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dimanche, 25 octobre 2009

vers de Jules Laforgue

 

 

scala 21 rochers puis mer.jpg

 

 

 Sous le ciel pluvieux, noyé de brumes sales,
Devant l'océan blême, assis sur un îlot,
Seul, loin de tout, je songe au clapotis du flot
Dans le concert hurlant des mourantes rafales.

Crinière échevelée, ainsi que des cavales,
Les vagues en se tordant arrivent au galop
Et croulent à mes pieds avec de longs sanglots
Qu'emporte la tourmente aux haleines brutales.

Partout le grand ciel gris, le brouillard et la mer,
Rien que l'affolement des vents balayant l'air.
Plus d'heures, plus d'humains, et solitaire, morne,

Je reste là, perdu dans l'horizon lointain
Et songe que l'espace est sans borne, sans borne,
Et que le temps n'aura jamais... jamais de fin.

 

Jules Laforgue 

 

samedi, 24 octobre 2009

Lettre d’un lecteur d'AlmaSoror : Maurice

 

Lettre d’un lecteur, venu à VillaBar... Et la réponse qu'il reçut.

 

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phot Sara

 

 

Chère Édith, qui es-tu ? 
 

Tes articles qui viennent du Newropeans Magazine ne sont pas si anarchistes que cela, pas tous du moins. Et pourtant, oui, quelque chose de toi est libertaire. 
 

Tu fleurtes avec l’antispécisme, peut-être même que tu es complètement dedans. Tu mélanges photographies (pas souvent les tiennes, seulement rarement), peintures, dessins, musiques, textes, et du mets tout cela sur cet « AlmaSoror », qui était d’abord un journal mensuel (auquel j’ai été abonné), gratuit, « intemporel » et tout en gris, noir et blanc avec quelques photos de couleur. Puis ce journal a quelque peu « décrépi » et s’est transformé en blog. Ce blog, devait être temporaire, si j’ai tout bien suivi. Puis il est devenu bien installé, et tout pousse à croire qu’il ne bougera plus : AlmaSoror s’est fait blog et restera blog. Mais le sens de tout cela ? 
 

Sûrement pas la révolte : tu ne la prônes pas tant que cela. Sûrement pas non plus la gloire ou encore l’ambition, encore moins la mode et ses papillonnements, son glamour vite passé.

Alors le sens de tout cela ?

T’exprimer ? Tout porte à croire que tu peux t’exprimer autrement. D’ailleurs, d’autres auteurs agissent sur AlmaSoror, ce mathématicien dont j’ai oublié le nom et qui écris articles et donne des cours vidéo, l’auteur-photographe Sara, dont on peut aller visiter le site en passant par le tien, l’hispanophone Zamora, quelques autres. 

 

Mais ces quelques faits ne répondent pas à ma question : qui es-tu ? 
 

Tu méprises beaucoup de choses de ce monde, n’est-ce pas ?
 

 

Maurice, ex VillaBarien du hasard et lecteur fidèle
 


Réponse

 

Salve, Maurice.


Méprisé-je ? Mépriser, c’est souvent se méprendre et tant qu’à faire des erreurs j’aimerais qu’elles soient plus profondes que le mépris.
Je n’aime pas tout du monde ni ne le hais. Je crois que ta question est plutôt :que fais-tu ? puisque tu t’interroges sur le sens d’AlmaSoror.
Eh bien, AlmaSoror a plusieurs sens, et ses directions se culbutent parfois en un carrefour qui se prend pour l’horizon.
Ce que je suis, n’a pas tant d’importance, comme tu le rappelles, AlmaSoror n’est pas que moi et n’existerait pas sans d’autres gens (à commencer par ses lecteurs, dont les visites appellent les nouveaux articles).
Ce que je fais, alors pourrait avoir plus de sens. Je ne fais que ce que je peux. J’essaie d’ouvrir les bras pour prendre le monde et me retrouve par terre, le nez en sang. C’est une belle allégorie de ce qu’est AlmaSoror.

Le mot anarchie est trop politique pour cette tentative, cet espoir, cette fugue qu’est AlmaSoror. Il faudrait plutôt parler, simplement, de liberté. AlmaSoror est une prise de liberté.

