jeudi, 23 août 2012
L'ultime beauté du jour : persienne
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mercredi, 22 août 2012
Florent Schmitt, l'éclat de votre musique nous fascine...
Un hommage à Florent Schmitt,
par Hélène Lammermoor,
Chagrin de mélomane, par H.B
De Lorraine et de France, Florent Schmitt est aujourd'hui bien boudé. En quelques mois, grâce à un professeur de musique mélomane bien intentionné, le lycée de Saint-Cloud a perdu son nom de lycée Florent Schmitt pour s'appeler désormais lycée Alexandre Dumas. Presque rien n'a eu lieu pour le cinquantenaire de sa mort, et une bonne partie de ses oeuvres n'est pas enregistrée. Pourtant, n'est-ce pas un des plus grands musiciens du XX°siècle ? Si, bien sûr ! Et cela éclatera comme une évidence... Un jour, pour toujours.
Florent Schmitt, les amoureux de la musique ne t'oublient pas. Même ils t'aiment et te soutiennent dans cette traversée du désert post-mortem.
Et ils savent que ton oeuvre profonde, puissante, douce, qui touche au sublime, durera plus longtemps que les sentences qui t'ont condamné.
Tu vis dans nos coeurs, ta musique se joue dans nos maisons, et celle qui n'est pas enregistrée, se rêve, surtout dans les après-midi de juin, quand l'orage éclate et que le jaune-tonnerre envahit l'air du jour.
La sauvage et le musicien, par H.L
(Florent Schmitt, est-vous qui inspirâtes à Jean Anouilh son personnage de Florent, le beau, le lisse, l'élégant musicien de la Sauvage ? J'ai lu cette pièce bien jeune encore, et n'ai découvert votre œuvre que bien après. Eh bien, je vous ai reconnu !)
Comme vous êtes oublié aujourd'hui ! Moins que d'autres grands artistes, certes, mais plus que ce que vous méritez. Eh bien, vous reviendrez ! C'est certain : vous reviendrez sur le devant de la scène, et votre musique prendra la place qui lui revient, au soleil de notre culture.
Hélène Lammermoor, un jour du début de l'été...
Grands artistes et pauvres pécheurs, par Edith de CL
Il y avait un lycée de Saint-Cloud qui portait votre nom. Le zèle d'un professeur de philosophie y remédia, et le lycée de Saint-Cloud est devenu le lycée Alexandre Dumas. Il est heureux que toutes les bien-pensances n'aboutissent pas avec autant de facilité : combien d'écoles, de rues, faudrait-il débaptiser !
Lorsqu'on lit certaines phrases de Jean Cocteau, d'André Gide, de Voltaire, sur les Juifs ; lorsqu'on découvre les idées de Victor Hugo, de Cuvier, et de tant d'autres, sur les Noirs, sans compter les myriades de jugements comminatoires sur les femmes, qui n'ont pas moins d'impact sur le bonheur de millions d'êtres, on se dit que les fourches caudines de l'épuration intellectuelle pourraient bien détruire le meilleur de la littérature, de la musique, de la science des deux derniers siècles.
Oui, les grands artistes ne sont que des êtres humains, et passée l'inspiration qui les élève au-dessus des foules, ils redeviennent des individus bien critiquables. Et l'on peut dire en retour que beaucoup de personnes qui n'inspirent pas l'admiration artistique ou intellectuelle, et ne se font remarquer en aucune sorte, ont l'âme plus élevée que bien des génies.
Un mathématicien invente un théorème essentiel ; il commet ensuite une série de meurtres, ou prône l'extermination des Irlandais. Son théorème en devient-il caduc pour autant ? Certes, non.
Il en va de même pour les arts : « Incorruptibilité de l'art », notait l'anarchiste Victor Serge en rencontrant Paul Claudel, dont il admirait l’œuvre et détestait la personnalité.
Alors pourquoi se priver de l’œuvre de Florent Schmitt, qui n'est ni un assassin, ni un dénonciateur, et dont la musique, comme celle de César Franck, d'Alexis de Castillon ou de Maurice Duruflé, restera certainement comme une flamme de beauté illuminant les amoureux de l'art ?
