samedi, 07 novembre 2009
Les pierres peuvent-elles aimer ?
Dans mes bras j’aurais voulu qu’il se passe autre chose. Dans tes bras j’aurais voulu qu’il se passe quelque chose. J’ai erré seul trop longtemps, peut-être, pour être capable aujourd’hui de vivre autre chose qu’une rencontre fantômatique, trop réelle sur le plan corporel, trop irréelle sur celui du coeur. Mais nous sommes la somme des aléas de nos vies de bêtes de somme et tu es une fleur rouge et belle et blessée comme les femmes qui tiennent debout sans rire et sans pleurer, dans leurs bureaux, leurs métros et leurs maisons qu’elles tiennent au bout de leurs deux bras tendus tels des troncs d’arbre mort.
Dans mes bras j’avais des projets qui n’ont pas eu lieu. Dans tes bras, j’aurais voulu des découvertes que je n’ai pas trouvé. J’ai fermé les serrures trop fort peut-être, de ces endroits de moi où l’enfance avait enfoncé des pieux. Car la jeunesse, deuxième brillance parfois de la vie, a ses fulgurances et ses espoirs, mais elle ne répare pas ce qui eu lieu de prime abord, quand on était trop petit pour décider et pour penser trop loin des grands.
Alors laissons-là notre histoire perdue. L’amour est trop grand pour nos vies ? Celui que nous voulions vivre à deux en tout cas est trop loin de la route où l’on s’est rencontrés. Requiescat in pace. Requiescat.
Et ta question initiale me revient chargé d’un sens plus lours qu’avant : peut-on aimer les pierres ? Est-ce que les pierres aiment ?
David Nathanaël Steene
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vendredi, 06 novembre 2009
amour fantôme de Nadège
Toi dont j’ai vu le visage un jour dans la foule je t’aime depuis, malgré que j’avais baissé les yeux, de peur et de trouble, je te réinvente au fil des jours et j’imagine cette voix qui doit parler quelque part et que je n’ai jamais entendu. T’appelais-tu Karel Hactetsky, comme je l’avais cru deviner ? étais-tu pianiste et franco-slovaque ? Avais-tu connu le train Paris-Belgrade à l’époque où les rails n’avaient pas été refaits ? Ces questions n’ont, au fond, aucune importance. Ce qui compte, c’est que tu reviens me voir dès que je t’appelle, toujours le même, chaque fois différent, et qu’ainsi ton visage, sans que tu le saches, a changé le cours de ma vie. Merci à toi, l’inconnu de l’aéroport de Bâle. Sois heureux dans tes sphères, où et qui que tu sois.
Nadège Steene
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jeudi, 05 novembre 2009
L’enfant au tambour
Sur la route parapapam pam
Petit tambour s’ enva parapam pam
Il sent son cœur qui bat parapam pam
Au rythme de ses pas parapapam pam rapapam pam rapapam pam
Oh petit tambour parapapam pam
Ou vas-tu
Vers mon père parapapam pam
A suivi le tambour parapapam pam
Le tambour de soldat parapqapam pam
Alors je vais au ciel parapapam pam rapapam pam rapapam pam
Car je veux donner pour son retour
Mon tambour
Tous les anges parapapam pam
Ont pris leur beau tambour parapapam pam
Et ont dit à l'enfant parapapam pam
Ton père est de retour parapapam pam rapapam pam rapapam pam
Et l’enfant s’éveille parapapam pam
Sur son tambour rapapam pam rapapam pam
Et l’enfant s’éveille parapapam pam
Sur son tambour rapapam pam rapapam pam
(chanson)
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mercredi, 04 novembre 2009
Vol libre & planantes guitares fjordiennes
Ces derniers temps, je ne m’envole plus sans Terje Rypdal et Heinrich Shütz. Les musiciens rendent les vols très différents. Avec les sept paroles du Christ en Croix, de Shütz, enregistré par l’ensemble Clément Janequin, je plane d’une façon si nouvelle que j’oublie tout quand je redescends.