Le mot antispécisme est trop politique pour cet amour transanimal que j’invoque et que tu évoques. Les animaux sont mes frères et sœurs. Il faudrait plutôt parler, simplement, de fraternité. La grande fraternité transrêve, transsexuelle, transsanimale, transsibérienne. La grande fraternité transie par les gens qui ne rêvent plus. 

édith 

 

vendredi, 23 octobre 2009

Lancement de la rubrique Vol Libre : hymnes au deltaplane


Nous créons la rubrique deltaplane puisque après Laurent Moonens et ses mathématiques pétillantes et réflexives, après Sara et ses mélanges de littératures, après Axel Randers et ses maladives saines révoltes, après tant d’autres qu’on retrouve dans ce dédale flou de pages virtuelles, Siobhan H accepte de nous rejoindre et de cracher des mots sur la seule activité qui remplit son coeur de joie : le vol libre en deltaplane. 

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Oui, d’accord, je vais envoyer des posts sur le deltaplane pour le blog AlmaSoror. Vous pourrez mettre mon nom, pas ma photo. Oui, je t’emmenerai un jour en vrai, mais pour l’instant je t’emmène en littérature, à travers mes vols si libres que j’en oublie mon nom, mon sexe et mon vrai métier.

Oui j’aime cette idée de littérature du ciel. Il y a eu bien sûr Saint Exupéry et son vol de nuit, Saint-Exupéry et son Courrier Sud, Saint-Exupéry et son petit prince (mais là, c’était un littérature de la panne, pas du vol), et il y a eu un peu Kessel qui racontait l’histoire de Jean Mermoz qu’on a lus toutes les deux. Mais maintenant dans AlmaSoror il y aura de la littérature deltaplanique, deltaplanesque, deltaplanante. Surtout deltaplanante. Et je voudrais aussi qu’on fasse de la musique deltaplanante, comme certains font de la musique surf. Et tout cela doit rester libre et aléatoire, comme les vols du samedi après-midi, par tous les temps et par toutes les saisons. 
 

Tu en auras au moins un tout les quinze jours, un post, et je te l’enverrai par mail comme celui-là, si tu dis oui.

Je ne parlerai pas tout de suite de l’Irlande, mais ça reviendra, parce que ça revient toujours en plein vol, en pleine figure. 
 

Tu auras bien sûr à lire des choses dont on a déjà parlé, avec des noms qu’on connaissait toutes les deux ou qu’on s’est fait connaître, comme Terje Rypdal et Heinrich Schütz, Nils Petter Molvaer (Alone in the bathtub) et Jodi Cobb, le souvenir d’une peinture d’Alain Gauthier exposée il y a quelques années à la galerie l'Art à la page, rue Amelot, et l’avenir des peintures à venir, puisqu’il reste des pinceaux dans les ateliers des copains.

Mais surtout tu entendras parler de la littérature gaélique, parce que ses mots m’emportent autant que la voile et le delta. 
 


Je te parlerai de danse puisque les hommes-oiseaux dansent dans l’air et créent des chorégraphies infilmables, pourtant inoubliables. Tu auras des vols de l’aube et des vols nocturnes, des vols d’hier et des vols pas encore osés, des vols d’hiver et de printemps. 
 

Le souvenir des enfants et de la Saint-Patrick, du premier séjour en Bretagne. Mais la seule chose dont je ne parlerai pas, c’est du premier vol long en solitaire. Cela ne concerne que moi et chacun comprendra. 


S.H.

jeudi, 22 octobre 2009

Bolzano et le théorème des valeurs intermédiaires

 

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Île d'Hoedic - Agnès Adélaïde Kakaruka-Kakahiaka 

 

 

Chers amis,

 

C'était une des premières contributions du mathématicien Laurent Moonens à AlmaSoror, elle date de 2006 et s'intitule : Bolzano et le théorème des valeurs intermédiaires. Voici le document pdf que vous pouvez télécharger en cliquant sur ce lien :

Bolzano et son théorème valeureusement intermédiaire

 

 

Pour en apprendre plus sur Laurent Moonens, voici sa page ; et quelques vidéos de lui sont visibles ici.

