Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 18 décembre 2011

Moi, si j'avais commis...

Stéphpanneau.jpg
Photos Stefania Rognonino


Moi si j’avais commis tous les crimes possibles,
Je garderais toujours la même confiance,

Car je sais bien que cette multitude d’offenses

N’est qu’une goutte d’eau dans un brasier ardent.

 
Oui, j'ai besoin d'un coeur tout brûlant de tendresse
Qui reste mon appui, et sans aucun retour,
Qui aime tout en moi, et même ma faiblesse,
Et ne me quitte pas, ni la nuit ni le jour.
 
Non, je n’ai pu trouver, nulle autre créature
Qui m’aimât à ce point, et sans jamais mourir,
Car il me faut un Dieu qui prenne ma nature,
Qui devienne mon frère, et qui puisse souffrir.
 
Je ne sais que trop bien que toutes nos justices
N’ont devant ton regard, pas la moindre valeur,
Et pour donner du prix à tous nos sacrifices
Oui, je veux les jeter jusqu’en ton divin cœur.
 
Non, tu n’as pas trouvé créature sans tâche,
Au milieu des éclairs, tu nous donnas ta loi,
Et dans ton cœur sacré, Ô Jésus je me cache
Non, je ne tremble pas, car ma vertu c’est Toi.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

On peut écouter ce texte chanté, ici

LIBERTE L.jpg

 

Nous ajoutons dans le corps de ce billet le commentaire de Sara, qui s'interroge sur la distnction entre "crime commis" et "crime subi".

"Moi si j’avais commis tous les crimes possibles" :
Le problème dans le crime c'est sa victime, il me semble. Si le criminel se sent mal de son crime, c'est qu'il a une "Conscience" ; il a le sentiment du mal qu'il a fait. De mon point de vue, ce sentiment lui est dicté par les règles de la société dans laquelle il vit. C'est la condamnation de la société, de son opinion, de ses lois qui le fait souffrir. Tout dépend alors à quel degré il a intégré ces lois. Se tourner vers Dieu pour se faire pardonner et pouvoir supporter son crime, c'est une démarche particulière qui soulage le coupable mais pas la victime.
La plupart des grands crimes sont commis par des gens qui ne font aucune prise de conscience du mal qu'ils ont fait, soit parce que leur psychisme n'en est pas capable (ils n'éprouvent pas de compassion), soit parce qu'ils agissent au nom d'une idée et dans le cadre d'une organisation qui justifie leurs actes. Le "bien", le "bon" est de leur côté.
La pauvre petite Thérèse de l'Enfant Jésus n'a jamais commis aucun crime. Elle en aurait bien été incapable. Outre que son poème n'est pas terrible, il exprime un sentiment de culpabilité incurable. Du coup, elle s'intéresse, se penche sur le sentiment de culpabilité auquel elle essaie de trouver des solutions.
Elle ne voie pas la victime.

Écrit par : Sara | dimanche, 18 décembre 2011

mardi, 13 décembre 2011

Rien d'autre ne compte

Illuminaire I.jpg

 

« Les gens veulent bien se soumettre, s'écraser, être valets dans le plus profond de leur âme ; ils veulent bien hurler avec les loups, lyncher des tas de gens, renverser les pouvoirs en place et cracher sur l'autorité devant laquelle ils minaudaient la veille. Mais ce qu'ils ne supportent pas, c'est de rester trop longtemps sans maîtres devant lesquels se prosterner et sans dogme religieux ».

David Nathanaël Steene

 

Illuminaire II.jpg

samedi, 10 décembre 2011

Mood Organ Playlist : Rêve

balcons du soir.jpg

AlmaSoror participe à un jeu proposé il y a trois ans par le blog Music Lodge, blog sur lequel nous passons du temps de temps en temps...

Pour comprendre le jeu, voici un extrait de l'article du blog Music Lodge :

"Dans l'excellent Do Androids Dream of Electric Sheep (devenu Blade Runner au cinéma), Philip K. Dick a une idée futuriste à la foi géniale et terrifiante : les "orgues d'humeur" ("Mood organ"). Une idée qui m'a profondément marqué ; plus de 10 ans après l'avoir lu, j'y repense souvent. Ce Mood Organ permet de programmer des émotions que l'on souhaite ressentir à tel ou tel moment. Mélancolie, joie, peine, colère... on sélectionne le programme, et on se fait un petit "shoot" de telle ou telle émotion, selon la situation et nos envies. Idée qui m'a marqué, car je trouvais qu'au fond, elle pourrait être une excellente définition de ce qu'est la musique. Surtout dans nos sociétés modernes, où l'on a tous à disposition une impressionnante quantité de musiques diverses et variées, comprenant tous les types d'émotions auxquelles on souhaite se "shooter".

Cette idée me trottait dans la tête depuis un moment, je viens de la finaliser et vous la propose : tous ceux qui désirent participer choisiront un type d'humeur et tenteront de la suggérer au mieux via une playlist."


