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jeudi, 11 mars 2010

Le diamant et la poussière du temps

Nadège, ce chant que tu viens de m'envoyer, je le mettrai bientôt dans l'album de poésie d'AlmaSoror. Il a sa place parmi les nostalgies

 

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Et de notre vie de toutes ces années de soleil et de vent, de bières sur la terrasse

Il me reste le diamant que tu avais volé et la poussière du temps

Le chandail d’un ami trépassé et la mémoire des gens

Et de notre amour de toutes ces années de jeunesse sans argent

Il me reste des images de ta bonté, des échos de ta voix

Ta voix qui disait dans la nuit, ne t’endors pas, attends.

Ta voix qui disais dans la nuit, ne t’endors pas maintenant.

 

Maintenant je m’endors facilement, trop vite,

Je ne vais plus jamais à Insomniapolis

J’aurais peur de ses carrefours de ses lumières artificielles

Je reste accrochée au sommeil

 

Tant de vies se succèdent en une seule vie

Tant de lieux tant d’êtres tant d’atmosphères

Seule l’enfance reste au port là bas, immuable

Et les vagues ne nous y ramènent jamais.

Tant de vies se succèdent en une seule vie

Quand l’âge avance et qu’on demeure

Au milieu des adieux, des pleurs, des peurs

 

Maintenant je me ride facilement, trop vite

Je ne danse plus jamais à Facilopolis

J’aurais honte de ma peau de mes fringues de mes gestes antiques

Je reste sur les bancs du dehors

 

Et de notre vie de toutes ces années de soleil et de vent, de bières sur la terrasse

Il me reste le diamant que tu avais volé et la poussière du temps

Quelques chansons qui passent en boucle et une paire de gants

Les mots que je disais quand tu disais n’importe quoi

La sensation d’avoir vécu quelque chose de grand

Avec un frère trouvé et perdu n’importe comment

Un ami qui disais dans la nuit, ne t’endors pas, attends.

 

Maintenant je m’endors facilement, trop vite,

Je ne vais plus jamais à Insomniapolis

J’aurais peur de ses carrefours de ses lumières artificielles

Je reste accrochée au sommeil

 

Nadège Steene

mercredi, 10 mars 2010

Nos ennemis

Ne t'inquiète pas petite Shka. Ils sont tous fous. Prends ton éventail, ton cheval et ton châle, prends ton carnet, la plume pour écrire, viens avec nous. Le chemin des rochers mène aux confins du pays, là où la terre plantée de maisons attend l'infini, entre les montagnes et la mer atlantique. Et tu verras qu'ils s'effacent, les bourgeois du XVIème et les racailles de banlieue, qui se ressemblent si fort avec leur grossièreté, leur mépris des coutumes qui nous sont chères, leur violence et leur insupportable mensonge sur leurs quêtes profondes.

Ne t'inquiète pas, petite Shka. Toutes les bien-pensances ont une fin, même celles qui s'ignorent.

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jeudi, 04 mars 2010

Viento del Este, la pochette du disque

 

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Ma mère les avait rencontrés dans le métro. Ils jouaient à Bastille. Elle leur a acheté un disque. Elle est revenue et a écouté le disque toute la soirée, toute la semaine. Elle est retournée les voir pour leur demander de faire la musique de son court métrage.  Quand il l’ont vue, ils l’ont reconnue et se sont dit qu’elle venait leur rendre le disque, furieuse de ce qu’elle avait entendue. Ils n’en sont pas revenus de sa proposition.
Deux argentins désargentés, l’un à la contrebasse, l’autre à l’accordéon. César et Maurizio Amarante, diablotins en vadrouille. Leur groupe s'appelle : "Radikal Satan".

Et je recopie l’étrange texte qu’ils ont écrit dans la pochette du disque Viento del Este… Un texte écrit dans un pidgin en train de naître.

Le premier opus du disque, En el Quai, est la musique que Radikal Satan a composé pour le film à Quai, de Sara, visible ici. La version du disque diffère de celle du film.