Sur AlmaSoror, on peut lire et entendre d'autres notes musicales.
Ainsi, l'auteur de Musiques de notre monde propose une balade à travers les musiciens préférés de notre temps.
Hanno Buddenbrook a consacré un billet au musicien anglais Herbert Howells et au requiem qu'il écrivit dans la douleur à la mort de son enfant.
Edith CL s'est extasiée sur le Miserere d'Allegri et quelques interprétations dans une note de juin 2012.
Arvo Pärt a eu sa part sur notre plateforme.
Elle a aussi payé son tribut à la sonate 959.
Par ici, allez voir Alfred Cortot et Debussy. Par là, Louis Vierne le désespéré.
Paul Rougnon, grand pédagogue, a eu son billet en fanfare.
Miles Davis et Franz Schubert se sont rencontrés, le temps d'une note, le temps d'un bout de film, le temps d'une sonate.
La mémoire de l'opéra de chasse Actéon !
Et nous avons plongé dans les les mots sublimes que Romain Rolland a dédiés à la musique : tu es la mer intérieure, tu es l'âme profonde...
Dans le domaine de la chanson, on trouve sur notre blog divers billets doux, dont celui d'Esther Mar, Nostalgie des chansons de la comtesse au coeur brûlé.
AlmaSoror a rendu un hommage à John Littleton, l'homme de Louisiane et de Reims.
Chanson d'antan et de révolte, voici Filles d'ouvriers.
Atmosphère, atmosphère ! Edith et Axel ont joué à Mood Organ Playlist.
Quant aux pochettes des vieux vinyles, elles n'ont pas été oubliées !
Pochette d'un Concerto de Aranjuez
Pochettes des concertos pour mandoline
Pochette d'un disque schubertien
Une pochette Deutsche Grammophon
Et la pochette d'un CD, qui vaut son pesant de cacahuètes, certes
En vrac, il y eut aussi...
Lle film A quai (de Sara) et sa musique de Radikal Satan.
Un petit extrait (sur Verdi) de l'Histoire musicale de Rebatet ; Un extrait du même, sur le club des cinq Russes
La mémoire de l'origine grégorienne de la gamme
Quelques mots de Siobhan Hollow sur la musique qu'elle écoute au ciel
La chanson de Valentine Morning (nièce d'Edith) Lubitel Tszalaï
Luke Ghost interprète le Songe solitaire de l'oiseau en cage (c'est particulièrement mal enregistré, très cher Luke)
Du côté de la politique : un article sur le rock antispéciste
La Bretagne (oui, elle) a eu des miettes, dont celle-ci.
Ce n'était rien.
Ce n'était rien, tout ces liens.
Ce n'était qu'un peu de ce que nous fîmes. En voyageant à travers AlmaSoror vous découvrirez encore beaucoup d'autres chansons, références, mélodies...
Ce n'était rien qu'un peu de pluie musicale dans votre mois d'août. Ne vous inquiétez pas. Partez. C'est fini.
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mardi, 21 août 2012
En belles lies
Claude Bulard, compagnon d'études d'une de nos auteurs au Centre de formation professionnalle agricole de la Viti à Beaune, nous a envoyé une lettre que nous publions ici.
Lorsqu'on vante un roman, il parait qu'on parle de culture noble. Alors, lorsqu'on vante le produit d'une culture attentive de la vigne, pourquoi ce serait de la vulgaire publicité ? Cette question nous a poussés à reproduire la lettre de Claude ici, de la même manière que nous reproduirions celle d'un musicien qui nous fait part de son nouveau disque, ou d'un écrivain qui nous envoie une lettre sur le polar qu'il vient de sortir, fruit d'un long mûrissement.
Alors voici :
Chers amis,
La soixantaine passée, et après une partie de vie déjà bien remplie, j’ai choisi de réaliser un de mes rêves et d’allier mes passions du travail de la terre et du bon vin. Un coup de bonne folie qui me donne aujourd’hui le plaisir de partager avec vous le produit de mon audace et de ma sueur (hi hi !).