Les autres vols, ceux qu’accompagnent Odyssée, de Terje Rypdal, sont des vols entièrement planés, d’une planance plus traditionnelle. Les montagnes et le ciel se mélangent et chantent ensemble les vents lointains de Norvège, là où j’irai un jour, en deltaplane, sans m’arrêter, un jour où le vent sera fou et les humains qui surveillent occupés à autre chose.
Bien sûr, mes idéaux chorégraphiques évoluent avec ces deux disques. Odyssée me fait accomplir de lents enchaînement très déployés dans l’espace, avec des tiraillement fébriles aux encoignures des virages. Les sept paroles du Christ en Croix sont plus monumentales et mes figures aussi, plus classiques et très épiques.
Je ne redescends jamais tant que le disque n’a pas fini d’écouler toute sa musique. Je ne parle à personne de ces vols à haute intensité musicale : inutile, les moments forts sont toujours indescriptibles. Je m’interroge sur la sensation : doit-elle prendre toute la place dans ma vie ?
Siobhan Hollow
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mardi, 03 novembre 2009
Valentine Morning, Interview, Part I
Elle nous a reçus dans son loft situé au dernier étage de la Tour des émanations, à reykjavik. Elle a éteint le disque de Nick Cave qui tournait. Elle a ouvert un placard en acajou et a sorti des verres et du porto qui m'a rappelé le porto que j'avais bu chez ma Tante Jannick. Et elle a commencé à raconter sa vie avec ses frères et Edith Morning, après la mort de ses parents, quand la célèbre écrivain les avait recueilli à Montréal. Morning était la seule de Douglas Morning, le père de Valentine.
Nous lui avons posé quelques questions et elle a parlé longtemps. Je l'écoutais et en même temps je regardait derrière le ciel par les baies vitrées, ses nuages en route vers le Nord, sa grisaille venteuse et le haut des autres tours. La ville semblait si loin, en bas.
EN sortant, je crois que ce que nous avait raconté Valentine Morning, avec sa voix de petite fille dans un corps d'adulte et ses mots d'une autre langue, avait fait de nous d'autres personnes que celles qui avaient sonné à sa porte, quelques heures plus tôt.
écoutez Valentine Morning parler de sa tante et des "années Montréal", celles qui ont le plus compté :
Nadège Steene - 13 février 2007
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Occident
Tu viens d’un continent où les gens s’assoient la nuit aux rives des fleuves, et prient et attendent que les ponts s’édifient. Ils prient et attendent.
Je viens d’un continent où chaque homme est armé d’un outil et d’un livre et construit, seconde après seconde, brique après brique. Ils sont debout et ils construisent.
Et nous nous sommes rencontrés sur l’autoroute du soleil, à l’endroit où l’eau vive abrite des diamants. Tu disais des prières et je creusais. Tu disais des prières et je sondais.
Et nous marchons ensemble sur les routes du ciel, et nous parlons nos langues l’un après l’autre. Nos regards se cherchent, nos mains se trouvent. Nos mains se trouvent, nos cœurs se perdent.
Je viens d’un continent où les gens s’assoient la nuit aux rives des fleuves, et prient et attendent que les ponts s’édifient. Tu viens d’un continent où chaque homme est armé d’un outil et d’un livre et construit, seconde après seconde, brique après brique.
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lundi, 02 novembre 2009
Autour des ensembles dénombrables
Chers amis,
relisons cette contribution mathématique de Laurent Moonens, qui parut dans le numéro d'AlmaSoror du mois de mars de l'an 2007.
Vous pouvez télécharger le document pdf sur les ensembles dénombrables en cliquant sur ce lien :
Danse autour des ensembles dénombrables
Pour en apprendre plus sur Laurent Moonens, voici sa page ; et quelques vidéos de lui sont visibles ici.
