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mardi, 20 novembre 2012

Peine de cœur

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 Papa habite dans une très grande maison loin derrière la ville, avec d’autres papas. IMAG5624.jpg
 Comme nous, ils mangent à la cantine,

ils se disputent dans la cour de récréation. IMAG5595.jpg
 Comme nous, ils n’aiment pas obéir, ils ont peur du noir. IMAG5611.jpg
 Comme nous, ils rêvent de jouer à quelque chose.
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 Papa apprend à fabriquer des boites dans un atelier.

Son maître est gentil.
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 Il apprend à écrire dans un autre atelier. Sa maîtresse est nulle.
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 Comme moi, il voudrait voler dans le ciel avec les oiseaux.
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 Comme moi, il voudrait dormir dans le lit de maman.
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 Comme moi, il rêve de partir quelque part.
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 Papa s’ennuie dans la très grande maison loin derrière la ville.
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 Il s’ennuie du matin au soir au milieu du fer, des clous, des portes.
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 Le jour, son cœur est fermé.

La nuit, il entend son cœur frapper comme un tambour.
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 Comme moi, il ferme les yeux pour se souvenir de notre porte d’entrée.
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 Comme moi, il sent des larmes quand il imagine notre princesse avec sa robe bleue, avec son sourire rouge.
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 Comme moi, il attend de rentrer à la maison.
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 Papa a pris quatre ans, dont deux avec sursis.
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Edith de CL
 

dimanche, 18 novembre 2012

L'orgueil

Auguste Saudreau, manuel de spiritualité, salve regina

Nous reproduisons ici, un extrait du Manuel de spiritualité composé par l'abbé Saudreau (1859-1946).

C'est la seconde fois que nous reproduisons un fragment de ce livre. Le premier passage enseignait que tous les métiers mènent au ciel ; celui-ci définit l'orgueil.

Auguste Saudreau, manuel de spiritualité, salve regina

Nature de l’orgueil ; ses diverses formes.

" Chacun est tenté par sa propre concupiscence qui l’emporte et le séduit " dit l’apôtre saint Jacques (i, 14). Les attaques du démon, dont nous parlerons bientôt, seraient peu dangereuses, si nous n’avions au-dedans de nous des ennemis redoutables, nos passions. Ces inclinations au mal, déjà par elles-mêmes impétueuses et ardentes, trop souvent sont devenues plus tyranniques par les fautes commises, par les concessions qui leur ont été faites. On ramène assez ordinairement à trois divisions principales les mauvais penchants : l’orgueil, la sensualité, l’attachement aux biens de la terre.

L’orgueil est un amour désordonné de sa propre excellence. Saint Thomas, reproduisant un texte de saint Grégoire, enseigne que l’orgueil se manifeste de quatre manières différentes : ou nous nous attribuons à nous mêmes ce que nous avons de bon, ou, si nous reconnaissons que ce bien vient de Dieu, nous croyons qu’il était dû à nos mérites, ou nous nous vantons de posséder des qualités que nous n’avons pas, ou méprisant les autres nous désirons être estimés singulièrement pour les qualités que nous avons. (2.2, q.162, a.4)

Le principe de l’orgueil réside dans une complaisance exagérée en soi-même : on aime à penser aux qualités que l’on a ou que l’on croit avoir, on s’en réjouit, non pas comme d’un don de Dieu accordé à un indigne, mais comme d’un bien personnel, dont on s’attribue la gloire, que l’on est fier de posséder ; l’homme ainsi disposé se fait une idée exagérée de ses qualités et souvent s’attribue des qualités qu’il n’a pas : ainsi font ceux qui n’ont confiance que dans leur propre jugement ; ou il prend pour des qualités ce qui n’en est pas : ainsi font ceux qui sont fiers de posséder des richesses, de porter de brillantes toilettes.

La complaisance exagérée en soi-même entraîne naturellement la dépréciation du prochain : l’orgueilleux, à son insu, est sévère et injuste dans les jugements qu’il porte sur ses frères, il veut se croire supérieur, et cette disposition de sa volonté le porte inconsciemment à abaisser les autres, il pensera volontiers que seul il a raison et que les autres se trompent.