Music Lodge

 

Et pour aller écouter toutes les Mood Playlists, c'est par là...

La nôtre, Rêve, tente d'être planante sans être syrupeuse, ce qui est difficile. Disons qu'il faut être en un état état déjà flottant, en suspension dans un après-midi qui ne veut pas finir, pour en profiter au mieux.

Ce type d'expérience peut être l'occasion de relire Aldous Huxley et ses écrits sur le psychédélisme. Il avait longtemps cherché comment "ouvrir les portes de la perception"... Ces fameuses portes dont s'inspirera Jim (James Douglas) Morrison pour baptiser son rock groupe The Doors.

Détail, juillet 2011.jpg

jeudi, 08 décembre 2011

Être heureux en ayant tout raté

Par Esther Mar, docteur es neurasthénie

IMAG1275_2.jpg

 

Que nous reste-t-il quand nous avons renoncé, par lassitude, à la réussite que nous souhaitions obtenir dans la vie ? Quand nous savons que nous ne réalisions pas ce que nous aurions voulu créer ; que nous n'avons pas atteint le niveau que nous visions ; que nous n'aurons plus l'enfant dont nous rêvions ; que nous n'aurions plus l'amour que nous cherchions. Reste-t-il dans l'espace et le temps qui nous sont impartis des moyens d'être heureux ? En dehors de la simple survie, que pouvons-nous faire de nos heures libres ?

 

Nous pouvons nous convertir à la vie.

Nous pouvons partir à la rencontre des chefs d'oeuvre de l'humanité, ceux que les siècles passés nous ont légué.

 

Nous pouvons apprendre à fabriquer de nombreuses choses par nous-mêmes, et atteindre à une certaine autonomie : faire nos habits, notre cuisine et si nous avons un balcon ou un jardin, nos fruits et nos légumes. Nous pouvons apprendre patiemment à réparer chaque endroit de la maison, à comprendre chaque tuyau, pour être en mesure d'entretenir notre maison parfaitement.

Nous pouvons vivre de grandes aventures intellectuelles, culturelles et spirituelles. Intellectuelles, en plongeant dans des questions irrésolues, ou encore en nous intéressant aux luttes idéologiques de ce monde, à leurs sources, à leurs tenants et aboutissants ; nous pouvons nous renseigner sur les philosophies et les idées que l’État interdit ou condamne, à celles que l’État interdisait et condamnait à d'autres époques. Nous pouvons découvrir l'histoire et la littérature de chaque pays du monde, peu à peu. Il y a tant de pays, de régions culturelles, que nous n'aurons jamais fini.
Nous pouvons étudier les religions et aller à la rencontre des enseignants, en nous rendant dans les églises qui nous entourent, en suivant les cursus initiatiques des religions pratiquées sur le territoire où nous vivons. Sans le dire, bien sûr : sans dire qu'on fait un tourisme des initiations.

Nous pouvons profiter des milliers de lieux, de beautés qui sont gratuitement à notre disposition : ponts, bâtiments, musées, bibliothèques, églises, places... de même pour les lieux et merveilles naturelles.

Nous pouvons apprendre le nom de chaque plante que nous rencontrons.

Nous pouvons développer notre capacité à rire, à partager des moments de fraternité avec qui croise notre route, nous pouvons aimer de plus en plus les oiseaux et contempler le paysage changeant des jours, la grisailles et les éclats de lumière.

Nous pouvons baigner notre vie quotidienne de beauté, de tendresse et de douceur, en embellissant notre lieu de vie, nos lectures, notre façon de parler aux autres personnes.

Nous pouvons passer beaucoup de temps à chanter, jouer, rire, rêver, goûter ce qui a lieu.

Nous pouvons aider d'autres êtres – un voisin, un pigeon, un ami – à mieux vivre, à mieux respirer.

Nous pouvons approfondir notre dignité, notre liberté, notre conscience.

Nous pouvons déployer notre bien-être physique et mental grâce à la méditation et à la relaxation, et ainsi vivre dans notre corps et nos sensations des exaltations vivifiantes.

Nous pouvons cultiver des relations de soutien mutuel et de compréhension, avec d'autres personnes, dans la durée.

Et ainsi nous avons tous les moyens d'approfondir notre connaissance, d'asseoir notre liberté intérieure, de déployer notre force vitale et d'améliorer notre vie en y favorisant le bonheur, le calme et la joie, quand bien même nous avons raté notre projet, celui qui donnait sens à la vie.

 

Esther Mar

 

arrière-13 2.jpg

vendredi, 18 novembre 2011

Vigny aux temps électros

"Toi que tes compatriotes appellent aujourd'hui merveilleux enfant ! que tu aies été juste ou non, tu as été malheureux ; j'en suis certain, et cela me suffit. - Âme désolée, pauvre âme de dix-huit ans ! pardonne-moi de prendre pour symbole le nom que tu portais sur la terre, et de tenter le bien en ton nom".

