vendredi, 26 mars 2010
Anvioù tud, Anvioù ar merc’hed, Anvioù-lec’h
Il était temps. AlmaSoror n'avait pas encore publié d'article en breton. C'est chose faite. Merci à Emmanuel de Kerdrel pour ce texte qui nous parle des noms et des prénoms en Bretagne.
Un diforc’h bras a zo etre Breizh ha Bro C’hall diwar-benn an dra-mañ. A-benn ar fin, d’am soñj, pa voe embannet al lezenn diwar-benn anvioù ar merc’hed dindan gouarnamant Edith CRESSON, e oa diwezhat evit ar vretoned dre m’hon eus-ni graet dalc’hmat an diforc’h etre anvioù ar baotred hag anvioù ar merc’hed.
Da skouer : an aotroù Mikeal KORNEG a zo dimezet gant Annaig AR GALL. Gant lezenn Cresson e oa posubl kemm an anvioù. Mat e oa. Met e Breizh, dimezet pe get, Mikeal KORNEG a chom Mikeal KORNEG. Ha, dreist-holl, Annaig AR GALL a chom Annaig AR GALL.
Da laret eo e Breizh, ar merc’hed dimezet a vir o anvioù. Hag an dud a lare gwechall :
- Penaos ‘mañ ar bed ganeoc’h Annaig AR GALL ?
Gwir eo, hiziv eo cheñchet an traoù un tammig evel e pep lec’h :
- Demat Annaig.
Ha pa zivize an dud etrezo diwar he fenn, ne fazïent ket : “Annaig AR GALL” an hini e oa, ha n’eo ket “Annaig KORNEG”. Ha memestra eo hiziv, dalc’hmat.
Bez ez eus ivez un dra all, gant anvioù-lec’h e plas anvioù an dud. Da laret : Huberzh AODREN* deus un ti-feurm anvet Kermorvan a zeu da vezañ « Huberzh deus Kermorvan ». Pe Aziliz LOSSOUARN dimezet gant Pêr AR BIHAN deus kêriadenn Kerbrug a zo “Aziliz deus Kerbrug”
Dont a ra soñj din eus ur gentel bennak e Skol-Veur Roazhon II, gant Yann Bêr PIRIOU pe Lukian KERGOAT n’ouzon ket dre just piv e oa, se a oa er bloavezhioù ’90, a gontas deomp kement-mañ : gwechall e veze graet gwernioù al listri gant gwez a gresk e lagennoù ar gwernioù. Cheñch o deus graet anvioù an dud dindan levezon** ar galleg. Evel-se an dud a oa “Gwern” o anv, pe “Ar Wern” pe ”Penwern”…. Ya, gwernioù al listri a dalvez e galleg “Le mat des navires”. Anvioù an dud a oa cheñchet evit dont da vezañ petra …. « Le Mat », « Ar Mat ». Ar ger « mat » a zo e brezhoneg « bon » e galleg, anvioù an dud a voe cheñchet a-nevez e galleg e « Le Bon » dindan levezon ar galleg. Hag ez eus ivez stummoù a-ziforc’h c’hoazh, evel « Guern », « Penguern » distaget <<gwerneu>> pe <<peñ-gwerneu>>…
Er penn kentañ, an dud a oa “Gwern” o anv, da laret eo e galleg “l’Aulne” a zo deuet a-benn ar fin da vezañ anvet gant ar stumm gallek “Le Bon” eta. Ar skouer-mañ a ro mat da gompren ar pezh a zo c’hoarvezhet e Breizh abaoe an Dispac’h bras.
Emmanuel de Kerdrel (13/3/10)
*Aodren a zo ur raganv ar paotred… evel Hoel…
**Michel NICOLAS a oa skrivet ul levr mat-kenañ e galleg, a zo e dalbenn : “Histoire de l’Emsav” a gomze “rouleau compresseur de l’Etat français et de véritable ethnocide”
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jeudi, 25 mars 2010
Sara et les trésors livresques
Il est 22h34 et je reviens des Sables d'Olonne. La mer était bleue, si sage que la tempête récente paraissait impossible. Pourtant, les rochers et la jetée défoncés témoignaient.