De la complaisance en soi naît la vaine gloire, appelée encore la vanité, qui est le désir déréglé de l’estime et des louanges. Tout désir de gloire est désordonné si l’on cherche sa gloire dans des choses fragiles et éphémères, si l’on fait reposer sa gloire dans le jugement des hommes, qui sont si sujets à l’erreur, si on désire l’estime et l’approbation pour autre chose que pour l’honneur de Dieu et le bien des âmes. (S. th., 2.2, q. 132, a. 1) Elles ont donc le vice de la vaine gloire ces personnes éprises d’elles-mêmes qui tiennent à occuper l’esprit des autres, à être l’objet de leur attention, à en être admirées, mêmes pour de futiles avantages ; de même celles qui ont une crainte excessive d’être oubliées, d’être comptées pour rien, qui ont horreur d’être méprisées, d’être raillées.

L’orgueil produit aussi l’ambition, qui est l’amour de l’autorité et des honneurs. Imposer sa volonté, recevoir des marques de respect, voilà à quoi aspirent les personnes autoritaires et les personnes ambitieuses.

Une autre forme plus cachée de l’orgueil est celle qui porte à la tristesse, au dépit, au découragement. Si la personne qui nourrit en elle-même un amour désordonné de sa propre excellence, est par tempérament portée aux noires pensées, elle sera frappée de ses défauts, comme d’autres sont épris de leurs qualités ; elle y pensera sans cesse, elle en concevra une tristesse amère, et elle sera très vite la proie de l’abattement et du découragement. Cette forme de l’orgueil est dangereuse, parce qu’elle simule l’humilité et parce qu’elle paralyse les âmes".

 

Autre fragment du Manuel de spiritualité proposé par AlmaSoror

Le Manuel, dans son intégralité, sur le site Salve Regina

Auguste Saudreau, manuel de spiritualité

Phot Mavra N V

Ces bêtes qu’on abat : Des chevaux qui attendent

 C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...

C'est la saga interdite aux profanes.

AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.

Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.

Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.

 Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :

Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.


Des chevaux qui attendent

 

abattoirs, condition animale, transports animaux, végétarisme, protection animale, droits des animaux, Jean-Luc Daub, Ces bêtes qu'on abat, maltraitance, législation animale, viande ; animaux, animal ; bêtes, fraternité, abattage rituel, halal, hallal, casher

C’était en région parisienne, il y a plusieurs années. Je me rappelle les deux étables. Les chevaux étaient attachés de chaque côté d'un large abreuvoir en béton. Au-dessus, du foin était fourni pour les chevaux séjournant plusieurs jours. Les abreuvoirs étaient sans eau, l'un était sale avec des gravats dedans, quant à l'autre, le robinet d'eau était cassé et rouillé.

 

J'en ai parlé au directeur, lui signalant que cela avait été constaté par une association allemande, lorsque des personnes avaient observé, à l'issue du déchargement d'un convoi de chevaux qu'elles avaient suivi, que les animaux n'avaient pas été abreuvés alors qu'ils avaient effectué un long parcours. Le directeur, qui ignorait le mauvais état du matériel d’abreuvement, a alors téléphoné au responsable des arrivées de chevaux et à celui de l’entretien, pour régler le problème.

Les chevaux sont généralement déchargés la nuit du vendredi à 2 heures du matin. Étaient en attente dans les stabulations : deux chevaux, un âne et un poney. Les chevaux étaient conduits par un couloir dans un piège, avec une ouverture latérale, pour sortir l'animal après étourdissement au matador. L’abattage des chevaux avait essentiellement lieu le lundi, mais également le jeudi. Les chevaux peuvent très bien séjourner une semaine en stabulation, ils reçoivent du foin pour nourriture.

 

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Vieux cheval attaché que l’on fait attendre durant une nuit devant un abattoir.
Phot Jean-Luc Daub

 

Dans cet abattoir, les bovins étaient rituellement abattus dans un box rotatif de marque FACOMIA type F4 1992 AGR 306 GB. Quant aux veaux, ils étaient égorgés dans le box rotatif des gros bovins. L’appareil a subi une modification depuis août 1997, pour adapter l'appareil aux veaux. Il n’y a à ce jour toujours pas de changement d'agrément. Cette amélioration est intervenue à la suite d'une visite des services vétérinaires il y a plusieurs mois. Auparavant tous les veaux étaient suspendus conscients avant la saignée. Lors d'un courrier des services vétérinaires pour la remise en conformité, que m'a lu le directeur, il était précisé d’une façon curieuse pour une autorité ayant compétence (même le directeur en a ri) : « La suspension des veaux est une infraction que pourrait relever la société de protection des animaux d'abattoirs ! ». Autrement dit, il était demandé au directeur de se mettre en conformité seulement parce que l’association de protection des animaux d’abattoirs pourrait s’apercevoir de l’infraction !