Alfred de Vigny, in Dernière nuit de travail, écrit du 29 au 30 juin 1834

 

"Vigny, attristé par la faillite de "l'esprit pur", ému par tant de suicides d'artistes, voulut porter sur la scène cette grande pitié du poète et de l'homme de lettres. En février 1833, deux jeunes poètes, Escousse et Le Bras, s'étaient asphyxiés, et déjà on avait vu succomber sous la misère un Hégésippe Moreau, un Charles Lasailly, un Aloysius Bertrand. Au moment même des représentations de Chatterton, Emile Boullaud, qui venait de commencer une traduction en vers des Lusiades de Camoëns, se laissa mourir plutôt que de tendre la main. Les journaux étaient pleins de récits désespérés. L'opinion commençait à s'émouvoir et des protestations contre cet état de choses commençaient à se faire entendre cà et là. Balzac défendait alors la même cause que Vigny dans sa Lettre aux écrivains français (1er novembre 1834).

Beaucoup plus que la lecture de Goethe où il avait rencontré la figutre de Torquato Tasso, personnage susceptible et inquiet, ces faits expliquent que Vigny ait repris la thèse qui lui était chère de l'homme supérieur victime de son propre génie. N'était-ce pas déjà le sujet de Moïse ? On retrouvera dans le désespoir du poète les accents désabusés du prophète."


Henri Maugis

 Henri Maugis, Alfred de Vigny, Chatterton, Edgar Varèse, poème électronique

Phot. Mavra Nicolaievna Vonogrochneïeva


A propos d'asphyxie dans une chambre solitaire au XIXème siècle, il nous faut mentionner Alexina (Herculine Abel) Barbin, hermaphrodite né(e) dans une famille paysanne de Charente. Son intelligence, sa culture, son catholicisme et son désespoir se lisent dans ses Mémoires, que l'on retrouva auprès de son lit, rue de l'Ecole de Médecine, à Paris.

Paix aux poètes, paix aux hermaphrodites. Honneur à vos âmes belles et tourmentées.

H.L.

mercredi, 09 novembre 2011

Jean-Christophe - 8 novembre 2011

 

"La cruauté envers les animaux et même déjà l’indifférence envers leur souffrance est à mon avis l’un des péchés les plus lourds de l’humanité. Il est la base de la perversité humaine. Si l’homme crée tant de souffrance, quel droit a-t-il de se plaindre de ses propres souffrances ?"

Romain Rolland

 

Romain Rolland, Madeleine Rolland

Frère et Soeur Rolland

 

 

Romain Rolland a inventé l'expression « roman-fleuve » ; il a inventé l'expression « sentiment océanique », qu'on trouve dans sa correspondance avec Sigmund Freud. Il a milité pour l'Europe fraternelle ; il a été l'ami de Tolstoï et de son disciple Gandhi ; il a, comme eux, défendu les animaux. Il a été un pionnier de la musicologie.

Son roman Jean-Christophe, qui lui a fait obtenir le prix Nobel, a rendu ardents et fébriles d'enthousiasme des jeunes gens du monde entier pendant toute la première partie du XXème siècle. Dans le monde communiste il est demeuré un héros. Aujourd'hui, il est plus lu et étudié à l'étranger qu'en France.

Mais son Jean-Christophe a été conçu, et les premiers jets ont été écrits au 162 boulevard du Montparnasse, dans l'obscurité.

C'est pourquoi, aujourd'hui, dans l'obscurité, un petit groupe de têtes fêlées se rassemble au 13 boulevard du Montparnasse le mardi soir, pour lire à voix haute le premier roman-fleuve, l'histoire de Jean-Christophe Krafft.

 

SaraPhot Sara

 

La première « lecture du mardi » a eu lieu hier. Elle était accompagnée d'un Monbazillac blanc moelleux et d'une fourme du Puy de Dôme.

A mardi prochain, frères lecteurs, pour un autre chapitre, un autre fromage, un autre vin. A mardi prochain, pour la messe de Jean-Christophe.


Les officiants d'hier : Laure ; Alexandre ; Francis ; Vincent ; Dominique ; Jean-Pierre ; Stéphanie ; Emmanuel ; Edith


Conseils de lecture :

Ce passage sur la musique, de Jean-Christophe

La nouvelle "Le prophète", de Thomas Mann

ciel de Mavra, Biarritz

Ciel Mental, par Mavra

 

dimanche, 30 octobre 2011

Miles Davis, as-tu retrouvé Franz Schubert et l'as-tu consolé ?

C'est sur un blog qui ressemble de près à un songe italien que j'ai soudain senti qu'il y avait une fraternité entre la musique de Franz Schubert et celle de Miles Davis.
Nostalgie, balancement tout en retenue, ballades en suspension qui n'effleurent jamais la moindre médiocrité. 