Réponse à Katharina

 

 

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Katharina chérie, c’est parce que ça fait quelques semaines que les effets de mes soirs d’exil intérieur de ces longs derniers mois se font sentir : j’écoute Exit Music (Radiohead), Into my arms et Weeping song (Nick Cave & the Bad Seeds), et je danse. Alors que la journée, en général, j’ai écouté les disques de l’année liturgique en chant grégorien, enregistrés par la schola Bellarmina de l’abbé Lorber. 
 

Au début, je ne sentais pas les effets. Peu à peu, j’ai compris que mon inconscient libérait des blocs de béton qui étaient enfermés là depuis trop longtemps. Ils ont coulé et sont redevenus sable et se sont écoulés partout, notamment sur ce blog que je te remercie de suivre assidûment. 
 

Et il y a eu ce pouilly fumé lors des déjeuners de la SGDL, à l’hôtel de Massa. Et il y a eu ces souvenirs réémergés au cours d’une danse avec quatre inconnus dans au fond d’un hôtel du quartier Saint Roch, à Paris. Et tout cela fait exploser les barrières dont j’ignorais l’existence, et toi même j’aurais tellement de choses à te dire. Mais ce sera quand tu reviendras. Depuis quand ne nous sommes-nous pas serrées dans les bras ? Tu m’as soutenue, défendue, aidée et aimée dans un moment où j’avais justement besoin de cela, et je ne l’oublierai jamais.
Pour toi Katharina, mille baisers de cette nuit parisienne qui commence et que je vais peut-être passer à Insomniapolis.
Merci et tendrement,

édith 

 

mercredi, 21 octobre 2009

Katharina hors les murs, hors d'elle, hors la loi d'AlmaSoror

 

 

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(...) Mon père me le disait lors des crises de mon demi-frère. “La rupture n’est jamais totale”. Mais cette fois édith tu pètes un énorme cable et c’est aux amis de te le dire franchement. 
 

Cette histoire de Hugues, où vas-tu ? Que fais-tu ? Dans quel monde vis-tu ? Toi qui étais si concrète dans ton imaginaire, j’ai l’impression depuis quelques semaines que ça fait quelques mois que tu dérapes. Qu’est-ce qui se passe ? 
 

Hugues : ah bon ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui te manque ? Est-ce un souvenir perdu d’adolescence qui te hantes ? Est-ce un changement d’orientation radical ? Est-ce une nouvelle façon de créer de la matière artistique ? J’aime bien tes délires mais je souhaite pouvoir continuer à les comprendre, sans ressentir des chocs trop grands à des milliers de kilomètres, dans l’appartement de Calle San Juan. La iglesia San Juan de Bautista me rappelle des conversations au cours desquelles je défendais les Lumières et la lumière intellectuelle et tu me répondais que de même que la lumière n’existais pas sans ombre les Lumières n’auraient pas existé sans les ténèbres d’autres esprits. A quoi servit cette conversation ? A rien ? A se disputer et à se réconcilier ? A préfigurer d’autres incompréhensions encore plus grandes à venir ? (...)
 

Katharina Flunch Barrows

 

mardi, 20 octobre 2009

Rock antispéciste

3 contributions animales et musicales. 

 

visuel_tribunal animal.jpg

 

 

Le rock est une musique qui a jailli d'un coup et l'antispécisme est une pensée qui montera peu à peu. Le rock s'est explosé et il faut faire sa généalogie pour pouvoir en comprendre l'essence. Ce sera sans doute pareil pour l'antispécisme. 
Je ne sais pas si les deux musiques présentées ici entrent dans la catégorie rock, mais comme j'aime ce mot, je les intègre. S'agissant de Robert Wyatt, il a quand même beaucoup du rocker. Pour Tribunal Animal, c'est beaucoup moins certain.
 

Mais ces deux musiques sont des témoignages de guerre et de torture. Ou bien ce sont des messes.
Robert Wyatt a composé une oeuvre autour de l'expérimentation animale. L'album de Tribunal animal tourne beaucoup autour des processus qui entourent l'alimentation carnée. 
 

Les deux pochettes sont sublimes et sans fard. Le singe de The animal film et la vache de Tribunal animal ornent ces pochettes et nous ne pouvons plus ignorer que l'animal a un visage. Chaque animal a un visage, un coeur une âme, des amours, des souffrances. 
 