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dimanche, 01 novembre 2009
dictionnaire de la délivrance psychique
sociologue : nom commun hermaphrodite ; fonctionnaire de la pensée spécialisé dans l’étude de la misère humaine
Sous la direction de Conan Kernoël
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samedi, 31 octobre 2009
La nuit, la guerre
AlmaSoror se désespère quelque fois. Comme lorsque deux personnes qu’elle aime et qui la nourrissent commencent à se haïr. Siobhan et Katharina vous vous déchirez mais nous vous aimons toutes les deux. L’une d’entre vous est belle d’une étrange façon ; l’autre est belle d’une manière bizarre. Etrange Siobhan qui s’envole et ne redescend jamais vraiment des hauteurs où elle flotte sans pesanteur et sans apesanteur, juste entre les lignes invisibles du ciel. Katharina bizarre qui défend des trucs indéfendables et réessaie toujours de devenir autre chose alors qu’on s’était habitué à ce qu’elle venait de devenir.
Et que dire de vos coeurs ? L’une d’entre vous est celle à qui l’on n’ose rien dire parce qu’on ne sait pas ce qu’elle pense. L’autre est celle qu’on appelle à n’importe quelle heure du jour où de la nuit, sans songer au décalage horaire, parce que Paris et Buenos Aires bruissent la nuit et s’aiment depuis longtemps, parce que Insomniapolis est le seul lieu où l’on vit vraiment, parce que les voix n’ont pas besoin d’avion. Siobha, sache que tu es glaciale et attachante. Katharina, insupportable et hilarante, sache que tu sauves quand tu ne raccroches pas pendant trois heures.
Et que dire de vos corps ? L’une d’entre vous est celle qui est noyée sous les pullovers d’un grand frère imaginaire, achetés dans un magasin pour les sportifs adolescents. L’autre est celle qui marche tout en haut, loin de nous, portée par les hauts talons aiguille qui font clac clac et qui respire le rouge à lèvres et le parfum des temps perdus. Siobhan, on devine sous les longs morceaux de toile et de laine que tu as des jambes et des bras et qu’ils sont très blancs. Des tâches de rousseur doivent faire écho aux reflets qu’on voit dans tes cheveux quand tu te penches au bord de la cheminée. J’ai peur que tu aies des cicatrices à cause des chutes lors de tes décollages et atterrissages et à cause de ton bricolage chez toi. Katharina, quel fragrance ce soir ? Tu marches et deux, quatre, sept, dix hommes emboitent le pas pour obtenir un sourire et une prolongation chez toi. Mais tu es habituée et tu marches (clac-clac) et tes bas résille reluisent dans la nuit tandis que ton buste se fait parfois statue parfois roseau et que tu parles avec ta voix de fumeuse à mi temps.
Et que dire de vos vies ? L’une d’entre vous disparait souvent dans sa ville malade où personne ne veut aller et là on devine des magasins où elle achète la base et des grandes promenades solitaires, des copains dont elle ne parle jamais et la même vue, le matin, sur les toits et les champs au loin, en buvant un café trop chaud dans la tasse d’hier. L’autre vit là bas et fait rêver à force d’être si belle, si classe, si loin et si chaleureuse, toujours entourée de monde, d’un monde qui papillonne et qui change et qui importe peu, c’est le décor, or seul le décoeur compte. Le décor des corps tourbillonne et le décoeur du coeur s’alimente de petites excursions dans les rares régions de la vraie amitié. Siobhan, un jour je prendrai le train pour venir voir cette ville “sans rien” que tu décris et qui te fais rire, je boirai dans ta tasse et tu m’apprendras à voler comme les oiseaux, enfin. Katharina, je sais que j’ai promis mais je déteste tant prendre l’avion. Et l’argent ne coule pas à flots, contrairement au vin rouge que tu aimais. Et l’Amérique du Sud m’a laissé des morsures que le sel creuse trop. Mais j’ai promis et un jour je viendrai hanter la calle San Juan d’où tu m’écris des choses parfois gentilles, parfois cruelles, et j’irai prier pour ta conversion à la figure du Christ dans l’église qui t’a vu passer tant de fois en hauts talons et avec des hommes toujours différents, toujours avec le même genre de barbe, toujours tellement inexistents à tes côtés.