"La vraie musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence". 
Miles Davis

Et il a dit cette phrase encore, qui parle autant de Schubert que de lui : "Pourquoi jouer tant de notes quand il suffit de jouer les plus belles ?"

Fascination : regarder ses yeux regarder le film pendant qu'il improvise et en compose la bande sonore.

 

Honoré de Balzac et Franz Schubert, mariés à Eylau par le cinéaste Yves Angelo :

Merci aux inconnus youtubiens dont j'emprunte les vidéos.

jeudi, 27 octobre 2011

Voyages électroniques

CHaussures à montmartre.jpg

(Un billets de Jean Bouchenoire et des photos androïdes d'Edith de CL)

 

Que sont mes blogs favoris devenus ? J'ai changé d'ordinateur deux fois, et j'ai beaucoup perdus d'amis inconnus qui rehaussaient ma vie et ignoraient mon existence.
Je les remercie - cette dame "fille et femme de pompiers" qui photographiait les beautés imprévues de ses jours, les brumes sur la vitre, les branches gelées, les sourires lointains. Je remercie le garçon qui racontait ses rêves.
Je ne les retrouve plus. La Toile est trop grande, leur souvenir trop lointain, le chemin que je me fraye ne m'amène plus sur leurs vitrines discrètes.

En ce moment, j'ai mes blogs favoris où je me ressource. Je voudrais les partager. Voici un itinéraire extrêmement restreint et partial, imparfait, sur des websquats où je trouve de quoi me restaurer le cyberestomac.

Déjeuner d'un été montmartrois.jpg

Lorsque j'ai soif de musique je m'en vais par la ruelle des musiblogueurs, remplie d'échoppe en tous styles musicaux.

Je n'aime pas passionnément la musique électronique mais j'aime quand même bien aller en écouter un peu en lisant des chroniques assez bien écrites :

Les chroniques électroniques


C'est chez ce monsieur que j'ai découvert Terje Rypdal, le guitariste, et que j'ai rêvé à des balades en montagnes et à des jolies relations entre un père et un fils :

En Noir et Bleu


Papageno écrit avec intelligence des billets instructifs, qui reflètent une pensée personnelle structurée :

Le blog de Papageno


Ici, chaque semaine, splash ! On nous jette les beautés des mélanges de peinture et de musique, des découvertes discographiques :

Passée des arts


Et Là, s'élève un point de vue original, un effort d'écriture, une vision musicale eclectique et exigente :

Music Lodge


Enfin, le rêve d'une femme qui signe Emma et qui navigue obstinément sur les océans confondus de la musique, du cinéma et de la peinture :

Un Sogno Italiano

la pub rend idiot.jpg

Si j'étais branchouille, je suivrais les conseils de cette jeune femme. Je ne les suis pas mais je brille quelquefois à des dîners en parlant d'un air entendu des lieux qu'elle commente :

Xpérience


Qui est cet homme ? Que fait-il exactement ? Je ne l'ai jamais compris, mais j'aime le style visuel et littéraire de son blog :

Punk Rock & Coffee

bleu denoël.jpg

Une des plus passionnantes expériences que j'ai vécues récemment fut de lire, en entier, la chronologie de l'éditeur Robert Denoël, élaborée par un monsieur belge intelligent, doué et dévoué :

Le site sur Robert Denoël


Paris, marcher dans Paris à la recherche des immeubles évoqués par Paris 1900 :

Paris 1900

clope, ne clope plus.jpg

Se rappeler les luttes qu'on n'a pas vécues, luttes de gauche qui nous ont créé un monde nouveau, s'en rappeler avec la nostalgie des rêves auxquels on croit croire :

Chambre Claire


Se détourner, chercher ailleurs, trouver autre chose à crier, suivre le petit groupe des apaches, ces grands méchants loups détestés par toute la France, la France qu'ils aiment tant, à travers leurs débats et leurs ébats de loubards :

Paris apache


Maintenant que j'ai choqué le bourgeois méchant, le bobo sympa, le gentil immigré victime, et tous les citoyens de bonne volonté en citant le projet apache, je vous envoie aux bourrasques noires et glacées de l'anarchie :

Le Drapeau Noir

conserverie.jpg

La révolte est retombée comme un soufflé. Je redeviens "centriste". Je pense au milieu de l'avenue, sur la belle allée intellectuelle plantée de platanes ; j'agis dans les cadres. Et j'aime suivre avec admiration les réflexions profondes d'un type qui prend la peine de penser précisément et d'écrire finement sa pensée précise :

Motifs


Tout nous vient des rêves et tout retourne au rêve. C'est du moins mon rêve. Je termine donc ce billet par un blog nuageux :

Lens Upon The Clouds

 

Jean Bouchenoire

mardi, 20 septembre 2011

Automnal andantino : oublier, ressentir, pleurer sans s’en rendre compte

 

Sara, piano, pianiste, schubert, andantino, D959

 Photo Sara

 

 

Je me suis offert un dimanche après-midi voluptueux, automnal, chargé de douce mélancolie et d’extase douloureux.

