samedi, 06 mars 2010
La vérité d'AlmaSoror
Pourquoi ai-je menti ?
Parce que la réalité n'est jamais assez réaliste. Alors, pour avoir l'air de dire la vérité, il faut bien inventer un monde selon des codes convenus. Mais je suis fatiguée de ce faux jeu de faux-jeton et je voudrais publier les textes de ce blog tels qu'ils furent avant leur censure. C'est ce que je vais tenter de faire.
Sachez que je suis Edith de CL - beaucoup de gens ont cru que le pilier d'AlmaSoror était Axel Randers. C'est un pilier bancal. D'autres imaginaient qu'AlmaSoror était l'oeuvre de David N Steene. C'est un peu vrai. Je ne suis pas complètement seule : des hommes et quelques femmes m'accompagnent. Ils envoient des articles, ou viennent dîner à la maison et écrivent des choses sur mon ordinateur pour AlmaSoror. Puis ils disparaissent durant plusieurs mois et je me sens très seule. La plupart reviennent toujours, quand ils en ont besoin ou envie.
Tout cela pour dire que, depuis qu'AlmaSoror n'est plus un journal mensuel, j'ai dû beaucoup censuré les textes pour que le blog ressemble au journal mensuel. Mais le résultat s'impose : un blog ne pourra jamais ressembler à un journal mensuel. Il faut donc renoncer aux fidélités impossibles.
AlmaSoror a tenté un temps d'être un romanblog. Cette tentative, pour belle et intéressante, n'en fut pas moins une autre illusion, une autre tentative d'échapper à la vérité. Un romanblog ne saurait exister sans personnages et intrigues. il y a autour d'AlmaSoror des personnes, des personnages, mais pas d'intrigues. AlmaSoror ne pouvait pas être un vrai romanblog. Cette idée s'achève sur un constat d'échec.
AlmaSoror n'est pas non plus le journal d'une vie, ni le journal d'une oeuvre, ni le journal d'une pensée. Si j'étais seule, entièrement seule, ce le serait peut-être. Et surtout, si j'avais une vie délimitée, une oeuvre formelle, une pensée claire. Or, ma vie est éparse ; mon oeuvre, informe ; ma pensée, embrouillée. Et les trois entremêlées ressemblent plus à un film hongrois partiellement restauré qu'à un continuum cohérent.
Alors il faut l'avouer sans ambages, sans ombrages et sans colombages. AlmaSoror est un chant. Et je suis l'aède et je suis née dans sept villes différentes. Et je vais dès les prochains jours révéler ce qui aurait dû être dès le début du lancement d'AlmaSoror sur la toile : l'épopée d'un rêve.
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vendredi, 05 mars 2010
Blogalisation du monde

J.G., alias José Vengeance Dos Guerreros, m'écrit ce matin. Son mail est malhreureusement trop truffé d'allusions privées pour que je le publie ici tel quel. J'en extrais donc les passages qui m'ont fait rêver, debout sur la terrasse en regardant le jour se balancer sur les toits.
"Je me pose la question de savoir s'il existe un art blogal. La seule différence entre l'art blogal et l'art pariétal seraient les quelques inventions techniques mises au point par les hommes depuis l'art pariétal. (...) Je crois qu'il existe un nouvel art, l'art blogal et que cet art est gratuit et à portée de tous. Nous rejoignons donc cette époque de la Grèce antique qui précéda l'époque hélénistique, et où il n'y avait pas de professionnalisation de l'art, ni du sport, ni de la musique, ni du théâtre, ni de la philosophie, ni de la politique. Les citoyens grecs étaient tous des amateurs éclairés. (...) Nous allumons Internet d'un clic et un monde s'ouvre. La galaxie blogale est la plus fascinante. Philosophique, photographique, sociétale, je la trouve par-dessus tout littéraire. Et je crois que l'on blogue comme on peint ou l'on écrit. Madame de Sévigné, c'est évident, aurait tenu un blog. Ces blogs qui font notre vie et dont personne ne parle sont l'art qui naît aujourd'hui et qu'on étudiera demain".
Ces réflexions intéressantes me font penser au livre de Clarisse Herrenschmidt, les trois écritures. Professeur extraordinairement passionnante, au rire célèbre, Clarisse nous a pondu une histoire de la pensée humaine qui parvient à relier Sumer et Internet sans nous donner le vertige. Un résumé de son livre se trouve ici.
