mardi, 28 août 2012
Rougevent
Souffle le vent rouge, sur la plaine ouverte comme un cœur enfantin. Dort le fils, au fond de la maison. Murmure la femme, une douce chanson. D'anciennes paroles fendent la campagne, personne ne les entend. Dans la chapelle close la Vierge pleure doucement. Elle attend. Moi j'erre dans ce monde mort, dans ma vie moderne et sans chaleur. J'ai mon casque de motarde et mes bottes de ville. Je marche sur la route qui déchire les champs d'orge. Ce soir, lune d'orge.
Le vent rougeoie. Il n'a pas d'haleine, ni de tiédeur. Il n'a pas d'odeur. Il souffle sans cesser de songer aux mauves et aux violettes qu'il faut aérer. Les boutons d'or montrent leur or et disent souriants qu'ils ont droit aussi à la chaleur caressante du vent.
Pourquoi les hommes frissonnent-ils à la porte du bar dont le rideau métallique s'ouvre ou se ferme ? Le vent n'apporte pas le froid.
Et le fils dort, et l'homme est loin, et la femme chante, et les oiseaux picorent des brindilles et des graines. Je vais partir ce soir. La plaine ne se plaint pas dans sa solitude. Aujourd'hui le vent est rouge.
Edith CL
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lundi, 27 août 2012
Réponse à une question de Sara
Sara : Édith, quand retrouverons-nous notre patrie ? Elle est peut-être là sous nos pas, devant nos yeux... Une brume maléfique nous la cache. Qui la dissipera ?
J'ai peur que ma patrie n'existe pas. J'ai peur d'être un monstre, une larve, une erreur au milieu de ce monde. Mais si tu y crois, si nous sommes deux à y croire, peut-être trois, alors la marche nous y emmènera. La fin du voyage sera belle, mais combien de plumes aurons-nous laissées sur le chemin ? Combien de larmes aurons-nous versé dans le silence de la nuit ? Combien de gens aurons-nous blessés avec nos rires blasés, combien de trous noirs aurons-nous comblés avec du papier de verre au fond de nos corps qui se fracassent sur les rochers de la vie, jetés par des vagues trop grandes pour nos bras, pour nos dos, pour nos esprits trop sages, pas assez méchants ?
J'ai peur que ma patrie soit trop loin pour qu'on puisse y accoster un jour. Et pourtant, si tu avais raison ? Si elle était là, sous nos pieds, devant nos yeux ? S'il suffisait que la brume se dissipât pour qu'elle apparût, à portée de main, à portée de rire, prête à accueillir les sanglots du Grand Retour ? Ô brume, quel chant pourra te souffler hors de ces champs de vision, quel souffle pourra nous révéler à notre terre natale, à la terre des ancêtres, à la terre qui nous attend, la terre promise qui est aussi la terre originelle - la terre originelle qui est toujours la terre promise ?
A lire aussi, sur AlmaSoror, la réponse à une question de Tieri Briet.
Si vous avez des questions...
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dimanche, 26 août 2012
Équanime au creux du jour : les toits de Paris
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Ces bêtes qu’on abat : Suspension des veaux en pleine conscience
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Suspension des veaux en pleine conscience
Dans un abattoir d’Alsace pratiquant massivement l’abattage rituel, je m’étais directement rendu sur le quai de déchargement où un transporteur, aidé de deux employés, déchargeait un camion de veaux d'engraissement (provenant d'élevages en batterie), âgés de 5 à 6 mois. Le numéro sanitaire sur les boucles des veaux indiquait, tout comme l’immatriculation du camion, que les bêtes provenaient du Cantal. Les animaux demeuraient dans une bonne épaisseur d'excréments. Le chauffeur m'a d'abord dit qu'il les avait chargés la veille, dans l'après-midi ; puis il se rétracta et me dit les avoir chargés dans le courant de la nuit. Les veaux étaient assoiffés ; dans les enclos de stabulation dépourvus d’abreuvoirs, ils léchaient les barrières métalliques humides. Ils attendirent deux heures avant d'être abattus, sans être abreuvés pendant cette attente.
Le déchargement des veaux fut effectué dans des conditions lamentables. Le conducteur plaça l'arrière du camion face aux stabulations, fit descendre la passerelle (très abrupte) et déchargea les animaux au sol. À l'intérieur de la remorque, un employé muni d'un bâton électrique, poussait vers l'extérieur les veaux qui sautaient et trébuchaient les uns par-dessus les autres, et tombaient dans la pente de la passerelle. Dans le couloir des stabulations, les veaux coincés refusaient d'avancer. L'employé muni du bâton électrique leur envoyait des décharges sur le mufle, dans la gueule, dans les oreilles ou même dans les yeux, pour les faire avancer. On pouvait les entendre meugler sous les coups de pile électrique.
Je me suis présenté à la directrice qui s'est immédiatement mise en colère. Elle était très mécontente que je sois revenu (encore une fois visiter son établissement). Elle m'a demandé si je n'avais rien d'autre à faire que de venir l'embêter pour des animaux, juste avant les fêtes ! Selon elle, il y avait des choses plus importantes à faire.