Retrouver Paris est toujours difficile : la grande ville fait peur, elle rappelle que le monde tourne comme un bal fou. Sur le site de Livres au trésor, la revue de Bobigny, on peut lire une entrevue avec Sara en regardant certaines de ses images.
Comment est né votre 1 er album, À travers la ville ?
À la réflexion, je crois que À travers la ville est né de ma fascination pour les films muets, pour Huston, Fellini et pour certains auteurs ou films dont les images m'ont éblouie. Le jour où j'ai commencé ces images, je n'avais ni l'intention ni l'idée de faire un album pour la jeunesse. Seulement la nécessité de créer des images. Ce jour-là, il me manquait du matériel pour peindre. J'ai pris ce que j'avais : du papier C anson , du papier recyclé, du papier journal et je les ai déchirés. J'avais besoin de me montrer que les images portent leur sens en elles-mêmes, sans que des mots les accompagnent. Bien sûr, ce sens de l'image est au-delà de sa représentation : l'arrangement des formes, des couleurs, le trait sur la feuille, la façon de déplacer le pinceau parlent. Déchirer, c'est créer une forme aléatoire, un trait incertain, que l'œil termine, finit d'imaginer, se décide à interpréter. C'est comme une écriture.
Un souvenir a guidé cette histoire : celui d'un clochard enchanté par la présence de son chat sur un banc du boulevard Sébastopol, à Paris. J'ai imaginé la rencontre de cet homme avec ce chat. J'ai fait là une sorte de petit film sur papier.
On peut lire la suite ici
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mercredi, 24 mars 2010
Ostende-Biarritz
Quelqu'un m'avait posé les premières questions à Ostende, la ville qui me rappelait la fantastique Ciudad de la bande dessinée Nolimé Tangéré.
Un autre homme m'a posé les deux dernières questions à Biarritz, longtemps après. Mais "longtemps" ne veut rien dire. Dans les deux villes j'ai eu l'impression d'être suspendue entre le rêve et le désir, hors du temps.
Quand on se laisse aller à répondre du coeur, le résultat est surprenant pour soi-même.
Qu'est-ce qui vous révolte le plus au monde ?
La maltraitance des corps ; puis celle des coeurs ; la laideur des choses "fonctionnelles".
Ce qui vous fait frémir pour la génération qui vient... ?
La surpopulation, la surcolonisation de la terre. Le manque d'espace, de culture, d'élégance, de raffinement.
Qu'est-ce qui vous rend le plus heureux dans votre vie ?
La lumière. Le bien-être. la beauté des oeuvres. La cuisine partagée. Un petit resto de temps en temps. La liberté de penser, de vivre, de ressentir. La tranquillité entre deux êtres. Les bonnes nouvelles. La beauté des lieux et des atmosphères. La facilité de la vie. Les projets.
Les choses accomplies qui vous rendent le plus fier... ?
AlmaSoror
Avoir appris des langues rares et avoir compris des choses au Pérou
Connaître et écrire de la poésie
La robe rouge de Dana
Ma prise de conscience sur les animaux
Toutes les chansons que je connais par coeur
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mardi, 23 mars 2010
à Venise après Giorgione Édith et les pigeons
Il fait nuit à l'heure où j'écris et je repense à ce séjour vénitien, dont la photo est issue. Nous avions claqué tout notre argent pour un aller-retour à Venise dans la journée, car il y avait pour la première fois depuis très longtemps tous les tableaux de Giorgione rassemblés. Venise était belle et depuis ce fameux saut de puce de 2003, mon oreille "déconne". Merci, Venise ! Et j'ai ri jaune en lisant la Mort à Venise, de Thomas Mann. Pourtant, je crois que la "maladie" passera un jour, quand je n'aurai plus besoin d'elle - ou, peut-être, quand elle n'aura plus besoin de moi.
