dimanche, 23 mai 2010
Sérénade triste
photo Sara
Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent,
Feuilles de mes bonheurs, vous tombez toutes, toutes.
Où je vais, les cheveux au vent des jours mauvais.
Vous tombez de l'intime arbre blanc, abattues
Ça et là, n'importe où, dans l'allée aux statues.
Couleurs des jours anciens, de mes robes d'enfant,
Quand les grands vents d'automne ont sonné l'olifant.
Et vous tombez toujours, mêlant vos agonies,
Vous tombez, mariant pâles, vos harmonies.
Vous avez chu dans l'aube au sillon des chemins;
Vous pleurez de mes yeux, vous tombez de mes mains.
Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent,
Dans mes vingt ans déserts vous tombez toutes, toutes.
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jeudi, 20 mai 2010
Second Souper de Saturne
Photo de Sara
Il est minuit et vingt-six minutes à Paris. Le second souper de Saturne vient d'avoir lieu.
L'idée des Soupers de Saturne est venue après la lecture de Chez le prophète, de Thomas Mann.
Là, c'était chez votre servante, au fond d'une cour à Duroc. Vincent S avait amené le champagne. Il y avait, donc, Vincent St, Mathieu G, Anne-Claire L, Mathilde M, Jérémie G, Caroline M, Vincent Sc, Alban de Ch et Francis C. Nous lûmes Le Héros, de Gracian, publié aux éditions Le Promeneur.
Le troisième rendez-vous soupatoire des Saturniens aura sans doute lieu en juillet. Nous y lirons sans doute Hildegarde, qui vécut à Bingen...
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mercredi, 19 mai 2010
néerlandisme, par Manuel Gerber
Saviez-vous que le néerlandais était une langue très imagée ? Contrairement au français, dont certains mots sont incompréhensibles si l’on ne connaît ni le latin ni le grec, le néerlandais, quant à lui, préfère souvent décrire ce qu’il désigne. Aujourd’hui, nous verrons quelques termes grammaticaux de cette langue. Ils sont de toute beauté et nous aident à comprendre certaines notions de grammaire. Ce court texte se présentera sous la forme de quatre devinettes traduites littéralement du néerlandais. Les réponses se trouvent à la fin.
Woordenschat van de spraakkunst
Trésor (schat) des mots (woorden) de l’art (kunst) de la parole (spraak)
1. Wat is een zelfstandig naamwoord?
Qu’est-ce qu’(wat is) un (een) mot (woord)-nom (naam) indépendant (zelfstandig)?
2. Wat is een werkwoord?
Qu’est-ce qu’un mot qui travaille (werk)?
3. Wat is een lijdend voorwerp ?
Qu’est-ce qu’un objet (voorwerp) qui souffre (lijdend)?
4. Wat is een meewerkend voorwerp?
Qu’est-ce qu’un objet qui collabore (mee : avec, werkend : qui travaille)? Autrement dit, qu’est-ce qui soutiendra l’objet qui souffre?
Réponses:
Vocabulaire grammatical
1. un nom
2. un verbe
3. un complément d’objet direct
4. un complément d’objet indirect
PS : En voilà deux autres pour le plaisir !
5. Wat is een schildpad ?
Qu’est-ce qu’un crapaud (pad) à carapace (schild)?
6. Wat is een handschoen ?
Qu’est-ce qu’une chaussure (schoen) pour la main (hand)?
Réponses :
5. une tortue
6. un gant
Manuel Gerber, Bruxelles
Photo de Sara
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lundi, 17 mai 2010
La neuvième hérésie
"Toute tentative de s'en sortir apparaît comme une hérésie à ceux qui suivent la religion du désespoir".
Esther Mar, in Chant de poussière
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samedi, 15 mai 2010
Passages volés sur le musicien Verdi
Pont-Hus
Voici deux jolis passages sur Verdi, tirés d'Une histoire de la musique, de Rebatet, publiée par Bouquins-Robert Laffont.