J’ai téléchargé (via Grooveshark) douze versions de l’andantino fascinant de Schubert, de la sonate 959, un andantino qui sauve les âmes perdues en leur rappelant que se perdre c’est un peu comprendre la poésie.

Et je les ai écouté, plusieurs fois, l’une à la suite de l’autre, ces versions de l’andantino qui ressuscite l’enfance et sied si bien aux automnes lents, roux et hésitants.

En boucle, on finit par les reconnaître, les attendre, ces diverses interprétations d’un même thème, par accéder à une certaine intimité envers les deux mains qui dispensent avec précision leurs dix doigts sur les touches. Et au bout du chemin onze ou douze fois accompli, les tenants de la lenteur –une lenteur vibrante, pas mécanique- ont conquis mon cœur. Ils savent faire croire qu’ils vont mourir avant la note qui veut venir, qu’ils ne parviennent à attraper... Les plus agiles ne sont pas les plus romantiques, ni les plus travailleurs les plus artistes.

Ce dimanche suspendu à leurs doigts, je crois l’avoir passé au paradis, dans un paradis où la beauté prédomine et où la paix s’installe au milieu des dépouillements.

Pianistes du monde entier, des Asies, des Europes et des Amériques surtout, pianistes à cheval entre la perfection et la souffrance, entre la retenue et le déploiement, chacun tentant de faire vivre le balancement d’un homme qui souffrit et créa dans la passion.

Il s’appelait Franz, Franz Schubert et ses copains l’aimaient beaucoup, l’admiraient vraiment et le plaignaient un peu. Il était bon avec les chiens et avec les hommes. Il a écrit des merveilles avant de mourir, à trente-et-un ans, à côté de Vienne.

Un après-midi pour effacer les idées, les pensées et tout ce qui vient du mental ; une après-midi consacrée à l’attente de la note qui vient, au regret de celle qui passe, à la contemplation auditive des silences qui les séparent. Oh, gratuité et gratitude viennent du même père-mot et à la gratuité des heures passées à seulement écouter succéda la gratitude d’avoir oublié que dehors, dans la vie réelle sociétale, tout se mesure.

 

Édith

SaraPhot Sara

 

 

vendredi, 16 septembre 2011

Redécouvrir Paul Rougnon

Paul Rougnon, musique, musicien

 

Paul Rougnon fait-il partie de ces musiciens français qui attendent une renaissance ? Je crois que oui. Un bon nombre de partitions sont aisément trouvables, surtout sur des sites américains ; comme souvent, les re-connaisseurs et les admirateurs émergent d'ailleurs.
Ces partitions donnent l'idée d'une œuvre subtile, cristallisant en finesse et discrétion les diverses directions de l'époque où il composait : le classicisme sert de toile de fond aux inventions et aux expériences consonantes et dissonantes, tandis que les musiques populaires s'y frayent un sentier qui mâtine les œuvres de douceur et de gaieté, une gaieté des rues des villes et des fêtes de campagne.

 

Une Polonaise trompettante et pianistique

 

Entre air de chasse et romantique ballade gitane, la polonaise pour deux trompettes et un piano constitue un mélange des genres très réussi, à cheval entre la pièce pour élégant salon de musique et la musique du kiosque du Luxembourg.

Les élèves du conservatoire de l'Iowa en ont réalisé un enregistrement en 2011, charmant et imparfait, qui permet de donner une idée de l'effet que ferait l’œuvre parfaitement exécutée.

 

Titres-portes ouvertes sur une pensée vaste

 

Paul Rougnon est l'auteur de plusieurs livres, dont un, difficilement trouvable a priori mais qu'il me tarde de lire, Mon piano. Hygiène du piano. Petit dictionnaire explicatif et historique des éléments constitutifs du piano.

 

Outre des livres d'enseignements (en solfège et en piano), il a écrit La musique et son histoire et un Dictionnaire général de l'art musical.

Il y donne des témoignages sur le monde musical de son temps, ainsi sur Victor Massé et César Franck.

Aussi est-il dommage que Paul Rougnon n'ait pas encore de site internet dédié. On y rassemblerait ses écrits, ses partitions, ainsi que des enregistrements. Il faudrait qu'on puisse y écouter, par exemple, Les voix de la foule, pour ténors, barytons et basses. En attendant qu'un tel site voit le jour, il ne nous reste qu'à poursuivre ce voyage dans l’œuvre de ce compositeur, et, un jour, à aller déchiffrer ce Concerto romantique pour alto (ou violon) accompagné par un piano, au bord de la piscine, dans son impasse de la poitevine ville de Bonnes.