L'abattage rituel des ovins était terminé. J'ai donc assisté, accompagné de la directrice, à l'abattage rituel des veaux. Celle-ci était quelque peu contrariée car l'abattage allait être effectué dans le box rotatif qui, apparemment, n’était pas utilisé d’habitude. Je le compris en voyant que ma présence désorganisait un déroulement habituel, car le personnel semblait perturbé à l’idée d’utiliser le box. Quatre employés, en plus du sacrificateur, avaient préparé le box. Quatre employés au seul poste d’abattage, cela ressemble, de toute évidence, à une mise en scène. Les premiers sacrifices de veaux ont eu des allures d'essai et les regards que l'on me portait étaient pesants. Un premier homme a fait entrer un veau dans le box à l'aide d'un bâton électrique tout en guidant son équipier qui actionnait les boutons pressoirs. Deux volets, à l'intérieur du box, se sont alors rabattus sur le derrière du veau, poussant l'animal vers l'avant dont la tête sortait par l'ouverture. Une partie latérale à droite s'est avancée verticalement, comprimant ainsi le veau. La plaque avant du box fut actionnée jusqu'à ce que l'ouverture soit obstruée et que, seule, la tête dépasse. La mentonnière a alors soulevé la tête du veau et un employé a effectué la rotation du box, le sacrificateur l'a ensuite saigné. Puis, on remit le box en position normale. Un volet qui éjecta l'animal fut actionné. Les opérations étaient lourdes et longues à effectuer. La directrice décida alors de ne pas faire passer le veau suivant par le box, de le suspendre avant la saignée, bien que cela soit interdit, mais pour me faire apprécier la facilité d’exécution lorsque l’on procède de manière illicite.
Dans ce cas de figure, le veau n'a pas à emprunter le chemin d'amenée du box, ce qui réduit la distance à parcourir et les manœuvres à effectuer par le personnel. On a fait entrer le veau dans la salle d'abattage, juste à côté du box. On lui a ensuite enroulé une chaîne autour de la patte arrière et on l'a suspendu par un crochet qui le soulevait du sol de manière mécanique. Le sacrificateur ne se pressait pas pour le saigner. Après l’accomplissement de l’égorgement en pleine conscience, la directrice, satisfaite, m'a expliqué que c'était plus rapide, plus simple et moins dangereux pour le personnel. Le veau ainsi abattu serait aussi moins stressé. C’est certain, les boxes rotatifs sont stressant et source de souffrances pour les veaux, surtout lorsqu’ils ne sont pas adaptés à leur petite taille. Le mieux, si l’abattoir est mal équipé, c’est de ne pas procéder à l’abattage rituel. La vraie solution n’est pas d’enfreindre la loi pour satisfaire une demande.
L'abattage s'est poursuivi dans le box rotatif, jusqu'à ce qu'un cylindre hydraulique tombe en panne. Le reste des veaux a donc été abattu en étant suspendu en pleine conscience. Et la directrice d'ajouter: « Vous voyez, c'est quand même beaucoup mieux comme ça ! ». J’ai pu savoir, par la suite, que d’habitude les veaux étaient suspendus conscients dans le local d'abattage des ovins où se trouvaient de grosses chaînes et de gros crochets qui leur étaient réservés, à côté de crochets plus petits pour les moutons.
Bovin épuisé et apeuré dans un camion.
Phot Jean-Luc Daub
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samedi, 25 août 2012
Jadis, en deux-chevaux
Par Edith
Stéphanie est apparue belle et élégante dans un jean gris et un haut noir. Blondeur douce dans la grisaille tiède de ce jour d'août. Le quinzième arrondissement était toujours aussi mystérieux, si peu parisien, si animé pourtant, familial, en travaux, toujours chargé du poids de la quotidienneté, sans lieux ni espaces hors du temps, et cependant si vide ce 24 août, comme suspendu, ballant, en instance entre deux vies scolaires.
Nous avons parlé de vin et des copains de la formation viticole, des enfants à avoir ou pas, et des réflexions désagréables entendues ces derniers temps, nuages mentaux ayant embrumé l'été, l'été qui s'achève lentement sur les rives fracassantes de septembre.
Bientôt nous fûmes les seules clientes du Jadis. Même le beagle qui hantait la salle de restaurant a fini par emporter sa petite élégance anglaise et son charme canin sous d'autres plafonds.
Soudain ses yeux se sont chargés d'un mélange de malice et d'effroi à peine perceptible et sa voix s'est abaissée :
- Tu as les lèvres toutes noires, prononça-t-elle sur un ton de mystère.
C'était l'encre de seiche.
Et puis nous sortîmes du restaurant pour entrer dans la deux-chevaux de Stéphanie, qui s'improvisa bricoleuse pour réussir à décapoter la voiture. Une carte servit de tourne-vis. Traversée du quinzième arrondissement dans la deux-chevaux décapotable : surgissement de souvenirs d'une enfance lointaine, de routes de Vendée traversées à l'arrière d'une deux-chevaux qui vivait cahin-caha ses dernières heures, cahotée et cahotante.
