jeudi, 08 décembre 2011
Être heureux en ayant tout raté
Par Esther Mar, docteur es neurasthénie
Que nous reste-t-il quand nous avons renoncé, par lassitude, à la réussite que nous souhaitions obtenir dans la vie ? Quand nous savons que nous ne réalisions pas ce que nous aurions voulu créer ; que nous n'avons pas atteint le niveau que nous visions ; que nous n'aurons plus l'enfant dont nous rêvions ; que nous n'aurions plus l'amour que nous cherchions. Reste-t-il dans l'espace et le temps qui nous sont impartis des moyens d'être heureux ? En dehors de la simple survie, que pouvons-nous faire de nos heures libres ?
Nous pouvons nous convertir à la vie.
Nous pouvons partir à la rencontre des chefs d'oeuvre de l'humanité, ceux que les siècles passés nous ont légué.
Nous pouvons apprendre à fabriquer de nombreuses choses par nous-mêmes, et atteindre à une certaine autonomie : faire nos habits, notre cuisine et si nous avons un balcon ou un jardin, nos fruits et nos légumes. Nous pouvons apprendre patiemment à réparer chaque endroit de la maison, à comprendre chaque tuyau, pour être en mesure d'entretenir notre maison parfaitement.
Nous pouvons vivre de grandes aventures intellectuelles, culturelles et spirituelles. Intellectuelles, en plongeant dans des questions irrésolues, ou encore en nous intéressant aux luttes idéologiques de ce monde, à leurs sources, à leurs tenants et aboutissants ; nous pouvons nous renseigner sur les philosophies et les idées que l’État interdit ou condamne, à celles que l’État interdisait et condamnait à d'autres époques. Nous pouvons découvrir l'histoire et la littérature de chaque pays du monde, peu à peu. Il y a tant de pays, de régions culturelles, que nous n'aurons jamais fini.
Nous pouvons étudier les religions et aller à la rencontre des enseignants, en nous rendant dans les églises qui nous entourent, en suivant les cursus initiatiques des religions pratiquées sur le territoire où nous vivons. Sans le dire, bien sûr : sans dire qu'on fait un tourisme des initiations.
Nous pouvons profiter des milliers de lieux, de beautés qui sont gratuitement à notre disposition : ponts, bâtiments, musées, bibliothèques, églises, places... de même pour les lieux et merveilles naturelles.
Nous pouvons apprendre le nom de chaque plante que nous rencontrons.
Nous pouvons développer notre capacité à rire, à partager des moments de fraternité avec qui croise notre route, nous pouvons aimer de plus en plus les oiseaux et contempler le paysage changeant des jours, la grisailles et les éclats de lumière.
Nous pouvons baigner notre vie quotidienne de beauté, de tendresse et de douceur, en embellissant notre lieu de vie, nos lectures, notre façon de parler aux autres personnes.
Nous pouvons passer beaucoup de temps à chanter, jouer, rire, rêver, goûter ce qui a lieu.
Nous pouvons aider d'autres êtres – un voisin, un pigeon, un ami – à mieux vivre, à mieux respirer.
Nous pouvons approfondir notre dignité, notre liberté, notre conscience.
Nous pouvons déployer notre bien-être physique et mental grâce à la méditation et à la relaxation, et ainsi vivre dans notre corps et nos sensations des exaltations vivifiantes.
Nous pouvons cultiver des relations de soutien mutuel et de compréhension, avec d'autres personnes, dans la durée.
Et ainsi nous avons tous les moyens d'approfondir notre connaissance, d'asseoir notre liberté intérieure, de déployer notre force vitale et d'améliorer notre vie en y favorisant le bonheur, le calme et la joie, quand bien même nous avons raté notre projet, celui qui donnait sens à la vie.
Esther Mar
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Commentaires
Oui, c'est bien je crois ce que défend Schubert dans cet andantino ...
Écrit par : Emma | jeudi, 08 décembre 2011
Alors AlmaSoror ne s'est pas trompé(e) en choisissant l'andantino si romantique de Schubert pour accompagner le texte d'Esther... Merci Emma.
Écrit par : AlmaSoror | vendredi, 09 décembre 2011
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