À propos du bal masqué :
"Des fontaines mélodiques jaillissent vers le ciel, se mêlent ou bien se répandent en nappes surabondantes. Et sans jamais cesser d’être voluptueuse, séduisante, cette musique sait exprimer le sarcasme, l’effroi, la douleur, le désespoir".
À propos d'Aïda :
"Et c’est une des idées les plus exquises et les plus poétiques, en même temps qu’un beau dédain pour les effets réputés obligatoires, que la mort amoureuse de Radamès et d’Aïda, ce duo decrescendo jusqu’au pianissimo qui ferme l’œuvre et pose comme une auréole tendrement funèbre au-dessus de ses fastes et de ses fracas.
« Le triomphe mondial d’Aïda porte au pinacle la célébrité de Verdi. Aucun musicien, depuis la Renaissance, n’aura accumulé autant d’honneurs, en les ayant moins recherché. Bien qu’il soit resté de goût simple, sa vie devient seigneuriale.
« Tutto nel mondo è burla ! », tout en ce monde est une blague, phrase du dernier acte de Falstaff, de Verdi".
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mercredi, 12 mai 2010
Un coup de poing
Soutien aux êtres qui pleurent ce soir, seuls dans l'abandon ou ensemble autour d'une misère commune.
Quand la vie bascule, mon amour, mon frère, mes amis, mes pères, un soir un coup de téléphone, un coup au coeur, un coup de poing, un coup de batte de fer, un coup sur la tête,
quand les certitudes et les sécurités se brisent et laissent l'être seul devant le vide du néant, à quoi faut-il se raccrocher pour continuer à être un individu qui se lève au petit matin et sait son nom et marche dans la ville et va vers la mer ? Quand la vie bascule, quelles sont les choses de l'enfance qui peuvent nous garder vivants et capables encore de bonheur ?
C'est la question qui se pose face à un mur, face à une mort, face à un pronostic médical, face à une lettre d'huissier, face à un mandat d'arrêt, face à madame l'horreur.
Il faudrait avoir appris à prier, peut-être ? Tout à une fin, même la souffrance. Amen.
Édith de CL, pendant qu'elles parlent au téléphone
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samedi, 08 mai 2010
"jours étranges"
Mercredi 5 mai 2010
Journal de bord "jours étranges" du site d'Edith de CL
J'ai joué au coup des "dix livres". La question est floue : faut-il faire la liste des dix livres qui m'ont le plus marquée ? Ceux que j'ai préférés ? Ceux que je trouve les meilleurs ? Cela ferait déjà trois listes différentes. La liste idéale, composée en fait des livres que j'aimerais préférer, est facile à établir.
La liste des livres que je préfère est plus difficile. Et qu'est-ce qu'un livre ? Les bandes dessinées Les scorpions du désert, La Ballade de la mer salée et Suite Caraïbéenne, d'Hugo Pratt, font assurément partie des livres que je préfère.
Ma liste idéale - celle des livres que ma tête aime :
L'Iliade et l'Odyssée - Homère
L'œuvre d'Aristote
Le Nouveau Testament - Saint Luc, Saint Marc, Saint Matthieu, Saint Jean, Saint Paul
La saga du roi Arthur -
La Divine Comédie - Dante
Les Mémoires de Saint-Simon
Guerre et paix - Tolstoï
Les Mémoires d'outre-tombe - Chateaubriand
Les fleurs du mal - Baudelaire
Tao te King - Lao Tseu
Ma liste charnelle - celle des livres que mon cœur aime :
Imitation de Jésus Christ - auteur incertain
Andromaque - Racine
Les fleurs du mal - Baudelaire
Guerre et Paix - Tolstoï
Jude Allan - Paul d'Ivoi
Mort à Venise - Thomas Mann
Les sept pilliers de la sagesse - Lawrence d'Arabie
Citadelle - Saint-Exupéry
Grammaire et littérature de la langue aztèque, tome I, la grammaire - Michel Launay
La ballade de la mer salée - Hugo Pratt
Je composerai bientôt la liste des livres qui me paraissent les meilleurs - les mieux écrits, les mieux pensés, les mieux rêvés. La liste des livres que mon âme estime...