 

Un local équipé pour les abattages d’urgence était accessible aux camions. Les animaux ne pouvant marcher étaient sortis à l'aide d'un treuil et sont ensuite tués. Si l'un des animaux souffre beaucoup, ils l'abattent immédiatement (4 à 5 bêtes par semaine). Un jeune bovin famélique gisait mort dans la cour ; il avait été amené en abattage d'urgence par la personne qui effectue un ramassage des bêtes de réforme, mais il était mort dans le camion.

 

Pour l’Aïd-el-kébir (sacrifice du mouton par les pratiquants musulmans) : 2000 moutons ont été égorgés l’année précédente. À l'intérieur de l'abattoir, ce sont des sacrificateurs qui tuent. À l'extérieur, des parcs provisoirement aménagés sont à la disposition des particuliers qui égorgent eux-mêmes les animaux. Une partie des moutons est achetée sur place, mais pour le reste, les musulmans emmènent leurs moutons les pattes ficelées dans les coffres des voitures. Cette journée requiert de la part du directeur une organisation considérable et qui dépasse le déroulement d'une activité normale. Les musulmans viennent en voiture, ce qui crée des problèmes de circulation. Par ailleurs, des scènes d'atrocité se déroulent aux yeux de tous et font l'objet de plaintes de la part de civils à la mairie, qui se trouve en face. Le directeur ne souhaite pas organiser l'Aïd-el-kébir l'année prochaine. Il se sent seul pour cette journée, alors qu'on lui demande de faire de gros efforts et qu'on ne lui en donne pas les moyens.

L'abattoir abat en grand nombre des animaux de réforme. Un grossiste est installé dans la même ville. De nombreux animaux de réforme en provenance des marchés arrivent tous les jours suivant les achats effectués régulièrement sur les différents marchés (Arras, Nancy, Rethel, Sancoins...).

Des camions de Bretagne arrivent également à l'abattoir, chargés de bêtes de réforme. Dans les lots, on peut voir des bovins en très mauvais santé et en état de misère physiologique avancé. Pour les camions de Bretagne, il semble que des courriers ont été envoyés aux personnes concernées, grossistes, et services vétérinaires afin que des contrôles et des tris soient effectués à la source, pour éviter des souffrances qui se traduisent souvent par des agonies menant à la mort lente des vaches réformées. Pour les bêtes arrivant des différents marchés des alentours, les services vétérinaires constatent également la présence d’animaux en état de misère physiologique avancé, d’animaux qui n'ont pas été abreuvés depuis plusieurs jours, d’animaux qui souffrent de leurs blessures.

 

De nombreuses saisies partielles, totales et sur pied sont effectuées. Les services vétérinaires de l'abattoir s'insurgent, ils ont écrit à leur direction, en donnant les adresses des éleveurs qui méritaient d'être poursuivis, car outre les mauvais soins que font endurer les intermédiaires des fermes aux abattoirs, beaucoup d'animaux présentent des pathologies dues à une absence de soins. Les animaux sont délaissés plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Pour autant, les procès-verbaux sont rarement dressés. L'absence de contrôle des services vétérinaires et de répression sur les marchés aux bestiaux, favorisent le non-respect des règles de protection animale dans les fermes, sur les marchés, dans les transports, et pendant les séjours entre les intervenants avant l'abattoir.

 

Cet abattoir se sent montré du doigt en raison des bovins de réforme qui y sont abattus. Pourtant, c’est le type d’activité qu’ils avaient choisi de pratiquer. De grandes marques de viande viennent s’y approvisionner, et les grossistes en boucheries hallal également. Au déchargement, des bovins tombent d'épuisement sur le quai. Pas question de prendre la pile électrique, me dit le directeur, nous avons un bouvier qui s'en occupe. Il prend un seau d'eau, fait boire l'animal et au bout d'une demi-heure, celui-ci se relève. Ce qui prouve bien que les animaux ne sont pas abreuvés sur les marchés, dans les centres de rassemblement, et pendant les transports.

Des bovins sont abattus au pistolet Matador dans les camions et saisis sur patte, tant ils sont en état de dégradation et de souffrance extrêmes ; ils sont emmenés par des chevillards en abattage d'urgence et toujours au dernier moment. Par contre, ce matin, une flaque de sang teintait le sol des stabulations des chevaux. Je me suis renseigné, on m'a dit qu'un bovin qui ne pouvait plus marcher au sortir d'un camion avait été tiré au treuil, le plus près possible du poste d'abattage et a été ensuite tué dans les stabulations des chevaux. Il faut savoir qu'un treuil a été installé pour tirer les bêtes de réforme qui se trouvent dans le couloir d'amenée et qui tombent d'épuisement.