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lundi, 22 mars 2010
Tout autour de la tombe
J'aurais mis plus de dix ans à lire intégralement les mémoires de Chateaubriand. Je reproduis quelques passages, où il tourne autour de sa tombe... 3 passages d'outre tombe. (Bien avant lui Eschyle disait... "un viellard est une ombre errante à la clarté du jour").
Il fait un grand soleil d'hiver et je trouve que ce sont les plus beaux. Ils donnent une lumière blanche qui tombe en nappes éclatantes, mais diffuses. Cette lumière m'enthousiasme et lorsqu'elle un vent léger la traverse, alors la vie vaut la peine d'être vécue. Joseph Campbell disait que ce n'est pas "un sens à la vie" que nous cherchons tous, comme des loups affamés. C'est la sensation d'être vivant.
Merci aux froids soleils d'hiver et au vent léger de me donner l'impression éclatante de vivre.
"Cette société, que j'ai remarquée la première dans ma vie, est aussi la première qui ait disparu à mes yeux. J'ai vu la mort entrer sous ce toit de paix et de bénédiction, le rendre peu à peu solitaire, fermer une chambre et puis une autre qui ne se rouvrait plus. J'ai vu ma grand-mère forcée de renoncer à sa quadrille, faute des partners accoutumés; j'ai vu diminuer le nombre de ces constantes amies, jusqu'au jour où mon aïeule tomba la dernière. Elle et sa soeur s'étaient promis de s'entre-appeler aussitôt que l'une aurait devancé l'autre; elles se tinrent parole, et madame de Bedée ne survécut que peu de mois à mademoiselle de Boisteilleul. Je suis peut-être le seul homme au monde qui sache que ces personnes ont existé. Vingt fois, depuis cette époque, j'ai fait la même observation; vingt fois des sociétés se sont formées et dissoutes autour de moi. Cette impossibilité de durée et de longueur dans les liaisons humaines, cet oubli profond qui nous suit, cet invincible silence qui s'empare de notre tombe et s'étend de là sur notre maison, me ramènent sans cesse à la nécessité de l'isolement. Toute main est bonne pour nous donner le verre d'eau dont nous pouvons avoir besoin dans la fièvre de la mort. Ah ! qu'elle ne nous soit pas trop chère ! car comment abandonner sans désespoir la main que l'on a couverte de baisers et que l'on voudrait tenir éternellement sur son coeur ?"
"En ce temps-là, la vieillesse était une dignité; aujourd'hui elle est une charge".
"Toute notre vie se passe à errer autour de notre tombe ; nos diverses maladies sont des souffles qui nous approchent plus ou moins du port. Le premier mort que j'aie vu, était un chanoine de Saint-Malo ; il gisait expiré sur son lit, le visage distors par les dernières convulsions. La mort est belle, elle est notre amie ; néanmoins, nous ne la reconnaissons pas, parce qu'elle se présente à nous masquée et que son masque nous épouvante".
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dimanche, 21 mars 2010
Les "mariages républicains" de Jean-Baptiste Carrier
Qu'y a-t-il de plus émouvant que les massacrés qui n'ont pas passé la porte des livres d'histoire ? Dans les pays de l'Ouest (de la France), la mémoire circule sous le manteau. J'y songe, car j'ai renoncé à lire dans le TGV.
Le train file et les champs cultivés défilent.
Il y a encore des bêtes dans les champs. Mais que cachent les grands bâtiments fermés, hermétiques, là-bas ?
« Pour toutes ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, cest un éternel Treblinka »
Isaac Bashevis Singer, écrivain
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samedi, 20 mars 2010
Djinns illustrés
Les Djinns
Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.
Dieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!
Prophète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!
Ils sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.
Victor Hugo
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jeudi, 18 mars 2010
Sara
(Avertissement : Je me permets de relater ici (plus bas) la rencontre entre Sara et Chateaubriand, parce que j'ai eu le privilège, non pas d'y assister, mais d'en recevoir des poussières de bribes).
Sara écrit pour AlmaSoror.