Grande gloire de fendre la bonne ville de Paris dans cette vieille petite voiture amusante, joie des enfants et des passants plus grands.
Retrouvailles avec mon bureau sombre et pourtant beau depuis que je l'ai entièrement rangé.
Avec les années vécues qui s'accumulent, moi qui ai désormais dépassé l'âge fatidique de 33 ans, mes ambitions s'apaisent et se confondent en une seule, qui avale toutes les autres : j'essaie d'être en paix avec le temps qui s’écoule.
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vendredi, 24 août 2012
De l'humiliation
Photo de la libération de Green Hill
Nous vivons sous le signe de l'humiliation.
La voiture de police qui passe pour écarter le peuple et laisser passer la personne « importante ».
L'humiliation que l'on éprouve vis à vis de tous ceux qui possèdent un peu plus (en aura, en argent...) que nous.
L'humiliation quotidienne au travail : celle de la posture de subordonné ; celle de la posture de patron aussi, quelquefois (le patron solitaire subit l'exclusion par les autres).
L'humiliation de ce que nous devenons par rapport à ce que nous désirions.
L'humiliation dans nos amitiés, où la compétition se dissimule derrière les apparences.
L'humiliation dans notre famille, dès notre naissance et malgré les stratégies d'entente et l'amour qui circule.
L'humiliation au cœur même de notre couple, dans notre lit, au milieu de la nuit.
Pire que tout cela... Les images visibles de l'humiliation ne doivent pas nous faire oublier que les pires humiliations sont insaisissables pour qui n'est pas dans le cœur de celui qui la subit.
Dans les professions subordonnées et domestiques (= de maison), on raconte de nombreuses histoires de méchantes bourgeoises méprisantes avec leurs femmes de ménage, de cruels patrons méprisants avec les subalternes. Ces histoires sont vraies, bien réelles.
Or, ce n'est pas l'arrogance de ces bourgeoises ni la méchanceté de ces patrons qui est critiquée par leurs victimes : car l'arrogance et la méchanceté sont également répandues dans toute la société. Qui se plaint de l'arrogance et de la méchanceté d'un clochard assis à côté de sa pisse, d'une pute harassée par l'abattage du jour ? On se laisse insulter par eux en passant tranquillement, sans se sentir humilié... On peut même recevoir les tombereaux de mépris qu'ils nous versent et soupirer : "pauvre bougre !" Parce qu'on méprise leur position.
Ce qui fait mal dans la méchanceté de la bourgeoise, du patron, ce n'est donc pas la mesure de cette méchanceté, qui ne nous dérange plus ou plus beaucoup dès lors que l'arrogance qui nous vise vient d'en bas. C'est le degré d'envie et d'admiration que nous éprouvons envers cette bourgeoise et ce patron.
On pourrait croire que c'est leur pouvoir, qui leur donne la capacité de nous humilier, un pouvoir arbitraire, un pouvoir inégal, un pouvoir illégitime. Mais qu'est-ce qu'un pouvoir dont personne d'autre ne voudrait ?
Il suffirait en ce monde que dix pour cent des gens cessent d'obéir aux puissants et cessent de désirer un plus haut statut social, pour que le pouvoir lié à la puissance extérieure et au statut social s'effondre comme un château de sable.
Mais ce pouvoir ne s'effondrera jamais parce qu'il n'est pas seulement ancré dans le cœur des méchantes bourgeoises et des méchants patrons. Il est ancré dans le cœur de tout homme.
Ce n'est donc pas le pouvoir des personnes haut-situées qui nous écrase. C'est notre désir d'être à leur place qui nous lacère.
Qui plus que l'ouvrier ou le paysan se réjouit de voir un fils de riche échouer dans son intégration sociale et prendre le même métier qu'eux ? Quelle jubilation étrange ! Preuve qu'il n'ont aucun respect pour leur métier, aucun respect pour leur statut, pour leur être même, ils n'ont que respect pour ce qui les méprise. Preuve, surtout, qu'ils jouissent de l'humiliation d'autrui avec délectation. Le seule et unique élément qui les rend conscient de l'horreur du mépris, c'est d’être dans la situation de le subir. Cela reflète ce triste fait que ce n'est pas leur conscience qui les fait haïr le mépris et l'humiliation, c'est leur ego.
La conscience ne demande que la liberté ; l'ego exige la flatterie. La conscience n'a besoin que de parité ; l'ego cherche la supériorité, et c'est seulement s'il ne parvient pas l'obtenir, qu'il se refuge dans un égalitarisme de revanche.
C'est l'incapacité de choisir la parité, dans les domaines de notre vie sociale comme dans ses recoins les plus intimes, qui nous détruit.