 

Le directeur me dit que, normalement, ils auraient dû partir du quai, étourdir la bête au Matador et ensuite la tirer avec le treuil vers le poste d'abattage. C'est d'ailleurs plus logique et plus facile, et c'est ce qu'il souhaite, a-t-il ajouté. Mais, le vétérinaire n'aime pas cette façon de procéder en raison des problèmes d'hygiène que cela pourrait poser ! En fait, le technicien vétérinaire m'a dit qu'ils ont procédé ainsi ce matin, étant donné que l'animal « est plus maniable vivant que mort » ! Il faut dire également que de nombreuses personnes téléphonent à l'abattoir et à la mairie, en traitant d'assassins et de bourreaux le personnel de l'abattoir, qui abat les bêtes sur le quai. Il faut savoir que le centre de tri postal se trouve juste en face. Ces personnes sensibles qui se trouvent là ne savent pas faire la différence entre le fait d’abréger les souffrances d'une vache sur le quai de déchargement et l’horreur d’une mise à mort standard qui se dissimule derrière les murs de l'abattoir.

 

Le directeur est très embêté par ce problème. Il aimerait très sincèrement ne plus recevoir d'animaux qui mériteraient d'être abattus par un vétérinaire, soit à la ferme soit sur le marché.

 

Il est à signaler qu'un bouvier qui s’était montré extrêmement brutal avec les animaux avait été dénoncé par des personnes extérieures. Il a été réprimandé et changé de poste.

 

 

 

 

samedi, 17 novembre 2012

Balade québécoise, par Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva

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vendredi, 16 novembre 2012

La minute hypocondriaque VII

lundi, 12 novembre 2012

Le journal de Léonard

Léonard de Vinci

"A l'âge de trois ans, l'homme atteint la moitié de sa taille (d'adulte).
A dimensions égales, une femme pèsera moins qu'un homme.
Dans l'eau, une femme morte a la face tournée vers le fond, un homme en sens contraire".

Leonard de Vinci

dimanche, 11 novembre 2012

La vie pendant les échafaudages

Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva,échafaudage

Photo de mavra nicolaievna vonogrochneïeva

Ces bêtes qu’on abat : Des hurlements de porcs

 C'est une saga qu'aucun scénariste n'aurait le courage d'écrire. Les films les plus gores ne sont que des comédies Walt Disney en comparaison. Les plus courageux d'entre vous auront sans doute du mal à la suivre jusqu'au bout...

C'est la saga interdite aux profanes.

AlmaSoror est fière de proposer sur son site l'extraordinaire saga de la viande. Celle qu'on ne lit jamais, celle dont on entend jamais parler, celle qui a lieu dans des endroits où l’œil citoyen ne peut pénétrer.

Si vous ne vous sentez pas capable de la lire, sachez que l'enquêteur l'a écrite. Sachez que des milliards d'individus la vivent aux portes de nos villes. Si vous n'êtes pas capable de la lire et que vous êtes capable de consommer le résultat, alors vous êtes un merveilleux citoyen du Meilleur des Mondes.

Voici donc le journal de Jean-Luc Daub, enquêteur dans les abattoirs français.

 Ces bêtes qu'on abat peut s'acheter en version imprimée :

Ou bien se lire sur cette page qui lui est dédié.


Des hurlements de porcs

 

Dans un abattoir de Bourgogne, l’étourdissement des porcs s’effectuait en pleine infraction, et sans que quiconque soit inquiété par les autorités compétentes présentes dans l’abattoir. À mon arrivée, j'assistai à l'étourdissement des porcs. Ceux-ci étaient conduits hors des stabulations par un large chemin d'amenée qui traversait la cour vers le local d'étourdissement. Ils y étaient entassés par dizaine et étourdis, sans piège d'immobilisation, à l’aide d’une pince électrique utilisée manuellement. Les porcs étaient étourdis et suspendus par la même personne, cependant, elle les étourdissait deux par deux (ce qui est interdit). Lorsque le premier s'effondrait, l’employé en étourdissait un autre dans le lot mis en place dans la case d’abattage. L'employé se saisissait d'un crochet pour enchaîner l'un des deux cochons afin de le suspendre, mais il avait beaucoup de mal, car la panique s’emparait des autres qui piétinaient ceux qui venaient d’être étourdis et qui gisaient sur le sol. Il fallait tenter de les dégager pour faire de la place. L'agitation était telle que l'employé devait s'équiper de protège-tibias. Non seulement la procédure était incorrecte, mais en plus l’employé perdait du temps en ne se pressant pas et en discutant avec d’autres employés. De façon générale, il s'écoulait trop de temps entre l'électronarcose et la saignée, alors que cela doit être réalisé le plus tôt possible et avant que l’animal ne reprenne conscience. Plusieurs cochons se réveillaient pendant la saignée : en effet, lorsque j’effectuais le test occulopalpébral, certains cochons clignaient des yeux et suivaient mon doigt du regard. L’étourdissement n’avait servi à rien.