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jeudi, 04 mars 2010
Viento del Este, la pochette du disque

Ma mère les avait rencontrés dans le métro. Ils jouaient à Bastille. Elle leur a acheté un disque. Elle est revenue et a écouté le disque toute la soirée, toute la semaine. Elle est retournée les voir pour leur demander de faire la musique de son court métrage. Quand il l’ont vue, ils l’ont reconnue et se sont dit qu’elle venait leur rendre le disque, furieuse de ce qu’elle avait entendue. Ils n’en sont pas revenus de sa proposition.
Deux argentins désargentés, l’un à la contrebasse, l’autre à l’accordéon. César et Maurizio Amarante, diablotins en vadrouille. Leur groupe s'appelle : "Radikal Satan".
Et je recopie l’étrange texte qu’ils ont écrit dans la pochette du disque Viento del Este… Un texte écrit dans un pidgin en train de naître.
Le premier opus du disque, En el Quai, est la musique que Radikal Satan a composé pour le film à Quai, de Sara, visible ici. La version du disque diffère de celle du film.
« Au début de l’année ZeroCuarto, después de una vuelta por Buenos Aires, nos encontramos con Christophe en el Palais de la Machine à laver y Voyage-Gira avec les Anacharsis, et après ça, Adrian moviliza el Studioo Mòvil hasta Bordeos et ça enregistra en la Cruz Blanc adurante cuatro o cinco dias con los Glen y fuìmos a buscar un Piano al Hotel de Malika et un Caballo-Farfisa improvisado por Geoffrey y una semana despuès empezamos a grabar en la casa de Eric Martinez, rue du Loup Haché, où il nous a présenté son maître Henri Chopin, et en suite on file à Paris, dans le XIème arr, rue Jules Vallès, a lo de los viejos de Adrian para empezar a mezclar y no terminar, ir a Squatar a la cave de Alternation y no dormir jamais hasta que en un domingo cafard se graba Avant midi en la màquina del Dr Acula con Bastien Rojo à côté, de vuelta à Bordeaux pa’ tocar encore a laCabane en Béton de la Garonne et enregistrar sur une cassette Periférico con Chris et Melo el 11 de Setiembre y algunos dias después, mientras la familia Saboya mangent des sanwiches, con el minidisco de Médhi hicimos Xpress Bontempi en la rue Judaïque para seguir durante des mois et des mois et des mois chez Eric Martinez tratando de ensamblar la saloperie y revenir en arrière y meter intros y sonidos y apareciò Colette Magny et la Fenêtre de Zurich, Thomazin graba en su casa AQuai, on cherche des trucs dans les cassettes de Lanùs del Ano 99, mientras en la escalera de lo de Ana pusimos el cuatro pistes y Marielle se fumò un pétard d’Austin, trois verres d’Absinthe, quelques mates y saliò Excitée, le robamos un pedazo al Tata Cedron y al Gaucho surrealista de Lanùs sus grabaciones andinas intituladas Accidente de Mechon de pelo-Villazòn et on a tracé chez Céline y arrancamos a hacer la pochette/tapa con los souvenirs que trajo David desde la Espanya y una frase de Leopoldo Marechal en el Adàn Buenos-Ayres de Tato Eli jusqu’à samedi soir chez Eric Martinez et lundi on envoie en Tchéquie".
Cesar y Momo Amarante, Contrabajo, accordeon, voces y demàs.
Produit par les potagers nature.
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mercredi, 03 mars 2010
Requiem
Biarritz par la fenêtre me parle de leurs deux vies qui se déploient ici quand je n'y suis pas. Je rencontre le frère que je ne connaissais pas. C'est la première fois que je vis dans un appartment qui ressemble à ceux des bandes dessinées et des films qui se passent à New York. La baie vitrée m'offre les toits et le ciel. Quand tombe la nuit, on se sent espionnée par les avions. Au grand matin le soleil apporte le bonheur du jour et je me dis que les années passent trop vite pour sentir vraiment la vie.
La langue Bo est morte. Pleurons.

Lire l'article sur Survival France
Et merci à Tieri Briet pour la triste information.
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Loups des bois
Esther ne m'écrit plus beaucoup : sa vie ressemble à celle des soldats sans larmes qu'on avait habillés pour un destin moins tragique. Je republie aujourd'hui Loups des bois, qu'elle avait écrit au temps du journal mensuel d'AlmaSoror. Ce poème avait choqué ; j'avais reçu des messages de proches et d'inconnus me disant qu'il ne fallait pas publier des choses pareilles. Ils ne connaissaient pas Esther. Ils ne savaient pas.