Elle publie des livres pour enfants en papier déchiré, peint, écrit du théâtre et réalise des films d'animation.
Nous présentons ici les articles et photos qu'elle a publié sur AlmaSoror. Puis nous présentons un éventail de son œuvre.
Enfin, voici le lien vers son propre site : Univers de Sara
Quand Sara a fini de peindre, elle descend par la fenêtre, sous l'œil renversé de Mousse :
Et un jour, à Venise, Sara réfléchissait :
"Ce sont des mémoires d'outre-océan, lui disait-elle.
- Je l'avais deviné à la gravité de votre visage, répondait-il.
Ils se souriaient et se séparaient. Mais ils ne s'oublieraient jamais.
Cela se passait à Venise en deux-mille quelque chose. Il faisait froid. Giorgione était le plus grand des peintres. Et le café, comme le café était bon ! Mais cela, c'est une autre histoire.
Quelques années plus tard, l'été finissait dans une ville qui ressemblait à Panamaribo.
- Sais-tu danser ? Demanda El Diablo à son interlocutrice rêveuse.
- Non, répondit-elle. Sara (car c'était elle) se leva et posa un pourboire sur la table.
Sara longea les bords des maisons en regardant les ombres se balancer sur les feuilles des arbres. Cela lui rappelait l'époque où les jeunes hommes venaient danser sous les fenêtres du palais ressuscité des Doges.
Depuis, Sara a vécu une expérience mystique aux Sables d'Olonne. Un soir, au casino. Elle a rencontré dans les luxueuses toilettes une personne qu'elle avait cru peindre, trente ans auparavant. Aucun mot ne les départagea. Ce fut un duel silencieux.
Pour effacer cette scène étrange de sa mémoire déjà trop tangible, Sara accepta la proposition de Daniel Bireix-Steinman : ils organisèrent une exposition de ses toiles qui devait durer dix ans au Musée des Arts Antiquo-Futuristes de Jei Kan, au pied du mont Fujiyama. Depuis que le Japon est fermé au monde, l'exposition est invisible. Mais nous avons quelques photographies de ces trente toiles qui dorment au Japon depuis maintenant longtemps, trop longtemps.
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mercredi, 17 mars 2010
Mort : l'accepter
Esther va mieux. Elle a un nouvel objectif : déchiffrer le linéaire A. Je lui souhaite bon courage. Ce serait effectivement un grand pas pour l'humanité.
En attendant et avec son autorisation - je me fie à son "oui, tu publieras ce que tu veux de moi et tu ne m'en feras pas part" du mémorable 8 juin 2007, après la messe pour la mémoire du petit Louis XVII et des enfants maltraités, en attendant donc, je recopie quelques phrases d'une lettre reçue à Paris quand j'étais à Biarritz, la semaine dernière.
"Mort : il faut l'accepter.
L'accepter sans regret.
Et pouvoir se dire :
qu'on a amélioré la vie des gens.
qu'on a vibré, chanté, créé de la beauté.
qu'on a cru en Christ.
Qu'on a eu confiance dans la vie et dans la mort".
Voilà. Esther, tu as amélioré ma vie. Merci.
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mardi, 16 mars 2010
SATUMAA Tango finlandais
Lennä laulu sinne missä siintää satumaa
Sinne missä mua oma armain odottaa
Vole, ma chanson, là où brille le pays imaginaire
Là où mon chéri m’attend
Aujourd’hui, je me souviens du voyage en Finlande, pour retrouver Manuel. Il vivait dans un foyer étudiant à la périphérie d'Helsinki et il était le seul parmi les centaines d'étudiants du foyer à apprendre et parler le finnois au quotidien. Il adorait ce pays qu'il découvrait. Toutefois, certaines choses le gênaient, et parmi elles le fait que les Finlandais ne mettent pas de parfum. Manuel, jeune homme élégant qui avait hanté les hauts lieux du Paris nocturne, se mettait trois fois plus de parfum en Finlande qu'à Paris, pour conjurer le sort. Il n'en détonnait que plus.