 

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« Au début de l’année ZeroCuarto, después de una vuelta por Buenos Aires, nos encontramos con Christophe en el Palais de la Machine à laver y Voyage-Gira avec les Anacharsis, et après ça, Adrian moviliza el Studioo Mòvil hasta Bordeos et ça enregistra en la Cruz Blanc adurante cuatro o cinco dias con los Glen y fuìmos a buscar un Piano al Hotel de Malika et un Caballo-Farfisa improvisado por Geoffrey y una semana despuès empezamos a grabar en la casa de Eric Martinez, rue du Loup Haché, où il nous a présenté son maître Henri Chopin, et en suite on file à Paris, dans le XIème arr, rue Jules Vallès, a lo de los viejos de Adrian para empezar a mezclar y no terminar, ir a Squatar a la cave de Alternation y no dormir jamais hasta que en un domingo cafard se graba Avant midi en la màquina del Dr Acula con Bastien Rojo à côté, de vuelta à Bordeaux pa’ tocar encore a laCabane en Béton de la Garonne et enregistrar sur une cassette Periférico con Chris et Melo el 11 de Setiembre y algunos dias después, mientras la familia Saboya mangent des sanwiches, con el minidisco de Médhi hicimos Xpress Bontempi en la rue Judaïque para seguir durante des mois et des mois et des mois chez Eric Martinez tratando de ensamblar la saloperie y revenir en arrière y meter intros y sonidos y apareciò Colette Magny et la Fenêtre de Zurich, Thomazin graba en su casa AQuai, on cherche des trucs dans les cassettes de Lanùs del Ano 99, mientras en la escalera de lo de Ana pusimos el cuatro pistes y Marielle se fumò un pétard d’Austin, trois verres d’Absinthe, quelques mates y saliò Excitée, le robamos un pedazo al Tata Cedron y al Gaucho surrealista de Lanùs sus grabaciones andinas intituladas Accidente de Mechon de pelo-Villazòn et on a tracé chez Céline y arrancamos a hacer la pochette/tapa con los souvenirs que trajo David desde la Espanya y una frase de Leopoldo Marechal en el Adàn Buenos-Ayres de Tato Eli jusqu’à samedi soir chez Eric Martinez et lundi on envoie en Tchéquie".

 

Cesar y Momo Amarante, Contrabajo, accordeon, voces y demàs.

 

Produit par les potagers nature.

 

mercredi, 03 mars 2010

Loups des bois

Esther ne m'écrit plus beaucoup : sa vie ressemble à celle des soldats sans larmes qu'on avait habillés pour un destin moins tragique. Je republie aujourd'hui Loups des bois, qu'elle avait écrit au temps du journal mensuel d'AlmaSoror. Ce poème avait choqué ; j'avais reçu des messages de proches et d'inconnus me disant qu'il ne fallait pas publier des choses pareilles. Ils ne connaissaient pas Esther. Ils ne savaient pas.

 

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phot Sara

 

 

A l’orée du bois

Dans un bruissement,

Une divinité m’est apparue, mi loup mi homme.

Je n’ai pu passer sans me dévêtir

Et suis arrivée trop tard pour la noël.

N’allez pas au bois petites filles

N’allez pas au bois ou toutes les aubes vous pleurerez

Le souvenir d’un concert de cris et de caresses.



A l’orée du bois

Au milieu des branches

Une divinité m’est apparue, mi louve, mi femme.

Je n’ai pu passer sans me dévêtir

Et suis arrivée trop tard pour la fête-dieu.

N’allez pas au bois petites filles

N’allez pas au bois ou toutes les nuits vous pleurerez

Le souvenir d’un concert de souffles et de baisers.



Esther Mar

 

mardi, 23 février 2010

Brouillard de mots, dans la brume des maux

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Phot : Frère Samuel de la Sainte-Cigarette, par Sara

 


podcast

jeudi, 18 février 2010

Un père

 

Souvenirs d'enfance de Chateaubriand : la présence du père.

