jeudi, 01 novembre 2012
Archange
N'ayez pas peur de lui... N'ayez pas peur de vous. Ecoutez ce chant funèbre, somptueusement déployé par un ange poignardé :
What power art thou,
Who from below,
Hast made me rise,
Unwillingly and slow,
From beds of everlasting snow!
See'st thou not how stiff,
And wondrous old,
Far unfit to bear the bitter cold.
I can scarcely move,
Or draw my breath,
I can scarcely move,
Or draw my breath.
Let me, let me,
Let me, let me,
Freeze again...
Let me, let me,
Freeze again to death!
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mercredi, 31 octobre 2012
Grégoire de Tours V
Tableau en papier déchiré de Sara
Hier, mardi soir, cinquième réunion autour de l'Histoire des Francs, de Grégoire de Tours.
Etaient présents :
Alexandre
Mavra
Pierre-Emmanuel
Jean-Pierre
Laurent
Francis
Théo
Vincent P
Marc
Edith
La phrase qui ouvrit la lecture fut :
«Chramne, qui venait d'épouser la fille de Wiliachaire, gagne Paris ; il s'attache le roi Childebert par les liens de la foi et de l'amitié en jurant d'être sans défaillance l'ennemi de son père».
Nous avons terminé par la lecture des titres de chapitres du livre V.
Au cours de la soirée nous lûmes le passage concernant la catastrophe écologique de l'ouragan qui s'abattit sur le lac Léman en 563.
Récemment les scientifiques ont confirmé de leur point de vue ce que l'on connaissait déjà par les chroniqueurs Grégoire de Tours et Marius d'Avrenches.
C'est émouvant de lire une chronique si importante, qui a donné aux historiens et scientifiques des temps postérieurs tant de connaissances factuelles sur l'époque mérovingienne.
C'est également intéressant de plonger dans le monde de nos ancêtres, dont a fini par émerger le nôtre mais qui nous parait aux antipodes intellectuelles de nos modes de raisonnement.
Trouver ridicule un des plus grands esprits du VI°siècle, c'est assurément être engoncé dans son temps comme dans le plus pénible des préjugés. Aussi il est bon de lire Grégoire de Tours en se souvenant qu'il est, pour son temps, ce que les plus éminents des scientifiques et penseurs sont pour le nôtre.
Et qu'il est aussi facile de mépriser son oeuvre que de se moquer d'un petit enfant, encore naïf face aux moeurs qui nous régissent.
Se procurer L'Histoire des Francs, par ici...
Alphonse Osbert
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samedi, 27 octobre 2012
Dette vitale
par Edith CL
J'ai une dette énorme envers les lanques quechua et hawaiienne: elles m'ont sauvé du plus grand malheur, elles m'ont gardée en vie. Leur structure, leur sonorité, le monde qu'elles portent, tout cela m'a nourrie, m'a maintenue de longues années durant. Je ne pourrai jamais assez les remercier de m'avoir habitée, de m'avoir hantée, harcelée sans limite, de m'avoir laissée les aimer, de m'avoir transformée de l'intérieur, plus que personne ne saurait l'imaginer. Les conditions dans lesquelles je les ai apprises étaient imparfaites, pas toujours agréables... Mais sans ces langues, peut-être aujourd'hui serais-je au fond d'un hôpital psychiatrique, entièremement détruite.
Pour vous, langue quechua et langue hawaiienne, runasimi et 'ölelo hawai'i, gratitude éternelle.
Samdi 27 octobre 2012
Edith de Cornulier-Lucinière
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mardi, 23 octobre 2012
Passages d'une autobiographie incertaine
Bien que nous sommes désormais ennemies à la vie, à la mort, je cite ce passage que Venexiana (Atlantica) écrivit dans son autobiographie J'entendais ta guitare pleurer :
"La vie nous a menti. Elle s’était voilée pour nous paraître facile ; nous avions cru à des avenirs beaux comme des soleils chargés d’une pluie tiède. Il n’en fut rien. Chaque pas vers le rêve est un pas vers la désillusion. Si nous bougeons, nous sombrons tous ensemble dans le noir abîme du désespoir immense"
Qu'une femme soit capable d'écrire cela et de trahir ensuite comme une méchante et une voleuse ne lasse pas d'interroger.