 

Les vétérinaires et les techniciens vétérinaires travaillant dans l'enceinte de l'abattoir semblaient ne pas s’en préoccuper. Le responsable m'a même demandé ce que je pensais de l'abattage des porcs. Je lui avais répondu que l'électronarcose était insuffisante, qu'il fallait étourdir les porcs un par un et les saigner immédiatement. Mais l'activité s'est poursuivie de la même façon jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de porcs.

 

L'abattage des porcelets se déroulait d’une façon identique. Étourdies deux par deux, les petites bêtes donnaient l'impression d'agoniser au sol tant elles s’agitaient. L'employé, muni de sa pince électrique devait leur courir après et pratiquement leur sauter dessus pour pouvoir les étourdir. Affolés, les porcelets couraient partout, parfois jusque dans le local d'à côté. Une fois suspendus, ils s'agitaient énormément et, même saignés, bougeaient encore. Certains tombaient en se décrochant, se vidaient de leur sang dans le bac de récupération du sang ou directement sur le sol.

 

L'étourdissement des porcs et des porcelets était extrêmement critiquable. Il n’était pas difficile, pour les services vétérinaires, de faire procéder à un étourdissement individuel, suivi de la saignée, en prenant les porcs un par un. Pour l'abattage rituel des veaux et ovins, les animaux étaient suspendus vivants avant la saignée. Le responsable de l’abattoir m'avait dit que la direction des services vétérinaires le savait, qu’elle était au courant et qu'elle n'avait jamais rien dit, alors pourquoi devrait-il faire autrement ?

 

Dans un petit abattoir de Bretagne, je suis rentré par ce qui me semblait être une remise ou un vestiaire où étaient entreposés des caisses, du matériel, des affaires de bureau, des papiers. C'était humide. On s'échangeait du poisson et on ouvrait une bouteille de cidre. Mais en fait, je crois qu’il s’agissait des bureaux. Dans la salle d'abattage, ce n'était pas mieux. On pouvait y circuler en habit civil. C'était d'une grande insalubrité : du papier brûlé, du matériel sale était entreposé, des lattes de bois... Je ne sais pas si cet abattoir est encore en fonction, mais des bâtiments en construction étaient visiblement destinés à une mise en conformité.

 

L’abattage des porcs était à la hauteur des lieux, c’est-à-dire plus que catastrophique. À mon arrivée, je vis dans la porcherie un porc blessé à l'arrière-train. Il était en position assise et avait perdu beaucoup de sang. J’assistais à l’abattage de cinq porcs. Deux employés ont rentré trois cochons dans un petit local. L'un a présenté la pince d'étourdissement sur la tête d'un cochon. La bête hurlait de douleur pendant l'électronarcose, car l'intensité du courant n'était pas assez forte pour effectuer un électrochoc. L’application de la pince durait longtemps. Voyant le cochon souffrir, j'ai crié pour que les employés arrêtent d’appliquer la pince inefficace. L'un d'entre eux est alors allé chercher un tuyau pour arroser d'eau les cochons. On a repris la pince pour continuer l'anesthésie de celui qui avait été assommé par les chocs électriques, mais encore tout à fait conscient et souffrant.

 

Cela allait un peu mieux, l’eau permettant une meilleure transmission du courant. Toutefois, l’électronarcose était inefficace, les cochons hurlaient et s'agitaient sous les décharges électriques. Suspendus par une patte arrière pour être ensuite saignés, ils n’étaient pas vraiment étourdis, leurs yeux étaient grands ouverts, regardant ce qui se passait autour d’eux, voyant le tueur s’approcher avec son couteau, et pratiquer la saignée. Le test occulopalpébral confirmait que les animaux étaient encore conscients.

 

Un employé est ensuite allé chercher celui qui était blessé, en le traînant par les deux pattes de devant. L'étourdissement de ce dernier fut effectué dans les mêmes conditions.