 

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Les soirées d'automne et d'hiver étaient d'une autre nature. Le souper fini et les quatre convives revenus de la table à la cheminée, ma mère se jetait, en soupirant, sur un vieux lit de jour de siamoise flambée ; on mettait devant elle un guéridon avec une bougie. Je m'asseyais auprès du feu avec Lucile ; les domestiques enlevaient le couvert et se retiraient. Mon père commençait alors une promenade, qui ne cessait qu'à l'heure de son coucher. Il était vêtu d'une robe de ratine blanche, ou plutôt d'une espèce de manteau que je n'ai vu qu'à lui. Sa tête, demi-chauve, était couverte d'un grand bonnet blanc qui se tenait tout droit. Lorsqu'en se promenant, il s'éloignait du foyer, la vaste salle était si peu éclairée par une seule bougie qu'on ne le voyait plus ; on l'entendait seulement encore marcher dans les ténèbres : puis il revenait lentement vers la lumière et élergeait peu à peu de l'obscurité, comme un spectre, avec sa robe blanche, son bonnet blanc, sa figure longue et pâle. Lucile et moi, nous échangions quelques mots à voix basse, quand il était à l'autre bout de la salle : nous nous taisions quand il se rapprochait de nous. Il nous disait, en passant : « De quoi parliez-vous ? » Saisis de terreur, nous ne répondions rien ; il continuait sa marche. Le reste de la soirée, l'oreille n'était plus frappée que du bruit mesuré de ses pas, des soupirs de ma mère et des murmures du vent.

 

Dix heures sonnaient à l'horloge du château : mon père s'arrêtait ; le même ressort, qui avait soulevé le marteau de l'horloge, semblait avoir suspendu ses pas. Il tirait sa montre, la montait, prenait un grand flambeau d'argent surmonté d'une grande bougie, entrait un moment dans la petite tour de l'ouest, puis revenait, son flambeau à la main, et s'avançait vers sa chambre à coucher, dépendante de la petite tour de l'est. Lucile et moi, nous nous tenions sur son passage ; nous l'embrassions, en lui souhaitant une bonne nuit. Il penchait vers nous sa joue sèche et creuse sans nous répondre, continuait sa route et se retirait au fond de la tour, dont nous entendions les portes sse refermer sur lui.

Le talisman était brisé ; ma mère, ma soeur et moi, transformés en statues par la présence de mon père, nous recouvrions les fonctions de la vie. Le premier effet de notre désanchantement se manifestait par un débordement de paroles : si le silence nous avait opprimés, il nous le payait cher.

 

François-René de Chateaubriand in Les mémoires d'outre-tombe

 

mercredi, 17 février 2010

La nouvelle religion

Humanité, être humain
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Florence & Édith by Sara

 

Le politiquement-correct et la sacralisation de l'humanisme, devenu non plus seulement une volonté positiviste, mais une croyance, mènent à l'idolâtrie.

De cela surgit le rétablissement du blasphème, l'interdiction de la pensée iconoclaste.

Puiqu'il y a blasphème lorsqu'on remet en question une certaine idée de l'homme, de l'humanité, cet humanisme ne peut pas être considéré comme une pensée athée, bien qu'elle ne croit pas en Dieu. Car l'athéisme ne reconnait pas de blasphème.

Nous voyons donc l'éclosion d'un humanisme religieux.

Toute religion suppose un culte. Le culte de cet humanisme religieux est d'abord un culte linguistique. Toute parole exprimant le recul vis à vis de cet humanisme est assimilé à son objet. C'est à dire que la parole d'une personne est assimilée à une croyance : dire une idée, c'est y être assimilée.

Ceci implique le retour des imprécations magiques : on ne peut prononcer des idées en désaccord avec l'humanisme religieux sans précautions oratoires. Ces précautions oratoires visent à éloigner de soi l'essence de l'idée qu'on va relater. Avec force répétitions, on exprime des imprécations et condamnations des idées qu'on mentionne, pour s'assurer la bienveillance du clergé. Le clergé, c'est toute la société.