Peut-être la réponse à cette question étrange et douloureuse se trouve-t-elle dans cet autre passage de son autobiographie, composée alors qu'elle n'avait pas encore sombré dans les pires turpitudes de l'addiction ?
"A l’époque Bob n’était pas encore ivre tous les soirs et nous ne buvions que dix canettes de daleth lors des répétitions. Je me souviens de Lilas dansant en hauts talons, divine, sous nos regards délictueux, à lui et à moi. Je me souviens que les journaux déclaraient que la guerre allait commencer et nous crachions sur les nouvelles pour mieux laisser l’imaginaire coloniser, lentement, puissamment, notre vie. Nous lisions Edith Morning : "Si j’avais su que les rêves sont réels et le monde illusion, j’aurais inversé ma vision de la liberté et celle de la prison. Mais les menteurs amers disent décriant les images qu’elles sont illusoires, et nous entraînent dans leur " réel " qui n’existe que dans leurs sombres couloirs".
Nous sommes le 30 mars 2012 et je me souviens avec émotion de l'année 2029. Vénéxiana, un jour je te pardonnerai, parce que ce que tu m'as fait souffrir n'effacera jamais ce que tu m'as fait vivre. Un ineffable rêve. Une histoire d'amour.
Merci à Caroline et Thierry Giroud (et Charlotte !) pour le vin si rose qu'il ravive toutes les amours enfouies et les fait pétiller de nouveau.
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lundi, 22 octobre 2012
Tous les métiers mènent au ciel
Nous proposons à la lecture, un extrait du manuel de spiritualité, intéressant, délicieusement désuet, composé par l'abbé catholique Auguste Saudreau (1859-1946), et mis en ligne par le site Salve Regina
Il donne ici des exemples de saints issus de diverses professions.
"La preuve que la piété convient à tous les états de vie nous est fournie par l’histoire qui nous apprend que dans toutes les professions il y a eu des héros de vertu, des serviteurs de Dieu qui ont su allier la piété la plus tendre à la pratique des devoirs les plus dissipants. Nous donnerons ici une liste forcément incomplète de saints qui ont su trouver au milieu du monde les moyens de perfectionner leur vie et de s’élever jusqu’à l’héroïsme de l’amour.
Ceux pour qui le travail de sanctification paraît le plus difficile ce sont les rois et les princes, parce que, beaucoup plus que d’autres, ils sont comblés des biens terrestres, sollicités par les plaisirs et les honneurs, flattés par leur entourage, et ils ont, beaucoup plus que d’autres, la facilité de satisfaire les passions humaines. Il est vrai que, s’ils sont fidèles, ils peuvent recevoir plus de grâces parce qu’ils ont à remplir une plus haute mission.
Saint Richard, roi saxon, saint Canut, roi de Danemark, saint Herménegild, roi des Visigoths, saint Pierre Urséole, doge de Venise, saint Edmond, saint Edouard, rois d’Angleterre, saint Henri II, empereur d’Allemagne, saint Olaf, roi de Norvège, saint Emeric, prince de Hongrie, saint Etienne, roi de Hongrie, le B. Charles le Bon, comte de Flandre, saint Ferdinand, roi de Castille, saint Casimir, duc de Lituanie, le B. Evrard, comte de Mons, saint Louis, roi de France, le B. Amédée, duc de Savoie, le B. Elzéar, comte d’Arian, sa femme, la B. Delphine, sainte Adélaïde, et sainte Cunégonde, impératrices d’Allemagne, sainte Agathe Hildegarde, épouse d’un comte palatin, sainte Marguerite, reine d’Ecosse, sainte Elisabeth de Hongrie, princesse de Thuringe, sainte Hedwige, duchesse, V. Marie-Clotilde, reine de Sardaigne, sainte Elisabeth, reine de Portugal, la B. Marie-Christine, reine des Deux-Siciles.