Un jour, avec un autre ami, nous prîmes le bateau pour aller à Tallin, la très jolie capitale estonienne, qui ressemble à une ville de poupées. Dans le bateau, les Finlandais si sombres et silencieux le jour se mirent à danser. C'était une danse valsante, différente de toutes les valses que j'avais connues. Et Manuel m'expliqua que c'était le tango finlandais. Un tango volé par la Finlande à l'Argentine, un tango devenu nordique. Cette soirée à glisser sur la mer glacée en observant les Finlandais s'ajoute à tous mes autres souvenirs de bateau. J'en parlerai à d'autres moments - pour le moment, voici, proposées par Manuel, les paroles d'un tango finlandais :
"je vous propose de découvrir l’un des tangos finlandais les plus célèbres. Imaginez que l’on y danse sur un rythme lent et avec des pas simples. Les couples s’enlacent sans se regarder. Il faut se laisser envahir par la mélodie et les paroles et oublier qu’il fait froid et sombre l’hiver. Les relations humaines sont difficiles à cette période-là. Le sentiment d’être « prisonnier de la terre » et de porter un lourd fardeau est assez répandu chez nos amis finlandais. Comment peut-on être léger quand le climat est si hostile ? Comment peut-on être de bonne humeur quand il fait nuit toute la journée pendant presque deux mois ?
Je vous laisse donc découvrir cette chanson que j’ai traduite pour vous".
Aavan meren tuolla puolen jossakin on maa
Missä onnen kaukorantaan laine liplattaa
Missä kukat kauneimmat luo aina loistettaan
Siellä huolet huomisen saa jäädä unholaan
Oi jospa kerran sinne satumaahan käydä vois
Niin sieltä koskaan lähtisi en linnun lailla pois
Vanki olen maan
Vain aatoksin mi kauas entää
Sinne käydä saan
Lennä laulu sinne missä siintää satumaa
Sinne missä mua oma armain odottaa
Lennä laulu sinne lailla linnun liitävän
Kerro että aatoksissain on vain yksin hän
Le pays imaginaire
Au large, il existe un pays
Où une vague caresse la lointaine rive du bonheur
Où les plus belles fleurs toujoursgardent leur éclat
Où les soucis du lendemain peuvent rester dans l’oubli
Oh si seulement un jour quelqu’un pouvait aller dans ce pays imaginaire
Alors je ne le quitterais jamais comme un oiseau
Mais sans ailes, je ne peux pas voler
Je suis prisonnier de la terre
C’est à l’aide de mes pensées voyageuses
Que je peux y accéder
Vole, ma chanson, là où brille le pays imaginaire
Là où mon chéri m’attend
Vole, ma chanson, comme un oiseau glissant
Dis-lui qu’il est le seul dans mes pensées
Traduction et présentation de Manuel Gerber
Bruxelles
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lundi, 15 mars 2010
Trois des cinq Russes
Lire le soir avant de dormir : j'ai une maman qui le fait inlassablement. Le soir, elle lit. Ensuite elle dort. Puis, à Insomniapolis, elle lit encore. La nuit, quand une petite lumière brille au fond de la maison, on sait qu'elle lit. Elle lit Thucydide et Jules César. Elle lit Zosime et Sidoine Apollinaire. Elle lit la traduction du Tao de Marc Haven et la traduction de la Bible de Lemaistre de Sacy. Elle lit Stendhal et elle lit
Et elle relit chaque année, les trois tomes des Mémoires d'Outre Tombe de Chateaubriand.
Alors j'essaie de lire aussi le soir, mais j'y arrive moins. Parce que le rêve est trop tentant. Le rêve - ou la rêverie - correspond mieux que ma lecture à mon état intérieur quand le soir a passé et que la nuit commence.
Pourtant, il y a quelques années, j'ai dévoré des livres, soir après soir.
Très bien écrite, Une histoire de la musique, de Rebatet, publiée aux éditions Bouquins-Laffont, fut une de mes lectures au long cours. Je l'ai lu, chapitre après chapitre, soir après soir, et cela m'a pris au moins un an.