La peur de la déviance crée un retour de l'exorcisme. L'exorcisme a lieu comme un lavage  de cerveau, par une rhétorique accompagnée de supports visuels insérés partout, dans les lieux et les documents publics et semi-publics.

Nous sommes revenus à l'interdit verbal. Toutes les idées ne sont pas prononçables, ou alors elles doivent être accompagnées d'imprécations.

Le politiquement-correct et la sacralisation de l'humanisme, devenu non plus seulement une volonté positiviste, mais une croyance, mènent à l'idolâtrie.
C'est pourquoi notre société renoue depuis quelques années avec le blasphème, le culte, les imprécations, l'exorcisme et l'innomable.

La difficulté de cerner cette nouvelle religion vient du fait qu'elle ne se reconnaît pas comme une religion, ni comme une théologie, mais comme la vérité morale indépassable.

 

Axel Randers, Édith de Cornulier-Lucinière et Esther Mar

(Cet article est issu du Dictionnaire de la délivrance psychique (inachevé), supervisé (voire hypervisé) par Conan Kernoël.

 

jeudi, 11 février 2010

Depuis l'aube... Chanson pour Christ

 

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Depuis l'aube où sur la terre
Nous t'avons revu debout
Tout renaît dans la lumière
Ô Jésus, reste avec nous !

 

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Si parfois sur notre route
Nous menace le dégoût
Dans la nuit de notre doute
Ô Jésus, marche avec nous !

 

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Tu cherchais les misérables,
Ton amour allait partout
Viens t'asseoir à notre table
Ô Jésus, veille avec nous !

 

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Si ta croix nous semble dure,
Si nos mains craignent les clous,
Que ta gloire nous rassure
Ô Jésus, souffre avec nous !

 

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Au delà de ton Calvaire,
Tu nous donnes rendez-vous.
Dans la joie, près de ton Père,
Ô Jésus, accueille-nous.

(Rimaud-Geoffroy)

Photos de Sara pour VillaBar

lundi, 08 février 2010

Un père

 

Souvenirs d'enfance de Chateaubriand : la présence du père.

 

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Les soirées d'automne et d'hiver étaient d'une autre nature. Le souper fini et les quatre convives revenus de la table à la cheminée, ma mère se jetait, en soupirant, sur un vieux lit de jour de siamoise flambée ; on mettait devant elle un guéridon avec une bougie. Je m'asseyais auprès du feu avec Lucile ; les domestiques enlevaient le couvert et se retiraient. Mon père commençait alors une promenade, qui ne cessait qu'à l'heure de son coucher. Il était vêtu d'une robe de ratine blanche, ou plutôt d'une espèce de manteau que je n'ai vu qu'à lui. Sa tête, demi-chauve, était couverte d'un grand bonnet blanc qui se tenait tout droit. Lorsqu'en se promenant, il s'éloignait du foyer, la vaste salle était si peu éclairée par une seule bougie qu'on ne le voyait plus ; on l'entendait seulement encore marcher dans les ténèbres : puis il revenait lentement vers la lumière et élergeait peu à peu de l'obscurité, comme un spectre, avec sa robe blanche, son bonnet blanc, sa figure longue et pâle. Lucile et moi, nous échangions quelques mots à voix basse, quand il était à l'autre bout de la salle : nous nous taisions quand il se rapprochait de nous. Il nous disait, en passant : « De quoi parliez-vous ? » Saisis de terreur, nous ne répondions rien ; il continuait sa marche. Le reste de la soirée, l'oreille n'était plus frappée que du bruit mesuré de ses pas, des soupirs de ma mère et des murmures du vent.

 

Dix heures sonnaient à l'horloge du château : mon père s'arrêtait ; le même ressort, qui avait soulevé le marteau de l'horloge, semblait avoir suspendu ses pas. Il tirait sa montre, la montait, prenait un grand flambeau d'argent surmonté d'une grande bougie, entrait un moment dans la petite tour de l'ouest, puis revenait, son flambeau à la main, et s'avançait vers sa chambre à coucher, dépendante de la petite tour de l'est. Lucile et moi, nous nous tenions sur son passage ; nous l'embrassions, en lui souhaitant une bonne nuit. Il penchait vers nous sa joue sèche et creuse sans nous répondre, continuait sa route et se retirait au fond de la tour, dont nous entendions les portes sse refermer sur lui.