Vécurent encore au milieu du monde et s’y sanctifièrent, saint Sébastien, saint Georges, saint Maurice, qui étaient soldats, saint Come et saint Damien, médecins, saint Crépin et saint Crépinien, et, au XIIe siècle, saint Thibaud de Mondosi, cordonniers, saint Vincentien, palefrenier, saint Evrard, saint Nicétas Pérégrin, saint Bénezet, le B. Jean de Monchy, bergers, saint Isidore, laboureur, saint Goiry, colporteur, saint Ludain, pèlerin en Alsace, saint Pazzio, orfèvre à Vérone, le B. Albert, d’Ogna, paysan, puis homme de peine, saint Daniel, marchand, le B. Pierre de Sienne et le B. Jean d’Epire, simples ouvriers, le V. Antoine Bermejo, qui passa sa vie à soigner les malades, saint Benoît-Joseph Labre, mendiant, sainte Germaine Cousin, sainte Thareste, la V. Elisabeth Canori, la V. Villana de Bottis, mères de famille, la B. Louise d’Albertone, veuve, la V. Grâce de Valence, qui mourut à 112 ans et eut à subir de violents assauts du démon jusqu’à sa mort.
L’Eglise a reconnu les vertus héroïques de ces grands serviteurs de Dieu ; combien d’autres n’ont pas eu cet honneur et ont su aussi au milieu du monde dans des professions qui ne favorisent pas la piété, servir le Seigneur avec une grande fidélité et gagner pour le ciel d’immenses mérites ! Au XVIIe siècle, M. de Bernière Louvigny, trésorier du roi, qui a laissé de si pieux ouvrages, le Baron de Reinty, se distinguèrent par une grande sainteté de vie ; deux habitants de Paris, Clément, coutelier et Beaumais, mercier, convertirent beaucoup d’hérétiques, par leurs controverses, mais plus encore par leur sainteté, Clément en convertissait en moyenne jusqu’à six par jour. Marie de Valence, Marie des Vallées, surnommée la sainte de Coutances, si intimement liée avec le B. Père Eudes, Marie Rousseau, femme d’un marchand de vin, qui soutint M. Olier dans ses œuvres et que les personnages les plus éminents consultaient, Esprite de Jésus, Madeleine Vigneron, Armelle Nicolas, qui furent favorisées de communications divines, pratiquèrent d’héroïques vertus. Au XIXe siècle le commmandant Marceau, M. Dupont, le saint homme de Tours, le général de Sonis, M. Philibert Vrau, Marie Brotel etc, etc., vécurent saintement au milieu du monde.
Il est vrai, le nombre des saints et des parfaits est incomparablement plus grand parmi ceux qui sont consacrés à Dieu, et qui trouvent, soit dans le sacerdoce, soit dans la vie religieuse, des secours inappréciables, mais les exemples de tant d’âmes généreuses qui se sanctifièrent au milieu du monde, prouve la vérité du principe : Bona voluntas requiritur et sufficit : il faut une bonne volonté, mais une bonne volonté suffit, une volonté énergique et constante, correspondant fidèlement aux grâces que le Seigneur verse toujours avec abondance sur les âmes courageuses".
Abbé Auguste Saudreau (1859-1946)
Le manuel dans son intégralité, sur le site Salve Regina
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jeudi, 18 octobre 2012
Apnéiste des villes du Nord
Une journée d'octobre
Par David Nathanaël Steene
Dimanche... Rien à faire... Mais l'ordinateur est allumé.
10h49, je m'assois avec un café. J'écoute un documentaire sur l'océan abyssal, quelque fois je regarde les images. Je suis amer, car je ne suis pas chasseur de corail, ni plongeur « no limit ». Je suis cadre commercial et j'habite rue Berthillot.
Le café est presque froid.
Midi 57
Je me lève du fauteuil et me rends compte alors que j'étais assis de façon très inconfortable. Que s'est-il passé ? Ah oui, un café, un peu de musique et puis... La rêverie s'est installée. D'elle, j'ai tout oublié.
Je vais, je viens, dans le couloir, dans la cuisine, j'ai faim sans courage de manger, je cherche des choses à faire.
13h12
Je m'habille
13h26
J'ouvre le frigidaire, je mange des choses un peu à l'envers et je ris en songeant à certaines scènes de la semaine passée. Je ne me souviens plus de ce qui se passa hier. J'aimerais être avec quelqu'un, sans être pourtant trop dérangé.
14h14
Je regarde l'heure, elle est symétrique. Il y a un vieux carnet d'il y a dix ans, qui traîne depuis tout ce temps. Je vais écrire un poème.
16h
Assis, puis debout, puis assis, allant chercher de temps en temps de la lumière du dehors à la fenêtre surélevée des toilettes, j'écris un poème. J'en pleure presque. Il est raté, mais cela lui donne une certaine beauté.