Cette histoire présente tendrement le groupe des cinq Russes... Voici un court extrait sur Moussorgski, Balakirev et Borodine.
« A lire les biographies d’au moins trois d’entre eux, on plonge dans le monde de Dostoïevski. Balakirev, qui avait du sang tartare, « avec une tête de Kalmouk, et les yeux aigus, rusés de Lénine » d’après Stravinsky, exerçait son rôle de chef de groupe à la fois en apôtre et en despote. Il régentait non seulement les goûts mais la vie privée de ses disciples. Il aurait voulu qu’ils observassent le célibat et même la chasteté. Pour chacune de ses entreprises, il consultait une sorcière qui lisait son avenir dans un miroir. Athée durant sa jeunesse, mais croyant au diable, il tourna plus tard à une bigoterie burlesque. Il se signait chaque fois qu’il bâillait. Après des périodes de folle activité, consacrées surtout à son enseignement, il tombait dans de noires dépressions où il laissait à vau-l’eau les projets qui l’avaient le plus enflammé. Son travail musical était non moins déséquilibré. Alors qu’il improvisait au piano avec une étincelante facilité, il mit près de vingt ans, après des ratures et des hésitations infinies, pour terminer son Islamey, quinze minutes de musique.
Moussorgski, noble de la meilleure maison, à dix-neuf ans galant lieutenant du régiment le plus chic de la Garde, le Preobajinski, serait un quarante ans un Marmeladov loqueteux, cruellement frappé sans doute par l’échec de ses œuvres, mais ayant consterné ses meilleurs amis par ses inconséquences et son ivrognerie, pour mourir d’alcoolisme et d’épilepsie sur le lit d’un hôpital où l’on tentait de le désintoxiquer. Selon le peintre Répine, l’auteur de son dernier et navrant portrait, il fut foudroyé par une bouteille entière de cognac que lui avait glissé un infirmier trop compatissant.
Borodine, fils naturel d’un prince géorgien, homme charmant, paisible, cultivé, spirituel, ancien médecin et professeur de chimie, sacrifia sa carrière scientifique et sa musique à un altruisme d’une douce extravagance. Son appartement était sans cesse rempli de parents pauvres, de vagues camarades dans la dèche, qui campaient dans tous les coins, y tombaient malades, y devenaient même fous. Le plus souvent, il était impossible de jouer du piano, parce qu’un hôte ronflait à côté et que Borodine ne voulait pas le réveiller. Il passait ses nuits au chevet de sa femme asthmatique. »
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dimanche, 14 mars 2010
malgré l'hiver des sentiments
"Alma soror est un blues d'aventures jusqu'aux villes où on survit malgré l'hiver des sentiments".
C'est Tieri qui a écrit cela sous un billet d'AlmaSoror, il y a quelques jours.
Et cela me rappelle la phrase que Dominique de Roux écrivit à Jean-Edern Hallier :
"je suis chargé de te protéger, toi l'homme des marches forcées vers les villes à prendre".
Ce sont des phrases qui donnent envie d'écrire un livre. Ecrire un livre ! Mais les livres existent-ils toujours ?
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Rappel : Le début du voyage
Je classe et j'archive, je range et je taxinome tout ce qui concerne AlmaSoror. Je fais ça assise, face à l'ordinateur, sans bouger, le dos voûté et les heures harassantes passent sans que je voie le bout de cette longue cyberépreuve. Voici en tout cas le premier texte que Manuel Gerber nous avait proposé, pour annoncer sa série de petits cours sur les langues, qu'il donnait dans le journal d'AlmaSoror alors que celui-ci n'était pas encore un blog, mais un journal en ligne mensuel. Il les écrivait le matin à sa table près de sa fenêtre bruxelloise, le samedi, après avoir donné des cours toute la semaine aux fonctionnaires de l'Union européenne.