 

Dans un autre petit abattoir de Bretagne, l’abattage des porcs était également plus que critiquable. En raison de travaux, la porte d'accès au poste d'étourdissement était condamnée. Les employés faisaient entrer les porcs par l'intérieur, c'est-à-dire qu'ils traversaient la salle de dépouillage. Avec des planches et des palettes, on avait obstrué les endroits où les bêtes ne devaient pas aller. Toutefois elles passaient entre les carcasses, allaient se coincer sous le bac d'eau chaude et sautaient dans le bac d'égouttement du sang. Les employés avaient beaucoup de difficulté à mener les cochons jusqu’au poste d'étourdissement. Cinq petits cochons avaient été conduits dans l'étroit local d'étourdissement et de saignée. Quatre d'entre eux ont été tués. Le cinquième, un cochon appartenant à un particulier, était resté dans le local sans être abattu pendant une heure. Celui-ci avait

assisté aux abattages de ses congénères et s'était réfugié dans un coin du local. Il tremblait de tout son corps, sans oser bouger tellement il avait peur. J’en garde une image assez triste, tellement on pouvait lire la peur dans l’attitude de repli de cet animal. J’ai envie de dire ici : « Mais comment peut-on faire cela ? »

 

Dans l'étroit local, les employés avaient fait rentrer dix cochons alors que pour travailler dans de bonnes conditions cinq aurait été un grand maximum. Un employé s'était muni d’une pince électrique dont je n’avais jamais vu le modèle, mais qui datait de Mathusalem. Une longue barre en fer avec au bout des cosses en laiton fixées sur un support métallique en V. L'intensité de la pince était très faible, on me l'a confirmé en me disant que l'on pouvait la toucher avec les mains sans rien risquer. Aucun numéro d’agrément n'y figurait, pas même le type et la marque de la pince. Lorsque le responsable se servait de la pince pour étourdir les animaux, il tentait d'immobiliser les porcs dans un coin et plaçait celle-ci convenablement, mais malgré cela les bêtes restaient insuffisamment étourdies. Par contre, l'employé, lui, plaçait la pince n'importe comment, dans la gueule, sur le côté ou sur le groin. De plus, les cochons affolés montaient les uns sur les autres, au point que parfois celui qui subissait l'électronarcose se sauvait. Ce qui faisait que l’employé ne savait plus sur lequel il avait commencé l’étourdissement. Les cochons recouvraient complètement celui dont l'employé était en train d'effectuer l'étourdissement, si bien qu'il ne voyait pas ce qu'il faisait au risque d'électrocuter les autres et de faire n'importe quoi avec la pince. L'électronarcose durait de quarante secondes à plus d'une minute. Les porcs étaient mal étourdis, et subissaient des douleurs dues aux décharges électriques. Ils reprenaient connaissance dés la suspension et étaient conscients pendant la saignée. J'ai effectué le test occulopalpébral qui confirmait l’inefficacité de l’étourdissement.

 

Les abattages des porcs étaient effectués dans de mauvaises conditions. Je m’étais rendu compte de la médiocrité des tueries ; les employés en furent irrités et m'invitèrent à le faire moi-même pour me rendre compte de la difficulté. Je mis en avant le fait que cela n'était pas mon travail et de toute façon avec une pince aussi inefficace ce n'était même pas la peine d'y penser.

 

 

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Cochons morts pendant le transport et déchargés à l’abattoir.
Phot Jean-Luc Daub

 

 

 

 

 

samedi, 10 novembre 2012

Pression atmosphérique : 55 degrés KZF dans les nuages

Pat Metheny

Il y a dans le silence du monde, une place pour ta guitare électrique, Pat Metheny.

vendredi, 09 novembre 2012

La confrérie de Baude Fastoul

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«Quid dulcius quam habere quicum omnia audeas sic loqui ut tecum?»
Cicero

La Confrérie de Baude Fastoul a été créée à la fin du mois de septembre, de l'an 2012.

De quoi s'agit-il ?

Un petit groupe de gens prend la décision de tenir un journal, quotidien si possible. Ils y consignent les faits du jour. Certains restent dans le domaine de leur profession, d'autres notent tout ce qui a lieu dans leur vie. Certains parlent de façon intime, d'autres écrivent quelques notations amusantes à propos de la journée. Certains couchent deux phrases, d'autres détaillent leurs achats, leurs émotions, le déroulement de leurs actions...

Tous sont Compagnons de Baude Fastoul. Tous participent à une grande fresque.

 

Une fresque ?

Une fresque littéraire ! Cette fresque, constituée de tous les journaux, sera le témoignage d'une époque donnée, par divers lorgnettes. Le lecteur du futur y trouvera des informations sur les professions des Compagnons, l'état des villes à notre époque, et tout ce qu'on trouve dans les textes d'époque.