Le mépris de celui qui nous paraît plus bas se confond avec l'admiration de celui qui nous paraît plus haut : ces deux sentiments viennent de la même source. Il peut nous arriver de transformer notre mépris en condescendance, de transformer notre admiration en haine ; nous croyons ainsi échapper à l'humiliation qui nous crucifie. Mais ni la haine, ni la condescendance ne peuvent nous sauver.
Pour vaincre l'humiliation, il faut dissoudre notre ego dans la conscience.
C'est cette humiliation que Bouddha voulut découvrir, qui le fascina, qu'il voulut expérimenter en sortant de son palais où il était le beau petit prince.
C'est cette humiliation que le Christ prit sur lui entièrement pour en décharger ses frères.
C'est cette humiliation qui nous blesse au quotidien : la vie amoureuse - ou l'absence de vie amoureuse -, sans l'humiliation qu'elle charrie, intrinsèque au couple ou issue du regard des autres, ferait beaucoup moins souffrir et ne nous inspirerait pas tant de chansons et de films languissants et répétitifs.
La dureté matérielle et financière serait allégée de la plus grande partie de son poids si elle n'était pas accompagnée de l'humiliation.
Les relations familiales, amicales perderaient beaucoup de leurs capacités de nous blesser sans le poids de l'humiliation qui les accompagne.
Le fait d'avoir ou non des enfants, et, lorsqu'ils sont nés, nos relations avec eux, leur parcours de vie, seraient cause de beaucoup moins de douleur si ces éléments n'avaient rien à voir avec l'humiliation.
Il n'y aurait pas de problème de statut social.
Si chacun de nous pouvait voir son prochain comme une étoile scintillante dans un ciel étoilé (hiérarchise-ton les étoiles ?) et se voir soi-même comme tel, le monde serait déchargé de la plus grande part de son malheur.
Nous souffririons simplement des vraies souffrances, et la principale souffrance du monde, qui se greffe à toutes les autres, l'humiliation, serait abolie.
Peut être alors que par un mouvement naturel, nos cœurs guéris n'éprouveraient plus le besoin de laver leurs douleurs dans la douleur d'autres corps. Nous deviendrions fraternels et libéraux envers les animaux, leur laissant leur place dans ce vaste monde.
Les héros en route vers la libération des chiens de labos.
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jeudi, 23 août 2012
L'ultime beauté du jour : persienne
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mercredi, 22 août 2012
Florent Schmitt, l'éclat de votre musique nous fascine...
Un hommage à Florent Schmitt,
par Hélène Lammermoor,
Chagrin de mélomane, par H.B
De Lorraine et de France, Florent Schmitt est aujourd'hui bien boudé. En quelques mois, grâce à un professeur de musique mélomane bien intentionné, le lycée de Saint-Cloud a perdu son nom de lycée Florent Schmitt pour s'appeler désormais lycée Alexandre Dumas. Presque rien n'a eu lieu pour le cinquantenaire de sa mort, et une bonne partie de ses oeuvres n'est pas enregistrée. Pourtant, n'est-ce pas un des plus grands musiciens du XX°siècle ? Si, bien sûr ! Et cela éclatera comme une évidence... Un jour, pour toujours.
Florent Schmitt, les amoureux de la musique ne t'oublient pas. Même ils t'aiment et te soutiennent dans cette traversée du désert post-mortem.
Et ils savent que ton oeuvre profonde, puissante, douce, qui touche au sublime, durera plus longtemps que les sentences qui t'ont condamné.
Tu vis dans nos coeurs, ta musique se joue dans nos maisons, et celle qui n'est pas enregistrée, se rêve, surtout dans les après-midi de juin, quand l'orage éclate et que le jaune-tonnerre envahit l'air du jour.
La sauvage et le musicien, par H.L
(Florent Schmitt, est-vous qui inspirâtes à Jean Anouilh son personnage de Florent, le beau, le lisse, l'élégant musicien de la Sauvage ? J'ai lu cette pièce bien jeune encore, et n'ai découvert votre œuvre que bien après. Eh bien, je vous ai reconnu !)
Comme vous êtes oublié aujourd'hui ! Moins que d'autres grands artistes, certes, mais plus que ce que vous méritez. Eh bien, vous reviendrez ! C'est certain : vous reviendrez sur le devant de la scène, et votre musique prendra la place qui lui revient, au soleil de notre culture.
Hélène Lammermoor, un jour du début de l'été...
Grands artistes et pauvres pécheurs, par Edith de CL
Il y avait un lycée de Saint-Cloud qui portait votre nom. Le zèle d'un professeur de philosophie y remédia, et le lycée de Saint-Cloud est devenu le lycée Alexandre Dumas. Il est heureux que toutes les bien-pensances n'aboutissent pas avec autant de facilité : combien d'écoles, de rues, faudrait-il débaptiser !