Le talisman était brisé ; ma mère, ma soeur et moi, transformés en statues par la présence de mon père, nous recouvrions les fonctions de la vie. Le premier effet de notre désanchantement se manifestait par un débordement de paroles : si le silence nous avait opprimés, il nous le payait cher.

 

François-René de Chateaubriand in Les mémoires d'outre-tombe

 

dimanche, 07 février 2010

Les carrières de sable

exégèse de Hycinthe House, de James Douglas "Jim" Morrison & the Doors
podcast

 

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Christine par Sara

 

lundi, 01 février 2010

Le train rouge

 

 

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Le train rouge a filé sur les brumes du ciel

et l'enfant qui savait a sucé le bonbon

j'oublie tout des années de silence cruel

je maudis la raison. 


les voix coulent ce soir et les coeurs téléphonent

dans l'immense brouillard du restaurant d’hôtel

il a plu sur la ville et les motards frissonnent

en attendant le temps des duels



et nos mains ont voulu recommencer l'amour

mais les yeux trahissaient les rancoeurs du passé

et l’enfant qui savait l’indigence du jour

souriait à la nuit à quelques pas du pré


La nuit n’a jamais sauvé personne

au bout de sa route nous sommes tous demi-loups

Dans le creux de tes bras mon coeur frissonne

et mon âme est partie avec les douze coups

Mon coeur tatonne, mes doigts cherchent l’aurore

Mais l’esprit souffle où il peut.

Et dans le grand désert poussiéreux de mon corps

il n’y a plus de feu.

 

 

 

Édith de CL

vendredi, 29 janvier 2010

Angoisse

 

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Qu'est-ce qu'un enfant ?

 

jeudi, 28 janvier 2010

Actéon : un opéra de chasse

 

Actéon (1684)

Opéra de chasse par Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)

 

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Cet opéra de Marc-Antoine Charpentier, opéra de chasse, baroque en diable, est "mal vu", il faut trouver qu'il n'est pas de bon goût... Pourtant, quelles belles scènes amusantes ! Quelle musique entraînante ! Inspiré des métamorphoses d'Ovide, je l'ai découvert sur le site de Sara, une de nos auteurs et photographes. Sara a illustré les métamorphoses d'Ovide et elle présente sur son site l'oeuvre d'Ovide, l'opéra de Charpentier et son album en papier déchiré à elle. C'est ICI

 

Les images qui suivent et accompagnent le livret de l'opéra sont extraites du livre de Sara.


Scène Première

Dans la vallée de Gargaphie

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Bruit de chasse

CHŒUR DES CHASSEURS

Allons, marchons, courons, hastons nos pas.

Quelle ardeur du soleil qui brusle nos campagnes;

Que le pénible accès des plus hautes montagnes

Dans un dessein si beau ne nous retarde pas.

 

ACTÉON

Déesse par qui je respire,

Aimable Reyne des forêts,

L'ours que nous poursuivons désole ton empire

Et c'est pour immoler à tes divins attraits

Que la chasse icy nous attire.

Conduis nos pas, guide nos traits,

Déesse par qui je respire,

Aimable Reyne des forêts.

 

DEUX CHASSEURS

Vos vœux sont exaucés et par le doux murmure

Qui vient de sortir de ce bois le ciel vous en assure,

Suivons ce bon augure.

 

Allons, marchons, courons . . .

 

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Scène Deuxième

DIANE

Nymphes, retirons nous dans ce charmant boccage.

Le cristal de ses pures eaux,

Le doux chants des petits oyseaux,

Le frais et l'ombrage sous ce verd feuillage

Nous ferons oublier nos pénibles travaux.