Je suis revigoré par cette création ; je vais faire un café.
17h01
J'ai bu du café, relu mon poème, ouvert des livres et je viens de mettre une liste musicale sur mon ordinateur. Le premier morceau coule : C'est Mom's Mercedes, des Shudder to Think.
18h49
Oh la la, quelles musiques viennent de couler dans cette pièce tellement vide que j'ai presque l'impression de ne pas exister.
Shudder to Think, Patti Smith, Biosphere, Schubert, Eric Serra, Monteverdi, Maurice Fanon, The Doors, Tom Waits, Louise Attaque, Carlo d'Alessio, Craig Armstrong, Christophe Bertrand, Nino Rota.
Je vais me changer, pour être beau ce soir.
19h37
Je me suis douché, changé, rasé et je suis beau, prêt à sortir dans la ville. J'ai l'air fort dans le miroir, ce qui me fait sourire.
20h23
En fait, je ne vais pas aller à la soirée d’Édith de Cornulier-Lucinière. Elle me fait peur avec ses nouvelles idées, et puis je ne supporte pas les conversations du dimanche soir. Je vais rester ce soir chez moi, et j'ouvre la bouteille de Meursault d'oncle Thomas.
J'écoute une musique des Voyageurs des 7 songes et Francis Coffinet. Le Meursault s'invite et modifie l'essence même de la musique et du poème.
...« révolution de chair et de conscience au coin du plexus solaire »...
Alliage étrange de Meursault et de Francis Coffinet : la nuit s'ouvre doucement. Le feu intérieur se consume, avale le vide extérieur. Je suis l'apnéiste des villes du Nord.
DN Steene
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mardi, 09 octobre 2012
Oh, zones...
Un billet d'Esther Mar sur une musique de Victor Tsoi et Kino.
Il suffit qu'on change, un quart de seconde, le point de vue qu'on a sur la vie pour sortir de l'enfer et entrer dans un monde très beau.
Et ça on refuse de le faire, parce que c'est trop facile.
Et pourtant, ce n'est que ça, la résurrection.
Et pourtant les cauchemars continuent, nuit à après nuit. Insomniapolis mange mon sommeil. La ville nocturne m'emporte dans son monde gore où nous réalisons enfin que nous ne sommes que des zombies. Nos manteaux attaqués par la vermine, nos chaussures trouées traînent dans les flaques banlieusardes. Les monstrueux lambeaux de villes nouvelles, déjà noyées de grisaille et de rouille, vidées de tout ce qui ressemble au bonheur de vivre, s'étendent au-delà des horizons. Reste-t-il des forêts, des étangs, des animaux cachés quelque part en ce monde ?
Ô mon Dieu à quoi servirent nos adolescences ? Vous qui n'existez pas, vous seul, pourrez nous sauver du Vide qui nous entoure et qui n'a pas de fond.
Que reste-t-il de ce que nous fûmes, de ce que nous fîmes, de ce que nous fumâmes ? Où sont les photographies où l'on souriait encore, de ce sourire faux qui fait croire au bonheur et qui pousse l'autre au suicide ?
Nos idoles se sont jetées dans les ravins. Leurs voix tournent encore dans des ordinateurs aux cartes sonores distordues. Nous aimâmes l'idée que nous aimerions un jour comme nous avions aimé au cœur de l'enfance, au creux de notre confiance dans un monde dont nous ne voyions que les illusions, les lumières trompeuses.
Comme j'ai mal. Comme j'ai mal à cette enfance aux grands yeux qu'on a trucidée avec des mots. Comme j'ai mal à cette adolescence aux bouches mornes où pendaient des cigarettes, et qui attendait l'aurore. L'aurore est venue : elle était plus triste encore que les prisons déjà connues.
Les amours que nous rêvions gisent, avortées au bord de l'océan des déchets. Les cargos du bout du monde coulent au large. Quelques oiseaux volent encore, et je m'accroche à la jeunesse comme une folle alors que les premières rides ont creusé leur sillon de mort sur mon visage conscient et résolu.
Vivre, c'est avoir cru et voir qu'on s'était trompé.