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vendredi, 07 mai 2010
La gloire orange et rouge
Un jour, je serai célèbre comme personne n'a été célèbre depuis la nuit des temps.
Alors, la foule des rapaces fouinera pour écrire des biographies qui contribueront à l'histoire. Et que feront-ils, ces chercheurs et journaleux des siècles à venir ? Ils trafiqueront du code. Ils chercheront, avec l'appui des serveurs, moteurs de recherche, hébergeurs, gestionnaires de boites électroniques, à travers la grande toile électronique pour reconstituer tout ce que je n'aurai pas voulu rendre public.
Et cette quête aboutira à l'exhibition de mes plus noirs démons. Car, comme tant d'autres de mes semblables, j'ai suivi le flux et me suis inscrite sur des sites. J'ai usé d'ordinateurs dont les adresses IP ont laissé des empruntes d'autant plus indélébiles qu'elles sont intangibles. Les lettres d'amour et de haine que j'ai envoyé en cliquant à tout de doigts depuis les adresses électroniques que j'ai possédé, ne sont pas perdues. Elles nagent dans les interstices inextinguibles du web et elles seront retrouvées, une par une, et mises en exergue des livres d'histoires donnés aux enfants.
A partir d'aujourd'hui, je cacherai tout. Le moindre mail que j'envoie fera l'objet d'une censure par les gardes du coeur que je paye, trop cher, pour limiter la casse privée. Et mes courriers seront, comme les lettres de Madame de Sévigné, sous le prétexte de l'intime de véritables déploiements de mes pensées publiques.
Internet nous a tous eus. A nous de lui rendre la monnaie de sa pièce frelatée.
Esther Mar
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jeudi, 06 mai 2010
Le dédain sur la bouche
Dédicace d'Alfred de Vigny à l'actrice Marie Dorval, avant leur rencontre,
écrite sur l'exemplaire qu'il lui offrît de son Othello.
Quel fut jadis Shakespeare ? - On ne répondra pas.
Ce livre est à mes yeux l'ombre d'un de ses pas.
Rien de plus. - Je le fis, en cherchant sur sa trace
Quel fantôme il suivait de ceux que l'homme embrasse,
Gloire - fortune - amour - pouvoir ou volupté !
Rien ne trahit son coeur, hormis une beauté
Qui toujours passe en pleurs parmi d'autres figures
Comme un pâle rayon dans les forêts obscures,
Triste, simple et terrible, ainsi que vous passez,
Le dédain sur la bouche et vos grands yeux baissés.
(Cité par Maurice Allem dans sa biographie d'Alfred de Vigny, publiée au sein de la collection "la vie anecdotique et pittoresque des grands écrivains", aux éditions Louis-Michaud)
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mercredi, 05 mai 2010
Vendée, 1794 - Rwanda, 1994
Quand l’étendard sanglant se lève…
Des frères qui tuent leurs congénères à la machette, violent les femmes, embrochent les bébés et les poulets ensemble, avec des baïonnettes, des haches et des mains furieuses : c’est le point commun entre le populicide vendéen et le génocide rwandais. Les guerres civiles sont les plus monstrueuses, et malheur, malheur aux vaincus !
Mais d’où vient qu’un être humain qu’on a aimé au berceau, qu’on a élevé dans une communauté et qu’on énerve soudain par des discours, se change en assassin dès que les lois le lui permettent ?
On dit que l’homme est libre… Ainsi Rousseau disait : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers ». Et quand il n’y est pas, il se débonde jusqu’à ce qu’on l’y remette.
Croire au libre arbitre, c’est considérer comme coupables tous ceux qui, dans les mouvements de foule, assassinent sans se rendre compte de ce qu’ils font. Or, ces coupables forment l’immense foule humaine.
On dit que l’homme est libre… Ainsi Saint-Exupéry disait : « On croit que l’homme est libre. On ne voit pas la corde qui le rattache au puits, qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la terre ».
Et lorsqu’on coupe ce fragile cordon, au nom de l’Idée, d’un homme idéal, la férocité des hommes transforme la terre en carnage.