AlmaSoror se désespère quelque fois, quand elle se rend compte que ses soeurs nourricières se sont déclarées la guerre. Mais son amour est incorruptible. Ce n’est pas la neutralité suisse, c’est l’incendie intégral pour chacune.
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vendredi, 30 octobre 2009
Les commentaires de Tieri sur le Blog AlmaSoror
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jeudi, 29 octobre 2009
Chez elles (et les archives d’AlmaSoror)
j’y passe des après-midi face à un ordinateur qui vieillit et travaille tout seul à graver des DVD pendant que je lis le livre de la bibliothèque de leur salon, The Story of Film, de Mark Cousins, et que je n’écoute pas Cult, d’Apocalyptica parce que le disque a fini de tourner depuis longtemps et que je n’ai pas le courage d’aller le remettre. Mais surtout je vois par la fenêtre, et cela, c’est si rare dans ma vie. Voir de haut un boulevard sur lequel des voitures et des gens passent, sans cesse, sans arrêt.
D’habitude, du fond d’une cour, je dois réinventer l’extérieur qui me fait cruellement défaut et j’imagine des paysages. Là, j’ai un paysage urbain sous les yeux, dès que je les lève du livre.
Rassasiée par cette journée je rentre chez moi (la cour à traverser !) et je me souviens de quand AlmaSoror, ancien journal mensuel, est devenu blog. Il y eut les premiers posts. Les anciens contributeurs ont voulu continuer, d’autres sont arrivés. Il y eu tous les anciens articles de l’ancien AlmaSoror à republier sur ce blog. Les mélanges de littératures de Sara, les mathématiques de Laurent Moonens, les espagnoleries d’Antonio Zamora, tous les fragments et les hommages que nous avions rédigés, et tant d’autres articles encore. Il fallait des photographies pour illustrer ce blog, que nous avions voulu plus visuel que l’ancien AlmaSoror, et Sara nous a laissé péché dans son stock.
Mais parmi les fleurs, il faut savoir que l’amour est le plus triste ICI avec Carson McCullers. Que l’échec est d’autant plus poignant que le libre-arbitre nous interpelle (malheureux !). Que l’animal nous supplie beaucoup. Que les hommes idéalisent les femmes ( à cause sexe irrévélé des anges). que la Révolution compte ou ne compte pas ses morts chéris et ses morts haïs. Que la féodalité noire et blanche tente d’exprimer ses visions. Que la ville nous perd ; que le rêve nous sauve ; que la folie nous hante ; que le désir nous torture ; que les pères nous impressionnent ; que les questions des amis font divaguer un bon coup ; que les lettres écrites au stylo existent presque encore.
Merci à elles dont j'ai hanté l'appartement. L'une "fait médecine" et l'autre fait l'Europe. Leur lieu sent leur présence. J'ai tenté de ne pas laisser de traces.
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Deltaplane
Je t'aime deltaplane. J'aime ton coeur et tes ailes et ta façon de m'emmener dans le ciel, comme j'en rêvais encore enfant.
J'aime cette idée que c'est toi qui m'emmènera pour le dernier voyage, quand je serai fatiguée. J'aime l'idée que les routes que tu empruntes sont vides, vides de tout sauf d'air. J'aime le fait que tu n'empruntes pas de routes : tu les créees et ton sillage meurt dans l'instant.
Et dans deltaplane il y a delta et il y a plane. La lettre de la liberté et le repos des oiseaux, des méditants et des drogués.
Petite, je rêvais des chevaux sauvages de la Camargue. Et puis j'ai compris qu'il n'y a plus de chevaux sauvages, là-bas. Alors j'ai changé de rêve.
Avant je rêvais que les grands garçons m'emmeneraient sur leurs motos avec leurs casques pour déchirer la ville. Ils ne sont pas venus.
Ensuite j'ai rêvé que les grands filles de l'autre ville m'emmèneraient sur leur planche à voile et que nous traverserions les océans. Elles sont parties sans moi.