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jeudi, 04 octobre 2012
Trois poèmes d'Eau
Nous vous proposons trois poèmes d'Eau-Livier. La nuit - Matin - Face à la lumière
Eau-Livier vit entre la montagne et la mer, entre le jour et la nuit, entre les arbres et les étoiles... Là-bas.
La nuit
La nuit est venue
Sans que l’on y prenne garde
La nuit est venue
Avec son cortège d étoiles
La nuit est là
La nuit des temps
La nuit des Hommes
La nuit
Croyez, sots
Qu’elle mettra un voile pudique
Sur vos tourments ?
Sots êtes-vous !
Les étoiles, traitres astres
Mettront leur lumière blafarde
Sur les cadavres de vos peurs
Pour les rendre plus vivantes
Alors seulement
Vous préférerez la brûlure de votre vie
Sous la lumière du jour
Sous la lumière du regard des Hommes
31 octobre 2011
Matin
Oh soulagement, paix retrouvée
La nuit et son cortège d’astres nauséabonds
A cédé
Elle n’aura pas possédé mon âme
Les chimères et cadavres exquis des ombres
N’auront, dans le monde de mes peurs
Accouché que de quelques souris
Que la douceur du jour a dévorées
Vivez, goutez
C’est un nouveau soleil qui se lève
Brûlez, adorez
Cette brûlure pansera vos membres glacés
Mon Dieu,
Que la vie est belle
1er novembre 2011
Face à la Lumière
Il y a des jours, des nuits parfois,
Où tout l’Amour du monde
Pèse sur nos épaules.
C’est lourd l’Amour, parfois.
Je voudrais bien ce jour,
Etre l’inconnu, l’ermite ;
Je voudrais des amis qui m’oublient,
Des amis qui ne connaissent mon existence.
Je voudrais bien cette nuit
Être le soupir de la mesure,
Ne plus être le La mineur
Je voudrais n’être qu’une âme.
Assis dans le fauteuil de plastique,
Je contemple la forêt ;
Je bois avec pudeur
La Vie qui en émane.
La brise, souffle de Dieu
Vient apaiser mon esprit
Le repos, précurseur de l’armistice,
M’envahit, m’apaise.
Elle était donc là la clé, la libération ;
Lâcher prise, goûter, sentir ;
Cinq sens pour faire taire l’ordinateur,
Pour ne plus avoir peur.
Oui, je me relèverai,
Je serai de nouveau debout
Face à la lumière,
Dos aux ténèbres.
Seul le chemin compte,
Pas la finalité ;
Vivre et aimer, c’est marcher
Vivre et aimer, ce n’est pas atteindre
Seul Dieu connait la finalité.
Alors je continuerai à marcher,
Je me retournerai parfois
Pour goûter les courbes, les chutes,
Je pourrai associer à chaque virage
Une ride de mon visage,
Je pourrai associer à chaque arrêt
Une cicatrice à mes genoux.
Je lirai
Dans chaque flaque d’eau,
Les larmes amères
Versées par Amour.
Seul le chemin compte,
Pas après pas,
Face à la Lumière,
Dos aux ténèbres.
17 août 2012
Eau-Livier
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Algues séchées
Les algues sèchent à la frontière du jardin et de la mer, à quelques mètres du fauteuil de paille. Ti punch, tu m'infuses ta sagesse.
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vendredi, 28 septembre 2012
Deux amants
Capitaine Morhange et Hanno Buddenbrook, je vous ai aimés tous les deux, chacun d'une manière différente. On médisait de moi pour cela, mais vous, vous me compreniez si bien ! Et c'était ma façon aussi de vous aimer que de chanter nos amours sur la harpe celtique du Grec Alexis, cette harpe qu'il avait oubliée au fond d'un bar des Sables d'Olonne, un soir, après la pluie, avant la lune, pas loin des vagues.
Et toi, Anthony M-C, tu étais là aussi, ignorant peut-être nos vagissements intérieurs, au milieu des bières et des nuages de fumée - il n'était pas encore interdit de fumer - et tu priais, tu priais ce Dieu que tu rencontrais chaque jour un peu plus et dont nous nous éloignions chaque aube un peu plus.
Et puis il y avait l'heure, l'heure qui tournait, et il y avait l'amour des chants silencieux.
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mercredi, 26 septembre 2012
les Sables de septembre
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mercredi, 19 septembre 2012
L'abbé Suger, maître de l'an 3000
Saint Denys dit la messe devant Charles Martel.