La liberté est trop belle, trop grande pour la petitesse des hommes. Si vous l’imposez, ils deviendront fous et tomberont dans l’horreur jusqu’à ce que de nouveaux carcans les oppresse et les rassure.
La liberté s’installe dans le cœur des hommes qui les appelle, elle leur offre d’être au dessus de leurs semblables et leur fait payer le lourd tribut de la solitude, cette solitude née de l’animosité des hommes esclaves, ceux qui attachent les bêtes et dressent les enfants parce qu’ils respirent au rythme de la peur.
La liberté est une ascèse. La liberté est une délivrance. La liberté est une crucifixion.
Esther Mar
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mardi, 04 mai 2010
Karamazov-archivage IV
AlmaSoror entame l'archivage de Karamazov, numéro spécimen d'un journal qui a failli exister, dans la décennie 1970.
Mais plutôt que d'être un début, Karamazov fut en fait une fin : la clôture d'une ère de rencontres au fond d'une cour du boulevard du Montparnasse, à Paris. Rencontres où se fermaient les bienpensances du dehors pour allumer les libertés des cerveaux.
Par des matins brisés,
par Anne de La Roche Saint-André
Par des matins brisés
Comme un enfant perdu
Sur les Champs Élysées
Le visage tendu
Je me suis réveillée
Et ce n'était qu'un rêve
Le jour ensoleillé
Le soleil qui se lève
Car au fond de mon âme
Le mal d'être, l'angoisse,
La solitude infâme
Sont des réalités
Que je hais plus que tout
Étant l'éternité.
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lundi, 03 mai 2010
Fin d'un amour, rue de Bourgogne à Paris
Tu lisais trop Vigny et je n'existais plus quand le livre ouvert tu habitais Chatterton. Je te demandais l'heure qu'il était, te proposais de sortir faire une promenade sur le boulevard des Invalides. Tu répondais quelques vers de La mort du loup. Aujourd'hui, notre fils me reproche mon divorce. Il a sans doute raison. J'aurais dû rester et trouver un auteur, un auteur à moi, qui m'aurait fait oublier ton absente présence. Mais, cette égalité dans l'indifférence, l'aurais-tu supportée ?
Hélène Lammermoor
photo volée
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dimanche, 02 mai 2010
La démesure des interstices
Plus personne ne m'aimait. Je n'avais pas vraiment trahi, tout venait d'une immense incompréhension au départ, d'un désaccord originel, tu. Entre les gens et moi un gouffre et je hantais des espaces fermés les uns aux autres. Quand ceux du Nord me virent accoquiné à ceux du Sud et que ceux du Sud comprirent que j'avais connu ceux du Nord, ceux du Sud et ceux du Nord ne me parlèrent plus.
Insidieusement je vis que les portes se fermaient à mon nez sans violence, que les invitations aux dîners et aux fêtes étaient mortes, que mon appartement des toits de Paris où tant de gens avaient bu et mangé restait vide. J'aurais dû, peut-être, prévenir que j'étais un errant, de ceux qui passent partout et ne s'asseoient nulle part. J'aurais dû, peut-être, demander l'autorisation d'être double. Quelque chose de tacite, qui a lieu entre les gens, n'avait pas été respecté et reconnu par mon attitude et je le paye aujourd'hui. Le prix ? Incalculable : la solitude.
Et pourtant je n'ai pas menti. Je n'ai pas trahi. Par naissance ou par caractère, j'étais double, de là bas et d'ici, du Nord et du Sud, de la révolte et de l'autorité, de la ville et des plaines vides, de la haine et de l'amour. Plus personne ne m'aime. Je souris à vos visages dans les albums photos, sur Internet, en buvant du vin blanc comme toujours.
José Vengeance Dos Guerreros
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jeudi, 29 avril 2010
Hétérosapiens ? Amour, sexe, filiation et liberté
J’ai eu une discussion très vive hier avec plusieurs excellents amis qui sont venus me voir à l’hôpital. Nous parlâmes de ce nouveau mot étrange : homoparentalité.