A l’orée du bois
Dans un bruissement,
Une divinité m’est apparue, mi loup mi homme.
Je n’ai pu passer sans me dévêtir
Et suis arrivée trop tard pour la noël.
N’allez pas au bois petites filles
N’allez pas au bois ou toutes les aubes vous pleurerez
Le souvenir d’un concert de cris et de caresses.
A l’orée du bois
Au milieu des branches
Une divinité m’est apparue, mi louve, mi femme.
Je n’ai pu passer sans me dévêtir
Et suis arrivée trop tard pour la fête-dieu.
N’allez pas au bois petites filles
N’allez pas au bois ou toutes les nuits vous pleurerez
Le souvenir d’un concert de souffles et de baisers.
Esther Mar
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mardi, 02 mars 2010
Les joies du communisme
Quand Sara voyage à travers la France elle transporte des livres à lire la nuit. Je reçois alors des citations sur mon téléphone. En voici une qui me rappelle la fierté des communistes au lycée Buffon. Ils étaient fiers de ne pas être de droite. Où qu'elle trouve ses raisons, la fierté est toujours pitoyable.
"Des élections libres en Europe orientale donneraient des majorités anti-soviétiques. Nous ne pouvons pas l'accepter".
Staline
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lundi, 01 mars 2010
René Lalou : les témoignages sur la Guerre V
J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946, L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages.
En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".
Le chapitre « les témoignages sur la guerre » est émouvant, guirlande des traumatisés de 14-18 (cette guerre votée par des députés qui ne la firent point, mais continuèrent leur tranquille vie tandis que la jeunesse masculine française était envoyée à la boucherie).
Des soldats revenants, beaucoup écrirent, sans espoir.
La guerre de 14-18 a brisé beaucoup d’œuvres de jeunes écrivains qui commençaient, comme Alain-Fournier et son Grand Meaulnes ; elle a ensuite donné des raisons d’écrire à ceux qui n’en auraient pas eu l’idée sans elle.
V Fin des témoignages des garçons sacrifiés
« Cette guerre a tué le romantisme de la guerre ».
Un moment arriva pourtant où il fut admis par la majorité des éditeurs que le public ne s’intéressait plus aux ouvrages sur la guerre. La riposte fut le prodigieux succès, en 1929, de la traduction du livre de Remarque, À l’Ouest rien de nouveau.
Vers le même temps Norton Cru provoquait un scandale en publiant ses Témoins : les âpres reproches qu’il adressait aux auteurs de livres de guerre étaient souvent justifiés ; mais il méconnaissait le droit qu’a l’artiste de faire des peintures, non des photographies et il refusait d’admettre que le vrai n’est pas toujours vraisemblable. Parmi les livres qui échappaient à ses critiques citons les Carnets d’un fantassin, de Charles Delvert, l’un des défenseurs du fort de Vaux.
Sous le bombardement Delvert écrivait : « cette guerre a tué le romantisme de la guerre ». La phrase pourrait servir d’épitaphe aux trois témoignages parus en 1930 : l’inexorable Ce qui fut sera d’Henri Barbusse, épilogue et synthèse du Feu ; la Peur, de Gabriel Chevallier où l’accumulation des « petits faits vrais », jugés par un disciple de Stendhal, aboutissait au plus cruel réquisitoire ; les tragiques « prises de vue » qui font ressembler le Noir et Or d’André Thérive au film de Pabst, Quatre de l’Infanterie, et laissent la même impression d’une atroce épreuve subie par les hommes mais reniée par l’esprit.
« Le Feu, c’est un beau bouquin. Il est presque vrai. Y a qu’une chose, c’est trop romantique, trop en théâtre » : ainsi parle un des personnages d’Henry Poulaille dans l’hallucinante et minutieuse reconstitution du Pain de Soldat (1937). En nous livrant, la même année, ses Souvenirs de Guerre, le philosophe Alain affirme que ces expériences renforcèrent sa conviction que la tâche la plus urgente était, selon les exemples de Socrate et Descartes, de « massacrer d’abord les lieux communs ».