Le début du voyage
Cher lecteur, chère lectrice,
L’homme doit communiquer pour vivre, pour exprimer des besoins essentiels, transmettre ses pensées et comprendre celles des autres. Nous appelons langue le système qui permet qu'une communication écrite et orale soit efficace entre plusieurs personnes.
Une langue est donc un ensemble de signes organisés selon une logique commune à tous ses locuteurs, cette logique s’appelle « la grammaire ». C'est elle qui rend compréhensible un message car ses règles organisent les mots entre eux. Le signe ou « le signifiant » constitue la manière dont la personne désigne une réalité « le signifié ». Nous appellerons réalité tout ce qu'une personne désire nommer. Apprendre une langue étrangère, c’est par conséquent apprendre une nouvelle grammaire, d’autres signes et parfois aussi d’autres réalités.
Prenons l'exemple de« lit ». "Lit" est une réalité qui existe presque partout, il est en général plat et utilisé pour dormir. Il sera le signifié. Pour en parler, nous utiliserons des signifiants tels que « lit» en français, « bed » en anglais, « letto » en italien, « sänky » en finnois…
Les langues sont des univers dans lesquels tout un monde grammatical vit et cohabite. Dans la grammaire française, huit sortes de mots se suivent, se remplacent, se déplacent et s’effacent. Ce sont les noms, les verbes, les adjectifs, les pronoms, les articles, les adverbes, les prépositions et les conjonctions
L’objectif de cette rubrique sera de vous montrer la beauté des langues en en comprenant leur fonctionnement. Vous ne saurez certes pas les parler, car les apprendre prend du temps mais vous connaîtrez certains aspects qui leur sont inhérents. Si vous ne trouvez pas ces langues belles, vous les considérerez, nous l’espérons, ludiques.
Les textes que nous vous proposerons seront écrits dans une langue dont nous étudierons la logique. Nous changerons fréquemment de langue et de thème. Les textes seront parfois poétiques, parfois très techniques, parfois aussi tout simplement banals. Ils seront courts et toujours accompagnés d’un lexique et d’un mémento grammatical. En espérant que vous aimerez cette rubrique, nous vous donnons rendez-vous le mois prochain pour cette nouvelle aventure linguistique!
Manuel Gerber, Bruxelles
On peut trouver les minicours de langue de Manuel Gerber en explorant la catégorie "Langues", qui se trouve dans la colonne de gauche de ce blog.
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samedi, 13 mars 2010
Une certaine vision d'AlmaSoror
« Pleine de gratitude pour le jour qui se lève, j'avance à la poursuite de mon destin. Le désir d'aimer monte à mes lèvres, le désir de combattre oriente mes instincts. La mort avec sa faux ne me fait pas peur, elle est ma servante sur mon chemin. Elle m'enseigne à t'aimer avec mon âme, à sourire quand mon corps ne vaut plus rien. Les dieux bienveillants m'ont distribué des dons, je les sème au vent pour les récoltes de demain. Les dieux ennemis m'ont comblée de tares ; j'en ai fait les armes d'un apparat où le mystère point. Toutes les aubes, je renais des cendres de la nuit, l'ardeur m'entraîne à travers les heures ; tous les soirs j'invente une nouvelle liturgie, avec Nyx et Érèbe je danse et meurs».
L'Âme-Soeur nourricière
Libre expression, vastes champs
almasoror.plateforme@gmail.com
Apparu en l'an 2006, au mois de septembre, AlmaSoror est un journal culturel intemporel.
Il ne connait pas l'actualité, parce que le temps lui est inconnu.
"AlmaSoror, je te hais".
Hélène Lammermoor
"On pourrait dire d'Alma Soror que c'est le plus beau journal du monde, au sens où l'entendait Michel Butel quand il sortait L'autre journal, puis Encore pendant la première guerre du golfe, deux aventures journalistiques qui façonnèrent, au fil des années 80 et 90, une idée assez fulgurante de la beauté et de l'attente. Alma Soror est de la même veine : un journal tellement beau qu'on ose à peine y croire, mois après mois. On écarquille les yeux en lisant le sommaire, on se dit qu'elle est folle et puis on lit, on se passionne et on se dit qu'elle a raison d'être folle. Mais la beauté d'AlmaSoror a cet éclat supplémentaire d'être à peu près clandestine".