Amour, Sexe, Filiation & Liberté
J’ai eu une discussion très vive hier avec plusieurs excellents amis qui sont venus me voir à l’hôpital. Nous parlâmes de ce nouveau mot étrange : homoparentalité.
Mes amis Sauveur et Tatiana défendent quant à eux les « droits des gays », bien qu’ils ne sont pas concernés par cette « communauté ».
Mon amie Esther est intersexuée (je ne sais pas à quel point) ; elle a cependant un point de vue très traditionaliste, catholique et conservateur – je rappelle qu’intersexué est le mot moderne pour hermaphrodite.
Mon amie Hélène est lesbienne mais déteste toute forme de communautarisme et souhaite une société libérale, sociale, universaliste.
Ils ont poursuivi la dispute jusque tard dans la nuit à l’hôtel Saint-Sylvestre où ils étaient descendus. N’ayant pu participer, j’ai poursuivi ma réflexion seul et je voudrais partager mes interrogations ici.
Un mot de fortune sans grande fortune
Selon l’Association des Parents et Futurs Parents Gays et Lesbiens, l’homoparentalité englobe tous les types de situations dans lesquelles un des parents se dit homosexuel. C’est donc un mot qui ne concerne pas le type de filiation, mais la vie amoureuse des parents.
Si deux parents homosexuels ont eu un enfant ensemble, c’est de l’homoparentalité, bien que la filiation soit hétérosexuelle. Ce type d’homoparentalité est loin d’être nouveau : ce n’est que depuis quelques siècles qu’on tente de marier la vie amoureuse et le mariage. Ce qui est nouveau en revanche, c’est d’imaginer une filiation sans hétérosexualité.
Deux choses m’étonnent. La première, c’est de considérer la parentalité du point de vue de la sexualité et de la vie amoureuse des parents.
La seconde, c’est de penser que le fait d’être un parent qui mène une vie privée homosexuelle tranche plus avec la tradition que, par exemple, les familles recomposées, ou encore la famille nucléaire.
L’hétéroparentalité n’a rien à voir avec l’homosexualité
L’homoparentalité, selon ses promoteurs, c’est le fait d’être homosexuel et parent, quel que soit le type de filiation. Selon cette définition, la vie amoureuse des parents prime pour définir la parentalité plutôt que sur le type de filiation. Or, en quoi la vie amoureuse des parents doit concerner la filiation ?
Et pourquoi ne s’en occuper que dans le cas de l’homoparentalité ? Si un parent couche avec deux partenaires à la fois, il est donc triosexuel. Doit on parler de trioparentalité ?
D’ailleurs, on parle depuis longtemps de monoparentalité : s’agit-il de la solitude du parent ou son asexualité ?
Que fait la sexualité dans la parentalité, quand elle ne fait plus les enfants ?
Je trouverais plus cohérent de parler d’homoparentalité quand la filiation est homoparentale (on escamote un parent biologique pour le remplacer par un parent du même sexe que le premier parent), et d’hétéroparentalité quand les parents sont un homme et une femme, même si ces deux parents vivent chacun en couple homosexuel. En effet, l’enfant a un père, une mère, l’arbre généalogique se fait de la même façon que pour ses ancêtres, dans la continuité. Qu’importent que les parents soient amoureux ou coparents ?
La famille recomposée et l’homofiliation : deux vraies ruptures.
Ce qu’on appelle la « famille recomposée » hétérosexuelle (le fait d’avoir des enfants avec plusieurs partenaires non simultanément) et l’escamotage paternel ou maternel (recours à une banque de sperme ou une mère porteuse) ont en commun de détruire la famille traditionnelle occidentale (un père, une mère et autant que possible des enfants tous de la mère fratrie, un arbre généalogique-type), tandis que l’homosexualité d’un ou des deux parents n’a aucune incidence sur la famille traditionnelle.
La famille recomposée brise beaucoup plus la filiation traditionnelle (fratrie unie, de même origine sociale, au même héritage) que le couple parental formel sans aucune vie amoureuse, où l’enfant est le centre, l’héritier (matériellement et moralement).