Dire "ils ne ressentent pas", c'est fermer la porte de notre propre conscience ; c'est jeter dans dans la poubelle d'un parking de supermarché les clefs de notre sensibilité. 
 

Les bébés ne ressentaient pas la souffrance, jusque dans les années 80 : seule l'hystérie des mères leur faisaient croire que leur bébé opéré à vif souffrait "comme nous". 
 

Et si, les bébés qu'on opérait à vif souffraient comme nous. 
 

Et tous les animaux abattus, opérés, "expérimentés", souffrent comme nous. 


Les repentances viennent toujours trop tard. Les médailles ne relèvent pas les millions de visages humains et animaux, sacrifiés à l'autel de la consommation et de la guerre, ces visages originaux, ces visages uniques qui se sont tordus en un même rictus d'horreur au moment de mourir.

Mais les musiques éveillent les sens, les coeurs, les âmes des consommateurs et des soldats "qu'on avait habillés pour un autre destin". 
 

The animal film de Robert Wyatt et Tribunal animal de Tribunal Animal sont les oeuvres-mères. Elles ont tiré du néant la future immense et intarissable musique antispéciste. 

 

Wyatt-animal_big.jpg

Et demain sera bien : les artistes écarquilleront les yeux en cherchant en vain chez leurs aînés les traces d'une sensibilité qui leur paraîtra si évidente. 
Mais c'est un triste fait : l'homme branché du début du XXème siècle pavanait avec des idéologies que l'homme branché du début du XXIème siècle récuse haut et fort. Mais celui ci pavane avec des idéologies dont il ignore que les hommes branchés de demain les récuseront haut et fort.
Le long et obscur travail de la militance est ardu et cruel ; il ne rapportera rien à celui qui le fait ; il sera forcément récupéré un jour. Mais il est essentiel. 
Chaque animal a toujours eu un visage unique depuis la nuit des temps. Mais notre regard utilitaire ne l'a pas encore remarqué. Nous voyons les visages de ceux que nous n'exploitons pas. Si nous voyions les visages de ceux que nous exploitions, "que nous resterait-il donc pour nous sauver du désespoir ?"

 


Après une pause de quelques semaines, je reviens à cet article :

 

Une troisième contribution animale et musicale, découverte ce soir, mardi dix-sept novembre de l'an MMIX : The Red Paintings. The Red Paintings ont écrit la chanson du film des défenseurs de baleines qui agissent autour de Paul Watson, en mer du Japon. 

 

Leur texte de présentation :
 

IS THE REVOLUTION COMING? (la révolution est-elle entrain d'arriver ?)

 

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"What do we love? SAVING ANIMALS from the animal holocaust, supplying canvases and paints and having people paint to the music. Oh, and hamsters, mermaids, alien fetuses, the Virgin Mary, green coats, kimonos, UFO's, Medusa, The Sea Shepherd and the list goes on..."

De la tournée The Animal Rebellion (la révolte animale), écoutez les titres We belong to the sea et Feed the Wolf. La chanson écrite en collaboration avec Paul Watson et les sauveurs de baleines du Sea Shepherd s'appelle Whales are dying (les baleines meurent).

Trash McSweeney dirige ce groupe musical antispéciste et fait appel à des peintres et autres artistes pour donner à ses concerts un multiexpressivité artistique passionnante. 

 

édith de CL

 

Liens :

Robert Wyatt 

Tribunal animal

The Red Paintings

Une marche humaine (sur animauzine)

One Voice

L214

 

lundi, 19 octobre 2009

De la supériorité des bassonistes

 

La ballade de VillaBar, c'est l'histoire des personnages nés au bar du Piston Pélican, en 2007, le dimanche soir quand on se retrouvait, photographes, écrivains, acteurs et piliers de bars, pour inventer ensemble. Les soirées n'ont plus lieu, mais les personnages poursuivent leur vie. Car la réalité s'est fait dépasser par la fiction de VillaBar. Et le monde de VillaBar est devenu plus vrai que nous. 