Ce ruisseau loin du bruit du monde

Nous offre son onde,

Délassons nous dans ce flots argentés,

Nul mortel n'oserait entreprendre

De nous y surprendre,

Ne craignons point d'y mirer nos beautés.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Charmante fontaine,

Que votre sort est doux,

Notre aymable reyne

Se confie à vous.

D'un tel avantage

L'Idaspe et le Tage

Doivent estre jaloux.

 

DAPHNÉ ET HYALE

Loin de ces lieux tout cœur profane;

Amants, fuyex ce beau séjour,

Vos soupirs et le nom de l'amour

Troubleraient le bain de Diane.

Nos cœurs en paix dans ces retraites

Goustent de vrais contentements.

Gardez vous, importuns amants,

D'en troubler les douceurs parfaites.

 

ARTHÉBUZE

Ah! Qu'on évite de langueurs

Lorsqu'on ne ressent point les flammes

Que l'amour, ce tyran des cœurs,

Allume dans les faibles ames.

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

ARTHÉBUZE

Les biens qu'il nous promet

N'en ont que l'apparence,

Ne laissons point flatter

Par ses appas trompeurs

Notre trop crédule espérance.

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

ARTHÉBUZE

Pour nous attirer dans ses chaines

Il couvre ses pièges de fleurs,

Nimphes, armez vous de rigueurs

Et vous rendrez ces ruzes vaines.

Ah! Qu'on évite de langueurs

Lorsqu'on ne ressent point les flammes

Que l'amour, ce tyran de nos cœurs,

Allume dans les faibles ames.

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Ah! Qu'on évite de langueurs

Quand on mesprise ses ardeurs.

 

 

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Scène Troisième

ACTÉON

Amis, les ombres raccourcies

Marquant sur nos plaines fleuries

Que le soleil a fait la moitié de son tour,

Le travail m'a rendu le repos nécessaire;

Laissez moi seul resver dans ce lieu solitaire

Et ne me renvoyez que sur la fin du jour.

 

Agréable vallon, paisible solitude,

Qu'avec plaisir sur vos cyprès

Un amant respirant le frais

Vous feroit le récit de son inquiétude;

Mais ne craignez de moy ny plaintes ny regrets.

Je ne connois l'amour que par la renommée

Et tout ce qu'elle en dit me le rend odieux.

Ah! S'il vient m'attaquer, ce Dieu pernicieux,

Il verra ses projets se tourner en fumée.

 

Liberté, mon cœur, liberté.

Du plaisir de la chasse,

Quoy que l'amour fasse,

Sois toujours seulement tenté.

Liberté, mon cœur, liberté.

 

Mais quel objet frappe ma vue?

C'est Diane et ses sœurs, il n'en faut point douter.

Approchons nous sans bruit, cette route inconnue

M'offrira quelqu'endroit propre à les écouter.

 

DIANE

Nimphes, dans ce buisson quel bruit viensje d'entendre?

 

ACTÉON

Ciel! Je suis découvert.

 

CHŒUR DES NIMPHES

Oh! Perfide mortel,

Oze tu bien former le dessein criminel

De venir icy nous surprendre.

 

ACTÉON

Que feray-je, grands Dieux?

Quel conseil dois-je prendre?

Fuyons, fuyons!

 

DIANE

Tu prends à fuyr un inutile soin,

Téméraire chasseur, et pour punir ton crime

Mon bras divin poussé du courroux qui m'anime

Aussi bien que de préz te frappera de loin.

 

ACTÉON

Déesse des chasseurs, escoutez ma deffence.

 

DIANE

Parle, voyons quelle couleur,

Quelle ombre d'innocence

Tu puis donner à ta fureur.

 

ACTÉON

Le seul hazard et mon malheur

Font toute mon offense.

 

DIANE

Trop indiscret chasseur,

Quelle est ton insolence!

Crois tu de ton forfait déguiser la noirceur

Aux yeux de ma divine essence?

Que cette eau que ma main fait rejaillir sur toy

Apprenne à tes pareils à s'attaquer à moy!