Lorsqu'on lit certaines phrases de Jean Cocteau, d'André Gide, de Voltaire, sur les Juifs ; lorsqu'on découvre les idées de Victor Hugo, de Cuvier, et de tant d'autres, sur les Noirs, sans compter les myriades de jugements comminatoires sur les femmes, qui n'ont pas moins d'impact sur le bonheur de millions d'êtres, on se dit que les fourches caudines de l'épuration intellectuelle pourraient bien détruire le meilleur de la littérature, de la musique, de la science des deux derniers siècles.
Oui, les grands artistes ne sont que des êtres humains, et passée l'inspiration qui les élève au-dessus des foules, ils redeviennent des individus bien critiquables. Et l'on peut dire en retour que beaucoup de personnes qui n'inspirent pas l'admiration artistique ou intellectuelle, et ne se font remarquer en aucune sorte, ont l'âme plus élevée que bien des génies.
Un mathématicien invente un théorème essentiel ; il commet ensuite une série de meurtres, ou prône l'extermination des Irlandais. Son théorème en devient-il caduc pour autant ? Certes, non.
Il en va de même pour les arts : « Incorruptibilité de l'art », notait l'anarchiste Victor Serge en rencontrant Paul Claudel, dont il admirait l’œuvre et détestait la personnalité.
Alors pourquoi se priver de l’œuvre de Florent Schmitt, qui n'est ni un assassin, ni un dénonciateur, et dont la musique, comme celle de César Franck, d'Alexis de Castillon ou de Maurice Duruflé, restera certainement comme une flamme de beauté illuminant les amoureux de l'art ?
Sur AlmaSoror, on peut lire et entendre d'autres notes musicales.
Ainsi, l'auteur de Musiques de notre monde propose une balade à travers les musiciens préférés de notre temps.
Hanno Buddenbrook a consacré un billet au musicien anglais Herbert Howells et au requiem qu'il écrivit dans la douleur à la mort de son enfant.
Edith CL s'est extasiée sur le Miserere d'Allegri et quelques interprétations dans une note de juin 2012.
Arvo Pärt a eu sa part sur notre plateforme.
Elle a aussi payé son tribut à la sonate 959.
Par ici, allez voir Alfred Cortot et Debussy. Par là, Louis Vierne le désespéré.
Paul Rougnon, grand pédagogue, a eu son billet en fanfare.
Miles Davis et Franz Schubert se sont rencontrés, le temps d'une note, le temps d'un bout de film, le temps d'une sonate.
La mémoire de l'opéra de chasse Actéon !
Et nous avons plongé dans les les mots sublimes que Romain Rolland a dédiés à la musique : tu es la mer intérieure, tu es l'âme profonde...
Dans le domaine de la chanson, on trouve sur notre blog divers billets doux, dont celui d'Esther Mar, Nostalgie des chansons de la comtesse au coeur brûlé.
AlmaSoror a rendu un hommage à John Littleton, l'homme de Louisiane et de Reims.
Chanson d'antan et de révolte, voici Filles d'ouvriers.
Atmosphère, atmosphère ! Edith et Axel ont joué à Mood Organ Playlist.
Quant aux pochettes des vieux vinyles, elles n'ont pas été oubliées !
Pochette d'un Concerto de Aranjuez
Pochettes des concertos pour mandoline
Pochette d'un disque schubertien
Une pochette Deutsche Grammophon
Et la pochette d'un CD, qui vaut son pesant de cacahuètes, certes
En vrac, il y eut aussi...
Lle film A quai (de Sara) et sa musique de Radikal Satan.
Un petit extrait (sur Verdi) de l'Histoire musicale de Rebatet ; Un extrait du même, sur le club des cinq Russes
La mémoire de l'origine grégorienne de la gamme
Quelques mots de Siobhan Hollow sur la musique qu'elle écoute au ciel
La chanson de Valentine Morning (nièce d'Edith) Lubitel Tszalaï
Luke Ghost interprète le Songe solitaire de l'oiseau en cage (c'est particulièrement mal enregistré, très cher Luke)
Du côté de la politique : un article sur le rock antispéciste
La Bretagne (oui, elle) a eu des miettes, dont celle-ci.
Ce n'était rien.
Ce n'était rien, tout ces liens.
Ce n'était qu'un peu de ce que nous fîmes. En voyageant à travers AlmaSoror vous découvrirez encore beaucoup d'autres chansons, références, mélodies...
Ce n'était rien qu'un peu de pluie musicale dans votre mois d'août. Ne vous inquiétez pas. Partez. C'est fini.
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mardi, 21 août 2012
En belles lies
Claude Bulard, compagnon d'études d'une de nos auteurs au Centre de formation professionnalle agricole de la Viti à Beaune, nous a envoyé une lettre que nous publions ici.
Lorsqu'on vante un roman, il parait qu'on parle de culture noble. Alors, lorsqu'on vante le produit d'une culture attentive de la vigne, pourquoi ce serait de la vulgaire publicité ? Cette question nous a poussés à reproduire la lettre de Claude ici, de la même manière que nous reproduirions celle d'un musicien qui nous fait part de son nouveau disque, ou d'un écrivain qui nous envoie une lettre sur le polar qu'il vient de sortir, fruit d'un long mûrissement.