 

Monologue rageur de Solveig Bassone

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Phot Isabelle Ferrier

Je hais les trompettistes. Comme tous les bassonistes, j’éprouve un profond mépris pour les gens qui s’imaginent faire de la musique en soufflotant dans des demitubes qu’ils prennent pour des instruments à vent.
Miles Yufitran obtient de grands succès auprès d’une population grande en nombre et petite en intelligence mélomane. Hélas. Mais comment pourrais-je l’envier ? J’ai la chance d’être adepte d’un instrument exceptionnel, qui façonne le caractère, le corps et la mélomanie, année après année, répétition après répétition.
Miles Yufitran et moi sommes invités à jouer ensemble dans le même orchestre au mois de ventôse. J’hésite. Puis-je m’abaisser à cela ?Je crois que oui : c’est ainsi que je mettrai en avant la splendeur du basson et le ridicule des trompettes, saxophones et autres clarinettes. Et puis, cette carrière de soliste tourne en rond.

dimanche, 18 octobre 2009

Lubitel Tszalaï

De mère bordure et de père canadien, Valentine Morning a grandi dans ces deux langues ; mais, à la mort de ses parents, elle décide de se remémorer, jour après jour, les histoires, chansons et expressions bordures, parce qu'elle sait - sa mère le lui a répété toute son enfance - que cette langue est en voie de disparition. Elle et son frère jumeau chantent tous les jours à leur petit frère Archibald des chants bordures du répertoire maternel, et ce n'est que plus tard, à l'adolescence, qu'elle décide de suivre les conseils de sa tante, l'écrivain Edith Morning, qui a recueilli les trois enfants : écrire & créer en langue bordure. 


A l'ombre de sa célèbre tante, Valentine Morning créée son univers dans la mémoire religieuse de sa mère et d'une enfance coupée en deux par le drame de la perte de ses parents, et dans la persévérance de ceux qui savent que leur oeuvre ne peut toucher les frénétiques qui les entourent, mais ne sera pas avalée par le temps comme tant d'oeuvres qui révoltent un succès temporel.  
 

Lubitel Tszalaï parle de ce lubitel qui avait appartenu à sa mère et avec lequel toutes les photographies qui lui restent de son enfance ont été faites. Ce lubitel, qui appartient aujourd'hui à son frère Seymour Morning, jumeau tendrement chéri, est l'un des trésors d'un monde perdu que les trois enfants se sont partagés pour emmener dans la vie, et se consoler quand le regard des autres s'éteint et qu'on peut ressortir ses trésors abîmés. 

 

Nous vous proposons d'écouter la chanson Lubitel Tszalaï, extraite de l'album Tovaritch-Bokop in Québec :

 

podcast

 

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phot "Bastia de nuit" par Sara

 

 

samedi, 17 octobre 2009

Les yeux bouffis de ciel

 

La ballade de VillaBar, c'est l'histoire des personnages nés au bar du Piston Pélican, en 2007, le dimanche soir quand on se retrouvait, photographes, écrivains, acteurs et piliers de bars, pour inventer ensemble. Les soirées n'ont plus lieu, mais les personnages poursuivent leur vie. Car la réalité s'est fait dépasser par la fiction de VillaBar. Et le monde de VillaBar est devenu plus vrai que nous. 

 

 

Complainte larmoyée de Miles Yufitran

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phot Karim-Pierre Maalej

 

Ma trompette fait la gueule. Alors je la laisse tomber et je bois. C’est dur d’être un musicien. On est des poètes du sable, à la moindre vague notre œuvre est détruite, effacée à jamais. On balance du vent dans les oreilles des gens et ils nous remercient en ne comprenant pas le fond de notre âme. On zone, on boit, on crève jusqu’à l’aube, et on se réveille avec une mélodie qui pince le cœur. Alors on attrape la trompette, on souffle nos douleurs dedans et ya un voisin qui crie : «Ta gueule ! »
Mais on continue quand même.
La rue est belle, les poubelles aussi sont belles, tout peut être beau quand on a les yeux remplis de ciel. Ma musique, mon amour, tu m’entraînes loin des hommes, alors parfois je te hais. Puis je me souviens que si tu m’entraînes si loin des hommes, c’est pour m’emmener plus près des étoiles.

vendredi, 16 octobre 2009

Le temps des visages - extrait

Extrait de la série "Le temps des visages"

jeudi, 15 octobre 2009

So we’ll go no more a-roving

 

Derrière un pilier.jpg

 

So we’ll go no more a-roving
So late into the night,
Though the heart be still as loving,
And the moon be still as bright.
For the sword outwears its sheath,
And the soul outwears the breast,
And the heart must pause to breathe,
And love itself have rest.
Though the night was made for loving,
And the day returns too soon,
Yet we’ll go no more a-roving
By the light of the moon.