Peinture du Maître de Saint-Gilles
Un hommage à Suger par Esther Mar
Lisez l'épitaphe de l'abbé Suger de Saint-Denis, immense homme d'Etat français, lumière du douzième siècle, par le chanoine Simon Chèvre d'Or de Saint-Victor, qui le connaissait et l'aimait :
« Il est tombé l'abbé Suger, la fleur, le diamant, la couronne, la colonne, le drapeau, le bouclier, le casque, le flambeau, le plus haut honneur de l'église ; modèle de justice et de vertu, grave avec piété, pieux avec gravité, magnanime, sage, éloquent, libéral, honnête, toujours présent de corps au jugement des affaires d'autrui, et l'esprit toujours présent pour lui-même. Le roi gouverna par lui les affaires du royaume ; et lui, gouvernant le roi, était comme le roi du roi. Pendant que le roi passa plusieurs années outre mer, Suger tenant la place du roi, présida au soin du royaume. Il réunit deux choses qu'à peine quelque autre à pu réunir ; il fut bon pour les hommes et bon pour Dieu. Il répara les pertes de sa noble église, en embellit le siège et le choeur, et la fit croître en éclat, puissance et serviteurs. Il était petit de corps, petit de race, et atteint ainsi d'une double petitesse, dans sa petitesse il ne voulut pas demeurer petit. Le septième jour, jour de sainte Théophanie, lui a ravi le jour ; mais Théophanie l'a fait monter au jour pur et vrai, auprès de Dieu ».
L'abbé Suger, né en 1080, mort en 1151, fils de Hélinand, homme du peuple, fut remarqué par l'église, cette église à l'époque si active à travers toutes les franges de la société pour sélectionner des enfants qui montraient des aptitudes brillantes et leur donner les clefs de son Institution... En leur donnant les clefs de l’Épouse du Christ elle leur donnait celles des Cours d'Europe.
Artisan de la France moderne, il eut la primeur du sens de l’État et fut un ardent édificateur de l’État français. Sans l'abbé Suger, la France d'aujourd'hui n'existerait pas. Aussi la France n'est-elle pas qu'un accident de l'histoire, comme l'a dit un homme de notre temps au cours des préparatifs de l'élection présidentielle du mois de mai 2012 ; la France, telle qu'elle nous apparaît dans tous ses aspects géographiques, politiques, intellectuels, artistiques, reflète une construction ingénieuse et obstinée de quelques hommes visionnaires et acharnés. Ils eurent parfois fort à faire, ces hérauts, pour diriger peuples et rois dont ils avaient la charge !
L'abbé Suger donna à la lumière un sens et un pouvoir immenses. Il insista pour que les églises soient inondées de lumière.
"Je suis la lumière du monde", dirent un jour le Chemin, la Vérité et la Vie. Suger l'entendit de cette oreille et il offrit aux pierres d'être le réceptacle de cette lumière et de la refléter sur les esprits aveugles, afin qu'ils s'élèvent.
Le tombeau de Suger dormit au fond de son œuvre, la basilique de Saint-Denis, durant de nombreux siècles. La fureur révolutionnaire profana la Basilique, les tombes des rois et celle de celui qui avait tant fait pour le peuple dont il était issu. On pourrait interpréter cette profanation comme le symbole de la mort de l'ancienne France, de ses vertus, de ses grandeurs et de ses inspirateurs. Que nenni, mes amis. Nous nous rendrons compte dans mille ans quel homme a été Suger, quand il brillera de toute sa gloire sur les hommes de l'an 3000 tournés vers lui avec plus d'admiration qu'ils n'en eurent jamais. Car alors ils accompliront, dans sa perfection, le rêve de lumière de l'abbé de Saint-Denis.
Esther Mar, 18 août 2012, pour AlmaSoror s'ils en veulent.
Phot prise sur WP
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vendredi, 14 septembre 2012
Pub montréalais
Causerie d'Esther Mar sur une photo montréalaise de Mavra Nicolaïevna Novogrochneïeva
2661, Notre-Dame ouest.
Au Sainte-Cunégonde, Daniel Mazorlet-Martin ne peut lire le livre qu'il a apporté et qui traite de l'histoire du rock'n roll. La lumière est trop tamisée, la musique trop pregnante. Alors il ferme à demi les yeux et sourit en songeant à ce prénom devenu désuet : Cunégonde.