Que j’vous en cause….
Septembre 2009, c’est pour moi et pour Pierre Fenals, un ami vinificateur, le début de la grande aventure avec la création d’une entreprise viticole
« EN BELLES LIES »
Trois jours avant les vendanges nous mettons en place notre cuverie à Saint-Aubin, au sud de Beaune et de la Côte d’Or, pour y recevoir les raisins sélectionnés et récoltés sur pied par nos soins.
Pendant quatre jours, j’assure la vendange alors que Pierre installe le matériel de vinification, au fur et à mesure qu’il arrive. Le soir et une partie de la nuit nous travaillons ensemble aux opérations de pressage des raisins blancs et d’encuvage des rouges. La tonnellerie se met rapidement en place et nos jus pressés trouvent les conditions adaptées à un élevage de qualité.
Notre philosophie du vin…
Notre démarche est orientée vers l’élevage naturel du vin, sans intrants et sans soufre afin de lui conserver toutes les caractéristiques de son terroir. Notre approche « bio » nécessite une pratique soignée et une attention constante, depuis la vendange jusqu’à la vente de la bouteille.
Depuis 2010, nous exploitons 2,5 ha de vignes ; sur les Hautes Côtes de Beaune et sur les Maranges. Nous y pratiquons une culture respectueuse de l’environnement, selon les principes de la biodynamie. Les terres sont labourées et les traitements effectués à base de produits naturels, avec pour objectif de produire le meilleur raisin pour le meilleur vin.
Mars 2011, après 18 mois d’élevage attentif en fûts, nos premiers vins 2009 sont prêts pour être mis en vente. Depuis, ils ont acquis une réputation certaine. Nous vous offrons aujourd’hui une gamme de produits déjà « goûtés » par les professionnels de la filière et appréciés pour leurs qualités.
Notre marché s’étend sur la France et à l’étranger. En France nous touchons les particuliers et les professionnels. A l’étranger, « En Belles Lies » est connue et reconnue au Japon et aux Pays Bas. L’Angleterre et les USA sont également fort intéressés.
Nous faire connaître…
Je vous propose de déguster ce que nous avons réalisé, de devenir nos meilleurs ambassadeurs en appréciant nos produits et en les faisant apprécier à vos amis, aux amis de vos amis ...
Notre cuverie vous est ouverte et je me ferai une joie de vous y accueillir. N’hésitez pas à me joindre, j’aurai plaisir à vous retrouver.
Notre gamme
Nous proposons une gamme de dix vins, cinq blancs et cinq rouges sous les appellations suivantes : Bourgogne Aligoté, Bourgogne, Monthelie, Puligny-Montrachet et Santenay pour les blancs ; Hautes Côtes de Beaune, Aloxe-Corton, Beaune Grèves 1er Cru, Maranges « Le Saugeot » et Maranges « Les Clos Roussots » 1er Cru pour les rouges.
Nous joindre
La Maison « En Belles Lies » et le détail de nos vins vous sont présentés sur le site internet www.en-belles-lies.com. Dites que vous venez de ma part.