Assurément tous les anciens combattants n’exprimeraient point aujourd’hui le sentiment d’une gigantesque duperie avec la verdeur rabelaisienne que déploie Jolinon dans Fesse-Mathieu et l’Anonyme (1936). Mais on ne saurait étudier la littérature des années 1920-35 sans tenir compte de ces deux faits : elle est pour la plus grande partie d’hommes qui ont connu les souffrances de la guerre ; l’immense majorité de ces hommes est arrivée tôt ou tard à la conclusion que leurs souffrances auraient pu être évitées et qu’elle n’avaient même pas assuré le triomphe des idées pour lesquelles ils avaient lutté.
René Lalou
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dimanche, 28 février 2010
Mouvement brownien et fonctions harmoniques
Laurent Moonens nous propose un voyage très romantique, aux confins mathématiques, là où se rencontrent les probabilités et l'analyse. Lui-même, pourtant souveraienement serein, s'exclame, bluffé, à la fin de son article : « Finalement, voici presque qu'une expérience de physique nous aiderait à résoudre un problème mathématique ! » Voilà qui nous coupe le souffle !
Mouvement et fonctions (brownien et harmoniques !)
(Cliquez sur le lien ci-dessus pour lire l'article en pédéhaif)
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samedi, 27 février 2010
la phrase qui ouvrit l'année 2010
"Les animaux ont beaucoup de grandeur. Dans leur silence intérieur,
ils sont animés par de grands sentiments".
Sara, Premier janvier 2010
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vendredi, 26 février 2010
In Memoriam Gange
Ma chère Gange est partie en novembre 2002 voir ailleurs si on y était. Pour le dire plus brutalement : novembre 2002 est le mois de sa mort. Dès les jours suivants, on nous demandait : "et vous allez prendre un autre chien ?"
Il y a quelques jours, ce fut le tour de Lune de quitter ce monde, laissant Catherine, son humaine, et Têtue, sa fille, seules face à face dans la douleur partagée. La grande Lune qui hanta l'appartement du 13, boulevard M. quelques jours et qui faisait si peur aux voisins.
Perdre un être cher : qu'il soit homme ou chien, une seule chose change : le regard d'autrui. Le degré de légitimité qu'il accorde à notre peine.
Et c'est au fond assez amusant de savoir que les gens mettent des notes aux tristesses des autres.
"Everybody got this broken feeling
Like their father or their dog just died"
Leonard Cohen in Everybody knows
Mais je sais que nous sommes un poisson
Toi et moi quelque part nous nageons dans l'océan
Tu es je ne sais où, je suis toujours ici
Mais au fond nous sommes un poisson
Ton départ a tout effacé, sauf ta présence.
Tes cendres frémissent dans leur boite,
Sur le piano.
Et je ris lors des grands dîners,
Je ris derrière mon masque.
Car je sais que nous sommes un poisson.
Tu as quitté ton corps,
Dans la mort.
Et j'ai quitté le mien, (l'air de rien)
Pour te suivre.
Voilà comment nous sommes devenues poisson.
Comme toujours, silencieuses,
Et comme toujours, amoureuses
De cet océan seul et immense,
Salé et sans souci
Qui nous noie inlassablement.
Seules certaines musiques
Endiablées mais lentes
Seules quelques musiques
Lancinantes
Laissent le poisson
Coloré
Nager dans l'air chaud du salon
Certains yeux nous voient
Je le vois
Certains yeux nous voient
Faire phe phe phe
Dans les vagues de fumée
Et sans drogue
Soeur de coeur
Sans alcool ni opium
Rien que le souvenir
De ton regard sans fond
Coeur de soeur
Pour rejoindre les fonds
Bas fonds
Tréfonds
De l'océan universel
Dans lequel
Toi et moi,
Le poisson,
Nous nageons.
Oui je sais que nous sommes un poisson
Toi et moi quelque part nous nageons dans le néant
Tu es je ne sais où, je suis je ne sais qui
Et c'est fou, nous sommes un poisson...
Au fond de mes yeux astrologues
Mon amour soeur
De mon ventre océanographe
Mon amour chienne
De mon coeur astrophysicien
Mon amour Gange
Au creux de mes mains géographes
La planète, petite comme une bulle
Ronde comme une pastille dans un tube
Danse
Et l'univers immense et nébuleux
Mène la transe
C'est ainsi que je sais
Que je sens
Que toi que moi que nous
Sommes Une
Nageant
Dans l'océan
Qu'importe que je parle à d'autres gens ?