Alors voici :
Chers amis,
La soixantaine passée, et après une partie de vie déjà bien remplie, j’ai choisi de réaliser un de mes rêves et d’allier mes passions du travail de la terre et du bon vin. Un coup de bonne folie qui me donne aujourd’hui le plaisir de partager avec vous le produit de mon audace et de ma sueur (hi hi !).
Que j’vous en cause….
Septembre 2009, c’est pour moi et pour Pierre Fenals, un ami vinificateur, le début de la grande aventure avec la création d’une entreprise viticole
« EN BELLES LIES »
Trois jours avant les vendanges nous mettons en place notre cuverie à Saint-Aubin, au sud de Beaune et de la Côte d’Or, pour y recevoir les raisins sélectionnés et récoltés sur pied par nos soins.
Pendant quatre jours, j’assure la vendange alors que Pierre installe le matériel de vinification, au fur et à mesure qu’il arrive. Le soir et une partie de la nuit nous travaillons ensemble aux opérations de pressage des raisins blancs et d’encuvage des rouges. La tonnellerie se met rapidement en place et nos jus pressés trouvent les conditions adaptées à un élevage de qualité.
Notre philosophie du vin…
Notre démarche est orientée vers l’élevage naturel du vin, sans intrants et sans soufre afin de lui conserver toutes les caractéristiques de son terroir. Notre approche « bio » nécessite une pratique soignée et une attention constante, depuis la vendange jusqu’à la vente de la bouteille.
Depuis 2010, nous exploitons 2,5 ha de vignes ; sur les Hautes Côtes de Beaune et sur les Maranges. Nous y pratiquons une culture respectueuse de l’environnement, selon les principes de la biodynamie. Les terres sont labourées et les traitements effectués à base de produits naturels, avec pour objectif de produire le meilleur raisin pour le meilleur vin.
Mars 2011, après 18 mois d’élevage attentif en fûts, nos premiers vins 2009 sont prêts pour être mis en vente. Depuis, ils ont acquis une réputation certaine. Nous vous offrons aujourd’hui une gamme de produits déjà « goûtés » par les professionnels de la filière et appréciés pour leurs qualités.
Notre marché s’étend sur la France et à l’étranger. En France nous touchons les particuliers et les professionnels. A l’étranger, « En Belles Lies » est connue et reconnue au Japon et aux Pays Bas. L’Angleterre et les USA sont également fort intéressés.
Nous faire connaître…
Je vous propose de déguster ce que nous avons réalisé, de devenir nos meilleurs ambassadeurs en appréciant nos produits et en les faisant apprécier à vos amis, aux amis de vos amis ...
Notre cuverie vous est ouverte et je me ferai une joie de vous y accueillir. N’hésitez pas à me joindre, j’aurai plaisir à vous retrouver.
Notre gamme
Nous proposons une gamme de dix vins, cinq blancs et cinq rouges sous les appellations suivantes : Bourgogne Aligoté, Bourgogne, Monthelie, Puligny-Montrachet et Santenay pour les blancs ; Hautes Côtes de Beaune, Aloxe-Corton, Beaune Grèves 1er Cru, Maranges « Le Saugeot » et Maranges « Les Clos Roussots » 1er Cru pour les rouges.
Nous joindre
La Maison « En Belles Lies » et le détail de nos vins vous sont présentés sur le site internet www.en-belles-lies.com. Dites que vous venez de ma part.
Vous pouvez également me joindre personnellement :
Email : cl.bld.21@gmail.com
Tél. : 06 15 35 13 51
C’est promis, réponse garantie. Et si vous passez par chez moi, n’oubliez pas, appelez-moi, pour un tour de cave…
Bien amicalement
Claude BULARD
Les bonnes adresses pour déguster nos vins
13 - Saint Remi de Provence
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Le Ballon Rouge - 50, av. Ml. Juin - 13210 Saint Rémi de Provence
21 - Beaune
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Les Caves Madeleine - 8, fg. Madeleine - 21200 Beaune
21 - Dijon
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Ô Gré du Vin - 106, rue Monge - 21000 Dijon
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Du Vin Au Vert - 6, bd. De la Trémouille - 21000 Dijon
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L’Age De Raisin - 67, rue Berbisey - 21000 Dijon
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Le Potimarron - 4, av. De l’Ouche - 21000 Dijon
67 - Hagueneau
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L’Essentiel - 2, place du marché aux bestiaux - 67500 Hagueneau
69 - Lyon
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Vieilles Canailles - 14, rue Saint Jérôme - 69007 Lyon
69 - Villefranche sur Saône
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Le Promenoir des Vins - 60, Av. de la Libération - 69400 Villefranche sur Saône
75 - Paris
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Le Basilic - 2, rue Camille Périer - 75007 Paris
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La Pulpéria - 11, rue Richard Lenoir - 75011 Paris
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Les Fines Gueules - 43, rue Croix des Petits Champs - 75001 Paris
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Le Bec Rouge - 1, rue d’Alençon - 75015 Paris
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Tombé du Ciel - 7, rue d’Enghien - 75010 Paris
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Le Tonneau des Halles - 28, rue Montorgueil - 75001 Paris
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La Halle aux Vins - 47, Ter Bd. Saint Germain - 75005 Paris
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Le Bistrot de l’Agape - 75, Ave .Niel - 75017 Paris
89 - Blannay
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Naturellement Vin - 2, rue de la Tourelle - 89200 Blannay
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lundi, 20 août 2012
Je suis né dans un port (horizons chimériques)
Je suis né dans un port et depuis mon enfance
J’ai vu passer par là des pays bien divers.