Vous pouvez également me joindre personnellement :
Email : cl.bld.21@gmail.com
Tél. : 06 15 35 13 51
C’est promis, réponse garantie. Et si vous passez par chez moi, n’oubliez pas, appelez-moi, pour un tour de cave…
Bien amicalement
Claude BULARD
Les bonnes adresses pour déguster nos vins
13 - Saint Remi de Provence
-
Le Ballon Rouge - 50, av. Ml. Juin - 13210 Saint Rémi de Provence
21 - Beaune
-
Les Caves Madeleine - 8, fg. Madeleine - 21200 Beaune
21 - Dijon
-
Ô Gré du Vin - 106, rue Monge - 21000 Dijon
-
Du Vin Au Vert - 6, bd. De la Trémouille - 21000 Dijon
-
L’Age De Raisin - 67, rue Berbisey - 21000 Dijon
-
Le Potimarron - 4, av. De l’Ouche - 21000 Dijon
67 - Hagueneau
-
L’Essentiel - 2, place du marché aux bestiaux - 67500 Hagueneau
69 - Lyon
-
Vieilles Canailles - 14, rue Saint Jérôme - 69007 Lyon
69 - Villefranche sur Saône
-
Le Promenoir des Vins - 60, Av. de la Libération - 69400 Villefranche sur Saône
75 - Paris
-
Le Basilic - 2, rue Camille Périer - 75007 Paris
-
La Pulpéria - 11, rue Richard Lenoir - 75011 Paris
-
Les Fines Gueules - 43, rue Croix des Petits Champs - 75001 Paris
-
Le Bec Rouge - 1, rue d’Alençon - 75015 Paris
-
Tombé du Ciel - 7, rue d’Enghien - 75010 Paris
-
Le Tonneau des Halles - 28, rue Montorgueil - 75001 Paris
-
La Halle aux Vins - 47, Ter Bd. Saint Germain - 75005 Paris
-
Le Bistrot de l’Agape - 75, Ave .Niel - 75017 Paris
89 - Blannay
-
Naturellement Vin - 2, rue de la Tourelle - 89200 Blannay
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lundi, 20 août 2012
Je suis né dans un port (horizons chimériques)
Je suis né dans un port et depuis mon enfance
J’ai vu passer par là des pays bien divers.
Attentif à la brise et toujours en partance,
Mon cœur n’a jamais pris le chemin de la mer.
Je connais tous les noms des agrès et des mâts,
La nostalgie et les jurons des capitaines,
Le tonnage et le fret des vaisseaux qui reviennent
Et le sort des vaisseaux qui ne reviendront pas.
Je présume le temps qu’il fera dès l’aurore,
La vitesse du vent et l’orage certain,
Car mon âme est un peu celle des sémaphores,
Des balises, leurs sœurs, et des phares éteints.
Les ports ont un parfum dangereux pour les hommes
Et si mon cœur est faible et las devant l’effort,
S’il préfère dormir dans de lointains arômes,
Mon Dieu, vous le vouliez, je suis né dans un port.
Jean de La Ville de Mirmont
Horizons chimériques
Sur Jean de La Ville de Mirmont - né en 1886 à Bordeaux et mort au front comme tant de jeunes hommes de l'époque (enterré vivant par un obus) -, AlmaSoror avait déjà commis ceci :
John-Antoine Nau et Jean de La Ville de Mirmont : Ecritures dont la révélation viendra
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dimanche, 19 août 2012
L'ultime beauté du jour : l'ordi crépusculaire
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Ces bêtes qu’on abat : Un veau pour distraction
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Un veau pour distraction
Dans un abattoir de Moselle, un veau de quatre à cinq mois était attaché dehors, près du local où se trouvait le box rotatif. Il semblait intéresser trois employés, qui fumaient une cigarette en faisant une pause. L'un lui tordait les oreilles, le rudoyait en lui donnant des coups de genoux dans les côtes, au niveau des poumons. Les autres riaient (« Il faut bien se détendre », me dirent-ils !). Après qu’ils eurent repris leur poste dans l’abattoir, je m’approchai du veau et le caressai. Malgré tout, le petit animal ne se sentait pas rassuré. Un employé est alors venu le chercher et l'a installé près du box rotatif, une autre personne l'a étourdi au pistolet à tige perforante et l'a suspendu. Mais d'autres bovins suspendus attendaient déjà d’être saignés. Le veau n'a donc pas pu être saigné tout de suite. Il se débattait tellement qu'on a dû lui donner un autre coup de pistolet. Quelqu'un m'a dit que, d'habitude, on ne s'embêtait pas à faire passer les veaux à côté du box (quand il y en a plusieurs, les employés les font passer dans le box rotatif tous en même temps). Comme beaucoup de bovins étaient en attente d'être saignés, et probablement pour avancer le travail d'une autre personne sur la chaîne de découpage, un employé coupait les deux pattes avant des animaux, alors même qu'ils n’étaient pas encore saignés, et qu’il aurait dû attendre la mort complète et effective des bovins avant toute intervention de découpe !