Que je sois quelque part, à quelque moment ?
Puisque le temps n'est qu'un mirage
Et l'espace invisible...
Si le réel n'est que la vérité,
Nous ne faisons qu'une
Et nous faisons phe phe phe
Ton départ a tout effacé
Sauf mon absence
Et les cendres de mes cigarettes
Près du piano.
Et je ris lors des grands dîners
Je ris derrière mon casque.
Car je crois que nous sommes un poisson.
Certains yeux nous voient
Je le vois
Certains yeux nous voient
Faire phe phe phe
Dans l'écume-fumée.
Edith de Cornulier-Lucinière
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jeudi, 25 février 2010
Fightclub : l'avertissement
Fightclub, quelques mots avant un film
"Si vous lisez ceci, alors cet avertissement est pour vous. Chaque mot que vous lisez de ce texte inutile est une autre seconde perdue dans votre vie. N'avez-vous rien d'autre à faire? Votre vie est-elle si vide que, honnêtement, vous ne puissiez penser à une meilleure manière de passer ces moments? Ou êtes-vous si impressionné par l'autorité que vous donnez votre respect et vouez votre foi à tous ceux qui s'en réclament? Lisez-vous tout ce que vous êtes supposés lire? Pensez-vous tout ce que vous êtes supposés penser? Achetez-vous ce que l'on vous dit d'acheter? Sortez de votre appartement. Allez à la rencontre du sexe opposé. Arrêtez le shopping excessif et la masturbation. Quittez votre travail. Commencez à vous battre. Prouvez que vous êtes en vie. Si vous ne revendiquez pas votre humanité, vous deviendrez une statistique. Vous êtes prévenu..."
FightClub, avertissement au début du DVD
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mercredi, 24 février 2010
René Lalou : les témoignages sur la Guerre IV
J'ai trouvé le tome I de ce livre dans les affaires de mon grand-père. Publiée en 1946, L'histoire de la littérature française et contemporaine (1870 à nos jours) , de René Lalou, comporte d'assez beaux passages.
En voici un, que je recopie à l'usage de ceux qui trouvent amusant de lire un critique du milieu du XXème siècle sur la littérature "contemporaine".
Le chapitre « les témoignages sur la guerre » est émouvant, guirlande des traumatisés de 14-18 (cette guerre votée par des députés qui ne la firent point, mais continuèrent leur tranquille vie tandis que la jeunesse masculine française était envoyée à la boucherie).
Des soldats revenants, beaucoup écrirent, sans espoir.
La guerre de 14-18 a brisé beaucoup d’œuvres de jeunes écrivains qui commençaient, comme Alain-Fournier et son Grand Meaulnes ; elle a ensuite donné des raisons d’écrire à ceux qui n’en auraient pas eu l’idée sans elle.
Les premiers fragments de ce chapitre, publiés sur ce blog :
II Georges Duhamel, la Vie des martyrs
III Roland Dorgelès, les Croix de bois
IV Voix d’hommes meurtris et panorama pêle-mêle d’après-guerre.
… "une attitude originale de l’homme façonné par la guerre".
Après ces œuvres maîtresses, le lecteur accueillant ne refusera pas d’entendre d’autres témoignages. La Flamme au poing d’Henry Malherbe lui apportera les notes d’un combattant cultivé groupées autour de trois thèmes : Souvenir, Amour et Mort.
Dans Nach Paris, Louis Dumur, auparavant connu pour d’amusantes peintures du calvinisme genevois, a dressé un réquisitoire contre les atrocités allemandes.
Jean des Vignes Rouges a voulu, dans André Rieu, officier de France, exposer le point de vue des chefs, tandis que Raymond Lefebvre et Paul Vaillant-Couturier, auteurs de la Guerre des soldats, renchérissaient sur l’antimilitarisme de Barbusse.
Adrien Bertrand, dans les récits et conversations de l’Appel du sol ainsi que dans les dialogues de l’Orage sur le jardin de Candide a livré les confidences d’un agrégé de philosophie, disciple d’Anatole France, qui se sent « une cellule de la nation », entend « l’appel de la terre française » et meurt en héros « pour que la France continue ».