 

Partitions :

Opéras

Partitions pour trompette et piano

samedi, 10 septembre 2011

Familles, fières de vos mensonges

 

Aux oncles et tantes, aux grands-parents, à leurs curés, à ceux qui nous ont saboté notre jeunesse.

chez tante Marthe.jpg

Vous avez renoncé à vos rêves, à vos corps, à vos promesses ;

l'adolescence au tombeau, vous marchez à côté de vos chaussures cirées

Vous donnez des jugements, des petites phrases qui tuent et que vous croyez bonnes ;

vous n'avez pas eu le courage de la révolte que vous sentiez poindre, alors vous avez revêtu l'aube qu'on vous tendait, vous avez enfilé la cravate, la jupe longue, vous avez fermé la porte des départs.

Ceux qui vivent et ceux qui se détruisent vous font également peur. Vous chassez leurs images et méprisez leurs rires comme leurs larmes

vous jugez selon le monde fermé de votre esprit et vous appelez cela vivre selon Dieu ou bien vivre selon le Bien, et ceux qui ne vous ressemblent pas, vous les haïssez et leur imputez tous les crimes du monde.

Votre morale est un écran de fumée. C'est la lâcheté qui l'édifie en vous. D'autres vivent leurs choix selon la morale des dieux, dans leur faiblesse ils invoquent le courage et sautent le pas spirituel, mais vous ne pouvez pas le voir, vous ne reconnaissez pas leur vertu à cheval entre la fragilité et la liberté ; vous ne voyez que vos agissements conformes aux ordres de vos chefs, et vous ignorez toute qualité chez ceux qui agissent en vérité. Les bêtes vous paraissent inférieures à vous mêmes, les enfants vous paraissent coupables et seuls ceux qui courbent la tête trouvent grâce à vos yeux.

 

Les mères fières de leurs fils scouts marins
et de leur implication paroissiale,
à 15 ans leurs fils les haïssent et se vengent sur des filles qui ne leur ressembleront jamais,
immondes fils qui deviendront raides comme le chêne et lâche comme le roseau,
dignes héritiers d'un monde mort où les gestes sont conformes, les idées, confinées dans la mesure, et les cœurs, absents.

 

Les pères avancent, sérieux dans leurs habits d'hommes responsables. Ils suivent les règles et lorsque les chaînes disparaissent, le temps d'un instant, de deux heures ou de deux mois, ils se débondent. Puis le joug réapparaît ; la tête s'incline à nouveau ; ils adhèrent à un monde mort, aux idées d'hier, et se croient novateurs. Leur responsabilité tient par la colonne vertébrale extérieure : leur échine, aussi souple que leur uniforme est raide, se courbe sous les ordres d'en haut et leurs ordres vengeurs vers le bas témoignent de l'horreur hiérarchique du pouvoir. La structure de leur monde leur convient ; ils ont opté pour un bonheur prévu et quand l'image d'un ancien rêve trouble leur vue, ils détournent le regard.

 

Edith de CL, 29 septembre 2011, fini à 20h59

dimanche, 04 septembre 2011

richesses et misères de nos comptes en banques et de nos coeurs

 

charité, Unicef, hypocrisie, Corne de l'Afrique

Charité unicefienne. Août 2011, septième arrondissement, Paris

clochard, boulevard Raspail, misère, richesse, culpabilité, enrichissement, banc public

Clochardise parisienne, août 2011, sixième arrondissement, Paris.

 

Qu'est-ce qui fait souffrir d'argent ? La comparaison, principalement. Hors survie pure (continuer à être vivant), la douleur d'argent est une douleur sociale.

Quelle comparaison nous fait souffrir ? Celle d'avec des riches ou celle d'avec des pauvres ?

On croit que c'est celle des riches. Pourtant, s'il n'y avait que des plus riches que nous, je crois que notre réaction serait différente. Voir des riches fait mal, voir des pauvres fait peur.

Voir des pauvres rend coupable à l'idée de gagner « trop » d'argent. Le pauvre habille la richesse d'indécence. Le pauvre est obsédant, il nous empêche d'aimer la richesse tranquillement. Le riche ne nous empêche pas d'aimer tranquillement la pauvreté !

Voir des riches donne envie de gagner plus d'argent. Mais en même temps la jalousie nous fait les haïr à cause de leur argent, donc nous rend haïssable le riche : voulons-nous devenir ce que nous haïssons ?

Il y a donc une différence entre les sentiments : vis à vis du pauvre, nous sommes remplis de pitié et de culpabilité. Nous éprouvons de la pitié, qui se transforme immédiatement en culpabilité. Eprouvons-nous de l'inspiration ? Non.

vis à vis du riche, nous éprouvons de l'inspiration et de la jalousie. L'inspiration donne envie d'imiter, mais la jalousie pollue ce désir.