Tieri Briet
Lire l'article entier de Tieri Briet ici : AlmaSoror, l'âme soeur
"Ces textes sont comme des mains calmes qui me massent les sens".
Le kikliothécaire
"Le journal d'AlmaSoror fut une promesse, il fut longtemps une promesse, il nous a laissé croire qu'un autre monde était possible puisqu'un autre journal existait. Et puis, comme toutes les belles initiatives, celle-ci a vite été récupérée. Edith de CL s'est laissée entraînée par la blogosphère ou par je ne sais quel amas de groupies et s'est mesquinisée, sans s'en rendre compte, sans le vouloir. Elle nous aura au moins permis de croire, un temps, à la possibilité d'une fente".
Katharina Flunch-Barrows
"Ceux qui font AlmaSoror alternent entre des périodes d'exultation et des périodes de léthargie. Ce qui fait que je ne peux m'empêcher d'aller voir régulièrement sur "http://almasoror.hautetfort.com/", s'il y a des nouvelles ambiances qui montent. On s'y baigne et on oublie un peu tout ce qui tourne autour. C'est bien. C'est tout."
Guéric Belanc
"Si le journal d'AlmaSoror est français, il peut publier des articles dans n'importe quelle langue.
Quelquefois, les sciences pures et la pensée philosophique et littéraire s'y côtoient pour pouvoir à nouveau s'épouser, comme aux temps anciens.
Du roman blog émergent des personnages ; des personnages émergent des rencontres : des rencontres émergent des histoires. C'est la nouvelle littérature et elle ressemble à toutes les littératures du monde : épique, tragique, fantastique".
Edith de CL
"L'agence AlmaSoror a peur du noir mais elle entre pourtant dans les ténèbres car la lumière qui en émane illumine".
Axel Randers
"L'âme soeur et la soeur nourricière
AlmaSoror est née en 2006, grâce à une soeur humaine dont le prénom contient le mot "anges", en hommage à une soeur canine dont le prénom contient le mot "ange".
Maison de production indépendante, label de musique indépendant et blog, AlmaSoror s'attache à se détacher du temps administratif, du temps politique, de l'Empire psychologique et social pour entrer dans la Nuit sociétale. Là, émerge une zone imaginaire, où se tissent nos oeuvres.
Une des particularités d'AlmaSoror est d'être imparfait(e) : tout ce qu'AlmaSoror fait est imparfait. Alors, plutôt que de lutter contre les échecs et les ratages, activité qui nous paraissait équivalente à celle de dresser un barrage contre le pacifique, nous nous sommes dit(s) : chevauchons cette imperfection, puisque elle s'ébroue sans cesse entre nos mains et notre esprit. Chevauchons-là sans bride ni selle et voyons où elle nous mène.
Je crois qu'elle nous mènera au pays de crin blanc. Mais ce n'est qu'une supposition. Pour l'instant, nous chevauchons, la peau tendue, les yeux brûlés, les cheveux au vent glacé de l'hiver qui approche".
Présentation d'AlmaSoror, rédigée à Insomniapolis un jour de décembre 2010, par le collectif 127-B "Étoile de mer"
AlmaSoror
Agence de création culturelle
(photo : William Fontaine, par Sara, pour VillaBar)
Vous êtes sur les terres virtuelles d'AlmaSoror.
N'ayez pas peur de lire des choses écrites ici : les fantômes qui les ont écrits sont partis vivre ailleurs des existences qui ne nous enfument plus. Frères et soeurs maudits, ils demeurent nos bien-aimés.
Pour des raisons antispécistes nous ne faisons plus d'alcool de salamandre.
Merci d'être venus.
(Créée en septembre de l'an 2006, l'agence AlmaSoror a peur du noir mais elle entre pourtant dans les ténèbres
car la lumière qui en émane illumine).
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Le travail et la fin des rêves
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