Paul Reboux, dont l’inspiration versatile s’était tournée successivement vers Paris, Naples, la Bretagne et l’Espagne, composa en deux volumes les Drapeaux, œuvre de propagande antimilitariste qui tente d’annexer au roman la science des statistiques : peut-être y apporta-t-il à piper les dès un peu de cette adresse qui le fit baptiser « roman nègre » son Romulus Coucou, dont le héros est un mulâtre.
Dans Indice 33, Alexandre Arnoux a construit un récit dramatique ; sa verve de conteur s’atteste aussi bien dans les histoires militaires du Cabaret que dans La Nuit de Saint-Barnabé, alerte document sur l’imagination des gosses parisiens de 1920.
Marcel Berger, dont l’Homme enchaîné avait traité gauchement mais loyalement un problème complexe, raconta dans Jean Darboise la vie en grisaille des hommes du service auxiliaire ; avec les Dieux tremblent, il essaya de matérialiser la haine vengeresse d’un blessé pour ceux que la tourmente a épargnés mais noya cette idée intéressante sous des péripéties mélodramatiques.
Paul Géraldy avec cet art de ramener tout haut sujet à un dialogue de salon dont ses Noces d’argent font la démonstration, décrivit dans
la Guerre, Madame, une journée à Paris pendant l’automne 1915, suggérant la grandeur des événements, représentant avec une fidèle facilité le snobisme de certains milieux ; il n’épuisa point son sujet puisque Maurice Level put écrire Mado ou la Guerre à Paris, qui tient ce que promet son titre.
On aurait pu attendre de l’expédition à Salonique un renouveau d’orientalisme : À Salonique, sous l’œil des Dieux, de J.-J. Frappa ne nous leurre d’aucun mirage poétique. Quant au passage des Anglo-Saxons en France, Marcel Prévost prit soin qu’il en demeurât au moins un souvenir comique : Mon cher Tommy leur légua une image de jeune fille française à leur usage, en n’omettant point, il est vrai, de leur apprendre qu’en de certaines épreuves « on a besoin de faire appel à toute sa fermeté britannique pour se raidir contre l’arrêt de sa volonté divine ».
Benjamin Vallotton est le créateur de Potterat, commissaire de police en retraite, porte-parole du bon sens vaudois, de sa révolte contre la violation de la neutralité belge et contre la consigne de neutralité suisse. Outre À tâtons, roman sur les aveugles de guerre, il a décrit, dans Ceux de Barivier, l’histoire tragique d’un village savoyard pendant la lutte. On retrouve l’humeur narquoise de Ce qu’en pense Potterat dans son Achille et Cie, satire d’une famille de nouveaux riches installés dans un château historique avec leur singe symbolique. Les ouvrages de Vallotton sont des articles d’exportation.
Il y a dans ces derniers livres beaucoup de littérature, parfois assez inutile. On en rendra donc mieux justice au sobre réalisme du caporal Georges Gaudy dans l’Agonie du Mont-Renaud, au mélange aimable d’humour et d’esprit des Silences du Colonel Bramble, et Discours du Docteur O’Grady par André Maurois, à la verve savoureuse de Pierre Chaine, auteur des Mémoires d’un rat et des Commentaires de Ferdinand, et aux ironiques récits de la vie dans un dépôt que Jean Gaultier-Boissière, l’un des rédacteurs du Crapouillot, a réunis dans Loin de la Rifflette.
Parmi les récits de combattants, signalons encore Ma Pièce de Paul Lintier et Sous Verdun de Maurice Genevoix ; on pourra ajouter, pour les territoriaux, les Pépères la Victoire du critique Jean Valmy-Baysse et l’Héroïque pastorale de Louis Vuillemin, variations d’un musicien au grand air de la guerre.
La vie populaire pendant la guerre a été peinte dans la Maison à l’abri par Marcel Martinet qui est aussi un poète véhément et l’apôtre d’un « art prolétarien » ; les problèmes moraux de l’immédiate après-guerre ont été évoqués avec une rare loyauté par Jean Schlumberger dans le Camarade infidèle. Mais il faut tirer hors de pair cet extraordinaire manuel d’attention morale qu’est le Guerrier appliqué de Jean Paulhan : devant ce livre où le décor de la guerre apparaît renouvelé par une totale absence d’interprétation, par une exacte vision de ce qui fut, non colorée d’enthousiasme ou de découragement, plus d’un lecteur confessera que son esprit, esclave de trop de préoccupations étrangère, a véritablement manqué la guerre et sentira se réveiller en lui la faculté d’observer précise que tous possèdent et que nul n’a su exercer avec cette infaillible maîtrise.