Attentif à la brise et toujours en partance,
Mon cœur n’a jamais pris le chemin de la mer.
Je connais tous les noms des agrès et des mâts,
La nostalgie et les jurons des capitaines,
Le tonnage et le fret des vaisseaux qui reviennent
Et le sort des vaisseaux qui ne reviendront pas.
Je présume le temps qu’il fera dès l’aurore,
La vitesse du vent et l’orage certain,
Car mon âme est un peu celle des sémaphores,
Des balises, leurs sœurs, et des phares éteints.
Les ports ont un parfum dangereux pour les hommes
Et si mon cœur est faible et las devant l’effort,
S’il préfère dormir dans de lointains arômes,
Mon Dieu, vous le vouliez, je suis né dans un port.
Jean de La Ville de Mirmont
Horizons chimériques
Sur Jean de La Ville de Mirmont - né en 1886 à Bordeaux et mort au front comme tant de jeunes hommes de l'époque (enterré vivant par un obus) -, AlmaSoror avait déjà commis ceci :
John-Antoine Nau et Jean de La Ville de Mirmont : Ecritures dont la révélation viendra
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dimanche, 19 août 2012
L'ultime beauté du jour : l'ordi crépusculaire
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Ces bêtes qu’on abat : Un veau pour distraction
C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...
C'est la saga interdite aux profanes.
AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.
Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.
Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.
Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :
Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.
Un veau pour distraction
Dans un abattoir de Moselle, un veau de quatre à cinq mois était attaché dehors, près du local où se trouvait le box rotatif. Il semblait intéresser trois employés, qui fumaient une cigarette en faisant une pause. L'un lui tordait les oreilles, le rudoyait en lui donnant des coups de genoux dans les côtes, au niveau des poumons. Les autres riaient (« Il faut bien se détendre », me dirent-ils !). Après qu’ils eurent repris leur poste dans l’abattoir, je m’approchai du veau et le caressai. Malgré tout, le petit animal ne se sentait pas rassuré. Un employé est alors venu le chercher et l'a installé près du box rotatif, une autre personne l'a étourdi au pistolet à tige perforante et l'a suspendu. Mais d'autres bovins suspendus attendaient déjà d’être saignés. Le veau n'a donc pas pu être saigné tout de suite. Il se débattait tellement qu'on a dû lui donner un autre coup de pistolet. Quelqu'un m'a dit que, d'habitude, on ne s'embêtait pas à faire passer les veaux à côté du box (quand il y en a plusieurs, les employés les font passer dans le box rotatif tous en même temps). Comme beaucoup de bovins étaient en attente d'être saignés, et probablement pour avancer le travail d'une autre personne sur la chaîne de découpage, un employé coupait les deux pattes avant des animaux, alors même qu'ils n’étaient pas encore saignés, et qu’il aurait dû attendre la mort complète et effective des bovins avant toute intervention de découpe !
Égorgement en abattage rituel d’un bœuf retourné sur le dos.
Phot Jean-Luc Daub
L'abattoir avait été équipé d'une chaîne d'abattage rituel pour ovins destinés à la consommation de la population musulmane. Les moutons devaient être parqués dans un petit local avant leur égorgement. Le responsable de l’abattoir m'a d'abord expliqué rapidement et assez évasivement que lorsque cette chaîne serait en état de fonctionner, les moutons seraient abattus, suspendus et dépouillés plus loin. Pourtant, d'après les bouches d'évacuation dans le sol, j'avais pu constater que l'une d'entre elles servait à l'évacuation des eaux et que l'autre servait à la récupération du sang. Donc, d'après les installations, j'enavais déduit que les moutons seraient inévitablement suspendus dans le premier local, passeraient au-dessus d'un petit mur et seraient saignés en étant pendus par une patte dans le second local. Après discussion, le responsable confirma mes soupçons. Il était aberrant que l'on installe des équipements en sachant à l'avance que leur utilisation serait illégale, et cela, avec l'accord des services vétérinaires qui avaient étudié le dossier de construction selon le directeur. Cet abattoir n’avait pas bonne réputation auprès des autres établissements d’abattage.
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samedi, 18 août 2012
Mystique littéraire
Le petit garçon à la vie de bohème a joué un jeu sur son blog, et j'ai eu envie de jouer aussi.