 

Ainsi, pauvres et riches nous éloignent de l'argent, nous rendent hystériques face à lui. Notre pitié coupable des pauvres nous interdit d'aimer l'argent, notre jalousie haineuse des riches nous interdit de leur ressembler.

Les pauvres titillent ; les riches énervent.

Les pauvres interdisent à tout le monde d'être riche par leur incapacité à l'être ; les riches n'interdisent à personne d'être riche, sur le plan de la conscience morale, mais bien sur le plan affectif.

Le pauvre dérange tout le monde. Le riche ne dérange que celui qui veut devenir riche et qui n'est pas certain d'y arriver.

Mais quelle est la profonde raison de ces sentiments ?
Le trop-plein de richesse qui détruit son possesseur ne fait pas envie. Personne n'a envie de mourir dans son vomis, d'être harcelé par des vautours, de payer des drogues très chères, de passer sa vie à gérer de l'argent. L'indulgence des nababs se rapproche de l'indigence des parias. Ce n'est donc pas la quantité, mais la qualité de la richesse qui nous fait envie.

Si quelqu'un, même très pauvre, nous paraît heureux, alors la pitié disparaît. L'envie d'être à sa place peut même apparaître, car nous savons reconnaître que la personne possède des trésors intérieurs, ou du moins qu'elle ne manque de rien d'essentiel. Ce n'est donc pas la pauvreté, mais la misère qui nous tourmente.

Ce n'est pas la pauvreté d'un homme qui nous fait pitié et nous rend coupable : c'est son sentiment d'infériorité. Croiser un clochard heureux ne nous remplit pas le cœur de culpabilité.
Ce n'est pas la richesse d'un riche qui nous rend amer : c'est notre propre sentiment d'infériorité. Si nous n'envions pas un riche, nous n'éprouvons ni jalousie, ni haine envers lui.

Comment font les personnes qui tiennent à s'enrichir sans trahir leurs émotions ?

Pour préserver notre morale pro-pauvre, on compense notre enrichissement en bons sentiments. Plus on s'enrichit, plus on dégouline d'amour pour la souffrance déployée en ce monde.

Pour préserver notre morale anti-riche, on compense en gardant une mentalité de pauvre, c'est à dire en n'acceptant jamais de se considérer comme riche même si on devient Crésus et en mettant toujours un rideau entre le vrai riche, qui est méchant, et le pauvre devenu riche, qui, lui, a conservé sa souffrance de pauvre et sa connaissance profonde de la misère.

Le ruiné, ou d'origine ruiné, a les désavantages des deux situations : il a encore la mémoire de la fierté du riche, dont il ne peut se défaire ; il connaît la misère du pauvre, qui s'accompagne d'une haine des actuels riches. Sa situation intellectuelle est complexe.

Coca Cola, publicité, inique
juillet 2011, rue de Sèvres, Paris.

Pour oublier les riches et les pauvres : buvez Coca Cola !

 

écrit après un bon dîner achevé sur la glace au lait d'amande douce, de François Théron

23 août 2011

 

 

 

samedi, 20 août 2011

Tu es la mer intérieure. Tu es l'âme profonde.

 

Ils sont si peu nombreux, de nos jours, ceux qui ont lu Jean-Christophe, le roman-fleuve et fleuve musical de Romain Rolland, publié au début du XXème siècle.

Romain Rolland, Jean-Christophe, Roman-Fleuve, 13


« Le corps et l’âme s’écoulent comme un flot. Les ans s’inscrivent sur la chair de l’arbre qui vieillit. Le monde entier des formes s’use et se renouvelle. Toi seule ne passes pas, immortelle musique. Tu es la mer intérieure. Tu es l’âme profonde. Dans tes prunelles claires, le visage morose de la vie ne se mire. Au loin de toi s’enfuient, comme le troupeau de nuées, le cortège des jours brûlants, glacés, fiévreux, que l’inquiétude chasse et qui jamais ne durent.
Toi seule tu ne passes pas. Tu es en dehors du monde. Tu es un monde, à toi seule. Tu as ton soleil, tes lois, ton flux et ton reflux. Tu as la paix des étoiles, qui tracent dans le champ des espaces nocturnes leur sillon lumineux, - charrues d’argent que mène la main sûre de l'invisible bouvier.


Musique, amie sereine, que ta lumière lunaire est douce aux yeux fatigués par le brutal éclat du soleil d’ici-bas !...
L’âme qui se détourne de l’abreuvoir commun, où les hommes pour boire remuent la vase avec leurs pieds, se presse sur ton sein et suce à tes mamelles le ruisseau de lait du rêve. Musique, vierge mère, qui portes en ton corps immaculé toutes les passions, qui contiens dans le lac de tes yeux couleur de joncs, couleur de l’eau vert-pâle qui coule des glaciers, tout le bien, tout le mal, - tu es par delà le mal, tu es par delà le bien ; qui chez toi fait son nid vit en dehors des siècles ; la suite de ses jours ne sera qu’un seul jour ; et la mort qui tout mord s’y brisera les dents.