Nous sommes issus d'univers politiques, sociaux, professionnels, différents, quelque fois antagonistes... La fresque sera bigarrée ! 

Afin que chacun reste libre d'écrire ce qu'il pense, nul n'est obligé de dévoiler son journal avant sa mort.

 

Post-Mortem...

Lorsque le dernier d'entre nous sera mort, un site Internet dévoilera tous les journaux. Trois sortes d'accès seront possibles. Un accès chrolologique : on clique sur une date - 3 novembre 2017, par exemple - et toutes les pages de journal écrites ce jour là apparaissent. Un accès lexical : on tape "mosquée" et toutes les pages de journal contenant ce mot apparaissent. La troisième entrée, est tout simplement l'entrée par personne : On clique sur "Sonia Branci" et son journal défile.

 

Moi, par exemple...

Je tiens mon journal depuis le 23 septembre.

Alors ?

L'impression de laisser quelque chose du jour en consignant quelques faits, quelques émotions dans ce journal, me soulage. Comme si j'avais trouvé une arme, une feinte, contre le temps.

La déception que ce que j'y consigne ne vaut pas tripette et ne ressemble pas à l'oeuvre que j'aimerais faire me dépite.

La structure que constitue cette confrérie de Baude Fastoul, l'espoir qu'un jour une grande fresque faite de dizaines de journaux se déroulera devant l'esprit de lecteurs qui n'auront pas connu les temps où nous écrivons, me donne du courage, en ôtant de l'importance à la qualité de mon journal, qui prend sa valeur conjointement aux autres journaux.

 

Les compagnons de Baude Fastoul à l'heure d'aujourd'hui :

Vincent Stanislas

Samuel de Cornulier

Sonia Branci

Jérémie Gallois

Anne de La Roche Saint-André

Jean-Pierre Bret

Dominique Le Brun

Axel Randers

Édith de Cornulier

Aleixandre Loisnac

Katharina Barrows

Javiera Coussieu

Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva

Maud Martin

Pascal Guimard

 

Mais qui est Baude Fastoul ?

Un trouvère picard du XIII°siècle.

Atteint de la lèpre, il savait qu'il lui fallait entrer dans une léproserie dont il ne sortirai jamais.

Alors il composa son congé : un chant en vers, pour dire adieu au monde et faire chanter son coeur avant de s'enfoncer dans le noir.

Merci à lui.

Merci à vous, mes Compagnons.

 

Edith de CL

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 Parmi les journaux passionnants qu'on peut lire, citons celui d'un bourgeois de Paris, datant du XV°siècle, celui de Dangeau (tenu à la Cour de Louis XIV), celui de l'armateur sablais André Collinet, celui de Cosima Wagner, qui nous révèle l'homme dont sortit Tannhauser...
Mentionnons enfin les correspondances (de Madame de Sévigné pour ne citer qu'elle), les mémoires (du Chancelier von Bülow, de Saint-Simon, etc mille autres mémoires).

Le témoignage direct de la vie d'une époque est ce qui nous intéresse. Et notre fresque fastoulienne permettra aux lecteurs de faire face à la multiplicité des façons de vivre, des idées, des interprétations... En plus de permettre une vision plus complète de la vie quotidienne de notre époque, puisque nous ne mentionnerons pas les mêmes types de détail.

 

POST-SCRIPTUM

Si d'aventure vous lisez ce message entre le 9 novembre et le 29, que vous êtes né avant 1990 et qu'en profondeur l'envie de participer vous prend, n'hésitez pas à nous le dire en commentant ce billet.

La minute hypocondriaque VI

La minute hypocondrique du vendredi : le rendez-vous préféré de tous les névrosés !

jeudi, 08 novembre 2012

Soleil d'hiver

Par Hanno Buddenbrook

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"Un grand soleil d'hiver éclaire la colline

Que la nature est belle et que le coeur me fend"

Louis Aragon

 

Mais tu parlais. Et je ne t'écoutais plus. J'étais parti. Je voguais en pensée sur la lame du couteau. Un matin, las de rêver d'ailleurs insaisissables, j'ai mis dans un sac quelques objets d'importance médiocre et j'ai pris la route. Le scooter ne tomba pas en panne, complice mystérieux de mon amour blessé.