Égorgement en abattage rituel d’un bœuf retourné sur le dos.
Phot Jean-Luc Daub
L'abattoir avait été équipé d'une chaîne d'abattage rituel pour ovins destinés à la consommation de la population musulmane. Les moutons devaient être parqués dans un petit local avant leur égorgement. Le responsable de l’abattoir m'a d'abord expliqué rapidement et assez évasivement que lorsque cette chaîne serait en état de fonctionner, les moutons seraient abattus, suspendus et dépouillés plus loin. Pourtant, d'après les bouches d'évacuation dans le sol, j'avais pu constater que l'une d'entre elles servait à l'évacuation des eaux et que l'autre servait à la récupération du sang. Donc, d'après les installations, j'enavais déduit que les moutons seraient inévitablement suspendus dans le premier local, passeraient au-dessus d'un petit mur et seraient saignés en étant pendus par une patte dans le second local. Après discussion, le responsable confirma mes soupçons. Il était aberrant que l'on installe des équipements en sachant à l'avance que leur utilisation serait illégale, et cela, avec l'accord des services vétérinaires qui avaient étudié le dossier de construction selon le directeur. Cet abattoir n’avait pas bonne réputation auprès des autres établissements d’abattage.
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samedi, 18 août 2012
Mystique littéraire
Le petit garçon à la vie de bohème a joué un jeu sur son blog, et j'ai eu envie de jouer aussi.
Il s'agit de répondre à une série de questions en utilisant des titres de livres. J'ai ajouté cinq questions à celles qui existaient.
Photo prise à l'orgue de ND d'Auteuil, par Sara
(Jack Kerouak)
La condition actuelle de ton âme ? Marin mon cœur
Qu'est-ce que la vie pour toi ? La guerre et la paix
Ta peur ? Les châtiments
(Victor Hugo)
Ton histoire d'amour ? Un ange à ma table
Tes meilleurs amis sont ? Les rois maudits
Quel est le meilleur conseil que tu aies à donner ? Demande à la poussière...
Le défaut qui t'horripile le plus ? L'homme sans qualité
Comment est le temps ? Un été indien
(Truman Capote)
Ton moment préféré de la journée ? La nuit obscure
(Saint Jean de la Croix)
Décris où tu vis actuellement: Le Purgatoire
(Dante Alighieri)
Ton moyen de transport préféré ? Vol de nuit
Si tu pouvais aller n'importe où, où irais-tu ? Le pays où l'on n'arrive jamais
Ton animal préféré ? Le loup blanc
Comment aimerais-tu mourir ? La mort à Venise
Ton rêve le plus cher ? La résurrection des villes mortes
Le métier qui te fait rêver ? Grandeur et servitude militaire
Ta passion ? La recherche du temps perdu
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mercredi, 15 août 2012
Soleil noir foncé
Un poème de Patrick Biau
L’astre orange est tapi derrière un châtaignier,
et le sous-bois compose une chapelle ouverte
à ce corps démoli, gisant nu, seul, saigné,
dans un vert écarlate incitant à l’alerte :
Les pieds brûlés au fer, les orteils emmêlés,
les os rompus, la peau déchirée par des ronces,
meurtrie par le bâton, du sang caramélé
en ruisseaux sur son torse, et les yeux sans une once
d’espoir. Sapiens n’est rien si la haine fait son
terrier au creux de son génie. La peste en somme
est revenue souiller le bleu du frais cresson
à coups de godillots ; malgré tout chez cet Homme
la main gauche a montré un cran inattendu :
les doigts serrés au poing sauf le majeur… tendu !
Patrick Biau
Patrick Biau est l'auteur d'un livre et d'un site sur le chansonnier Jules Jouy
... ainsi que d'un recueil de poèmes
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Calme du coeur. Les vents suspendus. L'air immobile...