 

CHŒUR DES NIMPHES

Vainte toy maintenant, profane,

D'avoir surpris Diane

Et sœurs dans le bain,

Va pour te satisfaire,

Si tu le peux faire,

Le conter au peuple Thébain.

 

 


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Scène Quatrième

ACTÉON

Mon cœur autre fois intrépide,

Quelle peur te saisit?

Que vois-je en ce miroir liquide?

Mon visage se ride,

Un poil affreux me sert d'habit,

Je n'ay presque plus rien de me forme première,

Ma parole n'est plus qu'une confuse voix.

Ah! Dans l'estat ou je me voys,

Dieux qui m'avez formé du noble sang des Royx,

Pour espargner ma honte

Ostez moy la lumière.

 

 

Scène Cinquième

Actéon en cerf

CHŒUR DES CHASSEURS

Jamais trouppe de chasseurs

Dans le cours d'une journée

Fut-elle plus fortunée,

Jamais trouppe de chasseurs

Reçut elle un jour du ciel plus de faveurs.

 

Actéon, quittez la resverie,

Venez admirer la furie

De vos chiens acharner sur ce cerf aux abois.

Quoy! N'entendez vous pas nos voix?

 

Que vous perdez, grand prince, à resver dans un bois,

Croyez qu'à nos plaisirs vous porterez envie,

Et dans tous le cours de la vie

Un spectacle si doux ne s'offre pas deux foix.

 

 

Scène Sixième

JUNON

Chasseurs, n'appelez plus qui ne peut vous entendre.

Actéon, ce héros a Thèbes adoré,

Sous la peau de ce cerf a vos yeux déchiré et par ses chiens dévorés

Chez les morts vient de descendre.

Ainsi puissent périr les mortels odieux

Dont l'insolence extrême

Blessera désormais les Dieux,

La puissance suprême.

 

CHŒUR DES CHASSEURS

Hélas, déesse, hélas!

De quoy fut coupable

Ce héros aymable

Pour mériter l'horreur de si cruel trépas?

 

JUNON

Son infortune est mon ouvrage

Et Diane en vangeant l'outrage

Qu'il fit à ses appas

N'a que presté sa main à ma jalouse rage.

Ouy Jupiter, perfide espous,

Que ta charmante Europe au ciel prenne ma place

Sans craindre mes transports jaloux.

Mais si jusqu'à son cœur n'arrivent pas mes coups,

Actéon fut son sang et je jure à sa race

Une implacable haine, un éternel courroux.

 

Elle s'envole.

CHŒUR DES CHASSEURS

Hélas, est-il possible

Qu'au printemps de ses ans ce héros invincible

Ayt vu trancher le cours de ses beaux jours.

Quel cœur, à ce malheur, ne seroit pas sensible.

 

Faisons monter nos cris jusqu'au plus haut des airs,

Que les rochers en retentissent,

Que les flots écumans des mers,

Que les aquilons en mugissent,

Qu'ils pénètrent jusqu'aux enfers.

 

Actéon n'est donc plus,

Et sur les rives sombres

Le modelle des souverains,

Le soleil naissant des Thébains

Est confondu parmy les ombres.

 

 

 

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SARA

 

 

 

 

 

 

 

samedi, 23 janvier 2010

Vivre en meute...

 

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Une sorte de suite à Nous, les loups...
podcast

 Nous, les loups, sur Une bibliothèque au 13

vendredi, 15 janvier 2010

L’hymne de Saint Jean

 

 

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Phot Sara

 

 

 

Vers l’an 800, Gerbert élabore la gamme ut, ré, mi, fa, sol, la, si, en empruntant les premières syllabes, qui correspondaient aux notes de cette gamme, à l’hymne de Saint Jean :

 

Ut queant laxis

Resonare fibris

Mira gestorum

Famuli Tuorum

Solve poliuti

Labii reatum

Sancte Johannes

 

C’est la lointaine origine de la chanson du film La mélodie du bonheur, de Robert Wise, qu’on regardait, tous les enfants, sur la télévision des voisins. 

 

DN Steene