Au surplus, pendant les années qui suivirent, les échos de la guerre n’ont pas cessé de retentir dans la sensibilité contemporaine, témoin le Sel de la terre, de Raymond Escholier, carnet de route féroce et mystique sous la morne lumière de Verdun, ou cet implacable cauchemar,
Ils étaient quatre, d’Henry Poulaille. Avant les reportages romancés et précis des Captifs et des Cœurs purs, Joseph Kessel avait prêté, dans l’Equipage, un intense relief dramatique au roman de l’aviation.
Joseph Jolinon a conduit ainsi un héros qui fut d’abord un jeune athlète à travers l’enfer, évoqué dans l’atmosphère de cauchemar sarcastique du Valet de gloire, jusqu’aux vilenies de l’après-guerre stigmatisées dans la Tête brûlée. Les nouveaux problèmes ont encore inspiré à Léon Bocquet son émouvant Fardeau des jours, reprise de la vie dans un village des Flandres, à André Lamandé la grande fresque des Enfants du siècle et Ton pays sera le mien qui peint avec une généreuse loyauté, dans une demeure familiale du haut Quercy, le poignant débat d’un cœur allemand et de l’esprit français.
Thierry Sandre a été lui aussi marqué par la tourmente : heureux traducteur ou renouveleur d’ouvrages injustement oubliés, éditeur de l’anthologie des écrivains morts à la guerre, il a conté avec une sobre sincérité ses souvenirs de prisonnier dans le Purgatoire. Surtout, il a réussi à démêler et exprimer dans Mienne, confession d’un être en qui les ressorts de la volonté sont brisés, et dans le Chèvrefeuille, douloureux monologues sur la fragilité de l’amour, une attitude originale de l’homme façonné par la guerre.
Les premiers fragments de ce chapitre, publiés sur ce blog :
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mardi, 23 février 2010
Brouillard de mots, dans la brume des maux
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lundi, 22 février 2010
Le Docteur Porstmann, la Reine d'Angleterre et racine carrée de 2
Laurent Moonens descend de son nuage abstrait, charmé par sa récente compréhension du format du papier. Il nous fait partager (mathématiquement quand même) sa récente découverte. Le mathématicien belge en profite abusivement pour blaguer le mariage royal du président français.
Le format A : hommage au docteur Porstmann, à la reine d'Angleterre et à racine carrée de 2
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dimanche, 21 février 2010
Oui !
Dire oui en finnois, par M.G.
Chère lectrice, cher lecteur,
Saviez-vous qu’en finnois il existait différentes manières de dire « oui »? Je ne parle pas ici de transformations dérivées de « oui » et de « non » telles que « ouais » ou «ouaip ». En finnois, il existe des mots vraiment différents. Des « oui » plus ou moins sûrs, des « oui » d’écoute ou de compréhension, des « oui » de surprise ou d’assentiment.
1) L’interlocuteur est sûr de ce qu’il dit. Il reprend seulement le verbe et le conjugue, ou ajoute joo/ kyllä (plus littéraire que joo) en début de phrase
A :Oletko Mika ? (Es-tu Mika ?)
B: Olen. (Je suis)
A) Oletko Mika ?(Es-tu Mika?)
B) Joo, olen. (Oui, je suis)
A) Oletko Mika ? (Es-tu Mika?)
B) Kyllä, olen. (Oui, je suis)
2) L’interlocuteur écoute et le montre en disant ”niin”, sans forcément être d’accord avec ce qu’il entend
A: Mika on mies. (Mika est un homme)
B: Niin. (oui)
A: Marja on näinen. (Marja est une femme)
B: Niin. (oui)
A : Mika ja Marja ovat hyviä ystäviä. (Mika et Marja sont bons amis)
B: Niin. (oui)
3) L’interlocuteur est tout à fait d’accord
A:Mika ja Marja ovat hyviä ystäviä
B: Aivan ! (oui, tout à fait)
4) L’interlocuteur est surpris
A. Mika ja Marja ovat hyviä ystäviä
B. Aivan? (Ah oui ?)
Voilà, pour cette petite explication sur les différentes manières de dire « oui » en finnois. Pouvoir jouer avec ces différents « oui » peut être un véritable régal pour le Français qui ne connaît que oui et si. A bientôt !
Manuel Gerber
Bruxelles
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