Voici un extrait de Jean-Christophe, de Romain Rolland, sur la force véritablement créatrice, qui naît de la douleur et se distingue de la simple vie artistique.
"Calme du coeur. Les vents suspendus. L'air immobile...
Christophe était tranquille ; la paix était en lui. Il éprouvait quelque fierté de l'avoir conquise. Et secrètement, il en était contrit. Il s'étonnait du silence. Ses passions étaient endormies ; il croyait, de bonne foi, qu'elles ne se réveilleraient plus.
Sa grande force, un peu brutale, s'assoupissait, sans objet, désoeuvrée. Au fond, un vide secret, un "à quoi bon", caché ; peut-être le sentiment du bonheur qu'il n'avait pas su saisir. Il n'avait plus assez à lutter, ni contre soi, ni contre les autres. Il n'avait plus assez de peine, même à travailler. Il était arrivé au terme d'une étape ; il bénéficiait de la somme de ses efforts antérieurs ; il épuisait trop aisément la veine musicale qu'il avait ouverte ; et tandis que le public, naturellement en retard, découvrait et admirait ses oeuvres passées, lui, s'en détachait, sans savoir encore s'il irait plus avant. Il jouissait, dans la création, d'un bonheur uniforme. L'art n'était plus pour lui, à cet instant de sa vie, qu'un bel instrument dont il jouait en virtuose. Il se sentait, avec honte, devenir dilettante.
« Il faut, disait Ibsen, pour persévérer dans l'art, autre chose et plus qu'un génie naturel : des passions, des douleurs qui remplissent la vie et lui donnent un sens. Sinon, l'on ne créée pas, on écrit des livres ».
Christophe écrivait des livres. Il n'y était pas habitué. Ces livres étaient beaux. Ils les eût préférés moins beaux et plus vivants. Cet athlète au repos, qui ne savait que faire de ses muscles, regardait, avec le bâillement d'un fauve qui s'ennuie, les années de tranquille travail qui l'attendaient. Et comme, avec son vieux germanique, il se persuadait volontiers que tout était pour le mieux, il pensait que c'était là sans doute le terme inévitable ; il se flattait d'être sorti de la tourmente, d'être devenu son maître. Ce n'était pas beaucoup dire... Enfin ! On règne sur ce qu'on a, on est ce qu'on peut être... Il se croyait arrivé au port".
Romain Rolland - Jean-Christophe
Un petit groupe se réunit le mardi soir pour lire Jean-Christophe...
Autres extraits de Jean-Christophe :
France profonde et élite cosmopolite
Tu es la mer intérieure. Tu es l'âme profonde
Sur l'expérience de lecture commune, lire par ici et par là
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lundi, 13 août 2012
Soror Renée Vivien
« La plus jeune sœur vint à moi comme l'incarnation de ma pensée la plus belle. Sa robe était du même violet que le soir. Cette femme m'évoquait la fragilité de la nacre et la tristesse altière des cygnes noirs au sillage obscur. Répondant à mon silence, elle murmura :
« J'ai cherché dans cette ombre non point la paix, comme l'Exilé frappant aux portes du monastère, mais l'Infini. »
Et je vis que son visage ressemblait au divin visage de la Solitude. »
Renée Vivien, in Les sœurs du silence
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dimanche, 12 août 2012
Ces bêtes qu’on abat : Un employé rapide
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Un employé rapide
Dans le département du Morbihan, et dans un abattoir de bovins, je fus surpris de la rapidité d’exécution des tâches d’étourdissement et de saignée de l’employé en place au poste d’abattage. En effet, il s’écoulait moins d’une minute entre l’étourdissement et la saignée des animaux. Le tueur qui chargeait son pistolet à tige perforante avant la mise dans le piège des animaux était rapide et efficace. Il étourdissait les bovins, ouvrait la porte latérale, pour l’évacuation hors du piège des animaux, les suspendait dans la foulée et les égorgeait aussitôt. Le treuil muni d’un palan pour la suspension des bovins après étourdissement était descendu sur le sol avant chaque étourdissement et non après. C’est très important. Cela paraît logique, mais ce n’est pourtant pas toujours ainsi que les choses se passent. Cela permet d’écourter le temps entre l’étourdissement et le début de la saignée. Certains tueurs descendent le treuil, alors qu’ils viennent d’effectuer l’étourdissement, ils perdent ainsi beaucoup de temps avant la saignée, qui doit pourtant intervenir le plus rapidement possible, car l’étourdissement n’est pas la mise à mort. Par exemple, la société Mc Key, organisme de certification et de contrôle du groupe Mc Donald, demande dans son cahier des charges « bien-être animal » qu’il ne se passe pas plus d’une minute entre l’étourdissement et le début de la saignée. Cette demande est très intéressante, car elle exige de procéder rapidement à la saignée pour les établissements qui produisent pour cette société.