Personne ne venait pour m'emmener et les années passaient. Alors j'ai rencontré le deltaplane.
Ne t'impatiente pas, Deltaplane, je sais que tu m'attends.
Nous serons comme vous, grands oiseaux. Amoureux du vol libre, loin des avions et des voitures.
Siobhan Hollow
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mercredi, 28 octobre 2009
Il fallait. Sur un air de Radiohead
Phot. Hôtel d'Angoulême, par Sara
Il fallait.
C'est la phrase que tu as dit lorsque nous l'avons découvert dans cet état.
Et c'est la phrase qui accompagne mes insomnies, depuis.
Il fallait.
Il fallait que la chanson Exit Music enveloppe tout l'immeuble cet après-midi là.
Il fallait que tes mains soient gantées ; il fallait que mes épaules se recroquevillent de froid.
Il fallait que la douche soit grise, il fallait que l'hiver soit dur, il fallait que le vent souffle trop vite sur nos vies.
Il fallait que la voix de cet anglais décadent ait bercé nos amours et nos gestes, il fallait qu'elle accompagne aussi ce moment là.
Et dans son appartement où tout traînait sens dessus dessous, la fin de la chanson nous parlait trop durement.
Mais je l'aimais, et j'espérais qu'elle nous avait aimés.
Edith de CL
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mardi, 27 octobre 2009
Amour trop triste
Tu sais, je n’écris plus jamais de lettres d’amour. C’est trop triste. Nos coeurs battent et crèvent d’aimer et d’être aimer et plus jamais nous ne pouvons croire en vrai à une histoire belle quand nous avons connu la brisure de l’âme. Alors ne m’en veuilles pas si je ne sais pas bien quoi te dire. J’aime que nous soyions proches et que nous soyions ensemble même lorsque nous sommes loin. J’aime l’idée que cela pourrait continuer encore longtemps. J’ai peur quelquefois d’être tout seul au moment de ma mort. Il n’y aurait personne autour et plus tard mon corps ne serait qu’une histoire anonyme et hygiéniste pour ceux qui le retrouveraient. On se dirait alors que c’est bien triste, mais ce qui est triste c’est surtout et plutôt cet amas d’histoires avortées. J’avais lu ce livre d’un libertarien américain, how to disappear completely and never be found, et j’avais pensé à tous ces abandonnés aux peines immenses et béantes à jamais. Moi, je ne disparaitrai jamais sans rien dire. C’est la seule chose que je peux te promettre. Pour le reste, je suis désolé.
Et toi tu veux faire comme dans ce film de Pedro Almodovar, La Ley del deseo - la loi du désir : tu veux écrire une lettre d’amour parfaite et me l’envoyer pour que je la signe et te l’envoie. Et ça te faire rire jaune et ça me fait rire noir et tout est blanc autour de nous. Nous n’avons pas les mêmes histoires passées : nous n’avons pas d’autre solution que d’essayer de partager ce temps qui nous est offert en tâchant de nous comprendre et de nous pardonner.
David Nathanaël Steene
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Requiem La RSA/requiem vendéen
Musique d'édith de CL
Photo de Sara
Vous écoutez une démo de l'introït du Requiem La RSA (vendéen).
Le requiem La RSA (ou requiem vendéen) est brut, et c’est exprès.
C’est comme de la psalmodie très ancienne. On n’a pas encore développé l’art des mélismes, ces syllabes qui, comme la feuille d’automne, tourbillonnent en ondes avant de toucher le sol. Mais l’air est là, il est clair et facile. Le rythme ne passe pas par l’intellect. Un cousin, un fils non musicien peuvent le chanter.
Quant aux paroles, qu’en dire ? Celles de la traditionnelle missa pro defunctis sont intemporelles, comme la vie, comme la mort, comme la foi. Il y a aussi l’ave maris stella, éclos au moyen-âge. La consécration à la Vierge de Saint Louis Marie Grignon de Montfort. Et une belle prière du Frère Christian de Chergé, de Tibhirine.
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