Consommation parentale et structure familiale
Si l’on définit la parentalité en fonction de la vie amoureuse parentale, on se base d’un point de vue du parent consommateur. Si l’on définit la parentalité du point de vue de la filiation, on se place du point de vue de la structure familiale, tournée vers l’enfant.
La structure familiale peut laisser libres les choix individuels. L’erreur n’est pas de privilégier une sexualité sur une autre, mais de mettre la vie amoureuse au centre du débat – au lieu de la structure familiale qui entoure l’enfant. Si l’on pouvait revenir à un mode de vie où le couple ne serait pas la structure fondamentale de la société, tant sur le plan économique que psychologique et social, l’homosexualité et tous les autres types de sexualité seraient possibles sans qu’ils interfèrent avec la construction d’une famille. En quoi un homosexuel peut se permettre d’escamoter une mère pour son enfant ? En quoi deux personnes sont obligées d’être amoureuses pour fonder une fratrie ?
Le couple tentaculaire
Ce n’est pas la vie amoureuse qui établissait traditionnellement la filiation, mais la reproduction hétérosexuelle monogame (deux humains de deux sexes différents avaient des enfants ensemble et si possible seulement ensemble).
On a heureusement détruit le modèle unique couple hétérosexuel. Mais pourquoi garder l’idée de couple ? Il semble que le couple s’est incrusté dans tous les cerveaux pour devenir la norme, qu’il soit hétérophile ou homophile. Le couple serait indispensable à une vie adulte heureuse, à l’éducation des enfants, au bon fonctionnement des entreprises. N’est-ce pas aberrant ? Qu’est-ce qu’un couple ? En quoi l’agglutinement financier, amoureux, sexuel et matériel de deux personnes en un foyer serait le fondement de notre société ?
Entériner tout ce qui se vit ?
L’Etat officialise. Que doit-il entériner ? La Vérité révélée ou la structure extérieure de la vie des gens ?
La deuxième solution, pour hypocrite et arbitraire qu’elle soit, est moins totalitaire…
Je reconnais que l’Etat commet une violence quand il refuse d’entériner une situation vécue (refus d’héritage entre homosexuels, par exemple). Mais selon moi il commet une violence aussi grosse quand il entérine toutes les situations vécues puisqu’il est alors omniprésent dans les moindres détails de la vie des gens.
Les mentions Féminin/Masculin, Célibataire/vie maritale/divorcé qu’on nous demande de cocher sur les papiers administratifs publics et privés sont des mentions totalitaires. La plupart du temps, elle ne servent à rien d’autre qu’à cerner le profil de l’individu pour mieux le surveiller.
Souffrance et quête d’acceptation sociale
Les couples homosexuels demandent une reconnaissance sociale, voire une approbation.
Mais si tout le monde la demandait ? Les célibataires ? Les traditionalistes catholiques, souvent tout autant malmenés que les homosexuels ?
Les SadoMasochistes ? Les monosexuels ? Les colocataires élevant ensemble un enfant d'un copain mort ? Les végétariens ? Les mangeurs de viande crue ?
Ne vaudrait-il pas mieux lutter ensemble pour la libéralisation psychologique, affective et sexuelle plutôt que pour un entérinement par l’Etat de toutes les situations vécues ? Ne vaut-il pas mieux diminuer le contrôle social plutôt que de le resserrer ?
Quant au rejet dont certaines communautés sont victimes, il faut le condamner en tant que rejet d’êtres humains libres, non en tant que rejet d’un groupe qui pourrait être représenté en tant que tel dans des instances politiques. Car alors l’individu seul perd de sa valeur et doit se fondre dans un groupe donné pour la retrouver.
La vie sera toujours un combat individuel contre la dictature collective. Si la violence est contrôlable dans une certaine mesure, elle est inéluctable. Vouloir éliminer le problème de la violence sociale, c’est vouloir l’étatiser. On sait ce que ça donne… Les hôpitaux psychiatriques et les prisons deviennent obèses.
Axel Randers, 2006
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lundi, 26 avril 2010
Solstices
"Que nul à la fête de saint Jean ne célèbre les solstices par des danses et des chants diaboliques".
Saint Eloi
VIIème siècle
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