Position du pistolet à tige perforante sur le crâne d’un bovin.
Phot Jean-Luc Daub
Il me faut toutefois mettre un bémol, parce que l’employé suivant, sur la chaîne d’abattage, procédait à la découpe en la commençant avant la fin de la saignée complète, c’est-à-dire avant la fin de l’écoulement total du sang. La mort de l’animal est effective après qu’il s’est vidé de son sang. L’employé, avec son couteau, parfilait autour des yeux, découpait les oreilles, ainsi que le museau et puis la tête, alors que les bovins n’étaient pas encore morts !
La responsable qualité avec qui j’eus un entretien me dit qu’elle allait faire intercaler une bête supplémentaire sur le stock tampon ce qui permettrait d’attendre un peu plus longtemps après la saignée et avant de procéder à la découpe. Le directeur m’a certifié qu’il s’assurerait que ce délai serait dorénavant respecté.
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jeudi, 09 août 2012
Le recrutement des hommes qui ont choisi le métier de juger
L'avocat Isorni s'exprimait ainsi sur les juges.
"Aucune réforme n'aboutit là où n'aboutirait qu'une réforme de la nature humaine. Le recrutement des hommes qui ont choisi le métier de juger fait qu'ils sont en général honnêtes, timides et dociles. Il les faudrait audacieux et révoltés. Mais s'ils étaient audacieux et révoltés, ils n'entreraient pas dans la magistrature. (...) Aucune loi ne donne de l'indépendance à une nature qui s'incline, aucun règlement ne durcit une colonne vertébrale prête à se courber, aucune circulaire n'ouvre des yeux,qui désirent rester clos. (...) Il faudrait une réforme telle que ce serait d'autres personnes qui ambitionneraient de devenir magistrats, une réforme qui ferait que ceux qui revendiquent la mission de juger ne soient plus des citoyens à la recherche d'une vie tranquille et d'une retraite décente. Il n'en est qu'une : assurer aux juges une totale liberté, c'est-à-dire une totale indépendance."
Jacques Isorni
Cité par Gilles Antonowicz, dans sa biographie "Isorni, L'avocat de tous les combats"
AlmaSoror avait déjà mentionné la phrase de Tolstoï, "Là où il y a jugement, il y a injustice..."
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mardi, 07 août 2012
de l'autre côté d'hier
Phot. Sara
La cathédrale de Bourges effleurée, un taxi bizarre, l'ave maria remixé, c'était un jour d'été d'un autre monde, il y a mille ans, hier ou avant-hier.
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lundi, 06 août 2012
Quelle fortification de poussière et de sable sépare nos deux mondes ?
Tout le jour, surfer sur la vague de la vie, glisser sur ses ondes. Finesse, rythme, enchaînement guident ma vie. Finesse des silences, rythme de croisière, enchaînement des rires et des danses.
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dimanche, 05 août 2012
Ces bêtes qu’on abat : Vaches mourantes
Vache faible et épuisée couchée dans un camion sur un marché à bestiaux.