Il s'agit de répondre à une série de questions en utilisant des titres de livres. J'ai ajouté cinq questions à celles qui existaient.
Photo prise à l'orgue de ND d'Auteuil, par Sara
(Jack Kerouak)
La condition actuelle de ton âme ? Marin mon cœur
Qu'est-ce que la vie pour toi ? La guerre et la paix
Ta peur ? Les châtiments
(Victor Hugo)
Ton histoire d'amour ? Un ange à ma table
Tes meilleurs amis sont ? Les rois maudits
Quel est le meilleur conseil que tu aies à donner ? Demande à la poussière...
Le défaut qui t'horripile le plus ? L'homme sans qualité
Comment est le temps ? Un été indien
(Truman Capote)
Ton moment préféré de la journée ? La nuit obscure
(Saint Jean de la Croix)
Décris où tu vis actuellement: Le Purgatoire
(Dante Alighieri)
Ton moyen de transport préféré ? Vol de nuit
Si tu pouvais aller n'importe où, où irais-tu ? Le pays où l'on n'arrive jamais
Ton animal préféré ? Le loup blanc
Comment aimerais-tu mourir ? La mort à Venise
Ton rêve le plus cher ? La résurrection des villes mortes
Le métier qui te fait rêver ? Grandeur et servitude militaire
Ta passion ? La recherche du temps perdu
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mercredi, 15 août 2012
Soleil noir foncé
Un poème de Patrick Biau
L’astre orange est tapi derrière un châtaignier,
et le sous-bois compose une chapelle ouverte
à ce corps démoli, gisant nu, seul, saigné,
dans un vert écarlate incitant à l’alerte :
Les pieds brûlés au fer, les orteils emmêlés,
les os rompus, la peau déchirée par des ronces,
meurtrie par le bâton, du sang caramélé
en ruisseaux sur son torse, et les yeux sans une once
d’espoir. Sapiens n’est rien si la haine fait son
terrier au creux de son génie. La peste en somme
est revenue souiller le bleu du frais cresson
à coups de godillots ; malgré tout chez cet Homme
la main gauche a montré un cran inattendu :
les doigts serrés au poing sauf le majeur… tendu !
Patrick Biau
Patrick Biau est l'auteur d'un livre et d'un site sur le chansonnier Jules Jouy
... ainsi que d'un recueil de poèmes
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Calme du coeur. Les vents suspendus. L'air immobile...
Voici un extrait de Jean-Christophe, de Romain Rolland, sur la force véritablement créatrice, qui naît de la douleur et se distingue de la simple vie artistique.
"Calme du coeur. Les vents suspendus. L'air immobile...
Christophe était tranquille ; la paix était en lui. Il éprouvait quelque fierté de l'avoir conquise. Et secrètement, il en était contrit. Il s'étonnait du silence. Ses passions étaient endormies ; il croyait, de bonne foi, qu'elles ne se réveilleraient plus.
Sa grande force, un peu brutale, s'assoupissait, sans objet, désoeuvrée. Au fond, un vide secret, un "à quoi bon", caché ; peut-être le sentiment du bonheur qu'il n'avait pas su saisir. Il n'avait plus assez à lutter, ni contre soi, ni contre les autres. Il n'avait plus assez de peine, même à travailler. Il était arrivé au terme d'une étape ; il bénéficiait de la somme de ses efforts antérieurs ; il épuisait trop aisément la veine musicale qu'il avait ouverte ; et tandis que le public, naturellement en retard, découvrait et admirait ses oeuvres passées, lui, s'en détachait, sans savoir encore s'il irait plus avant. Il jouissait, dans la création, d'un bonheur uniforme. L'art n'était plus pour lui, à cet instant de sa vie, qu'un bel instrument dont il jouait en virtuose. Il se sentait, avec honte, devenir dilettante.
« Il faut, disait Ibsen, pour persévérer dans l'art, autre chose et plus qu'un génie naturel : des passions, des douleurs qui remplissent la vie et lui donnent un sens. Sinon, l'on ne créée pas, on écrit des livres ».
Christophe écrivait des livres. Il n'y était pas habitué. Ces livres étaient beaux. Ils les eût préférés moins beaux et plus vivants. Cet athlète au repos, qui ne savait que faire de ses muscles, regardait, avec le bâillement d'un fauve qui s'ennuie, les années de tranquille travail qui l'attendaient. Et comme, avec son vieux germanique, il se persuadait volontiers que tout était pour le mieux, il pensait que c'était là sans doute le terme inévitable ; il se flattait d'être sorti de la tourmente, d'être devenu son maître. Ce n'était pas beaucoup dire... Enfin ! On règne sur ce qu'on a, on est ce qu'on peut être... Il se croyait arrivé au port".
Romain Rolland - Jean-Christophe
Un petit groupe se réunit le mardi soir pour lire Jean-Christophe...
Autres extraits de Jean-Christophe :
France profonde et élite cosmopolite
Tu es la mer intérieure. Tu es l'âme profonde
Sur l'expérience de lecture commune, lire par ici et par là
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