 

Lord Byron

 

mercredi, 14 octobre 2009

Toutes mes histoires d'amour ratées

 

luco tennis.jpg

podcast
musique : édith de CL
piano : Luke Gohst
photo : Sara

 

 

No man's land

 

Gilles Magniont.jpg
phot Sara

 

 

Nous n'osons plus penser. Les barrières de mots nous contiennent dans la zone de non dits. Nous n'osons plus rêver. Car nos rêves ressembleraient trop aux royaumes interdits. Nous n'osons plus vivre : car la vie ressemble à ce feu qui nous est interdit. Nous n'osons plus chanter. Nos voix pourraient trahir nos désirs endormis. Nous n'osons plus pleurer : quelles larmes pourraient couler sans éroder les frontières de la morale proclamée ? Et la vie est administrative. Et la vie est scientifique. Réaliste, nous sommes le flot d'êtres qu'elle entraîne vers le bout du tunnel. 

Et toi, qui regardais d'un air différent quand les boites de nos vies se sont croisées, toi qui a levé le doigt, toi qui portais une bague, une chaîne et un long manteau noir... Toi dont la barbe paraissait fragile, toi dont les yeux semblaient noyés, où cours-tu ? Maintenant que le flot a changé de latitude, que les longitudes se sont mélangées, que les contremaîtres de la grande marche des hommes sont morts, où cours-tu ?

 

Des milliers d'être à peine entrevus essaient de se rencontrer à nouveau dans le flot qui se désordonne. Le tunnel est malade ; ses canalisations fuient. C'était la nuit affective dans le gros flot de boites. Ce sera la nuit financière et nous nous chercherons pour nous aimer.

 

Deux femmes se tenaient par la main. Les voilà figées dans leur posture mortuaire. Elles s'étaient révoltées trop tôt. Elles furent des modèles proscrits. Elles méritaient cette épitaphe sur mon bras.  

 

Et nous errons à la recherche de nos coeurs, qui ne résonnaient plus depuis si longtemps. Chacun essaie de récupérer le sien, car les contremaîtres de la grande marche des hommes n'existent plus.  Il n'y a plus d'administration. Il n'y a plus de noms. Il n'y a plus de flot cohérent. Chaque bête sauvage cherche son coeur. 

 

 

édith de CL

Guibert de Nogent et la dépravation des femmes

Nous sommes vers l'an 1100 (excusez mon inexactitude : à l'époque, je mangeais à la table des anges). 
 

Guibert de Nogent, désabusé, profondément inquiet, écrit sur les nouvelles manières des femmes. C'était environ 800 ans avant Hollywood.

 

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phot. "Une dépravée aux Sables d'Olonne", par Sara

 

 

"Hélas, la modestie et l'honneur virginaux ont été misérablement délaissés, et l'autorité maternelle affaiblie à la fois en apparence et en fait, si bien que toute leur conduite ne révèle qu'une gaieté indécente, qui ne fait entendre que des moqueries, accompagnées de clins d'yeux et des langues qui caquettent, une démarche sans retenue, et des façons tout à fait ridicules. La qualité de leurs vêtements les éloigne tant de la réserve d'autrefois que dans l'élargissement de leurs manches, le resserrement de leurs corsages, leurs souliers en maroquin de Cordoue à pointe retroussée - bref, toute leur personne ignore la honte. Chacune croit avoir atteint le plus bas échelon de l'infortune si elle est privée d'hommages amoureux et mesure la splendeur de sa noblesse ou de son élégance au nombre croissant de tels prétendants... C'est de cette façon que nos temps modernes se corrompent."
 

Cité ( et traduit de l'ancien français) par Joan Evans, in La civilisation en France au Moyen Âge, Payot, Paris, 1930. 80 gravures.