Phot Jean-Luc Daub
Vaches mourantes
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Dans les Vosges, je visitais un abattoir moderne. Lorsque j’arrivai vers le local d’abattage d’urgence, je fus surpris de voir pas moins de dix vaches qui gisaient sur le sol jusque dans la cour. Aucune n’avait la capacité de marcher (elles ne risquaient donc pas de se sauver de l’abattoir). Je me demandais dans quelles conditions elles avaient été chargées et déchargées (au treuil bien évidemment). Certaines étaient agonisantes. Elles auraient dû être abattues dès leur arrivée. C’est le but de l’abattage d’urgence. L’abattoir avait pour habitude d’attendre la fin des abattages, donc la fin de journée, pour s’occuper de celles qui avaient été traînées dans le local d’abattage d’urgence, pour ne pas souiller la chaîne, comme disent les professionnels. Un grossiste effectuait des ramassages spéciaux, afin de faire du commerce avec les bêtes accidentées ou malades, très recherchées pour les steaks hachés.
Bien que la réglementation protège les animaux qui ne peuvent pas se déplacer d’eux- mêmes, en les déclarant inaptes au transport, des bovins sont encore fréquemment déplacés, alors qu’ils auraient dû bénéficier de la mesure d’abattage d’urgence à la ferme. Dans un abattoir que j’ai visité deux fois en l’espace de quelques mois, j’ai pu constater la première fois une génisse morte devant le local d’abattage d’urgence. J’ai observé son crâne : aucune trace d’impact du pistolet à tige perforante n’était visible. Elle avait vraisemblablement été déchargée et déposée encore vivante devant le local d’abattage d’urgence et a fini par mourir. La deuxième fois nous étions attendus, une collègue et moi, aurendez-vous, nous nous sommes dirigés vers ce même local avant de rencontrer nos interlocuteurs. Une vache mourante gisait sur le sol. Nous avons réclamé son euthanasie immédiate. Le vétérinaire appela alors le tueur (selon le terme professionnel consacré) qui n'arriva sur le site qu'après un deuxième coup fil. Malgré un état d’extrême faiblesse empêchant la vache de réaliser le moindremouvement, et malgré les meuglements de l'animal, le vétérinaire considéra que la vache ne souffrait pas. Aucun procès-verbal ne fut dressé au transporteur pour cette vache, qui, selon le vétérinaire, était debout au moment de son chargement dans le camion qui transportait un lot de bovins en provenance de la Manche. La Manche n’étant pas très loin, l’animal était de toute évidence déjà mal en point lors de son départ. Dans tous les cas, vu son état et son immobilité, elle n’aurait pas dû être déchargée au treuil, mais, aurait dû être tuée dans le camion. Le vétérinaire nous dit dresser, malgré tout, des PV pour des animaux malades inaptes aux transports. Six bovins en très mauvais état avaient été déchargés le vendredi précédent (des vaches de réforme). Un seul animal avait fait l'objet d'une saisie totale. À la question : « Pourquoi vous ne les abattez pas dans le camion, puisque les textes réglementaires précisent clairement que les animaux couchés doivent être abattus à bord du camion lorsqu'il n'est pas possible de les transporter sur une plaque roulante sans leur infliger de souffrances supplémentaires ? », le vétérinaire nous répondit que la valeur marchande de l'animal serait perdue. Inaptes au transport, certains bovins devraient même être tués à la ferme.
Vache agonisante devant un local d’abattage d’urgence d’un abattoir. Elle devrait être abattue de suite, mais elle sera laissée souffrante…
Phot Jean-Luc Daub
J’ai appris, grâce aux confidences d’un vétérinaire d’un autre endroit, que beaucoup de bovins déclarés inaptes au transport sont encore envoyés à l’abattoir alors qu’ils devraient être euthanasiés sur le lieu d’élevage. Le vétérinaire de l’abattoir nous rétorqua que nous faisions de l’anthropomorphisme lorsque nous lui dîmes que vu l’état dans lequel elle se trouvait, la vache devait beaucoup souffrir. Il nous a alors rétorqué que si elle souffrait, elle l’aurait déjà dit ! Ma collègue réagit intelligemment en lui faisant remarquer : « Là, c’est vous qui faites de l’anthropomorphisme ! »
Publié dans Le corps, Sleipnir | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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