Musique qui berças mon âme endolorie, musique qui me l’as rendue calme, ferme et joyeuse, - mon amour et mon bien, - je baise ta bouche pure,
je cache mon visage dans tes cheveux de miel, j’appuie mes paupières qui brûlent sur la paume douce de tes mains. Nous nous taisons, nos yeux sont clos, et je vois la lumière ineffable de tes yeux, et je bois le sourire de ta bouche muette ; et blotti sur ton coeur, j’écoute le battement de la vie éternelle ».

 

Romain Rolland - Jean-Christophe

 

Jean Christophe sur Une bibliothèque au 13

 

mardi, 09 août 2011

Rythmica Oratio de Saint Bernard de Clairvaux, suavement musicalisés par Buxtehude

 

(un billet doux d'Esther Mar)

Carpe Diem.jpg

Phot. R Guinebaud de La Grostière

La musique de Dietrich Buxtehude est si belle ! Je l’écoute dans l’après-midi d’hiver. Les minutes passent, la musique se répand, le pincement de mon cœur s’allège. Nous vivons donc dans l’adoration depuis plus de deux mille ans maintenant.
L’odeur des bois de la chambre – bois du bureau et bois de la table, bois du parquet et bois des petits paniers – marie les voix soprane, alto, ténor et basse. La fenêtre s’assombrit : voilà que le soir tombe. La musique dure et les poèmes chantés, empruntés au poème Rythmica Oratio de Saint Bernard de Clairvaux, illuminent de sens une vie qui ressemblait à une impasse.
L’inspiration n’est pas une chose facile. Souvent, je rate. Souvent, je suis fière et j’ai tort. Ce qu’il faut de maîtrise, d’abandon, de foi et de volonté m’est mystérieux. Pourtant, tant que la musique coule l’œuvre avance. Il faudra peut-être tout effacer demain : mais au moins j’aurai vécu cette émotion banale et enivrante d’être emportée par l’instant qui passe, vers un instant qui m’attend et auquel j’ai une obole à donner.

 

Esther Mar, Sucy en Brie, janvier 2009

samedi, 30 juillet 2011

Noyade

 

À la déesse de l’aurore, titanide, Éos, sœur de Séléné et d'Hélios

de Sables et d'Olonne.jpg

Vivre une vie que j'aime et qui m'emplit d'extase, chaque jour est un présent du ciel, de la terre et du vent. Conversion perpétuelle d'un cœur transi d'enfance à l'amour à venir dans l'instant qui s'approche. Toucher l'air de rien la joie des choses et des êtres, sentir la nature au plus profond de moi et comprendre comment toucher les autres, ceux qui m'écoutent et ceux qui sont loin.

 

Tout espoir vain, toute tentative avortée est impossible dans la beauté du paradis qu'est notre monde. Tes yeux, nos yeux découvrent ébahis la splendeur des aurores et des crépuscules, la langueur des journées qui les séparent pour mieux les faire éclater de couleurs. Comment remercier pour une telle flamme, celle qui coure dans mes jambes, dans mon torse et dans les bras, qui délie mon cou et lave au savon de feu mon cerveau d'hier ?

 

J'ai prié tant d'années pour seulement relever mes genoux meurtri par un sol inclément, et voilà que la douceur m'aggripe désormais sans que je l'appelle. Qu'il a fallu mourir pour sentir l'aujourd'hui ! Qu'il a fallu chercher pour que la vie me trouve et m'habite enfin. Je n'ai plus peur du monde, je n'ai plus peur de moi, je n'ai plus peur des gens qui marchent en habits de combat.

 

Hors normes, il n'y a plus de luttes des classes. Ni strates, ni mots glaçants, seuls le Rêve nous enlace et nous escorte, le Rêve et sa sœur l'Innocence. Jumeaux nés de l'absence et partis pour durer jusqu'au bout du temps, ils m'apprennent à t'aimer, amer voyage des mers aimées, aux marées mouvantes comme nos chevauchées.

Hors vous, il n'y a plus de nous. Le flottement des non-êtres et la circulation des sangs de poème dévide le jus du fruit des lassitudes. Tout dormira bientôt...

 

Tout dort. Le monde a quitté sa robe de bure dont l'usure gâtait la vision. Il n'y a plus rien que l'enfance qui suce les pommes sûres et le brasier des amours mortes. Il n'y a plus que le vent qui souffle à Celui qui sait, il n'y a plus que l'instant qui passe en nous emportant. Qui peut encore croire à la puissance de l'ego ? Enfonçons-nous dans l'Immobile mouvement de vie pour sentir que nous devenons denses dans la Danse.

 

Agnès bureau de St Antoine 7 2011 2.jpg

Texte & photo : Hanno Buddenbrook