Je roulai, des heures, sur l'autoroute du soleil gercé par les froidures d'hiver. J'écoutais mon coeur craquer ses chaines et retrouver sa libre respiration, loin de tes mépris du matin. Mon blouson laissait passer des flots de vent qui me délivraient. Envoloppée dans une joie nouvelle, je sentais aux yeux des larmes perler comme des présents d'une enfance depuis lontemps perdue.

J'arrivai dans un motel au bar paumé comme il y en a sur cette côte de France. Je savais que j'étais redevenu libre. Je savais que je n'avais plus rien.

Errances, vagabondages, rencontres, tentatives, déceptions, rires partagés : ce qui suivit n'a pas sa place ici.

Je me demande parfois ce que tu as pensé ce matin-là, si tu as crié. Je me demande où tu es, à quoi tu penses. Est-ce qu'un autre homme-esclave souffre à tes côtés, à ma place ?

Le jour où j'ai tout quitté, j'ai salué à nouveau l'enfant que j'avais été un jour et qui avait souffert de désamour. Je lui ai dit : "maintenant, ça va aller mieux. On va avoir faim, ou froid, ou mal, mais on va sourire aux étoiles, et on va s'aimer en se regardant dans le miroir du rétroviseur".

Et l'enfant et l'homme roulent ensemble, depuis. Amis. Guéris.

Hanno Buddenbrook

(traduction d'Edith de CL)

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mercredi, 07 novembre 2012

Grégoire de Tours VI

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Hier mardi, soir, sixième lecture de l'Histoire des Francs.

Etaient présents : Dominique LB, Olivier, Christine, Alexandre, Emmanuelle, Marc, Marie-Aurore, Anthony, Mavra, Vincent P, Fabien, Laure, Edith

Cette phrase ouvrit la soirée : "Il me répugne de rappeler les vicissitudes des guerres civiles qui épuisent fort la nation et le royaume des Francs."

Celle-ci la clôtura : "Après cela, Weroc, oublant sa promesse et voulant rompre le traité qu'il avait conclu, envoie Eunius, évêque de la ville de Vannes, au roi Chilpéric ; mais celui-ci pris de colère le fait condamner à l'exil après l'avoir gourmandé".

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"Wiwi, il s'appelle Wiwi et je chante comme lui...

"C'est un garçon pas comme les autres... Mais moi je l'aime c'est pas de ma faute... Même si je sais qu'il ne m'aimera jamais".

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Wiwi est un grand artiste dont l'art consiste à faire éclater en plein jour les misères de nos vies d'adolescents pris en charge par la société du spectacle. De ses vidéos émanent une intensité rare et poignante. Il fait vibrer au plus profond de nous même la corde douloureuse de nos ratages personnels. Mais au même moment où nous sentons que nous allons nous effondrer, ses prestations désopilantes nous portent vers l'éclat de rire.

La fascination se poursuit à travers plusieurs vidéos. Si l'art consiste à "nous faire voir que nous n'avions pas vu ce que nous avons vu", comme l'écrivit Paul Valéry, alors l'ensemble des vidéos de Wiwi constitue une oeuvre en construction, pleine de sens, d'amour et de désespoir.


Wiwi égratigne "suspens" de Jeanne Mas par wiwibulle

 


Wiwi égratigne "Cold song" par wiwibulle


Wiwi égratigne "l'enfant aux cheveux blancs" de... par wiwibulle


Wiwi égratigne "qu'est ce qui t'as pris" de Jean... par wiwibulle


Wiwi égratigne "je veux pleurer comme Soraya" de... par wiwibulle

Les vidéos de wiwibulle sur Dailymotion

mardi, 06 novembre 2012

La fugitive

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Je suis la fugitive vêtue des parures de l'ampleur des normes. Bouffantes, mes manches de quotidienneté. Précieux, les petits boutons qui m'enserrent dans la prison partagée de nos censures.

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L'ange s'avance et vous sentez sa présence, invisible, intangible, androgyne. Son nom ? Judicaël. Son âme ? La douleur. Son arme ? La splendeur. Son rêve ? La douceur. Son aile ? La voilure. Son île ? L'aventure. Son mal ? La biture. Son amie ?

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Je suis Celle qu'il aime, malgré toutes mes turpitudes. Je suis Celle qu'il accompagne. Je suis Celle qu'il sauve, de jour, de nuit et de tous temps. Il est l'ange de mes routes, l'ange de mes insomnies. Il est l'ange de mes jambes brisées, l'ange de mes crises larvées, l'ange de mes voies abandonnées.

Edith de Cornulier-Lucinière, androgynie, voiture, route, autoroute

Et dans mon naufrage il me murmure qu'il m'aime quand même, quand bien même j'ai échoué.

 

E CL