Sainte-Cunégonde est le nom d'une municipalité montréalaise, qu'on appelle encore "Petite Bourgogne".
Cunégonde est un prénom qui place les vies sous le signe de la chasteté. Deux reines, épouses demeurées chastes, portèrent ce nom et furent canonisées par l'Eglise catholique.
Pour préserver votre chasteté, priez Sainte Cunégonde du Luxembourg, reine du X et XI°siècle, ou bien priez Sainte-Cunégonde de Pologne, fille du roi de Hongrie et épouse du roi de Pologne.
Si ces deux Cunégonde ont connu la chasteté sexuelle, n'y a-t-il pas d'autres formes de chasteté ? L'atteinte à l'intimité d'autrui, la divulgation d'informations nocives à quelqu'un, l'épandage verbal incontrôlé, la consommation invétérée de magazines (TV ou papiers) centrés sur les cancans et l'occupation de son corps, sont des atteintes à la chasteté. Ainsi que le questionnement insistant des gens sur leur vie privée, ou encore le calcul méthodique du statut social des gens que l'on rencontre...
Mais aussi ce que Saint Jean de la Croix appelait la "luxure spirituelle" : se vautrer dans une spiritualité syrupeuse pour oublier qu'on est responsable de sa vie.
Une trop grande attention donnée à la chasteté finit même par ressembler à une concupiscence déguisée...Combien de religieux sont obsédés par la virginité avec une insistance répugnante qu'il prennent pour la morale ? Que l'obessions sexuelle se traduise par l'obsession de la virginité ou par l'obsession de la sexualité, elle est toujours la même atteinte à la chasteté.
Saintes Cunégondes, aidez-nous à éviter ces écueils et à parer nos paroles, nos gestes, nos pensées et nos actes d'une chasteté vivifiante qui plane bien au-dessus des questions de moeurs.
Il est venu seul, de cette solitude fascinante que donne la présence d'un livre. Les conversations autour de lui font un brouhaha qui s'emmêle à la musique diffusée par les enceintes et aux bruits des tables, du bar, des pas. Une assiette de pains agrémentés aux légumes du marché atwater. Un verre de Château St-Jean Pinot Noir de Nouvelle-Zélande l'amène peu à peu à oublier les mots durs reçus tout le jour. à quoi Daniel rêvait-il à cinq ans, en s'ennyant à la fenêtre ? A quoi rêvait-il à quinze ans, en errant dans les rues à l'autre bout de la ville ? Il rêvait de Vancouver, de New York, de Paris. Il n'en rêve presque plus, mais il est habité d'atmopshères venues d'ailleurs. Cela ne se voit pas dans ses yeux. Entre deux morceaux de musique, un cliquetis venu de dehors se fait entendre.
Est-ce qu'il pleut dehors, sur les briques et le métal de la rue ?
Esther Mar
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jeudi, 13 septembre 2012
Les amours mortes : Alix, d'air et de feu
Alix, d'air et de feu suivi d'une Note sur l'exhibitionnisme blogal - par E de CL
Je ne t'aimais pas, Alix, car l'amour est humain et nous étions angéliques. J'avais peur de tes yeux, j'avais peur de tes mains, j'avais peur de nos lendemains. J'avais peur d'un passé qui remonte comme une mer sur la côte oubliée. J'avais peur d'un avenir vide et beau, sans sel. Intriguée par le voisin qui composait sa symphonie démesurée sur Gaspard de la nuit, je contemplais trop souvent par la fenêtre sa silhouette maigre penchée sur sa harpe.
Tu partis avant l'aube d'un jour frais de septembre et ma vie depuis passe sans que rien ne se passe.
Jeunesse, traîtresse ! Jeunesse, tu laisses passer les rêves, tu laisses partir les amours, tu ne comptes rien et au bout du compte, tu t'enfuis sans laisser de trace. Alors on compte et recompte les erreurs, les absences, les égarements, et l'on rêve la vie qu'on aurait pu mener. Si seulement...
Alix D-B, ton absence m'encercle.
Note sur l'exhibitionnisme blogal
Si je raconte ici ma vie comme une exhibitionniste de l’âme, sachez que je n'ai pas choisi cette maladie.
