les plus célèbres fantômes des flottes mortes. Ils possèdent un nom, une histoire à dormir debout et des inconvénients qui naissent de leur inconsistance.

Il n'est pas facile d'en posséder un pour le placer sur une cheminée. Cependant, ils existent, quelque part, dans le fouillis séduisant d'une boutique spécialisée. Le chercheur de bateaux-fantômes en bouteille qui ne craint pas la poussière sépulcrale des siècles anciens peut également espérer découvrir, entre autres objets de même provenance, la bourse de Fortunatus, la clé des songes, la lampe d'Aladin, le coffret de Psyché et l'anneau de Gygès. En somme, on trouve tout ce que l'on veut dans les Grands Magasins de l'Aventure qui ne ferment jamais, même les dimanches et fêtes".

 

Pierre Mac Orlan

Chroniques de la fin d'un monde

mardi, 06 juillet 2010

Les mannequins de Ciudad

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S’il est vrai que l’on se sent étouffé, assailli, quant l’autre s’approche trop… Que l’on se sent rejeté, malvenu, quand soi même on approche trop près autrui… J’aimerais avoir une peau en plastic, des cheveux en soie, un cœur en acier pour ressentir comme les mannequins de cire des magasins : déployer ma vie indolore, à ne rien ressentir et à être admirée, tandis que la vie habituelle consiste au contraire à ressentir, à admirer, à souffrir et à provoquer l’indifférence.

 

Esther Mar, in Chants de poussière

lundi, 05 juillet 2010

Professionnalisme

 

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Photo Sara

Veuillez prendre connaissance de ce mail qu'un manadjeur français de trente-sept ans et demi envoya à son équipe au mois de juillet 2010. Cela se passa dans les locaux d'une tour de la Défense, dans la chaleur muette et moite d'un été particulièrement chaud. Personne ne s'y attendait.

 

"Veuillez noter que Romuald Gengène ne fait plus partie du personnel de HKO-Flotte à dater de ce jour.

Jusqu‘à nouvel ordre, les Directeurs de Projets rapporteront directement au PP ou aux PP-adjoints.


Please note that from today, Romuald Gengène is no longer part of HKO-Flotte staff.

Until further notice, the Project Directors shall report to the PP or the Deputies.


Martin F. Pariox-Nutts
Director
HKO-Flotte
South/West"

 

Et son cœur à lui, F. Pariox, où est-il ? A quoi sert la vie si mental, moral et cœur sont morts, et que seuls le travail et l'organisation règnent, sans but autre qu'eux mêmes ? Mystère des mystères.

 

1631

dimanche, 04 juillet 2010

La chanson des gisants

 

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photo Sara

 

 

Gisez ! et ne parlez plus. Ecoutez le vent du soir

Venu des terres brûlées caresser vos corps de pierre.

Priez et ne pensez plus. Dans la nuit, sur le lac noir,

La barque aux chiens et aux lions ondule vers l'outre-terre.

Les chacals ont tout mangé ; sur les croix, plus de cadavres

et les rêves des vivants sont délivrés de vos plaintes.

Ils auront pour réconfort, à l'aube que la mort navre,

Mélangée aux chants d'oiseaux, la mémoire des étreintes.

 

Les filles et les garçons se dressent fiers sur les routes !

Ils boivent à s'en étourdir aux sources de la jeunesse.

Poursuivant vos déraisons, ils luttent coûte que coûte,

Ils s'ébrouent devant la mort et pissent sur nos sagesses.

 

Gisez ! et ne parlez plus. Ecoutez la vie qui dort,

Venue des ivresses nues des pères néandertal.

Elle coulait dans vos veines il y a trois heures encore

Et nos mains ensanglantées sculptent les bières tombales.

 

Edith de CL,

vendredi 2 juillet MMX, achevé à 11h25

samedi, 03 juillet 2010

ses galops de lumière à tous les étages du ciel

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Les lieux ressemblent à leurs maîtres et les maîtres à leurs lieux, les uns prêts pour les autres, cette attente réciproque engendrant leur similitude.  Les pieds-d'alouette, autour du moulin, les figuiers, au début du sentier, l'oeil bleu des iris et le romarin en faction près de la porte éveillaient des libertés qu'aucune prospérité n'octroie.  La pauvreté - non la misère - met des diamants partout.  Car ces fleurs, devenues ici l'espace d'un poète, parlaient une autre langue et de tous les côtés, le paysage s'en allait comme un geste de bonheur, avec ses galops de lumière à tous les étages du ciel et ses houles de vent accourues du silence des plaines.  Des diamants partout : la beauté donnée pour rien à celui qui n'a rien.

Si la misère n'enseigne rien que l'envie et la haine, la pauvreté, par contre, fait les princes véritables parce qu'elle ne tient pas compte du paravent des apparences.
 

Logée dans l'essentiel, soucieuse de l'essentiel et tirant son gouvernement du dedans, elle n'aménage - et elle le sait - que les demeures intérieures.  C'est-à-dire à peu près tout ce qui nous regarde et fournit à nos jours leur valeur.

 

Extrait d'un texte de Charles Le Brun sur Armel Guerne, à lire ICI.

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et voici un texte d'Armel Guerne :

"Depuis le petit cœur impatient de mon enfance jusqu'à ce vieux cœur meurtri, pantelant, essoufflé, mais toujours plus avide de lumière, je n'ai pas eu d'autre ambition que celle d'être accueilli et reçu comme un poète, de pouvoir me compter un jour au nombre saint de ces divins voyous de l'amour. Je n'ai jamais voulu rien d'autre, et je crois bien n'avoir perdu pas un unique instant d'entre tous ceux qu'il m'a été donné de vivre, en détournant les yeux de ce seul objectif jamais atteint, sans doute, mais visé toujours mieux et avec une passion de jour en jour plus sûre d'elle."