Qu'éxibhé-je ? Vous ne connaissez ni mes rêves, ni ma chair, ni mes idées, si j'en ai. Vous ne trouverez sur ces pages, sur ce domaine blogal en perpétuel chantier, pas l'once d'une information sur cette vie que je mène dans ce que d'aucuns osent appeler "la réalité", et qui n'est que le piège dans lequel nous sommes pris. Vous verrez cependant ce qu'on ne devrait jamais montrer, et qui révèle la substance de l'être : l'écriture en suspension.
"Si j’avais su que les rêves sont réels et le monde illusion, j’aurais inversé ma vision de la liberté et celle de la prison. Mais les menteurs amers disent décriant les images qu’elles sont illusoires, et nous entraînent dans leur " réel " qui n’existe que dans leurs sombres couloirs".
Edith Morning
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mardi, 11 septembre 2012
Mariage et patronyme
Peu de citoyens connaissent la loi qui régit leur nom de famille.
Certains croient que la femme DOIT prendre le nom de son mari, quand en fait elle DOIT conserver le sien et PEUT user de celui de son mari ("le mariage n'a pas d'effet sur le nom des époux").
Peu savent que le mari peut tout à fait user du nom de sa femme. Seul l'usage nous donne l'impression que cette prise de nom est unisens.
Le 12 juillet 2011, le député Michel Issindou a posé cette question du nom des époux au Ministre de l'Intérieur.
Le 18, une réponse précisément formulée et instructive est tombée. Voici la question et la réponse, qu'on trouvera à cet endroit sur le site de l'Assemblée nationale.
13ème législature
Question N° : 113910 | de M. Michel Issindou ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Isère ) | Question écrite |
Ministère interrogé > Intérieur, outre-mer, collectivités territoriales et immigration | Ministère attributaire > Justice et libertés |
Rubrique > état civil | Tête d'analyse > nom | Analyse > hommes mariés. réglementation |
Question publiée au JO le : 12/07/2011 page : 7540 Réponse publiée au JO le : 18/10/2011 page : 11151 Date de changement d'attribution : 02/08/2011 |
Texte de la questionM. Michel Issindou attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration sur la situation des époux qui souhaitent adopter le nom patronymique de leur épouse à titre de nom d'usage. Dans sa réponse à la question écrite n° 616 en date du 8 janvier 2008, le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique semblait considérer cette pratique comme légale en affirmant qu'en la matière " contrairement à une idée reçue ou une croyance commune, les textes applicables ne distinguent pas les situations en fonction de l'appartenance sexuelle ". En réalité, les intéressés continuent de se heurter au refus de l'administration qui invoque la circulaire du 26 juin 1986 relative à la mise en oeuvre de l'article 43 de la loi n° 85-1372 du 23 décembre 1885. Une réforme législative semble dès lors souhaitable afin de mettre fin à ces divergences d'appréciation et d'établir l'égalité des droits entre hommes et femmes dans ce domaine. Il le remercie de bien vouloir lui faire connaître sa position sur ce sujet.
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Texte de la réponseLe nom de chaque citoyen français est celui qui lui a été transmis selon les règles propres à chaque filiation ou attribué par l'autorité publique et qui figure sur son acte de naissance. Le mariage n'a pas d'effet sur le nom des époux ; chacun conservant son nom de famille. Cependant, en insérant à l'article 264 du code civil une disposition selon laquelle « à la suite du divorce, chacun des époux perd l'usage du nom de son conjoint », l'article 16 de la loi n° 2004-439 du 26 mai 2004 relative au divorce a consacré la possibilité, pour chacun des époux, pendant le mariage, de prendre, à titre d'usage, le nom de son conjoint sans faire de distinction entre l'homme et la femme. Les époux peuvent ainsi adjoindre ou substituer à leur nom de famille celui de leur conjoint dont ils souhaitent faire usage, sans que la circulaire du 26 juin 1986 relative à la mise en oeuvre de l'article 43 de la loi n° 85-1372 du 23 décembre 1985, qui n'est plus applicable sur ce point, ne puisse leur être opposée. Un arrêté modifiant le modèle de livret de famille sera prochainement publié afin de mettre à jour l'annexe II portant sur les renseignements relatifs à l'état civil et au droit de la famille, et de rappeler ces différentes règles.
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